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TIC et développement local au cameroun

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par Carine Laure Koudjou Talla
Université Paris X Nanterre - Master2 pro sciences de l'information et de la communication option conception et gestion de projets numériques territoriaux 2007
  

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V- Rôle de la société civile dans le développement local

V.1 - Définition de la notion de société civile

Beaucoup d'auteurs ont essayé de définir la notion de société civile. Pour citer, nous pouvons parler de Guimbo4 (1995 :133) qui définit la société civile par opposition à la société politique, les deux s'inscrivant dans un vaste ensemble qui est la société globale. La société globale comprend les gouvernants, les gouvernés, les opérateurs économiques, les forces religieuses, les syndicats, les formations ou les partis politiques et les autres groupes de pression. Par contre, on peut définir la société civile par rapport aux seuls gouvernés, et plus précisément les personnes qui n'appartiennent à aucune obédience politique, mais qui ne reste pas en marge des affaires ou des questions politiques. Séverin Cécile ABEGA5, trouvant la définition de Guimbo organique et ne s'étendant pas sur les contenus, défini la société civile comme une organisation qui rassemble les citoyens, organisant leurs intérêts, formulant leurs demandes et les exprimant devant les décideurs.

Selon lui, la société civile se construit à travers un certain nombre de paramètres et de conditions : le désir de vivre ensemble, le partage de certaines valeurs, la solidarité entre ses membres, l'acceptation d'un certain nombre de règles communes, le rôle régulateur et censeur de l'Etat, un certain degré de convivialité. L'existence d'une société politique suppose des compromis entre le pouvoir et les citoyens parmi lesquels la société civile. Ceci suppose la déconstruction des déséquilibres et des contradictions entre le pouvoir et les citoyens, et une reconstruction attentive à la préservation de la justice et de la paix.

Il en ressort que la société civile est toute organisation rassemblant des acteurs sociaux qui, loin des actions et intérêts politiques, oeuvrent pour la défense des intérêts (sociaux, culturels, économiques) des populations. La société civile est une société de rencontre, de partage et de conflits, qui n'est cependant pas indemne de crises.

V.2 - la société civile au Cameroun6

Le Cameroun accède à l'indépendance en 1960 et adopte le modèle de parti unique en 1966. Ce modèle prévaudra jusqu'en 1990. La politique officielle veille attentivement au respect des équilibres régionaux. A partir de 1982, on assiste à une arrivée massive de technocrates au gouvernement. Les premiers effets de la crise économique apparaîtront en janvier 1987. Les plans d'ajustement adoptés successivement s'avérèrent insuffisants. La situation économique se dégrada tandis que se relâchait le contrôle de l'administration sur ses propres mécanismes et sur certaines couches de population : jeunes travailleurs du secteur informel, populations des régions enclavées ; etc....

C'est dans ce contexte, qu'en Décembre 1990 furent votés à l'Assemblée Nationale des textes autorisant la liberté d'association et donnant une certaine liberté d'expression. Le pays connaît depuis lors une activité politique intense animée par 130 partis ayant une existence légale dont 7 sont présents à l'Assemblée Nationale. Cependant, à la suite des présidentielles de 1996, le paysage politique semble être dominé par 3 grands partis.

Bien qu'il ait vécu quelques moments de vive tension, le Cameroun est entré dans l'ère du
multipartisme sans excès de violence. Le syndicalisme ne connaît pas encore le même

4 Philosophes du XVIII ème siècle

5 Ecrivains Camerounais

6 Extrait de « Société civile et réduction de la pauvreté » de Séverin Cécile Abéga

épanouissement. Les travailleurs des différents corps de profession se sont cependant lancés dans un effort de restructuration. Il existe déjà des organisations ou syndicats regroupant des avocats, des fonctionnaires, des enseignants, des journalistes, des étudiants et deux centrales syndicales. Peut-être s'achemine-t-on vers une nouvelle phase de la transition démocratique en cours, marquée par des revendications et la défense d'intérêts à caractère plus social et professionnel que politique. Ceci est un facteur important pour toute action touchant les populations.

Les textes sus-évoqués ont rendu son dynamisme à la vie associative. De multiples ONG locales sont ainsi nées, dont beaucoup s'adonnent à la promotion, à la protection, à l'éducation et à la formation dans tous les secteurs de la vie sociale et politique. Parallèlement, les populations retrouvent progressivement la parole. Sous le parti unique et avant 1990, il était difficile de communiquer avec elles dans la mesure où elles ne comptaient que comme exécutantes des instructions venues d'en haut. En même temps, il était difficile de connaître leur point de vue, la censure étant partout présente. Aujourd'hui, elles parlent de plus en plus, et veulent participer à la vie publique. Cette impulsion semble aussi avoir amélioré les liens entre femmes citadines et rurales par exemple, apportant ainsi une plus grande unicité dans la problématique de la femme camerounaise.

Cette phase voit donc entrer en scène de nouveaux partenaires telles les ONG, les associations, les organisations professionnelles, les municipalités. Bientôt, auront lieu des élections régionales. La décentralisation implique l'arrivée au pouvoir de nouveaux acteurs qui n'appartiennent pas toujours au sérail gouvernemental, ou ont des choix différents. Cette décentralisation implique aussi l'éclatement de certains centres de décision, ainsi qu'une entrée en scène des responsables élus.

Il s'agit d'une étape cruciale. On peut penser, au vu de la misère dans laquelle vit une partie de la population, à l'implantation de projets en vue d'apporter un changement immédiat. Certaines situations l'exigent. Mais il serait encore plus profitable d'aider les populations à améliorer leurs capacités de choix et leur pouvoir en tant que masse grâce à une nouvelle échelle de valeurs et un nouveau sens du respect de ces valeurs par une éducation et une animation qui viserait aussi bien les couches de la base que les nouveaux acteurs de la vie publique. Ce serait cela renforcer la société civile.

V.3 - Rôle de la société civile dans le développement local

Les définitions données plus haut à la société civile la présente comme un mouvement de défense des populations dans leur combat quotidien avec les instances gouvernementales et dans l'amélioration de leurs conditions de vie. La société civile a toujours joué un rôle majeur dans le développement. Son implication intense auprès des populations et la meilleure maîtrise des problèmes de ceux-ci lui a donné un pouvoir d'action plus important et concret ayant des effets directs sur les populations.

La société civile joue un rôle important dans la lutte contre l'injustice et la pauvreté par des actions concrètes. Dans un pays où la sécurité sociale n'existe pas, ce rôle est tenu par des groupes à la base, les tontines et les associations par exemple, qui collectent l'épargne, la redistribuent, assurent contre la maladie, prennent en charge certains frais lors des événements familiaux importants. Nous connaissons encore l'action des associations de village en coordination avec celles des élites et des ressortissants dans la réalisation des infrastructures de développement comme les routes, les ponts, les écoles, les centres de santé, l'hydraulique

villageoise. Nous voyons aussi se déployer sur le terrain les ONG, les mouvements de jeunesse, les Églises, les associations religieuses, etc.

Les différentes actions concrètes qu'elle a mené jusqu'à lors lui ont donné une certaine crédibilité auprès des organisations internationales qui la considère aujourd'hui comme un intermédiaire privilégié pour la lutte contre la pauvreté. En effet, sa proximité avec la population et surtout sa position inférieure, sous le pouvoir public, hors de la sphère politique, la place au même niveau que les populations des quartiers, c'est-à-dire vivant et connaissant mieux les problèmes et le quotidien de ceux-ci. Naît ainsi des idéaux qui l'engagent à concourir avec la population à l'amélioration de leur cadre de vie.

V.3.1 - Pourquoi le développement local

De plus en plus de théories confèrent au développement local une alternative robuste au développement global. Les actions de développement global ayant démontré depuis toujours leur échec sur le plan de l'impact de ces actions sur le développement des masses critiques du territoire : les populations.

L'idée qui prévalait dans les années 1950, 1960, 1970, idée développée par des économistes, est que le développement économique d'un territoire reposerait sur les grands ensembles industriels, les grands projets d'envergure nationale, les actions à impacts globaux. Cette théorie démontrait que l'essor de ces grands ensembles aurait un effet sur les petits et plus petits ensembles, une sorte de transfert du haut vers le bas. Néanmoins, ces expériences partout dans le monde ont montré l'inexactitude de cette théorie, le développement du haut vers le bas n'ayant pas été constaté.

Aujourd'hui, une autre théorie se développement, une alternative à la précédente qui est en fait une théorie contraire, qui milite pour le développement du bas vers le haut, encore appelé développement par le bas ou développement local.

La théorie du développement local est apparue à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Son apparition coïnciderait avec les premiers symptômes de la crise qui allait affecter les économies industrialisées, ce qui ferait voir « comme une réponse politique contestataire et anti-économiste à une théorisation excessive et totalitaire d'un interventionnisme étatique industriel et productiviste retrouvant les arguments forts du régionalisme »7 Cette apparition coïncide aussi avec l'introduction des aspects socioculturels dans les démarches de développement à l'initiative de l'UNESCO. Aujourd'hui les expériences de développement local essaiment à travers le monde et un début de théorisation est amorcé. Si une théorie achevée du développement local n'est pas encore disponible, un certain nombre de travaux ont été réalisés et permettent d'analyser le phénomène. Dans ces travaux l'espace urbain est privilégié comme cela est de coutume. L'accent est souvent mis sur la proximité, corollaire de la forte densité, source d'économies externes.

Nacer Taleb8 défini le développement local en citant la définition de J.L. Guigou9 qui parle
d'expression de la solidarité locale créatrice de nouvelles relations sociales et manifeste la
volonté des habitants d'une micro-région de valoriser les richesses locales, ce qui est créateur

7Citation de Lacour C. Géographie appliquée et sciences des territoires, reprise par Nacer Taleb, université de Bejaie en Algerie dans « Gouvernance locale et développement territoriale, le cas de pays du Sud, l'Harmattan »

8 Gouvernance locale et développement territorial, le cas des pays du Sud, Page 79

9 Le développement local, espoir et freins, colloque de Poitiers, 1983

de développement. Il cite également X. Greffe qui définit le développement local comme « un processus de diversification et d'enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire donné, à partir de la mobilisation et de la coordination de ses ressources et de ses énergies. Il est donc le produit des efforts de ses populations. Il met en cause l'existence d'un projet de développement intégrant ses composantes économiques, sociales et culturelles. Il fera d'un espace de contiguïté un espace de solidarité active ».

V.3.2 - Société civile et développement local

Le rôle de défense des intérêts des citoyens et de lutte contre la pauvreté assigné à la société civile lui confère une place de choix dans le développement local. Ses actions concrètes, toujours à l'échelle du quartier ou du village la présente donc comme un acteur de choix dans le développement local.

La plupart des auteurs nomment comme acteurs du développement local les PME ou encore les collectivités locales. Il est vrai que leur rôle est plus que crucial pour le développement économique, social et culturel du territoire par l'effet de leurs actions sur le territoire ou leur mission de gestionnaire du territoire. La société civile quant à elle a une dimension autant de défenseur des intérêts des populations que de mobilisateur de tous les acteurs dans une logique d'action pour le développement propre.

La société civile au Cameroun est en effet très mobilisée dans la réalisation d'actions concourant à l'amélioration des conditions de vie des populations. Son organisation devient de plus en plus structurée, fonctionnant souvent comme des entreprises mais à caractère non lucratif. Les plus petites se contentent de rassembler les cotisations des membres (la population du quartier ou du village le plus souvent ayant adhéré aux projets de l'association) pour des réalisations concrètes, validées par tous et ayant un intérêt pour tous. Ses actions vont également à l'assistance de ses membres en cas de maladie ou de deuil, de mariage également. C'est comme une grande famille regroupée pour une vie en communauté et la solidarité entre les membres. Elles sollicitent parfois l'appui financier d'organisations internationales ou de donateurs volontaires pour des dons de matériels en faveurs des populations exclus (malades, orphelin, handicapés, prisonniers,...). Les plus grosses par contre sont généralement composées de membres ayant un profil professionnel (ayant des niveaux d'éducation élevé) et regroupés pour des projets plus structurés visant les populations pour l'amélioration de leurs conditions de vie. Ces grosses organisations travaillent le plus souvent en partenariat avec les organismes publics (Ministères, collectivités locales) et des organismes internationaux.

C'est sur cette dernière catégorie que portera notre attention tout au long de ce document. Le niveau d'éducation et de professionnalisation de ses membres lui confère parfois un statut d'entreprise mais à caractère non lucratif. Ses réalisations concrètes et pérennes, nécessitant de la technicité et du professionnalisme (route, ponceaux, puits, bâtiment, études et recherches, etc....) en direction des populations défavorisées lui ont données de la crédibilité auprès des organismes étatique et internationaux qui ne cessent plus de l'intégrer dans leurs politiques et stratégies. De plus en plus la société civile est interpellée et associée aux projets. Les différents fonds de financements nationaux et internationaux lui réserve une part belle de financement à leurs projets exigeant un niveau de pertinence, d'impact direct sur les populations nécessiteuses et surtout de pérennité.

lo Territoires en France, Paris, Economica, 1984

La société civile a une place de choix dans le développement du territoire. C'est même son objectif premier de lutter contre la pauvreté en concourant à l'amélioration des conditions de vie des populations défavorisées. Elle a depuis longtemps prouvé son engouement et sa capacité à le faire. Elle a de la crédibilité auprès des populations surtout et des pouvoirs publics et mondiaux. C'est un acteur non négligeable dans les stratégies de réduction de la pauvreté. Le développement local, stratégie de développement global, est son slogan.

Conclusion partielle

Le Cameroun, pays faisant partie des PPTE (Pays Pauvres Très Endetté) connaît un état de pauvreté qui freine considérablement son entrée dans la mondialisation. C'est état de pauvreté est marqué par un niveau de vie très bas (revenu moyen estimé à 26 800 FCFA) de ses populations, un taux de sous-emploi élevé (75.8%). L'économie camerounaise n'est pas à son beau fixe et la crise continue de sévir. Des stratégies sont misent en place pour palier à cet état de fait. C'est le cas du DSRP (Document de stratégie de réduction de la pauvreté) élaboré en 2003 et voie d'actualisation qui donne des axes de développement assez pertinente. Dans ce combat contre la pauvreté, des organisations de la société civile ont montré leur motivation et leur investissement pour cette cause. Son rôle devient de plus en plus primordial dans ce processus grâce à sa proximité avec les populations et sa maîtrise des problèmes réels de ceux-ci. Il est clair aujourd'hui que le développement du pays ne passera pas sans elle. Comme axe de stratégie de développement, ce document veut mettre la société civile au coeur du processus par la vulgarisation et l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans une optique de développement local

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore