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Le Conflit au Darfour

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par Mawuse Vormawor
Université Mohammed V, Soussi, Rabat - Licence 2008
  

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    INTRODUCTION.

    A l'exception du conflit qu'a connu l'Irlande du Nord et les guerres de Yougoslave, quasiment tous sinon tous les conflits armées qui ont secoué notre planète depuis la fin de la seconde guerre mondiale ont eu pour théâtre l'hémisphère sud. Ces guerres se caractérisent par une originalité due à leur contexte politique et/ou socio-économique. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, on va assister à un pullulement des mouvements de libérations. Les guerres ou conflit armées qui ont jalonné cette époque s'inscrivent ainsi dans le cadre de la décolonisation. L'accolement de l'affaiblissement définitif des puissances classiques et l'émergence de nouvelles puissances à la naissance de l'Organisation des Nations Unies en 1948 va donner à ces guerres une certaine légitimité.

    Également la bataille de Diên Biên Phû a eu un effet psychologique considérable dans le tiers monde dans la mesure où pour la première fois, une puissance coloniale aussi importante que la France a été défaite par un mouvement de libération. La conférence de Bandung1(*) en 1955, la première manifestation politique du Sud face au Nord constitue une prise de conscience et de réveil du « tiers monde ». En, 1957, le premier pays de l'Afrique subsaharien accède a l`indépendance. Il s'agit du Ghana de Kwame Nkrumah. L'importance majeure de cette indépendance réside essentiellement dans le fait que ce pays était dirigé par un personnage qui allait incarner ou jouer un rôle immense dans la prise de conscience des états africain. Fondateur du mouvement de panafricanisme, Nkrumah soutenait avec ardeur cette idéologie politique qui préconise l'indépendance politique et économique du continent Africain ainsi que la réunification de l'ensemble du continent.

    La reconstruction de l'Afrique au lendemain de la colonisation s'est trouvée fortement paralysé par le passé coloniale. Le partage de l'Afrique par les puissances coloniale lors de la conférence de Berlin, tenue de novembre 1884 à février 1885, s'étant fait sans la prise en considération de spécificités ethniques, religieuse et politiques des peuples africaines va déboucher sur l'absence du sentiment national. Ce défaut du sentiment national (qui est né généralement d'un passé commun, de la communauté des langues et de la volonté de vivre ensemble) accoucha une vague de conflits motivés par des antagonismes religieux et ethniques qui ébranle jusqu'à aujourd'hui les pays africains. Autant, la prise du pouvoir par une élite dictatoriale et corrompue après le départ du colonisateur dans la totalité des pays africains ou presque va culbuter ces pays dans des grandes difficultés financières.

    En effet, le pouvoir politique va commencer à être de plus en plus contesté. Les revendications sécessionnistes qui étaient autrefois bénignes vont commencer à s'amplifier. En même temps l'effondrement du mur de Berlin et la chute consécutive du bloc de l'Est va muter considérablement le comportement des pays occidentaux vis-à-vis des dirigeants africains. Les pays occidentaux (qui se targuaient d'être des défenseurs des droits de l'homme et de la démocratie) qui ne demandaient pas de compte à leurs alliés quant à la manière de gérer la politique appellent désormais les pays africains à se démocratiser. Le soutien des Etats-Unis et la Grande Bretagne envers le discours du président français, François Mitterrand à Baule en 1990 est total. François Mitterrand appelle ses homologues africains à accepter le principe de pluralisme politique mais également celui d'une possible alternance. Le principe de la « conditionnalité de l'aide » est mis en avant. L'idée était d'inciter les pays africains à procéder d'urgence à un aggiornamento des structures politiques existants s'ils voulaient bénéficier de l'aide. La question de la démocratie est ainsi posée avec acuité.

    Mais la question qui s'impose est celle de savoir, est-ce que la démocratie est exportable ? Cette question ne cesse par de susciter un clivage doctrinal. Certains parlent de la léthargie du continent africain et de son incapacité à entreprendre des reformes profondes. La spécificité étant parfois désignée comme le frein principal. Mais y a-t-il réellement une singularité africaine, une inaptitude à se démocratiser ? Il convient de signaler toutefois que la démocratie telle qu'elle est préconisée par l'occident aujourd'hui est un état de culture et non de nature. Ceci signifie que « l'on ne nait pas démocrate, on le devient ». En effet la démocratie est en quelque sorte le fruit de l'histoire et de l'évolution politique et culturelle propre au pays du Nord. Aussi, force est de constater que la démocratie et le développement sont en fait deux concepts interdépendants. « Il n'y a pas de démocratie sans développement, mais il n'y a pas non plus de développement sans démocratie » comme disait à juste titre le ministre de la coopération française Pelletier à propos de l'Afrique et de son avenir.

    Les limites de la souveraineté surlignées par le recours récidivant de certains Etats récalcitrants à l'arbitraire même contre leurs propres citoyens, rappellent le besoin de remédier aux déficiences de l'ordre international existant. Les grandes puissances vont en effet bondir sur cette rare occasion pour poser un nouveau principe ; le droit d'ingérence. Sous le prétexte qu'ils ne peuvent pas laisser des régimes politiques agir impunément (Massacre, génocide, etc.) à l'intérieur de leurs frontières au nom de la souveraineté, les puissances occidentales se réservent le droit voire le devoir d'intervenir dans les affaires intérieures des Etats.

    Désormais le souci de réagir contre les atteintes plus ou moins graves portées à l'humanité ne relève plus de la simple utopie. Mais au moment où le couteau ne cesse de remuer dans la plaie irakienne, la question que l'on doit se poser est celle de savoir ce que cache cette vision de « voler au secours de tout peuple opprimé » ? Force est de constater que, chaque fois qu'une puissance intervient dans un Etat au nom de l'humanité, cette intervention est souvent faite pour englober l'Etat concerné dans sa sphère d'influence politique et en définitive pour le dominer.

    Théâtre depuis février 2003 à un conflit sanglant, le Darfour a en l'espace de quelques articles et éditoriaux été transformé en « crise humanitaire complexe » avec l'inflation des chiffres, la mise en spectacle de la misère, etc. Au cours de ce travail, nous nous cantonnerons à l'analyse juridique du conflit actuel au Darfour. A vrai dire, la limitation de notre étude dans le cadre du Darfour n'est pas un choix neutre. Il s'agit d'un conflit fortement médiatisée en raison notamment des intérêts économico-politiques en jeu et dont les risques de dérapage du rôle confié à la communauté internationale chapeauté par l'Union Africain et les Nations Unies sont très élevés. Un tel « potentiel » n'aurait pas pu nous laisser indifférent, d'où l'intérêt de notre sujet. En effet le phénomène étudié et l'espace géographique constitue déjà en eux-mêmes des éléments dignes d'intérêt.

    Un conflit peut être définir « comme étant le heurt entre des volontés en action, la durée et la violence de la confrontation dépendant en grande partie de l'incompatibilité des intérêts en cause ou des dynamiques de puissance. »

    Le Darfour (ÏÇÑ æÑ, Dâr Fûr en arabe signifiant « terre des Four » ou « Fòòra » en fûr) est une région montagneuse de l'ouest du Soudan2(*) aux confins méridionaux du Sahara oriental. Située à proximité de la frontière avec le Tchad, le Darfour est formé de plateaux d'une altitude moyenne de 700 m, dominés par des sommets volcaniques dont le plus élevé est le djebel Marra. Le nord est couvert d'un désert de sable, alors que le sud est couvert d'une savane. Les principales localités de la région sont Al Fachir et Genaïna. Administrativement, le Darfour se compose de plusieurs provinces : Ouest Darfour (capitale Al-Genaïna), Nord Darfour (capitale Al Fachir) et Sud Darfour (capitale Nyala) Le Darfour couvre une surface d'environ 510 000 km2. Il s'agit d'une région dont les ressources naturelles ont été mises à rude concurrence depuis des siècles par les ethnies nomades et pasteurs vivant dans la région. Cette convoitise de ressources limitées dans la région donne lieu le plus souvent à des conflits interethniques violents et désastreux.

      Lorsque le conflit au Darfour surgit dans l'actualité, l'attention de la société internationale était tournée vers les négociations de paix qui devait mettre fin au conflit interminable opposant le SPLA de John Garang, un mouvement rebelle du Sud au gouvernement central soudanais. Certains groupes armés lancèrent alors une rébellion au Darfour pour figurer eux-aussi à la table des négociations. Les américains et la communauté internationale, soutenant le processus de paix, ont jugé que les rebelles du Sud, alliés traditionnellement aux opposants du Darfour, accèderaient au gouvernement à Khartoum et stopperaient la guerre. Malheureusement, ce présupposé ne leur donna pas raison. Les négociations durèrent jusqu'en janvier 2005. Le gouvernement de Khartoum comprit que la communauté internationale ne ferait rien. Il commença ainsi l'offensive désastreuse que l'on connaît aujourd'hui. Le gouvernement soudanais a en effet tenté de faire croire à un dérapage bénin d'escarmouches tribales, menées par des cavaliers armés de lances, et se querellant pour de « rituelles histoires de puits et de pâturages. »

    La réaction de la communauté internationale a ainsi été tardive. Il a fallu attendre jusqu'au août, 2004, soit dix-neuf mois après le début du conflit, pour qu'une force de maintien de la paix soient déployée sur le terrain. Cette force qui ne comptait que 7000 milles soldats pour une région aussi que la France va voir, face à la montée de l'insécurité, sa mission évoluer vers la protection des civils sans en avoir ni les moyens ni le mandat. Mal, équipés, mal préparés et financés avec réticence par les Occidentaux, les forces de l'Union Africaine (AMIS) n'ont jamais été à l'hauteur de cette mission impossible.

    Il convient de noter que la mise en place d'un système efficace de protection des victimes et des médiateurs est une condition préalable à la conduite de tout processus de paix au Darfour. Toutefois, force est de constater que, quatorze après le génocide rwandais, la communauté internationale n'a fait quasiment pas de progrès dans son approche de la gestion et de la résolution des crises. En juillet, 2004, le congrès américain vote à l'unanimité une résolution pour qualifier de « génocide » le conflit au Darfour. Mais il faudrait préciser les conséquences légales et politiques du terme. En vertu de la Charte de l'ONU, seule Conseil de Sécurité dispose de la capacité d'appréciation d'un conflit puisque c'est lui le conseil qui occupe un rôle capital dans le maintien de la paix et le recours à la force armée. Or, les ambiguïtés de l'ONU, dont l'intervention humanitaire s'est rapidement avérée un piège, ont considérablement dégradé son image. Même si aujourd'hui la division du monde en deux ne paralyse plus l'action du conseil de sécurité, elle continue d'être suspendue à la volonté politique des Etas détenteurs «  du droit de veto. »

    D'ores et déjà, on peut dire qu'il est encore prématuré de prétendre apporter des réponses arrêtées sur une question aussi sensible que complexe. Mais il est loisible de se poser les questions qui peuvent constituer autant de pistes d'investigation sur un thématique qui appelle à être défriché. Face à une situation terrible dont les racines historico-politiques sont complexes et les enjeux économico-politiques sont lourds, comment les Etats vont ils assurer leur responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité ?, Quels sont les enjeux de la qualification sémantique du conflit ?, L'intervention militaire au Darfour sans l'approbation du gouvernement soudanais est-elle envisageable à l'heure actuelle ?, La volonté politique est-elle suffisante pour mobiliser une force internationale ?, Que peut la justice internationale face à la violation massive des droits de l'homme ? A l'image de l'intervention américaine en Irak, comment protéger le régime politique soudanais face aux caprices des grandes puissances.

    Toutes ces nombreuses et lancinantes questions qui n'ont jamais cessé de tarauder les esprits alimenteront le débat abordé dans le cadre de notre travail. Dans la première partie du travail, l'auteur estimant à juste titre qu'aucune esquisse de paix ne peut se mener à bien sans pourtant chercher à comprendre le berceau du drame, va tenter d'illuminer les racines historico-politiques du conflit sanglante qui a lieu actuellement au Darfour bien que celles-ci apparaissent à premier vue opaque et fortement complexe. Dans la deuxième partie de son travail, l'auteur se livre à une analyse juridique du fragile itinéraire de paix. Seront également débattu au cours de cette partie, les difficultés juridiques liées au processus de résolution pacifique du conflit. Enfin, tout en précisant qu'explication ne signifie nullement justification on tentera d'apporter un certain éclairage sur la position des dirigeants soudanais.

    Le choix d'un plan à deux parties permet de répondre à un souci d'harmonisation des idées et surtout de cohérence des analyses. Il parait ainsi logique dans le cadre de ce travail d'envisager d'abord les origines et les implications humanitaire du conflit, avant d'apprécier le rôle que peut jouer la communauté internationale, la pertinence de ses interventions, ou encore d'appesantir sur les implications qui en découlent sur le droit des gens. La première partie est essentiellement synthétique, elle procède selon une relecture des nombreux conflits ayant jalonné l'histoire du Darfour et ce de façon cohérent pour offrir une vision globale du cadre abritant les atrocités. Par contre, la deuxième partie est à la fois plus critique et plus analytique. Elle est basée sur l'effectivité du mécanisme international de gestion et de résolution des conflits. Elle traite également, les collisions juridiques qui découlent de la mise en place d'un processus effectif de paix. D'où :

    PREMIERE PARTIE : LES RACINES HISTORIQUES ET LES ENJEUX HUMANITAIRES DU CONFLIT

    DEUXIEME PARTIE : VERS UNE RESOLUTION PACIFIQUE DU CONFLIT

    Première Partie: LES RACINES HISTORIQUES ET LES ENJEUX HUMANITAIRES DU CONFLIT

    La guerre civile que connait actuellement le Darfour est le fruit de la complexité culturelle, religieuse, ethnique, politique qui caractérise le pays. Certains osent même l'assimiler à une mauvaise gestion voire une faillite de l'Etat post colonial Soudanais3(*). Le Soudan depuis son indépendance, a toujours été en guerre4(*), exception faite de la période allant de 1972 à 1983, suite aux accords fragiles d'Addis-Abeba consacrant l'autonomie du Sud-Soudan5(*). Aujourd'hui plusieurs raisons sont avancées pour comprendre le drame du conflit actuel au Darfour. Elles en sont nombreuses ; certains sont d'ordre historique, économique et conjoncturel.

    C'est d'ailleurs dans cet ordre d'idée que nous allons au cours de ce chapitre aborder en deux parties les raisons qui expliquent la redondance des conflits dans la région du Darfour. Dans le premier chapitre nous allons parler des guerres civiles successives qu'ont marquées l'histoire du Soudan et leurs effets sur l'actuel conflit ainsi que les causes du conflit actuel et dans le deuxième chapitre, nous allons voir les protagonistes du conflit à savoir les milices Janjaweeds et les mouvements rebelles et la complicité du gouvernement soudanais dans le conflit au Darfour.

    CHAPITRE I : LES ORIGINES ET LES ACTEURS DU CONFLIT AU DARFOUR

    L'Etat postcolonial soudanais a pour longtemps été marqué par des affrontements violents. La fragilité du nouvel Etat et son incapacité à imposer son autorité sur l'ensemble du territoire explique en grande partie la récurrence de ces conflits. Les affrontements ont souvent eu lieu en raison des tensions ethnique et parfois politique. Mais doit-on se restreindre à une explication basée seulement sur les rivalités tribales et différences ethnico-religieux?

    L'objet donc de ce chapitre est dès lors d'illustrer dans la partie A du travail, la fragilité du système politique mise en place par le pays au lendemain de son accession à l'indépendance à travers une lecture analytique des nombreux conflits qu'a connus le soudan et en particulier les régions du Darfour en estimant que le défaut du légitimité et la faillite du pouvoir central ont largement contribué à l'éclatement du conflit actuel au Darfour. La partie B de sa part se souciera de déterminer les facteurs dits « déclencheurs » du conflit actuel et aussi de présenter d'une manière aussi succincte que possible les protagonistes du conflit actuel.

    A : LES GUERRES CIVILES SUCCESSIVES AU SOUDAN ET LEURS RETOMBEES SUR LE CONFLIT ACTUEL ET LES CAUSES DU CONFLIT ACTUEL

    Même si l'argument doit être utilisé avec prudence, il faut souligner ici que le conflit qui se déploie au Darfour au début des années 2000 est l'héritier des événements tragiques des années 1980. Comme disait Michelet6(*) « celui qui voudra s'en tenir au présent, à l'actuel, ne comprendra pas l'actuel. » L'on ne peut donc essayer d'expliquer ou de comprendre les causes de ce conflit sans pour autant chercher à comprendre les raisons qui ont été à l'origine de nombreux conflits qu'a connus la région. Cette partie s'efforcera ainsi de rappeler le contexte historique du conflit actuel au Darfour.

    1. LES GUERRES CIVILES SUCCESSIVES AU SOUDAN ET LEURS RETOMBEES SUR LE CONFLIT ACTUEL

    Les raisons principales qui ont été les plus souvent à l'origine des nombreux conflits qui ont au fil des années jalonné l'histoire du soudan peuvent être regroupées autours de deux axes principaux. Il s'agit d'une part des facteurs naturels liés à des raisons environnementales et écologiques et d'autre part des facteurs artificiels à savoir la prolifération des armes légères, les guerres d'indépendance (ou de sécession) et l'instabilité politique général du pays.

    Rattaché au Soudan en 1916 après une relative autonomie à l'ère colonial, le Darfour a tout au long de son histoire connu des nombreux conflits pour des raisons qui sont majoritairement liés à la concurrence sur les ressources naturels de la région. La compétition croissante pour la terre et l'eau, dans une région touchée depuis les années soixante-dix par des sécheresses récurrentes, est une des sources de la crise du Darfour. Cette concurrence féroce a mis à mal le fragile équilibre entre les groupes, entraînant la multiplication des conflits entre les communautés d'agriculteurs noirs (ethnies Fur, Massalit et Zaghawa) et les groupes de pasteurs nomades, majoritairement arabes. Comme dans toute la bande sahélienne, la cohabitation entre nomades et sédentaires au Darfour a été mise à mal depuis le milieu des années soixante-dix par la dégradation de l'environnement. Autrefois, la terre appartenait aux sédentaires, essentiellement Four et Massalit, mais les nomades y disposaient d'un droit de passage pour leurs troupeaux. La sécheresse, l'avancée du désert couplé avec l'accroissement des populations ont rendu bien plus difficile l'application des anciennes règles de partage des terres. Les nomades ont dû descendre leurs troupeaux de plus en plus bas et de plus en plus tôt, les routes de transhumance ont été de plus en plus rendues impraticables par l'extension des cultures, générant ces tensions croissantes intercommunautaire.

    Des confrontations ont souvent surgis entre les pasteurs, soucieux de sauver leur bétail et les sédentaires pour protéger leurs cultures lors de la migration saisonnière entre le Nord et le Sud. Mais, il convient de signaler qu'il autrefois existait un mécanisme traditionnel séculaire entre tribus permettant de contenir les conflits et maintenir la cohésion ethnique de la région. Les chefs de tribus et de communautés jouaient un rôle de premier plan en ce qui concerne la résolution de ces conflits. Force est de constater cependant que, si ces mécanismes traditionnels encouragés par les forces coloniales anglo-égyptiens7(*)ont souvent porté des fruits symboliques dans la résolution pacifique de nombreux conflits, il n'en demeure pas moins vrai qu'un nombre important de ces tentatives ont souvent dégénérés en des calamités désastreuses.

    L'histoire du Darfour à partir des années 50, a été jalonnée par ces conflits armés intertribaux entre les communautés pasteurs et sédentaires. Nous pouvons citer à ce titre un certain nombre de ces conflits qui ont ravagé le Darfour à savoir « le conflit entre les Meidobs et Kababish en 1957 déclenché par le vol mutuel des chameaux et des disputes sur le droit de passage pour leurs troupeaux, le conflit entre les Rezeigats et les Ma'aliyah, aussi causé par le vol des bétails et les disputes sur l'accès aux zones de pâturage en 1968, les Zaghawa contre les Rezeigats du Nord en 1969 pour le vol des bétails et les disputes sur l'accès à l'eau, les Zaghawas contre les Birgid en 1974, les Beni Helba contre les Rezeigats du Nord en 1976 déclenché par pour le vol des bétails et les disputes sur l'accès à l'eau, les Taisha contre les Salamats déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l'accès à l'eau en 1980, les Kababish et les Khawabeer contre les Meidobs, les Berti contre les Zeiyadiva déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l'accès à l'eau et le droit de passage pour leurs troupeaux en 1980, les Missairiya contre les Rezeigats déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l'accès à l'eau et le droit de passage pour leurs troupeaux en 1982, les Gimirs et les Mararit contre les Fellata déclenché par le vol des bétails et les disputes sur l'accès à l'eau et le droit de passage pour leurs troupeaux en 1987, les Fours de Kabkabiya contre les Zaghawas déclenché par le vol des bétails et les disputes le droit de passage pour leurs troupeaux en 1989, Les Fours contre des tribus arabes causé par des disputes sur le droit de passage pour leurs troupeaux et par des raisons politiques en 1989 »8(*). La plupart de ces conflits armés ont non seulement entrainé la mort des milliers d'hommes et la destruction des maisons et propriétés mais aussi ils ont eu des implications transfrontalières importantes sur les pays voisins en particulier le Tchad.

    Les tensions que connaît la région du Darfour vont à partir de la grande famine de 1984-1985 dégénérer de plus en plus affrontements armés, notamment en 1987 et 19899(*). La ligne de fracture n'est pas entre Arabes et Noirs, mais entre nomades et sédentaires, opposant des groupes comme les Zaghawa et les Four, se trouvant aujourd'hui dans le même camp.

    Un autre facteur important qui a impulsé les conflits peut aussi s'expliquer par l'introduction progressive des armes légères dans les communautés pastorales et sédentaires. Si par le passé, les armes présentes dans ces régions n'étaient que des épées, des machettes et des flèches, le nombre de ces armes légères au Darfour était estimé à 50000 en Janvier 198810(*) soit une arme par chaque seize homme. Tar Usman11(*) estime que la prolifération des armes légères va prendre de l'ampleur durant les années 86 et 89 sous le gouvernement de Sadiq Al Mahdi qui avait commencé à armer des milices muraheleen dans les régions de Darfour et Kordofan. Un article disponible sur le site web de l'Amnesty International12(*) se force d'identifier les différents types d'armes et les transferts d'armement vers le Soudan. Selon cette article, « les gouvernements ont sciemment ou à leur insu permis la livraison vers le Soudan d'armes et de matériels militaires connexes »

    Aujourd'hui certains jugent quasiment impossible de désarmer les protagonistes du conflit. Le 27 aout 2007 le représentant spécial des Nations unies au Darfour, Jan Pronk a vu entasser devant lui des armes par les Janjaweeds à El Geneina mais toutefois certains membres de groupes sédentaires aussi bien que nomades ont fait remarquer que la plupart des Janjaweeds possédaient non pas un mais six ou sept fusils et que le fait d'en avoir perdu un ne changerait rien.

    Le danger que représente la présence de ces armes a déjà commencé à se faire ressentir. La désertification accéléré par les problèmes de sécheresse ont augmenté ou du moins maintenir la pression sur les sources d'eau, les conflits sur les puits et les zones de pâturage qui étaient autrefois réglé par des épées vont devenir insoluble dans une ère inondée des armes légères. Il n'est donc pas étonnant de voir des diplomates onusiens qualifier le conflit actuel au Darfour comme étant la plus importante crise humanitaire.

    Le drame humanitaire que connaît la région de Darfour actuellement peut aussi avoir comme racines les nombreux coups d'état et guerres civiles qui ont été les traites de l'état post coloniale soudanais. La première guerre civile qu'a connue le soudan était en juillet 1955, soit six mois avant son accession à l'indépendance. Les raisons en sont multiples; le sud-soudan qui avait plus d'un quart de la population du pays ne peut élire que 13 députés sur 95 pour l'assemblée législative de 1948. Aussi le sud ne fut véritablement pas associé à la préparation de l'indépendance du 1er Janvier 1956.

    Administrés au départ comme des régions différentes, le Sud et le Nord vont être fusionnés en une seule région administrative par l'empire Britannique qui occupait à l'époque le Soudan. Après l'accord de février 1953 entre Le Royaume-Unis et l'Egypte reconnaissant l'indépendance au Soudan, les tensions internes entre le Sud animiste et chrétien (qui craignait une domination politique des nordistes) et le Nord majoritairement musulmans qui se considérait de culture arabe vont commencer à s'aggraver.

    Dès juillet 1956, une mutinerie menée dans le Sud marqua le début d'une guérilla qui durera 17ans. Les groupes insurgeant composé des mutinés et des étudiants a su évoluer au fil de ces années pour devenir une véritable armée de sécession appelée Anyanya ou Anyanya 1. De 1956 à 1969 les dictatures militaires et régimes parlementaires se succèdent mais aucun d'eux ne sut ni arrêter la guerre du Sud, ni assurer son développement. Après le putsch du 25 Mai 1969, un groupe d'officiers avec à sa tête le colonel Djarfar al-Nimeiry parvient au pouvoir avec l'aide des communistes13(*).

    En 1971, un ancien lieutenant Joseph Lagu arrive à unifier toutes les bandes guérilla sous son Southern Sudan Liberation Movement (SSLM). Ceci fut la première fois dans l'histoire de la guerre que le mouvement séparatiste se dota d'une structure unifiée dans sa quête pour obtenir une sécession ou la formation d'un Etat indépendant Sud-soudanais. C'était aussi la première organisation qui pouvait prétendre parler ou négocier au nom de tous le Sud-soudan. En 1972 l'accord d'Addis-Abeba signé entre le gouvernement de Nimeiry et le SSLM qui prévoyait

    «  - l'autonomie régionale du Sud ;

    - un développement ;

    - une représentation équitable au gouvernement central ;

    - une constitution et un droit laïques pour le pays14(*) » signala la fin de la guerre civile.

    Malheureusement onze ans après la signature de cet accord, Nimeiry réélu pour un troisième mandat en I982 le cassa et tente d'islamiser le pays. Le sud où l'investissement affluent depuis le cessez feu de 1972 va être divisé en trois. Les Sudistes se rebellent de nouveau, refusant ce découpage géographique et l'entrée en vigueur de la charia. L'armé populaire de libération du Soudan dirigé par le colonel John Garang rassemble désormais les sudistes. Ce mouvement se revendiquait non-arabe et chrétien mais surtout, contre l'instauration de la sharia. L'armé populaire de libération avait pour but avoué l'établissement d'un Soudan démocratique.

    En avril 1985, le colonel Nimeiry fut renversé lors d'un soulèvement populaire dirigé par le General Al-Dahad qui restaura un gouvernement civil mené par le premier ministre Sadeq El-MAHDI. En 1989 Le général El-Béchir arrive au pouvoir grâce à un énième coup d'Etat et il va mettre en place un régime totalitaire avec des services de sécurité qui enlèvent, torturent voire tuent tout opposant supposé dans tout le pays. La guerre au Sud-Soudan va alors finalement se poursuivre 16 années supplémentaires, 16 années marquées par de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

    La guerre continue pendant treize années de pourparlers de paix ; en 1992/1993 les pourparlers de paix reprennent avec les négociations d'Addis-Abeba I et Addis-Abeba II qui échouent. A l'initiative de l'Érythrée, de l'Éthiopie, du Kenya et de l'Ouganda, regroupés au sein de l'IGAD (Intergovernmental Authority for Development), des négociations de paix reprennent entre le gouvernement de Khartoum et les ALPS. Le 20 Mai, une « Déclaration de principes » de l'IGAD, considère que la solution du problème soudanais réside dans « l'unité du pays dans la démocratie et la laïcité de l'Etat ».15(*)

    Les accords de Machakos16(*) signé en 2002 et l'accord de paix signé à Nairobi Le 9 janvier 2005, mettent fin à vingt et un ans de guerre civile et trois millions de morts, entre John Garang (SPLM) et le vice-président du gouvernement soudanais, Ali Osmane Taha. Cet accord prévoit notamment la création d'un poste pour les anciens rebelles,  « le poste de vice-président », afin que le Sud Soudan soit lui aussi représenté dans un gouvernement d'Union nationale. Il prévoit aussi un régime d'autonomie pour le Sud Soudan de six années, période à l'issue de laquelle un référendum d'autodétermination sera organisé.

    Bien que ces accords aient joué un rôle très important dans la résolution pacifique de la guerre civile qui a ravagé l'ensemble du pays pendant environ deux décennies, ne peut-on pas remettre en cause l'influence éventuelle que peut avoir ces accords sur une région aussi fragile qu'on vient de démontrer ? Nous pouvons ainsi avancé que les accords de Machakos et de Nairobi sont quelque part les principales raisons de la crise au Darfour et des prochaines à venir dans la mesure où c'était un accord entre 2 parties uniquement, le SPLA (qui ne représente pas tout le Sud) et le gouvernement (qui ne représente que le Nord arabo-musulman). Ils se sont mis plus ou moins d'accord sur la cohabitation entre un système laïc au Sud et islamique au Nord. Mais ces accords ont exclus tous les autres parties du Soudan. De plus, seuls ceux qui prennent les armes se sont vus ouvrir les négociations. Ceci pourrait constituer un précédent pour les autres mouvements.

    2. LES CAUSES DU CONFLIT ACTUEL

    Le conflit au Darfour surgit dans l'actualité alors que prenait fin la longue guerre qui opposait depuis 1982, la rébellion sudiste du Sudan People's Liberation Army/Movement (SPLA/M) de John Garang et le pouvoir central de Khartoum, dirigé depuis 1989 par Omar El-Béchir.

    Selon Jean Nanga 17(*) « Une fois de plus, pour les médias dominants, il s'agit d'une guerre ethnique : d'un côté, les Zaghawa et les Massalit, organisés au sein de la Sudan Liberation Army (SLA), appuyés par le Justice and Equality Movement (JEM), de l'autre les miliciens Janjawid, soutenus par l'armée gouvernementale. Une aubaine pour la presse à sensation, car le conflit opposerait des Noirs dans le rôle de victimes et des Arabes, donc de musulmans, dans celui de bourreaux » Dans le même ordre d'idée, Marc Lavergne18(*) un spécialiste du Soudan au Centre National de la Recherche Scientifique(France), considère que le conflit ne serait pas racial mais que le problème majeur de ce pays vient de gouvernements médiocres qui se sont succédé depuis l'indépendance. « Ceux-là même qui ont ignoré les provinces périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd'hui des miliciens à des fins économiques» observe -t-il.

    Si la guerre entre le gouvernement et le SPLA était assimilé à une guerre entre le Nord arabo-musulmans et le sud chrétien et animiste, la guerre sanglante aux racines complexes qui a lieu au Darfour est d'une autre nature en raison de la multiplicité des protagonistes et d'autre part parce que la population est aussi bien arabe musulman et noire. Le conflit au Darfour est une crise aux causes et origines opaques, une tentative d'éclairage repose donc sur plusieurs facteurs qui s'imbriquent les unes les autres. Certes le conflit actuel au Darfour met en jeu des éléments se rattachant à des identités ethniques et raciales mais ceux-ci ne sont-ils que des facteurs aggravants et non déclencheurs? Nous allons donc dans cette sous section essayer d'aborder les causes considérés directes ou déclencheurs du drame actuel.

    Depuis le mois de février 2003, une guerre civile ravage la province occidentale du Soudan, le Darfour, l'une de causes avancées par les forces rebelles est la question du sous-développement de la région. Le sous développement de cette province délaissé par les gouvernements successifs depuis l'indépendance provoque colère et frustration de la population civile créant des nombreuses rancoeurs. Du fait que ces gouvernements n'ont jamais cherché à développer le Darfour, à y créer des emplois ou y construire des routes, ils se sont ainsi aliéné une population qui n'était pas contre eux à l'origine. Au début des années 1990, les Darfouriens ne s'étaient que quelques-uns à s'engager dans la contestation du pouvoir central de Khartoum. Il s'ait essentiellement des étudiants du Darfour qui, en vivant à Khartoum, se rendent compte de la marginalisation de leur région.

    En Mai 2000, dans les banlieues du Khartoum un ouvrage mystérieux fait du bruit, il s'agit du fameux « livre noir ». Malgré que sa diffusion soit interdite19(*) par le pouvoir central, l'abandon de ses copies devant plusieurs mosquées assure cela. L'auteur ou les auteurs20(*) recense/recensent les différents aspects de la présence de Darfouriens21(*) dans l'appareil d'État et entend ainsi démontrer la marginalité de cette région et la domination de Nordistes dans l'appareil étatique.

    La marginalisation de la région du Darfour n'est pas seulement d'ordre socio-économique mais existe aussi (comme le démontre les tableaux ci-dessous) au niveau des représentations politique. Nous tentons de démontrer à travers les tableaux ci-dessous comment le défaut d'une représentation équitable des régions au niveau de l'attribution des postes ministériels est directement responsable pour la marginalisation des régions périphériques du Khartoum ; une marginalisation qui est aujourd'hui dénoncer comme l'un de facteur déclencheur du conflit au Darfour. Pour le besoin de ces tableaux, nous avons regroupés en cinq régions les états fédérés soudanais à savoir ;

    · La Région Orientale : l'état du Gadharif, l'état du Kasala et l'état de la Mer Rouge.

    · La Région du Nord : l'état du Fleuve Nile et l'état du Nord

    · La Région Centrale : l'état du Gezira, l'état du Sinnar, l'état du Blue Nile, l'état du White Nile et l'état du Khartoum

    · La Région du Sud : l'état du Bahr Alghazal, l'état de l'Upper Nile et l'état Equatorial etc.

    · La Région Occidentale : l'état Darfour et l'état Kordofan

    Le tableau A ci-dessous démontre la représentation des régions dans les différents gouvernements qui se sont succédé de 1954 au 1964. Le Soudan est de l'année 1954 jusqu'à l'année 1957 gouverné par le Parti démocratique unioniste et le parti Oumma qui remportent la majorité des sièges législatives avec à leur tête le Sheikh Alazhari. Les élections législatives de 1958 donnent la majorité au parti Oumma, toutefois le gouvernement formé par Khaleel est renversé après une révolte de l'armé. Le Général Ibrahim Abboud dirige les affaires du pays de 1958 au 1964, date à laquelle il démissionne de son poste.

    A. Tableau de la répartition régionale des postes ministériels de 1954 à 1964

    Postes Ministériels 1954 - 1964.Région Nombre Overall %1 La région Orientale 1 1.4%2 La région du Nord 58 79%3 La région Centrale 2 2.8%4 La région du Sud 12 16%5 La région occidentale 0 0%

     
     
     
     
     
     
     
     

    Source ; The black book disponible sur < http://www.sudanjem.com/>

    B Tableau de la répartition régionale des postes ministériels de 1964 à 1969

    Postes Ministériels 1964 - 1969

    Région Nombre %

    1 La région Orientale 2 2.05%

    2 La région du Nord 55 67.9%

    3 La région Centrale 5 6.2%

    4 La région du Sud 14 17.3%

    5 La région Occidentale 5 6.2%

    Source ; The black book disponible sur < http://www.sudanjem.com/>

    C  Tableau de la répartition régionale des postes ministériels entre 1969 et 1985

    Postes Ministériels 1969-1985

    Région Nombre %

    1 La région Orientale 4 3.5%

    2 La région du Nord 79 68.7%

    3 La région Centrale 19 16.5%

    4 La région du Sud 9 7.8 %

    5 La région Occidentale 4 3.5%

    Source ; The black book disponible sur < http://www.sudanjem.com/>

    Le gouvernement du maréchal Nimeiry arrivé au pouvoir en 1969 a été caractérisé par des instabilités internes fréquentes qui déboucheront sur des fréquents remaniements de son cabinet accumulant un total de 115 ministres. Le tableau C ci-dessus démontre la représentation des cinq régions dans son cabinet. Parmi les 115 ministres qui ont servis dans son gouvernement, seuls 31.3% d'entre eux ne provient pas de la région du Nord.

    E. La Population soudanaise en 1986

    Région Population %1 La région Oriental 2,212,779 11.8%2 La région du Nord 1,016,406 5.4%3 La région Centrale 4,958,038 26.5%4 La région du Sud 4, 407,450 23.7%5 La région Occidentale 6, 072,872 32.6%Total18, 667,545 100%

     
     
     
     
     
     
     
     

    Source ; The black book, disponible sur < http://www.sudanjem.com/>

    F. . La Population soudanaise en 1993

    Région Population %1 La région Oriental 3,051,958 12.2%2 La région du Nord 1,291,620 5.3%3 La région Centrale 8,829,367 35.4%4 La région du Sud 2, 845,480 11.4%5 La région Occidentale 7, 912,285 31,7%Total 24, 940,703 100%

     
     
     
     
     
     
     
     

    Source ; The black book, disponible sur < http://www.sudanjem.com/>

    Nous pouvons constater à travers l'étude les tableaux A, B, C, D l'hégémonie de la région du Nord dans la représentation ministériels du pays. Ce qui est encore plus perturbant est le fait que selon les tableaux E et F les nordistes que constituent que 6% de la population du soudan. La majorité de la population vont donc pour longtemps être soumis aux caprices de la minorité nordiste.

    La marginalisation de la région du Soudan est certes l'une des causes déclencheuses du conflit actuel au Darfour, mais ne voyons-nous pas un effort d'instrumentalisation de cette question de marginalisation par ces mouvements rebelles pour avancer leurs ambitions politiques et mercantiles ? S'il s'avère aujourd'hui évident que le Darfour soit sous-développé, cette situation ne serait pas du tout différente de celle de toutes les autres parties du pays à l'exception de la région du Nord. Dans son article intitulé Darfur in perspective, David reprend les propos de Ghazi Suleiman22(*) un activiste humanitaire soudanais, qui estime que le conflit au Darfour n'aurait rien avoir avec la marginalisation ou encore la répartition inéquitable des richesses mais que ce conflit n'est que le fruit d'une lutte entre le « Sudanese Islamic movement », le « Popular Congress Party » (l'opposition) d'une part, qui cherche à s'accaparer le pouvoir et d'autre part le parti en pouvoir le « National Congress » soucieux de se maintenir au pouvoir.

    Hoile évalue dans son ouvrage que le gouvernement de Béchir serait le seul à vraiment s'intéresser à la question du sous-développement dans la région depuis l'accession du pays à l'indépendance. Il appuie cet argument sur certaines données chiffrées à la base desquelles nous avons construit le tableau ci-dessous ;

    Tableau démontrant quelques initiatives de développement entrepris par le gouvernement de Béchir dans la région du Darfour depuis 1989.

    AVANT 1989 EN 2003

    Les Structures

    Nombre

     

    Les Structures

    Nombre

    Les Ecoles Primaires

    241

     

    Les Ecoles Primaires

    786

    Les Lycées

    16

     

    Les Lycées

    250

    Les Universités

    0

     

    Les Universités

    3

    Les Hôpitaux

    3

     

    Les Hôpitaux

    23

    Les centres de santé

    20

     

    Les centres de santé

    44

    Les Aéroports

    0

     

    Les Aéroports

    3

    Les Aérodromes

    0

     

    Les Aérodromes

    3

    Si les rebelles avaient avancé en 2003 que le conflit sanglant au Darfour n'était qu'un corollaire logique de la politique de marginalisation menés par Khartoum depuis l'indépendance du pays, les attaques fréquentes que ces groupes rebelles ont menés sur des nombreux sites des projets de développement, des hôpitaux, des écoles etc. nous conduisent aujourd'hui à remettre en cause cette argument.

    Si le drame actuel au Darfour ne peut se résumer à un conflit opposant les noirs dans le rôle des victimes et des arabes dans celui des « bourreaux » elle ne peut non plus être résumé à la marginalisation de la région du Darfour. Selon une étude publiée tout récemment par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement(UNEP)23(*) le conflit au Darfour pourrait avoir pour cause directe la crise environnementale que traverse pendant deux décennies la région du Darfour ainsi que toutes les autres régions du pays.

    Ce rapport lie le conflit du Darfour à la crise environnementale que la sécheresse a provoqué dans la région. La dégradation de l'environnement, dans un contexte de grande précarité de ressources, et d'absence de politiques de développement agricole, conduit aujourd'hui dans la bande sahélienne à des conflits pour l'usage et l'appropriation du sol de plus en plus meurtriers et insolubles. Comme l'ensemble du Sahel, le Darfour est victime d'une situation de déséquilibre entre la population et les ressources ; la surexploitation des sols cultivables et le surpâturage dans une zone semi-aride comme le Sahel est l'une des causes majeures de la désertification, aussi la pression de la nécessité, les pratiques culturales se font de plus en plus au détriment de la qualité des sols.Il est ainsi évident que pour pouvoir trouver une solution durable aux conflits et édifier la paix au Soudan, l'investissement dans la gestion et la régénération des ressources naturelles demeure indispensable.

    C'est d'ailleurs dans cet ordre d'idée que Achim Steiner, Secrétaire-général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement, observe que «  Il est néanmoins clair que la manière dont l'environnement sera réhabilité et géré au Soudan aura une très forte incidence sur cet avenir et sera déterminante en ce qui concerne le maintien de la paix. La tragédie du Soudan n'est pas seulement la tragédie d'un pays d'Afrique, c'est une fenêtre sur le reste du monde qui met en évidence la manière dont des problèmes tels l'épuisement incontrôlé des ressources naturelles, comme les sols et les forêts, conjugués à des impacts comme les changements climatiques, peuvent déstabiliser les communautés, voire même des nations entières ».24(*)

    Liés à cette question de désertification est aussi le problème de l'explosion démographique que connait la région du Darfour. La population du Darfour est passée de 300 milles en 1900 à 3millions en 198625(*). Aujourd'hui la population du Darfour s'élève à environ 7,9 millions d'habitants. Lavergne dans un article26(*) observe que « Du fait de la croissance démographique des dernières décennies, le sol est désormais cultivé année après année sans périodes de repos. La jachère n'est respectée qu'en année de sécheresse, lorsque les pluies ne sont pas suffisantes pour permettre une récolte, ce qui n'assure pas une véritable régénération du sol ». La terre n'arrive plus à supporter la population civile, et si ce problème n'est pas remédier le plus tôt possible, nous risquons de revoir des grandes famines comme a été le cas en 1985.

    B : LES PROTAGONISTES DU CONFLIT AU DARFOUR

    Lorsque la guerre a commencé en février 2003, des négociations de paix avaient déjà débuté en juillet 2002 au Kenya entre d'une part le gouvernement central soudanais représenté par le vice président Ali Osman Taha et d'autre part les rebelles du Sud Soudan, la SPLA (Sudan People's Liberation Army) représenté par John Garang. Pour figurer eux-aussi à la table des négociations certains groupes armés lancèrent alors une rébellion. Cette section s'efforcera ainsi de non seulement recenser les forces en présence au Darfour mais aussi de donner un bref aperçu de l'organisation et objectifs de ces mouvements.

    1. LES JANJAWIDS ET LES MOUVEMENTS REBELLES DU DARFOUR

    En 2003, lorsque le drame actuel au Darfour s'éclate seuls deux mouvements rebelles était présents, il s'agissait du Mouvement/Armée de libération du Soudan (M/ALS) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE). Depuis lors, ces deux mouvements se sont fragmentés en une pléthore impressionnante des factions souvent rivales. La signature le 5 Mai 200627(*) dans la capitale nigérienne va engendrer l'éclatement des mouvements rebelles traditionnels. Aujourd'hui il existe environs une quinzaine de groupes armés issue du MJE ou du MLS.

    Le Mouvement/L'Armé de libération du Soudan (Fraction Abdel Wahid An-Nour)

    Fondé par Abdul Wahid An-Nour en 1992 lorsque ce dernier faisait ses études de droit à l'université de Khartoum, le MLS demeure la faction la plus importante numériquement28(*). Elle revendique un Etat démocratique, libéral, fédéral et laïc dans lequel tous les citoyens seraient égaux quelque soit leur convictions religieuses, politiques et leurs traditions culturelles. Le Mouvement de Libération du Soudan aujourd'hui divisé en trois groupes est essentiellement composé des Fours et opère surtout sur les pentes du djebel Marra situé au centre du Darfour29(*). Mr Abdul Wahid An-Nour Abdul Wahid Mohamed el Nour, de la communauté des Fours, considéré par bon nombre de personnes comme le chef rebelle le plus populaire du Darfour avait refusé de prendre part au processus de paix tant que la Mission hybride des Nations Unies et de l'Union africaine (MINUAD) n'aurait pas été déployée au Darfour.

    Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE)

    Dirigé par M. Khalil Ibrahim, un Zaghawa apparenté à Idriss Déby, le président tchadien, le mouvement pour la justice et l'égalité est réputé avoir une idéologie islamique. Bien que ceci soit nié par MJE et Tourabie, ce mouvement est aussi accusé d'être liés à Hassan Al-Tourabie30(*) un islamiste et ancien chef des Frères musulmans31(*). Ce mouvement est dans sa composition exclusivement Zaghawa. Le MJE a boycotté les pourparlers de Syrte (Libye) pour protester contre la présence de mouvements de résistance qui, prétend-il, n'ont aucune influence et ne sont pas présents sur le terrain, au Darfour. « Riche de l'argent des Frères musulmans, le mouvement pour la justice et l'égalité exerce une influence sans commune mesure avec ses forces militaires réelles sur l'ensemble de la guérilla32(*) ».

    Mouvement de libération du Soudan - Fraction Minni Minnawi (MLS-MM).

    Dirigée par M. Minnawi, cette fraction s'est séparée du MLS originaire en novembre 2005. Minni Minnawi occupait le poste de chef Militaire du MLM avant sa désolidarisation du leader politique Abdul Wahid Mohammed. Presque entièrement composée de Zaghawas (l'ethnie de M. Minnawi), c'est la seule qui ait accepté de signer l'accord de paix d'Abuja. A la suite de cet accord Minni Minnawi va être nommé au poste de conseiller présidentiel sur le Darfour.

    L'Alliance démocratique fédérale du Soudan (ADFS)

    L'ADFS a à sa tête, Ahmed Ibrahim Diraige, une personnalité, selon plusieurs sources soudanaises, à laquelle il faudra être attentif. Le ADFS n'est pas lui une faction dissidente du MJE ni de l'ALS contrairement à la plupart des autres groupes armés.

    Le Front des forces révolutionnaires démocratiques (FFRD)

    Le front des forces révolutionnaires est mené par Salah Abdurahman Abu Surrah, Cette fraction regroupe en sein les communautés arabes. Cette faction déclare avoir accueilli en son sein certains de Janjaweeds (voir ci-après) en vue d'affaiblir le pouvoir du gouvernement dans la région.

    Mouvement de libération du Soudan Al-Ikhtyar Al-Hur (MLS - Libre choix).

    Ce mouvement avec à sa tête M. Abderrahmane Moussa est exclusivement composée de représentants de petites tribus du Darfour telles que les tribus Tunjurs et Dajjus. M. Abderrahmane Moussa, était l'ancien porte-parole du MLS-Abdul Wahid Nour aux négociations d'Abuja. Cette toute petite fraction s'est ralliée à l'accord de paix et va voir son leader Abderrahmane Moussa nommé au poste ministre d'Etat. Certains journalistes considèrent que si le mouvement de Moussa Abderrahmane s'est rallié à l'accord c'est non pas parce qu'il y croyait, mais parce que les populations des petites ethnies, très touchées par la guerre, n'ont pas eu accès aux camps de personnes déplacées et que les leaders tunjurs espéraient bénéficier des « corridors sécurisés pour l'aide humanitaire » prévus par l'accord. Or même si Moussa Abderrahmane occupe désormais le poste ministre d'Etat les tribus n'ont pas bénéficié de l'aide espérée.

    Les Janjaweeds

    Le terme janjaweeds signifie « cavaliers armés de kalachnikovs ». Ce sont des milices levés des tribus arabes du Tchad et du Darfour. Leur apparition remontre à la première guerre civile au Darfour en 1986, ils sont les successeurs des premières milices tribales arabes, les Muraheleen qui existaient depuis longtemps. Moussa Hilal qui publiquement s'est associés au janjaweeds est considéré comme leur leader. Ces milices dénoncé « pro-gouvernementale » lutte depuis le début du conflit aux cotés de l'armé soudanais contre les forces rebelles. Moussa Hilal est l'une des personnes dont le nom figure sur une liste des hauts responsables soudanais accusé des crimes contre l'humanité rendu public par le procureur de la cour pénale de justice.

    2. LA COMPLICITE DU GOUVERNEMENT SOUDANAIS DANS LE CONFLIT

    L'armement des milices par Khartoum au Darfour ne date pas d'aujourd'hui. Dans les années 80, le première ministre de l'époque Sadiq al Mahdi avait pendant la longue guerre civile opposant le gouvernement aux rebelles sudistes menés par John Garang recouru à l'armement des Muraheleen. Ces milices nomades issues de Kofordan armés pour mener une guerre par allié interposé au sud de la frontière Nord-Sud avaient tendance à viser d'avantage les civiles que l'armé rivale. En dehors des Muraheleen, le gouvernement soudanais avait également employé un certain nombre de miliciens recrutés parmi les Sudistes, qui ont tué des civils dans le Sud ou les ont contraint au déplacement.

    Aujourd'hui au Darfour, la situation n'est guère différente. Les discussions en vue d'une réconciliation entre les groupes rebelles du Darfour et le gouvernement ayant échoué le gouvernement d'Omar el Béchir annonça en mars 2003 qu'il avait décidé de résoudre le conflit par la force. Il s'agit là d'une erreur fatale car les groupes rebelles vont riposter en menant des attaques contre l'aéroport d'El Fasher, cinq appareils militaires et provoquant par la suite la mort d'environ 80 soldats. Le gouvernement ne pouvant pas compter sur l'armée (démoralisé et composé essentiellement des Darfouriens) va faire appel à l'aide des milices nomades du Darfour et les autoriser à agir selon leur propre gré. Les formes actuelles de la crise du Darfour ont d'une certaine manière leur origine dans le trop grand succès qu'a connu cette stratégie de contre-insurrection au Sud-Soudan.

    Ce sont ces milices plus que les soldats qui ``allaient au feu'' et ce parce que l'armée soudanaise montrait peu d'enthousiasme à se battre. Désormais appelés « janjaweeds » (signifiant des hors-la-loi) par les locaux vont s'acharner sur les populations civiles (des groupes agriculteurs qui ignoraient même souvent pourquoi ils étaient attaqués) au lieu de se battre contre les forces rebelles. Les vols de bétails, le massacre des civiles et les violations massives de droit de l'homme vont au fil des mois prendre de l'ampleur attirant ainsi l'attention de la communauté internationale.

    Le gouvernement soudanais de peur d'être accusé de génocide nie tout lien avec les janjaweeds (rappelant que le gouvernement avait par le passé nié l'existence même de ces milices) mais les nombreux témoignages recueillis chez les victimes contredisent ceci. Selon les récits des témoins, il semblerait dès lors que le gouvernement soudanais non seulement autorisait les janjaweeds mais cordonnait aussi leurs actions. Selon plusieurs articles et pages éditoriaux, les attaques des janjaweeds étaient souvent précédés par des attaques aériens menés par le gouvernement sous prétexte d'éliminer les forces rebelles ayant refusé de signer l'accord de paix d'Addis-Abeba.

    Dans certains cas les janjaweeds33(*) étaient souvent accompagnés par l'armé soudanais lors de leurs attaques. Aussi selon certains analystes les milices qui vident de vastes régions du Darfour de ses habitants étaient non seulement armées et soutenues mais aussi payées par le gouvernement soudanais. Cet alliance entre les Janjawids et le pouvoir centrale va être d'avantage affirmé lorsqu'en janvier 2008, Moussa Hilal, l'une de ses chefs a été nommé conseiller du ministre des Affaires fédérales Soudanaise.

    CHAPITRE II : LES ENJEUX HUMANITAIRES DU CONFLIT AU DARFOUR

    « Toute idée fausse finit dans le sang, mais il s'agit toujours du sang des autres. » Albert Camus (1913-1960)

    Il y a à peine quinze ans que des extrémistes hutus ont répondu à l'appel de « couper les grandes arbres ». Le bilan en fut désastreuses ; 800,000 massacrés en trois mois. Bien que le nombre des victimes du conflit actuel au Darfour ne soit pas aussi important, le dégât causé par ce conflit ne peut non plus être sous-estimé. Les violations massives des droits de l'homme ne laissent cependant pas indifférent tout le monde, l'attention médiatique qu'a suscité le conflit en fait preuve. Les organisations non-gouvernementales, des hommes politiques34(*) ou encore certaines stars de hollywoodiens35(*) mobilisent aujourd'hui l'opinion publique pour une éventuelle intervention internationale au Darfour. Si une intervention de la communauté internationale compte tenu de la passivité de Khartoum semble être la réponse idéale dans la quête pour trouver une solution durable au conflit, il n'en demeure pas moins vrai que ceci se heurte à des principes fondamentaux du droit international modelé de façon impressionnante à préserver l'indépendance politique des états.

    Nous allons ainsi aborder au cours de ce chapitre mettre à la lumière les implications humanitaires du conflit à savoir dans la première partie du chapitre les violations massives de droits de l'homme et la situation des populations déplacés. Dans la deuxième partie, nous allons analyser comment le droit internationale à travers certains principes fondamentaux freine le processus de résolution du conflit aux sales racines qui ensanglante la région du Darfour.

    A . LES IMPLICATIONS HUMANITAIRES DU CONFLIT AU DARFOUR

    La phase initiale du conflit, du février 2003 au Mars 2004, a été caractérisée par un ensemble des mesures de répression prises à l'encontre des groupes insurgés par le gouvernement soudanais. L'emploi des milices janjaweeds couplé avec les bombardements à tort et à travers la région du Darfour coutera la vie à milliers des Darfouriens. Le gouvernement soudanais sous la pression internationale va signer un « Joint Communiqué » avec l'ONU en juillet 2003. Le gouvernement soudanais s'engagea par cet accord à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'accès à l'aide humanitaire, la sécurité des travailleurs humanitaires et des civiles et ainsi que la limitation de la prolifération des armes légères. Cependant les termes de cet accord ne seront pas appliqués et les incidents de viols et de meurtres se multiplieront.

    Compte tenu de son manque de volonté à poursuivre une résolution pacifique du conflit et ses abus flagrants de droits de l'homme, le gouvernement est loin d'être considéré comme un acteur crédible en ce qui concerne le respect et la garantie de la sécurité de ces citoyens. Ce partie est ainsi consacré à présenter de façon concise comment ce contexte de désordre va encourager la violation massive des droits de l'homme et la situation des réfugiés.

    1. LES VIOLATIONS MASSIVES DES DROITS DE L'HOMME

    Fatima, 15 ans, a été violée le même jour par 8 janjaweeds. Elle est enceinte de sept mois. La police, remplissant son devoir, l'arrête pour fornication puisqu'elle est enceinte sans être mariée.

    « - Qui est le père de ton enfant ?

    - Je n'en sais rien, ils étaient 8 à m'avoir violée et aucun n'a dit son nom ».Elle fut donc condamnée à être flagellée ou à payer une énorme amende36(*). La situation de Fatima n'est malheureusement pas un cas isolé. Chaque jour des milliers de femmes et de jeunes filles au Darfour subissent des viols et des abus sexuels à la main de leurs agresseurs.

    En début d'année 2005, la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU, a dénoncé les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis dans la région. Ainsi à l'initiative de la France, le Conseil de sécurité de l'ONU adopta la résolution 1593 menaçant de poursuites devant la Cour Pénale Internationale les responsables d'exactions. Pour autant, il est à regretter que la situation humanitaire au Darfour ne cesse pas de se dégrader. L'état soudanais pourtant signataire37(*) de la convention de Genève relative aux conflits armés interne ne respecte guère les obligations qui en découlent.

    Ainsi en novembre 2006 le village de Sirba nord au Darfour prés de la frontière Tchadien a été attaque par les forces armes soudanais et les milices. Cette attaque selon Louis Arbour, Haute Commissaire pour les Droit de l'Homme de l'ONU, était sans provocation et délibéré. Le bilan fut désastreux ; huit personnes civiles y compris un gamin âgé de trois ans ont été abattues, une famille a été mise en feu dans leur maison par les agresseurs. Trente personnes ont été tues et quarante blessés.

    Si l'afflux d'aide d'ONG, a certes évité une catastrophe de plus grande ampleur dans la région il n'en demeure pas moins vrai que l'aide humanitaire ne suffit pas à protéger les civils. Selon l'ONU, quelques 200,000 auraient perdu la vie depuis le début de la guerre en 2003 à cause des maladies ou de malnutrition.50, 000 tués, fusillés, poignardés ou brulés vifs. On estime qu'environ 10,000 des Darfouriens trouve la mort chaque mois. D'autres estimations qui additionnent violence, maladie et malnutrition, atteignent 300 000 ou 400 000 morts. Un autre chiffre donne une idée plus exacte de l'impact du conflit : c'est celui de 2 millions de personnes chassées de leurs terres dont 1,8 million de déplacés à l'intérieur du Darfour et 200 000 réfugiés au Tchad, soit le tiers des habitants du Darfour.

    Les menaces principales se rapportent à la violence directe contre les civils par un nombre accru d'acteurs armés, y compris la violence sexuelle, le harcèlement physique et le pillage des propriétés. En outre, les violations de droit international humanitaire et des principes humanitaires se poursuivent, tel que le refus de laisser l'accès à l'aide humanitaire, les attaques contre les travailleurs humanitaires ou des installations humanitaires, et les mouvements forcés de population.

    Selon le gouvernement soudanais, les rebelles ont le soutien des villages, et ces derniers prennent les populations civiles en otage comme boucliers humains. D'où ces attaques contre les villages dont les maisons sont brûlées et certaines femmes, selon des témoignages, violées.

    Marc Lavergne dans son article38(*) observe que « les attaques combinées des janjawids et de l'armée sont d'une tout autre nature ; les hommes en âge de porter les armes sont exécutés sans autre forme de procès, de même que tous ceux qui opposent une résistance, les femmes et les jeunes filles capturées ou violées sur place. Mais il arrive que la population avertie à temps, parvienne à s'enfuir en abandonnant les personnes âgées et les malades ainsi que le bétail, n'emmenant que quelques ânes qui aident à emporter les biens essentiels ». Nous avons ainsi dressé ci-dessous une liste des massacres importants qu'ont connus des nombreuses villes Darfouriens.

    La population civile au Darfour demeure la principale cible des attaques et des affrontements entre les acteurs protagonistes du conflit. Selon des informations rendues public par le « Soudan Organisation Against Torture » une ONG, un groupe des officiers des renseignements militaires, accompagnés par les chefs des milices Janjaweeds auraient procédés à l'arrestation de 168 personnes civiles de la tribu des Fours dans l'ouest du Darfour dans le village de Delaij entre le 5 et 7 mars 2004. Ces personnes civiles accusé de soutenir le SLA, ont été fusillées à la méprise de toute norme juridique.

    Abu Suruj situe au nord ouest d'Al Geneina, composés d'une population de 18 000 fut la première ville attaqué dans une série d'attaques menés par les forces armés soudanais et/ou des milices janjaweeds le 8 février 2008. Les milices janjaweeds accompagné par les forces armées soudanais sont entrées au village avec des coups de feu et se mirent à détruire des biens. Des maisons ont été réduites en cendres. Un rapport de l'ONU a confirme que 75 pour cent du village a été brulé et plus de 70 magasins pillés. Bref environ 30 personnes civils ont perdu la vie y compris les enfants et les handicapes.

    Le village de Sirba peuplé d'environ 10 000 habitants et situé à l'est d'Abu Suruj fut la deuxième attaqué ce jour-là. Les attaques ont été par précédés par des bombardements aériens. Il y avait plus de cent milices janjaweeds équipé d'environ trente voitures militaires. Les locaux accusés d'avoir soutenu la rébellion ont été sévèrement « puni » .L'état de perte était plus que celui d'Abu Suruj, environs 42 personnes civils morts.

    Le village de Silea situe au nord d'Al Geneina et composé d'environ 10 000 personnes était la dernière ville à être attaquer par les forces armés soudanaise et les milices. Des centaines des maisons ont été pillées ou brulées. 20 personnes civiles ont été tués dont la plupart des victimes étaient des femmes et des filles. Deux soldats du gouvernement ont été accusés d'y avoir violé une fille âgée de onze ans.

    2. LA SITUATION DES REFUGIES

    En droit international les déplacés internes sont les plus vulnérables, la définition donnée par la convention relative au statut des réfugiés 1951 ne fait aucune allusion à la population déplacés interne(PDI). Selon cette définition « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays »39(*). La situation des réfugiés est régis par la Convention relative au statut des refugies relative de 1951 et le Protocol relatif au statut des refugies de 1967. Cette convention stipule que les pays doivent accorder l'asile aux réfugiés et ne peuvent pas contraindre un réfugie à retourner dans son pays d'origine contre son gré. Serait donc illicite au regard du droit des gens, tout mesure d'expulsion ou d'extradition prise à l'encontre d'un réfugié. Force est de constater ainsi que les PDI ne jouissent d'aucune protection du droit international, car pour être bénéficiaires de quelconque protection les PDI doivent avoir traversé les frontières nationales.

    Selon les chiffres divulgués par l'ONU en 2005, il aurait environ 2,4millions de déplacés à l'intérieur du Soudan et environ 200 000 réfugiés au Tchad. Aujourd'hui la population civile touchée par le conflit est estimé à environ 4millions dont environ 1,5millions sont des enfants âgés de moins de 5ans40(*).

    Freiné dans leurs actions par l'insuffisance des moyens financiers41(*) L'Onu et les travailleurs humanitaires présents dans la région ont tout de même réussir à développer une sophistication sans commune dans la mise en place de l'aide humanitaire. On compte à ce jour environ 150 camps des déplacés regroupés autour des gros points d'eau. Les tailles des camps sont variables, allant de quelques centaines à plus de 100 000 habitants.

    Dans le secteur de la santé au Darfour, les organisations non-gouvernementales et les agences de l'Onu sont parvenues à répondre aux besoins rudimentaires des personnes nouvellement déplacés et à maintenir une assistance de base aux déplacés dans les camps et ce en dépit des difficultés logistiques auxquelles ils font face. De façon générale l'état de santé de la population soudanaise demeure délicat, et même si les besoins dans les camps de PDI semblent être en grande partie couverts, toute interruption imprévue des services peut créer des risques très élevés pour la santé de la population. Les agences de santé doivent faire face aux épidémies qui touché la région comme a été le cas de l'épidémie de cholera localisée en 2006 dans le camp de Kalma au sud du Darfour. Aussi la malaria et la diarrhée sont les causes principales de la mortalité infantile au des camps. De même des infections respiratoires aigues et les maladies sexuellement transmissibles sont présent dans les camps et peuvent toutes être des maladies mortelles si non traitées correctement.

    En, dépit de la présence de forces de l'Union africaine dans la région, la sécurité dans les camps des déplacés laisse à désirer. Les civils vivant dans les camps de personnes déplacées au Darfour sont toujours régulièrement victimes d'attaques, qui incluent meurtres, viols et tortures délibérés. Bien souvent, les nouvelles recrues de la police, chargées de la « sécurité » des camps, sont accusées d'être des janjaweeds. « Hors des camps, ceux-ci rôdent, guettant les femmes sur les pistes qu'elles empruntent pour aller chercher du bois, pour les violer, les battre ou les dépouiller » observe Lavergne.

    La situation actuelle au Darfour, fragile et imprévisible dans sa nature, est fortement susceptible de s'éterniser, risquant de compromettre dans une certaine mesure l'accès aux populations affectées par le conflit et la crise humanitaire. De nouvelles intimidations et des agressions à l'encontre des travailleurs humanitaires pourraient également mener à une recrudescence des suspensions temporaires d'activités, voire, dans un scénario critique, le retrait des organisations humanitaires, comme cela a déjà été le cas42(*). Le meurtre de 19 travailleurs humanitaires au Darfour depuis mai 2006, exhibe d'avantage ce besoin de renforcer la gestion de la sécurité.

    Le choc culturel et religieux qu'a connu le monde arabo-musulman suite à la publication des caricatures de Mahomet43(*) dans le journal danois Jyllands-Posten, a eu des répercussions importantes sur la sécurité des humanitaires au Soudan. Les ONG scandinaves ont dû ainsi évacuer leurs effectifs sous la pression. Nous pouvons ainsi avancer que la mise en cause du positionnement des humanitaires dans le monde entier est sans doute une source permanente d'insécurité pour les travailleurs humanitaires. Pour pouvoir accéder aux victimes et l'ensemble des populations blessés il demeure primordial pour les humanitaires d'affirmer leur caractère neutre. Or vu les clivages entre l'occident et le monde arabo-musulman (surtout sur la question religieuse) rendent de plus en plus complexe et la perception des humanitaires44(*). Dans cet ordre d'idée Pierre Micheletti, président de Médecins du monde, observe que « Il n'est plus neutre d'être un volontaire français en Côte d'Ivoire, américain dans la bande de Gaza, chrétien en Afghanistan ou au Pakistan ».

    Une autre bombe à retardement est aussi l'accroissement des ressentiments et tensions entre ethnies. Ceci demeure un risque supplémentaire à prendre en considération dans la mesure où il pourrait conduire à des ruptures imprévues de violence, notamment dans les camps de déplacés.

    Il est certain aujourd'hui que le retour des déplacés et des réfugiés sur leurs terres est indispensable pour la résolution du conflit mais en absence d'un accord de paix il serait sans doute illusoire de vouloir restaurer l'ordre ancien.

    De l'autre côté de la frontière, la situation des camps de réfugies au n'est guère différente. Si Eelko Brouwer, chef de délégation de la fédération internationale des réfugiés, déclare de son côté que « Jusqu'ici, la population s'est montrée très généreuse à l'égard des réfugiés », il demeure nécessaire de signaler ici que la tension entre les réfugiés et les habitants locaux continue de monter et l'accès aux ressources devient de plus en plus un sujet de friction. Autour de chacun des camps, les conflits avec les populations tchadiennes sont fréquents. La jalousie des habitants locaux se voir induire par tout ce qui se passe dans les camps voisins : écoles pour les enfants, programmes d'alphabétisation pour adultes, de formation professionnelle et d'éducation à la santé, avec distributions de vivres bimensuelles l'aide aux réfugiés. Certains d'entre eux constatent que « Les réfugiés reçoivent des vivres régulièrement. Pour eux, c'est bien. Nous, personne ne nous donne à manger. Nous n'avons rien, et tout le monde souffre ».

    C'est le bois de feu qui cause les tensions les plus vives. Impossible d'éviter que les 43 000 réfugiés des camps, et en particulier les 14 500 habitants de Breijing et Tréguine, (les deux camps administrés par la Croix-Rouge), ramassent leur combustible sur le même territoire aride qui était naguère utilisé par les quelque 10 000 villageois locaux, deux jeunes hommes d'un village ont agressé une réfugiée âgée qui coupait du bois et lui ont entaillé le visage avec un couteau. Dès lors, il demeure en matière de combustible de cuisine, indispensable pour les ONG de trouver une autre option que le bois pour éviter que ces tensions se dégénèrent.

    B. L'INTERVENTION HUMANITAIRE ET LA POSITION DU DROIT INTERNATIONAL

    L'intervention humanitaire suscite aujourd'hui une vive controverse doctrinale quant à sa définition. Or le concept d'intervention humanitaire vulgarisée de nos jours sur le vocable « le droit voire devoir d'ingérence » ne date pas d'aujourd'hui. Son origine puisée que ça soit dans des sources écrites ou coutumière remonte bien dans l'antiquité. L'un des premiers textes est le Code d'Hammourabi, roi de Babylone, qui, il y a 4'000 ans, codifie déjà la conduite de la guerre: "Je prescris ces lois -dit Hammourabi- afin que le fort n'opprime le faible"45(*). Dans l'Inde ancienne, le Mahâbhârata et les textes de la loi de Manou prêchaient la miséricorde envers les ennemis désarmés ou blessés. La Bible et le Coran contiennent eux aussi des règles prônant le respect de l'adversaire.

    L'idée de base qui propulse la notion d'intervention humanitaire s'inscrit dans le seul souci d'assurer le respect effectif et universel des droits fondamentaux inhérents à la personne humaine. En fait, cette idée n'a rien de nouveau ; Grotius y faisait mention dans son « de jure belli ac pacis » (Du droit de la guerre et de la paix). Tsagaris Kostantinos46(*) concorde dans cette optique que « c'est sur des telles bases que s'est développée (...) la doctrine de l'intervention de l'humanité, en vertu de laquelle un droit d'intervention humanitaire unilatérale existe lorsqu'un gouvernement viole les droits de l'humanité par des excès de cruauté et d'injustice ».

    La Cour Internationale de Justice ayant l'occasion de se prononcer sur la « prétendu notion d'intervention » dans l'affaire opposant le Nicaragua aux Etats-Unis(198647(*)), stipule que « l'assistance doit se limiter aux fins pratiqués par la pratique de croix rouge, à savoir prévenir et alléger les souffrances des hommes, et protéger la vie et la santé. » Un peu moins d'un siècle plutôt, la cour statuant sur l'affaire du détroit de Corfou opposant le Royaume-Uni et l'Albanie conclut par le biais d'un arrêt que « le prétendu droit d'intervention ne peut être envisagé que comme la manifestation d'une politique de force » Il découle ainsi de ces arrêts que le champ d'action réservé à cette notion est expressément limité. La Cour rejette le recours à la force comme méthode approprié pour vérifier et assurer le respect des droits de l'homme.

    Aujourd'hui, fort du soutien sans faille de l'administration du Bush, la presse occidentale mobilise de plus en plus l'opinion publique pour une intervention «humanitaire'' au Darfour. Le slogan aux Etats-Unis étant aujourd'hui « OUT OF IRAK INTO DARFOUR » nous sommes ainsi appelé à nous interroger sur un certain nombre des questions. L'intervention dans les affaires intérieures d'un Etat peut elle se légitimer par des considérations humanitaires ? Est-ce que l'affirmation de la possibilité pour un État d'intervenir militairement dès qu'il se croit légitimé par des considérations humanitaires ne laisse pas ouverte la porte à l'arbitraire et des graves abus du droit des gens ? Comment protéger les intérêts de l'état soudanais face à cette montée en puissance de cette vague d'intervention humanitaire ?

    Au cours de cette partie nous aborder dans un premier temps, les principes du droit international qui se heurte à toute notion d'intervention ou d'ingérence à savoir la souveraineté étatique, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ou encore le principe de non ingérence et dans un deuxième temps, nous allons parler des exceptions aux principes préalablement évoqués, l'évolution et la déification du concept d'ingérence humanitaire.

    1. LA SOUVERAINETE ETATIQUE ET LE PRINCIPE DU NON INGERENCE

    La souveraineté est la qualité de l'État de n'être obligé ou déterminé que par sa propre volonté dans les limites du principe supérieur du droit et conformément au but collectif qu'il est appelé à réaliser. Louis Le Fur48(*)

    Etymologiquement, le vocable souveraineté provient du latin médiéval superanus qui dérive du latin classique superus "supérieur". Emergé pour la première fois avec Jean Bodin (1530-1596) dans son traité « Les Six livres de La République » la souveraineté a été définit par celui-ci comme étant un élément essentiel à l'existence de l'Etat. Selon Bodin « La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une République. »

    Le concept de souveraineté ne se laisse pas aisément définir. L'existence d'une pléthore des tentatives de définition en porte témoignage. Dans le cadre de ce travail, seule la définition du Max Weber serait retenue. Pour Weber un Etat est dit souverain dès lors que « celui est le détenteur du monopole de la violence légitime » sur l'ensemble de son territoire. La souveraineté ainsi définie laisse entendre qu'il y existerait un corps politique duquel émane la capacité d'éditer des normes et le devoir d'obéissance. Toutefois dans ce contexte contemporain il demeure nécessaire d'apporter une nuance à cette définition, car si sur le plan interne l'entité étatique n'est subordonnée aucune autre entité et que sa volonté prime sur celle de toutes les autres personnes physique ou morale, il n'en demeure moins vrai que sur le plan international cette souveraineté se trouve limité par le principe d'égalité souverain des Etats et le principe de la coexistence pacifique.

    Ce principe d'égalité souverain des Etats si cher à l'Organisation des Nations-Unies se trouve expressément affirmé dans sa charte constitutive. Article 2 paragraphe 1 de la charte stipule ainsi que « l'organisation est fondé sur le principe d'égalité souverain de tous ses membres » En droit international, la souveraineté est consubstantiel à l'existence d'un Etat. La souveraineté est un titre de compétence permettant à un Etat d'agir librement dans les limites du droit international. Le principe de l'autonomie constitutionnel est donc un corollaire logique de la souveraineté. Dans un avis consultatif rendu en 1975, la CIJ stipule que « aucun règle de droit international n'exige que l`Etat ait une structure déterminée comme le prouve la diversité des structures étatique qui existe actuellement dans le monde ». Aussi dans l'affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. États-Unis d'Amérique), 27 juin 1986 rend un arrêt49(*) que « l'adhésion d'un Etat à une doctrine particulier ne constitue pas une violation du droit international coutumier. Conclu autrement reviendrai à priver de sens le principe fondamental de la souveraineté des Etats, sur lequel repose tous le droit international »

    L'étude de ces arrêts implique que les Etats ne peuvent être, officiellement subordonnés à aucune autre autorité nationale ou internationale sans leur consentement. Ceci sert de base au principe de la non-ingérence dans les intérieurs des Etats. Le principe de non-ingérence, est défini par l'article 2§7 de la Charte des Nations unies: « Aucune disposition de la présente charte n'autorise les Nations unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État. » L'ingérence peut se traduire par l'action d'immixtion c'est-à-dire s'introduire indûment sans en être requis ou en avoir le droit dans les affaires d'autrui. Selon la formulation de la Cour, l'ingérence est le fait pour un Etat ou un groupe d'Etat « d'intervenir directement ou indirectement dans les affaires intérieures ou extérieures d'un autre Etat ».

    Aujourd'hui les dirigeants soudanais refusent la présence des casques bleus au Darfour et invoquent ainsi le principe de non immixtion dans une affaire qui de nature est purement interne. Mais depuis la chute de mur de Berlin en 1989 et l'effondrement du bloc de l'est en 1991 ce principe de non immixtion est de plus en plus banalisé. Les puissances occidentales se réservent ainsi le droit voire le devoir dans les affaires intérieures des pays du tiers monde. Ceci sous prétexte qu'ils ne peuvent laisser des régimes politiques agir impunément à l'intérieur de leurs frontières au nom de la souveraineté. Celle-ci consiste à dire que, communauté internationale peut s'accorder le droit d'intervenir dès lors qu'un Etat ne peut ou ne veut protéger des populations en danger, la. Ce concept dépasse donc celui de la souveraineté des Etats, pourtant à la base de la Charte des Nations unies (article 2, alinéa 1).

    2. DEVOIR D'INGERENCE HUMANITAIRE

    C'est lors d'une conférence organisée en 1988 par Bernard Kouchner50(*), un médecin et Mario Bettati, un juriste, que le vocable « droit d'ingérence » est apparu pour la première fois. Si grâce à l'appui des médias et aux actions menées par ses promoteurs, le droit d'ingérence a aujourd'hui acquis une véritable légitimité, son statut juridique, lui, reste en revanche, très discuté. Dans cet ordre d'idée l'auteur de l'article sur le droit d'ingérence disponible sur « Microsoft Encarta 200751(*) » observe que « Si le droit d'ingérence humanitaire est, en théorie, la reconnaissance de la supériorité de cette légitimité humaine sur la légalité internationale, en pratique, il ne s'agit bien souvent que d'une illusion politique et d'une fiction juridique. Illusion politique, car l'ingérence qui consiste, dans les faits, à s'installer dans un pays contre la volonté de son gouvernement ne désigne le plus souvent que des situations où l'État s'est effondré ou a été vaincu : l'Irak après la guerre du Golfe, la Somalie où nul gouvernement ne pouvait affirmer une quelconque souveraineté, la Bosnie en proie à la guerre civile. Fiction juridique, car toute volonté d'ingérence dans un État se heurte, par principe, à sa souveraineté. Il ne peut en effet y avoir de réelle application du droit humanitaire sans accord préalable de l'État où doit se dérouler l'opération »

    Dans le cadre de l'ONU, si le principe de la souveraineté et celui de la non-ingérence se trouvent consacré dans le chapitre I de sa charte, les atténuations à ces principes sont eux contenus dans le fameux chapitre VII de la charte. Le Conseil de sécurité après constat d'une menace contre la paix peut recourir à l'emploi de la force en vue de faire régner la paix et le respect des droits de l'homme. Il demeure cependant capital de signaler que ces exceptions ne peuvent en aucun cas être interpréter pour légitimer une intervention unilatérale d`un Etat sur le territoire d'un autre Etat. Le Conseil de sécurité serait donc la seule instance capable selon la Charte d'apprécier les violations graves des droits de l'homme et d'autoriser ainsi une intervention humanitaire.

    Si aujourd'hui nombreux sont ceux qui soutient la légitimité des interventions par des considérations humanitaires, ce concept n'accueillit point l'adhésion de tous. L'action de l'ONU en ce qui concerne la mise en oeuvre d'une intervention humanitaire n'étant pas au-delà de tout soupçon les pays du tiers monde continuent de récuser le prétendu droit d'ingérence. Dans cette optique, Cornelius Somanya le président de l'université de Nice- Sophia Antipolis, le 12 juin 199252(*) lors d'un discours avait au nom du Comité International de la Croix Rouge (CICR) plaidé la cause du droit humanitaire classique du droit existant. «  Certains veulent envisager d'autres voies, ainsi on parle beaucoup de droit d'ingérence. Cette proposition, certes généreuse relève toutefois d'avantage de l'ordre politico-militaire que de l'humanitaire, car, elle porte aussi en elle la notion d'un recours possible à la force. Or s'il y a une chose que l'action humanitaire doit éviter, c'est bien de devenir captive des enjeux politiques qui entourent des conflits. De la même façon, l'action humanitaire ne s'accorder de l'usage de la force. Elle y perdrait immanquablement l'impartialité qu'elle doit préserver »

    Il s'avère cependant après une étude analytique que si l'on prend en compte les exemples d'intervention dite d'humanités effectués au cour de ces décennies, ( on peut citer à ce titre l'invasion de Saint-Domingue par les troupes américaines en 1965, les interventions armées au Vietnam et au Cambodge, l'intervention armée de la France en République Centre-Afrique et au Djibouti, des interventions des Etats-Unis à Grenade, au Nicaragua ou encore au Panama) on se rend compte très vite que la mise en oeuvre des conditions évoques par la doctrine favorable au droit d'ingérence humanitaire laisse tant de place à des dérapages importantes et que ces interventions humanitaires sont souvent instrumentalisés pour d'autres fins. Les gouvernements du tiers monde trouvant ainsi leurs autorités et souveraineté étatique menacés s'y opposent vivement.

    Deuxième Partie : VERS UNE RESOLUTION PACIFIQUE DU CONFLIT

    Le conflit actuel qui ensanglante le Darfour est depuis le mois de février 2008 entré dans sa sixième année alors qu'aucun signe d'apaisement n'est perceptible. Le drame humanitaire persiste et les violences connaissent un regain d'intensité avec des protagonistes toujours prêts à se déchirer à belles dents. Les violations massives de droit de l'homme et les crimes contre l'humanité ne se compte plus alors que les tentatives de négociations entamées en octobre 2007 à Syrte (Libye) se soldent par un échec. Il s'avère clairement aujourd'hui que toute la région, particulièrement le Tchad risque de s'enflammer si une solution durable n'est pas trouvé aussi tôt que possible. Treize après le génocide rwandais c'est encore le mécanisme de règlement pacifique des conflits onusien qui est mis à rude épreuve.

    Bien que la mobilisation et la réponse de la communauté international dans son ensemble aux besoins humanitaires engendrés par conflit mérite d'être ovationné, force est de souligner que la solution au conflit n'y réside point. Celle-ci ne peut être que politique. Cependant c'est là précisément que gisent les difficultés car l'opinion publique demeure toujours divisée sur non seulement la forme mais aussi le fond du rôle que doit jouer la communauté internationale dans la recherche d'une solution qui devrait être à la fois pacifique et durable.

    Dans la société internationale contemporaine l'Organisation des Nations-Unies (ONU) est le pivot de l'action international en ce qui concerne le maintien de sa paix et de sa sécurité. Sa Charte constitutive consacre en effet de ceci comme l'un des premiers buts de l'organisation. La Charte fait ainsi de l'ONU un outil indispensable de régulation et de veilleur de la sécurité internationale. Le cadre de son action est de ce fait défini par deux chapitres de la charte. Il s'agit des chapitres VI (art 33-38) concernant le règlement des différends et VII (39-51) portant sur les actes à mener en cas de menace contre la paix. Ces deux chapitres traduisent deux soucis majeurs ; il s'agit d'une part de concerter et d'assurer une cohérence de toutes les initiatives de maintien de la paix et de la sécurité, lui permettant ainsi d'avoir un fondement à la fois légitime et légal en droit international public, et d'autre part de vérifier à ce que ces actions de maintien de la paix et de la sécurité internationale ne soient pas soumise à une arbitraire voire être prise prisonnier par des intérêts souvent antinomiques des états.

    En effet la deuxième partie de notre travail se souciera d'analyser les questions juridiques liées ou qui peuvent surgir lors de la mise en oeuvre de deux chapitres préalablement mentionnés de la charte de l'Organisation des Nations-unies. Aussi nous essayerons d'illuminer les enjeux régionaux et les intérêts cachés du conflit en démontrant comment ceux-ci peuvent nuire à toute tentative de résolution pacifique du conflit.

    CHAPITRE I : L'ACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ; QUEL LEGALITE ?

    Mise en place pour remplacer la Société des Nations (SDN) qui s'est révélée très impuissant à assurer le maintien de la paix et incapable d'empêcher la guerre, le système onusien donne au maintien de la paix une définition très extensive. Pour pouvoir assurer cette charge, son acte constitutif plus connu sous le vocable « La Charte de l'ONU » lui donne la faculté de pouvoir intervenir militairement, c'est-à-dire l'Onu dispose lui seul de la capacité de recourir à la force armée une fois que la paix de la société internationale se trouve menacée. L'Onu également dispose du monopole d'appréciation de toute menace susceptible de nuire à la sécurité internationale.

    Dans le souci d'assurer le respect des souverainetés étatique, le droit international public se tâche de réguler cette capacité exceptionnelle de recours à la force. Ainsi alors que certains situations telle que le constat d'un génocide incombe à tout la communauté d'intervenir (l'intervention peut être armée) aussi tôt que possible, d'autre situations impose pas une obligation d'intervention militaire (on peut citer à titre d'exemple les catastrophes naturels). En 199253(*), lors d'un sommet de chefs de gouvernement convoqués par l'Onu, quatre conditions qui justifieraient l'intervention ont été suggérés ; le génocide, la crainte d'un désastre écologique majeur, une importante atteinte aux obligations de non-prolifération nucléaire et des menaces pour la paix et la sécurité. Force est cependant de remarquer que dans ces cas, la plupart des États seraient, de toute façon, en rupture avec les obligations des traités internationaux qu'ils avaient volontairement acceptés.

    Nous allons dans ce chapitre parler des enjeux de la qualification sémantique du conflit car comme nous venons de souligner toute action de la communauté internationale est largement fonction de ceci. Ce chapitre parlera également des enjeux géopolitiques du conflit ou plus précisément le rôle des entités régionaux dan la résolution du conflit ainsi que le rôle que doit joué le conseil de sécurité dans la résolution du conflit.

    A. lES ENJEUX DE LA QUALIFICATION SEMANTIQUE DU CONFLIT

    Aujourd'hui l'opinion publique ne connaît pas une unanimité en ce qui concerne la qualification sémantique de la situation au Darfour. Cette polémique terminologique freine bien évidemment le processus de paix. Mais une question se pose et s'impose, pourquoi tout ces bruits sur le terme que doit être utilisée pour qualifier le conflit ? La réponse à cette est simple ; le droit international selon la qualification retenue nous (la communauté international) permet de soit agir en intervenant dans le conflit soit de rester les bras croisés et sourd à la misère humaine.

    Cette question de légitimité de l'intervention de la communauté internationale dans des conflits internes aliment deux arguments qui même antinomiques de nature vise tous les deux des objectifs nobles. On se trouve donc face à un dilemme. Ce dilemme est mieux capturé par l'ancien Secrétaire-générale de l'Onu, Kofi Annan dans son discours54(*) devant la 54ème Session de l'Assemblée Générale de l'Onu, le 2O septembre 1999. « Pour ceux qui estime que le menace majeur pour l'avenir de l'ordre international est le recours à la force armée sans un mandat du Conseil de Sécurité, la question qui l'on doit se poser est celle de savoir si dans le contexte du génocide rwandais, (...) une coalition d'états avait secouru à l'aide de la population Tutsi, sans l'aval du Conseil de Sécurité, une telle calamité n'aurait pu être empêché ? Et pour ceux qui, l'intervention au Kosovo (de l'Otan) est le héraut d'un nouvel ordre où les états et /ou un groupe d'état peuvent recourir à la force armée en dehors des mécanismes établis pour mettre en vigueur le droit international, l'on se demande si le danger que constitue ces interventions ne risquent pas de saper l'existant structure de sécurité mise en place au lendemain de la deuxième guerre mondiale »

    Dès lors, la question qui se pose est celle de savoir ; si l'on peut parler du génocide dans le conflit au Darfour ? Qu'est qu'un génocide ? Quelles implications morales et politiques porte l'emploi de ce terme ? Khartoum mène-t-il une politique de nettoyage ethnique ? Le vocable « nettoyage ethnique » a-t-il une valeur juridique ? Les réponses données à ces questions alimenteront le débat abordé au cours de ce chapitre.

    1. GENOCIDE

    Le génocide a été  pour la première fois défini, du point de vue du droit international, par l'accord de Londres du 8 août 1945 portant statut du tribunal militaire international de Nuremberg. Ce tribunal était chargé de juger les criminels de guerre nazis. Mais il a fallu la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée à l'unanimité par l'Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948, et entrée en vigueur le 12 janvier 1951 pour que la définition soit précisée.

    La communauté internationale avait voulu au lendemain de la seconde guerre mondiale se donner les moyens effectifs de prévention et de punition. Ainsi le génocide a été implicitement voire explicitement exclu de la catégorie des crimes politiques par la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide. Les États signataires sont en vertu de la convention obligés d'appliquer aux personnes poursuivies pour un tel crime les procédures d'extradition prévues par l'ordre juridique interne, le cas échéant par les conventions ou les traités d'extradition signés par le pays concerné. (Art. 5). Aux termes de l'article 7, les personnes accusées de génocide sont jugées par un tribunal compétent de l'État sur le territoire duquel le génocide a été commis, ou par une juridiction pénale internationale qu'il était prévu de créer mais qui n'a jamais vu le jour, du moins dans le cadre de cette convention.

    De nombreux actes considérés comme constitutifs de génocide ont pourtant été perpétrés depuis l'entrée en vigueur du texte : « au Biafra, contre les Ibo, en 1969 ; au Cambodge, de 1975 à 1979, où les déportations en masse et les travaux forcés imposés à la population par les Khmers rouges ont conduit à la mort plus de deux millions de personnes. Le traitement infligé aux Kurdes en Irak dans les années quatre-vingt, et les massacres de 800 000 habitants du Rwanda, pour la plupart des Tutsi, par les Hutu en 1994 sont aujourd'hui assimilés par certains observateurs à des actes de génocide. Mais les controverses sur la qualification même de ces crimes, les obstacles rencontrés par le Tribunal pénal international (TPI), instauré par une résolution de l'ONU en date du 25 mai 1993 pour « juger les personnes responsables de graves violations du droit humanitaire » dans l'ex-Yougoslavie, témoignent des difficultés rencontrées par la justice internationale pour punir et réprimer les crimes contre l'humanité. »55(*)

    Le génocide est défini par le Statut de Rome56(*) (acte constitutif de la Cour Pénale de Internationale, CPI) comme suite « étant aux fins du présent Statut, on entend par crime de génocide l'un quelconque des actes ci après commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

    a) Meurtre de membres du groupe ;

    b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

    c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

    d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

    e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe. »

    Aujourd'hui la question de savoir si les autorités soudanaise sont coupables des actes de génocide sur la population du Darfour divise toujours l'opinion publique. Alors que les diplomates onusiens se montrent très prudents pour l'utilisation de ce terme, le congrès américain se référant à une enquête menée dans les dix neufs camps au Tchad durant l'été 2004 voté à l'unanimité une résolution pour qualifier de « génocide » les exactions des « Janjawids. Cette résolution a été votée à l'instigation du Secrétaire d'Etat américaine qui dans discours affirma que le gouvernement soudanais par sa politique d'armement des milices Janjawids était coupable du génocide.

    Prononcé dans la foulée des résolutions I55657(*) et 1564, ce discours serait le point de départ de la création de deux commissions d'enquêtes ; celle du Khartoum et celle de l'Onu. Le rapport soudanais présenté le 21 janvier 2005 exhibe des éléments de réponse probants. Il en ressort  « qu'il n'y a pas eu génocide, que les milices sont incontrôlables et parfois difficilement identifiables et qu'une dizaine de militaires ont été impliqués dans des exactions, et qu'enfin les groupes rebelles sont aussi responsables des pillages de villages et de destruction de récoltes. Le gouvernement central soudanais, dans cette lignée a promis des indemnisations aux personnes touchées par les bombardements et exprimé la volonté de traduire en justice les auteurs des violations des droits de l'homme. »58(*)

    De son coté le rapport59(*) de la Commission d'enquête de l'Onu sur les violations des droits de l'homme perpétrées au Soudan confirme que le Gouvernement soudanais et les milices Janjawids ont commis des crimes contre l'humanité. Le rapport a également rappelé que « les forces Gouvernementales soudanaises et les milices ont commis des attaques indiscriminées, notamment le meurtre de civils, des actes de torture, des disparitions forcées, la destruction de villages, le viol et d'autres formes de violence, de pillage et de déplacement forcé, dans tout le Darfour ». « Ces actes ont été menés de façon systématique et répandue et peuvent donc constituer des crimes contre l'humanité », précise la Commission qui rappelle que « la vaste majorité des victimes de toutes ces violations provenaient des tribus Fur, Zaghawa, Massalit, Djebel, Aranga et des autres tribus qualifiées « d'Africaines ». La Commission a remarqué par ailleurs que l'argument du Gouvernement appuyé sur la nécessité de lutter contre l'insurrection ne justifiait pas le fait que « la plupart des attaques ont été menées délibérément et de façon indiscriminée contre des civils ».

    Quant à la commission d'actes de génocide, la Commission estime que « le Gouvernement du Soudan n'a pas poursuivi de politique de génocide », en l'absence non pas des actes matériels, à savoir les meurtres, mais de « l'élément d'intention génocidaire ». « De façon générale, il apparaît que la politique visant à attaquer, tuer et déplacer par la force des membres de certaines tribus n'avait pas pour fondement une intention spécifique tendant à annihiler, en tout ou partie, un groupe distingué par la race, l'ethnie, la nationalité ou la religion » mais plutôt « l'intention d'évincer les victimes de leurs foyers, principalement pour des raisons de lutter contre l'insurrection ».

    2. NETTOYAGE ETHNIQUE

    Le nettoyage ethnique est la traduction littérale du Serbe/Croate/Bosnien « etnièko èiæenje » apparu en occident lors des guerres de Yougoslavie. Mais la première trace écrite remonte au 16 mai1941 dans un article Viktor Gutiæ avait écrit que : « Chaque Croate qui sympathise avec nos ennemis n'est non seulement pas un bon Croate mais est également un adversaire et opposant du projet planifié et calculé du nettoyage des éléments indésirables de notre Croatie ... »60(*)

    Le nettoyage ethnique ou « épuration ethnique » peut se définir comme une politique visant le mass déportation ou l'émigration d'un groupe ethnique non désiré pour des raisons discriminatoires, religieuses, idéologiques, stratégiques ou une combinaison de celles-ci. «  Si le génocide a pour finalité un peuple, le nettoyage ethnique a pour finalité un territoire. Le «nettoyage» se distingue du génocide parce que l'extermination d'un groupe est un moyen éventuel, mais pas le but de ce processus. L'objectif ultime (...) est la transformation du peuplement. » Le nettoyage ethnique peut prendre plusieurs formes, on peut citer ici à titre d'exemple le viol, la politique de terre brulée (attaque et vol du bétail, champs incendiés), les villages rasés. Toutes ces pratiqués sont employé à un seul fin, «  forcer les populations à partir ».

    Cette époque est belle et bien jalonné par des nettoyages ethniques (le génocide arménien, la shoah, les guerres de Yougoslave, etc.), mais l'énumération de celles-ci ne serait pas l'objet de notre étude car leurs causes ainsi que leurs modalités de règlement ont été abondamment analysées par la doctrine. Le nettoyage ethnique a-t-il une valeur juridique ? Justifie-t-il une intervention militaire ? Si les conclusions de la commission d'enquête de l'Onu ont réduit la portée des actes et la responsabilité du gouvernement soudanais, il n'en demeure pas moins vrai que la question d'une éventuelle intervention bénéficie ne cesse d'être évoqué.

    Même si l'utilisation de l'expression « nettoyage ethnique » est très répandue, surtout par le média, elle demeure une notion non reconnue par le droit international. Ce non reconnaissance du nettoyage ethnique par le droit international suppose que celui-ci n'a aucune valeur juridique et ne peut logiquement être invoqué pour justifier une quel conque intervention qui fait recours à force armée. Il convient toutefois de préciser que ceci n'a tout de même pas empêché l'intervention de l'Otan dans le conflit de Yougoslave et donc la qualification du conflit au Darfour par « le nettoyage ethnique » n'élimine point la possibilité d'une intervention armée.

    B. LES INSTRUMENTS DE L'ACTION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

    Depuis le début du conflit, les organisations internationales et non gouvernementales(ONG) participent à apaiser la souffrance humaine et oeuvrent pour la résolution pacifique du conflit. Parmi ces organisations, les actions de certaines organisations telles que l'Union Africaine et L'Organisation des Nations-Unies méritent une attention particulière. A coté de ces deux organisations traditionnelles, d'autres Etats individuellement comme les Etats-Unis d'Amérique ou collectivement comme l'Union Européenne ont manifesté leur préoccupation par des pressions sur le gouvernement soudanais et par le financement des troupes de maintien de paix de l'Union Africaine qui joue le rôle de contrôle du cessez-le-feu signé le 8 Avril 2004 et la protection des observateurs internationaux sur le terrain.

    Malgré un tel investissement de la communauté internationale la situation au Darfour persiste. C'est ainsi que M. Lavergne61(*) estime que « Le large écho qui a été fait à cette crise, du fait de son internationalisation et de l'intérêt manifesté par l'ONU, les Etats-Unis et l'Union Européenne à partir de l'été 2004, n'a pas contribué à dissiper la complexité du problème. On peut constater également que l'approche humanitaire de la résolution du conflit a été favorisée au détriment d'un engagement politique et diplomatique. Ce désengagement diplomatique explique en grande partie la lenteur du processus de paix.

    Cependant, il convient de souligner qu'une solution durable au conflit ne peut être envisagée en l'absence d'une volonté de parties impliquées. Le rôle de la communauté internationale est certes incontournable. Nous allons dans les pages qui suivent parler du rôle que joue l'Union Africaine pour qui ce conflit présente une chance de crédibiliser son capacité de prendre en charges les conflits qui secouent quotidiennement le continent africaine et celui de L'Onu.

    1. L'UNION AFRICAINE

    Le passage de l'Organisation de l'Unité Africaine à l'Union Africaine est une manifestation de la volonté de redynamiser sa mission d'intégration des pays Africaines dans la société internationale contemporaine. Cette action de dynamisation serait également une traduction de la volonté des Etats membres de mieux prendre en charge les conflits régionaux qui touchent constamment les pays africains et donc par la création un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Il convient toutefois de préciser que ce mécanisme ne date pas de juillet 2001 (l'année de ratification de l'acte constitutif de l'Union Africaine), car il s'agit d'un mécanisme adopté sous l'égide de l'Organisation de l'Unité Africaine au Caire lors d'une séance de travail à huis clos le 30 juin 1993 et donc celui-ci n'a connu qu'un simple remodelage.

    Dans le souci de se démarquer de l'influence des puissances coloniales, les Etats africains ont essayé de constituer leurs propres forces d'intervention. La première puissance régionale à agir en ce sens fut la CEDEAO (la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest). Avec l'autorisation du Conseil de Sécurité via le chapitre VIII de la Charte des Nations Unies qui permet de déléguer à une organisation régionale la tâche de maintenir la paix dans son territoire elle a ainsi envoyé ses soldats en Sierra Leone et au Liberia. Les progrès enregistré par l'Ecomog de la CEDEAO (et malgré de nombreuses erreurs), vont pousser les autres organisations sous-régionales africaines à imiter cet exemple en renforçant leur politique de sécurité et de défense. Bien qu'avec des fortunes diverses La Southern African Development Community (SADC), la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC), Intergovernmental Authority Development, (l'IGAD) ont tous travaillé en ce sens. L'Organisation de l'Unité Africaine n'a pas également résisté pour longtemps à cette vague déclenché par La CEDEAO.

    L'OUA va depuis le début des années 1990 essayer de mieux se préoccuper de défense et de sécurité. Cependant, ces progrès avaient été largement gênés par les principes de souveraineté et de non -immixtion dans les affaires intérieures de chaque Etat. Ceci explique pourquoi, certains gouvernements ont entrepris de promouvoir une réforme de cette organisation. L'OUA est ainsi devenue l'Union Africaine (UA). Cette nouvelle appellation dévoile aussi une nouvelle ambition, notamment en matière de sécurité et de défense. Créé en 2003, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine est composé de 15 États : Afrique du Sud, Algérie, Cameroun, République du Congo, Éthiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Lesotho, Libye, Mozambique, Nigeria, Sénégal, Soudan et Togo. Son premier sommet a eu lieu les 10 et 11 janvier 2005 à Libreville, au Gabon. Il était consacré à la situation en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo et au Darfour.

    La résolution tant sur le plan politique que sécuritaire du conflit au Darfour constitue un véritable galop à essai pour l'Union Africaine qui entreprend pour la première fois depuis sa création, une intervention en Afrique. « African solutions for African problems » semble être le nouveau mot d'ordre de la communauté internationale pour tenter de résoudre d'une part le problème politique entre le pouvoir centrale et les rebelles, et d'autre part pour apporter des solutions durables et efficaces au drame humanitaire provoqué par le conflit. Descendant d'une organisation qui n'a jamais brillé par son efficacité, l'enjeu s'annonce donc de taille pour l'Union Africain.

    Six après l'éclatement du conflit, le bilan du rôle joué par l'Union Africaine est mitigé. C'est sous son égide qu'un cessez-le-feu de 45 jours a été signé le 8 avril 2004. Pour supervisé ce fragile accord et assurer le maintien de paix, elle a envoyé 133observateurs aidés par une force de protection composée d'environ 300 Rwandais et Nigérians sur le terrain. Le 5 Mai 2006, ce cessez-le-feu a été suivi par un accord de paix signé à Abuja (Nigéria). Cet accord de paix, plus connu sous le vocable « l'accord d'Abuja » prévoit le déploiement d'une force strictement Africaine au Darfour pour y assurer un mandat de maintien de paix et de sécurité. Composée d'une dizaine des contingents issus de pays africains, la force compte environ sept mille cinq cents hommes.

    Force est cependant de constater, l'action de l'Union Africaine n'est toute fois pas sans incidence. Déjà, il s'est avéré très rapidement que les effectifs de la force est trop faible pour couvrir l'ensemble d'un territoire aussi grand que la France. En outre, la force de maintien de paix ne dispose que d'un mandat « ridiculement » restrictif. La force n'a pas le droit d'effectuer des patrouilles offensives. La force « Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS), en anglais African Union Mission in Sudan ou (AMIS) » est aussi confronté des problèmes financiers. Elle demeure une mission qui est entièrement financée par des entités occidentales telles que l'Union Européenne et les Etats-Unis d'Amérique (qui n'y contribue que marginalement).

    2. LE CONSEIL DE SECURITE ET LA COUR PENALE DE JUSTICE

    L'un de six organes de l'ONU, le Conseil de Sécurité est le seul capable en vertu du chapitre VII de la Charte de l'ONU d'ordonner une action de maintien de la paix. Il peut également prononcer des sanctions militaires à mesure économique et ce après avoir constaté l'existence d'une situation d'agression ou de menace contre la paix et la sécurité de la société internationale. Le Conseil de Sécurité dans sa composition compte quinze membres dont cinq membres permanents et détenteurs du fameux « pouvoir de veto » et 10 membres non permanents élus par l'Assemblée Générale pour un mandat d'une durée de deux ans non reconductible immédiatement. La présidence du Conseil de sécurité est assurée pour une durée d'un mois par chacun des membres. La présidence est assurée dans l'ordre alphabétique des pays selon leur dénomination anglaise. Les cinq pays détenteurs du pouvoir de veto sont la France, la Chine, la Russie, le Grand- Bretagne et Les Etats-Unis d'Amérique.

    Les pays n'appartenant pas au Conseil peuvent être invités à participer à la discussion s'ils sont concernés par le sujet, sans détenir de droit de vote. L'adoption d'une décision dit « résolution » au sein du Conseil nécessite une majorité de neuf voix. Ces neuf voix peuvent émaner de tous les membres pours les décisions de procédure. Mais pour les questions ayant trait au maintien de la paix, le vote défavorable d'un seul des membres permanent du Conseil empêche l'adoption de la résolution. Ce droit de veto qui donne aux cinq membres permanent une possibilité de rejeter une résolution constitue l'un de point de controverse permanent depuis l'édification de l'ONU.

    Le Conseil de sécurité principal outil de l'ONU dans la prévention et la résolution du conflit a vu évolué sa capacité d'intervention efficacement dans le domaine de maintien de la paix et de la sécurité et ce selon les contextes politiques. Touchée de plein fouet par l'opposition Est/Ouest durant la guerre froide, ainsi ce bras important de l'ONU était littéralement atteint de paralysie et ce en raison du recours systématique au veto. Ainsi entre 1945 et 1989 les Etats-Unis recourent au veto 69 fois ; l'Union Soviétique, 114fois ; le Royaume-Uni, 30 ; la France, 18 ; et la Chine, 3 fois. De ce fait, l'ONU disparaît comme instance de régulation de la sécurité internationale et est absente dans plusieurs conflits internationaux. Dans le souci de pallier ou de surmonter les conséquences de ce droit de véto, la résolution 377 est adoptée. Cette résolution confère à l'Assemblée générale une compétence pour assurer le maintien de la paix lorsque l'absence d'unanimité paralyse l'action du Conseil de sécurité.

    La fin de la guerre froide a été perçue comme un tournant décisif dans l'évolution de l'ordre international. L'ONU libérée de la « paralysie du veto » reprend sa place centrale. Mais depuis l'effondrement de l'Union soviétique, l'on assiste à un nouvel ordre international qui consacre une hégémonie américain. Au lendemain de la guerre froide, l'ONU assume le rôle d'acteur principal de la sécurité internationale et intervient à tous les niveaux. Ses opérations sont très diversifiées allant du maintien de la paix au rétablissement de la paix, assistance humanitaire. En 1998, les forces de l'ONU pour le maintien de la paix reçoivent le Prix Nobel de la Paix pou leur action.

    Le conflit actuel au Darfour a permis de mettre en relief les limites de l'action onusienne. Accusés par Khartoum de n'être qu'une couverture pour que les puissances occidentales s'emparent du pétrole soudanais, il a fallu attendre 5 ans après l'éclatement du conflit pour que la résolution 1703 (qui prévoit le déploiement d'une force d'interposition mixte de l'UA et de l'ONU) soit acceptée par le gouvernement de Béchir. Jan Pronk, ancien représentant spéciale du secrétaire générale de l'ONU expulsée du Soudan en 2006 pour avoir critiqué l'armée soudanaise a révélé sur son blog que « De hauts responsables du gouvernement soudanais m'ont plus d'une fois déclaré avoir comparé les risques que présentait pour eux le fait d'obtempérer aux adjurations du Conseil de sécurité avec les risques que présentait le fait de refuser. Ne pas obéir impliquait de risquer la confrontation avec la communauté internationale. Mais obéir représentait un autre risque, celui de voir monter en puissance l'opposition intérieure, avec le danger de perdre le pouvoir. Ils m'ont dit avoir examiné ces risques et en avoir conclu que ceux qu'ils auraient courus du fait d'obtempérer étaient beaucoup plus grands que ceux qu'ils prenaient en refusant. » Et M. Pronk de conclure : « Ils avaient raison. »62(*)

    L'ONU rencontre également le problème d'insuffisance en nombre des Casques bleues mis à sa disposition par les Etats. Le gouvernement soudanais a après des séries négociations a accepté qu'une Force de maintien de la paix (26000 hommes) soit déployé sur le terrain. Mais depuis septembre 2007, cette force qui devrait compter vingt-six milles hommes ne que compte neuf mille hommes. Aussi la force ne dispose pas de tous les moyens nécessaires pour se défendre et défendre leur mandat. Les soldats n'ont pas le droit de porter des armes et ne peuvent donc que se contenter de recenser les tueries.

    Le Conseil de sécurité conformément aux dispositions du chapitre VII de la Charte des Nations Unies par la résolution 1953 adoptée 31 Mars 2005, a décidé de déférer au procureur de la Cour pénale internationale63(*) la situation au Darfour. La Cour Pénale Internationale est une institution compétente pour juger des crimes les plus graves commis après le 1er juillet 2002, à savoir les crimes de génocides, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. La CPI n'est qu'un organe complémentaire des tribunaux nationaux et donc elle n'est compétente que lorsque ceux-ci n'ont pas la volonté ou sont dans l'incapacité de mener à bien les enquêtes ou les poursuites. Aussi le Statut de Rome (acte constitutif de la Cour) permet dans son article 13(b) au Conseil de sécurité de saisir la Cour dans une situation où un ou plusieurs de ces crimes paraissent avoir été commis, même lorsque le pays concerné n'est pas signataire du Statut.

    Après avoir conclu à l'absence de génocide, la Commission d'enquête de l'ONU présidée par le professeur italien Antonio Cassese ajoute que cela n'enlève rien à la gravité des crimes commis au Darfour, qui peuvent être tout aussi graves et abominables que le crime de génocide. La Cour pénale dispose ainsi d'une liste non exhaustive de 51 éventuels suspects, composée, entre autres, de membres des milices et des groupes rebelles, de fonctionnaires soudanais et de certains officiers de forces armées étrangères ayant agi à titre individuel établi par la Commission d'enquête. Cependant, la Cour décide de ne pas rendre publique la liste, notamment pour protéger les témoins d'éventuelles tentatives d'intimidation.

    CHAPITRE II : LE PROCESSUS DE RESOLUTION PACIFIQUE DU CONFLIT ET SES ENTRAVES.

    Lorsque la guerre surgit dans l'actualité en 2003, l'attention de La communauté internationale était sur le Sud-Soudan. Les initiatives internationales au Darfour se sont vues ainsi limitées par l'espoir de parvenir à la paix dans l'interminable guerre Nord-Sud. Aujourd'hui la communauté internationale voulant se rattraper multiplie les efforts pour éviter le pire. Comme le souligne R. Marchal64(*) « La célébration du dixième anniversaire du génocide rwandais et le désir des plus hauts responsables internationaux de ne pas être une fois de plus pointés du doigt pour leur silence incitaient à de fortes déclarations. »

    Ce chapitre est ainsi destiné à étudier l'itinéraire des efforts de résolution pacifique du conflit du conflit au Darfour avec l'Union Africaine et l'Organisations de Nations Unies comme les institutions principales et intermédiaires. Egalement notre chapitre s'efforcera d'illuminer les conséquences transfrontalières du conflit.

    Cependant il convient de souligner que la résolution d'un conflit aussi complexe celui-ci nécessite une action ferme et cohérent de la société international. Or le processus de paix peut être « pris en otage » par les intérêts économico-politiques de grandes puissances. La structure internationale mise en place par la société internationale se trouve souvent malheureusement victimes des enjeux économiques et stratégiques qu'entourent les conflits. En dehors de ces enjeux extérieurs, la mise en place d'un processus efficace de résolution des différends au Darfour peut aussi être freinée par le manque de volonté de parties impliquées. Toutes ces entraves au processus de paix seront exposées en détail au cours de notre chapitre.

    A. LES ENJEUX REGIONAUX ET LE PROCESSUS DE PAIX

    Seraient illuminées ici les conséquences humanitaires que peut entrainer le drame actuel au Darfour sur les pays voisins sinon toute la région orientale de l'Afrique. Couplé avec les crises politiques que traversent le Tchad et le Kenya, le conflit territorial qu'affronte l'Ethiopie à l'Erythrée depuis des décennies, le conflit au Darfour pourrait facilement déstabiliser toute la région, la plongeant dans une crise humanitaire et économique. Nous allons donc parler des enjeux régionaux du conflit et le rôle joué par les pays voisins dans la mise place d'une solution durable et efficace.

    1. LES ENJEUX REGIONAUX.

    Les répercussions de la crise humanitaire provoquées par le conflit au Darfour commencent déjà à se faire ressentir au-delà des limites frontières. Le « corne de l'Afrique » qui est l'une de régions les plus instables du monde risque d'être déstabilisés. Le Tchad pays-voisin demeure le plus touché. Il sert d'abris aujourd'hui à environ trois cent milles réfugiés.

    Les Etats voisins conscient des effets importants que peut incités le conflit se sont dès l'éclatement du conflit investis pour trouver une solution pacifique au conflit. On retrouve ainsi le Tchad l'une de pièces maitresse du jeu, dans la mesure où le président tchadien est les rebelles Zaghawas sont fidèles au président. Rappelons-nous que le président Déby est arrivé au pouvoir grâce à une insurrection armée fomentée dans le Darfour avec le soutien des autres Zaghawas soudanais à l'image d'Abdallah Abakar désormais chef militaire de l'Armé de Libération Soudanais. Vu son rôle dans la conclusion de l'accord de paix signé dans la capitale nigérienne deux jours après sa réélection en Mai 2006, le président tchadien se dégage comme l'un de personnage les plus impliqué dans le processus de paix.

    Le président libyen Mouammar Kadhafi détenteur lui aussi d'une influence majeure dans la région orientale sinon toute l'Afrique n'a pas depuis le début du conflit cessé d'affirmer sa volonté de voir une solution pacifique au conflit. Selon Marchal, « La Libye, dans le conflit au Darfour, a deux priorités. La première est d'éviter la présence de troupes étrangères à ses frontières. Malgré la normalisation diplomatique avec le Royaume-Uni et les États-Unis, patente depuis le début 2004, le dirigeant libyen reste obsédé par la possibilité d'une tentative d'assassinat contre sa personne, à l'instar du bombardement de 1986. La seconde est d'apparaître comme la seule puissance régionale en devenir et d'être incontournable dans la quête d'une solution au conflit. »

    2. LES ACCORDS DE LA PAIX ET LE DESARMEMENT DES FACTIONS

    Depuis le déclenchement du conflit, la pression internationale a été très forte pour la résolution du conflit. L'optimisme que le dixième anniversaire du génocide suscite, rappelle indéniablement à la communauté internationale la besogne considérable à accomplir au Darfour. Des mécanismes de résolution et d'endiguement du drame humanitaire ont été ainsi mises en place avec des succès relatifs. Il convient à ce titre de rappeler l'existence d'une multitude des résolutions votées par le Conseil de sécurité et des accords de paix négociés entre les parties impliqués.

    C'est sous le patronage du Tchad dans son capitale N'djamena et de l'Union Africaine que le premier cessez-le-feu a été négocié. Ce cessez-le-feu donne lieu a un accord humanitaire entre le gouvernement Soudanais et les rebelles notamment le JEM et SLM et prévoit le déploiement d'une force par l'Union Africaine. En vertu de l'accord les belligérants se sont engagés à cesser les hostilités pour une durée de 45 jours renouvelables, à assurer l'accès de l'aide humanitaire aux populations, la libération des prisonniers politiques et le désarmement des milices armées. La Force de l'Union Africaine (AMIS) se voir octroyer un mandat de surveiller et observer le respect de l'accord humanitaire signé le 8 avril 2004 et aussi à collaborer au renforcement de la situation sécuritaire sur l'ensemble du Darfour. Une Mission qui s'avèrera très tôt quasi-impossible vu les spécificités géographique de la région du Darfour. Force est cependant de constater que cet accord n'a pas été respecté. De ce fait la situation s'est détériorée rapidement, le Darfour s'est ainsi enlisé de nouveau dans la violence et le crime. La libre prestation de l'aide humanitaire aux populations dans le besoin est considérablement ralentie par l'Etat d'insécurité.

    Pour remplacer l'accord de N'djamena qui s'est avéré très peu contraignant, un accord de paix est signé dans la capitale nigérienne le 5 mai 2006. Cet accord conclus sous la pression de l'occident n'est toutefois signé que par une faction rebelle. Ce rejet du texte élaboré après plusieurs mois de négociations par les forces rebelles est une expression des limites de l'accord. Les factions rebelles non signataires de l'accord ont estimé que l'accord ne prévoyait pas de mécanismes de contrôle suffisants pour le désarmement des milices Janjawids. Le déploiement d'une force internationale de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU n'est non plus mentionné par l'accord. L'échec de l'accord d'Abuja ne sera pas sans conséquence car celui-ci va relancer le conflit et les violences. Aujourd'hui à l'appel du président libyen Mouammar Kadhafi des négociations sont en cours en Syrte (Libye). Le souci d'éviter les questions qui ont été à l'origine de l'échec de l'accord d'Abuja se trouve ainsi au coeur du nouveau processus de négociation.

    En dehors de ces accords de paix, le Conseil de sécurité a voté un ensemble de résolutions destinés à réduire la portée des répercussions humanitaires du conflit. On peut citer à ce titre la résolution 1556 qui décide un embargo sur les armes à destination du Soudan. Selon la résolution « tous les États [devaient] prendre les mesures nécessaires pour empêcher la vente ou la fourniture [d'armes et de matériel connexe] à tous individus et entités non gouvernementales y compris les Janjawids, opérant dans les États du Darfour Nord, du Darfour Sud et du Darfour Ouest » Le Conseil de sécurité n'a pas toutefois, établi dans la résolution 1556, des règles détaillées pour l'entrée en application effective de l'embargo et il n'a non plus mis en place un organisme de surveillance spécifique capable de veiller au respect de l'embargo et d'enquêter sur les violations de cette mesure. De ce fait cette résolution a été constamment violé par la Chine et la Russie, qui font semblant de ne pas savoir que les autorités soudanaise participe elle aussi aux attaques.

    Le Conseil de sécurité a adopté le 18 septembre 2004, la résolution 1564. Le Conseil de sécurité remarque dans cette résolution avec préoccupation le défaut de progrès concernant la protection des civils ainsi que l'identification et la traduction en justice des milices Janjawid comme le prévoyaient la résolution 1556 du Conseil de sécurité et le communiqué commun publié en juillet 2004 par le secrétaire général des Nations unies et gouvernement soudanais. Le Conseil de sécurité condamnait fermement les violations du cessez-le-feu par les deux parties et déplorait notamment les attaques aériennes du Gouvernement soudanais et les attaques de milices Janjawids contre les villages de Hashaba, Gallab et Yassin le 26 août 2004. La formulation de la résolution, bien que vague, menaçait l'industrie pétrolière du Soudan : en effet, le conseil déclarait qu'il envisagerait «de prendre des mesures supplémentaires, telles que celles prévues à l'article 41 de la Charte des Nations unies, à l'encontre notamment du secteur pétrolier [...], au cas où le Gouvernement soudanais n'appliquerait pas pleinement les dispositions de la résolution 1556 (2004) ou de la présente résolution, notamment au cas où le Conseil déterminerait, après avoir consulté l'Union africaine, que le Gouvernement soudanais ne coopère pas pleinement au renforcement et à la prolongation de la mission d'observation de l'Union africaine dans le Darfour».

    L'Union Africaine a depuis le 23 août 2004 entamé des négociations avec les milices et les factions rebelles en vue de désarmer les milices et les rebelles et de garantie la sécurité des populations locales. 3 300 soldats ont été envoies par l'Union Africaine en octobre 2004 pour assurer la protection des travailleurs humanitaires et de maintenir la paix. Cependant les combats s'intensifient à partir de décembre 2004. La cause de cette intensification des combats est évidement la présence non voulu des soldats de l'Union Africain par les milices et le gouvernement Soudanais. Cette force militaire de l'Union Africain a été augmente en avril 2005 a 7 000 soldats. Face à la remontée de l'insécurité, la mission de l'Amis a évolué vers la protection des civils, sans en avoir ni les moyens ni le mandat. « Mal équipés, mal préparés, peu motivés, financés avec réticence et retard par les Occidentaux, en butte à la corruption de leurs chefs, les 7 000 soldats de la paix africains n'ont jamais été à la hauteur de cette mission impossible consistant à mettre fin à une guerre sans front menée par des adversaires en civil. 65(*)»

    B. LES ENTRAVES AU PROCESSUS DE RESOLUTION PACIFIQUE DU CONFLIT.

    Aujourd'hui des négociations féroces sont en cours à Syrte. Un texte de compromis (qui n'est toutefois pas sans ambigüité) établissant un ordre du jour pour de futures négociations et définissant d'emblée un cadre général de règlement politique du conflit est en plein gestation. Le rôle joué par les milices Janjawids dans l'aggravation du conflit rappelle les enjeux stratégiques du désarmement et de la démobilisation à venir.

    Il convient toutefois de souligner qu'un véritable processus de paix ne pourra être mis en place sans que le pouvoir centrale et les factions rebelles sinon toute la population du Darfour s'y impliquent. Car c'est à eux qu'il incombe, en dernier ressort, de résoudre le conflit au Darfour. Force est également de constater que les risque de dérapage du processus demeurent toujours très élevé. Même si l'action du Conseil de sécurité sinon de toute la communauté internationale n'est plus paralysée par la division du monde en deux blocs, il n'en demeure pas moins vrai que l'action onusienne continue d'être suspendue à la volonté politique des Etats membres. Les lourds enjeux économico-politiques du conflit pèsent considérablement sur le fragile processus de paix. Les ressources pétrolières suscitent la convoitise de grandes puissances à l'image de la Chine à l'image et des Etats-Unis dont les agissements dévoilent des intérêts tant économique que politique dans le conflit.

    Considérant que l'accord d'Abuja n'a jamais été appliqué et qu'il ne sert donc à rien d'aller vers un nouvel accord, les rebelles du mouvement principal, le Mouvement/ Armée de libération du Soudan (SLM/A) ont de leur par refusé d'assister aux négociations. D'autre part ces pourparlers font l'impasse sur le désarmement des milices Janjawids, préalable indispensable au retour des populations déplacées au Darfour, pourtant promis par Khartoum à Kofi Annan depuis le 3 juillet 2004. Certains estiment que le gouvernement soudanais n'a pas les moyens de désarmer les milices : « armés par le gouvernement au début du conflit pour mener la guerre à sa place, l'armée soudanaise étant occupée au Sud du pays, les Janjawids sont aujourd'hui aussi forts que cette armée, celle-ci ne pouvant de toute façon pas rivaliser avec ces cavaliers dans la steppe du Darfour. De leur côté, les Janjawids ne veulent pas être désarmés car ils craignent la vengeance des populations du Darfour »66(*)

    1. LES ENJEUX ECONOMICO-POLITIQUES DU CONFLIT

    Les grandes puissances occidentales notamment la Chine et les Etats Unies n'ont pas cachées leur intérêts dans la région du Darfour ou se déroule le conflit. Cet investissement international des grandes puissances dans le conflit freine sans doute la résolution du conflit.

    La France fut l'un de premiers pays occidentaux à acquérir les droits d'exploration et d'exploitation des ressources pétroliers. En 1980, des sondages sismiques effectués par des ingénieurs français révélèrent que le pays possède un potentiel considérable pour la production de pétrole. Le Soudan détient à l'heure actuelle, les plus vastes ressources de pétrole inexploitées d'Afrique, plus vastes même que les fameuses réserves du Golfe de Guinée. Les exportations de pétrole représentent désormais 75% du produit intérieur brut du Soudan. En 1985, la France fut cependant contrainte de suspendre ses activités dans le pays en raison notamment de la guerre (Anyanya I et II) qui faisait rage entre les forces armées soudanaises et l'Armée de Libération du Peuple Soudanais (APLS). La France a été longtemps pendant le soutien principal du Soudan, lui fournissant armes, avions et renseignements militaires dans la guerre contre les forces insurgés du Sud. En 1994, Pour remercier Khartoum de l'arrestation, les Français avaient fourni des images satellites sur les bases des insurgés sud-soudanais.

    Les ressources pétrolières trouvées au Soudan étaient exploités par les Américains dont l'entreprise Chevron a développé en 1979 le pétrole au Soudan. Cette ressource pétrolière a déclenché la seconde guerre mondiale du Soudan en 1983. Chevron fut donc la cible des attaques et de massacres répètes et suspendit le projet en 1984. Après y avoir investi 1,5 milliards, le groupe américain Chevron s'est retiré du Soudan en 1985. En 1997, l'administration de Clinton prit des sanctions économiques rendant illégales les investissements américains au Soudan. Les compagnies américaines ont de ce fait dû quitter le Soudan avant que le véritable potentiel pétrolier du pays ne soit connu. Chevron vendit donc en 1992 ses concessions de pétrole Soudanais. C'est ainsi que la Chine a pu prendre le rôle de développeur des champs abandonnés de Chevron en 1999 avec des résultats notables.

    Dès lors, la production de pétrole soudanais a atteint 500 000 barils par jour, contre 270 000 en 2003, et pourrait bien atteindre 750 000 barils par jour en 2006. Au demeurant, les profits pétroliers reviennent aux rivaux des Etats-Unis, et en particulier à la Chine.

    L'apparition progressive de la Chine comme puissance majeure sur le plateau mondiale constitue une gêne directe aux intérêts de l'impérialisme américain sinon occidental. Depuis 2003, la Chine qui a dépassé le Japon en tant que second plus grand importateur du monde pétrolier après les Etats Unies, importe environ 6.5 millions de barils d'or noir par jour. La demande chinoise de « l'or noir » a ainsi augmenté de 40% par rapport à l'année précédente. Au niveau international, la Chine travail sur environ cinquante projets pétroliers et pétrochimique dont la plupart se trouve en Afrique. La Chine pour consolider sa position en Afrique distribue les prêts souples, sans intérêts ou droits de concession à certains des Pays débiteurs les plus pauvres de l'Afrique.

    Avec, environ, 5milliards de dollars dans les gisements de pétrole l'entreprise Chinoise The China National Petrolieum Company (CNPC) demeure le plus grand investisseur au Soudan. Le pétrole soudanais représente aujourd'hui 8% de l'importation chinoise du pétrole. Ne peut on ainsi arguer que c'est cette ascension économique des Chinoise embête dramatiquement les Etats Unies et donc ce dernier cherche à ne pas perdre sa position comme le plus puissant pays économiques dans le monde ? Le Soudan est indiscutablement devenu un autre terrain de jeu pour les deux pays où ils sont tous prêts à employer toutes les moyens nécessaires (même au mépris de l'humanité) pour gagner.

    La Chine conscient des répercussions importantes que peut avoir une intervention militaire dans le conflit au Darfour, préconise une solution diplomatique au Darfour. Elle a ainsi à plusieurs reprises utilisé son droit de veto aux résolutions de l'ONU. La politique étrangère américaine repose sur le principe suivant « l'Amérique n'a pas d'amis, elle n'a que des intérêts ». Si aujourd'hui, les hauts responsables américaines s'investissent au Soudan, à l'image de Colin Powell, secrétaire d'état américain, (qui accuse les autorités soudanaise des actes de génocide) ceci ne peut s'expliquer que par les richesses pétrolières dont dispose le pays. Le plan d'action américaine est ainsi dévoilé ; dénoncer les violations massives de droits de l'homme, qualifier le conflit de génocide, lancer une campagne de relations publique pour légitimer une éventuelle intervention militaire. Qui dit intervention militaire dit renversement du gouvernement en place et l'instauration d'un régime favorable aux intérêts américains.

    2. LE MANQUE DE VOLONTE DES PARTIES IMPLIQUEES.

    « Le gouvernement soudanais répète qu'il prend des mesures importantes mais les atrocités ininterrompues au Darfour prouvent que les affirmations de Khartoum ne sont tout simplement pas crédibles. Si le gouvernement voulait sérieusement protéger les civils, il accueillerait favorablement un renforcement de la présence internationale. » Tels sont les propos de Peter Takirambudde (Directeur Exécutif, Division Afrique de Human Rights Watch). Le gouvernement Soudanais a été ouvertement critiqué par la communauté internationale par son manque de volonté de coopérer avec les institutions humanitaire et aussi par son attitude de mépris vers les décisions et résolutions prises par le conseil de sécurité de l'ONU. Khartoum justifie cette attitude par le risque de voir son autorité et influence sur le terrain diminuer.

    En réponse à la demande du Conseil de Sécurité d'assurer le désarmement des milices janjawids, le gouvernement d'Omar el Béchir est accusé de plutôt les incorporer au sein d'unités officielles de sécurité de l'Etat telles que la police ou dans des forces semi régulières à l'image des Forces populaires de défense. En septembre 2004, le Conseil de sécurité vote la résolution 1564 qui menace le Soudan des sanctions pétroliers s'il n'encourage pas la promotion de la sécurité au Darfour. C'est ainsi que le ministre des affaires étrangères soudanais Moustafa Osmane Ismail fait savoir que son gouvernement rejetait cette nouvelle. Dans un autre temps, il fallu plusieurs mois des négociations pour que la résolution 1706 du conseil de sécurité de l'ONU pour renforcer les forces de l'UA par les Casques bleus au Darfour soit accepté par le gouvernement Soudanais. Cette résolution devrait faire augmenter les forces de maintien de la paix au vingt-six milles soldats. Le déploiement des Casques bleus sur le territoire du Darfour a également été pour longtemps bloqué par le gouvernement Soudanais.

    Le gouvernement est également accusé de non seulement vouloir empêcher la couverture médiatique du conflit mais aussi d'intimidation des journalistes qui à se rendent au Darfour. Ces derniers sont obligés de passer par le Tchad pour se rendre au Darfour, du fait que, le gouvernement soudanais limite le nombre des visas alloué aux journalistes. Ainsi plusieurs d'entre eux ont été arrêtés pour l'espionnage.

    La commission d'enquête présidée par le professeur italien Antonio Cassese a depuis Janvier 2005 rendu public les noms de deux personnages au Darfour dont elle accuse d'avoir commis des crimes contre l'humanité. Il s'agit d'Ahmed Haroun, le secrétaire d'état soudanais et Ali Kosheib qui s'est autoproclamé « commandant des milices ». Mais, il convient de noter que ces hommes sont toujours libres.

    Les factions rebelles sont aussi quelque part responsables de la lenteur des pourparlers entamés depuis l'année dernière à Syrte, Libye. Ces derniers ne voulant pas reprendre les négociations tant que les individus accusés des crimes contre l'humanité n'étaient déférés à la Cour Pénale Internationale. On a eu beau leur dire que d'habitude la paix passe avant la justice, leur détermination semble inébranlable.

    CONCLUSION

    Au lendemain de l'arrivé au pouvoir de Mikael Gorbatchev, le monde se laisse séduire par le perspective d'un « nouvel ordre international », un ordre où, la souffrance de l'autre est l'affaire de soi. Le règlement de certains conflits régionaux à l'image du conflit Irak-Iran et le retrait de forces soviétiques de l'Afghanistan fait naitre dans la foulée, l'idée d'un monde où la confrontation se laisse substituer par la coopération fait rêver tout le monde. Néanmoins les années passent et les controverses se multiplient. Le monde se rend très vite que le « devoir d'ingérence » présenté au départ comme la matérialisation d'une démarche novatrice et bénéfique, n'est en fait qu'un outil juridique destiné à donner une légitimité aux caprices de l'oncle Sam.

    Tous les jours dans les coins du monde se commettent des actes de barbarie mais qu'aucun entité étatique ne songe à faire cesser parce que tous simplement aucun Etat n'a intérêt de les faire cesser. Seuls les conflits qui présentent des enjeux économiques et/ou politiques peuvent ainsi forcer l'implication de puissances qui seraient restés neutres sinon. Le verdict est sans ambigüité « sur la scène internationale il n'y a pas une politique de bienfaisance ».

    Aujourd'hui la situation au Darfour n'est guère différente. Le Soudan exporte depuis quelques années le pétrole. La dépendance des Etats envers ce produit est telle qu'une difficulté d'approvisionnement peut en soi justifier une intervention armée. Le pétrole est une donnée prioritaire pour les stratèges géopolitiques. Comme l'observe M. Bakhtiari67(*) « le pétrole brut est le domino maître ; s'il dégringole, tous les autres dominos tombent. » Le Darfour servant d'arène, la lutte pour le contrôle des gisements de pétrole est en plein marche avec la Chine et les Etats-Unis en rôle des gladiateurs. Ainsi le processus de paix devant apaiser la situation est plus que jamais bloqué.

    Depuis quelques années, les Etats-Unis remplacent la politique de « diplomatie active » qu'ils menaient auparavant par des opérations militaires de manière à occuper une position favorable dans les zones riches en ressources pétrolières. En 2003, l'invasion de l'Irak qui possède les troisièmes réserves pétroliers du monde quelques lui permet d'acquerir un droit de regard sur les pays environs. Cette invasion qui s'est faite sans l'aval du conseil de sécurité est également porteuse d'un message symbolique. Elle rappelle au monde que « « l'arbitraire n'est qu'une expression de l'hégémonie américain intangible ».

    Mais le conflit actuel au Darfour pourra-t-il cesser tant que Washington maintiendra ses buts de guerre, c'est-à-dire, s'accaparer de tous les zones riches pétroles coute que coute ? Si ce préalable était levé, la reconstruction du Darfour sur des bases rénovées pourrait être effectuée en s'appuyant sur les ressources naturelles et humaines locales. Cependant, force est de constater que le plus grand défi au coeur de la situation actuelle pour les Darfouriens est de vivre ensemble entre eux, dès lors que la guerre aura pris fin.

    LISTE D'ABBREVIATIONS

    AMIS. African Union Mission in Sudan.

    APLS. Armée Populaire de Libération du Soudan.

    CIJ. Cour Internationale de Justice.

    CPI. Cour Pénale Internationale

    IGAD. Intergovernmental Authority for Development.

    JEM. Justice and Equality Movement.

    M/ALS. Mouvement/Armée de Libération du Soudan.

    MINUAD. Mission Internationale des Nations Unies Au Darfour.

    ONU. Organisation des Nations Unies.

    OTAN. Organisation du Traite de l'Atlantique Nord.

    OUA. Organisation de l'Unité Africaine

    SLA. Sudan Liberation Army.

    SPLA. Sudan People Liberation Army.

    SPLM. Sudan People Liberation Movement.

    SSLM. Southern Sudan Liberation Movement.

    UA. Union Africaine.

    UNEP. United Nations Environmental Program.

    LISTE DES TABLEAUX

    La répartition régionale des postes ministériels de 1954 à 1964 ....................... Page 17

    La répartition régionale des postes ministériels de 1964 à 1969..........................Page 18

    La répartition régionale des postes ministériels de 1969 à 1985..........................Page 18

    La Population soudanaise en 1986 ............................................................Page 19

    La Population soudanaise en 1993............................................................Page 19

    Tableau démontrant quelques initiatives de développement entrepris par le gouvernement de Béchir dans la région du Darfour depuis 1989 .............................................Page 20

    * 1 La Conférence afro-asiatique a discuté des problèmes des peuples dépendants et du colonialisme et des maux résultant de la soumission des peuples à l'assujettissement de l'étranger, à leur domination et à leur exploitation par ce dernier. La Conférence est d'accord :

    1. Pour déclarer que le colonialisme dans toutes ses manifestations, est un mal auquel il doit être mis fin rapidement ;

    2. Pour déclarer que la question des peuples soumis à l'assujettissement de l'étranger, à sa domination et à son exploitation constitue une négation des droits fondamentaux, de l'homme, est contraire à la charte des Nations Unies et empêche de favoriser la paix et la coopération mondiales ;

    3. Pour déclarer qu'elle appuie la cause de la liberté et de l'indépendance de ces peuples ;

    4. Et pour faire appel aux puissances intéressées pour qu'elles accordent la liberté et l'indépendance à ces peuples. [...]

    * 2 Soudan, en arabe As Sûdân, pays d'Afrique orientale. Sa capitale est Khartoum.Le Soudan donne sur la mer Rouge ; le pays est bordé au nord par l'Égypte, à l'est par l'Érythrée et l'Éthiopie, au sud par le Kenya, l'Ouganda et la République démocratique du Congo, et à l'ouest par la République centrafricaine, le Tchad et la Libye. Il est traversé du nord au sud par la vallée du Nil. Le Soudan tire son nom de l'expression arabe « Bilad al-Sudan », utilisée autrefois pour désigner l'ensemble des pays de l'Afrique noire subsaharienne. Cependant, si sa partie septentrionale appartient, par la langue et la religion, au monde arabo-musulman, sa partie méridionale, animiste et chrétienne, est ancrée dans le domaine sub-saharien. Ce clivage géographique, associé à une domination politique s'exerçant au détriment des populations du Sud, a largement contribué au déclenchement de la guerre civile qui déchire le Soudan de manière quasi ininterrompue depuis l'indépendance acquise en 1956. L'arrivée des islamistes au pouvoir (en 1989) a ravivé la poursuite des combats.

    * 3 Voir DIKA Pierre-Paul. La crise du Darfour ou la faillite de l'Etat post-colonial soudanais. Disponible sur < http://www.institutidrp.org> consulté le 15.03.2008

    * 4 Une mutinerie menée par des officiers éclatera, pour finalement devenir une véritable une guerre civile de 17 ans (1955-1972), la première que connaîtra ce pays avec le Sud. Des élections eurent lieu en avril 1965 mais les gouvernements successifs furent incapables de se mettre d'accord sur une constitution permanente ou de résoudre les problèmes de la lutte entre factions, de la stagnation économique et de la dissidence ethnique et plusieurs coups d'état se succédèrent : en mai 1969 avec le colonel Nimeiri qui déjà, supprima le Parlement et interdit tous les partis politiques ; en juillet 1971 avec des marxistes de la coalition militaire au pouvoir qui renversèrent Nimeiri, qui fini par être restauré quelques jours plus tard par des troupes anti-communistes.

    * 5 Apres avoir traversé une guerre civile de 17ans affrontant le pouvoir central au mouvement sudiste dirigé par Joseph LAGU, un accord de paix signé à Addis-Abeba va reconnaitre un certain degré d'autonomie sur le plan politique et religieuse aux populations du sud (qui est majoritairement animiste. Voir MARCHAL Roland. Le soudan d'un conflit a un autre. L e s É t u d e s d u C E R I N° 107-108 - septembre 2004 Disponible sur <http://www.ceri-sciences-po.org> Consulté le 13.03.08

    * 6 Michelet, Jules (1798-1874), historien français, spécialiste de la Révolution française. Né à Paris dans une famille d'imprimeurs, il manifesta rapidement des capacités remarquables d'historien qui le conduisirent en 1838 au Collège de France. Ses cours y firent rapidement scandale par leur anticléricalisme et leur libéralisme affiché, et furent à plusieurs reprises suspendus. Historien universel (Histoire de France, 1833-1846), Michelet consacra cependant à la Révolution française ses travaux les plus importants (1847-1853).

    * 7 Voir TAR A Usman. Old conflict, new emergency: An Analysis of Darfur crises, Western Sudan. Nordic Journal of African Studies 15(3): page 413, 2006

    * 8 HOILE David. Darfur in perspective. Disponible sur << http://darfurinformation.com/darfur-in-perspective/default.asp>> Format PDF. p. 6, Consulté le 15.03.2008

    * 9 «  Une guerre meurtrière avait opposé, en 1985-1988, les Fours aux tribus arabes lancées à l'assaut de leurs villages, sur fond d'allées et venues entre le Tchad et le Darfour, d'interventions de la Légion islamique libyenne et de jeux de pouvoir du parti Oumma de M. Sadeq El Mahdi. Elle avait pu sembler un moment de paroxysme, lié à la période de sécheresse. Avec le recul, elle apparaît comme une prémisse. Les Arabes Rezeigats du Sud y avaient obtenu confirmation d'un « dar » (pays) à eux dans la région d'Ed Duein, mais l'impression de trêve, plutôt que de paix, prévalait lors de la « conférence de paix » en novembre 1989.L'instauration d'un régime militaro-islamiste au Soudan, en 1989, ne régla pas le problème de l'insécurité. Au contraire, la bienveillance plus marquée des autorités envers les « tribus arabes » encouragea les plus belliqueuses d'entre elles. Plusieurs des leurs figuraient parmi les dignitaires du nouveau régime. Il y eut tout au long des années 1990 plusieurs guerres locales, le plus souvent ignorées à l'étranger : en 1990, entre Fours en faveur de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) du colonel John Garang et l'armée soutenue par les « Arabes » benis halbas. En 1996, dans le sud, entre Rezeigats et Zaghawas. En 1997-1999, dans l'Ouest, entre paysans massalits et arabes um julluls. Le plus souvent, l'initiative des hostilités revient aux tribus « arabes » » Voir PENINOU Jean-Louis. Désolation au Darfour. Le Monde Diplomatique. Edition imprimée -pages 16 et 17.mai 2004

    * 10 Tar, op.cit., p.415

    * 11 Ibid. p. 415

    * 12 Voir SOUDAN Qui arme les auteurs de graves violations au Darfour ? Publié le 16.11.2007. Disponible sur << http://www.amnesty.org/fr/library >>

    * 13 Le parti communiste Soudanais etait le plus puissant parti communiste d'Afrique

    * 14 Hassan Al- Tom, Il ne faut pas trop vite se réjouir. Disponible sur<< www.vigilsd.org>> Format PDF. Edition no 129 Mars /Avril 2005. Consulté le 15.03.2008

    * 15 Id.

    * 16Trois problèmes sont traités en détail par l'accord. La liberté de culte existe dans tout le Soudan, et toutes les libertés bafouées par Khartoum sont citées dans une liste interminable, sans dire bien sûr qu'elles furent bafouées. L'autonomie du Sud est établie dès la conclusion de l'accord de paix. Un référendum d'autodétermination du Sud sera tenu 6 ans 1/2 après la signature de l'accord de paix. Ce référendum donnera le choix entre l'unité, avec la continuation indéfinie du système d'autonomie du Sud, et l'indépendance. Des principes sont émis, la charia dans le Nord [les gens du Nord ont beaucoup dit que cela ne regardait pas les Sudistes qui l'ont signé..] ;

    L'ALPS fera tout son possible pour que le référendum soit favorable à l'unité.

    * 17NANGA Jean, Les enjeux du conflit meurtrier .Voir http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=1865.

    Publié le 15 novembre 2004. Consulté le 15.03.2008

    * 18Voir Wikipédia l'encyclopédie libre. Guerre civile au Darfour. Disponible sur «  http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_au_Darfour ». Consulté le 15.03.2008

    * 19 Évidemment disponible sur le site Internet du MEJ, http://www.sudanjem.com/.Format PDF .Consulté le 03.05.2008

    * 20 Les auteurs qui s'auto désignent <<des chercheurs en quête de la vérité et de la justice>> demeurent toujours inconnus.

    * 21 Le livre contient au total 200 tableaux dénonçant la main mise sur l'Etat et la politique soudanaise de trois grandes tribus du nord du Soudan, Cheiquir, Djaalin et Danagla.

    * 22 Voir HOILE David. Darfur in perspective. Disponible sur << http://darfurinformation.com/darfur-in-perspective/default.asp>> Format PDF. p. 6, Consulté le 15.03.2008

    * 23 Disponible sur « http://sudanreport.unep.ch/UNEP_Sudan.pdf »

    * 24 L'évaluation du programme des nations unies pour l'environnement, qui a été demandée par le nouveau gouvernement d'union nationale et le gouvernement du Sud-Soudan et réalisée en collaboration avec eux, fait un grand nombre de recommandations diverses. Parmi celles-ci figurent l'investissement dans la gestion environnementale, y compris des mesures d'adaptation au climat ; le renforcement des capacités des gouvernements national et local dans le domaine de l'environnement et l'intégration des facteurs environnementaux dans tous les projets d'aide et de développement des Nations Unies.  », constate l'étude du PNUE. Voir La crise du Darfour est aussi une crise environnementale. Disponible sur  http://www.fmes-france.net/article.php3?id_article=694. Consulté le 15.03.2008

    * 25 LAVERGNE Marc Darfour : éléments pour l'analyse d'une guerre civile en milieu sahélien. Disponible sur http://www.marc-lavergne.com/travaux/caf/darfour%20Afrique%20contemporaine.pdf. Consulté le 15.03.2008

    * 26 Id.

    * 27 Cet accord signé deux jours après l'élection du président Tchadien adopté d'ailleurs à l'initiative de ce dernier sera sans lendemain en raison du boycott des négociations par les forces rebelles à l'exception de la fraction dirigé par Minni Minnawi.

    * 28 À noter que l'ALS est la branche armée du MLS. Ces combattants, généralement très jeunes, forment une troupe réputée pour être extrêmement disciplinée. Cette armée est aujourd'hui estimée à environ 10 000 hommes. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/ Armée_de_libération_du_Soudan.htm. Consulté le 19.05.2008

    * 29 Pour aller plus loin voir l'article intitulé Les Protagonistes du conflit. Disponible sur « http://www.monde-diplomatique.fr// Les protagonistes du conflit (Le Monde diplomatique).htm » Consulté le 15.03.2008

    * 30 « Hassan Abdallah al-Tourabi (en arabe ÍÓä ÚÈÏ Çááå ÇáÊÑÇÈí) né en 1932 à Kassala est un homme politique et religieux soudanais.. Al-Tourabi nait à Kassala à la frontière avec l'Érythrée en 1932. Son père est un cheikh soufi. Ancien chef des Frères musulmans soudanais, il prêche un panarabisme islamique en symbiose militante avec tous les mouvements islamistes du monde arabe, mais aussi non arabe. Le général Omar el-Béchir arrive au pouvoir par un coup d'État en 1989 et est fortement sous l'influence d'al-Tourabi. Il est élu président du parlement soudanais en 1995. En décembre 1999, il essaie d'évincer le général Omar el-Béchir du pouvoir mais sa tentative échoue et le parlement est dissout. En mars 2004, el-Béchir emprisonne al-Tourabi pour tentative de coup d'État datant de septembre 2003. Le 30 juin 2005, le président Omar el-Béchir, pour fêter le 16e anniversaire de son arrivée au pouvoir par un coup d'État, libère tous les prisonniers politiques soudanais, y compris al-Tourabi. En 2006, al-Tourabi est accusé d'apostasie pour avoir écrit dans un article que les femmes musulmanes devraient avoir le droit de se marier avec des chrétiens ou des juifs et qualifiant les avis religieux s'y opposant de "rétrogrades". Il s'est également déclaré favorable à l'organisation de prière non séparé entre hommes et femmes. Il a réitéré ses propos à l'université de Khartoum, qualifiant ses opposants traditionalistes de défendre des idées "périmées". » Voir  http://fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_al-Tourabi.htm Consulté le 19.05.2008

    * 31 Les frères musulmans est une organisation panislamiste ayant une vision d'instaurer un grand état islamique fondé sur la charia et basée sur la sunna. Le mot d'ordre de l'organisation est : « Allah est notre objectif. Le prophète Mahomet est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad -guerre 'juste', appelé improprement guerre sainte- est notre voie. Mourir dans les voies d'Allah est notre plus grand espoir ».

    * 32 Voir l'article Les Protagonistes du conflit. Disponible sur « http://www.monde-diplomatique.fr// Les protagonistes du conflit (Le Monde diplomatique).htm » Consulté le 15.03.2008

    * 33 Khartoum rejette le terme janjaweeds et emploi d'avantage le terme « mujahedeens »

    * 34 Au printemps 2004, les Etats-Unis sont en campagne électorale : John Kerry, le candidat démocrate, dénonce la passivité de son concurrent, George W. Bush, au sujet du Darfour, pour mieux l'opposer à la désastreuse guerre menée en Irak., Durant la campagne électorale française(2007), Urgence Darfour (une Ong) est même parvenu à faire signer à des candidats à la présidence - dont Bayrou et Ségolène Royal - une déclaration dans laquelle ils promettaient, une fois à la présidence, de boycotter les jeux olympiques de Pékin en 2008, si la Chine « continuait à refuser de forcer le gouvernement soudanais à mettre un terme au génocide ».

    * 35 Des acteurs comme George Clooney, Mia Farrow, Don Cheadle (l'héro du film « hotel Rwanda »,) ont essayé à travers des nombreuses discours publique d'attirer l'attention de la communauté internationale et surtout celle de la population américain à la détresse des Darfouriens.

    * 36 Hassan Al- Tom, Il ne faut pas trop vite se réjouir. Disponible sur<< www.vigilsd.org>> Format PDF. Edition no 129 Mars /Avril 2005. Consulté le 15.03.2008

    * 37 Il convient de signaler que le Soudan a non seulement signé la convention de Genève mais l'a également ratifié.

    * 38 LAVERGNE Marc. «http://www.marc-lavergne.com/travaux/caf/darfour%20Afrique%20contemporaine.pdf.»

    Consulté le 15.03.2008

    * 39 C'est la définition donnée par la Convention de 1951 relative au Statut des Réfugiés (Convention sur les réfugiés).

    * 40 6 DECEMBRE 2007. Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, John Holmes dénonce, devant le Conseil de sécurité, la détérioration des conditions de travail des 13'000 travailleurs

    humanitaires qui opèrent au Darfour pour venir en aide à quelque 4,2 millions de personnes touchées par le conflit, dont 2,4 millions de personnes déplacées.

    * 41 Pour tout le Soudan y compris le Sud, les Nations unies avait reçu 25 millions de dollars sur les 500 000millions nécessaires

    * 42 Les Janjawids ont récemment menacé de s'en prendre au personnel des Ongs. Ainsi, les Ongs Oxfam et Save the Children ont quitté le Darfour pour des raisons de sécurité...

    * 43 Le journal marocain Journal Hebdomadaire a publié les caricatures de Mahomet, dans son édition numéro 242 du 11 au 16 février. Le Journal Hebdomadaire a reproduit les caricatures barrées de Mahomet et qualifié de rétrogrades certaines réactions qui se sont élevées contre la publication de ces dessins. Cette publication a suscité la colère de partis politiques et d'associations islamistes (Parti de l'Indépendance, Parti de la Justice et du développement, l'Union constitutionnelle, Le Club de la presse nationale, le Jamaat Al Adl wal Ihssan) qui ont manifesté le 14 février 2006 en réclamant l'arrestation des journalistes.

    * 44 Le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad aussi va en réplique aux caricatures de Mahomet prononcer un discours dans la foulé visant à ridiculiser l'Holocauste.

    * 45 Pour aller plus loin voir l'article « Le droit de la guerre : une histoire très ancienne » Disponible sur http://www.aidh.org/Droit_Humanitaire/02Hist_anc.htm Consulté le 18.05.2005

    * 46 Voir TSAGARIS Kostantinos « Le droit d'ingerence humanitaire » Disponible sur www.infotheque.info/ressource/281w.html

    * 47 Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. États-Unis d.Amérique), arrêt du 26 novembre 1986 (compétence de la Cour et recevabilité de la requête) : Recueil C.I.J. 1986 (Nicaragua 1986); Disponible sur  http://www.icj-cij.org/cijwww/cdocket/chs/chsjudgment.htm Consulté 23.05.2008

    * 48 Voir. Souveraineté. Disponible sur « http://www.fr.wikipedia.org/souverainté.htm »

    * 49 Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. États-Unis d'Amérique), arrêt du 27 juin 1986 (fond) : Recueil C.I.J. 1986 (Nicaragua 1986) Disponible sur «  http://www.icj-cij.org/cijwww/cdocket/chs/chsjudgment.htm » Consulté le 23.05.2008

    * 50En 1968, alors que la Croix-Rouge considère ne plus être en mesure de poursuivre son action au Biafra en guerre, deux jeunes médecins, Bernard Kouchner et Max Récamier, refusent de quitter leur poste comme le leur demande cette organisation. Ce faisant, ils sont à l'origine d'un nouveau mode d'action humanitaire, fondé sur le droit d'ingérence et sur la révélation des faits dont ils sont témoins. En 1971, ils donnent un cadre à ces exigences en fondant Médecins sans frontières

    * 51 "Ingérence humanitaire, droit d'." Microsoft® Études 2007 [DVD]. Microsoft Corporation, 2006.

    * 52 Voir ZORGBIBE Charles. Le droit d'ingérence. Presses Universitaire de France, Col, Que sais-Je?, 1994.

    * 53 Pour aller plus loin voir "ingérence (droit international)." Microsoft® Études 2007 [DVD]. Microsoft Corporation, 2006.

    * 54 Voir l Kofi Annan `Secretary-General's Speech to the 54th Session of the General Assembly, 20

    September 1999, SG/SM/7136 GA/9596.Disponible sur http://www.listserv.emory.edu/archives/sudan-l.html.

    * 55 Voir génocide." Microsoft® Études 2007 [DVD]. Microsoft Corporation, 2006.

    * 56 Disponible sur http://www.icc-cpi.int

    * 57 Le 30 juillet 2004, le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté la résolution 1556 concernant l'embargo sur les armes à destination du Darfour et l'examen dans les 30 jours des progrès réalisés par le gouvernement soudanais dans le désarmement des milices « Janjawids », la protection des civils et la levée de l'obstacle à l'aide humanitaire (Département d'Etat américain, 2004). Cette résolution a été suivie d'une autre (Résolution 1564 du 18 septembre 2004) qui menace le Soudan de sanctions pétrolières au cas il continuerait à violer le droit humanitaire.

    * 58 Voir DIKA Pierre-Paul. La crise du Darfour ou la faillite de l'Etat post-colonial soudanais. Disponible sur < http://www.institutidrp.org> consulté le 15.03.2008

    * 59 Voir www.un.org/Docs/journal/asp/ws.asp?m=S/2005/60

    * 60 Voir http://fr.wikipedia.org/Nettoyage_ethnique.

    * 61 LAVERGNE Marc Darfour : éléments pour l'analyse d'une guerre civile en milieu sahélien. Disponible sur http://www.marc-lavergne.com/travaux/caf/darfour%20Afrique%20contemporaine.pdf.

    Consulté le 15.03.2008

    * 62 PRUNIER Gérard « la chronique d'un génocide ambigu » Disponible sur http://www.monde-diplomatique.fr Consulté le 13.O3.2008

    * 63 Certains États ont refusé de ratifier le Statut de Rome créateur de la Cour dont trois membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (comme la Russie le 13 septembre 2000, les États-Unis, Israël qui ont finalement signé le 31 décembre 2000 mais pas ratifié, la Chine n'a pas signé).La principale raison de ces États est la crainte de voir la CPI être utilisée contre eux à des fins politiques. Les États-Unis pensent qu'ils sont particulièrement vulnérables du fait de la forte présence de leurs troupes à l'étranger. Avant que le quota de soixante états ayant ratifié le Statut ait été atteint, les États-Unis exerçaient des pressions importantes (interruption de l'aide économique, fin d'avantages douaniers, etc.) auprès des États s'apprêtant à ratifier le Statut. La création de la CPI n'a pas changé la donne : ces pressions continuent. Par ailleurs, les États-Unis établissent également des accords bilatéraux avec les États signataires garantissant que les Américains qui seraient amenés à répondre de leurs actes devant la CPI soient rapatriés aux États-Unis. Certaines personnes disent que ces accords posent le problème d'un pays dont les ressortissants seraient au-dessus des lois internationales.

    * 64 Voir MARCHAL Roland. Le soudan d'un conflit a un autre. L e s É t u d e s d u C E R I N° 107-108 - septembre 2004. Disponible sur <http://www.ceri-sciences-po.org> Consulté le 13.03.08

    * 65 Voir « Le Darfour : une tragédie en dix questions » http://www.fmes-france.net/sommaire.php3

    * 66 Voir « La communauté internationale complice de Khartoum » Disponible sur http://tempsreel.nouvelobs.com

    * 67 Ex-cadre de la société iranienne des pétroles.






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius