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e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?

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par Elsa Gobert
Université Paris III - Master 1 2007
  

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b : mon expérience de médiatrice au 104

J'ai travaillé au 104 en tant que passeuse, pour La Traversée. Nous sommes soixante-dix Passeurs en tout. Les Passeurs durant l'événement de La Traversée n'étaient pas reconnaissables. Notre but n'étant pas de tout connaître et de faire une conférence sur les tenants et les aboutissants du lieu, mais, simplement d'engager une conversation avec les visiteurs. Pour cela, plusieurs méthodes : soit nous étions à l'entrée, côté rue Curial et nous traversions tout l'édifice avec un groupe de visiteurs qui, curieux du lieu demandaient à faire une visite « guidée », soit nous interceptions à l'intérieur un questionnement sur un sujet et nous en profitions pour engager une discussion. Le passeur/médiateur provoque la rencontre, l'interrogation et donc la discussion. Il est aussi là pour rassurer certaines personnes inquiètes de la venue d'un tel équipement culturel dans le quartier. Beaucoup de visiteurs étaient surpris en arrivant dans le chantier, le besoin d'exprimer leur surprise à un autre individu se faisait sentir, nous étions là pour partager leur étonnement. Certains des médiateurs parlaient des dialectes (le Wolof, dialecte Sénégalais, ou le Fon, dialecte Béninois par exemple) pour être aptes à renseigner les visiteurs qui comprenaient mal le français. Des visites étaient également prévues en langues des signes.

Les passeurs sont de tout âge, de tout type, artistes ou non artistes, ils ont été préparés pour cet « acte de confiance », choisis pour « faire partager à tous l'ambition et la passion du projet »45(*).

J'ai pu constater en travaillant au 104 ce samedi soir, la venue de beaucoup de gens du quartier. Ils sont généralement très contents du lieu et de l'aménagement progressif du XIXéme arrondissement par la Mairie de Paris. Beaucoup citent l'aménagement du jardin d'Eole, juste en face du 104. Le 104 s'inscrit dans le renouvellement du quartier, et les habitants qui ont parfois l'impression d'être délaissé par rapport aux quartiers sud, sont fiers des nouvelles installations. Certaines personnes pensent qu'elles y viendront, d'autres sont dubitatives. Par contre certains sont mécontents de l'abandon progressif du marché Riquet juste à côté du 104 et il y a là un paradoxe, les créateurs du 104 parlent de créer un nouveau lieu de rencontre dans le quartier, or, un marché ne constitue-il pas par définition un lieu de rencontre, surtout dans ces quartiers populaires ? Les patrons des cafés voisins (café Au Curial, café le Pascali, café le Mathis, Brasserie du Parc) apprécient l'établissement d'un équipement culturel nouveau dans le quartier. Un tel lieu est susceptible de leur apporter une nouvelle clientèle. D'autres personnes du quartier ne croient pas en la pérennité d'un tel lieu. Précisons que le prix de l'immobilier est haussé dans les agences par la présence du 104 « ce charmant appartement faubourien est situé à proximité du canal et du 104 »46(*). Le site de "l'immobilier intelligent"47(*), BMI Key donne des précisions sur la mutation du quartier sur l'établissement de ce lieu culturel. « L'ancien bâtiment des Pompes funèbres municipales créé par les architectes Delebarre et Godon en 1874, d'une architecture industrielle, deviendra à l'automne un immense établissement artistique de la ville de Paris. »48(*) Cet argument immobilier inquiètent certains habitant du 19ème arrondissement. Les personnes à faibles revenus craignent d'être repoussées hors du quartier. Quelques-uns ont peur de la venue d'étrangers « La peur de l'autre, de ce qui est différent » nous dit F. Fisbach, nous cherchons « un art qui va à la rencontre de l'autre, et non qui s'en éloigne. » Beaucoup d'artistes s'interrogent sur la pérennité du lieu, notamment avec l'approche des élections municipales de mars 2008. Ils doutent des résidences. Seront-elles justement attribuées ? Ils craignent la main mise de la part de la Mairie de Paris ou des directeurs.

Le public est hétérogène : habitants du quartier, de la banlieue proche, du sud de Paris. Ils viennent par curiosité : certains ont entendu parler de l'événement à la radio ou dans des journaux, d'autres ont vu des affiches, le bouche à oreille est également un facteur important. Les individus viennent seuls, en famille, ou entre amis.

Certains sont impressionnés par la vitesse à laquelle la rénovation et la reconstruction se font en même temps (réhabilitation, reconversion). On retrouve bien ici le thème de la reconversion, déjà présent dans les friches culturelles, à la différence que plus que de reconvertir un lieu, on va ici jusqu'au réaménagement du lieu par la reconstruction. On en fait un vrai lieu artistique aux normes, alors que les friches squattées ne posaient pas ces problèmes de normes de sécurité. Il faut noter aussi que bon nombre d'entre elles ont fermé pour ces mêmes raisons, les artistes n'ayant pas les moyens de payer les travaux pour faire de leur squat un lieu conforme à la loi et accessible par le tout public.

Je rencontre également le président du conseil de quartier du XIXéme Monsieur Demange49(*), qui me dit que le 104 n'a jamais été squatté, contrairement à l'image qu'il reflète, de la mythologie du squat d'artistes. Ainsi, à l'intérieur même de l'équipe de médiation, l'échange et la transversalité sociale sont déjà présents entre un groupe hétérogène d'individus.

* 45 Op. cit. Annexe1.

* 46 Page vivitée le 20 mai, site http://www.immobilieretparticuliers.com/

* 47 ibid

* 48 ibid

* 49 Discussion avec Monsieur Demange, Président du conseil de quartier du 19e, 29 décembre 2007, café Mathis, Paris, Annexe2.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus