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Efficacité politique chez Machiavel

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par BASUNGA Nzinga Antoine
Université St. Pierre Canisius/Kimwenza (RDC) - MEMOIRE présenté en vue de l'obtention du grade de Bachelier en Philosophie 2006
  

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CHAPITRE.II:

EFFICACITE DANS LE RAPPORT ENTRE MORALE ET POLITIQUE.

1. L'action politique au-delà de l'impératif moral inconditionnel.

La notion d'impératif inconditionnel nous fait penser à morale kantienne. En discourant sur les conditions de possibilité de la morale, Kant distingue les impératifs hypothétiques de l'impératif catégorique. Les impératifs hypothétiques renvoient davantage à la nécessité pratique d'une action possible, considérée comme moyen conduisant à une fin que l'on poursuit. Tandis que l'impératif catégorique représente une action comme nécessaire à elle-même objectivement (universellement) et sans rapport à un autre but. Les enjeux déterminants de la morale kantienne ressortent en termes d'obligation, de devoir et de commandement.

Agir moralement signifie alors n'agir rien que par devoir en s'écartant de tout désir utilitariste, mieux, conséquentialiste. Il n'y a donc chez Kant qu'un seul impératif catégorique : « Agir uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » . L'impératif catégorique donne donc un critère formel, de cohérence, qui commande de vérifier les possibilités d'universalisation de notre maxime sans qu'il y ait contradiction. Il faut alors se demander si une règle d'action qu'on s'octroie soi-même peut devenir ainsi la règle de tout homme placé dans la même condition. Si oui, c'est qu'on est en présence de la loi morale. Dans le cas contraire, cela signifie qu'on veut faire une exception pour soi. Kant a sans doute le mérite d'avoir fondé la morale sur du solide, d'avoir posé les conditions de possibilité d'un agir moral efficace. N'est-ce pas là même un défi pour l'homme en tant qu'il est un être de liberté et capable de bien ?

Cependant l'on doit éviter de verser dans ce que Machiavel appellerait l'« idéalisme moral ». En effet, l'idéalisme moral aplatit l'action politique, l'enferme dans la cécité du jugement et la rend moins efficace. Au regard de Machiavel, la connaissance de l'idéal, du bien que poursuit la visée éthique reste chose noble. Toutefois, l'on ne doit pas manquer de souligner l'impossibilité dans laquelle l'on se retrouve souvent devant l'effort réalisé dans la conformité de son vécu pratique à l'idéal théorique que l'on se propose : « il y a si loin de la sorte qu'on vit à celle selon laquelle on devrait vivre que celui qui laissera ce qui se fait pour ce qui se devrait faire, il apprend plutôt à se perdre qu'à se conserver » . La morale classique n'est plus l'unique voie qui décide de la validité du bien. Il n'en est donc plus question, surtout lorsqu'il s'agit de prôner pour la prééminence de la chose publique.

La politique, dans son but primordial, semble partager les mêmes objectifs que la morale : la gestion des groupes et de leurs intérêts. Toutefois, chez Machiavel, il apparaît une nette séparation entre les vertus morales et les vertus politiques. La réalisation de la sagesse politique s'en gardera d'être éternellement sous emprise de la morale. Le prince doit jouer selon l'opportunité. Au-delà de la mesure d'action qu'exige l'objectivité morale, le prince discernera plutôt la validité de son action en conformité avec la nécessité d'Etat. L'action politique, si seulement si nécessité l'exige pourra passer outre, mieux sublimer l'impératif moral pour ne le rencontre que dans leurs aspirations ultimes qui se résument mieux dans la réalisation dialectique de « l'universel concret et de l'universel de l'individu » selon ces mots chers à E. Weil. Autrement dit, la conformité à ce qui se devrait faire (la morale) se heurte contre l'action politique dont les moyens sont parfois moralement difficiles à admettre.

Toutefois, il ne s'agit pas d'une récusation pure et simple des vertus morales. Même s'il n'est pas nécessaire au prince d'avoir toutes les vertus, il doit cependant paraître les posséder pour garantir la quiétude de son peuple. Le rapport entre la morale et la politique reste un rapport de supplément plutôt que de subordination. A ce titre, la vissé d'une bonne politique est moralement acceptable. La politique renvoie donc à la gestion efficace des affaires d'Etat. La règle du jeu qui sous-tend l'efficacité politique n'exige que des bons effets pour qu'il n'y ait que des bonnes causes. Ce principe n'est réalisable que dans la mesure où le prince sera suffisamment vertueux et plein de bons sens politique.

1.1. Du bon sens dans l'agir du prince.

La fin du livre XV se révèle comme un grand champ du discernement et redonne sens à la conscience finie du prince en face de sa lourde responsabilité. Machiavel nous replonge une fois de plus dans la recherche du « juste milieu ». Le juste milieu qu'il replace au fondement même de toute entreprise du prince. Le prince est ensuite saisi comme un être relationnel. Il n'est pas du tout le surhomme machiavélique comme d'aucuns l'ont souvent envisagé. La confidence de sa conduite n'est pas un tabou. Le prince est jugé en fonction de certaines qualités qui lui apportent louange ou blâme. Autrement dit, un tel prince sera tenu pour libéral, pour ladre; tel outre sera estimé généreux ou rapace ; cruel, plein de pitié ; parjure, fidèle à sa parole ; efféminé et pusillanime, l'autre encore sera traité de hardi et courageux ; de plein d'humanité ou orgueilleux ; luxurieux, chaste ; intègre, roué ; dur ou aimable ; religieux ou incrédule, et ainsi de suite.

A entendre Machiavel, il serait même souhaitable qu'un prince porte toutes ces susdites qualités. Puisqu'il est évident que les qualités ne se peuvent toutes avoir à cause de notre finitude humaine, Machiavel suggère plutôt au prince de s'exercer au sens de la mesure. « Car, tout bien considéré, [le prince] trouvera quelque chose qui semble être vice, mais en la suivant, il obtient aise et sécurité » . Toute vertu ne concourt pas nécessairement à la conservation de l'Etat et à la sauvegarde du trésor public.

Lorsqu'on s'applique à bien analyser une vertu morale sous le modèle machiavélien , on peut alors se rendre compte jusqu'où sa possession est une chose dangereuse pour un prince. Car un prince tout libéral se complait à donner de son bien pour satisfaire autrui, il dépense par pur altruisme. Mais cette généreuse disposition tend à amenuiser sa richesse; ainsi pour continuer à pratiquer sa libéralité, le prince se voit obligé de taxer excessivement la population, ce qui le rend justement détestable à ses propres sujets.

En effet, la libéralité qui de prima facie est une vertu, peut cependant rendre impopulaire et par conséquent affaiblir le prince et son Etat. Il vaut mieux que le prince soit parcimonieux, qu'il donne peu de son bien et qu'il passe même pour un avare s'il doit lors de toute attaque se protéger contre les ennemis extérieurs sans toutefois accabler son peuple des impôts exagérés. L'exigence du vrai sens de l'équilibre devrait davantage accompagner nos délibérations pour déterminer ce qui est réellement avantageux à l'Etat et à l'humanité. D'où l'importance soulignée de la prudence du prince qui doit être saisie selon la perceptive même de la virtù.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand