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La gouvernance, Etat des lieux et controverses conceptuelles

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par Cheikh NDIAYE
Université du Littoral - Doctorat 2008
  

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3.2. La Gouvernance Urbaine

En matière urbaine, beaucoup de chemins ont été parcourus depuis le « bon gouvernement des
villes » tel qu'il pouvait exister au Moyen Age en Europe12. Aujourd'hui, trois facteurs

12 Comme vous pouvez le constater, j'ai délibérément occulté de mes diagnostics, le gouvernement des villes en Afrique subsaharienne, qui ne répond pas aux mêmes règles de gouvernance de celles des pays du Nord. La réalité des villes africaines est tellement composite qu'elle échappe aux indicateurs standards d'analyse.

essentiels sont à considérer avec attention : l'assise territoriale du pouvoir local, sa forme institutionnelle et les mécanismes mêmes du gouvernement des villes. L'extension progressive des agglomérations conduit nécessairement à la coexistence au sein de chacune d'elle d'un nombre élevé de pouvoirs locaux juxtaposés. Détenant une compétence générale mais limitée à une portion du territoire urbain, ces collectivités locales sont incapables d'avoir une vue d'ensemble des différentes problématiques auxquelles elles sont confrontées, et leur pouvoir s'en trouve considérablement amoindri. Deuxièmement, du fait de la sédimentation des différentes strates de la puissance publique, plusieurs pouvoirs publics superposés interviennent, plus ou moins directement, sur les villes au côté des collectivités locales. Ces autorités supra-locales développent des approches verticales, des programmes sectoriels, etc. Par conséquent, à l'émiettement géographique des pouvoirs locaux s'ajoute la parcellisation fonctionnelle des pouvoirs supra-locaux. Enfin, et c'est le troisième point, nous assistons dans le domaine des politiques urbaines à l'émergence d'une pluralité d'acteurs socioéconomiques, dont les territoires d'intervention ne coïncident pas forcément avec l'espace du pouvoir local. Les hommes et les organismes implantés dans une agglomération donnée sont de plus en plus souvent connectés à de multiples réseaux (matériels ou non), qui font que ces acteurs sont parfois plus proches d'autres acteurs situés dans des territoires très éloignés que de leur environnement immédiat. Ainsi, sauf à faire l'autruche, force est de constater que les évolutions urbaines sont aujourd'hui le fruit des interactions, d'une pluralité d'acteurs qui ne sont pas tous publics, et que les périmètres à considérer sont variables et dépendent de la nature des problèmes à traiter. Il n'y a pas d'échelle territoriale optimale en soi, c'est la fin du mythe du territoire pertinent.

Passer de l'action publique classique (combinant la légitimité démocratique et l'efficacité managériale) à la gouvernance urbaine proprement dite, cela consiste donc à adopter des modalités d'action et de prise de décision plus partenariales, plus interactives et plus flexibles. Cela consiste à privilégier la logique de l'innovation sur celle de la rationalisation, en cherchant à promouvoir des processus d'action qui sont avant tout des processus d'interpellation réciproque des différents acteurs locaux. La gouvernance urbaine n'est pas autre chose à mes yeux que la capacité à mettre en oeuvre des partenariats efficaces entre les différents acteurs, c'est-à-dire la capacité à relier les principaux acteurs autour du niveau de décision politique, en définissant un cadre qui donne du sens à l'action urbaine (Ndiaye C 2005, p 29). Il faut que cette action soit suffisamment mobilisatrice pour entraîner les parties concernées, et suffisamment lisible pour être comprise par tous les citadins et produire de ce fait du lien social. C'est d'ailleurs bien le rôle des pouvoirs publics de donner du sens à une action quelle qu'elle soit, dans les deux acceptions du mot sens : une direction et une signification. Tout cela est certes plus facile à dire qu'à faire. Mais il existe des voies et des moyens pour y parvenir. Nous signalerons simplement les démarches contractuelles, qui se prêtent parfaitement bien à cette mise en musique de la gouvernance urbaine.

J.M Offner nous rapporte l'introduction de P. Duran dans un numéro de Politique et Management Public consacré à la gouvernance : « marquée par les développements récents de l'analyse des politiques publiques et la théorie des organisations , et en rupture avec une approche classiquement institutionnelle de la politique, la gouvernance vise à rappeler dans un premier temps que l'action publique ne se réduit plus à l'action des seuls «gouvernements» dont l'étude ne peut plus désormais rendre compte de la complexité d'une activité qui transcende les barrières du privé et du public, traverse les nomenclatures politicoadministratives et mêle les différents niveaux d'interventions tant infra- que supranationaux. »13

13 Offner JM., «gouvernance, mode d'Emploi», pouvoirs locaux, n°42 III, 1999.

Autrement dit, l'expansion de fait du système politique à l'activité d'une multiplicité d'acteurs de statuts différents interdit de faire des institutions publiques de gouvernement les seuls dépositaires de l'action publique. Ainsi l'expression la plus communément utilisée de gouvernance urbaine vise à rendre compte d'un monde où la gestion publique ne s'arrête pas à l'action des seules autorités locales pour embrasser en fait l'action conjuguée d'acteurs tels qu'agences d'urbanisme, sociétés d'économie mixte, associations, chambres consulaires et d'autres acteurs publics ou privés se situant des niveaux nationaux ou supranationaux.

La gouvernance traduit aussi la réalité d'une action publique de plus en plus étroitement dépendante de la mobilisation d'acteurs privés comme du consentement des usagers, voire des citoyens. De même, l'évocation de la «gouvernance territoriale» a pour but de souligner la diversité, et l'hétérogénéité des territoires de l'action publique en l'absence de recouvrement des territoires institutionnels et des territoires de gestion. (Ndiaye C op cit p 30). En effet, la transformation des territoires marque des régularités où l'on retrouve des processus d'élaboration de la commande publique innovants, des mobilisations puissantes d'acteurs politiques, privés et publics, de techniciens, ainsi qu'un perfectionnement des systèmes de production.

Par ailleurs, Offner propose une définition plus détaillée du concept de gouvernance. Pour lui : « La gouvernance est la capacité à produire des décisions cohérentes, à développer des politiques effectives par la coordination entre acteurs publics et non gouvernementaux, dans un univers fragmenté ». En effet, la gouvernance est nécessairement « une capacité », c'est à dire une compétence que l'on essaie d'acquérir :

« une capacité à produire », il ne s'agit pas seulement de contrôler, de réglementer...

« ... à produire des décisions » : c'est à dire rompre avec l'ordre établi. Il s'agit d'aller à l'encontre des routines, et non pas de gérer le quotidien.

« ... des décisions cohérentes » : le mot cohérent est sans doute le plus employé dans le domaine du développement local, évidemment parce que c'est plutôt l'incohérence qui règne. Mais ce mot peut avoir des visées concurrentielles : par exemple, ceux qui s'occupent de la politique de la ville vont réclamer une cohérence par rapport au social, ceux de l'énergie vont s'attacher à la cohérence entre l'énergie et l'environnement, etc.

« ... capacité à développer des politiques effectives ». » Une politique » c'est justement quelque chose de cohérent. C'est un programme d'actions qui convergent vers un même objectif. On est en droit de se poser la question «est ce vraiment une politique de...» ?

« ...des politiques effectives » ce mot a l'intérêt de diviser en deux la notion d'efficacité entre la notion d'efficience (qui a à avoir avec la productivité), et celle d'effectivité (la réussite des mesures mises en place).

« ...par la coordination » : un mot qui peut recouvrir bien des choses ! L'un des principaux objectifs des sciences sociales est justement de comprendre les mécanismes de coordination. « ...entre acteurs publics et non gouvernementaux ». on parle de coordination intergouvernementale pour désigner des relations entre niveaux territoriaux différents, et de coordination entre acteurs publics et acteurs non gouvernementaux pour désigner ce que l'on met sous le terme générique de «PPP» ( Partenariat Public - Privé).

Ainsi, c'est dans cet univers multi-acteurs et multi-échelles, que coordination, co-production (les PPP), coalitions et contrats sont censés permettre une capacité d'action collective. De ce fait, efficacité, équité, durabilité du développement et citoyenneté se retrouvent au coeur des réflexions sur la recherche urbaine.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon