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Identification des contraintes et stratégies des structures de recherche face à la problematique de la recherche dans les universités sénégalaises:Cas des laboratoires de recherche de l Université Gaston Berger de Saint Louis


par Abdoulaye Dramé
Université Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise 2005
  

Disponible en mode multipage

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Université GASTON BERGER de Saint- Louis

***

U.F.R. des Lettres et Sciences Humaines

***

Section de Sociologie

***

SUJET :

Identification des contraintes et stratégies des

structures de recherche face à la problématique de la

recherche dans les universités sénégalaises : Cas des

laboratires de l'UGB

Présenté par Sous la direction de

M..bdoulaye Dramé Pr. .bdoulaye Niang

Maître de Conférences

.NNEE .C.DEMIQUE 2004 - 2005

DEDICACE :

A la mémoire de :

> Feu Lieutenant Abdoulaye Coumba Dramé, mort pour la patrie le 30 Octobre 1997 en Casamance ;

> Feu Mouhamadou Oumou Dramé ;

> Feu Samba Souaré Diaby ;

> Feu Hamady Diné Dramé ;

> Feu El hadji Mansour Niang, pour son courage et sa disponibilité intellectuelle.
Que l'Eden soit leur éternelle demeure. Amen

Je dédie également ce travail à :

> Mes parents pour l'éducation qu'ils m'ont donné, pour m'avoir encadré, entouré
mais aussi pour leur affection et leur patience, que Dieu les garde longtemps.

> Ma grand-mère Diéba Sakho

> Penda Daff et toute la maison de PODOR pour avoir fait de moi un membre à

part entière dans la famille de Mame Ablaye Daff. Je ne vous oublierai jamais. > L'armée du G5C pour leur disponibilité et pour l'estime qu'il me porte.

> Mes quatre neveux (Bath, Toulaye, Cheikh, Souaré) et à Awa Abdoulaye Sy, de

véritables partenaires qui m'ont apporté soutien psychologique et amour

> Grande dédicace à Bakaly TOÏ, pour ces conseils, sa disponibilité et sa grande

capacité d'écoute. Pour tout cela, je vous dit MERCI.

REMERCIEMENTS :

Il nous plaît de remercier du fond du coeur un certain nombre de personnes sur qui nous avons compté tout au long de cette entreprise scientifique.

D'abord, notre encadreur le Professeur Abdoulaye Niang qui a dirigé ce travail avec toute la rigueur scientifique qui sied à un mémoire de maîtrise.

Puis, tous les enseignants de la section de Sociologie qui nous ont inculqué la science sociologique tout au long de notre formation.

Enfin, les anciens de la section en l'occurrence Messieurs Amédoune Bâ, Bouna Ahmet Fall, Abdoulaye Niang Junior et Mouhamédoune Abdoulaye Fall « mon voiz »pour leur conseil et leur disponibilité sans faille.

Nos remerciements vont également à l'endroit des responsables de laboratoire et des différentes structures du rectorat pour nous avoir écouté et répondu à nos sollicitations. Lamine Ndao, Mamadou Seydou Kane, Amadou Badji, Ibrihima Touré, Abass Kane, Thierno Mbow, Lassana Dramé ont bien voulu corriger ce travail. Qu'ils en soient remerciés.

C'est aussi l'occasion de remercier du fond du coeur :

+ Zeng, Papis « le Fugitif », Ibnou, MEF, Lumére, Thierno Faye, Djiby mon Voiz, Kao Diaby, Tapha, Mo, Baldé, Am Déme et Dany

+ Mamadou Thiam, Mouhamadou Dia, Sérigne Cheikh, Ass, Imam Malick, Ibrahima Sy, Mame Cheikh, Mon parent Vito

+ Salane, Mame Coumba, Daba et Fina, Noella, Hady, Kadia,

+ La classe : Ndéye Yama, Astou, Demba, Fatou Sakho, Zakaria Ziguilon, Alpha, Cina, Astou, Fall....

+ Mes cousins : Moctar, Boubacar et Boudia...

+ Mes oncles Ba Souaré, Abdoul Diaby, Moussa Waldé, Famoro, Bath Khassé... + Mes frères : Oumar Sokhna, Las sana Poulo, Kaouné, Mouhamadou Mbintouné,

Issa, Bakary, Youba, Lassana Biya, Lassana Dalla, Ousmane, Kao...

+ Mes soeurs : Manthinta, Bakao, Waldé, Mbouré, Sira Sylla, Maimouna Dramé,

les deux Waldé, Khardiatou Tiréra, Hawa, Sira Kao, Astou Kao,...

+ Mes compagnons du « tour du Sénégal » : David, Rokhya, Mbaye, Fatou Cissé et Faye notre chauffeur.

+ Tous ceux qui nous portent dans leurs coeurs, leurs pensées, nous vous disons Merci.

 

LISTE DES TABLEAUX ET ACRONYMES

AUF : Agence Universitaire de la Francophonie

BAST : Bureau des Affaires Scientifiques et Techniques

BM : Banque Mondiale

BU : Bibliothèque Universitaire

CAMES : Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement Supérieur CCOS : Centre de Calcul Ousmane Seck

CIERVAL : Centre Interdisciplinaire d' Etudes et de Recherche de la Vallée CIRST : Conseil Interministériel de la Recherche Scientifique et Technique CMES : Conférence Mondiale sur l'Enseignement Supérieur

CNDST : Centre National de Documentation Scientifique et Technique CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique

CODESRIA : Conseil pour le Développement de la Recherche Scientifique en Afrique CRE : Centre de Recherche et d'Essais

DAST : Direction des Affaires Scientifique et Techniques

DEA : Diplôme d'Etude Approfondie

DESS : Diplôme d'Etude Supérieur Spécialisé

DGRST : Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique DIETEL : Diplôme d'Ingénieur en Electronique et Télécommunication DUG : Diplôme Universitaire de Gestion

DURIG : Diplôme Universitaire en Réseau Informatique et de Gestion EGEF : Etats Généraux de l'Enseignement et de la Formation ERMURS : Equipe de Recherche sur les Mutations du Rural Sahélien FIRST : Fonds d'Impulsion de la Recherche Scientifique et Technique GELL : Groupe d'Etude Linguistique et Littéraire

GERCOP : Groupe d'Etude et de Recherche Constitutionnel Politique GERSEC : Groupe d'Etudes et de Recherche en Sciences Economiques

GIRARDEL : Groupe Interdisciplinaire de Recherche pour l'Appui à la Planification Régionale et au Développement Local

IFAN: Institut Fondamental d'Afrique Noire

IMP : Institut de Physique Météorologique

ISRA : Institut Sénégalais de Recherche Agricole

ITA : Institut de Technologie Alimentaire

ITNA : l'Institut Technique Nucléaire Appliquée

LANI : Laboratoire d'Analyse Numérique et d'Informatique

LERSTAD : Laboratoire d'Etudes et de Recherches en Statistique et Développement LSH : Lettres et Sciences Humaines

MASS : Mathématiques Appliquées aux Sciences Sociales

NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

ORSTOM: Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre Mer

PAS : Programmes d'Ajustement Structurel PER : Personnel Enseignant et de Recherche PNB : Produit National Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SAES : Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur

SAT : Sciences Appliquées et Technologies SEG : Sciences Economiques et de Gestion SERST : Secrétariat d'Etat chargé de la Recherche Scientifique et Technique

SJP : Sciences Juridiques et Politiques

SST. : Services Scientifiques et Technologiques UCAD : Université Cheikh Anta Diop

UFR : Unité de Formation et de Recherche UGB : Université Gaston Berger

UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture URED : Université Recherche et Développement

URIC : Observatoire pour l'Etude des Urgences, des Innovations et des Mécanismes du Changement Social

UVA : Université Virtuelle Africaine

LISTE DES TABLEAUX

Courbe 1 : Evolution Taux d'Accroissement Naturel des Etudiants par année (1990 à 2005)

Courbe 2 : Evolution des dépenses de fonctionnement des véhicules des UFR et des subventions, allocations et bourses ou frais de publication de 2003-2005

Diagramme 1: Répartition des étudiantes en fonction des UFR en 2005

Diagramme 2 : Répartition des enseignants de l'UGB selon le grade 2004-2005 Diagramme 3 : Taux d'encadrement des étudiants de la maîtrise et du troisième cycle en 2005 à l'UGB

Diagramme 4 : Répartition du budget des UFR en fonction des chapitres en 2005 Figure 1 : Organigramme de l'UGB

Tableau 1 : Répartition des personnes enquêtées en fonction des laboratoires Tableau 2 : Evolution des effectifs de l'UGB par UFR

Tableau 3: Répartition de l'effectif du PER de l'UGB par catégorie en 2005 Tableau 4 : Répartition du PER selon le sexe

Tableau 5 : Résultats du concours d'agrégation du CAMES de 1991 à 2005 Tableau 6 : Pourcentage des réussites au concours d'agrégation de 1991 à 2005 Tableau 7 : Rythme d'accès au rang magistral à l'UGB

Tableau 8 : Répartition du taux d'encadrement des étudiants en fonction des années Tableau 9: Les différents enseignements offerts par l'UGB

Tableau 10 : Répartition des différentes publications de l'URED en fonction des années Tableau 11 : Répartition de la documentation en fonction des UFR

Tableau 12: Répartition de la documentation dans les centres de documentations des UFR de l'UGB

Tableau 13 : Répartition des membres selon l'âge

Tableau 14 : Répartition des membres selon le sexe

Tableau 15 : Avez-vous publié des articles dans des revues scientifiques ? Tableau 16 : Répartition des laboratoires de recherche selon le statut juridique Tableau 17 : Répartition des laboratoires en fonction du domaine d'investigation Tableau 18 : Répartition des laboratoires en fonction du type de recherche

Tableau 19 : Répartition des laboratoires de recherche de l'UGB en fonction de la possession d'un organe de diffusion

Tableau 19 : Répartition des laboratoires en fonction du type de réalisation et d'activité scientifique

Tableau 20 : Répartition des laboratoires en fonction de leur critère d'adhésion

Tableau 21 : Inventaire de la documentation et de la logistique des laboratoires de recherche de l'UGB

Tableau 22 : Répartition des laboratoires en fonction de leurs sources de financement

Tableau 23 : Répartition des pourcentages des budgets primitifs des UFR de l'UGB (2003-2005)

SOMMAIRE :

INTRODUCTION : 1

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : Cadre théorique 4

CHAPITRE II : Approche méthodologique 35

DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE

CHAPITRE I : Présentation socio-historique et organisationnelle de l'Université
Gaston Berger de Saint

Louis 43

CHAPITRE II : Présentation des structures, des supports pédagogiques et de recherche ...57

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

CHAPITRE I : Identification des laboratoires et de leur

fonctionnement 63

CHAPITRE II : Contraintes et stratégies des laboratoires de recherche de l'UGB
...74

CONCLUSION

...91

BIBLIOGRAPHIE GENERALE .94

ANNEXE

.99

INTRODUCTION

Le débat sur les universités est d'une actualité brûlante. En effet, les crises au sein des institutions d'enseignement supérieur constituent une préoccupation majeure des nations du monde et celles africaines en particulier. Cette situation n'est pas paradoxale au regard de l'importance des universités dans la production et la reproduction des connaissances d'une part et des diverses missions des universitaires dans la marche des sociétés vers le développement et l'émancipation des masses, d'autre part. Au préalable, pour que l'université joue pleinement sa mission de développement, un environnement économique et social propice lui est nécessaire.

C'est pourquoi, la recherche des conditions de travail et de vie est devenue les repères sur lesquels fonctionnent et convergent les universitaires. Ainsi, la migration internationale des chercheurs1 se développe de plus en plus et prend des dimensions inquiétantes. Le chercheur n'a plus de nation, il est la propriété de tous, surtout du plus offrant.

Ce phénomène n'épargne pas certains pays du Nord comme la France2.Les Etats économiquement faibles3 à l'image des pays africains également , sujets à des crises sociales de tous genres, sont des terrains favorables à la fuite des cerveaux ; ce qui rend encore tout effort de développement difficile. Est-ce encore une forme nouvelle de déportation des têtes« intelligentes »4 de l'Afrique qui souffre encore des conséquences de la traite négrière ? Où est-ce une réalité qui vient confirmer les injonctions de la

1 Aussi longtemps que l'on remonte dans l'histoire de l'humanité, la migration des savants ou chercheurs a toujours existé. Durant la révolution industrielle, des savants français quittaient la France agricole pour aller en Angleterre, pays qui a amorcé la révolution industrielle. Il est possible qu'entre l'Egypte pharaonique et la Grèce qu'il se soit passé les mêmes mouvements. Pendant les guerres mondiales 14-18 et 39-45, les vainqueurs se sont accaparés des intellectuels des vaincus. Les Etats-Unis et l'Union soviétique ont entre autres bénéficié de l'exode massif des compétences allemandes.

2 15% de l'ensemble des chercheurs et cadres supérieurs que compte la population française sont expatriés. Aux Etats-Unis travaillent ou étudient 5000 ingénieurs et chercheurs français. Pour plus de détails sur cette question, consulter les sites www.frontnational.com/argumentaires/fuitecerveaux.php et www.swiss-list.com/news/swl_bra1.pdf.

3 « 13% de la population mondiale, l'Afrique n'accueille que 1% des investissements directs étrangers dans le monde, assure seulement 1% du PIB mondial et environ 2% du commerce mondial (...). 33 des 48 pays les moins avancés du monde. 40% de sa population habitant au Sud du Sahara vivent au dessous du seuil de pauvreté international de 1$ par jour et par personne ». Ce sont les constats de la Commission de l'Union Africaine dans «Le plan stratégique de la Commission de l'Union Africaine. Volume 1 : Vision d'avenir et missions de l'Union Africaine »,Mai 2004 in www.africa-union.org/au.

4 Nous utilisons ce concept dans le but de faire un parallélisme entre la fuite des cerveaux et la traite négrière. Cette comparaison connaît des limites si l'on sait que les esclaves en partant n'avaient aucune idée de ce qui les attendaient en Amérique ce qui n'est toujours pas le cas des chercheurs.

Banque Mondiale (BM) qui affirmait que « l'Afrique n'avait pas besoin d'enseignement supérieur »5 ?

Toutefois, force est de reconnaître que l'enseignement supérieur est en crise et le tableau que lui peignent les analystes n'est pas des plus reluisants.

L'enseignement supérieur a souffert et pâtit encore des conséquences des politiques d'ajustement structurel. Ces dernières, en réduisant la capacité d'intervention de l'Etat -qui est financièrement limité -a programmé la « mort » de l'université au profit des secteurs dits productifs. Ainsi, par la faute des bailleurs de fonds, l'enseignement supérieur vit depuis les années d'ajustement, une situation de décrépitude sans précédent.

Partant de là, les chercheurs en général, les universitaires en particulier, se trouvent limités dans leur volonté de faire de la recherche et s'obligent (ou sont obligés) de s'expatrier pour qu'enfin, loin d'être une utopie, la recherche comme activité soit une réalité. Au moment où elle constitue une priorité nationale des grandes puissances du monde, la recherche semble être en Afrique une activité de luxe réservée à une classe « privilégiée ».

En réalité, la participation de l'Afrique dans la production scientifique internationale est minime. Comme l'écrivait Joseph Ki-Zerbo « la contribution de l'Afrique Subsaharienne à la littérature mondiale n'est que de 0.3%. L'Amérique latine à titre comparatif produit 0.94% de cette littérature, pendant que les pays du Nord de notre planète assurent 94% des publications scientifiques du monde »6 .

Qu'est-ce qui empêche les universitaires africains en général, et sénégalais en particulier de faire de la production scientifique ? Comment se porte la recherche au sein de l'Université Gaston Berger de Saint Louis (UGB) et particulièrement ses structures de recherche ?

5 M.I.ANESHA et A.MAMA. (1994), « Limitation ou élargissement de la liberté académique : la responsabilité des universités », in Liberté académique, Dakar, CODESRIA : 82.

6J.KI-ZERBO. (1992), La natte des autres. Pour un développement endogène en Afrique, Dakar, Karthala, CODESRIA : 8.

Ainsi, cette étude que nous nous proposons de faire sur la situation de la recherche en nous appuyant sur les laboratoires existants à l'UGB de Saint Louis s'articule autour de trois directions :

D'abord, il s'agira de préciser le cadre théorique et méthodologique. Ici, seront abordés notamment l'état de la question, la position du problème, l'intérêt du sujet, les objectifs de l'étude, avant de dégager une hypothèse et de faire la conceptualisation. L'approche méthodologique sera axée autour de l'histoire de la collecte, de l'inventaire des techniques de recueil de données, des techniques de traitement des données, de l'échantillonnage et enfin des difficultés rencontrées ;

Ensuite nous présenterons le cadre d'étude. Dans cette partie, nous ferons dans un premier moment la présentation socio-historique et organisationnelle de l'UGB et dans un second moment, nous aborderons la question des structures et supports pédagogiques et de recherche ;

Enfin la troisième étape sera consacrée à l'analyse et à l'interprétation des résultats de l'enquête qui permettront d'identifier autant les membres que les structures de recherche, les contraintes que rencontrent les laboratoires dans leur fonctionnement et les stratégies déployées par leurs membres afin de trouver des solutions alternatives.

Dans cette première partie, il est question de faire état des grandes étapes de la démarche intellectuelle et empirique de l'étude. Le premier chapitre ou cadre théorique de l'étude consiste ainsi à conquérir et construire son objet, tandis que le second chapitre en expose la démarche empirique ou la méthodologie.

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

Dans ce chapitre, nous nous proposons de dégager l'intérêt scientifique du sujet (état de la question, position du problème, motivations) ainsi que les objectifs que nous ambitionnons de poursuivre à travers cette étude. Ensuite, nous allons procéder à la définition des concepts, à les rendre opérationnalisable sur le terrain d'étude et enfin construire le modèle d'analyse.

I.1.ETAT DE LA QUESTION 7

La crise générale qui secoue les sociétés africaines, n'épargne aucun secteur de la vie, que celui-ci soit politique, économique ou social. L'enseignement supérieur d'ou émergent l'innovation, le changement et la formation de la population, vit depuis des années dans une situation peu enviable. Pourtant, nul ne semble ignorer son apport dans le processus de développement8 aussi bien au niveau de la détermination des priorités qu'au niveau de son accès. C'est dire que le secteur éducatif et plus particulièrement universitaire est plus que jamais nécessaire à toute société soucieuse de son avenir, de son devenir dans un monde globalisé ou la connaissance est une ressource comme tant d'autres. « Avant d'agir, il faut penser, tracer les lignes d'action, réfléchir en innovant, ne pas craindre une pensée hors des sentiers battus. Les universitaires ou les formateurs ont dans ce cadre, un rôle fondamental »9 dit Edwige Avice. Mieux, toujours selon elle, « les politiques pour agir, pour définir des stratégies ont besoin des chercheurs »10.

Depuis quelques années, l'université, à travers des rencontres aussi bien nationales, sous-régionales qu'internationales, est au coeur des préoccupations des dirigeants africains, des universitaires et de tous les acteurs y intervenant et qui tentent de voler à son secours. C'est effectivement dans ce sillage que s'est tenue à Paris en

7 Par soucis de clarté, nous avons choisi d'exposer les différents éléments expliquant la crise universitaire de manière séparée. Dans la réalité, ces éléments disparates sont intimement liés et leur agencement explique la crise de la recherche dans les universités africaines.

8« (...) le mot « développement » résume le caractère défiant des problèmes de la pauvreté et de la nécessité d'une renaissance sociale, de la redécouverte culturelle et de l'identité politique qui se posent aux pays africains individuellement et collectivement »T.M.YESUFU, (1975), L'édification de l'Université Africaine. Les problèmes des années 1970, AUA : 20.

9E.AVICE, (1992). Démocratisation, économie et développement : la place de l'enseignement supérieur, Montréal, éditions AUPELF, volume 2 :1.

10E.AVICE, Op.cit :1.

1998, la Conférence Mondiale sur l'Enseignement Supérieur (CMES)11 qui a réuni plus de quatre mille participants. Cette conférence était l'occasion pour les intervenants et partenaires de l'enseignement supérieur (ministères, responsables de l'éducation et de l'enseignement supérieur, enseignants, chercheurs, étudiants, parlementaires, représentants d'organisations intergouvernementales et non gouvernementales, le monde de l'économie, les organismes de financement, les maisons d'édition...) de diagnostiquer les maux auxquels celui-ci était confronté et de proposer des solutions de sortie de crise. L'université, au sortir de la rencontre de Paris, devait contribuer au développement durable et à l'amélioration de la société dans son ensemble.

En fait, redéfinir les missions de l'université africaine, trente ans après les indépendances, c'est aussi reconnaître son échec dans la mise en oeuvre de l'assistance que les universités devaient à leur société.

Qui en sont les responsables ? Comment en est on arrivé là ? Comment faire de l'université un élément incontournable dans le développement de l'Afrique ? En somme, quel enseignement supérieur pour l'Afrique ? Telles sont les différentes questions autour desquelles les spécialistes ont bâti leurs réflexions.

Certains ont convoqué les facteurs économico-politiques en insistant sur le problème de la liberté académique, ou encore l'impérialisme de la BM. D'autres rejettent la responsabilité de la crise sur le fonctionnement interne qui, disent-ils, n'est pas en adéquation avec les aspirations des peuples ou peu propice à la recherche.

Nées pour la plupart pendant la période des indépendances12, les institutions d'enseignement supérieur étaient des supports essentiels à la construction de l'édifice national. Comme l'électricité, l'eau et la communication, l'enseignement supérieur était la chasse gardée des Etats indépendants13. A en croire Akilagpa Sawyer, trois missions

11 www.unesco.org/education/educprog/wche/fra.htm

12 Selon M. MAMDANI, les universités à la veille des indépendances se comptaient sur le bout des doigts. Il y avait une en Afrique de l'Est (Université de Makéré), une en Afrique Occidentale Française (Université de Dakar)

13 Le monopole de l'Etat sur le secteur éducatif tend à disparaître. Comme le souligne T.MANUB dans « La situation des enseignants du supérieur et l'avenir du développement en Afrique » in L'Afrique dans le nouveau millénaire, Dakar, CODESRIA, n° 3et 4, 2002 :47., « Dans la plupart des pays, il existe maintenant plusieurs universités privées à but lucratif ou non lucratif, dont quelques-unes détiennent des franchises d'institutions d'enseignement supérieur étrangères, de petits instituts offrant des Master in Business Administration(MBA) et autres qualifications, et les universités virtuelles. »

fondamentales expliquent l'importance que les nouveaux dirigeants accordaient aux universités :

- La première est le développement optimum de la capacité humaine .Pendant la période post indépendance, dit-il, les diplômés étaient au départ destinés essentiellement à la gestion de la machine étatique et de leurs institutions. Les universités étaient en outre pourvoyeuses d'une main d'oeuvre qualifiée ;

- La deuxième fonction importante de l'université est la génération et la transmission des idéologies et d'être un vivier pour le mouvement intellectuel ;

- La troisième fonction est la génération et l'application des nouvelles connaissances.14

Sur certain plan, l'université a rempli sa mission en « formant des cadres nécessaires au fonctionnement de la machine administrative héritée du pouvoir colonial »15 . A ce titre Aïssatou Gadio remarque que l'Etat sénégalais, dans sa volonté de remplacer les cadres expatriés, a pratiqué de 1960 à 1979 le plein emploi. Il offrait, dit- elle, un emploi « à presque tous les diplômés sans tenir compte de leur qualification professionnelle. Sa préoccupation était alors le recrutement des nationaux capables d'occuper les postes laissés vacants par le départ du colonisateur »16 .

Depuis lors, la situation des universités a évolué. De nos jours, l'université est qualifiée de « budgétivore », d' « usine à chômeurs » ce qui traduit à bien des égards les mutations et perceptions dont elle fait l'objet. Michèle Gendreau-Massaloux, rectrice de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) rend compte de cette situation en ces termes :

« Le ministre de la santé, le ministre des finances, le ministre du développement et de la planification tiennent les premiers rôles. Dans la plupart des cas, les priorités déclarées d'un État, surtout de jeunes nations comme beaucoup de nations en Afrique, sont ailleurs. L'éducation est admise par tout le monde comme une sorte de nécessité, mais elle n'est pas forcément reconnue comme

14A.SAWYER, (1998), « Faut-il brûler l'université africaine », in Globalisation et sciences sociales en Afrique, Dakar, CODESRIA n°3/4 :pp.19-24.

15T.MANUB, (2002), Op.cit: pp.47-54.

16A.GADIO, (200 1-2002), « Enseignement supérieur et Emploi : Problématique de l'insertion socioprofessionnelle des diplômés en Sociologie de l'Université Gaston Berger : Cas des cinq premières promotions », UGB, Mémoire de maîtrise : 15.

une priorité par l'État. »17. L' Etat, principal actionnaire de l'université, ne lui accorde pas pour autant une place de premier choix.

Les universités africaines sont confrontées à des crises aux raisons multiples. Sibri JM Tapsoba distingue à ce titre trois niveaux de la crise :

D'abord, une crise du fonctionnement interne (pléthore d'étudiants, manque d'infrastructures pour laboratoires et documentations, manque d'enseignants dans certaines disciplines, grèves et années blanches) ;

Puis celle culturelle (rupture entre formation universitaire et valeur positive du milieu) ;

Enfin au niveau de l'efficacité externe (relation formation - emploi)18.

Déjà, dès les années 1970, les universitaires africains n'ont pas hésité à faire un bilan de l'enseignement supérieur dans un ouvrage collectif, « l'Edification de l'université africaine. Les problèmes des années 70 ». A cette époque, notaient les auteurs, il urgeait d' « africaniser » les programmes. Il s'agit, en fait, d'inscrire l'université dans le prolongement des cultures africaines, car la question de l' endogénéisation transcende celle de l'adaptation des programmes. De toute évidence, notait J.F.A.Ajayi, « malgré tous leurs efforts pour s'adapter à travers la réforme des programmes, les universités demeurent partie d'une culture étrangère, jouissant d'un grand prestige et souvent de beaucoup d'avantages économiques mais sans aucune dans la culture du peuple »19. C'est pourquoi « la masse des africains ne comprennent pas à quoi servent nos universités. En l'absence d'une véritable compréhension, ils ne les accepteront pas, et ne feront que les tolérer »20.

L'africanisation des programmes des universités de l'Afrique post indépendance, en rapprochant le peuple de l'institution, exige que les méthodes d'enseignement soient changées. A cet effet, Ki-Zerbo propose une nouvelle pédagogie. Les méthodes d'enseignement doivent prendre en compte les réalités de la culture africaine et

17M.GENDREAU-MASSALOUX, (28 Mars 2002), « Les besoins en éducation de l'Afrique », in www.refer.sn/article201.

18 S.J.M.APSOBA, (Mars 1993), «Université et développement en Afrique subsaharienne. Dilemme des années 90 », in Université Recherche et Développement n°1 : pp. 1-10.

19J.F.A.AJAYI, (1975), « Vers une communauté académique africaine » in L'édification de l'Université Africaine. Les problèmes des années 1970, AUA : pp.24-33.

20J.F.A.AJAYI, Op.cit : pp.24-33.

encourager l'introduction des langues nationales. Pour cela, il faut privilégier « le contact personnel ainsi que la culture de l'oralité dans le dialogue et la palabre si caractéristiques de l'Afrique», mais aussi « le caractère communautaire si fréquent en Afrique [qui] peut être sollicité par l'organisation de petites équipes dotées chacune d'un professeur coordinateur »21.

Sur la même lancée de remise en cause du système d'enseignement par rapport aux réalités africaines, aux exigences du quotidien des peuples, à l'urgence de la résolution de leurs différentes interrogations et sollicitations des universitaires, Ela propose que l'on révise entièrement le programme et prône une révision des structures pédagogiques surtout au niveau des sciences sociales. A le croire, ceci permettra, d'une part la professionnalisation des filières en rapport avec le marché de l'emploi et de la recherche, et d'autre part de pouvoir « regarder l'Afrique au delà de l'africanisme »22 qui a longtemps jeté un regard étriqué sur le continent et son histoire.

Pour trouver des solutions à la crise qui secoue l'enseignement supérieur, surtout celle des sciences sociales, afin de conférer à celle-ci une place hautement valorisée au sein des populations, il faut, selon l'auteur de Restituer l'histoire aux sociétés africaines23, créer un institut d'études africaines, un département de sociologie et d'anthropologie, un centre d'études urbaines, un département des sciences du développement et de la population.

Pour les tenants de la liberté académique, l'ingérence de l'Etat dans l'Université, matérialisée par le contrôle allant jusqu'à la tentative de museler les enseignants, sert de cadre pour analyser la crise qui sévit dans les systèmes d'enseignement supérieur en Afrique.

C'est ainsi que Taladidia Thiombiano affirme qu'il existe une absence de liberté académique qu'il définit comme étant la possibilité pour les enseignants « d'enseigner,

21J.KI-ZERBO, (1975), « L'africanisation des programmes dans l'enseignement supérieur » in L'édification de l'Université Africaine. Les problèmes des années 1970, AUA : pp33-45.

22 J.M.ELA, (1994), Restituer l'histoire aux sociétés africaines. Promouvoir les sciences sociales en Afrique Noire, Paris, l'Harmattan : 77.

23 Pour plus de détails sur cette question, se reporter à l'ouvrage de J.M.Ela cité précédemment afin de saisir la pertinence de ces enseignements par rapport aux réalités africaines et les contenus de ces différentes filières.

de faire de la recherche, de réfléchir, d'écrire et de publier librement »24. Dans certaines matières, cette liberté de penser, de faire de la recherche et de la soumettre aux ayants droits (intellectuels, Etat, le peuple) est sanctionnée et réprimée sévèrement. Ces matières sont « hors la loi » c'est-à-dire subversives, appelant à la révolte parce que permettant un éveil de la conscience populaire face au diktat du pouvoir établi.

Dans ce lot de matières à abattre figurent les sciences sociales, notamment la philosophie et la sociologie. Cette dernière, remarque Bourdieu, à un statut assez particulier du fait qu' « aucune science n'engage des enjeux sociaux aussi évidemment que la sociologie (...). La sociologie touche à des intérêts, parfois vitaux »25. Ainsi, le point de vue des spécialistes en sciences sociales est perçu comme étant une critique du monolithisme politique, surtout dans la période des indépendances.

C'est pourquoi la cohabitation entre les sciences sociales et le pouvoir n'a pas été des plus tendres. Après 1968, par exemple, les sciences politiques et la sociologie n'avaient plus droit de cité au Rwanda et au Sénégal, tandis que le droit disparut des universités mozambicaines quelques années plus tard. Presque partout, la censure sévissait. Elle était particulièrement sévère au Kenya, au Malawi et dans l'Afrique du Sud de l'apartheid.

Plus récemment, on se souvient de l'occupation du campus de Lubumbashi (ex- Zaïre) par les forces de sécurité (1990), des brutalités policières à Yopougon, en Côted'Ivoire (1991), de l'élimination de nombreux universitaires tutsis et hutus contestataires pendant le génocide rwandais (1994) et des meurtres d'intellectuels algériens. Au Nigeria, les régimes militaires ont liquidé les conseils d'administration des universités pour les remplacer par d'anciens généraux. Au Burkina Faso, sur décision gouvernementale, la bourse de troisième cycle a été refusée aux étudiants des sciences sociales prétextant qu'ils ne sont pas productifs.

Par ailleurs, les amphithéâtres sont infiltrés par la police pour pouvoir endiguer toutes velléités de révolte de la part des étudiants. Les enseignants pour leur part sont obligés de se soumettre au pouvoir, sous peine de licenciement, de liquidation ou, s'ils

24T.THIOMBIANO, (Novembre 1990), « Les conséquences d'une absence de libertés académiques sur la formation et la recherche scientifique » in Symposium sur liberté académique, Recherche et Responsabilité sociale de l'intellectuel en Afrique, 26-29 Juin : 3.

25P.BOURDIEU, (Novembre 2002), Questions de sociologie, Paris, Les éditions de minuit : 7.

sont étrangers, d'expulsion dans leur pays d'origine. Ces quelques lignes de Boubacar Ly épousent le point de vue de Taladidia Thiombiano : « Les sciences sociales sont considérées comme inutiles et faute de ne pouvoir les éliminer, la stratégie consiste très souvent à les contenir quand on ne les faits pas reculer »26.

Ainsi, à en croire Claude Aké, la privation des libertés académiques de la part des nouveaux Etats indépendants transcende les sciences sociales. En effet elle est à situer au niveau de la nature du pouvoir qu'il décrit sous ces traits : « la quête obsessionnelle du pouvoir, une tendance à fouler au pied le respect de la loi, à réduire le droit au pouvoir, à légitimer l'oppression et la brutalité exercées sur les sujets, souvent de façon gratuite, sont les traits caractéristiques de la vie politique en Afrique qui ont rendu la réalisation de la liberté- même de la liberté bourgeoisie- absolument impossible »27.

C'est face à cet anéantissement dont faisaient l'objet les universitaires et les intellectuels en général, qu'a été adoptée la déclaration de Kampala le 29 Novembre 1990. Celle-ci est constituée de 27 articles portant sur la liberté intellectuelle et la responsabilité sociale des universitaires. Elle milite pour la défense de l'intégrité physique autant que la liberté d'expression des universitaires africains. Dans son article2, la déclaration de Kampala insiste sur le respect des droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels des intellectuels africains28.

Par ailleurs, la situation économique n'est pas des plus enviable. En effet, depuis l'accession à l'indépendance, la situation économique des pays africains, à défaut d'empirer, ne s'est pas améliorée. Tous les secteurs de la vie économico sociale en sont affectés. Selon des analystes « la région africaine ne connaît que sous développement, appauvrissement et dette depuis les indépendances »29.

26B.LY, Les sciences sociales dans quelques pays africains francophones (Cote d'Ivoire, Burkina Faso, Togo, Caméroun, Sénégal). Esquisse d'un programme général de formation et de recherche, Dakar, CODESRIA/UNESCO : 72.

27C.AKE, « Liberté académique et base matérielle » in Liberté académique en Afrique, Dakar, CODESRIA : pp. 20-30.

28 « Etat de la liberté académique trois ans après la déclaration de Kampala », (1993), Dakar, CODESRIA n°3,24 p.

29A.IMAM et A.MAMA, (1994), « Limitation ou élargissement de la liberté académique : la responsabilité des universitaires » in Liberté académique en Afrique, Dakar, CODESRIA : pp. 82-123.

En effet, l'économie mondiale a connu dans les années 70 une crise sans précédent. Au cours des années 80 comme le note Mahmood Mamdani, les recettes d'exportations ont baissé et les problèmes budgétaires des Etats se sont exacerbés. Ainsi, confrontés aux déficits budgétaires croissants, les Etats africains, les uns après les autres, ont fini par se plier aux injonctions des bailleurs de fonds. C'est alors que les programmes de stabilisation ou Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) vont être appliqués sur 35 pays, soutient Jimi Adesima.

L'application des PAS, ayant pour objectif de relancer les économies africaines et l'assainissement des finances publiques, était sujette à des conditionnalités qui visent entre autres la réduction du train de vie de l'Etat en le rationalisant (diminution des salaires et déflation du personnel du secteur publique), la dévaluation de la monnaie afin de permettre l'exportation des produits africains et encourager la privatisation des unités de production.

Toutefois, le secteur éducatif et plus particulièrement l'enseignement supérieur furent les cibles des institutions financières internationales. En vérité l'enseignement supérieur a été sacrifié sur l'autel des PAS. « L'éducation constitue une cible des PAS, soumise à une restriction des finances et des allocations »30. S'agissant de l'université, les experts de la BM, lors du sommet de Harare en 1986, recommandaient aux pays africains d'envoyer leurs étudiants se former à l'extérieur. Selon toujours ces derniers, l'enseignement supérieur était un luxe auquel les pays africains devraient se soustraire pour leur survie; les priorités étant ailleurs. « Eduquer c'est investir, et à l'image de n'importe quel investissement, il n'est raisonnable que s 'il est rentable »31. Or « les étudiants des universités africaines coûtent trop cher ; ils sont trop nombreux par rapport aux capacités d'absorption du marché du travail ; ils sont insuffisamment orientés vers les disciplines utiles pour le développement, leurs diplômes sont de qualité insuffisantes et finalement ils consomment des ressources publiques dont l'allocation n'obéit ni à des critères d'équité ni à des critères d'efficacité »32 . La BM s'inscrivait alors dans une logique productiviste et la solution préconisée par ses experts était de

30A.IMAM. et A. MAMA, Op.cit :82.

31M.MAMDANI, (1993), « Crise et réforme de l'université : une réflexion sur l'expérience africaine » in Bulletin du CODESRIA n°3, Dakar: pp.14-19.

32P.JUDET, (1992), « Situations et perspectives », in Démocratisation, économie et développement : la place de l'enseignement supérieur, Montréal, AUPELF, Volume 2 : pp.37-46.

critiquer le fonctionnement et les produits de l'Université comme étant incapables de développer leur continent.

Cependant, face à l'indignation des universitaires africains, la BM « consciente que son appel à fermeture étant politiquement insoutenable, l'institution financière a par la suite modifié son programme en demandant une réduction doublée d'une restructuration des universités afin de ne prendre que les qualifications requises sur le marché »33. Il y a eu un assouplissement dans ces positions, mais les institutions financières internationales ont toujours souhaité de voir fermés les instituts d'enseignement supérieur.

S'appuyant sur le cas du Niger, les auteurs de « Limitation ou élargissement de la liberté académique : la responsabilité des universitaires » notent que le gouvernement nigérien, pour avoir un prêt de 149 millions de dollars, était obligé malgré la révolte des étudiants et universitaires en 1990 de se soumettre aux conditionnalités de l'institution. Ces conditions pour avoir un prêt de la BM étaient de « réduire le personnel dans les universités, d'y rationaliser les programmes »34.

Il est évident que, face au durcissement des institutions financières internationales dans le financement des universités, parce qu'effectivement l'heure est à l'éducation scolaire primaire pour tous, bon nombre de pays africains ne peuvent plus faire face aux coûts croissants de l'éducation tertiaire. Dans une situation pareille, le nombre d'étudiants augmente de façon exponentielle, les bâtiments légués par la colonisation sont vétustes, la fonction enseignante dévalorisée, la recherche, principale activité de l'université, se trouve être le fruit d'une oeuvre titanesque. Effectivement, comme le notent les auteurs de « l'édification de l'université africaine. Les défis des années 70 », « il est difficile de trouver aujourd'hui en Afrique une activité de l'université qui soit autant remise en question que la recherche »35 .

Bien qu'étant une activité qui soit remise en question, la recherche, dont tous les analystes restent convaincus de l'importance, est une nécessité pour toute université qui se veut innovatrice et soucieuse de la formation qu'elle dispense. A ce titre, Ahmadou

33M.MAMDANI, Op.cit: 15.

34A.IMAM et A.MAMA, Op.cit : 82.

35 T.MYESUFU, (1975), L'édification de l'Université Africaine. Les problèmes des années 1970, AUA : 84.

Lamine Ndiaye note avec force que : « l'enseignement supérieur ne peut se concevoir sans la recherche qui, à son tour ne peut vivre sans diffusion car alors, les aboutissements de la recherche n'auraient aucun effet ni, sur le progrès de la connaissance, ni sur l'amélioration des conditions de vie des individus et des sociétés »36. Cette assertion pose à la fois la nécessité de la recherche, la diffusion des résultats des travaux mais aussi leurs finalités pratiques(recherche appliquée/ recherche fondamentale).

Cependant, reconnue comme une activité nourricière de l'université, la recherche occupe une place minime dans les institutions d'enseignement supérieur. Takyiwaa Manub citant Mamdani nous permet d'avoir une idée sur la modicité de la participation de l'Afrique dans la production scientifique internationale : « Selon Mamdani(2002) citant des sources de l'UNESCO, des 900 titres produits en 2001, seulement 1.5 pour cent étaient publiées en Afrique parmi lesquels 65 pour cent en Afrique du Sud et 25 pour cent en Afrique du Nord, ce qui est un reflet de l'absence de la recherche, qui conduit au manque de pertinence de l'institution concernée avec des terribles conséquences sur les processus d'apprentissage dans les pays de l'OCDE, les gouvernements financent près de 80 pour cent de la recherche »37.

En outre, la production scientifique africaine est paradoxalement l'oeuvre de non africains dans sa grande partie, ce qui pose des problèmes d'objectivité. Ki-Zerbo nous le rappelle en ces termes : « 85% de la recherche sur l'Afrique est l'oeuvre de non africains »38 . Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette situation. L'environnement dans lequel baignent les chercheurs n'est pas propice au développement de la recherche. Cette dernière est exigeante et elle nécessite, en plus des moyens financiers, d'un environnement politique et social stimulant pour la recherche. Sans quoi, toutes activités de trouvaille seraient vaines.

36A.L.NDIAYE, (Mars 1993), Université Recherche et Développement, Saint Louis, n°1, 118 p.

37 T.MANUB, (2002), « La situation des enseignants du supérieur et l'avenir du développement en Afrique », in l'Afrique dans le nouveau millénaire, Dakar, CODESRIA 10°Assemblée Générale : pp.47- 54.

38J.KI-ZERBO, (1992), La natte des autres. Pour un développement endogène en Afrique , Dakar, Karthala, CODESRIA, 494 p.

Ce n'est point une surprise si François Vézina39 décompte plus de 30000 docteurs africains qui vendent leurs compétences hors du continent pauvre et très endetté qu'est l'Afrique.

Quel est alors l'impact de la fuite des cerveaux sur le continent africain ? Peut- on retenir ou doit-on continuer de vouloir retenir des chercheurs si le continent n'est pas apte à leur permettre de produire ?

Dans tous les cas, l'état des bibliothèques, la rareté des conférences, l'inexistence de toute activité d'animation scientifique et le manque de structures de diffusion et de production des connaissances, ne militent pas à la sédentarisation des chercheurs. Boubacar LY, pour sa part, diagnostique les universités et y trouve six facteurs qui ne sont pas en faveur de la recherche dans celles ci. Ces blocages sont :

Une « absence de politiques nationales de planification et d'institution centrales nationales, de la recherche »40 ;

Un manque de conscience de l'importance de la recherche et une absence de politique. Ainsi, dans beaucoup de pays africains les ministères de la recherche n'existent pas et la tâche est dévolue à de simples services dans des institutions de tutelle ;

Aussi, note-t-il un manque au niveau du financement de la recherche. Pour ce qui est des sciences sociales, le financement est dérisoire et, d'autre part, il note une stagnation du budget.

Comme alternative, les chercheurs recourent au financement extérieur. Celui-ci, loin d'être une panacée, est souvent conditionné et ne s'inscrit toujours pas dans la logique du chercheur indigène. Boubacar LY dira que le financement extérieur « n'est pas organisé systématiquement dans une perspective nationale. Le résultat c'est que le financement extérieur, lorsqu'il existe, se fait selon la logique et les règles de jeu de l'organisme bailleur de fond. Dans certains cas, l'institution qu'apportent les fonds par

39F.VEZINA, (Avril 2004), « L'utilisation du savoir des titulaires de doctorat originaires d'Afrique au profit du développement de leur pays d'origine : Etude de cas sur les professeurs oeuvrant dans les universités québécoises », maîtrise en relation internationale Institut Québécois des Hautes Etudes Internationales, in www.iqhei.ulaval.ca/Pdf/EssaifrançoisVezinaMRI.pdf

40B.LY, Op.cit: 73.

une sorte de financement à la carte n'est disposé à financer que ce qu'elle veut bien financer, c'est-à-dire qui l'intéressent et qu'elle considère comme prioritaires »41.

Dans une telle situation, les programmes, à l'image des projets de développement, sont parachutés sans tenir compte des priorités des chercheurs qui ne sont que des exécutants ou collaborateurs le plus souvent. Le financement, tel qu'il est pratiqué en Afrique, ne fait pas avancer la recherche et pose au plan général un problème de souveraineté nationale.

Autres griefs, l'auteur note la rigidité liée au caractère bureaucratique de la gestion de la recherche et surtout l'absence de logistiques nécessaires pour aider les chercheurs à se mouvoir dans des conditions idoines de travail. À cela s'ajoute le problème de la documentation, l'absence de publications spécialisées et le manque de revues. Devant une telle dégénérescence et une faillite générale du système éducatif, la recherche ne peut être que condamnée ou ravalée au second plan.

Après avoir exposé les différentes approches tentant d'apporter des réponses au pourquoi de la crise de l'enseignement supérieur, nous remarquons, au terme des réflexions qui précèdent, que l'approche qui consiste à analyser la crise universitaire à travers l'insuffisance de la recherche est celle qui nous semble la plus pertinente par rapport à l'étude que nous menons.

Cette approche nous permettra d'orienter notre travail dans une perspective moins globalisante qui consistera à centrer notre recherche sur les structures de recherche (laboratoires) de l'UGB.

Après avoir passé en revue la littérature, nous nous attellerons à poser le problème qui focalise notre attention dans la présente étude

I.2. Position du problème

« Les cerveaux fuient pour sauver la recherche »42 . Ce constat de Abdoulaye Niang pose le problème délicat de la recherche dans les universités africaines.

41B.LY, Op.cit:72.

42A.NIANG, (17 Février 2003), « Les cerveaux fuient pour sauver la recherche » in Walf Fadjri, www.refer.sn.

En effet, comme le note Abdoulaye Niang, la recherche scientifique pour se réaliser nécessite la mise sur pied d'un certain nombre de pré-requis qui lui sont vitaux. Ceux-ci sont « une situation de paix, ainsi que de bonnes conditions matérielles de travail et de recherche et d'une forte mobilisation de la part de ceux qui la portent »43.

L'histoire de l'humanité et plus particulièrement celle de l'Europe montre à quel point recherche scientifique et stabilité politico-économique sont liées. A juste titre, rappelons la fuite des savants occasionnée par la seconde guerre mondiale, surtout avec la politique ségrégationniste de Hitler. Bref, pour faire de la recherche, « le chercheur a besoin de tout un espace politique, social et juridique qui lui garantit sont plein épanouissement »44.

La recherche est exigeante et nécessite la mobilisation non seulement des hommes qui s'y consacrent mais surtout des moyens qui doivent permettre aux chercheurs de pouvoir se consacrer à fond à la recherche.

A ce titre, elle cesse d'être simplement l'affaire du chercheur et interpelle ainsi toutes les composantes de la société : la finalité première de la recherche universitaire est d'abord sociale (assurer le bien-être de la population). Dès lors, « oser penser qu'on peut développer l'Afrique et y réduire la pauvreté structurelle en marginalisant l'enseignement supérieur est un échec programmé. Car aucun pays au monde ne semble avoir résolu ses problèmes de développement en assurant la seule éducation de base tout en laissant dépérir son enseignement supérieur »45 .

Conscients de ses enjeux, les jeunes nations africaines ont manifesté avec le « Plan de Lagos »46 en 1978 leur volonté de soutenir et d'accroître son autonomie. Dans ce plan, les pays africains adoptent deux décisions majeures. Ainsi, chaque pays doit :

- accorder à la recherche 0,5% de son Produit National Brut (PNB) dans le but d'arriver à 1% en 1980 ;

43A.NIANG, Op.cit.

44T.THIOMBIANO, (1990), « Les conséquences d'une absence de libertés académiques sur la formation et la recherche scientifique », in Symposium sur liberté académique, Recherche et Responsabilité sociale de l'intellectuel en Afrique, Dakar, CODESRIA (à revoir).

45F-M.AFFA'A. et T.DES LIERRES, (2002), « L'Afrique noire face à sa laborieuse appropriation de l'université. Le cas du Sénégal et du Cameroun », l'Harmattan, les Presses de l'université de Laval : 22.

46 Pour plus de détails sur le Plan Lagos, voir B.SCHNEIDERS, (1987), « L'Afrique face à ses priorités », Paris, ed. Econmica, pp. 113-118.

-avoir en 1980 une proportion de 200 scientifiques par million d'habitants.47

Au finish, l'examen de la place de l'Afrique dans la production scientifique montre l'échec du « Plan de Lagos ». Selon le Pr. Issoufou48 du Bénin, le continent africain dispose de 0.4% du potentiel mondial de recherche et ne produit que 0.3% des travaux scientifiques. William.S.Saint49 ajoute que, dans les domaines spécifiques des sciences naturelles et de la biologie, les chercheurs africains ne produisent que tous les 7ans. Il ne peut en être autrement si l'on essaie de comprendre les conditions moyenâgeuses dans lesquelles se meuvent les chercheurs africains qui sont encore fidèles aux moyens rudimentaires de travail, au moment où la science et la technologie ont simplifié la recherche scientifique.

Les quelques phrases qui suivent, aussi ironiques qu'elles puissent paraître, retracent les conditions dans lesquelles travaillent les étudiants africains (nigériens en particulier) : « nous sommes censés faire fonctionner un laboratoire de Physique sans électricité, réaliser des expériences de Biologie et de Zoologie sans eau et faire des observations précises avec des microscopes que l'usage et les ans ont rendus aveugles. Et on n'imagine pas la pénurie de produits chimiques. Il résulte de tout cela que nous avons un laboratoire de Chimie qui ne produit pas de l'eau distillée et que certains étudiants en Sciences obtiennent leur diplôme sans avoir jamais vu la moindre expérience »50.

Dans d'autres pays, en sus de ces problèmes cités ci-dessus, s'ajoute un manque d'infrastructures, de moyens techniques, de documents récents entre autres. Devant une telle raréfaction des moyens, les chercheurs ont fini par perdre espoir en la recherche, et sont même devenus des « complexés » surtout si l'on sait que « les avocats, médecins ou administrateurs sont non seulement mieux rémunérés mais également bénéficient d'un statut social plus élevé. Toutes ces raisons empêchent le bon développement de la recherche en Afrique »51 .

47P.J.M.TEDGA, (1988), « Enseignement supérieur en Afrique noire francophone. La catastrophe », Paris, L'harmattan, 223 p.

48 Le Soleil N°10159 du Mardi 13 Avril 2004.

49W.S.SAINT, (1993), « Les Universités en Afrique. Pour une stratégie de stabilisation et de revitalisation », in Document technique de la BM numéro 194F, 156 p.

50A.B. SAMB, (Décembre 2003), « Impact du financement des Institutions financières Internationales (IFI) pour l'amélioration de l'enseignement supérieur au Sénégal : Cas de la Banque Mondiale », Mémoire ENEA : 8.

51P.J.M.TEDGA, Op.cit :89.

Dans des conditions pareilles, l'on se demande comment la recherche, se faisant à travers des moyens rudimentaires, peut-elle être vecteur de développement ? Ou encore, par quels mécanismes peut-on étendre les activités des universités au secteur productif ?

C'est à ces niveaux que résident toute la problématique et les défis à relever afin de permettre aux chercheurs de participer pleinement au développement du continent. La recherche consiste à cerner d'abord les contraintes qui empêchent la recherche d'étendre ses tentacules. Les spécialistes en ont retenu trois :

-L'absence de politique scientifique (institutionnelle et organisationnelle) : elle se manifeste à travers l'absence de services compétents chargés de la gestion et de la coordination des programmes de recherche se menant dans les pays africains52. Cette situation entraîne un manque de suivi de la recherche. Tout se fait alors comme si les résultats doivent être tenus secrets .Ce n'est donc point une surprise si les structures de recherche peinent à faire des rapports d'activités scientifiques. L'évaluation de la qualité de la recherche et son suivi dans le monde scientifique constitue une préoccupation mineure de l'Etat et des laboratoires.

C'est pourquoi, très souvent, l'on est toujours confronté à des difficultés lorsqu'il s'agit de savoir le nombre de structures de recherche, les thèmes de recherches abordés par les diverses centres de recherche sur le continent. Depuis quelques années, des efforts sont en train d'être faits pour mettre fin à la dispersion des scientifiques du continent. Le Conseil pour le Développement de la Recherche Scientifique en Afrique (CODESRIA)53 , depuis sa création, milite pour le développement des sciences sociales en Afrique et de la reconnaissance des chercheurs africains. Nous croyons que « l'ère des destinées singulières est révolue », l'Afrique après la création de l'Union Africaine doit songer à mettre sur place des structures régionales pour en arriver à une structure continentale. Les thèmes de recherche prioritaires sur la base d'un appel d'offre régional ou continental se verront confier à des laboratoires.

52 Avant CASTAFRICA (Conférence des ministres de la Science et de la Technique d'Afrique) I (1974), seuls cinq pays africains avaient des programmes scientifiques et technologiques à un niveau politiquement élevé, in M.N.B.AYIKU (1990), Liens entre l'université et le secteur productif. Examen de la situation en Afrique, Accra, AUA, 95p.

53 Le CODESRIA, né en 1973, a pour mandat d'oeuvrer pour le développement de la recherche multidisciplinaire, la promotion de publications issues de la recherche, le renforcement des compétences des chercheurs africains. Toutefois, son champ d'action se trouve être les sciences sociales.

La politique africaine de la recherche doit aller au-delà de la création de structures à l'image du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)54, mais aussi donner du tonus au métier de chercheur en lui conférant un statut juridique ainsi que tous les avantages qui l'accompagnent. En « consacrant 75% au moins de leur temps à la préparation et à la présentation des conférences, à la conduite des « tutorials », à la préparation et à la correction des devoirs »55, les enseignants de l'université font difficilement de la recherche.

- L'absence d'entretien des structures de recherches (gestion de l'existant) : la logistique à savoir les laboratoires, les équipements, les bâtiments entre autres, sont « la parente pauvre dans cette bataille pour le savoir moderne en Afrique »56 Héritées la plupart de la colonisation, les structures de recherche sont désuètes. Beaucoup d'universités africaines sinon la plupart souffrent du manque chronique de documents récents surtout dans les domaines de la recherche de pointe. L'équipement n'est composé que de quelques ordinateurs difficilement connectés à Internet. Or, il s'agit d'un facteur décisif. La pauvreté de l'équipement scientifique des laboratoires finit par freiner la recherche.

Si nous nous intéressons au budget alloué à la recherche et la part réservée à l'entretient du matériel et à l'achat des équipements, on est édifié sur la modicité de la part qui lui est attribué. En Guinée « en 1988 si 98% du budget de l'éducation va aux salaires du personnel, 2% seulement va à l'entretien du matériel. Les documents du budget prévisionnel de l'Université Nationale de Cote d'Ivoire pour 1987 révèlent que les installations et les équipements datent pour la plupart de plus de 19ans. D'où les coûts de maintenance et de réparation très élevés »57.

- Enfin, une absence de la gestion du budget alloué à la recherche : sur ce chapitre, beaucoup d'études attestent que les Etats africains fournissent des efforts considérables, surtout financier, pour faire fonctionner les institutions d'enseignement supérieur.

54 Le Centre National de la Recherche Scientifique, créé en 1939, est un organisme public français ayant pour mission de développer et de coordonner les recherches scientifiques dans tous les domaines, notamment en Physique Nucléaire (PNC), Sciences Physiques et Mathématiques (SPM), Sciences pour l'Ingénieur (SPI), Sciences Chimiques (SC), Sciences De l'Univers (SDU), Sciences De la Vie (SDV) et Sciences de l'Homme et de la Société (SHS). Pour ce faire, il travaille en étroite collaboration avec les Universités et les Grandes écoles.

55 T.M.YESUFU, Op.cit:89.

56J.KI-ZERBO, (1990), Eduquer ou périr. Impasses et perspectives africaines , UNESCO-UNICEF : 31 57J.KI-ZERBO, Op.cit :32.

Certains sont allés jusqu'à dire que les universités coûtent trop chères pour les pays sous ajustements. En effet, « les Etats d'Afrique noire allouent 5,2% de leur PNB à l'éducation. Cette somme signifie que 0,7% de leur PNB est consacré à l'enseignement supérieur. Un tel chiffre se situe à un niveau respectable si on considère que beaucoup de grands pays occidentaux en font moins. La RFA par exemple consacre 0.61% de son PNB à l'enseignement supérieur contre 0.5% pour la France. Cet effort financier montre que les pays africains consentent beaucoup de ressources pour le fonctionnement de leurs universités 58».

Ce constat suscite chez nous naturellement un certain nombre de questions, d'inquiétudes. Pourquoi les universités occidentales sont plus rentables sur les plans production scientifique et réponse aux attentes de leurs populations ? Comment sont alors gérés les budgets des universités africaines ? Quel rang occupe la recherche dans l'échelle des priorités dans les universités africaines par rapport au budget de fonctionnement ? En somme, comment sont utilisées les ressources financières mises au service de la recherche ?

Au niveau du financement et de la gestion, les responsabilités sont partagées et se situent tant au niveau des pouvoirs étatiques qu'au niveau de l'administration universitaire et des enseignants-chercheurs. C'est pourquoi une analyse substantielle du budget des universités s'avère nécessaire pour saisir l'autre facette des chiffres et comprendre son utilisation par les ayants droits. Aussi considérables que soient les efforts déployés par le pouvoir étatique pour entretenir le fonctionnement de l'université, l'état des lieux révèle à grands traits que les budgets alloués ne se limitent cependant qu' à quatre rubriques essentiellement (administration, salaires des enseignants, dépenses de matériel et bourses ou aides sociales diverses destinées aux étudiants) alors qu'on voudrait paradoxalement faire de la recherche un vecteur clef de développement.

A ce propos, la meilleure chose à faire est de citer les mots de Orivel François qui a souligné que « 55,5% en moyenne des financements constituent des bourses et des différentes aides sociales destinées aux étudiants tandis qu'une part très faible est orientée vers les dépenses de matériel (2,7%) comme si la tache première de cet

58P.J.M.TEDGA, Op.cit: 126.

enseignement était d'apporter à une certaine catégorie de la population, pas obligatoirement la plus nécessaire, de revenus plutôt qu'un savoir »59.

Une autre étude réalisée par l'AUA en 1991 révèle que les dépenses de recherches ne représentent que 2,7% du budget des universités. Donc dans l'échelle des priorités des universités, les dépenses à caractère social occupent la première place, suivies de celle de fonctionnement tandis quelques subsides reviennent à la recherche. C'est à ce niveau que se situe la responsabilité des états qui sont plus disposés à faire taire les conflits, revendications estudiantines et des enseignants plutôt que de déployer une véritable politique pour le développement de la recherche. Pour y arriver, les centres de recherche ne sauraient ignorer dans leur programme de recherche les préoccupations des entreprises, des Petites et Moyennes Entreprises. Ces derniers peuvent être de potentiels pourvoyeurs de ressources financières et propulseurs de la recherche tout en amoindrissant la charge de l'Etat.

Dans les pays occidentaux la recherche s'est développée c'est tout simplement parce que les chercheurs ont su intégrer dans leurs travaux les besoins réels des entreprises et être des pôles d'où émergent les grandes décisions. Sur ce plan, les enseignants-chercheurs africains doivent être inventifs, avoir l'esprit d'entreprise et pouvoir être à l'écoute de la société. C'est pourquoi le manque de dialogue entre le monde du travail et celui des chercheurs oblige les chercheurs à se ruer vers les bailleurs de fonds.

Le financement de la recherche par les bailleurs, bien que permettant aux chercheurs de s'adonner à la recherche, n'est pourtant pas exempt d'inconvénients. Il est l'une des causes de l'assujettissement intellectuel du chercheur qui ne fait qu'exécuter le plus souvent le programme et suivre les directives du donateur qui est plus intéressé par le produit de la recherche. Au Kenya, par exemple, remarque William S. Saint « on a calculé que le financement étranger de la recherche était dix fois supérieur au financement national60 ».Le financement de la recherche, s'il ne fait pas défaut, est tout simplement sujet à une gestion des plus nébuleuses voire frauduleuses. Les maigres ressources destinées à la recherche sont déviées de leur objectif premier, à savoir servir la recherche, pour être un outil servant à assurer l'épanouissement du chercheur.

59P.J.M.TEDGA, Op.cit: 127. 60W.S.SAINT, Op.cit:29.

La production scientifique et son développement sont intrinsèquement liés à la déontologie de l'enseignant faite de rigueur et de ferme croyance en la recherche. Cependant, le comportement et l'utilisation des fonds destinés à la recherche par certains chercheurs deviennent embarrassants et constituent un élément de moins pour la promotion de la recherche. « La politique du ventre » et la logique de carrière font que certains enseignants se trouvant à certains postes stratégiques, dans l'optique de vouloir conserver les avantages que leur confère leur statut dans la station décisionnelle et financière, bloquent toutes tentatives des jeunes chercheurs à progresser.

C'est pourquoi, « quand on alloue un budget de recherche à l'un d'eux [chercheurs], ça voyage beaucoup à l'étranger, ça construit aussi sa maison, ça achète aussi sa voiture personnelle (...). Ce mal des professeurs africains n'est pas seulement grave parce que l'argent destiné à la recherche est dilapidé à d'autres fins, mais aussi parce que cette catégorie d'enseignants de haut niveau sont cramponnés à leurs privilèges et bloquent des jeunes éléments plus consciencieux et plus travailleurs qui sont prêts à véritablement s'investir dans la recherche pour avoir des résultats concrets »61.

Le conservatisme qui fait légion dans les universités africaines, en sus des autres contraintes citées plus haut, a entraîné le départ massif des chercheurs africains vers des cieux plus propices où ils pourront s'épanouir et prouver toutes leurs capacités de chercheurs. Ils sont nombreux à « fuir » ou du moins à émigrer vers l'Europe, l'Amérique et même le continent asiatique à la recherche d'une terre d'accueil où la recherche leur sera possible.

Le Sénégal, à l'instar des autres pays africains n'ayant pas été épargné par la fuite des cerveaux, est en train de vivre les conséquences de la crise de la recherche. Les enseignants, à travers leurs syndicats, bloquent de plus en plus l'enseignement supérieur et demandent de meilleures conditions de travail, d'avancement dans la carrière. Bien que les solutions proposées soient différentes, toutes visent peu ou prou à trouver une panacée à la lancinante question de savoir : quelle politique pour promouvoir la recherche dans les universités sénégalaises face au découragement des enseignants- chercheurs ?

61 P.J.M.TEDGA, Op.cit:86.

Avant d'aborder cette question, faisons d'abord l'état de la situation de la recherche au Sénégal. L'histoire de l'organisation du système national de recherche scientifique et technique, au Sénégal62, se décline en trois temps qui vont d'une période de balbutiement de la recherche, à un fléchissement de l'intérêt porté à la recherche, en passant par l'age de la maturité.

De 1960-1972, la recherche au Sénégal ne se faisait qu'à travers les structures héritées de la colonisation que sont l'ORSTOM, l'IFAN et l'IPM pour ce qui est de l'université. La recherche, ses préoccupations et ses orientations dépendaient du pays colonisateur à savoir la France. Ce ne sera qu'au cours des travaux préparatoires du deuxième plan de développement économique et social (1965-1969) que furent créée la « commission recherche scientifique » en charge de l'élaboration du volet « Etudes et recherches » du Plan économique et social avec un budget de 7milliards. Aussi, furent créés sous les injonctions de l'UNESCO, le Conseil Interministériel de la Recherche Scientifique et Technique (CIRST) et le Bureau des Affaires Scientifiques et Techniques (BAST) dépendant du Secrétariat Général de la Présidence.

Le second moment considéré comme l'âge d'or de la recherche scientifique au Sénégal, par rapport à l'organisation de la recherche, aux ressources qui lui sont allouées et à la volonté politique des autorités, va de 1974 à 1985. La première décision importante fut la création de la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST) le 11 Décembre 1973. Cette structure a pour objectif d'impulser la recherche au plan national en misant sur trois aspects essentiels :

-La rationalisation dans l'organisation de la recherche ;

-La mise en cohérence des différents éléments du système gravitant désormais autour de la DGRST ;

-La création des services d'appui à la recherche, appelés Services Scientifiques et Technologiques (SST).

Pour parvenir à jouer pleinement son rôle, elle était représentée dans l'Assemblée de l'Université de la Commission Recherche et des Comités Scientifiques des Instituts.

62Pour cette partie traitant de l'histoire de la recherche scientifique au Sénégal, notre principal source documentaire reste le document de B.M.DAFFE, (24-26 Avril 1998), « Organisation du Système National de Recherche Scientifique et Technique. Historique- Atouts et Faiblesses- Perspectives d'avenir », Dakar, 35p.

En outre, elle disposait du Fonds d'Impulsion de la Recherche Scientifique et Technique (FIRST) qui consacrait plus de 95% de ses ressources parmi les 100Millions FCFA/an dont elle disposait à la recherche universitaire.

Ses prérogatives vont être accrues, le 9 Avril 1979, avec son érection en Secrétariat d'Etat auprès du Premier Ministre chargé de la Recherche Scientifique et Technique (SERST). Avec cette structure, la défunte DGRST voit son budget passer de 158Millions (1978-1979) à 215Millions (1979-1980). Avec ce budget et la coopération tous azimuts avec des pays tels que la France, la RFA, l'Italie, et les organismes internationaux tels que le PNUD entre autres, le potentiel de recherche des Instituts de Physique Météorologique (IMP devenu CERER) et celui de l'Institut Technique Nucléaire Appliquée (ITNA), sera considérablement renforcé.

Il faudra attendre le 3 Avril 1986, pour que la recherche ait un département ministériel de plein exercice sous l'appellation de Ministère de la Recherche Scientifique et Technique qui malheureusement ne fera pas long feu puisqu'il sera dissout le 2 Janvier 1986, PAS oblige, et pour toute explication : « le Ministère a été supprimé parce que la recherche a atteint ses objectifs »63.

De 1986 à 1997, la recherche au Sénégal connaît un fléchissement consacrant ainsi la destruction du Système National de Recherche. Le ministère disparaît et à sa place est érigée une Direction des Affaires Scientifique et Techniques (DAST) rattachée au ministère du Plan et de la Coopération, ce qui nous ramène à la situation qui prévalait en 1972. La DAST n'était chargée de la recherche que de nom puisqu'elle ne pouvait ni influer sur la formulation des projets encore moins sur l'orientation des programmes et politiques sectoriels de recherche.

Au total, « dans cet environnement caractérisé par des politiques déflationnistes et la poursuite d'objectifs purement économiques et financiers, la recherche cessait d'être une préoccupation des pouvoir publics, qui ne s'y intéressaient désormais qu'à travers les recherches d'accompagnement dans le secteur agricole ou les projets d'expérimentation dont celui des énergies renouvelables »64. La recherche universitaire constituait une préoccupation mineure des autorités.

63B.M.DAFFE, (24-26Avril 1998), Op.cit :13. 64B.M.DAFFE, Op.cit :13.

A la lecture de ce qui vient de précéder, quatre critiques essentielles peuvent être formulées à l'encontre du SNRST :

- D'abord, l'instabilité chronique dans laquelle se trouve les structures habilitées à diriger la recherche qui sont parfois des simples directions sans portefeuille ou des ministères. Finalement, cette situation finit par créer un flou au plan de l'organisation, de l'orientation et de la coordination de la recherche comme le note la Direction de la Planification dans ses Travaux Préparatoires du Xème Plan (2002-2007) ;

- Ensuite, au niveau des structures de recherche, seuls l'ISRA et l'ITA ont le statut d'établissement Publics à caractère scientifique et technique. Avec ce statut, ces structures de recherche ont vu leur situation améliorée sur le plan de la gestion administrative et financière. Les structures de recherche n'ayant pas de personnalité juridique, de l'avis des rédacteurs du Xeme plan, rencontrent des difficultés pour l'exploitation de toutes les potentialités dont elles disposent (développement de partenariat, constitution d'équipes pluridisciplinaires, diversification des sources de financement) ;

- Aussi, le financement de la recherche est-il largement dominé par les ressources provenant des donateurs. « Sur les 11 milliards FCFA que le Sénégal consacre annuellement à la recherche (tous secteurs confondus), plus de 60% sont fournis par les partenaires extérieurs. Une telle dépendance réduit les capacités nationales, de pilotages et de gestion de nos priorités de recherches »65 ;

- Enfin, pour ce qui est de la vulgarisation et de la valorisation des résultats de la recherche, le Sénégal fait face à un certain nombre d'obstacles. Il s'agit de l'absence d'un dialogue pérenne entre le monde universitaire et celui de l'entreprise, même si les autorités sénégalaises en un certain moment ont voulu amoindrir la distance en créant le Technopole qui jusqu'à ce jour n'arrive pas à remplir cette fonction.

Cependant, depuis l'avènement de l'alternance politique au Sénégal, les autorités ont posé un certain nombre d'actes pour le développement de la recherche universitaire. Ils l'ont affirmé ouvertement dans le Xeme plan en ces termes : « la recherche scientifique s'inscrit dans le plan de développement comme un des facteurs essentiels d'aspiration du pays à devenir une nation prospère et respectée. Il est en effet

65 Direction de la planification Travaux préparatoires du Xeme plan (2002-2007), Commission macroéconomique et de synthèse, 2001 :94.

largement établi qu'il ne peut y avoir de développement sans recherche »66. Toujours sur la même lancée, le Ministère de la Recherche Scientifique, annonce la création des Centre de Recherche et d'Essais (CRE). Avec ces centres, la recherche sera décentralisée à l'échelle locale c'est-à-dire de la région, du département, de la commune, de la communauté rurale, du village selon les besoins.

Est-ce encore des promesses non-tenues ou encore une véritable ère de rupture envers la recherche ?

Quoi que l'on puisse dire, l'enseignement supérieur au Sénégal n'est sujet à autant de débats, d'inquiétudes, et de grèves de la part des enseignants que de par le passé. C'est pourquoi, l'on peut être tenté d'affirmer que les universités Sénégalaises vont mal, le départ massif des enseignants de tous rangs vers d'autres cieux constituent l'illustration la plus parfaite du malaise de l'université Sénégalaise.« Les compétences académiques de tous rangs préfèrent partir dans les pays du Nord où elles jouissent davantage de considération et de respect et où elles pourront trouver des meilleures conditions pour leur exercice et leur développement »67.Professeurs, chercheurs et doctorants partent à l'étranger. « La grande saignée des enseignants » a coûté au Sénégal en moins de 10ans selon Abdel Kader Aidara68 , 105 départs de professeurs dont 15 postes sont déclarés vacants à l'Université Gaston Berger de Saint Louis.

Pour pallier la fuite des cerveaux au Sénégal, certains enseignants pensent qu'il faut essayer d'abord de trouver une solution à la question relative à l'avancement des enseignants dans la carrière. Cela pose le problème de la titularisation des maîtres assistants qui a suscité un débat houleux dans les milieux universitaires. Pour Sémou Pathé Guèye « la titularisation n'est pas une revendication digne de notre université »69. Face à la fuite des cerveaux, il pense qu' « il faut créer les conditions pour tous ceux qui veulent effectivement progresser : car à l'université, on est obligé de progresser si on ne

66 Direction de la planification Tavaux préparatoires du Xeme Plan, Recherche Scientifique et Technique et Nouvelles technologies Fiche technique n°64, Juillet 2001 :2.

67A.NIANG, (17 Février 2003), Op.cit, www.refer.sn.

68 Pour plus de détails sur cette question, consulter le site Internet www.refer.sn ou lire l'article de A.K.AIDARA, (24 Décembre 2002), « Universités du Sénégal : la grande saignée des enseignants », Le Soleil n°922.

69S.P.GUEYE., (24 Décembre 2002), « La titularisation n'est pas une revendication digne de notre université », Le soleil in www.refer.sn.

le fait pas, on est largué par le savoir qui, lui, progresse »70 . Donc, il faut mettre à la disposition des assistants stagiaires de la documentation fraîche et récente, permettre aux enseignants de faire des voyages d'étude et leur imposer un rapport à leur retour après les avoir assurée bien sur les moyens financiers nécessaires, revoir les charges horaires pour que le temps accordé à la recherche soit importante71, et promouvoir un encadrement adéquat aux jeunes chercheurs.

Par rapport à l'encadrement, Libasse Diop dégage quelques perspectives :

- Donner des Bourses de thèse aux assistants de la première catégorie ; cette Bourse leur permettrait, en semestrialisant leurs cours (premier semestre de la première année et deuxième semestre de l'année suivante), d'aller à l'étranger effectuer leurs recherches en vue d'une thèse (ceci est aussi applicable aux maîtres-assistants). Deux à quatre séjours ainsi définis permettraient aux uns de passer une thèse de troisième cycle et aux autres une thèse de doctorat d'Etat ;

-Donner les moyens matériels et financiers conséquents aux laboratoires et groupes de recherches qui s'engagent à encadrer un assistant ou un maître-assistant en vue d'une thèse ;

- Réactualiser l'arrêté du Recteur Niang72 et récompenser ceux qui essaient de faire de la recherche dans les conditions extrêmement difficiles de l'Université sénégalaise»73.

Les syndicalistes de leur coté soutiennent qu'il faut sécuriser les assistants en les titularisant d'office dans la fonction enseignante. Bien que les solutions de sortie de crise soient différentes, la solution à la crise universitaire passe d'abord par la satisfaction et la promotion de la recherche, car les enseignants continuent encore de migrer.

70 S.P.GUEYE, Op.cit, Le soleil in www.refer.sn.

71 L'indemnité de recherche des enseignants du supérieur au Sénégal s'élève à 105% de la solde mensuelle (Code 148). Paradoxalement un enseignant-chercheur qui ne fait pas de la recherche n'est pas sanctionné alors que l'enseignement est une obligation.

72 Le recteur Souleymane Niang « avait signé un arrêté tendant à récompenser financièrement les maîtres de conférences et Professeurs qui s'investissaient dans la recherche pour la formation des jeunes assistants, afin qu'ils puissent passer maîtres-assistants après la soutenance de leur thèse de troisième cycle, mais aussi des maîtres-assistants, afin qu'ils passent maîtres de conférences après la soutenance de leur thèse de doctorat d'Etat » .

73L.DIOP, (14 Janvier 2003), « À propos de la titularisation des assistants de l'université », Le Soleil in www.refer.sn.

Les destinations sont aussi bien les universités du Nord qui connaissent un manque criard en professeurs (conséquence du vieillissement de la population entre autres raisons), que des pays de la sous région74 comme la Cote d'Ivoire, la Mauritanie etc.... ou les enseignants sont mieux payés ou tout simplement deviennent des consultants. Selon le Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES) la recherche n'est pas une priorité dans les institutions universitaires.

A l'UGB, la recherche repose en premier chef sur les projets de recherche des sections et des professeurs qui ont créé des structures de recherche ou laboratoires. L'UGB dispose de structures de recherches multidisciplinaires avec des thèmes de recherche très variés. Les laboratoires de l'UGB sont au nombre de dix. Ces derniers sont :

· Laboratoire d'analyse Numérique et d'Informatique (LANI),

· Groupe d'Etude et de Recherche Constitutionnel Politique (GERCOP),

· Groupe d'Etude Linguistique et Littéraire (GELL),

· Groupe d'Etudes et de Recherche en Sciences Economiques (GERSEC),

· Observatoire pour l'Etude des Urgences, des Innovations et des Mécanismes du Changement Social (URIC),

· Groupe Interdisciplinaire de Recherche pour l'Appui à la Planification Régionale et au Développement Local (GIRARDEL),

· Laboratoire d' Etudes et de Recherches en Statistique et Développement (LERSTAD),

· Equipe de Recherche sur les Mutations du Rural Sahélien (ERMURS),

· Centre Interdisciplinaire d'Etudes et de Recherche de la Vallée (CIERVAL).

Comment ces laboratoires nés d'initiative individuelle ou collective des enseignants, parviennent-ils à fonctionner ? Faillent-ils les financer pour fonctionner ou ne faudrait-il pas prouver d'abord à travers des résultats concrets pour se financer/s'autofinancer ? Quel est l'état de la recherche à l' UGB ? En somme, quelles sont les contraintes et stratégies de recherche des laboratoires de l'Université Gaston Berger de Saint Louis ?

74 Lire à ce propos SAES -LIAISON, n°10 Janvier 2004 :7.

I.3. Intérêt du sujet

Le choix de ce sujet procède essentiellement de deux raisons. A travers cette étude, nous comptons amener notre modeste contribution dans la compréhension des pratiques universitaires qui ont été pendant longtemps laissées en rade dans les travaux des sociologues de l'UGB.

Par ailleurs, être convaincu que l'institution d'enseignement supérieur est un lieu de formation, de transmission, mais aussi de production de connaissances, c'est aussi affirmer qu'elle ne peut alors se passer de la recherche qui lui est d'une nécessité vitale. Les universités les plus remarquables sont celles où la recherche occupe une place notoire. A ce titre, une étude introspective sur la recherche à l'UGB est judicieuse. Le choix des laboratoires nous a été dicté par la tendance actuelle qui fait légion dans tous les grands pays de recherche : le travail d'équipe. De nos jours, le temps du chercheur solitaire est révolu, la tendance actuelle est au travail d'équipe.

L'université de Saint Louis a opté pour la recherche en équipe d'où l'existence de laboratoires dans toutes les Unités de Formation et de Recherche (UFR). Etudier ces laboratoires de recherche qui ont à leur actif certaines réalisations, acquis un capital d'expériences, explique aussi le choix de ces structures de recherche.

Dans cette perspective, notre terrain d'étude se limite uniquement aux activités de recherche se faisant au sein des laboratoires sans occulter aussi l'apport s'il y a lieu des UFR et du rectorat (administration centrale) dans la recherche, mais toujours au sein de ces dites structures de recherche.

I.4. Objectifs :

Le but de cette étude que nous menons au sein des laboratoires de recherche de l' UGB s'inscrit largement dans la logique de satisfaire à l'objectif principal que voici :

y' Analyser les différentes contraintes auxquelles les laboratoires de l' UGB sont confrontés pour faire de la recherche et les stratégies pour pallier cette situation.

Au-delà de cet objectif principal, nous envisageons de:

y' Décrire la structure et le fonctionnement des laboratoires de recherche de l'UGB ;

y' Comprendre les différentes pratiques de recherche de ces laboratoires et faire l'état de leur production.

I.5. Hypothèse : L'hypothèse centrale qui structure notre étude se présente comme suit :

La faiblesse des ressources financières, matérielles, informationnelles et humaines dont disposent les laboratoires de recherche à l'UGB, amène les chercheurs à développer des stratégies de recherche, de financement, de moindre coût ou de sécurisation des recherches en vue de faire des productions scientifiques.

Conceptualisation

Elle se compose de la définition des concepts et de l' opérationnalisation de ces derniers.

I.6.1 Définition des concepts

Nous allons procéder à une définition d'un certain nombre de concepts clés de notre hypothèse : production scientifique ; stratégie ; ressource.

+ Production scientifique

Selon que l'on se situe dans la perspective technique ou dans celle économique, les définitions du concept de « production » varient.

Du point de vue technique, la production « est l'ensemble des opérations qui permettent d'obtenir, par la combinaison et la transformation des biens existants, mais imparfaitement utilisables, des biens nouveaux, mieux adaptés à la satisfaction d'un besoin. La production n'est pas une création physique absolue, mais une série de transformations nécessaires75 ».

Les économistes dans leurs tentatives de définition du concept, iront au-delà de la transformation matérielle prônée par les technicistes et chercheront à comprendre le

75R. FRUIT, (1990), « Production et surproduction », in Encyclopaedia Universalis, France : 5

lien qui s'établit entre production et satisfaction des besoins ou consommation. La production est « définie comme la création d'utilités 76». S'agissant de l'activité productrice, les économistes émettent des avis partagés. Ainsi « à la fin du XVIIIe siècles, pour les physiocrates, seules l'activité agricole est productrice et créatrice de richesse. L'industrie et le commerce sont, pour eux, des activités « stériles » qui ne font que transformer ou déplacer des biens déjà créés77 ».

Cette conception est critiquée par Malthus en Angleterre et Says en France. Pour Malthus, « l'activité industrielle a un caractère productif, mais la production se limite à la transformation des objets matériels78 ». Says, quand à lui, va plus loin, il affirme avec autorité que « la fourniture de service est une production ».

Marx, pour sa part, s'inscrivant dans la pensée de Malthus et de Ricardo, soutient que« seul le travail est créateur de richesses, donc productif, mais la production reste limitée au domaine des biens matériels et exclut les services79 ».

Pour ce qui est de la science, A. Lalande l'a définit comme étant un « (...) ensemble de connaissances et de recherches ayant un degré suffisant d'unité, de généralité et susceptibles d'amener les hommes qui s 'y consacrent à des conclusions concordantes, qui ne résultent ni de conventions arbitraires, ni de goûts ou des intérêts individuels qui leurs sont communs, mais de relations objectives qu'on découvre graduellement, et que l'on confirme par des méthodes de vérifications définies80 ».

Sur la même lancée, Abdoulaye Niang remarque que « la science consiste, d'une part, en une rigueur méthodologique opératoire destinée à favoriser, sur son objet spécifique, la collecte d'informations objectives et, d'autre part, en un effort de rationalisation de haut niveau visant la mise en cohérence logique de celles-ci et la conceptualisation des rapports significatifs dégagés, aux fins de produire une pensée systématisée qui se prête à la vérification et à des opérations de prévision81 ».

76R. FRUIT, (1990), Op.cit :5. 77 R.FRUIT, (1990), Op.cit :5. 78R. FRUIT, (1990), Op.cit :5. 79R.FRUIT, (1990), Op.cit :5. 80 A.LALANDE, (2002), Vocabulaire technique et critique de la philosophie , Paris, Quadrige/PUF :

954.

81A.NIANG, (Janvier 2003), « La science, l'homme de science et le social : l'implication cognitive et éthique dans l'entreprise scientifique » in Revue Sénégalaise de Sociologie, Saint Louis, IPF : 7.

Dans notre entendement, la production scientifique des laboratoires est l'ensemble des documents ou supports de vulgarisation scientifiques produits par les laboratoires de l'UGB. Ces derniers peuvent être audiovisuels, écrits ou sonores qui constituent le résultat des recherches menées au sein de la structure de recherche.

+ Stratégie

La stratégie est un ensemble de « moyens ou actions mis en oeuvre dans le but d'atteindre certaines fins. Le langage courant distingue la mise en oeuvre à long terme (stratégie) des étapes intermédiaires ou secondaires qui permettent d'arriver à cette fin (tactique)82 ». Au début, le concept de stratégie renvoie à l'art de la préparation et de la conduite de la guerre. A l'époque moderne, le concept a évolué pour être utilisé aussi bien dans la sphère politique (stratégie électorale) que celle économique (stratégie d'entreprise) et enfin sociale. De spécialité militaire, le concept de stratégie est devenu transdisciplinaire. Il consiste d'abord à définir des finalités générales que l'on cherche à atteindre par la combinaison de tous les éléments à la disposition des acteurs. Elle implique également une activité intégrant des facteurs économiques, politiques, culturels et sociaux. Elle s'oppose ainsi à la tactique qui est l'art de disposer et de manoeuvrer des forces ou des éléments sélectifs pour atteindre un objectif ou une fin limitée dans le temps et dans l'espace.

La stratégie est alors comme le dit I.P. LALEYE « l'art de coordonner des forces pour atteindre un but bien déterminé, les forces peuvent être militaires, politiques, intellectuelles, morales ou opérationnelles83 ».

En économie, « l'analyse des comportements stratégiques a été introduite par le biais de la théorie des jeux et a permis de compléter les modèles de comportements économiques qui se limitaient à une simple optimisation. Ainsi ont été mises en évidence les stratégies conditionnelles ou l'action stratégique d'un agent dépend de ce que font où feront les autres agents 84».

82 Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales, (2002), in BEVOL.R., Hachette éducation : 373.

83 I.P.LALEYE, (1992), « Transdisciplinarité et développement endogène », in La natte des autres. Pour un développement endogène en Afrique, Dakar, CODESRIA : 311.

84 Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales, Op.cit :373.

En sociologie, le « comportement stratégique » a été développé par Michel Crozier85 dans l'analyse des comportements au sein des organisations et contribue profondément au « retour de l'acteur » sur la scène sociologique. Les acteurs ont des objectifs multiples, différents et qui peuvent être contradictoires. En effet, les acteurs, dans les limites de leur marge de liberté, se saisissent des opportunités qui se présentent à eux plutôt qu'ils n'accomplissent un plan de « carrière » bien établi. Pour cela, les acteurs doivent « percevoir » les opportunités et avoir la capacité d'y répondre.

C'est ainsi que l'organisation apparaît comme la résultante de la réalisation plus ou moins achevée et comprise des objectifs des acteurs. Les acteurs ont une forte influence sur l'organisation : ils peuvent la modifier, la transformer. Les relations de pouvoir entre acteurs, leurs interactions, sont importantes pour expliquer la mise en oeuvre de l'action collective initiée par le dirigeant.

Les acteurs sont en effet contraints par le contexte organisationnel qui influence leurs objectifs. Cela peut les conduire à modifier ou à reporter leurs objectifs initiaux. En effet, le modèle « officiel » descriptif (les rites, les habitudes, le système de récompense formel, le système formel de contrôle) détermine le contexte de l'action et définit quelles sont les ressources disponibles de chacun. Cela se traduit au niveau des acteurs par la distribution de pouvoir (on évoque aussi les termes d'allocation des droits décisionnels). Dans le même temps, l'organisation utilise la culture pour « canaliser » les objectifs des acteurs, le pouvoir alloué. La culture joue alors un double rôle de détection mais aussi de limitation des opportunités que les acteurs peuvent saisir.

Face à ces contraintes, les acteurs développent des stratégies en fonction des ressources disponibles et des contraintes qu'ils perçoivent. Ce ne sont donc pas les structures de l'organisation qui déterminent les choix stratégiques des individus, ces derniers sont libres de choisir d'agir ou de ne pas agir dans le « sens indiqué » par l'organisation. L'organisation apparaît alors comme un ensemble intégrateur des différentes stratégies d'acteurs. Elle peut se définir comme un « système d'action concret (...) :) [l'] ensemble des jeux dans lesquels ses participants sont acteurs, qui définissent les buts réels de l'organisation et la façon dont elle affronte les problèmes concrets quotidiens et coordonne les actions des participants membres 86»

85 M.CROZIER. et E.FRIEDBERG, (1977), L'acteur et le système, Paris, Seuil, 500 p.

86 Dictionnaire des Sciences Economiques et Sociales, Op.cit :373.

La stratégie, dans notre étude, se définit par rapport à un ensemble de contraintes qui se posent aux chercheurs. Ce faisant, les acteurs évoluant dans les laboratoires de l'UGB en réponse à ces éléments inhibant la recherche, inventent ou développent tout un ensemble de pratiques (stratégie). Celles-ci sont : financières, de recherches, de moindres coûts et de sécurisation des recherches.

+ Ressource

Dans le Dictionnaire économique et financier87, le concept de « ressource » renvoie aux biens, services ou capitaux dont on peut disposer. Toujours chez les économistes, le terme « ressource » ne signifie pas la même réalité et est fonction des comptes et de leur niveau d'agrégation. C'est ainsi que le concept de « ressource » varie en fonction :

-du compte global des ressources et emplois de biens et services de la nation : les ressources constituent l'ensemble des biens et services dont a disposé la nation au cours d'une année, elles comprennent la production intérieur brute et les importations.

-du compte des opérations de répartition : les ressources désignent les revenus ou les transports au sens large dont les agents économiques ont bénéficié au cours d'une année.

-du compte des opérations financières : les ressources des agents correspondant à leur capacité de financement augmentée des variations de leurs dettes à court, moyen et long terme. On notera qu'au niveau des opérations financières, traitées en variations d'actif ou des passifs, les recouvrements sur créances sont comptabilisés en diminution d'actif et les remboursements sur dettes en diminution passive.

Au total, le concept de ressource renvoie à un ensemble de "moyens pécuniaires, moyens matériels d'existence. On emploie généralement le pluriel pour désigner des moyens assez importants tenus en réserve pour les mauvais jours ou constituant des revenus sûrs88". Au sens large, moderne (XIXe siècle), toujours au pluriel, "moyens

87 Dictionnaire Economique et Financier (1996), Bernard et Collin, Paris, Seuil, 1515 p.

88 Dictionnaire Robert, (1976), in www.cig.ensmp.

matériels (hommes, réserves d'énergie, etc.) dont dispose ou peut disposer une collectivité. Ressources d'un pays89 ".

Par exemple, la ressource en eau est définie comme étant l'eau dont dispose ou peut disposer un utilisateur ou un ensemble d'utilisateurs pour couvrir ses besoins. Dans le cadre de ce travail, la ressource est un ensemble de moyens dont disposent les laboratoires et qui leur permet d'assurer leur fonctionnement. Il s'agit dès lors des ressources humaines, informationnelles, logistiques, culturelles, psychiques et financières nécessaires au bon fonctionnement des laboratoires.

89 Dictionnaire Robert, (1976), Op.cit.

I.6.2. Opérationnalisation des concepts

Stratégies financières -Cotisations des membres -Participation de chercheurs extérieurs voulant se faire publier par une revue de l'UGB

-

Stratégies de moindre coût et de sécurisation des recherches

-Lecture et correction des recherches

- Prépublications

Ressources financières -Crédits budgétaires de l'UFR et de la Commission scientifique (Rectorat) -Autres financements publiques, privés, mixtes

Documents écrits -Ouvrages -Périodiques -Bulletins

-Revues

Ressources humaines -Enseignants-chercheurs -Doctorants

-Intervenants extérieurs

Ressources psychiques -Motivation

-Imagination

-Intuition

-Goût pour la recherche

FONCTIONNEMENT DU LABORATOIRE

PRODUCTION

RESSOURCE

STRATEGIE

Ressources culturelles -Ambiance collective -Compétition

-Implication des membres -Implication des services pédagogiques (UFR, Conseil scientifique)

-Emulation pour la recherche

Ressources informationnelles -Bibliothèque centrale de l'UGB -Centres de documentation de l'UGB

-Documents disponibles au laboratoire

Ressources matérielles -Equipements informatiques et logistiques

-Local

Documents audiovisuels -Cassettes (vidéo/ audio) -CD-R

-Manifestations scientifiques (colloques, séminaires, conférences, etc.)

Stratégies de recherche et de diffusion des travaux

-Appel aux partenaires de recherche

-Voyages d'études -Recours aux étudiants

I.6.3. Construction du modèle théorique

En sciences sociales et tout particulièrement en sociologie, toute tentative d'élucidation du réel s'inscrit dans un canevas théorique. C'est pourquoi, la saisie de « l'intelligence du social » ou « la capacité d'établir des liens et de saisir des relations90 » se fait à travers l'utilisation des schèmes d'intelligibilité.

De ce fait, la compréhension de la nature de la relation existante entre les ressources dont disposent le laboratoire et sa production scientifique d'une part, et d'autre part, les stratégies que déploient les chercheurs des laboratoires de l' UGB pour faire de la recherche dans un environnement marqué par une rareté de ces ressources (contraintes), nous amène à utiliser deux schèmes. Il s'agit des schèmes causal et actanciel.

D'abord, nous allons faire recours au second programme du schème causal.

Sa forme logique (S1 S2)= (S2=f (S1) signifie qu'un système S2 est sous la dépendance d'un système S1 antérieur à lui et le plus souvent plus fondamental que lui. Dans ce programme, « la correspondance structurale entre systèmes sera ainsi la preuve d'une relation de détermination, que l'antériorité logique de l'un permettra de définir comme causale »91 .

Ainsi, pour J.M. Berthelot., ce sous-programme « tend à chercher derrière une construction sociale B (système politique, système de parenté, idéologique, système de représentations...) le système A qui le fonde et dont B est l'effet ou le « reflet »92 ».

Rapporté à notre étude, nous pouvons considérer :

S1= Ressources dont disposent les laboratoires de recherche de l'UGB ; S2= Production scientifique.

Ce schème nous permettra de voir la relation de dépendance qui existe entre la production des laboratoires et les ressources dont ils disposent. Ensuite, puisque nous parlerons de stratégies déployées par les laborantins face à l'absence de ressources pour fonctionner, force est pour nous de faire appel au schème actanciel qui implique la

90 J.M.BERTHELOT, (1990), L'intelligence du social, Paris, PUF : 9.

91 J.M.BERTHELOT, (1990), Op.cit:64.

92 J.M.BERTHELOT, (1990), Op. cit:64.

reconnaissance de l'intentionnalité de l'action93 et son irréductibilité à une détermination causale. La forme logique de se schème est la suivante :

(ApB) = (B*S, S {~a-- ~e} --B--S)

~a=Ensemble des acteurs

~e= Ensemble des effets de leurs actions

B= Résultante du comportement des acteurs impliquées S= Système d'action

Cette forme logique signifie concrètement qu'un ensemble d'acteurs adopte des comportements individuels ou collectifs dont l'agrégat donne un phénomène émergent B qui, à son tour, rétroagit sur le système.Appliqué à notre étude, nous aurons :

~a= Ensemble des chercheurs évoluant dans les laboratoires de recherche ;

~e= Ensemble des stratégies qui sont à la fois interne qu'externe mis en oeuvre par les chercheurs du laboratoire ;

B= Possibilité de produire dans les laboratoires ;

S= Laboratoire de recherche.

Dès lors, les chercheurs évoluant dans les laboratoires vont faire appel à toutes sortes de stratagèmes. L'agrégation de ces diverses stratégies permettra le fonctionnement des laboratoires qui, concrètement, s'appréciera à travers la production scientifique de ces structures de recherche.

93 L'analyse stratégique s'inscrit dans cette perspective en se sens qu'elle affirme que « l'acteur se saisit des opportunités qui s'offrent à lui dans le cadre des contraintes qui sont les siennes. Elle n'est donc jamais entièrement prévisible car elle n'est pas déterminée mais, au contraire, toujours contingente » in M.CROZIER et E.FRIEDBERG, Op.cit :46

CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE

Ce chapitre retrace la démarche empruntée en décrivant l'ensemble des techniques d'investigation utilisées. Il retrace aussi les différents moments qui l'ont rythmés partant de la phase exploratoire, en passant par la construction de l'échantillon jusqu'aux difficultés rencontrées dans cette étude.

II.1. Histoire de la recherche

Dans le souci de recueillir des informations portant sur notre thème d'étude, notre travail a été conduit en trois temps :

· la recherche documentaire ;

· les entretiens exploratoires ;

· l'enquête proprement dite.

II. 1.1 La recherche documentaire :

Cette présente étude nous a amené à consulter des documents ayant un rapport avec notre thème de recherche. Dans ce cadre, nous avons eu à fréquenter divers lieux dont notamment :

-la Bibliothèque Universitaire (BU) de l'UGB

-les Centres de documentations de Sciences Sociales de l'UFR de Lettres et Sciences Humaines (LSH), de Sciences Juridiques et Politiques (SJP) et de Sciences Economiques et de Gestion (SEG)

-le siège du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES)/ Saint louis -la Bibliothèque Centrale de l'UCAD (section Sciences de l'éducation)

-le CODESRIA à Dakar

-le Centre National de Documentation Scientifique et Technique (CNDST) du Ministère de la Recherche Scientifique

-Internet surtout le moteur de recherche www.google.fr qui nous permis d'accéder à d'autres sites Internet.

Fort de l'ensemble de matériaux théoriques obtenus à travers la recherche documentaire, nous avons eu dans un premier temps à mieux cerner la problématique de la recherche qui se trouve être une manifestation de la crise que traverse

l'enseignement supérieur en Afrique et, dans un second moment, de construire notre problématique de recherche.

Cette phase documentaire terminée, nous avons investi notre terrain d'étude.

II. 1.2 Les entretiens exploratoires

Cette étape a été d'une grande utilité pour la continuité du travail en ce sens que, au début de la recherche, nous avions des idées plus ou moins approximatives sur notre problématique de recherche. Il en était ainsi de la formulation de notre problème et questions de recherche ainsi que de l'hypothèse théorique qui ne nous apparaissaient pas sous des rapports clairs. C'est pourquoi, nous avions jugé opportun de nous rendre auprès des personnes ressources qui maîtrisent de par leur position, leur expérience dans la recherche, la problématique de la recherche à l'UGB. Ces derniers nous ont aidé à lever le voile sur certains aspects du problème que nous ne maîtrisions pas. Nous nous sommes entretenus avec le Président du Conseil Scientifique de l'UGB, 3 enseignants de l'UGB évoluant dans des structures de recherche, 2 étudiants de troisième cycle membres de laboratoire, le responsable de la revue Université Recherche et Développement (URED), le secrétaire général du SAES/ UGB, un responsable du service des finances d'une UFR, le Chargé de la communication de l'UGB ainsi que le Chef du Service des Ressources Humaines et de la Formation.

Au total, nous avons interrogé 11 personnes ressources. Le mode de choix de ces personnes varie en fonction de l'information recherchée. Par exemple, le Président du Conseil Scientifique nous aura permis de comprendre la politique de recherche de l'UGB, le fonctionnement de la Commission Scientifique et les différentes relations qu'elle entretient avec les laboratoires de recherche. Quant aux enseignants, ils nous ont permis d'identifier les contraintes auxquelles les laboratoires de recherche sont confrontées et les différentes stratégies déployées. La situation générale de la recherche et les différents grades existant au niveau de l'UGB nous ont été éclaircis grâce à la rencontre que nous avons eue avec le Secrétaire Général du SAES. La compréhension du budget des UFR, n a été possible que grâce aux explications détaillées du Chef du Service Finance d'une UFR. Enfin, le fonctionnement de l'UGB en général, du rectorat en particulier et l'obtention de donnée sur les enseignants sont redevables

respectivement au Chargé de la Commination du rectorat et du Chef des Ressources Humaines et de la Formation.

II.1.3. L'enquête proprement dite

Cette phase de recueil des données a été elle aussi essentielle dans la mesure où le corps des informations obtenues a été la base sur laquelle s'est effectué tout le travail d'interprétation de l'enquête. Au cours de cette étape, il s'agissait de rassembler le maximum d'éléments se rapportant à notre objet d'étude. Ces investigations se sont déroulées au cours du mois de Juin, s'étalant jusqu'au 17 Août à l'UGB. D'une manière générale, les populations composant les structures de recherche se sont montrées très ouvertes et accueillantes à notre égard. Elles ont accepté sans commune mesure de se soumettre à nos interrogations pour certains et d'autres d'accepter de remplir nos questionnaires qu'ils nous ont remis plus tard.

Plusieurs techniques d'investigation adaptées à notre champ d'étude ont guidé l'enquête de terrain.

II.2 Les techniques de recueil de données :

L'orientation de notre étude nous a amené à faire recours à la méthode quantitative sans pour autant négliger la méthode qualitative.

II.2.1 Le guide d'entretien

Nous avons dans un premier temps eu recours aux guides d'entretien. Ces entretiens se sont déroulés auprès des responsables de laboratoires. Les thèmes suivants ont été abordés :

· Contexte de création du laboratoire de recherche ;

· Implication de l'administration à travers ses structures pédagogiques (UFR, Conseil Scientifique du rectorat) dans le fonctionnement des laboratoires de recherche ;

· Contraintes et stratégies des laboratoires de recherche ;

· Politique incitative pour la promotion de la recherche à l'UGB.

Ces entretiens ont eu lieu le plus souvent dans les bureaux des enseignants pendant le mois d'Avril. La durée moyenne d'un entretien est de 25mn.

II.2.2 Le questionnaire

Pour ce qui est de la méthode quantitative, nous avons utilisé deux questionnaires administrés respectivement aux responsables de laboratoire et aux membres de laboratoire.

Le questionnaire des responsables comportait les rubriques suivantes :

V' Identification du laboratoire de recherche ;

V' Structure et fonctionnement des laboratoires de recherche de l'UGB ;

V' Ressources des laboratoires ;

V' Réalisations scientifiques des laboratoires.

Quant aux membres, le questionnaire qui leur était administré s'organise autour :

V' de l'identification sociologique ;

V' des implications et conditions de travail du chercheur ; V' des contraintes dans la recherche.

Ces questionnaires ont été distribués pendant les mois de Juin, Juillet et Août.

II.2.3 Les entretiens informels

De temps à autre lorsque la situation l'exige, nous avons fait recours aux discussions informelles. Elles venaient compléter et nous aider à mieux appréhender certains faits nouveaux qui ressortent lors d'un entretien, d'une lecture d'un texte.

Ces discussions ont été utilisées avec un certain nombre d'enseignants qui s'intéresse à notre thème d'étude. La durée des entretiens informels est fonction de la disponibilité de l'enseignant et du problème soulevé.

II.3 L'échantillonnage

Dans cette étape, nous avons d'abord procédé à l'établissement d'une population mère à travers laquelle nous avons pu par la suite tirer notre échantillon.

II.3.1. La constitution de la population mère

Nous avons fait un travail de recensement pour pouvoir identifier les laboratoires existants au sein de l'UGB ainsi que leurs membres. Ce travail a pu être fait grâce au site Internet de l'UGB ( www.ugb.sn) qui nous a permis de répertorier 10 laboratoires de recherches et de recenser 130 membres. Ceci constitue notre population mère.

II.3.2. Nettoyage du fichier

La phase n°2 de la constitution de l'échantillon nous a permis de soumettre la liste des membres, recueillie à travers le site Internet de l'UGB, aux responsables de laboratoires. Avec ces derniers, la liste a été réactualisée. Certains qui ne faisant plus partie du laboratoire ou qui sont en voyage au moment de l'enquête ont été éliminés de l'échantillon tandis que de nouvelles entrées (membres ne figurant pas sur la liste du site Internet de l'UGB) sont venues compléter notre première liste. Les membres après nettoiement du fichier sont au nombre de 97, étudiants et enseignants confondus, en plus des 10 responsables de laboratoires.

II.3.3. Echantillon

Ayant conscience de la taille réduite de la population composée de 97 membres et de 10 responsables de structures de recherches d'une part, et d'autre part, de l'écart au niveau des effectifs des laboratoires, nous avons jugé nécessaire de faire un échantillonnage exhaustif. Cela nous permettra de saisir et de comprendre le point de vue de tous les acteurs évoluant dans les laboratoires de recherche. Ainsi, 97 questionnaires ont été distribués aux membres et 10 questionnaires aux responsables de laboratoires. Pour être plus explicite, nous allons illustrer nos propos à travers le tableau (n°1) ci-après :

Tableau 1 : Répartition des personnes enquêtées en fonction des laboratoires

Laboratoires Enquêtées

LERSTA
D

LANI

ERMUR
S

CIERVA
L

GELL

GERCO
P

GERSE
G

GIRARDE
L

URIC

LSAO

Total

Responsables

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

10

Membres
(étudiants et
enseignants)

15

16

0

10

6

7

10

27

3

3

97

Total

16

17

1

11

7

8

11

28

4

4

107

 

Source : Construit à partir des différentes informations recueillies auprès des responsables de laboratoires de recherche.

Au total, nous avons pu récupérer 70 questionnaires pour les membres, soit 72,16% d'enquêtés. Pour ce qui est des responsables, sur les 10 questionnaires distribués, seul 03 n'ont pu être récupérées, soit 30% de la population à enquêter. Dès lors, au cours des développements qui vont suivre, seuls les laboratoires dont les responsables ont répondu à nos questionnaires figureront dans nos tableaux.

II.4.Techniques de traitement des données

Les techniques d'exploitation ont été le traitement statistique des données et l'analyse de contenu. Le traitement statistique a été à la base des tableaux simples ou corrélatifs qui nous ont permis de mettre à jour les relations existant entre les différents indicateurs. L'analyse de contenu quant à elle, nous a permis de reproduire la pensée des acteurs.

Par ailleurs, pour la construction des graphiques et courbes, nous avons eu recours au logiciel Excell.

II.5. Les difficultés rencontrées

Tout travail comporte des obstacles plus ou moins difficiles à surmonter comme ce fut le cas dans cette présente étude qui constitue notre première expérience dans la recherche.

Cependant, il convient de souligner que pour un chercheur ou du moins quelqu'un

qui aspire à l'être, les difficultés constituent en même temps des réalités instructives.

Car c'est à force d'être confronté à elles que l'on cultive le sens de l'adaptation. Pour y arriver « il faut être plus têtu que les difficultés » et tenir tête aux différentes contraintes qui jalonnent un travail de recherche scientifique depuis les premiers contacts avec le sujet, en passant par la documentation jusqu'à la phase de rédaction finale du mémoire.

En effet, les difficultés surgissent dès l'instant que l'on comprend les implications d'un sujet aussi complexe, aussi problématique que la recherche dans laquelle les personnes impliquées sont nombreuses (étudiants, professeurs...). Le problème devient alors épistémologique et méthodologique à la fois et demande de la part de l'étudiant chercheur un grand effort de dépassement et de neutralité pour pouvoir pénétrer le phénomène.

D'abord, un problème de documentation s'est posé au début de l'étude. Les quelques rares documents (bulletins du CODESRIA) dont nous disposions traitant du sujet, n'abordaient que lapidairement la question de la recherche. A l'UGB, aucune étude n'a été faite sur la problématique de la recherche. Ainsi, nous avons consacré des mois entiers à lire et à tenter de construire une problématique, mais au finish, nous avions l'impression de ne pas avancer.

Cette étape de désillusion surmontée qui constitue des moments pénibles qui nous fait douter de nos capacités à traiter du sujet, nous voilà confronté à la lourdeur des structures administratives et surtout à leur nature informelle. Ainsi, il nous a fallu compter le nombre d'ouvrages de la BU, roder et suppléer même certains responsables des Services des Finances parfois sans succès, pour pouvoir disposer des budgets jalousement gardés des UFR. Heureusement les délégués d'UFR en disposaient. Du coté du rectorat, disposer des résultats du Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement Supérieur (CAMES) fut long et pénible. Partout, il nous semblait qu'il y avait une boite de pandore à ne pas toucher et que la carrière de l'enseignant dans l'UGB relève du domaine privé, donc à ne pas évoquer à nos risques et périls.

Par ailleurs, l'autre difficulté majeure à laquelle nous avons été confrontée est relative à la nature de la population à enquêter. Les professeurs de l'UGB, avec la surcharge horaire, les voyages d'études, mais surtout les examens de Juillet, n'ont pratiquement pas le temps de nous recevoir. Donc, il nous a fallu plusieurs rendez-vous pour enfin rencontrer un professeur qui accepte de nous recevoir et de discuter avec

nous ou, à défaut, qu'on lui remette le questionnaire94 qu'il remplit pour nous le restituer ultérieurement. C'est pourquoi nous avions fait deux mois d'enquête avec des situations de retour chez la personne enquêtée pour pouvoir déchiffrer une écriture, compléter une information (ce fut le cas pour les questionnaires auto- administrés).

94 « Le remplissage du questionnaire assuré par le répondant lui-même peut être réalisé en dehors de la présence de charges d'étude (par voie postale) ou en présence d'une personne chargée de l'enquête », in N.BERTHIERB, (2000), « Les techniques d'enquêtes. Méthode et exercices corrigés », Paris, Armand Collin : 143

Cette partie appelée aussi monographie du terrain se compose essentiellement de deux chapitres. Dans un premier temps, nous faisons la présentation socio-historique et organisationnelle de l'UGB et dans un second moment, nous présentons les structures et supports pédagogiques de l'UGB.

CHAPITRE I : Présentation socio-historique et organisationnelle de l'Université Gaston Berger de Saint Louis

Pour faire la présentation socio-historique et organisationnelle de l'UGB, nous avons parlé de l'historique de l'UGB, de la structure démographique de l'UGB, des résultats au CAMES et de l'encadrement des étudiants et enfin de la structure et de l'organisation de l'UGB.

I.1. Historique de l'UGB :

Sur une superficie de 240ha, entre les Sanar Wolof et Peul, l'UGB, la seconde institution universitaire du Sénégal, s'impose avec sa grande tour. OEuvre nationale qui a la principale caractéristique de n'être pas un legs de la colonisation, l'UGB de Saint Louis détient une histoire qui est intimement liée aux grandes grèves qui ont secoué le Sénégal sous le régime de Senghor.

Suite aux périodes de grèves qu'a traversé l'Université de Dakar en 1968 et 1972, la construction d'une seconde institution d'enseignement supérieur s'imposait au régime du Président Senghor. Il fallait que la nouvelle université soit implantée loin de Dakar, la capitale et aussi qu'il y soit transféré la faculté de lettres et sciences humaines indexée comme étant l'investigatrice des troubles. La pose de la première pierre de ce nouveau temple du savoir implanté à Saint Louis a eu lieu en 1974 par le Président Senghor en compagnie de son homologue Gabonais de l'époque Léon Mba. Seize ans après, l'université de Saint Louis ouvrira ses portes en 1990 par la loi N° 90-03 du 02 Janvier et le N°90-054 du 19 Janvier 1990.

Par rapport à l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, l'UGB présente un certain nombre de spécificités au niveau de l'organisation des études à travers son projet pédagogique novateur. En effet, l'UGB dans sa mission de participation à la formation des cadres du Sénégal et des autres pays africains, s'est inscrite en droite ligne des objectifs des Etats Généraux de l'Enseignement et de la Formation (EGEF) qui est de bâtir une université de développement. Pour y arriver, comme le suggère le Rapport de l'EGEF « l'université doit se rénover en se dotant de nouvelles structures

adaptées et capables de lui faire jouer un rôle dynamique dans le processus de développement national95 ».

Née dans un contexte de crise du système éducatif comme l'attestent les grèves répétées de 1988 qui se sont soldées par une année blanche, l'UGB traversa des crises qui constituent des dates repères. En effet, deux grandes crises ont secoué la jeune institution quatre ans juste après son ouverture entraînant ainsi une année invalide (1994) et une session unique en 1998. En 1999, le départ de son ancien recteur fait suite à des grèves aussi.

I.2. Structure démographique
I.2.1. Les étudiants

Tableau 2 : Evolution des effectifs de l'UGB par UFR

UFR

Effectif

UFR/SAT

UFR/SEG

UFR/SJP

UFR/LSH

UGB

Taux d'accroissement annuel

1990/1991

98(10)

100(10)

101(26)

296(104)

595(150)

 

1991/1992

176(22)

139(18)

140(33)

536(198)

991(271)

66,55

1992/1993

210(25)

175(25)

157(34)

737(264)

1279(348)

29,06

1993/1994

245(34)

193(29)

216(48)

953(3 14)

1607(3 14)

25,64

1994/1995

274(44)

174(23)

253(48)

1121(341)

1822(456)

13,37

1995/1996

285(48)

174(30)

261(42)

1245(394)

1975(514)

8,39

1996/1997

285(47)

177(36)

291(74)

1343(448)

2096(605)

6,12

1997/1998

268(40)

173(32)

290(89)

1426(481)

2157(642)

2,91

1998/1999

252(37)

186(41)

299(87)

1441(481)

2178(646)

0,91

1999/2000

265(36)

203(43)

318(94)

1486(465)

2272(638)

4,31

2000/2001

269(29)

257(60)

411(127)

1486(510)

2526(726)

11,17

2001/2002

234(28)

291(64)

519(154)

1483(503)

2663(749)

5,42

2002/2003

495(76)

325(76)

542(173)

1556(863)

2918(1118)

9,57

2003/2004

590(101)

349(85)

575(171)

1668(543)

3202(900)

9,73

2004/2005

737(121)

382(92)

604(182)

2219(583)

3560(978)

11,18

 

( ) : Effectif des femmes

Source : Construit à partir des données du SCS/IP 2005

95A.FELIX-MARIE et T.DES LIERRES, Op.cit :164

Dans le tableau n°2, nous pouvons noter que les effectifs des étudiants ne cessent de croître d'année en année. En 15 ans, l'UGB a quintuplé son effectif en passant de 595 étudiants à 3560 étudiants, ce qui dénote de la volonté des autorités d'accroître les effectifs. Mais aussi, cette situation est due à la création de nouvelles filières surtout dans les UFR de Sciences Appliquées et Technologies (SAT) et de Sciences Economiques et de Gestion (SEG) telle que l'Université Virtuelle Africaine (UVA), le Diplôme d'Ingénieur en Electronique et Télécommunication (DIETEL) et les Mathématiques Appliquées aux Sciences Sociales (MASS) entre autres.

Cependant, la courbe d'évolution du taux d'accroissement naturel des effectifs de l' UGB, montre une baisse tendancielle des effectifs (voir courbe n°1). De 66,55% en 1990, le taux à chuté jusqu'à atteindre 0,91% en 1998/99. Cette situation peut s'expliquer par les différentes crises qui ont jalonné l'existence de l' UGB. En effet, l'année 1997/98 fut marquée par les mouvements estudiantins qui ont atteint leur paroxysme avec les événements du 5 Mai 1998. L'accrochage entre les étudiants et les forces de l'ordre s'est soldé par de nombreux blessés chez les étudiants et une session unique. Par ailleurs, l'UGB a connu une année invalide, deux sessions uniques, et a aussi échappé de justesse à une troisième session unique en 1997/98 du fait de la longue grève du SAES. Ces différents événements ont dû peser négativement sur le choix de l'université par les nouveaux bacheliers.

Ce tableau laisse aussi apparaître un certain nombre de disparités tant au niveau des UFR qu'au niveau de la répartition de l'effectif par rapport au sexe. Ainsi, sur les 3560 étudiants inscrits en 2005, l'UFR/LSH occupe la première importance numérique avec plus de la moitié de l'effectif total de l'Université soit 2219 étudiants répartis dans les différentes sections dont celle d'Anglais avec 393 inscrits, de la section Sociologie avec 418 inscrits, la section de Français 382 étudiants et enfin celle de LEA avec 259 inscrits. Cette inégale répartition constitue une caractéristique que l'UGB partage avec bon nombre d'universités africaines. En effet au moment où l'UFR/LSH occupe les 62,33% des effectifs en 2005, les UFR SAT, SEG, SJP représentent respectivement 20,70% ;10,73% et 16,6%.Cette situation montre le manque d'affluence pour les matières scientifiques et une ruée vers les sciences humaines et sociales et de langues.

Quant à la disparité entre sexes, elle est notoire et est inégalement ressentie au sein des disciplines scientifiques (SAT et SEG) et celles littéraires (SJP et LSH) où les étudiantes sont beaucoup plus présentes. Le diagramme n°1 nous édifie davantage sur la situation.

Diagramme 1: Répartition des étudiantes en fonction des UFR en 2005

23%

33%

26%

18%

UFR LSH UFR SEG UFR SAT UFR SJP

Source : SCS/IP 2005

Courbe 1 : Evolution Taux d'Accroissement Naturel des Etudiants par année (1990 à 2005)

70

60

50

40

30

20

10

0

1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 2004/05

Source : Construit à partir des différentes séries statistiques de la SCS/IP 2005

I.2.2. Le Personnel Enseignant et de Recherche (PER) Tableau 3:

Répartition de l'effectif du PER de l'UGB par catégorie en 2005

Catégorie d'enseignants

Professeurs

Maîtres de
Conférence

Chargés d'Enseignement

Maîtres Assistants

Maîtres Assistants Associés

Assistants

Total

Effectif

10

5

35

7

22

36

123

Pourcentage

8,13

4,06

28,45

5,69

17,88

29,26

100

 

Source : Service des Ressources Humaines/Division Formation (SRH/DF), (Rectorat-UGB) 2005

L'analyse de ce tableau révèle l'existence de deux catégories d'enseignants à l' UGB. D'abord, il y a le personnel titulaire constitué des Professeurs, des Maîtres de Conférence et des Maîtres Assistants. Ces derniers constituent le véritable personnel de l'Université et ont en charge l'enseignement. Puis, la seconde catégorie est celle du personnel non titulaire composée essentiellement des Maîtres Assistants Associés. Leur particularité réside en ce qu'ils ne sont pas seulement enseignants mais font d'autres activités para-académiques.

Par ailleurs, le tableau n°3 atteste de l'inégale répartition qui existe entre les enseignants de la hiérarchie A (Professeurs et Maîtres de Conférence), faiblement représentés, et ceux de la hiérarchie B constitué par le reste des enseignants, comme le laisse voir le diagramme 2 ci-dessous et qui font plus de 81% de l'effectif total du PER.

C'est pourquoi, on note une massification des enseignants au niveau des Chargés d'enseignement (28,45%) précédés des Assistants (29,26%).Pour les premiers, la nomination à ce grade se fait au sein de l'UGB qui l'octroie aux Maîtres Assistants. Quand aux seconds, ils sont des nouveaux recrutés, le plus souvent des doctorants ou titulaires d'une thèse de troisième cycle. Cette situation manifeste encore une fois de plus, le problème de l'avancement des enseignants dans les grades et, au-delà, pose la délicate question de l'encadrement des étudiants entre autres.

A ce niveau, la stratégie de l'UGB a consisté à créer un grade intermédiaire entre le Grade de Maître de Conférence et celui de Maître Assistant à savoir le Chargé

d'enseignement96. Cela a permis à l'université de trouver une solution au manque de personnel et aussi de mettre l'enseignant dans des conditions lui permettant de produire et d'avancer dans les grades. Effectivement, il a obligation de passer au grade de Maître de Conférence au bout de 6ans, sans quoi il regagne son grade d'avant à savoir celui de Maître Assistant.

Autre remarque, on note aussi une distribution inégale des PER par rapport au sexe. En effet, les femmes constituent 4,87% de l'effectif soit 6 femmes contre 117 hommes soit 95,12% (voir le tableau n°4 ci-dessous). Ceci montre une fois de plus la domination masculine dans l'enseignement supérieur.

Diagramme 2 : Répartition des enseignants de l'UGB selon le grade 2004-2005

Professeurs

Maitres de Conférence Chargés d'enseignement Maitres Assistants

Maitres Assistants Associés

Assistants

4%

32%

30%

19%

6%

Source : S.R.H/D.F(Rectorat/UGB) 2005.

9%

96 Les conditions d'éligibilité au grade de chargé d'enseignement sont définies dans le décret n°81-12 du 9 Décembre 1981 fixant les conditions de nomination, d'emploi, de rémunération et d'avancement des personnels enseignants non titulaire des universités, qui stipule en son article 19(abrogé et remplacé par le décret n°86-1577 du 22 Décembre 1986) que « les chargés d'enseignement sont recrutés et nommés par arrêté du ministre chargé de l'enseignement supérieur, sur proposition de l'Assemblée ou du conseil de l'établissement intéressé siégeant en formation restreinte.

A la faculté des Sciences Juridiques et à la faculté des Sciences Economiques, ils sont choisis parmi les titulaires doctorat d'Etat d'enseignement justifiant de titres et travaux suffisants.

A la faculté des Sciences et à la faculté des Lettres et Sciences Humaines, ils sont choisis parmi les
titulaires du doctorat d'Etat ou parmi les maîtres assistants inscrits sur la liste d'aptitude à la 1ere classe ».

Tableau 4 : Répartition du PER selon le sexe

Sexe

Effectifs

Pourcentage

Masculin

117

95,12

Féminin

6

4,87

Total

123

100

 

Source : S.R.H/D.F (Rectorat/ UGB) 2005

I.3. L'UGB : Résultats au CAMES et encadrement des étudiants


I.3.1. Les résultats au CAMES

Le Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement Supérieur (CAMES) regroupe 17 pays d'Afrique et de l'Océan Indien dont le Sénégal. Il a entre autres missions d'assurer la coordination des systèmes d'enseignement et de recherche au sein des pays membres en harmonisant les programmes et les niveaux de recrutement dans les différents établissements supérieurs et de recherche. De ce fait, le CAMES évalue les aptitudes des enseignants à travers leurs différents travaux pour les faire accéder à des grades universitaires. Pour avancer dans les grades, l'enseignant du supérieur a deux options. Soit, il opte pour la voie courte s'il est enseignant en SEG ou en SJP à travers le concours d'agrégation, ou il opte pour la voie longue qui est réservée en sus des enseignants cités ci-dessus, aux enseignants de Mathématiques et de LSH97.En ce qui concerne la voie courte, les résultats se présentent comme suit :

Tableau 5 : Résultats du concours d'agrégation du CAMES de 1991 à 2005

Année

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

2005

Nombre de
candidats

54

50

61

69

84

72

58

79

Admis

 
 
 
 
 
 
 
 
 

9

13

14

13

11

9

15

20

Admis

 
 
 
 
 
 
 
 

UCAD+UG

2

6

4

3

3

3

2

2

B

 
 
 
 
 
 
 
 

Admis UGB

1

1

1

0

0

0

1

0

 

Source : www.cames.bf.refer.org

97 Pour plus d'informations sur les conditions d'admission voir www.cames.com

Tableau 6 : Pourcentage des réussites au concours d'agrégation de 1991 à 2005

 

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

2005

Admis

16,66

26

22,95

18,84

13,09

12,5

25,86

25,31

Admis
UCAD+UGB

3,70

12

6,55

4,34

3,57

4,16

3,44

2,51

Admis UGB

1,85

2

1,63

0

0

0

1,72

0

 

Source : Construit à partir des différentes séries statistiques du www. cames.bf.refer.org

Pour ce qui est de la voie longue, faute de pouvoir disposer des statistiques au niveau de l'UGB, nous allons l'analyser à travers le rythme d'accès au rang magistral (Professeur et Maître de Conférence) à l'UGB.

Tableau 7 : Rythme d'accès au rang magistral à l'UGB

Année

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

2003

2005

Nombre d'enseignants

33

44

60

67

67

68

69

71

102

123

Nombre d'enseignants de rang A

8

11

11

11

11

11

12

13

13

15

Taux d'accroissement de rang A

 

37,5

0

0

0

0

9,09

8,33

0

15,38

 

Source : Construction faite à partir des différentes séries statistiques du SCS/IP 2005

Le taux d'admission au CAMES est dans l'ensemble faible aussi bien pour la voie longue que pour l'agrégation. En effet, pour ce qui est du Sénégal, les pourcentages d'admis peinent à dépasser les 4% au niveau de l'agrégation. L'UGB, quand à elle, en 14ans d'existence, n'a enregistré que 4 succès au concours d'agrégation.

De même, en ce qui concerne la voie longue, l'UGB, depuis sa création, n'a enregistré que 7 enseignants qui ont accédé au rang magistral.

L'échec massif des enseignants au CAMES semble discréditer aussi bien le CAMES que les enseignants. D'ailleurs de plus en plus, des voix s'élèvent contre le CAMES et dénoncent les mécanismes à travers lesquels sont évalués les enseignants98.

I.3.2. L'encadrement des étudiants

Tableau 8 : Répartition du taux d'encadrement des étudiants en fonction des années

Année

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1992

1993

1994

1995

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Pourcentage

22,5

22,4

23,3

23

33,7

35,6

34,17

35,64

33,10

28,94

 

Source : SCS/IP 2005

L'encadrement des étudiants est un indicateur permettant d'apprécier le ratio enseignant/enseigné c'est-à-dire combien d'étudiants se font encadrer par un enseignant. Il est, d'une part un indicateur de taille pouvant permettre l'élucidation d'une situation de surpopulation des étudiants ou un manque d'enseignants. Il nous permet, d'autre part, de trouver des éléments de réponse à la bonne tenue d'une institution.

Concernant le taux d'encadrement de l'UGB, il est resté toujours élevé depuis la création de l'université. En effet, comme nous pouvons le lire à travers ce tableau ci- dessus, un enseignant encadrait 23 étudiants en 1992. En 2000 ce taux est passé à 34 étudiants pour un enseignant. Mais toutefois depuis 2002, ce taux connaît un fléchissement faisant passer le taux de 35,6% en 2002 à 28,94% en 2005. Si l'on pousse l'analyse plus loin en étudiant le taux d'encadrement en fonction des grades, des disparités énormes apparaissent. Pour ce faire, nous allons nous intéresser aux étudiants en année de maîtrise et ceux du troisième cycle (qui doivent présenter les mémoires maîtrise, les DEA et les thèses) des différents UFR et des catégories d'enseignants qui assurent l'encadrement par rapport à l'année 2005(Voir diagramme n°3).

Ce diagramme n°3 atteste du déficit d'enseignants (15 enseignants de rang A et 43 de rang B pour 1186 étudiants) auquel l'UGB est confronté et qui a des conséquences non négligeables sur la formation des étudiants.

98 Voir M.YOURY, (27 Février 2004), « La modernité et les universités liées au CAMES », in Le Quotidien, www.refer.sn

En effet l'UGB accueille de plus en plus d'étudiants au moment où le nombre d'enseignants reste stable. Les effectifs des enseignants n'ont augmenté que de 90(33 enseignants en 1991, 123 en 2005), alors que celui des étudiants de 2955.

À cela s'ajoute la tendance de certains enseignants à être très sélectifs et à limiter le nombre d'étudiants à encadrer. Cette situation fait que bon nombre d'étudiants quittent l'université sans leur maîtrise complète tout juste avec leur certificat de maîtrise, victimes du manque d'encadreurs.

Diagramme 3 : Taux d'encadrement des étudiants de la maîtrise et du troisième cycle en 2005 à l'UGB

Professeurs

Maitres de Conférence Chargés d'Enseignement Maitres Assistants

21%

30%

6%

43%

Source : SCS/IP 2005

I.4. Structure et organisation de l'UGB

L' UGB de Saint Louis est un établissement public doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Elle est dirigée par le Recteur, par l'Assemblée de l'Université avec les différentes commissions qui lui sont rattachées et des Directeurs d'UFR au niveau de ces structures décentralisées.

I.4.1. Le rectorat et ses différents organes

L'UGB est administrée par le Recteur et par l'Assemblée de l'Université. Le recteur est secondé dans sa tâche par le Secrétaire Général chargé de la coordination des activités administratives.

Le recteur, président de l'Assemblée de l'Université, exerce le pouvoir hiérarchique sur l'ensemble du personnel de l'Université. Il a en outre les responsabilités suivantes :

· diriger les services administratifs et contrôler le fonctionnement de tous les établissements qui constituent l'Université ou en dépendent ;

· statuer sur tous les problèmes individuels relatifs aux inscriptions des étudiants ;

· ordonner le budget de l'Université qui est arrêté par le gouvernement sur sa proposition.

Le cabinet du recteur a pour mission d'assister ce dernier pour l'exécution de tâches particulières. Il est composé d'un Conseiller en communication, d'un Attaché aux affaires juridiques et à la coopération, d'un Chargé de Mission et d'un Secrétariat Particulier.Le bureau du courrier, le standard, le bureau de liaison de l'UGB à Dakar et la Maison de l'Université sont rattachés au Cabinet du Recteur.

Pour ce qui est de l'Assemblée de l'Université, elle statue sur les questions disciplinaires mais aussi crée :

- une Commission Enseignement et Reforme qui est chargée de coordonner les programmes d'enseignement entre les UFR ; d'évaluer et de renforcer les capacités pédagogiques de l'Université et enfin de proposer et de se prononcer sur les innovations pédagogiques. A ce propos, la CER est entrain de réfléchir sur les modalités d'applications du système LMD (Licence Master Doctorat) à l'UGB.

- un Conseil Scientifique. (Pour ce qui est de cette commission se référer au II.1, p 64) - et une Commission Coopération et Relations Extérieures. La COREX se charge de la gestion des différents accords de coopérations signés entre l'UGB et ses partenaires nationaux ou internationaux. Par ailleurs, elle identifie les partenaires susceptibles d'accorder des bourses ou d'allouer des aides à l'UGB.

Figure 1 : Organigramme de l'UGB

Source : www.ugb.sn 2005.

I.4.2. L'organisation pédagogique des UFR de l'UGB

A l' UGB, l'organisation de l'Enseignement et de la recherche est faite dans les différentes UFR qui sont aussi des structures décentralisées de l'UGB. Ces dernières dispensent un enseignement à orientation fonctionnelle, devant préparer l'étudiant à la vie active à travers une formation tournée vers la spécialisation et la professionnalisation. Dans ce cadre, l'UGB dispose de quatre UFR qui offrent les enseignements suivants dans ces différentes UFR que sont:

V' Lettres et Sciences Humaines (LSH) ;

V' Sciences Appliquées et Technologies (SAT) ; V' Sciences Economiques et de Gestion (SEG) ; V' Sciences Juridiques et Politiques (SJP).

Ces différentes UFR fonctionnent avec des Sections. Les sections sont les cellules de base de l'UFR sur les plans de la formation et de la recherche. Une section est une structure regroupant un personnel pédagogique qui partage la même discipline et un service administratif qui oeuvre pour le fonctionnement de la structure.

L'UFR LSH comprend cinq sections :

· Anglais ;

· Français ;

· Géographie ;

· LEA (Langues Etrangères Appliquées) ;

· Sociologie.

L'UFR SJP organise son enseignement autour de trois enseignements :

· Collectivités Locales (droit public) ;

· Droit de l'entreprise (droit privé) ;

· Science Politique.

L'UFR SEG comprend deux filières :

· Gestion informatisée ;

· Gestion agricole.

L'UFR de Sciences Appliquée et Technologies est composée de trois sections :

· Mathématique appliquée ;

· Informatique ;

· Physique.

Outre ces enseignements au sein de ces différentes UFR, nous avons au sein de l'UGB d'autres établissements à caractère privés comme c'est le cas du Diplôme Universitaire de Gestion (DUG), du Diplôme Universitaire en Réseau Informatique et de Gestion (DURIG).

Depuis quelques années, la professionnalisation des filières est devenue l'une des priorités à travers la création de nouvelles filières professionnelles et spécialisées.

Ce souci d'arrimer les enseignements aux exigences du marché du travail est beaucoup plus manifeste dans les UFR de SAT et de SJP. En effet, l'UFR de SAT a renforcé ses enseignements avec la création du DIETEL, d'un Diplôme d'Etude Supérieur Spécialisé (DESS) en Informatique et de la mise en place de nouvelles filières de formation (MASS avec l'UFR/SEG). L'UFR/SJP, quant à elle, a ouvert un DESS en droit économique et des affaires et en partenariat avec l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) un DESS en cyber espace africain. Tous ces efforts sont autant d'éléments qui attestent de la volonté des autorités à adapter la formation aux exigences du marché de l'emploi.

Tableau 9: Les différents enseignements offerts par l'UGB

UFR

1er et 2em cycle

3eme cycle

Option

Diplôme et

Certificats

Option

Diplôme et

Certificats

LSH

Anglais

Français

Sociologie Géographie

DEUG

Licence Maîtrise

Littérature Africaine, Linguistique Littérature Africaine, Orale et
Moderne

Filière Saharienne Aménagementurbain-rural Environnement et développement

DEA, Doctorat DEA ,Doctorat DEA, Doctorat DEA

LEA

DEUG Licence Maitrise

 
 

SAT

MAI

MASS MPI

UVA

DEUG

Licence Maîtrise DEUG

DIETEL Certificat en
Sciences Informatiques

Master en
Sciences Informatiques

Probabilité et Statistique Analyse numérique DESS informatique

DEA, Doctorat
DEA, Doctorat

SEG

Gestion des entreprises

agricole

Gestion Informatique

DEUG Licence Maîtrise

Analyse économique et quantitative

DEA

MASS

MIAGE

 
 

SJP

Sciences Juridique
Sciences Politique

DEUG

Licence Maîtrise

Décentralisation et gestion des

collectivités locales

Droit économique des affaires

DESS en cyber espace africain

DEA, Doctorat
DEA, Doctorat

Source : SCS/IP 2005

CHAPITRE II : Présentation des structures, des supports pédagogiques et de recherche.

Dans cette partie concernant la présentation des structures, des supports pédagogiques et de recherche figure le Conseil scientifique, la Bibliothèque Universitaire, le Centre de Calcul Ousmane Seck et la coopération internationale.

II.1. Le Conseil Scientifique

Organe de l'Assemblée de l'Université, le Conseil Scientifique est une structure oeuvrant pour l'organisation rationnelle de la recherche. De ce fait, le conseil scientifique « veille dans son article premier, à l'impulsion et à la valorisation de la recherche scientifique dans l'Université et à partir d'elle, au double plan national et international ».

Le Conseil Scientifique, est alors la structure représentative des UFR ainsi que les structures de recherches qui sont au sein de l'Université. Ainsi, il est chargé de coordonner toutes les activités de recherches de l'Université et d'établir une politique scientifique pertinente pour l'institution. Le Conseil Scientifique a les missions suivantes :

- évaluer les structures de recherches ;

- cibler les opportunités de recherches pluridisciplinaires au sein de l'Université ; - définir des stratégies d'animations scientifiques ;

- organiser l'attribution des allocations, des subventions ou des bourses de recherche aux enseignants chercheurs, aux doctorants et aux structures de recherche ;

- attribuer des missions de recherche de longues durées pour les enseignants chercheurs et chercheurs ;

- arbitrer les différends de nature scientifiques opposant des chercheurs ou des structures de recherches.

Ces diverses missions permettent au Conseil Scientifique de promouvoir et de valoriser les activités de recherche.

Pour cela, il :

- élabore un guide de recherche réactualisé chaque année destiné aux partenaires, que ces derniers soient de l'Université ou appartiennent au milieu socioprofessionnel ;

- informe les structures de recherche et les chercheurs de l'UGB sur les opportunités de recherche et le financement de leurs activités ;

- appuie les structures de recherche et les chercheurs dans l'élaboration de projets de recherche et de financement.

Dans le cadre de sa mission d'animation scientifique, le Conseil Scientifique organise depuis 2004 les séries des grandes conférences qui sont au nombre de 06. Entre autres réalisations, le Conseil Scientifique, à travers sa revue scientifique pluridisciplinaire URED créée depuis 1993, assure la publication des travaux des enseignants. A son actif, la revue URED a produit 9 numéros ordinaires et 2 numéros hors série.

Sur le tableau n°10, il apparaît que la production de la revue URED connaît une certaine régularité depuis 1993 avec au moins une revue toute les années. Toutefois, de 1997 à 2000, on note un fléchissement de la production imputable aux changements intervenus avec le départ de l'ancien recteur.

Tableau 10 : Répartition des différentes publications de l'URED en fonction des années

Année

 
 
 
 
 
 
 
 
 

1993

1994

1996

1997

2001

2002

2004

Total

Publications

 
 
 
 
 
 
 
 

URED

2

2

1

1

1

1

1

9

Source : Commission scientifique/ Rectorat 2005

II.2. La Bibliothèque Universitaire : Tableau11 : Répartition de la documentation en fonction des UFR

UFR
Année

LSH

SAT

SJP

SEG

TOTAL

1990

266

274

464

281

1285

1991

1985

773

769

319

3846

1992

2462

484

560

538

4044

1993

692

356

387

1262

2697

1994

2899

555

327

398

4179

1995

998

561

361

418

2338

1996

1196

96

223

129

1644

1997

537

285

205

198

1225

1998

565

155

958

256

1934

1999

471

1195

71

532

2269

2000

1006

67

382

402

1857

2001

4588

4854

406

459

10307

2002

454

29

1658

2182

4323

2003

5774

3636

2119

4539

16068

2004

1149

1076

398

795

3418

2005

592

264

215

359

1430

Total

27334

14660

9503

13067

62864

Source : Bibliothèque Universitaire 2005

Le système documentaire de l'UGB repose essentiellement sur la bibliothèque centrale autour de laquelle gravitent les centres de documentations sectoriels installés au niveau des différentes UFR. L'université dispose d'un fond de documentation composé de 62864 ouvrages et 19796 ouvrages dans les centres de documentation des UFR. Elle a pour principale mission d'appuyer les activités d'enseignements et de recherche menées dans les UFR.

La BU offre un service continu de 8h à 22h et un service minimum (vacances et jours fériés de 8H à 12H et 15H à 18H). Elle dispose d'une salle de lecture et d'une salle accès à Internet. La salle de lecture est divisée en deux secteurs. Le premier est

celui des étudiants de SJP et de LSH tandis que dans le second compartiment se retrouvent les étudiants de SEG et de SAT. La salle d'accès a Internet est composée de 30 ordinateurs pour le public et 20 postes de travail.

Par ailleurs, l'UGB dispose de Centre de Documentation dont l'organisation et le fonctionnement sont du ressort de la direction des UFR de l'UGB. Ces centres de documentation sont au nombre de quatre et viennent compléter la documentation, surtout en revues scientifiques qui constituent le talon d'Achille de la BU. Le tableau n°12 nous fait état de la documentation existant dans les différents centres de documentation des quatre UFR de l'UGB.

Tableau 12: Répartition de la documentation dans les centres de documentations des UFR de l'UGB

UFR

Nombres de documents
disponibles

LSH

6810

SJP

8369

SEG

2682

SAT

1755

Total

19796

Source : Centres de documentation UGB/SL 2005

II.3 Le Centre de Calcul Ousmane Seck (CCOS)

Consciente de l'importance et de l'utilité de l'enseignement de l'informatique dans la formation de l'étudiant, l'UGB dès sa création en 1990 en a fait une priorité. C'est ainsi que le CCOS a comme tâche principale de dispenser les cours d'informatiques aux étudiants des quatre UFR. L'UFR SAT en assure la gestion.

Le CCOS a pour mission d'assurer l'accès de l'Université et des structures de recherches aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC), de leur faciliter l'accès et favoriser le transfert des connaissances scientifiques et techniques par l'information et la communication.

II.4 La coopération internationale

L'université de Saint Louis entretient des relations de coopération avec des universités des pays développés mais aussi avec des universités des pays africains et du Sud. A ces deux types de coopérations s'ajoutent, les relations avec des institutions internationales ou nationales de recherche. L'Université de Saint Louis est membre de :

- l'Association des Universités Africaines (AUA) ;

- l'Association Internationale des Universités (AIU) ;

- l'Association des Universités Entièrement ou Partiellement de Langue Française (AUPELF) ;

- l'Université des Réseaux d'Expression Française (UREF) ;

- le Centre d'Appui à la Formation du Secteur Agricole et Para -Agricole (CIFA) ;

- International Student Exchange Program (ISEP) ;

- la Conférence des Recteurs des Universités Francophones d'Afrique et de l'Océan Indien (CRUFAOCI) ;

- l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ;

- le Kinkeliba ;

- l'Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR).

Cette troisième partie s'attache à analyser et interpréter les données recueillies. Elle comporte deux chapitres. Le premier est relatif à l'identification des membres des laboratoires et des structures de recherche. Quand au second, il tente d'appréhender les différentes contraintes et de répertorier les stratégies mises en oeuvre pour faire des productions scientifiques.

CHAPITRE I : Identification des laboratoires et de leur fonctionnement.

Dans le présent chapitre, nous nous attelons à saisir le profil des membres des laboratoires de recherche à travers des indicateurs tels que l'age, le sexe, le nombre de publication et dans un second moment il sera question de dresser le profil des laboratoires en faisant recours au statut juridique, aux domaines d'investigations et aux différentes réalisations scientifiques de la structure de recherche. Après quoi, nous nous intéressons à la structure et au fonctionnement des laboratoires de recherche de l'UGB

I. Profil des membres

I.1.1. Age des membres des laboratoires Tableau 13 : Répartition des membres selon l'âge

Membres
Age

Enseignant

Etudiant

Total

Pourcentage

Effectif

25-30

0

26

26

37,14

30-35

4

11

15

21,42

35-40

5

0

5

7,14

40-45

2

0

2

2,85

45-50

2

0

2

2,85

50-55

2

0

2

2,85

55-60

6

0

6

8,57

60-65

7

0

7

10

65-70

5

0

5

7,14

Total

33

37

70

100

Source : Données de l'enquête 2005

L'analyse des classes d'âge représentées dans le tableau n°13 fait ressortir une diversité des classes d'âge présentes au sein des laboratoires de l'UGB. En outre, ce tableau nous permet de distinguer deux types d'acteurs qui constituent le personnel des laboratoires à savoir les enseignants et les étudiants. Sur une population totale de 70 enquêtés plus de 37% sont compris dans l'intervalle 25-30 soit 26 membres (des étudiants). La tranche d'âge 30-35 qui fait un effectif de 15 membres soit 21,42% de la

population détient la deuxième importance numérique. La population adulte dont l'âge se situe entre 40ans et plus capitalise un pourcentage de 34,26%.

La présence massive des étudiants dans les laboratoires constitue un fait majeur. Ils constituent la ressource humaine première des structures de recherche de l'UGB. Selon un responsable de laboratoire « les étudiants constituent la charpente sur laquelle repose les structures de recherche et sont ainsi des éléments essentiels pour le bon fonctionnement des laboratoires ». Ces étudiants sont pour la plupart des étudiants avancés (Maîtrise, Diplôme d'Etude Approfondie (DEA), Doctorants).Leur présence dans les laboratoires, selon les résultats de l'enquête, est liée à l'encadrement qu'ils y reçoivent, mais aussi des subventions d'étude, bourses ou la possibilité d'imprimer entre autres.

La catégorie adulte est constituée d'enseignants chercheurs de l'UGB qui justifient leur présence dans les laboratoires à travers ces trois raisons :

y' le laboratoire comme espace de publication à travers les organes de publications ;

y' le laboratoire comme cadre d'échange entre chercheurs travaillant sur le même thème ;

y' le laboratoire comme endroit où se fait l'encadrement des jeunes chercheurs.

En dehors de ces motivations classiques avancées par les enseignants, les laboratoires sont aussi des endroits qui permettent à ces derniers de faire de la consultance. En effet, « le combat de survie que mènent les enseignants » selon un membre, amène ces derniers à transformer les structures de recherche en centres de consultance.

Par ailleurs, le questionnaire administré aux responsables de laboratoires fait ressortir la présence d'un troisième type d'acteurs membres des laboratoires, à savoir les intervenants extérieurs. Cette catégorie est composée de consultants, des experts ou des enseignants d'autres universités.

I.1.2. La répartition des membres en fonction du sexe

Tableau 14 : Répartition des membres selon le sexe

Sexe

Enseignant

Etudiant

Total

Pourcentage

Effectif

Masculin

30

25

55

78,51

Féminin

3

12

15

21,42

Total

33

37

70

100

Source : Données de l'enquête 2005

Comme on peut le lire sur tableau n°14, nous remarquons qu'aussi bien chez les étudiants qu'au niveau des enseignants, les femmes sont sous représentées dans les structures de recherche. En effet, celles-ci ne constituent que 15 membres soit 21,42%. Les hommes, plus représentatifs, constituent 78,51%, soit 55 membres.

La sous- représentation des femmes dans les études du troisième cycle est à mettre en corrélation avec la faiblesse des effectifs féminins dans l'enseignant supérieur d'une part. Les diagrammes sur la répartition des effectifs des femmes inscrites en troisième cycle et celles des enseignantes attestent de leur faible présence au sein de l'Université.

D'autre part, l'attitude de la société à l'égard des femmes ne leur permet pas de postuler pour des études poussées. En effet, la société telle qu'elle est structurée en Afrique, définit des rôles sociaux en fonction du sexe. Dans cette direction, elle assigne à la femme les statuts de femme de ménage où l'environnement familial constitue sa sphère d'évolution. Ces contraintes freinent l'accès des femmes à l'enseignement supérieur et les empêchent de prospérer dans la recherche. Pour mettre fin à l'absence des femmes dans l'enseignement supérieur, La conférence mondiale sur l'enseignement supérieur au XXI siècle tenue à Paris les 5-9 Octobre 1998, décline ses objectifs pour l'an 2010 en trois axes :

- D'abord, augmenter de 20% a 30% l'effectif des femmes dans l'enseignement supérieur dans les pays où elles étaient faiblement représentées ;

- Aussi, corriger la sous représentation des femmes dans les instances de prise de décision au sein des universités (chaires, rectorat....) en favorisant la parité entre hommes et femmes (50% de présence féminine dans ces postes cités) ;

- Et enfin, combattre les préjugés sexistes dans certaines aires culturelles qui sont préjudiciables aux femmes et les empêchent de participer pleinement à la recherche et au développement de leur pays.

I.1.3. Expériences des membres des laboratoires dans la recherche

Tableau 15 : Avez-vous publié des articles dans des revues scientifiques ?

Publication

Enseignant Etudiant

Total

Pourcentage

Oui

27

0

27

27

Non

6

37

43

61,42

Total

33

37

70

100

Source : Données de l'enquête 2005

Nous constatons sur le tableau n°15 que les étudiants membres des laboratoires n'ont fait aucune publication d'articles scientifiques antérieure à leur venue au sein du laboratoire. Les seules recherches effectuées par ces derniers entrent dans le cadre de leur formation et sont des mémoires de maîtrise, de DEA ou de Thèses de Troisième cycle. Outre ces étudiants, nous notons la présence d'enseignants qui n'ont fait aucune publication. Ces derniers sont essentiellement constitués d'assistants qui viennent d'embrasser la carrière d'enseignants.

Par ailleurs, 27 enseignants sur 33 attestent avoir publié des articles dans des revues scientifiques. Ils sont essentiellement constitues de maîtres assistants, de chargés d'enseignement et de professeurs. La moyenne de leurs publications est de 3 articles. La plupart de ces publications sont faites dans le cadre de leur avancement dans la carrière d'enseignant.

I.2. Profil des laboratoires :

II.2.1 Statut juridique

Tableau 16 : Répartition des laboratoires de recherche selon le statut juridique

Laboratoire Statut

juridique

LERSTAD

GIRARDEL

GERSEG

LANI

URIC

GERCOP

GELL

Public

X

X

x

X

x

x

x

Prive

 
 
 
 
 
 
 

Autre

 
 
 
 
 
 
 

Source : Données de l'enquête 2005

L'ensemble des structures de recherche, comme nous le montrent les résultats de l'enquête, sont publics. Le statut juridique, pour ce qui est des structures de recherche de l'UGB l'est plutôt à travers la nature des services offerts par la structure de recherche que plutôt au niveau des statuts ou textes réglementant son organisation. A l'UGB aucun laboratoire ne dispose de texte juridique statuant sur son fonctionnement, ses objectifs, ses activités ou mieux situant les différents rapports qu'il doit entretenir avec le Rectorat, les UFR.

Cette situation montre le caractère artisanal de la création des laboratoires de recherche qui mettent sur pied une structure sans pour autant au préalable penser à mettre sur pied le cadre juridique dans lequel elle aura à évoluer. Ici, ce sont des enseignants chercheurs qui, en toute autonomie, décident de créer une structure qui se donne pour objectif la recherche. Ces derniers dans le cas de l'UGB, proviennent des différentes UFR et sections de l'UGB. Les laboratoires ne sont pas donc l'émanation de l'institution universitaire mais plutôt d'individus isolés.

Le statut public des laboratoires est à chercher alors dans le fait que ces derniers inscrivent leurs activités dans le prolongement de la mission de l'Université qui est de former les jeunes chercheurs et surtout aussi de participer au développement de la recherche. Ce statut leur permet alors de « bénéficier de l'appui de l'Université, tant sur les plans des infrastructures que du financement de la recherche », dit un responsable de laboratoire de recherche.

Toutefois, nous avons noté lors de nos enquêtes, que les laboratoires de recherche de l'UGB sont prestataires de service c'est à dire qu'ils mènent pour la plupart des études commanditées par des privés. Cette question sera abordée plus largement dans la partie réservée aux stratégies des laboratoires.

I.2.2. Domaine d'investigation

Tableau 17 : Répartition des laboratoires en fonction du domaine d'investigation

LERSTAD

GIRARDEL

GERSEG

LANI

URIC

GERCOP

GELL

Recherche

Gestion de

Etudes

Mécaniqu

Urgences

Les élections

Langues et

météorologiq
ue au Sénégal

territoire
Gestion des

économiques,
de gestion

e des
fluides

et
mécanisme

Professionnalisati
on de la politique

littérature
Critique des

Modélisation

ressources

Economie du

Dynamiq

de

 

oeuvres

de la pauvreté

naturelle

développeme

ue des

changeme

 

littéraires

au Sénégal

Planification

nt

populatio

nt

 

Analyse des

Modélisation

territoriale

Etudes

ns

Innovation

 

oeuvres

en hydrologie
(fleuve
Sénégal)

Décentralisati
on
Développeme
nt local

d'impact
socio-
économiques

 

s

 

linguistiques

Source : Données de l'enquête 2005

Le tableau n°17 relatif aux domaines d'investigation des laboratoires de recherche de l'UGB, atteste de la diversité des problématiques développées par les structures de recherche. Toutefois, l'analyse de ces dernières révèle deux faits majeurs :

- Premièrement, le domaine d'investigation est choisi par rapport aux enseignements dispensés au sein de l'UFR qui abrite la structure de recherche. C'est dire que le laboratoire de recherche définit ses objets d'étude par rapport aux préoccupations pédagogiques, aux enseignements dispensés dans l'UFR. A l'UGB, le laboratoire, comme nous l'avons montré plus haut, est une structure qui accueille et se charge de l'encadrement des étudiants dans leur recherche ;

- Deuxièmement, on note qu'au-delà de ces objectifs de nature pédagogique qui

dictent le choix des domaines d'investigation, la problématique du développement

constitue une thématique majeure qui structure l'ensemble des études menées. Comment articuler la recherche dans les laboratoires vers une problématique de développement ? Quelles stratégies de développement pour le Sénégal et l'Afrique ? Telles sont les grandes questions que se chargent de résoudre les laboratoires de recherche.

En effet, les domaines d'investigation des laboratoires de recherche posent la lancinante problématique de la finalité des recherches universitaires qui font valser les chercheurs entre le besoin d'utilitarisme et de production de la connaissance scientifique. Dans une période marquée par la crise économique et sociale, les laboratoires de l'UGB accordent la primauté à la recherche appliquée (voir tableau 18).

L'analyse du tableau n°18, atteste du rôle que les structures de recherche ont à jouer dans la résolution des problèmes socio-économiques sus-mentionnés. Dans ce cadre, un responsable de laboratoire retrace en ces termes le processus à travers lequel est choisi leur projet d'étude : « nous effectuons une tournée annuelle de collecte d'information au près des collectivités. Cette tournée nous permet d'identifier les problèmes auxquels les populations sont confrontées et de les traduire en problématique de recherche ».

En somme, nous pouvons dire que l'objectif principal est de produire des connaissances théoriques et pratiques qui serviront d'alternative au développement.

Tableau 18 : Répartition des laboratoires en fonction du type de recherche

Laboratoire

Type

de

recherche

LERSTAD

GIRARDEL

GERSEG

LANI

URIC

GERCOP

GELL

Fondamentale

x

X

x

 

x

 
 

Appliquée

x

X

 

x

x

x

x

Source : Données de l'enquête 2005

I.2.3. Réalisations et activités scientifiques du laboratoire

La finalité première de toute recherche est d'être soumise à l'appréciation de la communauté scientifique. Pour cela, le laboratoire doit disposer d'un organe de diffusion ou support de vulgarisation qui constitue un endroit où sont exposés les

résultats des recherches menées au sein de la structure. Ainsi, ce ne sera qu'au regard de la production scientifique de la structure de recherche que cette dernière peut se prévaloir du droit d'avoir réussi ou non sa mission de production de connaissances.

Pour cela nous nous sommes intéressé de savoir si le laboratoire possède un organe de diffusion, sinon comment parvient elle à faire connaître les résultats de sa recherche. Le tableau ci- dessous rend compte de cette situation.

Tableau 19 : Répartition des laboratoires de recherche de l'UGB en fonction de la possession d'un organe de diffusion

Laboratoire Réponse

LERSTA
D

GIRARD
EL

GERSE
C

LANI

URIC

GERCO
P

GELL

Oui

X

X

 
 

X

 

X

Non

 
 

X

X

 

X

 

Source : Données de l'enquête 2005

Comme le montre le tableau n°19, l'obtention d'un organe de diffusion pouvant permettre la dissémination des résultats de recherche menée au sein du laboratoire, n'est pas totalement acquise au sein des structures de recherche. En effet, sur les 7 laboratoires de recherche, seul 4 en possèdent. Avoir un organe de diffusion pour soi est d'une importance capitale, en ce qu'elle soustrait le laboratoire au joug des revues internationales qui imposent leur norme, bref leur diktat à toutes personnes qui voudraient se faire publier par eux. Mieux, « (...).La [création d'une] revue permet ainsi de valoriser les écrits scientifiques car pour l'enseignant-chercheur, il s'agit à travers ses recherches de renouveler son enseignement en l'adaptant à l'état des connaissances et aux réalités locales99 ».

Ces organes de diffusion portent les noms de Revue Sénégalaise de Sociologie (URIC), Afrika Stastika (LERSTAD), les Cahiers du GIRARDEL (GIRARDEL), la Revue du GELL (GELL). Les laboratoires ne disposant pas d'une revue ont recours à l'URED, à la prépublication des UFR ou à des Revues internationales. Ainsi, l'identification des productions des laboratoires de recherche (voir tableau 20) de l'UGB montre une disparité entre les différentes structures et des méthodes de diffusion.

99 A.NIANG, (17 Février 2003), « Les cerveaux fuient pour sauver la recherche » in Walf Fadjri, www.refer.sn.

L'URIC et le GELL parviennent à publier 1 revue au moins chaque année. Le GIRARDEL quant à lui, opte pour les séminaires qui constituent des lieux où sont exposés les résultats de recherche (ou une réflexion sur une problématique) relative à la décentralisation, aux collectivités locales entre autres.

Par ailleurs, l'analyse de la production scientifique des laboratoires de recherche de l'UGB, permet de faire une catégorisation des structures de recherche de l'UGB. On a alors des laboratoires de recherche qui font de la publication de revue leur priorité (URIC, GELL). D'autres comme le LANI et LERSTAD, mettent l'accent sur l'enseignement. Le GIRARDEL et le GERCOP organisent leurs activités autour de projets d'études financés par des partenaires extérieurs.

Tableau 20 : Répartition des laboratoires en fonction du type de réalisation et d'activité scientifique (T.R.A.S)

Laboratoire

T.R.A.S

LERSTAD

GIRARDEL

GERSEG

LANI

URIC

GERCO P

GELL

Revues, actes,

cahiers

4

publications « P ublications de
l'UFR SAT »

1

publication « A frika Statiska

2 publications « Cahier I et II du Girardel »+6 « Actes d'ateliers »

0

 

7 publication

s « Revue Sénégalaise de

Sociologie

»

5 études

sur les

élections législativ es et président ielles au Sénégal

9 publications

de la « Revue

du GELL »

Colloques, Conférences , autres

1

23 « Mercredi du

GIRARDEL »

0

1

1

1 journée de

réflexion

1 Conférence

Source : Données de l'enquête 2005

II. Organisation et fonctionnement des laboratoires de l'UGB

II.1. Organisation du laboratoire

L'enquête auprès des responsables de laboratoire de l'université par rapport à l'organisation de la structure de recherche, révèle deux modèles organisationnels.

Le premier se refère au modèle standard d'organisation qui définit les responsabilités et les taches de chaque membre pour le bon fonctionnement de la structure. Dans ce type de laboratoire, le modèle organisationnel est plus formel, donc mieux structuré. C'est ainsi qu'à la tête du laboratoire, il y a le responsable qui a comme tâche de représenter et de défendre les intérêts de la structure mais aussi celle de veiller à son bon fonctionnement. Ces laboratoires sont dirigés par un responsable ou un coordonnateur, chez qui l'idée de la mise sur pied de la structure est partie. Ce dernier assure, le poste de responsable.

Au second palier, les enseignants assurent la coordination des activités de la structure à travers la supervision des équipes de recherche composées d'étudiants et d'enseignants. A ce niveau aussi, dans une structure de recherche comme le LANI, des équipes de recherche se constituent autour des thèmes centraux du laboratoire ou les doctorants ayant les mêmes préoccupations scientifiques s'activent et se partagent les résultats de leurs travaux lors des séminaires hebdomadaires.

Dans les laboratoires où il existe un organe de diffusion comme une revue, en sus des responsables cités plus haut, les résultats de l'enquête font ressortir la présence d'un directeur de publication, d'un comité scientifique et d'un comité de rédaction. Le directeur de publication s'occupe de la vie de la revue. Le comité de rédaction collecte les articles. Le comite scientifique quant à lui, récolte les résultats des lectures et procède au choix des articles qu'il soumet à l'Assemblée Générale du laboratoire.

Le second modèle organisationnel, moins structuré, est dit « organisation informelle » par un responsable de laboratoire. Contrairement au premier modèle, la responsabilité du laboratoire est confiée à un enseignant choisi à travers son dynamisme et son intérêt pour la recherche. Dans ce cas de figure, le fonctionnement du laboratoire repose essentiellement sur un groupe d'enseignants qui choisit un responsable chargé de diriger la recherche.

La raison principale qui sous-tend la mise sur pied de cette structure de recherche est selon un responsable de laboratoire « dictée par un besoin de recherche. Nous sommes tous des enseignants chercheurs et sommes conscients que la promotion de notre UFR est intimement liée à notre avancement. Comme cela ne se fera qu'a travers le canal de la recherche, nous nous sommes décidés à mettre sur pied un

laboratoire de recherche. Pour le moment, il n'a pas de structure classique déterminée ».

Cependant, les laboratoires structurés ainsi sont des centres de consultance qui en fonction des marchés ou études gagnés s'organisent en se cherchant un personnel capable de faire le travail. A la fin de la consultance, comme le remarque un membre, « le laboratoire n'existe plus, les rencontres se font rares jusqu'à ce qu'un nouveau marché soit gagné. Le fonctionnement est circonstanciel. Ces laboratoires ne sont là que pour capter des financements. A la limite ce sont des laboratoires alimentaires ».

II.2. Critères d'adhésion des membres dans les laboratoires de recherche

Tableau 21 : Répartition des laboratoires en fonction de leur critère d'adhésion

Laboratoire Critère

d'adhésion

LERSTAD

GIRARDEL

GERSEG

LANI

URIC

GERCOP

GELL

Spécialisation Scientifique

X

X

X

X

X

 

X

Grade

 
 
 
 
 
 

X

Compétence Méthodologique

 
 
 
 

X

X

X

Affinité

 
 
 
 
 
 
 

Autres

 
 
 
 
 
 
 

Source : Données de l'enquête 2005

L'analyse du tableau n°21 montre que l'adhésion des membres au laboratoire se fait à travers des critères objectifs. Ces critères sont d'abord la spécialisation scientifique, puis le grade et la compétence méthodologique. L'explication relative à ces différents critères est à mettre sur le compte des domaines d'investigation et des types de recherche menés au sein des laboratoires. En effet comme nous l'avons déjà montré dans le tableau relatif au type de recherche (tableau n°18), il apparaît nettement que les structures de recherche optent dans leur grande majorité de s'investir aussi bien dans de la recherche appliquée que fondamentale. De l'avis de ce responsable, la « recherche fondamentale nous permet de rester dans le cadre de la vocation de l'Université, c'est à dire la production des connaissances fondamentales. La recherche appliquée, quant à

elle, nous aide à appuyer les collectivités locales dans leurs missions ».Mieux, dit cet autre responsable de laboratoire, « les deux types de recherche sont complémentaires et utiles pour la connaissance et le développement ». A cet effet, des ressources humaines de qualité sont nécessaires pour pouvoir répondre au double impératif de production de connaissances scientifiques et de résultats concrets pour appuyer le développement.

CHAPITRE II : Contraintes et stratégies des laboratoires de recherche de l'UGB

Cette partie s'intéresse aux contraintes et stratégies mises en oeuvres par les laboratoires pour produire. Pour ce qui est des contraintes, notre argumentation se fait en trois temps. D'abord, nous évoquons les contraintes d'ordre organisationnel, puis celles relatives aux financements des laboratoires de recherche et enfin les contraintes logistiques et matérielles. Par rapport à ces contraintes, les laboratoires développent trois sortes de stratégies, à savoir les stratégies financières, la stratégie du moindre coût et de sécurisation des travaux et enfin celle relative à la diffusion (produits de la recherche) et à la recherche.

I. Les contraintes

Les résultats de l'enquête révèlent une kyrielle de contraintes auxquelles sont confrontées les structures de recherche. Toutefois, trois grandes familles de contraintes peuvent être retenues :

y' Les contraintes d'ordre organisationnel ; y' Les contraintes financières ;

y' Et enfin les contraintes logistiques et matérielles

I.1. Les contraintes d'ordre organisationnel

I.1.1. Au plan interne

L'organisation des laboratoires de recherche de l'UGB, comme le révèle les résultats de l'enquête, est sous la responsabilité d'une équipe restreinte. La direction au sein des laboratoires est réduite au strict minimum, ou mieux, au strict « nécessaire ». Cette situation rend compte de toute l'opacité qui entoure l'organisation des structures de recherche et de la gestion paternaliste des laboratoires de l'UGB. C'est pourquoi, la survie des laboratoires de l'UGB dépend essentiellement du dynamisme du responsable qui constitue le pivot de la structure. Ce responsable note ceci : « dans notre laboratoire, je dirige tout, si je ne suis pas là, le laboratoire ne fonctionne pas, je suis le seul interlocuteur du laboratoire ».

La centralisation du pouvoir entre les mains des responsables affecte incontestablement le fonctionnement et la coordination des activités du laboratoire en empêchant ainsi la circulation des informations. En effet, un seul laboratoire a engagé une secrétaire qui travaille à plein temps dans la structure. Dans les autres laboratoires, ce sont des étudiants qui assurent les fonctions de secrétaires.

Par ailleurs, au niveau des membres des expressions comme « je ne suis pas responsable », « je ne suis qu'un simple membre sans responsabilité aucune », ou encore « je ne suis qu'un simple étudiant de DEA » reviennent tout au long de l'enquête et attestent une fois de plus leur non implication dans les activités du laboratoire. C'est pourquoi à la question « avez-vous entrepris une action pour le bon fonctionnement du laboratoire ? », la réponse a été catégorique et fut la suivante : non. Les raisons avancées pour rendre compte de cette situation sont les suivantes :

D'aucuns affirment : « nous ne sommes pas trop impliqué dans la marche du laboratoire », tandis que d'autres arguent qu' : « il n'existe pas de coordination et de suivi des activités du laboratoire ». La gestion de l'information, sa circulation constituent pour certains membres des éléments justifiant leur non implication dans les activités du laboratoire. Ces derniers l'expriment ainsi : « c'est le responsable qui dirige tout. Nous, nous ne sommes même pas informés du planning des activités du laboratoire. Pire encore, il n'existe pas de support pour les membres en vue de connaître les objectifs et les activités du laboratoire. A ce niveau, Il y a un flou total dans lequel baignent les membres des laboratoires de recherche ».

Sur le plan de la recherche, ces contraintes agissent négativement sur la dynamique de groupe, sur laquelle repose essentiellement la production des laboratoires. Ainsi face à cet environnement peu propice au fonctionnement des structures de recherche et face à la condition d'exercice du métier de chercheur, les membres des laboratoires ne sont plus motivés pour participer pleinement aux activités du laboratoire en général et la recherche en particulier.

En effet, comme le note un membre « le manque de suivi entraîne parfois de la part du chercheur de délaisser partiellement ces recherches. Mais s'il se trouve qu'on est dans un laboratoire ou le directeur est absent ou inaccessible comme c'est notre

cas, on ne peut pas produire mais surtout cela pose le problème de l'organisation des séminaires ».

Aussi, comme le remarque un autre membre, les responsabilités sont à situer au niveau des membres. C'est pourquoi il souligne l'inactivité des membres qui selon lui « ne proposent pas de projet porteur». Il ajoute que « chaque membre cherche dans son coin ce qui est en contradiction avec les objectifs du laboratoire ».

I.1.2. Les laboratoires et leurs relations avec le Conseil Scientifique du rectorat

Les rapports qu'entretiennent les structures de recherche de l'UGB et le Conseil Scientifique sont quasi nuls voire inexistants. En effet, le Conseil Scientifique, comme nous l'avons noté dans la deuxième partie, est la structure chargée de soutenir, d'organiser et stimuler la recherche dans l'Université. Dans cette dynamique, pour la réalisation de ses objectifs, le Conseil Scientifique se trouve dans l'obligation d'intégrer les laboratoires de recherche dans l'élaboration de sa politique de recherche. Paradoxalement, les résultats de l'enquête révèlent un manque d'intérêt de cette structure pour le fonctionnement des laboratoires. Mieux, le dialogue est rare entre les laboratoires de recherche et le Conseil Scientifique. Tour à tour, les responsables ont exprimé cette situation délétère entre ces deux entités. A ce propos, un responsable de laboratoire affirme : « je n 'ai aucun rapport avec le Conseil scientifique. Je n 'ai jamais été convoqué par cette structure. Je ne suis même pas au courant de son existence. Par contre l 'UFR prévoit un budget de 500.000FCFA pour les laboratoires et a mis à notre disposition un local et des outils de travail ».

Un autre responsable de laboratoire exprime sa mise en quarantaine par le Conseil Scientifique en ces termes : « à cause d'un conflit interne entre moi et une autorité de l'Université, on m'a ignoré dans le Conseil Scientifique. Les réunions se tenaient et je n'y étais pas invité. Chose tout à fait injuste, parce que comme les autres collègues, je suis aussi responsable de laboratoire ».

Toujours dans le cadre de la description des rapports entre les structures de recherche et le Conseil Scientifique, un responsable de laboratoire souligne : « le Conseil Scientifique a attribué une seule fois une subvention au laboratoire et ceci c'est

grâce à moi que j'ai pu l'obtenir. Il y a aucun contrôle de la part du Conseil Scientifique ».

Par contre un autre responsable, dans ses propos, note l'implication du Rectorat dans ses activités en ces termes : « chaque fois qu'il y a un projet, l'information est transmise au niveau du rectorat. La durée du projet, les modalités d'exécution et les moyens à mobiliser lui sont communiqués. Le Rectorat a mis à notre disposition des locaux et signe les conventions d'engagement de nos projets. Quant au Conseil Scientifique, nous avons été une fois financé par lui et c'était lors de nos premières activités ».

Le constat général qui se dégage à travers ces propos des responsables montre l'échec du Conseil Scientifique dans sa mission d'organisation de la recherche. En effet, l'article 7 de l'arrêté rectoral portant organisation et fonctionnement du Conseil Scientifique définit les responsabilités de cette structure en ces termes : «le Conseil Scientifique est chargé au sein de l'Université de la coordination de toutes les activités de recherche et de l'élaboration d'une politique scientifique pluri annuelle sur la base d'une programmation scientifique sélective et prioritaire de l'Université ».

Toutefois, le Président du Conseil Scientifique, pour sa part souligne l'absence d'un dialogue permanent et organisé avec les structures de recherche. En outre, il note l'inexistence d'un budget de fonctionnement. En effet note-t-il : « le Conseil Scientifique recevait un financement de la BM. Mais il y a de cela deux ans, le donateur a cessé d'alimenter le fond. » .

I.2. Les contraintes liées à la logistique et à la documentation

Tableau 22 : Inventaire de la documentation et de la logistique des laboratoires de recherche (I.D.L.L.R) de l'UGB

Laboratoire I.D.L.L.R

LERSTA D

GIRARDE L

GERSEG

LANI

URIC

GERCOP

GELL

Ordinateur et accessoires

5 postes 1

impriman te

34 postes

5 imprimante

s

3 scanners

2 clefs

USB

1vidéo projecteur

Inexistant

5Postes

1 imprimant

e

2 postes 1imprimant e

1 ordinateur 1

imprimante

Inexistan t

Internet

Pour une seule machine

Inexistant

Inexistant

Pour les

cinq machines

Pour une

seule

machine

Pour 1 seule machine

Inexistan t

Documentati on (ouvrages, mémoires)

Inexistant e

934 ouvrages+2 8 mémoires de maîtrise

Inexistant e

244 ouvrages

230

mémoires

de maîtrises et de DEA

Inexistante

Inexistan te

Documentati on

électronique

Inexistant e

Inexistante

Inexistant e

 
 

Inexistante

Inexistan te

CD-ROM ou logiciel

Base de

données ESAM100

I et II

20CD-

ROM (séminaires )

Inexistant

GID (simulation numérique

)

Inexistant

 

Inexistan t

Autres

Local

Local

Inexistant

Local

 

Local

Local

Source : Données de l'enquête 2005

100 Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages de 1994/95 et de 2000/01

Par rapport aux contraintes liées à la logistique et à la documentation, les points de vue recoupent que l'on soit responsable de laboratoire ou membres. En effet, comme l'exprime Boubacar LY « L'une des grosses difficultés auxquelles sont confrontées les chercheurs, au point de vue matériel, a trait à l'information scientifique. Si la situation varie d'un pays à un autre, d'une manière générale, les chercheurs estiment que les moyens documentaires mis à leur disposition sont loin de pouvoir contribuer au développement de la recherche »101.

La situation des laboratoires de recherche sur les plans de la documentation et de la logistique de l'UGB est à la limite humiliante et elle constitue un sérieux handicap à la recherche. Les propos d'un membre vont dans ce sens : « sans ordinateur, sans imprimante il est même paradoxale pour un numéricien d'avancer dans la recherche ». Mieux selon un autre membre « l'absence de logistique et une documentation récente et variée, surtout des revues, freinent la recherche et cela pourrait déteindre sur les motivations des chercheurs ».

Un autre membre beaucoup plus catégorique campe les responsabilités et pointe un doigt accusateur les responsables de laboratoires en ces termes : « les responsabilités se situent au niveau des professeurs [responsables] plus soucieux de créer des laboratoires de recherches pour se donner un prestige et redorer leur rang académique sans veiller à l'opérationnalisation des laboratoires sur le plan de la documentation et tant d'autres ».

Aux contraintes liées à la documentation, les laboratoires de recherche de l'UGB brillent de par leur retard sur l'accès aux NTIC. Sur les 7 laboratoires enquêtés, 1 seul (LANI) possède une connexion Internet pour ses 05 machines au moment où aucune structure de recherche ne possède de documentation en ligne. Cette situation agit négativement sur les performances des laboratoires sur les plans de la recherche et constitue un frein pour le fonctionnement du laboratoire.

Les laboratoires de l'UGB disposent pour la majorité de local qui leur sert de cadre où s'effectuent les activités de recherche. Par rapport au local, il est à mentionner qu'il est souvent obtenu tardivement et que dans l'attente d'un bâtiment qui abrite le

101 B.LY, « Problèmes épistémologiques et méthodologiques des sciences sociales en Afrique », Dakar, CODESRIA :18

laboratoire, le bureau du professeur se transforme et devient ainsi un abri provisoire pour la structure.

Pour ce qui est de la documentation et de la logistique, seul le GIRARDEL102 est pourvu d'une quantité assez intéressante avec 934 ouvrages et 28 mémoires de maîtrises, 20 CD-ROM contenant des conférences ou des supports de cours.. Pour ce qui est de la logistique, il dispose de 34 postes, 5 imprimantes, 3 scanners et 2 clefs USB. Il en est de même pour le LANI qui dispose de 244 ouvrages, de 5postes tous connectés à Internet, une imprimante, et un serveur. Outre ces deux structures qui puisent l'essentiel de leur ressource documentaire et logistique des partenariats qu'ils nouent avec d'autres institutions103, les autres structures pêchent dans une pauvreté documentaire et logistique qui fait tenir à un membre ces propos : « dans le laboratoire, les membres font du bricolage. On bricole pour se documenter d'autant que le laboratoire ne dispose pas de revue internationale et les maigres ressources documentaires dont on dispose ne sortent pas du laboratoire. L'Internet qui devait aider les laboratoires à combler le vide documentaire, n'est pas accessible. L 'Internet, pour en disposer, il faut venir tôt et le réseau n'est pas des meilleurs ».

I.3. Les contraintes financières

La problématique du financement de la recherche fait partie des contraintes majeures auxquelles sont confrontés les laboratoires de recherche de l'UGB, comme nous avons pu le constater à travers nos différents entretiens avec les responsables. Pour ce qui est de l'UGB, les résultats ont montré :

- Premièrement, une modicité des crédits alloués a la recherche. L'analyse du mode de répartition interne des ressources budgétaires des UFR montre que plus de 65% du budget des UFR sont engloutis dans les dépenses de fonctionnement et du personnel tandis que 30% seulement sont destinés à l'enseignement, à la recherche et aux dépenses à caractère général (voir tableau 24 et diagramme 4). Si l'on pousse l'analyse

102 Les projets de recherche que le GIRARDEL gagne sont accompagnés d'un lot de matériel rendant ainsi possible la faisabilité des projets. Le GIRARDEL a eu à participer à 3 projets dont le projet Désertification (2 ordinateurs, 1 scanner, 1 imprimante), le projet CORUS (2 ordinateurs, 1 imprimante, 2 clefs USB) et le projet Centre de Recherche et d'Essai (30 ordinateurs, 2 imprimantes, 2 scanners....)

103 Les UFR de l'UGB, depuis ces quelques années mènent une politique consistant à équiper les enseignants d'ordinateurs et une connexion à Internet. L'action des UFR s'arrêtent à ce niveau et ne va pas au-delà du PER, d'où le recours à des partenaires extérieurs.

un peu plus loin, l'on remarque que le coût de l'entretien des véhicules des UFR de 2003 à 2005 (dotation en carburant, le paiement des primes annuelles d'assurance, les réparations des véhicules pour les voitures du Directeur, du Directeur Adjoint et du Chef des services administratifs) fait plus de 5 fois celui des dépenses à caractères général ou de publication( c'est dans ce chapitre que les crédits alloués à la recherche peuvent être identifiés), comme le montre la courbe 2 à la page ;

- Deuxièmement, dans les budgets des UFR, aucun chapitre n'est réservé spécifiquement à la recherche. La subvention destinée aux laboratoires est inscrite dans le chapitre Dépenses à caractère général Subventions/allocations et bourses de recherche englobant à la fois les demandes de subvention du PATS, du PER, des étudiants, des syndicats, des participations à des colloques internationaux, à des séminaires, à des activités de recherche des sections et des centres de recherche pour certaines UFR. Cependant dans d'autres elle se trouve dans le même chapitre mais cette fois ci dans la rubrique Frais de publication. Ainsi, nous notons un manque d'harmonisation quand à la localisation du crédit accordé à la recherche ;

- Ensuite, si les crédits existent, l'enquête a relevé qu'ils ne sont pas toujours disponibles au moment où l'on en a besoin. Généralement pour ce qui est des laboratoires disposant d'organes de diffusion, les structures de recherche ne peuvent disposer des fonds que lorsque la revue est publiée. En effet, comme le remarque un responsable de laboratoire, « nous sommes obligés de cotiser ou de faire recours aux financements extérieurs surtout ceux des pays du Nord ». Les conséquences d'une telle dépendance aux organismes de financement extérieur « est de travailler sur les programmes de recherche de ces derniers et de se soumettre à leur discipline, surtout en matière de destination des résultats de la recherche. Les laboratoires sont obligés de faire le mercenariat scientifique pour se donner un semblant d'existence. Mais il s'agit, en fait, d'une existence qui les infantilise, puisqu'ils finissent par perdre toute autonomie et, en définitive, toute capacité d'initiative scientifique »104.

Partant de ce constat, avons-nous cherché à savoir les différentes sources de financement des structures de recherche consignées dans le tableau n°23.

104 A.NIANG, Op.cit.

Tableau 23: Répartition des laboratoires en fonction de leurs sources de financement :

UFR

Sources de financement

LERSTAD

GIRARDEL

GERSEG

LANI

URIC

GERCOP

GELL

UFR

X

 
 

X

X

 

X

Partenaires
extérieures

X

X

X

X

X

X

 

Autres

 
 
 
 
 
 

X

Source : Données de l'enquête 2005

A travers le tableau n°23, nous remarquons que le recours aux financements extérieurs, que ceux-ci proviennent des ONG, des structures de recherche du Nord pour travailler sur un projet commun, est pratique courante et permet alors de combler le vide occasionné par la modicité des crédits alloués aux laboratoires.

- Enfin, le financement des laboratoires de recherche varie en fonction des UFR. Dans certaines UFR de l' UGB, l'analyse des budgets révèle l'inexistence d'un crédit alloué à la recherche dans les laboratoires. Seulement l'intervention de l'UFR dans les activités du laboratoire est circonstancielle et se fait notamment lorsqu'il s'agit d'organiser des manifestations scientifiques. A ce propos, un responsable de laboratoire note qu'il a bénéficié une seule fois de subvention de la part de son UFR et ceci à hauteur de 50 000FCFA dans le cadre d'un séminaire organisé par son laboratoire. Cependant dans d'autres UFR un crédit est alloué annuellement aux structures de recherche. Le crédit à allouer n'est pas fixe et fluctue en fonction de la volonté des directeurs d'UFR. Dans l'UFR/LSH par exemple, la somme est de 300 000FCFA par laboratoire et de 500 000FCFA dans l'UFR/SAT105.

Les conséquences d'une telle politique non incitative et frileuse envers la recherche sont nombreuses sur la rentabilité scientifique de la structure de recherche et constituent ainsi des facteurs inhibant toute activité de recherche. La rareté ou la faiblesse des financements, soutient Boubacar LY, « a des incidences sur la recherche

105 Entretiens avec des responsables de laboratoires

tant au point de vue de la quantité qu'à celui de la qualité »106. Sur le chapitre de ces conséquences sur les laboratoires de l'UGB, nous pouvons remarquer qu'elle limite considérablement les activités du laboratoire. C'est pourquoi, il n'est pas étonnant de voir à l'UGB, une structure de recherche qui n'a pas d'organe de diffusion et mieux qui n'arrive pas à organiser des séminaires ou des colloques. Toujours dans ce sillage, la faiblesse des moyens alloués aux laboratoires amène ces derniers à réduire leur publication. Dès lors, « faute de moyens suffisants, dit Abdoulaye Niang, on est obligé malgré la forte demande de limiter le tirage à 300 exemplaires en moyenne. Le dernier numéro, consacré à « La société civile », est fortement demandé au niveau national et international mais les difficultés rencontrées pour l'édition nous empêchent d'y répondre et d'accroître la promotion des oeuvres produites par les chercheurs sénégalais et africains »107.

Par ailleurs, le manque de ressource financière n'est pas favorable à la sédentarisation des chercheurs surtout des doctorants dans les laboratoires. Comme le remarque un responsable « les chercheurs avancés sur qui reposent le fonctionnement des laboratoires ne sont pas stables du fait que le travail qu'ils effectuent au niveau du laboratoire n'est pas rémunéré ».

106B.LY, Op.cit :10

107 A.NIANG, (31 Juillet 2002), « Notre système ne favorise pas la publication », in Walf Fadjri, www.refer.sn

Tableau 24 : Répartition des pourcentages des budgets primitifs des UFR de l'UGB (2003-2005)

UFR

LSH

SEG

SJP

SAT

 

2003

2004

2005

2003

2004

2005

2003

2004

2005

2003

2004

2005

Chapitres budgétaires

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dépense de

50200000

54000000

52800000

14000000

18800000

21300000

19262822

25383453

26459929

21716106

28350000

23881875

personnel

(51,21)

(41,85)

(40,92)

(29,26)

(31,35)

(35,70)

(42,55)

(42,11)

(43,90)

(39,65)

(38,51)

(35,36)

Dépense de

32070000

46570000

51150000

22200000

22240000

22750000

15492138

18882138

20450000

19563480

24649306

29000000

fonctionnement

(32,72)

(36)

(39,64)

(46,4)

(37,09)

(38,13)

(34,22)

(31,32)

(33,93)

(35,70)

(33,49)

(40,51)

Dépense

8600000

20200000

14000000

7252500

12836545

10419218

8414969

8604338

8460000

9125000

15150000

11650000

d'enseignement et de recherche

(8,77)

(15,65)

(10,85)

(15,15)

(21,40)

(17,46)

(18,58)

(14,27)

(14,03)

(16,65)

(20,58)

(16,27)

Dépense à

713872

8238972

11058972

4391580

6085651

5185151

2100000

7400000

4900000

4384950

5450000

7038181

caractère général

(7,28)

(6,36)

(8,57)

(9,17)

(10,14)

(8,69)

(4,63)

(12,27)

(8,13)

(8,00)

(7,40)

(9,83)

BUDGET

98008972

12900872

129008972

47844080

59962196

59654369

45269929

60269929

6026992

54789536

73599306

71570056

( )= Pourcentage

Source : Construit à partir des différents budgets des UFR de 2003 à 2005

Diagramme 4 : Répartition du budget des UFR en fonction des chapitres en 2005

30000000

20000000

60000000
50000000
40000000

10000000

0 dépense de pers dépense de fonct. dépense d'ens et rech. dépense à car. Gén.

SAT

SEG SJP LSH

Source : Construit à partir des budgets des UFR en 2005

Courbe 2 : Evolution des dépenses de fonctionnement des véhicules des UFR et des subventions, allocations et bourses ou frais de publication de 2003-2005

60000000

50000000
40000000
30000000
20000000
10000000
0

Totaux entretien et fonct véhicule des UFR Totaux Sub Alloc (frais de publ)

2003 2004 2005

Source : Construit à partir des budgets des UFR de 2003-2005

II. Les stratégies déployées par les laboratoires de l'U.G.B pour la recherche :

Par rapport aux diverses contraintes qu'ils rencontrent, les laboratoires mettent sur pied des solutions alternatives. Ces dernières sont financières, de moindre coût et de sécurisation des recherches, de diffusion et de recherche.

II.1 Stratégies financières :

II.1.1. Cotisation :

Cette stratégie est le propre des laboratoires de publications. En effet, face à l'insuffisance des crédits qui leur sont alloués chaque année d'une part, et d'autre part, le retard qu'accusent les laboratoires pour disposer de ces fonds, les structures de recherche de l'UGB ont recours à la cotisation entre membres qui pré-financent la publication des revues. Les responsables soutiennent que les subventions ne sont disponibles que lorsque la revue est publiée, donc, elles ne servent qu'à payer les dettes que le laboratoire a déjà contracté avec l'éditeur.

L'opération de cotisation dans un laboratoire se passe comme suit : un retrait d'une somme de 1000FCFA à la source sur les salaires des membres du laboratoire est effectué à la fin de chaque mois. La somme collectée est versée dans le compte bancaire du laboratoire. Cette opération permet au laboratoire de disposer d'une somme permettant la publication de la revue.

Par ailleurs, toujours dans la gamme des stratégies financières développées par les structures de recherche de l'UGB pour publier, nous pouvons mentionner la participation des chercheurs étrangers. Elle consiste à exiger à l'auteur d'un texte venu de l'étranger (chercheur étranger qui voudrait se faire publier dans la revue) de participer à hauteur de 10.000FCFA. Sur ce plan, une précision est à faire : la publication n'est pas conditionnée par la participation du chercheur : il faudrait au préalable que l'article respecte les critères scientifiques définis par le laboratoire pour être publié.

II.1.2. Consultance

La consultance, dans le cadre des laboratoires de l'UGB, consiste à effectuer des prestations pour un organisme qui voudrait disposer d'information par rapport à une

situation donnée. L'intérêt du laboratoire est double. D'abord, elle permet aux laboratoires de fonctionner et surtout de disposer des moyens financiers qui leur permettent de mener une recherche d'envergure. Ainsi, à travers les consultances, les laboratoires peuvent disposer d'une certaine autonomie financière et ne faire recours que très rarement à l'administration centrale.

Elle permet aussi dans un second angle, de disposer d'informations récentes et en abondance par rapport à une problématique donnée. Cette dimension de la consultance est très importante du fait qu'elle permet aux membres de la structure de continuer la réflexion et d'utiliser les résultats des enquêtes menées lors d'une consultance, dans un but pédagogique, mieux, à produire des articles et d'avancer dans la carrière.

II.2. La stratégie du moindre coût et de sécurisation des recherches

II.2.1 La lecture et la correction des recherches menées au sein du laboratoire

Elle est l'apanage des laboratoires possédant des organes de publication. La pertinence et la validité d'un article d'une revue scientifique repose essentiellement sur la pertinence et la rigueur du comité scientifique chargé de la sélection et de la lecture des articles qui leur sont soumis. Généralement, les lecteurs sont des chercheurs avérés, bénéficiant d'une longue expérience par rapport au domaine ou thématique sur lequel porte le texte soumis à leur attention. Pour ce service, ils jouissent d'une rétribution financière. Par rapport à cela et partant d'une analyse sur leur situation peu reluisante sur le plan financier, les laboratoires de recherche de l'UGB optent les stratégies suivantes :

- la lecture et la correction des textes sont faites par les membres du laboratoire qui, après avoir mesurée leur pertinence, décident ou non de les publier. Les membres du comité de lecture peuvent être des enseignants comme des doctorants qui travaillent sous la responsabilité du directeur de laboratoire. Dans certaines structures de recherche, la première lecture est opérée par le responsable du laboratoire ;

- l'autre stratégie consiste pour le laboratoire à avoir parmi les professeurs de renoms des membres d'honneurs. Ces derniers peuvent être sollicités à tout moment par le laboratoire.

Au total, le recours aux membres du laboratoire ou aux membres d'honneur permet à la structure de recherche de trouver un palliatif à l'absence de ressources financières. Hormis ces derniers, toute opération de lecture est payante, ce qui ne va pas sans alourdir les dépenses de publication des laboratoires.

II.2.2. La sécurisation des travaux à travers la prépublication

Dans les disciplines scientifiques, la publication des résultats de la recherche dans une revue, ne peut se faire sans l'aval d'un comité d'arbitrage. Ce comité se charge d'étudier et d'émettre son avis par rapport à la validité scientifique de l'article proposé. Cette opération dure dans le meilleur des cas 6 mois. Ce qui fait qu'avant qu'il y'ait publication du dit article, d'autres chercheurs peuvent s'intéresser au même sujet et en faire des publications.

Pour éviter qu'un tel cas de figure se produise, la stratégie des laboratoires de recherche consiste à faire de la prépublication qui permet tout juste de faire connaître à la communauté scientifique nationale et internationale que le laboratoire de recherche explore un domaine précis et que les recherches y sont très avancées. Toutefois, dès qu'une revue accepte de publier l'article, la prépublication ne constitue plus une référence sur le plan scientifique.

II.3 Les stratégies de diffusion et de recherche
II.3.1. Voyage d'étude

Tous les deux ans, les enseignants de l'Université Gaston Berger bénéficient d'un voyage d'étude. Ce voyage entre dans le cadre du plan de carrière de l'enseignant et constitue un appui à la recherche. Il permet aux enseignants de se documenter, de finaliser des recherches ou de rencontrer leurs encadreurs pour les enseignants qui sont inscrits en thèse, entre autres.

Cette occasion est saisie et utilisée au profit du laboratoire de recherche doublement. En effet, les membres du laboratoire emportent dans leur périple des exemplaires de leur revue qu'ils distribuent à des bibliothèques ou à des enseignants. Ceci entre dans le cadre de la stratégie publicitaire ou de diffusion des résultats de la recherche qui permet au laboratoire de se faire connaître à travers la communauté

scientifique et susciter un intérêt chez des professeurs étrangers qui peuvent vouloir se faire publier par le laboratoire.

Aussi, le voyage d'étude permet aux laboratoires de réduire son déficit documentaire. En effet, les enseignants membres des laboratoires de recherche achètent ou font des photocopies des revues ou des publications récentes qui seront utilisées par le laboratoire.

II.3.2. Le partenariat avec des organismes de recherche et le recours aux étudiants

Si l'on se refère au contexte de création des laboratoires de recherche, on voit nettement apparaître l'importance que les organismes de recherche y ont joués et ceci jusqu'à nos jours.

En effet, comme le note le responsable du GIRARDEL à propos du contexte d'émergence du dit laboratoire. Comme le note-t-il : « Dans le delta, deux projets avaient été concomitamment organisé et les sections de l'UGB y étaient invitées. Le premier projet était le Pole Système Irrigué (PSI) piloté par l 'ISRA et regroupant le Sénégal et la Mauritanie. Dans la section de Géographie, des étudiants y étaient envoyés et cela nous a permis de nouer un certain nombre de contacts matérialisés par les séminaires et le co-encadrement des étudiants de maîtrise .Le deuxième projet était le projet pilote d'occupation et d'affectation des sols de Ross Béthio dont les parties contractant étaient Ross Béthio, ISRA et l'UGB en tant qu'invité. La rencontre créa des opportunités de contrats. Ces différentes rencontres avec les populations et les expériences vécues auprès de ces organismes, nous ont amené à créer le GIRARDEL ».

Pour ce qui est des modalités à travers lesquelles les laboratoires bénéficient de l'apport des partenaires, les approches sont doubles :

- la structure de recherche est demandeur. Dans pareille situation, le laboratoire développe ses thématiques de recherche en toute autonomie et se cherche un partenaire de recherche par rapport à l'objectif et la problématique de recherche ainsi dégagée. Selon un responsable, la définition des thématiques s'effectuent ainsi : « Nous effectuons une tournée de collecte d'informations au près des collectivités locales. Ces tournées nous permettent d'identifier les différents problèmes auxquels ils sont confrontés, problèmes que nous traduisons en thème de recherche. »

- la structure répond à un appel d'offre. C'est le plus courant lorsque le laboratoire est en situation de déficit financier et matériel, comme nous l'avons montré dans les parties précédentes. La procédure est la suivante : un organisme lance un appel d'offre et définit les modalités d'exécutions, les objectifs entre autre. Les structures intéressées compétissent en proposant des projets et une sélection se fera par l'organisme demandeur. La réponse à un appel d'offre ne fait pas du laboratoire une structure de consultance, en se sens que comme l'affirme un responsable : « le projet, nous l'élaborons toujours en essayant d'y glisser et de le contextualiser par rapport aux domaines d'investigations du laboratoire. Ce faisant, nous parvenons à trouver aussi une réponse à nos préoccupations de chercheurs ».

Pour ce qui est du recours aux étudiants, il est monnaie courante dans les laboratoires de l'UGB. En effet, cette population constitue une ressource humaine très importante pour les laboratoires qui les « utilise »dans la réalisation des projets surtout lorsque ces derniers sont commandités. Dans ce cadre, la stratégie consiste à décliner la problématique générale en plusieurs thèmes d'études proposés aux étudiants dans le cadre de leur mémoire de maîtrise. Les étudiants sélectionnés bénéficieront de l'encadrement des enseignants membres du laboratoire, d'une subvention et aussi d'une facilité dans l'impression entre autres. Le recours aux étudiants permet laboratoire de satisfaire dans les délais les préoccupations de l'organisme demandeur de l'étude, à l'étudiant de finaliser son mémoire et à la collectivité de trouver réponse à un certain nombre d'interrogations

CONCLUSION

Principalement axée sur la problématique de la recherche dans les universités africaines à travers l'identification des contraintes et des stratégies de recherche dans les laboratoires de recherche de l'UGB, notre travail ne peut se prévaloir d'une généralisation sur une grande échelle compte tenu de la spécificité de l'UGB. De nos analyses se dégageait la question centrale suivante : Quelles sont les contraintes et stratégies de recherche des laboratoires de l'Université Gaston Berger de Saint Louis ?

Par rapport à cette question, nous avons construit un modèle d'analyse par le biais duquel une hypothèse de travail a été formulée : La faiblesse des ressources financières, matérielles, informationnelles, culturelles, psychiques et humaines dont disposent les laboratoires de recherche à l'UGB, amène les chercheurs à développer des stratégies de recherche, de financement ou de moindres coûts et de sécurisation des recherches en vue de faire des productions scientifiques.

Cette hypothèse de départ n'a pas été postulée d'entrée de jeu comme absolument vraie. Elle a été soumise à l'épreuve des faits comme nous l'exige toute démarche scientifique. Dans cette dynamique, nous avons ensuite été amené à définir ses concepts clefs tout en construisant leurs dimensions et leurs indicateurs. La traduction empirique de tout ce protocole de la recherche s'est matérialisée d'une part, par une étude diachronique de l'étude et d'autre part, par une approche descriptive de la zone d'investigation. Elle a été facilitée par la mise en oeuvre d'une méthodologie fondée sur un choix rigoureux et combiné de plusieurs outils de collecte et d'analyse des informations qui nous ont permis de d'aboutir à un certain nombre de résultats :

- l'implication de l'administration centrale (Conseil Scientifique, UFR) est encore très faible pour appuyer et soutenir la recherche. Au niveau du Conseil Scientifique, nous avons noté une absence de politique de recherche perceptible à travers un déficit d'orientation, de contrôle bref d'organisation de la recherche qui se mène au niveau des laboratoires. De cela, naissent des rapports faits d'ignorance, d'opacité entre le Conseil Scientifique et les structures de recherche qui ne lui reconnaissent aucune utilité. Pour ce qui est des UFR, leur manque d'intérêt pour la recherche est perceptible à travers la faiblesse ou l'absence de crédit accordé aux structures de recherche ;

- les laboratoires de recherche de l'UGB sont des structures qui sont crées de manière« informelle ». En effet, ils n'ont aucun statut juridique définissant les objectifs du laboratoire, les différentes activités et les rôles de chacun de ses membres. C'est ce qui explique que le fonctionnement des structures de recherche dépend du responsable du laboratoire. Ces dernières sont ainsi sujettes à une gestion autocratique de la part du responsable qui a pour corollaire le désintéressement des membres aux activités du laboratoire qui constituent les ressources humaines sur lesquelles repose la recherche ;

- les laboratoires de recherche de l'UGB sont confrontés à un déficit criard en ressources documentaires et logistiques propices au développement de la recherche.

Néanmoins, face à ces contraintes, les structures de recherche de l'UGB parviennent tout de même à produire en mettant en place un certain nombre de stratégies qui permettent aux structures :

- de faire de la recherche et des publications à travers la participation à des projets de recherche. Aussi, cela leur permet de résorber leur déficit logistique, car les projets de recherche financés par des bailleurs viennent avec le lot d'équipements nécessaire au bon déroulement de l'étude ;

- de financer la publication ou d'amoindrir les coûts de production à travers la cotisation, la consultance entre autres.

En définitive, notre hypothèse de recherche a résisté à l'épreuve des faits. Ainsi, sans prétendre à un quelconque messianisme, nous pensons que sa validation témoigne de :

- l'érection du Conseil Scientifique en une Direction jouissant d'une autonomie financière et organisationnelle qui impliquerait davantage les laboratoires de recherche dans ses activités. Ceci permettrait à l'Université d'avoir son programme de recherche avec des thématiques précises dans lesquelles les structures de recherche prendront part (de la conception à l'exécution) et, partant de là, auront obligation de résultats ;

- la nécessité pour les UFR d'appuyer substantiellement la recherche à travers des subventions octroyées aux structures de recherche et des revues qui existent. Un tel financement doit être inscrit dans le budget des UFR ;

- la mise sur pied d'une gestion transparente des structures de recherche qui permettrait l'implication de tous les membres dans le fonctionnement du laboratoire. Pour cela, il devient impérieux de définir un cadre juridique organisant le fonctionnement des structures de recherche vis-à-vis de ces membres mais aussi vis-à- vis de l'administration centrale (Rectorat, UFR).

Ce travail ouvre également de nombreuses pistes de recherche qui n'ont pu être explorées dans le cadre de ce mémoire de maîtrise. En effet, il serait intéressant dans des recherches ultérieures de mener des études comparatives entre les pratiques de recherches des universités du Nord et celles du Sud afin d'en saisir les forces et les faiblesses.

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ANNEXE

Guide d'entretien adressé aux responsables de laboratoire

Thème 1 : Historique du laboratoire de recherche.

Thème 2 : Le laboratoire et ses diverses relations avec les Services pédagogiques de l'Université (UFR et Conseil scientifique du Rectorat).

· organisation, suivi et contrôle de l'activité de recherche ;

· financement, subvention ou aide ;

· ambiance collective, volonté.

Thème 3 : Contraintes et stratégies développées.

Thème 4 : Appréciation de la situation de la recherche et suggestions pour développer la recherche.

.

Questionnaire adressé aux responsables de laboratoires de recherche

I/ Identification du laboratoire de recherche

I.1.Nom du laboratoire :

I.2. Date de création du laboratoire

I.3. Statut juridique

Privée Publique Autres

I.4. Type de recherche

Fondamentale Appliquée

Pourquoi ?

I.5. Domaines d'interventions et objectifs assignés à la recherche

I.6. Envergure du domaine d'interventions

Saint louis Autres

II/ Structure et fonctionnement des laboratoires de recherche de l'UGB II.1 .Comment est organisé le laboratoire ?

II.2.Avez-vous un organigramme ?

Oui Non

Si oui, comment est-il libellé ?

II.2. Quel est l'effectif du personnel dans le laboratoire et leur provenance ? II.3.Quels sont les critères de recrutement du personnel du laboratoire ?
Spécialisation scientifique Grade Compétence méthodologique

Affinité Autres

II.4.Quels avantages tirent-ils de leur appartenance au laboratoire ?

Pécuniaire Possibilité de publier Autres

II.5. Quels sont les catégories de personnels composants le laboratoire ? Enseignants de l'UGB Intervenants extérieurs Etudiants
l'UGB

II.6. Comment s'effectue la recherche dans le laboratoire ?

Projet de recherche du laboratoire Projet individuel

II.7. Le laboratoire a-t-il des thèmes ciblés ?

Oui Non

Si oui, pourquoi procédez vous ainsi?

Quelle est sa durée ?

Si non, pourquoi ?

II.8. Existe-t-il une répartition des tâches entre les différents membres du laboratoire ? Comment s'organise-t-elle ?

III. Les ressources du laboratoire

III.1 .Quelles sont vos sources de financement ?

III.2. Quelles sont les contraintes auxquelles vous êtes confrontés dans le financement

de la recherche?

Par rapport à ces contraintes, quelles sont vos stratégies?

III.3. Quels sont les divers équipements dont dispose le laboratoire ?

Comment l'appréciez-vous? A quand datent-ils?

III.4. Avez-vous des ressources informationnelles

Oui Non

Si oui, quelle est la quantité ?

Nombre d'ouvrages Nombre de périodiques Nombre de revues

Documents sonores Documents visuels Autres

III.5.Comment l'appréciez-vous ? VI. Réalisations scientifiques

VI.1. Quel est le nombre de publications faites par le laboratoire?

Documents écrits (nombre et le genre) Documents sonores (nombre et le genre) Documents visuels (nombre et genre) Autres

VI.2. Quelle est sa périodicité ? VI.3 Quelles sont les maisons de publications du laboratoire ?

VI.4.Quelles sont les dépenses de publications durant les dernières années (2000-

2005) ?

VI.5. La production, l'assurez- vous seul ou avec des partenaires ?

Oui Non

Si des partenaires interviennent, qui sont-ils ?

VI.6. Comment participent-t-ils ? Existe-t-il des conditionnalités ? Oui Non

Si oui, lesquelles ?

Si non, pourquoi ?

VI.7.Comment se fait la diffusion des résultats du laboratoire ?

VI.8.Quelles sont les contraintes que rencontre le laboratoire à ce niveau et quelles sont vos stratégies par rapport à cela ?

Questionnaire adressé aux membres des laboratoires

I. Identification sociologique

I.1.Age

I.2.Sexe

I.3 .Grade (Enseignant) Niveau (Etudiant) Autres

I.4. Publication(s) antérieure(s).

II. Implication et conditions de travail du chercheur

II.1 .Occupez-vous un poste de responsabilité dans le laboratoire ?

Si oui, lequel ?

Si non, pourquoi ?

II.2.Comment appréciez-vous vos rapports avec la direction du laboratoire ? Bonne Pas du tout Autres.

II.3.Sur quelles bases travaillez-vous dans le laboratoire ?

Projet de recherche du laboratoire Projet individuel Autres.

II.4.Quels commentaires faites-vous de cela ?

II.5.Personnellement avez-vous entrepris une action pour le bon fonctionnement du laboratoire ?

Si oui ; de quoi s'agissait-il ?

Comment cela a-t-elle été appréciée ?

Si non, pourquoi ?

II.6.Quelles sont les avantages que vous tirez du laboratoire sur le plan de la recherche ? Encadrement Saisie et impression Voyage d'étude Autres.
II.7.Si vous devez les classer, dites-nous par ordre de priorité comment disposeriez-vous ces différents éléments qui justifient votre participation au laboratoire ?

III. Contraintes dans la recherche

III.1 .Quelle appréciation faites-vous de l'ambiance de la recherche au sein du laboratoire ?

III.2.Dites-nous les différentes contraintes qui font obstacle à la recherche au sein du laboratoire ?

III.3. Parmi ces contraintes, citez au moins trois éléments qui sont les plus handicapants pour la recherche et dites nous pourquoi.

III.4. Selon vous, à quel niveau se situe la (les) responsabilité(s) et dites-nous le pourquoi ?

III.5. Quelles attitudes adoptez-vous par rapport à ces contraintes ?

Attentiste Recherche de solutions Autres

III.6. Comment êtes-vous impliqué dans le fonctionnement du laboratoire ? Cotisation (Préciser la somme et la périodicité).

Recherche de partenaires (Nom du partenaire, nature du partenariat, processus à travers lequel ce partenariat a pu être noué).

Autre(s)






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon