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Croissance sectorielle et réduction de la pauvreté au Bénin

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par Moutaïrou BALLOGOUN
Université d'Abomey-Calavi - Ingénieur Statisticien Economiste 2006
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU BENIN

----@@@----

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

----@@@----

UNIVERSITE D'ABOMEY CALAVI

 

ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE APPLIQUEE
ET DE MANAGEMENT

----@@@----

Option : Economie appliquée Filière : Statistique

Diplôme d'Ingénieur Statisticien Économiste
2ème Promotion

CROISSANCE SECTORIELLE ET

REDUCTION DE LA PAUVRETE

AU BENIN

Réalisé et soutenu par :

BALLOGOUN Moutaïrou & YEHOUENOU Jules C.

babamout@yahoo.fr

Sous la direction de :
ADJOVI G. S. Epiphane

Décembre 2006

Ingénieur Statisticien Économiste

L'ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE APPLIQUEE ET DE MANAGEMENT (ENEAM) N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES À LEURS AUTEURS.

AVANT PROPOS

Dans un monde où certaines personnes vivent dans l'opulence pendant que d'autres manquent du minimum pour survivre, il urge de rechercher des mécanismes pouvant corriger ces disparités. Bien heureusement, notre passage à l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management (ENEAM) nous a permis de nous familiariser avec les théories sur les systèmes socio- économiques, les comportements des agents économiques et de mieux comprendre que toute société aspire au bien-être social. Cet objectif de bien- être social ne peut être atteint si la pauvreté continue de sévir au niveau de certaines couches de la société. Face à cette situation, il est difficile voire coupable de rester indifférent surtout lorsqu'on sait consciemment qu'on a la capacité de faire quelque chose. C'est donc dans le souci d'apporter notre modeste contribution à la lutte contre la pauvreté que nous avons choisi le thème qui fait l'objet du présent mémoire.

Notre ambition était d'utiliser un Modèle d'Equilibre Général Calculable (MEGC), mais compte tenu des contraintes de temps qui se sont imposées, nous nous sommes vus obligés de nous limiter au modèle des multiplicateurs de la Matrice de Comptabilité Sociale.

Toutefois une extension du présent travail, à travers une analyse à l'aide d'un MEGC, peut conduire à des développements plus riches.

Les auteurs...

« ...à savoir qu'il est également impossible à un homme de chercher oe qu'il ne sait pas. Car oe qu'il sait, le sachant, comment peut-il encore le chercher ? Et oe qu'il ne sait pas, comment peut-il le chercher ne sachant même pas quoi chercher ? »

Sören KIERKEGARD Philosophe danois

A tout le collectif enseignant du Cycle d'Ingénieur de l'EN EA M,

nous dédions ce mémoire

DEDICACES

Je dédie le présent travail :

' A Jeannette et à Noella. Vous qui venez de naître, je vous souhaite plein succès dans la vie.

' A Madame BALLOGOUN Souradjath pour toutes les souffrances que tu endures actuellement.

' A mes chers parents pour l'amour dont vous m'avez toujours entouré. ' A ma soeur Nassifatou pour son affection.

' A Monsieur GAHOU A. Expédit pour son soutien de tout temps.

BALLOGOUN Moutaïrou

' A Toi, Père très Saint, qui m'assistes dans mes épreuves et qui me relèves de mes

chutes ; je te glorifie, te rends grâce et te magnifie. Gloire et Louange à Toi !

' A mon feu père, pour tout ce qu'il a semé sans pouvoir récolter. Repose en paix !

' A ma tendre mère pour ton dévouement. Reçois ici le couronnement de tes efforts !

' A ma chère dulcinée Estelle, pour toute l'assistance morale et affectueuse dont tu

m'as gratifié.

Reçois ici le fruit de notre pari !

' A mes soeurs Charlotte, Agnès et Géraldine ;

' A mes frères Marc et Romuald.

Que Dieu vous bénisse et vous garde dans son Amour !

' A tout le personnel du CEG Sainte Rita I et à tous ceux qui me sont chers. Que Dieu vous comble de sa Grâce !

YEHOUENOU Jules C.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier notre Directeur de mémoire, Monsieur Epiphane G.S. ADJOVI, Coordonnateur du réseau de recherche MIMAP-Bénin et Directeur Général de l'Economie au Ministère du Développement, de l'Economie et des Finances qui, en dépit de ses nombreuses occupations, a pu diriger le présent travail de recherche. Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde reconnaissance.

Nos sincères remerciements vont à tous les collaborateurs du Directeur Général de l'Economie notamment ceux de la Cellule de Veille Economique et Financière (CVEF) pour leur disponibilité et pour l'atmosphère conviviale dont ils nous ont entouré au cours de notre stage.

Nous remercions également Messieurs Damien MEDEDJI et Etienne de SOUZA pour leur contribution et leurs utiles conseils.

Nous remercions aussi Messieurs Gérard SOKEGBE, Aristide MEDENOU et Philippe GANTIN, de même que Madame Nicole TCHOKPON pour leurs pertinentes observations sur la structure du document.

Nous n'oublions pas le Docteur Villévo ADANHOUNME pour ses précieuses indications sur les aspects mathématiques du document.

A tous nos professeurs, nous adressons aussi nos profonds remerciements pour nous avoir permis d'acquérir une bonne formation de base.

Que toutes les personnes qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à la réalisation du présent document trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

A tous, nous disons infiniment merci.

Les auteurs

BALLOGOUN Moutaïrou YEHOUENOU Jules C.

SOMMAIRE

AVANT PROPOS ii

DEDICACES iv

REMERCIEMENTS v

SOMMAIRE 1

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES 2

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 3

INTRODUCTION GENERALE 4

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 6

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE 7

CHAPITRE II : CONSTRUCTION DU MODELE 14

DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE LA CROISSANCE SECTORIELLE SUR LA

REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN 30

CHAPITRE III : ANALYSE SECTORIELLE ET PAUVRETE AU BENIN 31

CHAPITRE IV : SIMULATIONS A L'AIDE DU MODELE 44

CONCLUSION GENERALE 52

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 54

ANNEXES 57

TABLE DES MATIERES 67

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

TABLEAUX

Tableau n° 1 : Structure simplifiée d'une MCS 16

Tableau n° 2 : Différentes branches de la MCS 1999 MIMAP-Benin 37

Tableau n° 3 : Profil des différents groupes de ménages au Bénin 41

Tableau n° 4 : Les effets d'entraînement induits par les différents secteurs 44

Tableau n° 5 : Les effets distributifs sectoriels 45

Tableau n° 6 : Les effets d'interdépendance 45

Tableau n° 7 : Les effets de réduction de la pauvreté par branche d'activités 46

Tableau n° 8 : Répartition de la demande adressée aux différentes branches pour le MCA 48

Tableau n° 9 : Résultats de simulation pour le MCA 49

GRAPHIQUES

Graphique n° 1 : Description des flux monétaires dans une MCS 15

Graphique n° 2 : Transactions au niveau des comptes endogènes d'une MCS 17

Graphique n° 3 : Les effets distributifs dans le modèle des multiplicateurs fixes 23

Graphique n° 4 : Structure des ressources du PIB 32

Graphique n° 5 : Structure des emplois du PIB 33

Graphique n° 6 : Taux de croissance des ressources du PIB 34

Graphique n° 7 : Taux de croissance des emplois du PIB 35

Graphique n° 8 : Contribution à la croissance des ressources du PIB 35

Graphique n° 9 : Contribution à la croissance des emplois du PIB 36

Graphique n° 10 : Quintiles de revenus moyens des groupes de ménages 40

Graphique n° 11 : Lien classique entre croissance sectorielle et pauvreté 42

Graphique n° 12 : Croissance sectorielle et incidence de pauvreté au Bénin 42

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

BIT : Bureau International du Travail

CAPE : Cellule d'Analyse de Politique Economique

DAD : Distributive Analysis / Analyse Distributive

DSEE : Direction des Statistiques et Etudes Economiques

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

DTI : Droits et Taxes à l'Importation

FGT : Indices de la classe Foster-Greer-Thorbecke

INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

MCA : Millenium Challenge Account

MCS : Matrice de Comptabilité Sociale

MEGC : Modèle d'Equilibre Général Calculable

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

QUIBB : Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Base de Bien-être

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

TEE : Tableau Economique d'Ensemble

TEI : Tableau d'Echanges Inter-industriels

TES : Tableau des Entrées-Sorties

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

INTRODUCTION GENERALE

Le diagnostic de l'économie nationale réalisé dans le cadre de l'élaboration du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté au Bénin a révélé que la situation économique dans son ensemble a connu une évolution favorable au cours de la période 1995-2001 avec une croissance annuelle moyenne de 5,2%. Cette croissance a reposé sur un taux d'investissement de l'ordre de 20% du PIB en moyenne. Dans le même temps, des progrès notables ont été enregistrés dans la gestion des finances publiques puisque le déficit budgétaire rapporté au PIB a été contenu à un niveau moyen de 2,9%, auquel on peut ajouter d'importantes réductions d'arriérés de paiement intérieur correspondant à environ 2% du PIB. Ces résultats, assez significatifs ont été obtenus grâce à la mise en oeuvre rigoureuse de mesures d'assainissement des finances publiques et de réformes structurelles. Mais depuis l'année 2002, l'économie béninoise est entrée dans une phase de décélération pour atteindre un taux de croissance réelle de 2,9% en 2005 ; dans un contexte d'inflation annuelle moyenne de 4,4%, nettement supérieure à la norme communautaire de 3% retenue dans le Pacte de convergence de l 'UEMOA.

L'analyse des composantes d'offre du PIB1 révèle que la croissance sectorielle est pratiquement identique avec un taux de 4,5% pour les secteurs primaire et secondaire, et 4,7% pour le secteur tertiaire. Malgré la faible diversification de la production agricole, le secteur primaire contribue à la croissance à hauteur de 1,7% contre 0,6% et 1,4% respectivement pour les secteurs secondaire et tertiaire. Les importations représentent près du tiers (31,4%) de la production intérieure. Ce qui signifie que les ressources intérieures sont insuffisantes pour satisfaire le niveau de la demande globale. L'économie béninoise est, de ce fait, en déséquilibre keynésien de sous- emploi. Il existe donc des possibilités d'augmenter la production domestique.

1 Données des comptes nationaux, INSAE/DSEE, 2006.

Parallèlement, l'appréhension de la pauvreté à travers ses causes et ses déterminants a révélé des informations extrêmement utiles pour cibler les actions visant à soulager la situation des plus démunies. En effet, entre les périodes 1999-2002 et 2003-2005, en milieu rural, le phénomène de la pauvreté apprécié à partir de la variation des indicateurs de la classe FGT est passé de 2,0% à 1,0% pour l'indice numérique. Sur chacune des deux périodes, la variation de l'indice de profondeur est passée de 15,2% à 9,3% et celle de l'indice de sévérité de 34,2% à 25,2%. En milieu urbain par contre, la variation de l'incidence de la pauvreté est passée de -0,8% à -3,5% respectivement sur les périodes 1999-2002 et 2003-2005. Même si la pauvreté est encore perceptible, il s'en déduit toutefois que la mise en oeuvre de la Stratégie de la Réduction de Pauvreté sur la période 2003-2005 a permis de diminuer son ampleur. Ainsi, les performances économiques enregistrées au cours des dernières années ont favorisé un recul de la pauvreté en milieu urbain, mais celle-ci s'est relativement accrue et demeure persistante dans le milieu rural.

Avec un taux d'accroissement annuel de la population de 3,24%2, et une dégradation de la situation des pauvres en milieu rural, les performances de l'économie doivent être consolidées à travers des politiques axées sur le développement et la redynamisation de la production des différentes branches d'activités de l'économie pour réduire significativement et durablement la pauvreté. C'est justement dans ce cadre que s'inscrit le présent thème : « Croissance sectorielle et réduction de la pauvreté au Bénin ». Cette étude se propose d'aborder l'analyse de l'impact de l'augmentation de la production sectorielle sur la réduction de la pauvreté au Bénin.

Le présent mémoire s'articule autour de deux grandes parties composées chacune de deux chapitres. La première partie décrit le cadre théorique de l'étude. La deuxième partie est consacrée à l'analyse de l'impact de la croissance sectorielle sur la pauvreté au Bénin, et présente quelques simulations de politiques économiques.

2 Taux de d'accroissement intercensitaire, RGPH-3 (2002).

PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE

Section 1 : Problématique et objectifs de l'étude

Depuis 1989, le Bénin s'est engagé dans une série de Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), à cause de sa situation économique caractérisée par une baisse de la production intérieure et un déséquilibre au niveau les finances publiques. Sur la période 1989-2002, les différents programmes et stratégies d'assistance triennaux, qui ont été mis en oeuvre, ont aboutit à l'amélioration de la situation économique et au rétablissement des grands équilibres macro-économiques. Le taux de croissance est ainsi passé de -2,9% en 1989 à 4,7% en 1991 et de 1992 à 2002, il a oscillé autour de 5%. Cette évolution favorable de l'économie, si elle a permis de réduire la pauvreté en milieu urbain, n'a pas eu d'impact significatif sur la situation en milieu rural où la pauvreté et les inégalités se sont plutôt aggravées.

Sur plus d'une décennie de Programmes d'Ajustement, le bilan a montré que malgré le rétablissement des grands équilibres macroéconomiques et les progrès réalisés dans l'assainissement des finances publiques, le phénomène de pauvreté persiste toujours. Cette situation a conduit, avec l'initiative PPTE renforcée en 1999, à l'élaboration du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Parallèlement, au niveau international, les Nations-Unies à travers le PNUD ont élaboré les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) suite à de nombreuses conférences internationales dans les années 90 qui ont mobilisé plusieurs Chefs d'Etat et de Gouvernement. Au nombre de ces Objectifs, on peut citer : « Réduire de moitié l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 ». Tout ceci justifie que la pauvreté constitue un véritable problème pour les économies en développement et toutes les stratégies élaborées pour la réduire doivent être orientées vers l'amélioration du bien-être des couches vulnérables, notamment à travers l'augmentation du niveau de leurs revenus.

La nécessité d'accroître le niveau de revenu des groupes socio-économiques en général et celui des ménages du monde rural en particulier exige d'identifier des secteurs dont l'augmentation de la production améliore leur niveau de vie. La mise en oeuvre de différentes politiques et mesures économiques de ces dernières années a été à la base de la relance de la croissance économique. Cependant, ces politiques, même si elles ont été nécessaires pour la croissance économique, n'ont pas suffit à réduire la pauvreté.

En d'autres termes, l'objectif de réduction de la pauvreté telle que fixé dans les OMD est loin d'être atteint. Le problème général qui se pose est que la plupart des politiques mises en oeuvre pour réduire la pauvreté depuis l'élaboration du DSRP en 2002 n'ont pas permis d'aboutir à des résultats significatifs surtout en milieu rural. De ce problème général découle un problème spécifique : il s'agit de la faiblesse du niveau de revenu des groupes socio-économiques. Il se dégage donc une interrogation fondamentale : comment améliorer le niveau de revenus des groupes socio- économiques afin de réduire la pauvreté au Bénin ?

Dans ses nouvelles orientations de politique économique, le Bénin ambitionne de relancer la croissance économique avec un objectif de taux de croissance à deux (02) chiffres à l'horizon 2011. Mais au regard du taux de pauvreté qui subsiste encore, surtout en milieu rural, il ne suffit pas d'amorcer une croissance agrégée et concentrée. La présente étude trouve tout son intérêt en ce sens qu'elle permettrait aux décideurs de cibler des secteurs, moteurs de développement socio-économique, qui induiront une participation significative et donc une amélioration des revenus des couches défavorisées de la population en vue de les sortir de leur situation de dénuement.

Ainsi, l'objectif général du présent mémoire est d'identifier les secteurs de production dont la croissance a les effets les plus significatifs en terme de réduction de la pauvreté au Bénin.

Plus spécifiquement, l'étude vise à :

- apprécier l'impact d'une hausse de la demande exogène adressée aux secteurs de production sur l'amélioration des revenus des groupes socio-économiques ;

- apprécier le degré d'intégration économique des différentes branches d'activités ;

- évaluer l'impact d'une hausse de la demande exogène et donc de la production sectorielle sur la réduction de la pauvreté.

La croissance étant nécessaire pour réduire la pauvreté, il y a d'abord lieu de savoir les secteurs de l'économie nationale qui favorisent la croissance. Compte tenu des caractéristiques de l'économie Béninoise qui est essentiellement basée sur l'agriculture, il est plus stratégique de rechercher les secteurs moteurs de croissance au niveau des branches de production relatives à l'agriculture.

La pauvreté étant plus rurale qu'urbaine, pour la réduire significativement, il faut identifier des secteurs de l'économie pour lesquels les activités économiques concentrent et mobilise davantage les pauvres.

Pour approcher ces objectifs, les hypothèses suivantes sont formulées :

- Les branches d'activités agricoles et agro-industrielles ont un impact important sur l'augmentation des revenus des groupes socio-économiques ;

- Il existe des secteurs dans l'économie dont la croissance stimule davantage celle d'autres secteurs ;

- Les branches d'activités agricoles et agro-industrielles ont un potentiel élevé en terme de réduction de la pauvreté.

Section 2 : Revue de littérature

Dans la littérature, le lien entre la croissance sectorielle et la pauvreté est analysé suivant trois grandes approches : les approches économétriques (élasticité et multiplicateurs sectoriels), les approches d'équilibre général (MCS et MEGC), et les approches basées sur la technique de décomposition de la variation inter temporelle de la pauvreté.

Les approches économétriques sont utilisées pour calculer soit des multiplicateurs sectoriels, soit des élasticités de la pauvreté par rapport à des paramètres sectoriels de croissance. Block (1999) a utilisé la méthode des multiplicateurs sectoriels pour montrer que la croissance dans le secteur agricole est primordiale à la promotion de la

croissance économique en Ethiopie, qui à son tour permet de réduire la pauvreté. Par ailleurs, Fan & al. (2000) dans leur analyse ont débouché sur l'importance de l'amélioration technologique et des infrastructures rurales dans la stimulation de la croissance et la réduction de la pauvreté en Inde. Datt & Ravallion (2002) ont montré l'importance de la décomposition sectorielle de la croissance qui interagit avec les conditions ou dotations initiales pour expliquer dans quelle mesure la croissance réduit la pauvreté. En Inde par exemple, la croissance non agricole était plus pro pauvre dans les Etats initialement plus éduqués, plus productifs au plan agricole, dotés de terres et d'un niveau de vie rural plus élevé, présentant moins de mortalité infantile. De même, Heltberg & Tarp (2002) ont utilisé la méthode des élasticités pour montrer qu'au Mozambique les facteurs non-prix tels que le risque, la technologie et les infrastructures de transport jouent un rôle plus important dans la stimulation de l'offre et la commercialisation. Dans la promotion d'une croissance rurale pro-pauvre, il est essentiel de s'attaquer aux problèmes de risque, de faible productivité et de faibles dotations en capital du pauvre. De même, des travaux de Warr (2003), il ressort que les taux globaux de pauvreté dans les pays de l'Asie sont fortement expliqués par la productivité du secteur agricole, et qu'il n'y avait aucun impact significatif de croissance du secteur industriel. Cette désagrégation sectorielle des sources de réduction de pauvreté a été poursuivie intensivement par Sumarto & Suryahadi (2003) qui ont utilisé comme indicateur l'indice numérique de la pauvreté. Ils ont conclu que, approximativement deux-tiers de la réduction de la pauvreté observée pendant la période de la croissance la plus rapide des exportations manufacturées étaient dus à la croissance du rendement agricole au niveau provincial.

Les approches d'équilibre général regroupent deux méthodes : les modèles qui s'appuient sur les Matrices de Comptabilité Sociale (MCS) et les Modèles d'Equilibre Général Calculable (MEGC). Thorbecke & Jung (1996) ont développé une méthodologie de décomposition des multiplicateurs de la MCS en effets d'interdépendance et en effets distributifs pour l'analyse de la pauvreté. Dans le cas de l'Indonésie, ils ont montré que la croissance dans les secteurs de l'agriculture et des services contribuent plus à la réduction de la pauvreté que le secteur industriel. Toutefois, cela ne peut se réaliser que lorsque des mesures d'accompagnement de la

croissance telles que l'amélioration du capital humain des pauvres à travers la formation professionnelle sont mises en oeuvre. Dansokho (1997), Khan (1999), Cissé & al (2001) ont appliquée cette méthodologie respectivement au Sénégal ; en Afrique du Sud et au Burkina faso et ont débouché sur les résultats selon lesquels la croissance sectorielle agricole est plus réductrice de pauvreté que celle des autres secteurs de l'économie. Par ailleurs, Decaluwé & al (1999) et Robillard (2001) ont montré comment utiliser les modèles d'équilibre général calculable pour analyser l'impact des mesures de politiques d'ajustement sur la pauvreté et la distribution des revenus à travers la micro simulation. Cabral (2004) simule, à l'aide d'un modèle d'équilibre général calculable multisectoriel et statique, l'impact de l'Accord agricole sur la pauvreté et la distribution des revenus en milieu rural au Sénégal. Il conclut que la mise en oeuvre de mesures d'accompagnement telles que l'accroissement des dotations en terres et en stock d'eau d'irrigation permettra une réduction plus importante de l'incidence de la pauvreté en milieu rural. Boccanfuso & Savard (2005) ont utilisé un modèle d'équilibre général calculable multi-ménages intégrés pour analyser l'impact de la construction d'une autoroute à péage entre Dakar et Thies au Sénégal sur la pauvreté et les inégalités. Abdelkhalek & al. (2006) ont montré, avec un MEGC microsimulé, qu'une politique favorisant le développement du secteur du tourisme au Maroc a un impact socio-économique dominant.

Kaboré (2003) propose une décomposition de la variation inter temporelle de la pauvreté nationale en composantes dues aux croissances, redistributions et mouvements sectoriels de population. Ses résultats montrent que la croissance dans les secteurs agricole et vivrier est nécessaire pour réduire la pauvreté au Burkina Faso.

Au Bénin, plusieurs études utilisant l'approche monétaire ont été réalisées sur la croissance et l'analyse de la pauvreté. Une évaluation des principales politiques économiques et financières menées depuis les années 90 a été réalisée par la CAPE (2002). Il ressort des analyses qu'entre la politique d'augmentation des dépenses de santé, de l'éducation et la politique d'augmentation d'investissement en facteur capital dans la branche agriculture, seule la dernière s'est avérée comme celle qui a contribué le plus à la réduction de la pauvreté, même si elle a abouti à une aggravation de la balance commerciale. Adjovi (2005) a analysé à travers un MEGC l'impact des

Accords de Partenariat Economique sur la pauvreté au Bénin. Il conclut que la libéralisation progressive des échanges avec l'UE ne détériore pas le revenu des ménages. Ceux-ci connaissent un accroissement moyen annuel de 3,6% sur les dix prochaines années. Mais cette tendance doit être relativisée puisque par rapport à la situation de référence, la hausse du revenu des ménages n'est que de 1,9%. Vodounou & al (2006) ont utilisé des données de panel pour faire une analyse de la contribution de la croissance des dépenses de consommation des ménages et de la redistribution sur la variation de la pauvreté. Ils ont montré que l'effet croissance était relativement favorable mais pas trop suffisant pour contenir l'effet néfaste de l'inégalité en milieu urbain. En milieu rural par contre, l'aggravation de la pauvreté est le résultat de l'insuffisance de la croissance des dépenses moyennes de consommation des ménages. L'appréciation de la nature de croissance économique révèle qu'elle est seulement pro- pauvre en milieu urbain. Balaro (2005) a exploité les données de l'enquête QUIBB pour explorer le lien entre croissance économique et pauvreté. Il a montré que la persistance de la pauvreté observée dans les années 2000 relève de la spécificité du processus de croissance économique elle-même qui accroît davantage l'inégalité plutôt que de la réduire. Il conclut qu'il est peu probable que la croissance économique suffit à elle seule pour réduire la pauvreté et l'inégalité socio-économique au Bénin.

Au Bénin, il n'existe pas encore d'études réalisées qui soient basées sur la technique de décomposition des multiplicateurs de la Matrice de Comptabilité Sociale pour analyser la croissance sectorielle et la réduction de la pauvreté.

Section 3 : Méthodologie de l'étude

La méthodologie utilisée est inspirée de celle de Thorbecke & Jung (1996). Le choix de cette méthodologie se justifie par l'inexistence de données de longues séries sur les indicateurs de pauvreté au Bénin pouvant permettre de faire des modèles économétriques. Elle est basée sur les multiplicateurs de la Matrice de Comptabilité Sociale et est structurée en trois grandes étapes :


· Construction du modèle des multiplicateurs fixes de la MCS et leur décomposition en effets distributifs et en effets d'interdépendance. Détermination de l'impact d'une augmentation de la demande dans un secteur

d'activité j sur le revenu des différents groupes de ménages. Cet impact est retracé par une relation matricielle, qui a pour variable d'entrée la variation de la production dans un secteur d'activité j et, pour variable de sortie la variation du revenu des différents groupes de ménages.

· Choix d'un indicateur approprié de mesure de pauvreté : il s'agit des indices de la classe Foster-Greer-Thorbecke (FGT). Ensuite, les données de l'enquête QUIBB sont exploitées pour extraire les vecteurs ménages qui ont servi de base à la détermination, à l'aide du logiciel DAD3, de :

- l'élasticité de la pauvreté par rapport au revenu,

- la part de pauvreté imputable à chaque groupe de ménages.

· Analyse de l'impact sur la réduction de la pauvreté de la variation du revenu des groupes de ménages, suite à l'augmentation de la production dans un secteur d'activité j. Cet impact sera d'abord mesuré dans un groupe de ménage i, puis au niveau agrégé de tous les ménages.

3 Distributive Analysis / Analyse Distributive (DAD) est un logiciel d'analyse d'inégalité et de pauvreté développé par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI Canada).

CHAPITRE II : CONSTRUCTION DU MODELE

Section 1 : La notion de Matrice de Comptabilité Sociale

L'idée d'une MCS fut développée pour la première fois par Stone dans les années 60 en Grande-Bretagne. Cette MCS fut utilisée comme le support des données pour élaborer les premières versions du « Cambridge growth model ». Dix ans après, Pyatt (1970) réalise les premières MCS opérationnelles au sein des missions du Bureau International du Travail (BIT). Les MCS sont de plus en plus adoptés par de nombreux pays en développement à cause de leur flexibilité et de leur simplicité conceptuelle. La MCS est l'aboutissement d'un cheminement de confection et de présentation de documents comptables qui a commencé avec le tableau Input-Output de Leontief (1953).

Les modèles de multiplicateurs s'appuient sur des données présentées dans une Matrice de Comptabilité Sociale. La MCS est une synthèse des tableaux d'échanges inter industriels (TEI) et des tableaux économiques d'ensemble (TEE). Une MCS reproduit l'ensemble des flux réalisés dans un système économique au cours d'une période. A chaque catégorie de biens ou de services non factoriels, de services factoriels, d'agents économiques correspond une entrée en ligne et en colonne. Chaque ligne répertorie l'origine des ressources et chaque colonne l'utilisation de ces ressources. Cet ensemble de comptes à partie double garantit que tout emploi d'une branche, d'un facteur de production, ou d'un agent économique correspond à une ressource pour une autre branche, un autre facteur ou un autre agent. De plus, la somme des ressources est égale la somme des emplois pour chacun des comptes. Les MCS font ressortir aussi les relations entre structures de production et distribution de revenus, ainsi que les flux de capitaux et les transactions financières au niveau interne d'une part, et entre l'économie domestique et le reste du monde d'autre part. Les MCS élargissent le cadre d'analyse des modèles macro-économiques en fournissant une structure complète de l'économie avec tous les secteurs.

De nos jours, les MCS servent de base à des études portant sur des sujets assez variés comme : les réformes de politiques économiques, les effets des chocs extérieurs, les changements dans la structure économique et sociale d'un pays etc.

Le graphique n°1 décrit les flux monétaires de toutes les transactions dans une Matrice de Comptabilité Sociale.

Graphique n° 1 : Description des flux monétaires dans une MCS

Activités de
production

Accumulation

Facteurs

Reste du
Monde

Etat

Institutions

Source : Auteurs

Section 2 : Le modèle des multiplicateurs fixes

Les modèles basés sur les multiplicateurs de la MCS sont fondés sur les hypothèses classiques ci-après :

- il existe dans l'économie un excès de capacité de production, ce qui assure une constance des prix.

- les propensions moyennes de dépenses des comptes endogènes sont constantes.

- la fonction de production et les dotations factorielles sont données pour une période.

Sous ces hypothèses, la MCS peut être utilisée pour analyser les impacts des variations et injections exogènes. Il s'agit d'étudier l'impact de la variation de la demande d'un produit donné (production sectorielle) sur l'ensemble du système socio-économique d'un pays. Pour illustrer ce cadre d'analyse, la structure simplifiée d'une MCS présentée dans le tableau n°1 a été adoptée.

Tableau n° 1 : Structure simplifiée d'une MCS

 

Comptes endogènes

 

Dépenses

Recettes

1. Facteurs

2. Institutions

3. Activités de
production

4. Comptes
exogènes

TOTAL

1. Facteurs

 
 

T13

X1

y1

2. Institutions

T21

T22

 

X2

y2

3. Activités de production

 

T32

T33

X3

y3

4. Comptes exogènes

L1

L2

L3

LX

y4

TOTAL

ty1

ty2

ty3

ty4

 
 

tyn est la transposée de la matrice yn

Source : Defourny & Thorbecke (1984).

Les comptes de la MCS sont subdivisés en deux :

- Les comptes endogènes composés de : comptes de facteurs, compte des institutions et compte des activités de production. Ce sont des comptes pour lesquels les différents emplois sont directement liés au niveau des ressources.

- Les comptes exogènes qui comprennent : compte de l'Etat, compte du Reste du Monde et compte du capital (accumulation). Ce sont des comptes pour lesquels les emplois sont déterminés indépendamment du niveau des ressources disponibles.

On peut mettre en évidence les flux au niveau des comptes endogènes de la façon suivante : la production (3) entraîne des coûts en facteurs (1), qui sont ensuite reversés aux institutions sous forme de revenus (2). Ces institutions vont ensuite dépenser leur ressources en consommation pour les activités de production et en épargne (3). Et le circuit recommence. Le graphique n°2 illustre les flux endogènes correspondants.

Graphique n° 2 : Transactions au niveau des comptes endogènes d'une MCS

T33

T22

T3 2

T13

Activités de
production

3

Institutions

Facteurs

2

T 21

1

Source : Auteurs, inspiré de Thorbecke (2000)

Les comptes exogènes ont été regroupés et leur somme est représentée par un vecteur.
Ainsi, les xi, i = 1,2,3 représentent chacun la somme des injections en provenance du

RDM, de l'Accumulation et de l'Etat. De même, les Li représentent les fuites correspondantes.

Ainsi, la MCS simplifiée regroupe toutes les transactions exogènes et les fuites correspondantes et se focalise sur les transactions et transformations endogènes. Elle distingue cinq (5) types de transformations endogènes à savoir :

- T 13: la matrice d'allocation aux différents facteurs de production, des valeurs ajoutées générées par les activités de production.

- T 33: retrace les consommations intermédiaires nécessaires à la production. C'est la matrice des transactions input-output.

- T 32 : représente la matrice des dépenses de consommation des différentes institutions (ménages, entreprises) en biens et services.

- T21: schématise la transformation des revenus des facteurs en revenu des groupes de

ménages. Elle montre également le niveau des dotations factorielles des différents groupes de ménages.

- T 22: retrace les transferts interinstitutionnels c'est-à-dire les transferts entre groupes

de ménages, les transferts entre entreprises, et les transferts entre groupes de ménages et entreprises.

Le principe schématisé au graphique n°2 implique qu'une variation exogène (dx, )

détermine à travers les interactions dans la MCS, le revenu des comptes endogènes, c'est-à-dire4 (i) les revenus des facteurs de production (ii) les revenus des ménages et des entreprises et (iii) les revenus des activités de production.

Pour des besoins analytiques, la partie endogène de la matrice est convertie en la matrice des propensions moyennes de dépenses correspondantes. Elle est obtenue en divisant chaque élément de la matrice des comptes endogènes par le total de sa colonne. Ainsi, la matrice des propensions moyennes de dépenses A, est partitionnée

comme suit :

? ?

0 0 A13

A A A

? ?

= ? ?

0

, 21 22

? ?

? ?

0 A A

32 33

Les sous-matrices nulles de la matrice A, se justifient : par exemple le bloc « 0 » de la

première ligne et de la première colonne signifie que les facteurs ne peuvent pas être utilisés pour rémunérer les facteurs.

Par définition de A, et à partir de la matrice des transactions, on déduit que le revenu d'un compte endogène y, est donné par la relation :

y , = A , y , + x , [1]

Ce qui veut dire que le revenu d'un compte endogène peut être obtenu en multipliant les propensions moyennes de dépenses de la ligne correspondante par le vecteur revenu y, et en ajoutant le revenu exogène de la même ligne.

L'équation [1] peut être réécrite de la façon suivante : (I - A , ) y , = x , .

(I-A , )y , =x ,

? = -

y , I A , x ,

( ) 1

[2]

-

En posant ( ) 1

M a I A , -

= - , on a :

4 Il s'agit respectivement des vecteurs y1 , y2, y3

yn = Maxn

Ainsi, d'après l'équation [2], le vecteur revenu endogène yn peut être déduit en pré- multipliant l'injection xn par la matrice Ma. Cette matrice est dénommée « matrice des multiplicateurs de la MCS ».

L'une des limites de la matrice Ma des multiplicateurs de la MCS, est qu'elle suppose

des élasticités de dépenses égales à l'unité5. Bien que l'on puisse faire cette hypothèse
pour tous les éléments de la matrice An , elle serait irréaliste dans le cas des propensions

de dépenses des groupes de ménages, c'est-à-dire dans le cas de la sous-matrice A32.

Une alternative plus réaliste consiste à spécifier une matrice de propensions
marginales de dépenses Cn qui correspond aux élasticités de dépenses des différents

13

? ?

0 0 C

C C C

? ?

= ? ?

0 avec C 13 = A 13, C 21 = A 21 C 22 = A 22, C 33 = A 33 mais C 32 ? A 32 .

n 21 22

? ?

? ?

0 C C

32 33

agents économiques endogènes sous l'hypothèse de la rigidité des prix.

se réécrit :

[2']

On postule que C32 = åA32, å étant l'élasticité de dépenses de consommation par rapport au revenu disponible des ménages.

Avec la nouvelle matrice Cn , l'équation [2]

yn I C n x n

= -

( ) 1

-

Ainsi, on peut exprimer la variation des revenus (dyn ) résultant de la variation des injections( dxn ) par :

dy n I C n dx n

= - . En posant ( ) 1

( ) 1

- M c I C n -

= - , on a :

[3]

dy n = M c dx n

5 Les propensions moyennes de dépenses de An sont constantes et sont supposées s'appliquer à tout accroissement des injections.

Mc est dénommée matrice des multiplicateurs de prix fixes6. Son avantage est qu'il

permet de refléter les propensions marginales de dépenses en lieu et place des propensions moyennes de dépenses exprimé par la matrice Ma.

Section 3 : Décomposition des multiplicateurs de prix fixes

Certaines productions sectorielles contribuent plus à l'amélioration des revenus des groupes de ménages que d'autres en fonction de la technologie utilisée (fonction de production), des dotations factorielles des groupes socio-économiques et de l'importance des interrelations économiques qui existent aussi bien du côté de l'offre que de la demande7. Ces contributions sont mesurées à partir des multiplicateurs. Cette section expose comment les multiplicateurs de prix fixes peuvent être décomposés en effets distributifs et en effets d'interdépendance.

? ?

0 0 C 13

A partir de la matrice des propensions marginales de dépenses C C C

? ?

= ? ?

0

n 21 22

? ?

? ?

0 C C

32 33

L'équation [1] se réécrit :

yn = Cnyn + xn [1']

En passant aux variations, on obtient :

dy n = C n dy n + dx n [4]

L'équation [4] est équivalente au système d'équations suivant :

?
? ?

? ?

dy = C dy dx

+

1 13 3 1

dy C dy C dy dx

2 21 1 22 2

= + + 2

dy C dy C dy dx

= + +

3 32 2 33 3 3

.

 

Ce qui implique :

6 L'expression anglo-saxon est « fixe price multiplier » : voir Pyatt & Round (1979). Par ailleurs, dans les modèles d'équilibre général Walrasien, c'est la flexibilité des prix qui détermine l'équilibre. Dans un modèle keynésien par contre, à court terme ce sont les quantités qui varient alors que le vecteur prix reste fixe. C'est ce dernier type de modèle qui est utilisé dans le présent document.

7 Degré d'intégration de l'économie.

? ?

?

dy C dy dx

= +

1 13 3 1

- 1 - 1

dy I C C dy I C dx

2 22 22 21 1 22 22 2

= - + -

( ) ( )

-1 dx3

- 1

dy =

3

( ) ( )

I C C dy I C

- + -

33 33 32 2 33 33

On suppose que la matrice Mc est partitionnée de la façon suivante :

?

= ?

21 22 23 ?

31 32 33 ?

c c c c
? ? M M M

c c c

?

c c c

11 12 13

?
?

? M M M

M M M M

[S]

[5]

En partant de l'équation [3] dy n = M c dx n, on peut écrire :

dy2 = M c 21dx 1 + M c 22dx2 + M c 23dx3

Suite à une augmentation exogène de la demande pour une production sectorielle
donnée dx3, on cherche à savoir quel est son impact sur le revenu des différents

groupes de ménages dy2.

[6]

[8]

[10]

Ainsi, lorsqu'on suppose que seul x3 subit une variation dx3, alors dx 1 = dx2 = 0 et dans ce cas l'équation [5] donne :

dy2 = M c 23dx3

De même, à partir du système [S] , on a : dy2 = [R × D] dx3

1 - 1

où : ( ) ( )

= - - et ( ) 1

-

D I 22 C 22 C 21 C 13 I 33 C 33 R I 22 D C 32 -

= - ×

Des équations [6] et [7] , on déduit que Mc 23 = R × D

R et D sont dénommées respectivement effets distributifs et effets d'interdépendance.

Posons ( ) 2

M m = =

c ij i n

23 1

=

1 = =

j n 3

. Alors on peut écrire :

dy2 i = m ij dx3 j [9]

Les éléments mij représentent les effets directs et indirects totaux résultant de

l'augmentation de la demande et donc de l'offre d'une production sectorielle j sur l'accroissement des revenus d'un groupe de ménages i.

Les effets distributifs (D)

Les effets distributifs résultent d'une variation exogène d'une production sectorielle dx3 donnée. En supposant que la demande et donc la production de textile par exemple

augmente d'une unité. Pour produire cette unité supplémentaire, des consommations intermédiaires tels que le tissu, les fibres et du carburant seraient nécessaires et qui à leur tour engendreraient d'autres consommations intermédiaires pour être produits. Les différentes étapes de demande en consommations intermédiaires sont captées par la

matrice ( ) 1

I 33 C 33 -

- . De même, toute hausse d'une production sectorielle nécessite

premièrement des inputs tels que la main d'oeuvre non qualifiée, le capital et la terre.
La demande de ces facteurs de production est donnée par la matrice C13. En retour, un

revenu supplémentaire sera distribué aux différents groupes de ménages en fonction de
leurs dotations factorielles (en des facteurs utilisés dans le secteur du textile). Cette
transformation est représentée par la matrice C21. Si la technologie de production de

textile existante utilise plus de main d'oeuvre non qualifiée, alors les groupes socio- économiques tels que les ménages ruraux sans terre et les ménages urbains peu instruits et qui disposent suffisamment de dotations en ce facteur (main d'oeuvre non qualifiée) en tireraient davantage profit.

Lorsqu'un facteur de production est beaucoup plus détenu par un groupe de ménages composé en majorité de pauvres et est intensément utilisé par une production sectorielle donnée, l'effet distributif serait important.

Ensuite, des transferts de revenus s'opèrent aussi bien à l'intérieur d'un même groupe
qu'entres les différents groupes socioéconomiques, et sont captés par la

matrice( ) 1

I 22 C 22 -

- .

Ainsi, à partir des développements ci-dessus, les effets distributifs totaux sont fournis

- 1 - 1

par la matrice ( ) ( )

D I 22 C 22 C 21 C 13 I 33 C 33

= - - .

Le graphique n°3 montre les différents mécanismes à travers lesquels une injection exogène dx3 affecte les trois comptes endogènes.

Graphique n° 3 : Les effets distributifs dans le modèle des multiplicateurs fixes

( ) 1

I 33 C 33

-

(C 1 3)

dy3

dx3

dy1

( ) 1

I 22 C 22 C21

-

dy2

Source : Auteurs

D est le produit de trois composantes définies par :

- ( ) 1

D 3 I 22 C 22 -

= - : effets de transferts. Elle représente les effets distributifs

intragroupes des revenus des ménages.

- D2 = C21C 13 : effets distributifs directs. Elle retrace les flux de revenus en direction des

groupes de ménages en provenance des facteurs utilisés dans le processus de production, et détenus par ces groupes.

- ( ) 1

D 1 I 33 C 33 -

= - : effets intersectoriels. Elle retrace les interrelations Input-Output qui

surviennent dans le processus de production.

Les effets distributifs représentent l'effet initial de la variation de la demande et donc de l'offre d'une production sectorielle donnée sur les revenus des différents groupes socio-économiques. L'ampleur des effets distributifs dépend principalement de la fonction de production8 et des dotations factorielles des ménages9.

8 Par exemple son intensité en main d'oeuvre, combien de fois elle dépend des facteurs de production détenus par les groupes de ménages.

9 L'importance de la main d'oeuvre non qualifiée ou le volume des terres qu'ils détiennent.

Les effets d'interdépendance (R)

Les effets d'interdépendance R sont les multiplicateurs keynésiens des effets
distributifs D, corrigés par les propensions marginales de dépenses des ménages

retracé par la matrice C32. En d'autres termes, ( ) 1

R I 22 D C 32 -

= - ×

Pendant que les effets distributifs captent l'impact initial de la variation d'une production sectorielle sur les revenus, les effets d'interdépendance captent les effets de dépenses et « redépenses10 ». Les revenus supplémentaires reçus par les groupes de ménages sont, à leur tour dépensés en bien de consommation alimentaires, d'habillement, et autres produits. Pour satisfaire cette demande additionnelle, une offre équivalente est nécessaire. Cette dernière engendre des consommations intermédiaires mais également l'utilisation de facteurs primaires (par exemple la main d'oeuvre non qualifiée) qui génère finalement un accroissement indirect additionnel de revenus pour les pauvres. Ces revenus supplémentaires leur permettent d'augmenter leurs dépenses de consommation et le processus recommence. Par conséquent, les effets d'interdépendance agrègent l'impact du premier flux « revenus-dépenses » et des autres flux successifs de même type. Les effets d'interdépendance reflètent le degré d'intégration qui existe dans un système socio-économique aussi bien du côté de l'offre que de la demande.

En effet, du coté de la demande, plus les consommateurs vont effectuer des dépenses en biens et services domestiques ou bien plus diversifié est leur panier de consommation, plus les effets d'interdépendance seraient importants. De même, du coté de l'offre, plus les relations intersectorielles et les transferts au sein des ménages sont intenses, plus les effets d'interdépendance seraient importants.

Ces effets d'interdépendance sont équivalents aux « Close-loop effects » identifiés par Pyatt & Round (1979)11 dans leur méthodologie alternative de décomposition des multiplicateurs.

10 Transferts d'un groupe de ménages reconduits en dépenses par les groupes de ménages bénéficiaires.

11 Pyatt G. Round J.I. (1979). Accounting and Fixed Price Multipliers in a SAM Framework, Economic Journal, 89: 850-873.

Section 4 : Analyse de pauvreté à l'aide d'un modèle de multiplicateurs fixes Paragraphe 1 : Les indices de pauvreté utilisés dans l'analyse

Pour évaluer l'impact de la variation de la demande (et donc de l'offre) dans un secteur de production sur la pauvreté, il est nécessaire d'adopter une mesure de pauvreté appropriée, l'approche adopté dans le présent contexte étant l'approche de la pauvreté monétaire. Cette dernière traduit une insuffisance de revenu nécessaire pour procurer à une personne le minimum de consommation indispensable pour vivre.

Un indice de pauvreté doit permettre d'apprécier la pauvreté et satisfaire un certain nombre de propriétés fondamentales12. Parmi ces propriétés, deux retiennent l'attention : l'axiome de mono tonicité et celui de transfert. Les indices qui sont utilisés dans la présente étude sont ceux de la famille P-alpha (Pá ) connus sous le nom

d'indices de la classe Foster-Greer-Thorbecke (FGT).

Ces indices (Pá ) possèdent une propriété particulière qui est celle de la décomposition.
Une mesure P(y,z) est dite décomposable si et seulement si pour toute partition de la

mn

distribution y en m groupes ( y 1 , y 2 , ... , y m ) , on a : ( ) ( )

P y z P y z

, ,

, où niest

i

= ? i

i = 1

n

l'effectif du groupe i. Ainsi, pour des indices décomposables, la pauvreté peut s'exprimer comme une moyenne pondérée de pauvretés des sous-groupes.

La formule générale des indices (Pá ) de la classe FGT est donnée par :

1 á

q y i

= ? -

P á où :

?

?

?= ?

n 1

i ? z

1 ?

n: nombre d'individus dans la population ; q : nombre de pauvres dans la population ; z: seuil de pauvreté ;

yi: dépenses par tête dans le groupe de ménages i ;

á: le paramètre qui mesure l'aversion pour la pauvreté.

12 Voir annexe n°5 pour les axiomes d'une mesure de pauvreté.

- Indice numérique (P0 )

Il est obtenu pour á = 0 et s'écrit :

q

P 0 = . P0 exprime la proportion d'individus

n

pauvres dans la population totale, une fois le seuil pauvreté fixé. - Indice de profondeur de la pauvreté (P1)

q y

Il est obtenu pour á =1 et s'écrit : ?=

1 1

1 . P1 correspond en quelque sorte à

?

i

P = ? -

? ?

n i ? z

1 ?

la distance moyenne qui sépare les individus de la population des pauvres de la ligne de pauvreté ; la distance zéro étant celle qui est attribuée aux non pauvres.

- Indice de sévérité de la pauvreté (P2 )

2

q

Il est obtenu pour á = 2 et s'écrit :

i

2 1

= ? - y

P . Une fois que le nombre de

?

?

1 ?= ?

n i 1 ? z?

pauvres ainsi que leurs revenus moyens sont fixés, cet indice P2 , est un meilleur indicateur de l'inégalité entre les pauvres.

Paragraphe 2 : Analyse de la pauvreté au niveau des différents groupes de ménages

La section précédente a exposé l'impact de la variation de l'offre sectorielle sur le revenu moyen des différents groupes de ménages. La présente section analyse la sensibilité de la mesure de pauvreté adoptée aux variations du revenu moyen des différents groupes de ménages.

Pour calculer des variations de la mesure de pauvreté résultant d'une variation de la
production sectorielle, il convient d'abord de clarifier l'impact d'une variation du
revenu sur la pauvreté. Kakwani (1993), en considérant que P á = f(y i ,è), a montré

qu'une variation de la mesure de pauvreté peut être décomposé en deux éléments additifs : la première est la variation du revenu moyen par tête, la seconde est la variation dans la distribution du revenu.

? ?

P P

l

dP d y d

á á

ij ij

á è

ij i ijk

= + ?? ,

? y i k ijk

= è

1

avec : Páij la mesure de pauvreté de la classe FGT- Pá qui relie le secteur j au groupe de
ménage i, yi est le revenu moyen par tête dans le groupe de ménage i, et èijk le

paramètre de distribution du revenu. Sous l'hypothèse que la variation de l'offre de la production sectorielle j ne modifie pas la distribution du revenu, alors la seule source de variation de Pá est le revenu. Par conséquent, on peut écrire :

[10]

dP d y

? ?

á ij i

= ? ?

2

ç á i

P y

á ij i

? ?

2

avec çái l'élasticité de Páij par rapport au revenu moyen par tête de chaque groupe de ménage i, résultant de la hausse de la production du secteur j.

La deuxième étape consiste à relier la hausse du revenu moyen dy2 i aux
multiplicateurs fixes mij . De l'équation [9], on a pour le groupe de ménages i :

dy2 i = m ij dx3 j avec dx3 j la variation de la production dans le secteur j. Alors l'équation [10] devient :

? ? ?

[12]

dP dx

?

á ij j

3

= ?

ç i ij

m

P y

á

á ij i

? 2

La réduction de la pauvreté dans le groupe de ménages i est fournie par la relation :

?

?

?

dPdx

?

á ij j

3

= ?

ç i ij

m

P y

á

á ij i

? 2

Paragraphe 3 : Agrégation des effets par rapport aux groupes de ménages

Dans le but d'évaluer l'effet global de la réduction de la pauvreté, les effets élémentaires dans chaque groupe de ménage i sont agrégés sur tous les groupes de ménages.

Les indices de la classe FGT pour un groupe de ménage i et un secteur j sont de la forme :

á

Pá

1 qi ? - ?

z y

?

l

ij = ? ?

n z

i l = 1 ? ?

En agrégeant sur tous les groupes de ménages13, on a :

m ? ?

P P

á á

= ? ?

j ij

? n

i = 1 ? ?

n i

m n

?

dP dP

á á

j ij

= ? ?

n

i = 1 ? ?

En différenciant cette relation, on obtient :

? ?

i

Ce qui peut encore s'écrire :

dP dP n

m

á á

j ij i

? ?

= ? ?

?

P P n

á á

j i j

= 1 ? ?

mdP n P

?

= ?

á á

ij i ij

i ij j

P nP

?

= 1 á á

?

En considérant la classe FGT- Pá on a :

? ? - ?

qi á

z y

dP dP z

? ? ?

k

?

m

á á

j ij k

= ? ? ? ? - ? ?

;

= 1

?

P P z y

q á

á á

j i ij l

= 1

? ? ?

?

? ? ?

z

l = 1

Avec qi: nombre de pauvres dans le groupe i et dans la population.

m

m

q q

= ? : nombre total de pauvres

i

i = 1

?

SoitSái , avec

= , la contribution du groupe i dans la pauvreté totale. Sá 1 i i= 1

á ? - ?

z y k

? ?

? ?

z

? ? ?

l

? ?

z

k

qi

?

= 1

S i q

= áá

? - ?

z y

l 1

. Donc la variation globale de la pauvreté suite à une augmentation

de la demande dans le secteur j est donnée par la relation :
dP dP

m

á á

j ij

= ?

( )

S á i

P P

á = á

j i ij

1

m dx

?

m S

3 j

ç á á

i ij i

( )

i i

1 2

y

=

13 Voir Kakwani (1993).

dP á

?

?

?

m ? dx

j = ?

?

( ) 3 j

S m

Pá

á á

i ij i

ç

y

j i = 1 ? 2 i

Paragraphe 4 : Agrégation des effets par rapport aux secteurs de production

Lorsque que la demande augmente dans plusieurs secteurs j, l'impact agrégé peut être

dP

obtenu par la moyenne des impacts agrégés sur les groupes de ménages j

á

P áj

pondérée

par le poids des différents secteurs dans l'économie. Ainsi, l'impact agrégé par rapport aux secteurs est fourni par la relation :

dP á

dP

s ? ?

? ,

j j

1 ? ?

á

P P

á =

á j

= w j ? ?

s

Avec wj le poids du secteur j dans l'économie. Bien évidemment ? wj 1

j= 1

Paragraphe 5 : Décomposition de multiplicateurs

Les multiplicateurs de prix fixes sont décomposés en deux éléments : les effets distributifs et les effets d'interdépendance.

m

On pose

d á S á d

j i j= ?

i = 1

. Les dáj sont appelés effets distributifs et permettent de capter

l'intensité des flux d'affectation de revenus aux groupes de ménages, suite à une augmentation de la demande exogène.

Les effets d'interdépendance ráj sont déduits de la relation máj = rájdáj.

m

Ainsi, j

dáj

á

r =

avec

?

á j

m

m S m

j i ij

=

á á

?

i = 1

m

d S d

j i j=

á á

?

i = 1

Les ráj sont les multiplicateurs keynésiens des effets distributifs dáj , corrigés par les propensions marginales à dépenser des ménages.

DEUXIEME PARTIE :
IMPACT DE LA CROISSANCE SECTORIELLE SUR LA
REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN

CHAPITRE III : ANALYSE SECTORIELLE ET PAUVRETE AU BENIN

Cette section présente une analyse de l'évolution du Produit Intérieur Brut aussi bien en terme d'offre qu'en terme de demande sur la période 1995-2005. Au niveau de l'offre, l'analyse a exploré principalement les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Du côté de la demande, l'analyse s'est notamment intéressée à la consommation et à l'investissement.

Section 1 : Evolution sectorielle de l'économie béninoise Paragraphe 1 : Structure sectorielle du Produit Intérieur Brut - Au niveau de l'offre

L'évolution du PIB du côté de l'offre révèle que les secteurs primaire et tertiaire ont une nette prépondérance. Leur part moyenne annuelle est autour de 34,5% sur la période 1995-2005. Le secteur secondaire a un poids faible : moins de la moitié de la part moyenne annuelle des secteurs primaire et tertiaire.

Les importations (c'est-à-dire l'offre extérieure) occupent également une part importante dans l'ensemble des ressources, soit 31,4% en moyenne. Ce qui veut dire que l'offre domestique ne représente qu'environ deux tiers (2/3)du niveau de l'offre totale.

S'il est vrai que les secteurs primaire et tertiaire ont une bonne part dans le PIB, il faut quand même noter qu'ils ont connu des évolutions presque en sens contraires sur la période 1995-2005. En effet :

- sur la période 1995-1998, le secteur primaire a connu une évolution de sa part qui est passée de 33,1% à 36,6%, alors que le secteur tertiaire a enregistré une régression de sa part qui est passée de 3 6,5% à 33,7%. ;

- sur la période 1998-2003, le secteur primaire a connu une régression de sa part pour atteindre 32,1% alors que le secteur tertiaire a connu une évolution qui passe de 12,8% à 13,7%.

- sur la période 2003-2005, il y a une stagnation générale des différentes parts des secteurs primaire, secondaire et tertiaire. L'évolution du secteur secondaire n'a pas connu de variations significatives sur la période 1995- 2005. Quant aux autres ressources14, elles ont représenté en moyenne 18,7% du PIB sur la même période.

Graphique n° 4 : Structure des ressources du PIB

0,90

0,80

0,70

0,60

0,50

0,40

0,30

0,20

0,10

0,00

1,00

PRIMAIRE SECONDAIRE TERTIAIRE AUTRES

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

- Au niveau de la demande

La consommation finale a nettement pris une avance sur l'investissement et la demande extérieure (les exportations). Il n'y a pas eu une grande variation des différentes parts autour de leur valeur moyenne. La part moyenne annuelle est de 87,8% du PIB pour la consommation. Cette a connu sa plus grande part en 2002 (soit 90,3%) et leur plus faible part en 2000 (soit 85,6%).

14 Il s'agit des Services Non-Marchands,des DTI et TVA intérieure.

Graphique n° 5 : Structure des emplois du PIB

1,00 0,90 0,80 0,70 0,60 0,50 0,40 0,30 0,20 0,10 0,00

 

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

CONSOMMATION INV ESTISS EM ENT EXPORTATIONS

Paragraphe 2 : Taux de croissance sectorielle du Produit Intérieur Brut - Au niveau de l'offre

Dans l'ensemble, tous les secteurs primaire, secondaire et tertiaire ont connu une évolution sur la période 1995-2005 car les taux moyens annuels de croissance oscillent autour de 4,6%.

Le secteur primaire a connu son plus fort taux de croissance en 2001 (6,4%) et son plus faible taux de croissance en 2003 (2,2%). La situation critique a été observée en 2005 où il a été noté une baisse de 0,8%.

Le plus fort taux de croissance du secteur secondaire a été enregistré en 2000 (9,2%). C'est en 2004 qu'il est noté une évolution à la baisse de 0,5% du taux de croissance de ce secteur.

Dans le secteur tertiaire, le taux de croissance le plus élevé est de 6,8% en 1995 alors que le taux le plus bas est de -0,2% en 2004.

Quant aux autres ressources, elles ont enregistré le taux de croissance le plus fort en 1995 (19,4%). Leur plus faible taux de croissance a été atteint en obtenu en 2005 avec la valeur de 6,1%.

En somme, l'analyse fait ressortir que sur la période 1995-2005 :

- le taux de croissance le plus fort est enregistré au niveau des autres ressources du PIB (19,4%)

- le taux de croissance le plus faible est observé au du secteur secondaire en 2004 (-0,5%)

Graphique n° 6 : Taux de croissance des ressources du PIB

20

15

10

-5

5

0

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

PRIMAIRE SECONDAIRE TERTIAIRE AUTRES

- Au niveau de la demande

La consommation a connu une évolution faible alors que l'investissement a évolué en dent scie.

La croissance de la consommation a été forte (5,4%) en 1998 et en 2002. mais en 2004 elle a fléchit avec un taux négatif de -0,1%. La croissance annuelle moyenne de la consommation a été de 4,0% sur la période.

Quant à l'investissement, il a une évolution erratique sur la période 1995-2005 passant de 38,1% en 1995 à -16,1% en 2005. c'est en 1996 que l'investissement a le plus baissé (-18,3%).

D'une manière générale, l'analyse fait ressortir que sur la période 2002-2005, la demande a été moins dynamique que l'offre.

Graphique n° 7 : Taux de croissance des emplois du PIB

50

-10

-20

40

30

20

10

0

1995 1996 1997 1 9 9 8 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

-30

CONSOMMATION INV ESTISSEM ENT EXPORTATIONS

Paragraphe 3 : Contribution sectorielle à la croissance du Production Intérieur Brut - Au niveau de l'offre

Le secteur primaire est celui qui a le plus contribué à la croissance du PIB sur la période 1995-2005 avec un taux annuel moyen de 1,7%. Il est suivi du secteur tertiaire avec un taux de 1,4%. Le secteur secondaire est celui qui a le moins contribué à la croissance (0,6% en moyenne) sur la période d'observation.

Graphique n° 8 : Contribution à la croissance des ressources du PIB

2003

PRIMA IRE SECO NDA IRE TERTIA IRE A UTRES

2004

2002

2005

2001

-1 , 0

4,0

2, 0

3,0

0,0

1 ,0

1 995

2000

1996

1999

1997

1998

- Au niveau de la demande

La consommation est la composante qui tire le plus la croissance avec une contribution moyenne de 3,9% sur la période 1995-2005. L'investissement contribue pour seulement pour 0,7%. D'après le graphique n°9, contrairement à la consommation qui connu une évolution plus ou moins régulière, la contribution de l'investissement a été très erratique sur la période 1995-2005.

Graphique n° 9 : Contribution à la croissance des emplois du PIB

CONSOMMATION INVESTISSEMENT EXPO RTA TIO N S

2003

2004

2002

2005

2001

-2 ,0

-4 ,0

6,0

4,0

2,0

0 ,0

1995

2000

1996

1999

1997

1998

En somme l'évolution des différents secteurs de l'économie béninoise est caractéristique des économies en développement avec deux pôles dominants, constitué des secteur primaire et tertiaire ; et une secteur secondaire faiblement développé qui se réduit à quelques industries de transformation.

Section 2 : La Matrice de Comptabilité Sociale du Bénin

La Matrice de Comptabilité Sociale utilisée est celle qui a servi aux travaux de modélisation en équilibre général du MIMAP15-Bénin. Les données utilisées pour construire cette matrice sont celles de l'année 1999 et proviennent essentiellement des comptes nationaux notamment le Tableau des Entrées-Sorties (TES) et le Tableau Economique d'Ensemble (TEE). Elle comprend au total trente huit (38) comptes regroupés en cinq (5) catégories que sont : les facteurs de production, les agents économiques, les branches d'activité, les produits et l'accumulation.

Les comptes de facteurs : Dans ce groupe, on retrouve deux catégories de comptes, les comptes de capital et les comptes de rémunération du facteur travail. On distingue cinq comptes de capital (un pour chacune des branches marchandes) et un compte de facteur travail.

Les comptes des agents économiques : La matrice contient huit (08) comptes de ce type pour les trois catégories d'agents que sont les ménages, les Entreprises et l'Etat. Trois comptes sont ouverts pour les ménages, un pour les entreprises, un pour l'Etat. Les trois comptes de «Ménages» sont les Ménages Ruraux (MR), les Ménages Urbains

15 « MIMAP : Micro Impact of Macroeconomic and Ajustment Policies » est un réseau de recherche.

de Cotonou (MUC) et les Ménages Urbains Autres (MUA). Le compte du Reste Du Monde (RDM) décrit les transactions avec l'étranger. Le solde du compte Reste Du Monde correspond aux flux nets d'endettement nécessaires à financer l'excédent des investissements sur l'épargne intérieure.

Les comptes des Branches de production : Dans la Matrice de comptabilité sociale, l'activité économique a été répartie en huit (08) branches de production à savoir cinq (05) marchandes et trois (03) non marchandes. Les branches retenues correspondent presque toutes à une agrégation de la nomenclature de la Comptabilité Nationale. Les cinq branches marchandes sont l'Agriculture comprenant les Travaux Agricoles, l'Elevage, la Pêche, la Chasse et la Foresterie (BRAG), la branche Agro-Industrie pour la transformation moderne des produits agricoles (BRAI), la branche Agro-Artisanat (BRAA) pour la transformation artisanale des produits agricoles, la branche Autres Industries Modernes et Artisanales (BRIMA) et la branche Autres Services Marchands (BRAS). Les trois (3) branches non marchandes des Administrations publiques sont la branche Education (BREDUC), la branche Santé (BRSANTE) et la branche des autres Services Non Marchands (BRSNM). Ces trois (3) branches représentent respectivement 32%, 7% et 61% des dépenses des administrations.

Tableau n° 2 : Différentes branches de la MCS 1999 MIMAP-Benin

Branches

Intitulés

Branches comptes
nationaux

Contenu

BRAG

Branche Agriculture

11-12

Toutes les activités agricoles, élevage, pêche, chasse, foresterie

BRAI

Branche Agro-Industrie

311 i-31 3i-3 14i-
315-316-31 9i-321

Production de farines de céréales, pains, boissons, tabacs, coton-fibre et graines de coton et autres produits alimentaires par les grandes unités industrielles

BRAA

Branche Agro-Artisanat

311 a-312-3 13a-
31 4a-3 1 9a

Mêmes production que pour BRAI mais avec une transformation artisanale

BRIMA

Branche Autres Industries Modernes et Artisanales

21-22-322-33-34-
35-36-42-50

Autres industries textiles, chimiques, mécaniques, matériaux de construction, eau et électricité, BTP et autres industries aussi bien modernes qu'artisanales

BRSNM

Branche Autres Services Non Marchands

903

Les dépenses de fonctionnement de tous les services administratifs à l'exception des services de santé et d'éducation

BREDUC

Branche Education

901

Les dépenses de fonctionnement des services publics d'éducation

BRSANTE

Branche Santé

902

Les dépenses de fonctionnement des services publics de santé

BRAS

Branche Autres Services Marchands

76-70-81-82-83-84-
85-86-99

Banques, assurances, services de locations, commerce, transports, hôtellerie et restauration etc..

Source : DSEE/INSAE/MDEF

Les comptes de produits : La Matrice de comptabilité sociale comporte huit (08) comptes de produits correspondant aux branches retenues (05 produits marchands et 03 non marchands). Cependant, les cinq (5) produits marchands sont dédoublés pour tenir compte de leur destination (demande intérieure ou exportation). Au total, il y a donc treize (13) comptes de produits.

Le compte Accumulation : Le processus de l'investissement se fait par le biais du compte d'accumulation. Ce compte reçoit en ligne, l'épargne des différents agents économiques et finance en colonne la Formation Brute du Capital Fixe.

Section 3 : Les vecteurs de revenus et de dépenses des ménages

Les vecteurs de revenus et dépenses des ménages sont construits à partir de l'enquête QUIBB de 2003 qui a porté sur 5350 ménages. Toutefois, il est procédé à l'ajustement des données sur les revenus et les dépenses des ménages, avant de les réconcilier avec les données de la Matrice de comptabilité sociale. La procédure d'ajustement et de conciliation des données ont consisté principalement à :

· corriger les données par l'inflation vu le décalage dans les sources de données (QUIBB 2003 et MCS 1999), d'une part et le décalage entre les périodes de collecte des informations sur les consommations (fin de période), et sur les revenus (toute la période) ;

· hausser le niveau des revenus à travers un accroissement des revenus des activités de production des ménages et des revenus de transfert qui sont généralement sous-estimés dans les enquêtes, et particulièrement dans le cas du Bénin. Les revenus nets ou profits sont imputés aux facteurs travail et capital16. Leur ajustement à la MCS a été réalisé parallèlement à celui des coefficients d'intensité factorielle de cette dernière. Les salaires et les transferts (revenus et paiements) de l'enquête prioritaire ont été ajustés à ceux de la MCS en tenant compte des parts distributives de la première et des niveaux de la seconde ;

16 Paxson (1992), repris par Deaton (1957).


· introduire les dépenses de consommation des ménages enquêtés tout en gardant le niveau et la structure de l'enquête. Cette méthode permet de répliquer le profil de la pauvreté du Bénin à l'année de base avec la ligne de pauvreté officielle. La conciliation des dépenses de consommation de l'enquête à celles de la MCS se fait par le biais de la variable « ajustement de stocks » (qui est maintenue constante dans les simulations) et de l'épargne globale17

Section 4 : Le profil des groupes de ménages

Dans la définition des politiques de lutte contre la pauvreté, la description quantitative de la pauvreté doit être appuyée par une analyse des caractéristiques socio- économiques des pauvres. Il s'agit donc d'étudier la répartition géographique, les structures des dépenses alimentaires, les sources de revenus, le niveau d'éducation et d'instruction, etc. des pauvres et des non-pauvres. C'est cette analyse des différences socio-économiques entre pauvres et des non-pauvres que l'on appelle profil de pauvreté. Le profil utilisé dans le présent document est basé sur la répartition géographique compte tenu de la structure de désagrégation des groupes de ménages retenus au niveau de la Matrice de Comptabilité Sociale.

Pour analyser la répartition des ménages suivant leurs revenus, il a été procédé à la partition des groupes de ménages en quintile correspondant aux plus pauvres, pauvres, moyens, riches et plus riches selon que les ménages appartiennent respectivement aux 1er , 2ème, 3ème , 4ème ou 5ème quintiles. On fait également l'hypothèse que tous les individus d'un ménage appartiennent au même quintile que le ménage considéré. Le profil des groupes de ménages est établi sur la base des données de l'enquête QUIBB.

17 La terre agricole n'est pas mise en exergue dans l'enquête prioritaire. Elle est prise en compte dans le capital agricole.

Graphique n° 10 : Quintiles de revenus moyens des groupes de ménages

25%

23%

1er Q u intile 2e Q u in tile 3e Q u intile 4e Q u intile 5e Q u in tile

Ruraux Urbains C oto no u Urbains autres

21%

19%

12%

3%

7%

14%

22%

54%

16%

20%

21%

21%

22%

Il ressort du graphique n°10 que :

- les ménages ruraux sont de plus en plus concentrés dans les quintiles les plus pauvres. Leurs proportions vont du simple au double en passant du 5ème quintile au 1er quintile.

- les ménages urbains Cotonou quant à eux sont de plus en plus concentrés dans les quintiles les plus riches. Leurs proportions augmentent de 3% à 54% en passant du 1er au dernier quintile.

- En ce qui concerne les ménages urbain Autres, il y a très peu de disparités dans leur répartition. Du quintile le plus pauvre au quintile le plus riche, les proportions sont passés de 16% à 22% respectivement soit un faible écart de 6 points.

Par ailleurs, le tableau n°3 montre que les revenus moyens annuels en milieu urbain sont nettement supérieurs à ceux du milieu rural. Les revenus urbains Cotonou et urbains Autres représentent respectivement 2,5 fois et 1,3 fois les revenus ruraux. De plus 61,5% de la population est concentré dans les zones rurales et partagent les revenus les plus faibles alors que les 3 8,5% restants sont répartis entre les zones urbaines. Le revenu minimal (10.459 F.CFA) est situé dans le milieu rural et le plus élevé est en milieu urbain (4.714.134 F.CFA), soit plus de 450 fois le revenu minimal.

Tableau n° 3 : Profil des différents groupes de ménages au Bénin

Groupes de Ménages

Revenu des ménages
(F.CFA)

Structure
de la
population

ni
n

Seuil de
pauvreté

z

Elasticité de la pauvreté par
rapport au revenu moyen

çái

Part de pauvreté imputable
à chaque groupe

Sái

 

Minimum

Maximum

 

P1

P2

P0

P1

P2

Ruraux (MR)

136 995

10 459

1 771 672

61,5

74 088

-2,37

-3,30

-3,82

0,76

0,78

0,79

Urbains Cotonou (MUC)

338 161

36 007

2 502 851

12,7

74 088

-0,54

-0,42

-0,36

0,02

0,01

0,01

Urbains Autres (MUA)

182 613

18 591

4 714 134

25,8

74 088

-1,81

-2,31

-2,43

0,22

0,21

0,20

 

Source : Calculs des Auteurs sur la base des données de l'enquête QUIBB.

Les revenus des ménages sont approchés par leurs dépenses de consommation. P0 : Indice numérique de la pauvreté.

P1 : Indice de profondeur de la pauvreté.

P2 : Indice de sévérité de la pauvreté.

L'élasticité de Pá exprime la réponse des indices de pauvreté à une variation des revenus moyens des groupes de ménages. Elle est plus élevée en milieu rural qu'en milieu urbain pour tous les indices Pá . Par exemple pour P0 , elle vaut -2,37 en milieu rural et -0,54 et -1,81 respectivement pour les milieux urbain Cotonou et urbain Autres. Cela montre que la pauvreté est plus sensible en milieu rural qu'en milieu urbain aux variations de revenu moyen.

En matière de part, la pauvreté est plus prépondérante en milieu rural qu'en milieu urbain. C'est le milieu rural (76%) qui est le plus assujetti au phénomène de la pauvreté, suivi du milieu urbain Autres (22%) et dans une faible mesure, le milieu urbain Cotonou (2%). Cette analyse est valable aussi bien pour l'indice numérique que pour l'indice de profondeur et l'indice de sévérité.

Section 5 : Lien entre la croissance sectorielle et la pauvreté

Le lien classique entre la croissance sectorielle et la réduction de la pauvreté est une relation en ordre inverse telle qu'illustré par le graphique n°11. L'augmentation de la richesse générée par la croissance sectorielle du Produit Intérieur Brut doit avoir un impact positif sur la réduction de la pauvreté.

Graphique n° 11 : Lien classique entre croissance sectorielle et pauvreté

Croissance sectorielle

Pauvreté

Le graphique n°12 est construit sur la base de données empiriques. La tendance classique n'est pas systématiquement observée quant à l'évolution comparée de l'incidence de la pauvreté et de la croissance dans les principaux secteurs de production sur la période 1996-2005. En effet, entre 1996 et 1999, on note une croissance de la production dans les secteurs primaire et tertiaire, accompagné d'une hausse de l'incidence de la pauvreté. De 1999 à 2003, les secteurs de production enregistrent une décélération et dans le même temps, la pauvreté a amorcé une tendance à la baisse. De 2003 à 2005, la production connaît une évolution erratique dans tous les secteurs alors que l'incidence de la pauvreté enregistre une légère hausse de son niveau.

Graphique n° 12 : Croissance sectorielle et incidence de pauvreté au Bénin18

-1,0%1996 1999 2001 2002 2003 2004 200 52 4 ,0 %

4,0%

2,0%

9,0%

8,0%

7,0%

6,0%

5,0%

3,0%

0,0%

1,0%

Primaire Secondaire Tertiaire P0

3 2,0%

3 1,0%

3 0,0%

2 9,0%

2 8,0%

2 7,0%

2 6,0%

2 5,0%

Source : Auteurs.

18 Source des données sur l'incidence de la pauvreté P0 :

1996-2001, Rapport sur la gestion du développement National, édition 2005. 2002-2005, Rapport d'avancement 2005 sur le DSRP-1

En somme, le lien entre la croissance sectorielle et la réduction de la pauvreté est encore mitigé car les variations annuelles ne sont pas significatives pour tirer des conclusions pertinentes quant au recul de l'incidence de la pauvreté monétaire au Bénin.

CHAPITRE IV : SIMULATIONS A L'AIDE DU MODELE

Section 1 : Analyse des différents types d'effets

L'analyse des différents types d'effets est faite de manière transversale sur tous les secteurs. On considère une hausse de la production intérieure brute de 5% en référence au sentier de croissance de l'économie béninoise. Cette hausse est appliquée à chacun des secteurs, toutes choses égales par ailleurs, pour mesurer l'impact de la croissance sectorielle des différentes branches d'activités de l'économie. Par ailleurs, les effets ont les mêmes tendances lorsqu'on passe d'un indice de la classe FGT à un autre. Pour ce faire, les analyses se limitent à l'indice numérique (P0), les conclusions étant valables pour les deux autres indices c'est-à-dire l'indice de profondeur (P1) et l'indice de sévérité (P2).

Paragraphe 1 : Analyse des effets d'entraînement

Les effets d'entraînement permettent de mesurer l'impact d'une hausse de la demande sectorielle soit sur le secteur lui-même, soit sur les autres secteurs ou soit sur toute l'économie nationale.

Tableau n° 4 : Les effets d'entraînement induits par les différents secteurs

Entraînement

BRAG

BRAI

BRAA

BRIMA

BRSNM

BREDUC

BRSANTE

BRAS

sur lui-même

2,135

1,043

1,388

1,457

1,002

1,001

1,000

1,63 1

sur les autres
secteurs

8,361

7,389

9,697

4,881

8,016

8,017

8,018

7,047

sur
l'économie

10,496

8,432

11,085

6,337

9,018

9,018

9,018

8,679

 

Source : Auteurs

La branche BRAG (2,135) a le plus fort effet d'entraînement sur lui-même, suivi des branches BRAS (1,631), BRIMA (1,457) et BRAA (1,388). Les Branches BRAI, BRSNM, BREDUC et BRSANTE ont de faibles effets d'entraînement sur eux-mêmes. Quant aux effets d'entraînement sur les autres secteurs, l'ampleur n'est pas la même pour tous les secteurs. Les effets sont élevés pour les branches BRAA (9,697), BRAG (8,361). Les branches BRSNM, BREDUC, BRSANTE ont des effets semblables. La branche BRIMA (4,881) à l'effet le plus faible.

En somme, deux branches apparaissent comme ayant les effets d'entraînement les plus importants sur l'économie : il s'agit des branches BRAA (11,085) et BRAG (10,496). Ainsi, parmi toutes les activités de production, les branches Agriculture et Agroartisantat sont les principales sources de croissance de l'économie béninoise.

Paragraphe 2 : Analyse des effets distributifs

Les effets distributifs mesurent l'intensité des flux d'affectation des revenus aux groupes de ménages suite à une augmentation d'une demande exogène.

Tableau n° 5 : Les effets distributifs sectoriels

 

BRAG

BRAI

BRAA

BRIMA

BRSNM

BREDUC

BRSANTE

BRAS

Effets distributifs

0,6048

0,3244

0,5087

0,1604

0,1587

0,1587

0,1588

0,2307

Effets transferts

0,8419

0,7659

0,7801

0,5321

0,2535

0,2535

0,2535

0,4169

Effets directs

0,5114

0,0083

0,1109

0,0974

0,1213

0,1213

0,1213

0,1765

Effets intersectoriels

1,4048

5,1095

5,8790

3,0958

5,1605

5,1605

5,1605

3,1361

 

Source : Auteurs.

D'après le tableau n°5, les effets distributifs sont maximales pour la Branche BRAG (0,6048). Elle est suivie des Branches BRAA (0,5087) et BRAI (0,3244). Les branches BRSNM et BREDUC (0,1587) ont l'effet le plus faible. De plus, les effets distributifs sont davantage expliqués par les effets distributifs intersectoriels qui affichent leur maximum (5,8790) pour la branche BRAA et leur minimum (1,4048) pour la branche BRAG.

Ainsi, parmi tous les secteurs de l'économie, c'est l'augmentation de la demande dans la branche Agriculture qui permet d'augmenter, dans une proportion plus importante, les revenus des ménages.

Paragraphe 3 : Analyse des effets d'interdépendance

Les effets d'interdépendance s'interprètent comme des multiplicateurs keynésiens des effets distributifs, corrigés par les propensions marginales à dépenser des ménages.

Tableau n° 6 : Les effets d'interdépendance

 

BRAG

BRAI BRAA

BRIMA BRSNM

BREDUCBRSANTE

BRAS

Effets d'interdépendance

2,0534

2,1384 2,1205

2,5444

3,9763

3,9763

3,9763

2,9098

 

Source : Auteurs.

Les effets d'interdépendance sont élevés (3,9763) pour les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE. La branche BRAS a également un effet non négligeable (2,9098). La branche BRAG a un faible effet d'interdépendance (2,0534).

Ainsi, de tous les secteurs de l'économie, c'est pour les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE, que l'augmentation de la demande engendre des dépenses des ménages plus importantes en consommation des produits des autres branches d'activités de l'économie.

Paragraphe 4 : Analyse des effets de réduction de pauvreté

L'effet de réduction de pauvreté mesure l'impact de l'augmentation de la demande exogène dans une branche donnée sur la réduction de la pauvreté d'abord au niveau de chaque groupe de ménages, puis au niveau agrégé de tous les ménages.

Tableau n° 7 : Les effets de réduction de la pauvreté par branche d'activités

 

BRAG

BRAI

BRAA

 
 

BRIMABRSNMBREDUCBRSANTE

 

BRAS

Moy

Effets réduction de pauvreté

-24,2%

-13,4%

-20,9%

-7,7%

-11,4%

-11,4%

-11,4%

-12,5%

-16,1%

Ménages Ruraux

-30,1%

-16,6%

-25,9%

-9,3%

 

-12,7%-12,7%

-12,7%

-14,7%-19,6%

 

Ménages Urbains Cotonou

-0,3%

-0,2%

-0,3%

-0,3%

-0,8%

-0,8%

-0,8%

-0,6%

-0,4%

Ménages Urbains Autres

-5,4%

-3,5%

-5,2%

-2,9%

-7,7%

-7,7%

-7,7%

-5,8%

-5,1%

 

Source : Auteurs.

La branche BRAG s'est avérée être la plus réductrice de la pauvreté (-24,2%). Elle est suivie de la branche BRAA (-20,9%) et de la branche BRAI (13,4%). Les effets de réduction de pauvreté sont moindres mais identiques (-11,4%) pour les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE. L'effet est de -12,5% pour la branche BRAS alors qu'il est seulement de -7,7% pour la branche BRIMA.

Par groupes de ménages, c'est au niveau des ménages ruraux que les effets de réduction sont les plus élevés. Ils vont de -30,1% pour la branche BRAG à -9,3% pour la branche BRIMA. Pour les ménages Urbains Cotonou, ce sont les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE qui ont les plus forts effets de réduction de la pauvreté (-0,8%). Il en est de même pour les ménages urbains Autres (-7,7%).

Ainsi, les secteurs qui sont les plus réducteurs de pauvreté en milieu rural (Branche Agriculture, Agro-Artisanat et Agri-Industrie), le sont moins en milieu urbain (branches Autres Services non-Marchands, Education et Santé) et vis-versa.

Pour la branche BRAG, les disparités sont plus importantes : -30,1% pour les ménages ruraux et -0,3% pour les ménages urbains Cotonou. Pour les branches BRSNM, BREDUC et BRSANTE par contre, les effets varient de -12,7% pour les ménages ruraux à -0,8% pour les ménages urbains Cotonou.

En somme, si le Bénin parvient à atteindre son sentier de croissance de 5% en moyenne annuelle, l'incidence de la pauvreté pourrait se trouver réduite de 19,6% pour les ménages ruraux, de 0,4% pour les ménages urbains Cotonou et de 5,1% pour les ménages Urbains Autres. Au niveau national, l'incidence de la pauvreté se trouverait réduite de 16,1% en moyenne annuelle, par rapport à la situation de référence. Dans le même temps, la profondeur et la sévérité de la pauvreté se verraient réduites en moyenne annuelle de 22,7% et 26,4% respectivement.

Section 2 : Simulation des impacts du MCA sur la pauvreté au Bénin

Dans cette section, il a été simulé l'impact du Programme du Bénin pour le Millenium Challenge Account (MCA) sur la pauvreté au Bénin.

Paragraphe 1 : Présentation du Programme du Bénin pour le MCA

La proposition du Bénin a été élaborée pour le Millennium Challenge Account (MCA), suite à un processus de consultation qui a touché toutes les composantes de la société béninoise, à savoir le Secteur Privé, le Secteur Agricole, la Société civile, les Syndicats, les communes et le Gouvernement,. L'objectif global du Programme est de « Contribuer à l'accélération de la croissance économique et à la réduction de la pauvreté par l'amélioration du volume et de la qualité de l'investissement au Bénin ». Pour atteindre ses objectifs spécifiques, les sous-programmes du Programme MCA ont été déclinés en quatre (04) projets :

- Projet « Accès au foncier » dont l'objectif est de faciliter l'investissement privé

par la réduction de l'insécurité foncière et par la création d'actifs monnayables.

- Projet « Accès au crédit » dont l'objectif est de réduire le coût du crédit afin d'accroître les investissements et améliorer les revenus des populations.

- Projet « Accès aux marchés » dont l'objectif est de moderniser les opérations portuaires afin de rendre le Port de Cotonou plus attractif pour les investissements et de réaliser les pistes rurales pour désenclaver les zones de forte production agricole.

- Projet « Amélioration de l'environnement des affaires » dont l'objectif est de renforcer la confiance entre la justice et les justiciables et de sécuriser les investissements.

Les projets concernent l'ensemble du territoire national. Toutefois, certaines activités seront exécutées au niveau central, au niveau départemental ou au niveau des communes. Le programme est étalé sur quatre (04) ans et son coût global est d'environ 170 milliards FCFA dont 5 milliards de FCFA pour la contribution du Budget national.

Pour la simulation, il est considéré qu'une demande exogène de 170 milliards est adressée aux différentes branches de l'économie suivant la ventilation ci-après :

Tableau n° 8 : Répartition de la demande adressée aux différentes branches pour le MCA

Branches

Intitulés

Contenu

Part

BRAG

Agriculture

Toutes les activités agricoles, élevage, pêche, chasse, foresterie

13%

BRAA

Agro-Artisanat

Production de farines de céréales, pains, boissons, tabacs, coton-fibre et graines de coton et autres produits alimentaires par une transformation artisanale

6%

BRAS

Autres Services
Marchands

Banques, assurances, services de locations, commerce, transports, hôtellerie et restauration etc.

74%

BRSNM

Autres Services Non
Marchands

Les dépenses de fonctionnement de tous les services administratifs à l'exception des services de santé et d'éducation

6%

TOTAL

 
 

100%

 

Source : Auteurs a partir de « Proposition du Bénin pour le MCA, sept 2005 ».

Cette ventilation est fondée sur les données du document portant « Proposition du Bénin pour le MCA, Version 1.1, septembre 2005 ». La part de 74% affectée au secteur BRAS se justifie par le fait que plus de la moitié des ressources du programme devront servir à la réhabilitation du Port de Cotonou, principale composante du transport au Bénin et qui se retrouve dans ce secteur.

Paragraphe 2 : Résultats de simulations des impacts du MCA sur la pauvreté

Le tableau n°5 présente l'impact sur la réduction de la pauvreté de la mise en oeuvre du Programme MCA pour le Bénin.

Tableau n° 9 : Résultats de simulation pour le MCA

 
 

Incidence
(P0)

 
 

Profondeur
(P1)

 
 

Sévérité
(P2)

 
 

Réf

Sim

Var

Réf

Sim

Var

Réf

Sim

Var

GLOBAL

0,22692

0,20468

-9,8%

0,06168

0,05317

-13,8%

0,02456

0,02065

-15,9%

Ruraux

0,17327

0,15317

-11,6%

0,04820

0,04044

-16,1%

0,01933

0,01572

-18,7%

Urbains Cotonou

0,00411

0,00409

-0,5%

0,00080

0,00079

-0,4%

0,00024

0,00024

-0,3%

Urbains Autres

0,04953

0,04730

-4,5%

0,01268

0,01194

-5,8%

0,00498

0,00468

-6,1%

 

Légende : Réf =situation de référence ; Sim=résultat de simulation ; Var=variation par rapport à la situation de référence.

Source : Auteurs, résultats de simulation

Il ressort du tableau que la mise en oeuvre du Programme Millenium Challenge Account, a un impact significatif sur la réduction de la pauvreté au Bénin.

Elle permettra de réduire le nombre de pauvres de 9,8% au niveau national chaque année. Par type de ménages, les effets sont plus prononcés en milieu rural (-11,6%) qu'en milieu urbain (-0,5% et -4,5%).

La profondeur qui traduit le gap qui sépare les pauvres de la ligne de pauvreté se trouverait réduite de 13,8%. Par type de ménages, l'impact est plus important en milieu rural (-16,1%) qu'en milieu urbain (-0,4% et -5,8%).

La sévérité de la pauvreté, c'est-à-dire l'inégalité entre les pauvres, se trouverait réduite de 15,9% au plan national et par an. Par type de ménages, c'est au niveau du monde rural que l'effet est plus significatif (-18,7%), moindre en milieu urbain Autres (-0,6%) et faible en milieu urbain Cotonou (-0,3%).

En somme, par rapport à la situation de référence et sous l'hypothèse que les individus pauvres n'augmentent pas dans le temps, pour les quatre (04) années de mise en oeuvre du programme MCA, l'incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté au Bénin seraient réduites de 39%, 55% et 64% respectivement.

Section 3 : Recommandations de politiques

A travers les analyses qui précèdent, il ressort que l'exploration de la structure sectorielle de l'économie peut servir plusieurs investigations en matière de formulation de politiques économiques de croissance et de stratégie d'amélioration du bien-être sociale. Ainsi, pour réduire la pauvreté au Bénin et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, l'étude recommande de :

· Mettre en oeuvre des politiques sectorielles pour le développement et le renforcement du tissu productif. En effet, dans l'état actuel de l'économie béninoise, où le niveau de la demande est nettement supérieur au niveau de l'offre, il existe encore des possibilités importantes d'augmentation du niveau de la production des différents secteurs pour satisfaire la demande globale.

· Diversifier les filières de production agricoles et promouvoir les activités de transformation agro-artisanales et agro-industrielles. Compte tenu de leur fort potentiel de réduction de pauvreté et de la concentration des individus pauvres dans ces secteurs, toute action ciblée sur ces secteurs, permettrait d'améliorer les revenus des couches les plus vulnérables de la population et de les sortir de leur situation de dénuement.

· Développer les activités agricoles d'exportation pour favoriser les entrées de devises et réduire le déficit de la balance commerciale. L'analyse de la balance commerciale du Bénin affiche une augmentation exponentielle des importations qui sont source de sortie de devises. De plus la plupart des produits importés peuvent être substitués par des produits locaux puisqu'il s'agit en majorité des produits alimentaires. Ceci permettra de promouvoir le "Label béninois" à travers le concept "Consommons local". D'un autre côté, les exportations ont très peu augmenté au cours des dix dernières années. Elles procurent des devises à l'économie nationale et permettent de réduire l'écart entre les importations et les exportations et dont le déficit de la balance commerciale.

· Orienter les politiques sectorielles de façon optimale suivant les objectifs fixés en matière de réduction de la pauvreté. En effet, à travers la technique de décomposition des multiplicateurs de la matrice de comptabilité sociale, il ressort que certains secteurs sont plus réducteurs de la pauvreté en milieu rural alors que d'autres le sont davantage en milieu urbain. Ainsi, pour réduire convenablement la pauvreté en milieu rural, il faut orienter les politiques vers les secteurs agriculture, agro-industrie et agro-artisanat. Mais en milieu urbain, les politiques doivent plutôt être concentrés sur les secteurs éducation, santé et autres services non marchands, pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté.

· Investir dans le capital humain des pauvres (éducation, formation professionnelle). Il s'agit d'assurer une éducation de base et la formation professionnelle de qualité afin d'augmenter la productivité globale des facteurs de production détenus par les pauvres. Ce qui leur permettra de participer effectivement au processus de production.

CONCLUSION GENERALE

L'analyse de la croissance sectorielle au Bénin révèle que les différents secteurs de l'économie contribuent à différents degrés à la réduction de la pauvreté. La méthodologie du présent document basé sur la technique de décomposition des multiplicateurs de la matrice de comptabilité sociale a montré que la structure de la croissance sectorielle de l'économie béninoise peut servir de base à la formulation de politiques stratégiques en matière de réduction de la pauvreté. Ainsi, les branches Agriculture, Agro-Artisanat et Agro-Industrie sont des secteurs pour lesquels la croissance serait plus favorable aux populations pauvres notamment en milieu rural. De ce fait, des politiques de renforcement de capacités (éducation, formation professionnelle etc.) doivent être directement orientées en faveur des populations pauvres. Ceci permettra de renforcer leurs dotations factorielles (main d'oeuvre, capacité d'entreprendre des activités génératrices de revenus etc.), de les intégrer pleinement aux processus de production, et par ricochet de les sortir de la pauvreté.

L'approfondissement des analyses notamment à travers une désagrégation plus fine des groupes de ménages et des branches de production contenu dans la matrice de comptabilité sociale, servirait de base à une amélioration de la conception et la mise en oeuvre des politiques de soutien à la croissance sectorielle en vue de réduire significativement et durablement la pauvreté au Bénin.

Par ailleurs, les nouvelles théories économiques de la croissance endogène ont identifié certains déterminants pouvant influer la croissance et compromettre la réduction de la pauvreté. Plusieurs études empiriques ont confirmé l'efficacité de ces facteurs. Ainsi, Le capital humain est un important stimulant de la croissance sectorielle qui est davantage pro pauvre dans les pays initialement plus éduqués (Ravallion & Datt (2002)). Le capital physique est aussi un facteur déterminant de la croissance car la technologie et les infrastructures de transport sont essentielles à la stimulation de la croissance et la réduction de la pauvreté (Fan & al. (2000), Heltberg

& Tarp (2002)). Les politiques qui accroissent l'investissement et facilitent l'acquisition des actifs sont également bénéfiques à la croissance et à la réduction de la pauvreté (Deininger & Squire (1998)). Par contre, la corruption vue comme un investissement dans le capital politique c'est-à-dire l'achat d'un « pouvoir bureaucratique », peut être préjudiciable à la croissance économique (Ehrlich & Lui (1999)). Elle contribue à soustraire les ressources économiques de l'activité de production et d'investissement dans le capital humain qui sont de véritables sources de la croissance et de réduction de la pauvreté.

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ANNEXES

) Annexe 1 : Taux de croissance sectorielle du Produit Intérieur Brut (%) ) Annexe 2 : Evolution des indices de pauvreté au Bénin

) Annexe 3 : Décomposition des multiplicateurs de la MCS et analyse de pauvreté ) Annexe 4 : Estimation de la matrice des propensions marginales de dépenses

) Annexe 5 : Quelques axiomes d'une mesure de pauvreté monétaire ) Annexe 6 : Structure générale du modèle

) Annexe 7 : Principe comptable de l'équilibre Recettes-Dépenses d'une MCS

) Annexe 8 : Inversibilité du complément à l'unité d'une matrice de propensions

Annexe 1 : Taux de croissance sectorielle du Produit Intérieur Brut (%)

Années

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

PRIMAIRE

5,8

5,6

6,1

5,2

6,0

4,5

6,4

2,5

2,2

6,3

-0,8

Agriculture

6,6

6,2

6,9

5,9

7,1

4,9

7,5

1,6

2,2

7,4

-3,0

Elevage

4,9

1,9

3,5

2,3

2,6

2,0

3,5

3,5

3,5

3,2

3,5

Pêche, Foret

2,3

7,7

5,2

5,6

3,8

5,5

3,2

6,4

0,8

3,5

7,3

SECONDAIRE

3,9

7,7

3,5

-0,2

1,7

8,6

9,2

7,0

3,0

-0,5

5,4

Industries extractives

-21,8

-13,3

-13,4

-18,2

-82,1

6,0

7,0

6,0

6,0

4,0

5,0

Industries manufacturières

4,2

12,8

4,2

0,7

4,0

8,8

9,1

6,3

0,7

-2,1

5,3

Energie

9,0

6,4

4,9

0,9

20,3

12,7

16,1

16,9

8,7

0,4

6,7

BTP

14,5

1,4

5,9

1,2

5,8

6,6

6,9

5,3

7,4

3,5

5,0

TERTIAIRE

6,8

3,6

6,0

3,7

5,4

4,1

5,8

4,6

6,4

-0,2

6,0

Commerce

7,8

3,0

6,3

2,2

5,9

4,0

5,3

4,0

6,0

-0,8

7,0

Transports & Telecom

7,3

4,4

4,7

5,1

5,1

3,8

6,1

4,8

7,4

-0,8

5,7

Banques et assurances

8,9

5,2

9,5

4,6

6,3

5,8

7,8

6,9

7,8

0,5

6,5

Autres services

4,8

3,8

5,8

5,1

4,6

4,0

5,9

4,9

6,1

0,8

4,8

SERVICES NON MARCHANDS

2,8

2,1

2,9

3,9

2,1

2,3

3,2

4,1

4,7

3,7

4,0

PISB

9,4

4,8

9,7

4,7

5,4

6,0

6,0

6,0

6,0

1,0

6,6

PIB AU COUT DES FACTEURS

5,4

4,8

5,2

3,7

4,7

4,7

6,3

4,0

3,9

2,8

2,8

DTI et TVA INTERIEURE

16,6

-3,2

14,0

7,0

14,6

7,0

6,2

9,8

3,2

6,7

3,8

PIB AU PRIX DU MARCHE

6,0

4,3

5,7

4,0

5,3

4,9

6,2

4,4

3,9

3,1

2,9

Source : DSEE/INSAE/MDEF, 2006

Annexe 2 : Evolution des indices de pauvreté au Bénin

Années

1996

1999

2001

2002

2003

2004

2005

Incidence (FGT0)

Bénin

0,289

0,312

0,313

0,285

0,2684

0,2684

0,2700

Urbain

0,242

0,246

0,253

0,2356

0,2206

0,2206

0,222

Rural

0,304

0,296

0,35

0,31 59

0,2983

0,2983

0,3001

Profondeur (FGT1)

Bénin

0,075

0,087

0,119

0,1087

0,1035

0,1034

0,1041

Urbain

0,073

0,095

0,114

0,1068

0,103

0,103

0,1035

Rural

0,076

0,085

0,122

0,1099

0,1037

0,1037

0,1045

Sévérité (FGT2)

Bénin

0,029

0,039

0,068

0,0624

0,0596

0,0599

0,0599

Urbain

0,032

0,054

0,073

0,0688

0,0665

0,066

0,0667

Rural

0,028

0,034

0,065

0,0584

0,0553

0,0553

0,0557

Source : 1996-2001, Rapport sur la gestion du développement national, édition 2005 ; 2002-2005, Rapport d'avancement 2005 du DSRP-1

Annexe 3 : Décomposition des multiplicateurs de la MCS et analyse de pauvreté

INDICATEURS

BRAG

BRAI

BRAA

BRIMA

BRSNM

BREDUC

BRSANTE

BRAS

Moyenne

Indice numérique (P0)

1 .Effets distributifs

0,6048

0,3244

0,5087

0,1604

0,1587

0,1587

0,1588

0,2307

 

1a.Effets distributifs de transferts

0,8419

0,7659

0,7801

0,5321

0,2535

0,2535

0,2535

0,4169

 

1b.Effets distributifs directs

0,5114

0,0083

0,1109

0,0974

0,1213

0,1213

0,1213

0,1765

 

1c.Effets distributifs intersectoriel de production

1,4048

5,1095

5,8790

3,0958

5,1605

5,1605

5,1605

3,1361

 

2.Effets d'interdépendance

2,0534

2,1384

2,1205

2,5444

3,9763

3,9763

3,9763

2,9098

 

3.Effets de réduction de pauvreté

-24,2%

-13,4%

-20,9%

-7,7%

-11,4%

-11,4%

-11,4%

-12,5%

-16,1%

3.a Ménages Ruraux

-30,1%

-16,6%

-25,9%

-9,3%

-12,7%

-12,7%

-12,7%

-14,7%

-19,6%

3.b Ménages Urbains Cotonou

-0,3%

-0,2%

-0,3%

-0,3%

-0,8%

-0,8%

-0,8%

-0,6%

-0,4%

3.c Ménages Urbains Autres

-5,4%

-3,5%

-5,2%

-2,9%

-7,7%

-7,7%

-7,7%

-5,8%

-5,1%

Indice de profondeur (P1)

1.Effets distributifs

0,6158

0,3295

0,5171

0,1612

0,1531

0,1531

0,1531

0,2298

 

1a.Effets distributifs de transferts

1,0000

1,0024

1,0001

1,0021

1,0005

1,0005

1,0005

1,0019

 

1b.Effets distributifs directs

0,5207

0,0079

0,1122

0,0979

0,1157

0,1157

0,1157

0,1756

 

1c.Effets distributifs intersectoriel de production

1,1825

4,1575

4,6066

1,6433

1,3221

1,3221

1,3221

1,3063

 

2.Effets d'interdépendance

2,0492

2,1363

2,1178

2,5568

4,1261

4,1261

4,1261

2,9433

 

3.Effets de réduction de pauvreté

-34,2%

-19,0%

-29,5%

-10,9%

-15,8%

-15,8%

-15,8%

-17,5%

-22,7%

3.a Ménages Ruraux

-41,9%

-23,1%

-36,1%

-12,9%

-17,6%

-17,6%

-17,6%

-20,5%

-27,3%

3.b Ménages Urbains Cotonou

-0,2%

-0,2%

-0,3%

-0,2%

-0,6%

-0,6%

-0,6%

-0,5%

-0,3%

3.c Ménages Urbains Autres

-6,9%

-4,4%

-6,6%

-3,7%

-9,8%

-9,8%

-9,8%

-7,4%

-6,6%

Indice de Sévérité (P2)

1.Effets distributifs

0,6195

0,3313

0,5199

0,1616

0,1515

0,1515

0,1515

0,2296

 

1a.Effets distributifs de transferts

1,0000

1,0024

1,0001

1,0021

1,0005

1,0005

1,0005

1,0019

 

1b.Effets distributifs directs

0,5239

0,0078

0,1127

0,0981

0,1141

0,1141

0,1141

0,1754

 

1c.Effets distributifs intersectoriel de production

1,1825

4,2393

4,6133

1,6432

1,3267

1,3266

1,3267

1,3068

 

2.Effets d'interdépendance

2,0480

2,1357

2,1170

2,5607

4,1738

4,1738

4,1738

2,9539

 

3.Effets de réduction de pauvreté

-39,7%

-22,0%

-34,3%

-12,6%

-18,2%

-18,2%

-18,2%

-20,3%

-26,4%

3.a Ménages Ruraux

-48,6%

-26,8%

-41,8%

-15,0%

-20,4%

-20,4%

-20,4%

-23,8%

-31,7%

3.b Ménages Urbains Cotonou

-0,2%

-0,2%

-0,2%

-0,2%

-0,5%

-0,5%

-0,5%

-0,4%

-0,3%

3.c Ménages Urbains Autres

-7,2%

-4,6%

-6,9%

-3,9%

-10,3%

-10,3%

-10,3%

-7,8%

-6,9%

Annexe 4 : Estimation de la matrice des propensions marginales de dépenses

Pour estimer la matrice des propensions marginales à partir des propensions moyennes de dépenses, un modèle log linéaire a été spécifié. Il a permis de disposer de l'élasticité revenu des dépenses de consommation finale et est de la forme :

log(C) = å log(Y) +îi avec :

- C les dépenses de consommation finale des ménages, - Y le revenu disponible des ménages

On obtient donc å = 0, 9388

3,3

3,2

3,1

3,0

2,9

2,8

2,7

2,6

2,5

2,6 2,7 2,8 2,9 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5

Log(C) = 0,9388Log(Y) + 0,0714
R2 = 0,9886

Determination des propensions marginales à consommer des ménages

Nuage Rev-Conso Linéaire (Nuage Rev-Conso)

Ainsi, la matrice des propensions moyennes A32 a été corrigée avec l'élasticité-revenu des dépenses de consommation å = 0,9388 pour disposer de la matrice des propensions marginales à consommer C32 à partir de la relation C32 = åA32 .

Il s'en déduit la matrice de propensions marginales de dépenses Cn qui correspond aux

élasticités de dépenses des différents agents économiques endogènes sous l'hypothèse de la rigidité des prix (Voir page 20).

? ?

0 0 C13

C C C

? ?

= ? ?

0

n 21 22

? ?

? ?

0 C C

32 33

Annexe 5 : Quelques axiomes d'une mesure de pauvreté monétaire

La démarche axiomatique, développée progressivement dans la littérature (Sen (1976) ; Foster, Greer et Thorbecke (1984) ; Shorrocks, (1995)) permet de mesurer la pauvreté à travers la spécification d'un indicateur synthétique à partir de propriétés clairement explicitées.

Nous présentons ici les principaux axiomes d'une mesure de pauvreté.

1. Axiome de focalisation : La mesure de pauvreté ne dépend pas de la dotation yi des non pauvres.

2. Axiome de symétrie : La mesure de pauvreté est inchangée par une permutation des allocations initiales entre deux individus. Cette propriété signifie que la connaissance nominative des pauvres ne modifie pas l'appréciation de la pauvreté.

3. Axiome d'invariance par réplication : La pauvreté mesurée sur la réunion de deux populations identiques est égale à la pauvreté dans chacune de ces populations séparément.

4. Axiome de monotonicité : Si la dotation yi d'un individu pauvre diminue, alors la mesure de pauvreté augmente.

5. Axiome de transfert : Toutes choses étant égales par ailleurs, un transfert d'un individu pauvre vers un individu moins pauvre doit augmenter le niveau de pauvreté.

6. Axiome d'invariance multiplicative : Une mesure de pauvreté vérifie la propriété d'invariance multiplicative si l'augmentation proportionnelle de toutes les dotations initiales yi et de la ligne de pauvreté ne modifie pas sa valeur.

7. Axiome de continuité par rapport au seuil de Pauvreté : Cet axiome est vérifié si une faible variation du seuil de pauvreté ne s'accompagne pas d'un saut dans la mesure de pauvreté.

8. Axiome de décomposabilité : Une mesure de pauvreté P(y,z) est dite décomposable si et seulement si pour toute partition de la distribution y en m classes

m n

(y1,y2,",ym), on a : ( ) ( )

P y z P y z

, ,

i

= ? i

n

i = 1

où ni est l'effectif de la classe i. Pour

les mesures décomposables, la pauvreté peut s'exprimer comme une moyenne pondérée des pauvretés par sous-groupes.

Les indices de la classe FGT utilisés dans le présent document vérifient tous les axiomes ci-dessus énoncés.

Annexe 6 : Structure générale du modèle

dy n = Mcdxn

dy2 = M c 21dx 1 + M c 22dx2 + M c 23dx3

dx1=dx2=0

dx1=dx3=0 dx 3 = dx2=0

M n ( )

= ( ) M p

=

c ik

22 c il

23

dy M dx

2 22 2

= c

dy M dx

2 21 1

= c

dy M dx

2 2 3 3

= c

M= 23

c

( )

m ij

dPá

P á

ji

j

? ?

3

= ? ?

?m dx j

S m ç

á á

i ij i

= 1 2

? ?

y i

dPá

P á

= ?

? S n ç

á á

i ik i

k i = 1 2

?

m

k

dx ?

2 k ?

y i ?

dPá

P á

j i

j

? ?

dx

= ? ?

?m 1 l

S p ç

á á

i il i

= 1 2

? ?

y i

Réduction de la pauvreté suite à un choc Réduction de pauvreté suite à un choc Réduction de pauvreté suite à un choc

exogène sur les secteurs de production exogène sur les institutions exogène sur les facteurs de production

Annexe 7 : Principe comptable de l'équilibre Recettes-Dépenses d'une MCS

Une Matrice de Comptabilité Sociale est fondée sur le principe comptable de l'égalité entre les ressources et les emplois. Cette égalité se vérifie pour chaque compte de la matrice et au niveau global.

Dans tout ce qui suit, un vecteur est une matrice unicolonne.

Désignons par n1 , n2, n3, n4 et n les nombres entiers suivants :

n1 : nombre de facteurs ; n2 : : nombre d'institutions ; n3 : nombre d'activités de production ;

3

n4: nombre de comptes exogènes ; On considère les matrices :

n n

= ? : nombre de comptes endogènes.

i

i=1

· ( )1

E e

n ij

=

1

matrice des comptes endogènes ;

= =

i n

= =

j n

 

· L l = =

n n ij i n

4 ( ) 1 4

=

1 = =

j n

matrice des fuites en provenance des comptes endogènes

 

· X x

nn ij

4 ( )

=

1
1

, matrice de répartition de revenus des comptes endogènes reçus

= =

i n

= =

j n 4

des comptes exogènes

· Tn4 est la matrice des fuites en provenance des comptes exogènes.

La MCS peut être aussi partitionnée sous forme de matrice-blocs.

MCS

? ?

E X

n nn 4

? ?

? ?

L T

n n n

4 4

 

Notons 1á1, le vecteur colonne ayant 1 (á fois) sur toutes ses lignes. > Matrice des dépenses : 1 4 ,1

MCS MCS +

= ×

t

emp n n

> Matrice des recettes : MCS MCS +

ress 1 n n 4 ,1

= ×

L'équilibre Recettes-dépenses se traduit par : MCSemp = MCSress

Agissons sur la partie endogène de la MCS (matrice En) en écrivant que : En = A n × Qn

Qn

? ?

q O

1

? ?

? ?

% .

? ?

? ?

O q n

? × ?

A Q X

n n nn

Ainsi : 4

MCS = .

? ?

??

L T

n n n

4 4

Donc 1 4 ,1

MCS MCS +

= ×

t

emp n n

MCSemp =

? t ( )

A Q L

× + ×

1 1

t

n n n n n n

,1 ,1

? 4 4

t ( ) × + ×

1 1

t

? X T

4

? nn n n n

,1 ,1

4 4

 

MCS MCS +

ress 1 n n 4 ,1

= ×

MCSress =

? × + × ?

( )

A Q X

n n n nn n

4 4

? ( ) ( )

1 1 1 1

,1 ,1 ? × + ×

A Q X

n n n nn n

4 4

,1 ,1

? L T

× + × ?

1 1

4

? n n n n n

,1 ,1

4 4 ?

 

L'équilibre Recettes-dépenses au niveau endogène global se traduit par l'égalité matricielle :

t

( n n ) 1 n ,1 nn 4 1 n 4 ,1

A Q × + X × = ( ) 1 ,1 4 1 4 ,1

A Q × + L ×

t

n n n n n n

Or :


·

Q× = y n 1 n ,1 n

 

· nn41 n 4 ,1 n

X × = x

t

· ( ) 1 ,1 4 1 4 ,1

A Q × + L × = ( ) 1 ,1 4 1 4 ,1

t t t

E × + L × = yn

n n n n n n n n n n n

D'où :

HJJJJJJJJJG HJG

A y + x = y

n . n n n

Re ssources emplois

 

Cette égalité traduit l'équilibre recettes-dépenses.

Annexe 8 : Inversibilité du complément à l'unité d'une matrice de propensions

Soit ( )1

B b = =

= une matrice carrée d'ordre n vérifiant les propriétés suivantes :

ij i n

1 = =

j n

É (b1) 0 = bij = 1 , ? i, j ;

n

É (b2)

0 1

= ? = , ?j (la somme de tous les éléments de chaque colonne est positive

b ij

 

i= 1

et inférieure ou égale à l'unité) ;

· (b3) toutes les colonnes ne sont de somme 1 ;

· (b4) il n'existe pas de colonne identique à celle de la colonne correspondante de la matrice unité.

Etudions la régularité de la matrice (I-B) Norme sur l'ensemble des matrices

Sur l'espace des matrices carrées d'ordre n, on peut définir plusieurs normes. Puisqu'il est question ici d'étudier la régularité de la matrice (I - B), il nous faut une norme ayant la propriété de sous-multiplicativité : c'est-à-dire pour deux matrices carrées P et Q , on a :

P× Q = P. Q .Ceci nous amène à prendre pour norme d'une matrice carrée

? ?

n

P P

= ? ?

max ? ij

j i

? ?

= 1

quelconque P, la norme suivante :

Cette norme est bien sous-multiplicative.

La propriété (b2) des matrices carrées que nous étudions montre que cette norme est mieux adaptée.

É Si B <1alors la matrice (I-B) est inversible ;

· Sinon, les propriétés de la matrice B font que la suite des sommes des éléments d'une colonne donnée j est décroissante et non stationnaire suivant les puissances

B de B .

k

Ainsi, à terme, on peut trouver un nombre entier q > 1 tel que 1

B < ; ce qui assure

q

que (I-B) est une matrice régulière. En effet :

I B I B B B I B

- = + + + ... + -

q 2 1

( )( )

q -

Or 1

B < I - B est inversible

q q

I - B et ( )

I B B B -

+ + + ... + sont inversibles.

2 q 1

- 1

Donc( ) ( ) ( )

- = - + + + ... + et

q 1 2 1 1

- -

I B I B I B B B q -

- -

( ) ( ) ( )

- = - + + + ... +

1 q 1 2 1

I B I B I B B B q -

En somme, toute matrice B possédant les propriétés (b1), (b2), (b3) et (b4) est telle que I-B est inversible.

Application à l'économie

Toute matrice B ayant les propriétés (b1), (b2), (b3) et (b4), est telle que (I-B) est régulière. En particulier, la matrice (I-A) où A est la matrice des propensions moyennes de dépenses ainsi que toutes ses matrices dérivées à savoir les matrice de la forme (I - S) où S est une sous-matrice bloc carrée de A, sont toutes régulières.

TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS ii

DEDICACES iv

REMERCIEMENTS v

SOMMAIRE 1

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES 2

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 3

INTRODUCTION GENERALE 4

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 6

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE 7

Section 1 : Problématique et objectifs de l'étude 7

Section 2 : Revue de littérature 9

Section 3 : Méthodologie de l'étude 12

CHAPITRE II : CONSTRUCTION DU MODELE 14

Section 1 : La notion de Matrice de Comptabilité Sociale 14

Section 2 : Le modèle des multiplicateurs fixes 15

Section 3 : Décomposition des multiplicateurs de prix fixes 20

Section 4 : Analyse de pauvreté à l'aide d'un modèle de multiplicateurs fixes 25

Paragraphe 1 : Les indices de pauvreté utilisés dans l'analyse 25

Paragraphe 2 : Analyse de la pauvreté au niveau des différents groupes de ménages 26

Paragraphe 3 : Agrégation des effets par rapport aux groupes de ménages 27

Paragraphe 4 : Agrégation des effets par rapport aux secteurs de production 29

Paragraphe 5 : Décomposition de multiplicateurs 29

DEUXIEME PARTIE : IMPACT DE LA CROISSANCE SECTORIELLE SUR LA

REDUCTION DE LA PAUVRETE AU BENIN 30

CHAPITRE III : ANALYSE SECTORIELLE ET PAUVRETE AU BENIN 31

Section 1 : Evolution sectorielle de l'économie béninoise 31

Paragraphe 1 : Structure sectorielle du Produit Intérieur Brut 31

Paragraphe 2 : Taux de croissance sectorielle du Produit Intérieur Brut 33

Paragraphe 3 : Contribution sectorielle à la croissance du Production Intérieur Brut 35

Section 2 : La Matrice de Comptabilité Sociale du Bénin 36

Section 3 : Les vecteurs de revenus et de dépenses des ménages 38

Section 4 : Le profil des groupes de ménages 39

Section 5 : Lien entre la croissance sectorielle et la pauvreté 41

CHAPITRE IV : SIMULATIONS A L'AIDE DU MODELE 44

Section 1 : Analyse des différents types d'effets 44

Paragraphe 1 : Analyse des effets d'entraînement 44

Paragraphe 2 : Analyse des effets distributifs 45

Paragraphe 3 : Analyse des effets d'interdépendance 45

Paragraphe 4 : Analyse des effets de réduction de pauvreté 46

Section 2 : Simulation des impacts du MCA sur la pauvreté au Bénin 47

Paragraphe 1 : Présentation du Programme du Bénin pour le MCA 47

Paragraphe 2 : Résultats de simulations des impacts du MCA sur la pauvreté 49

Section 3 : Recommandations de politiques 50

CONCLUSION GENERALE 52

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 54

ANNEXES 57

TABLE DES MATIERES 67






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon