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« l'unicité-universalité » de Jésus-Christ dans la foi chrétienne. Préambule pour une théologie des religions chez Jacques Dupuis

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par Antoine BASUNGA Nzinga,sj
ITCJ - Théologien 2008
  

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Introduction.

Depuis longtemps, l'Eglise a fondé sa foi sur deux axiomes principaux, à savoir : le salut universel de l'humanité en Dieu d'une part ; en Jésus-Christ (à travers l'Eglise) d'autre part. Après Vatican II, nous avons assisté et asistons à l'avènement d'une abondante littérature en quête d'une théologie chrétienne (adéquate) des religions. Il s'agit d'une quête qui traduit mutatis mutandis un désenchantement. Citons l'avènement du « théocentrisme» . Ce nouveau paradigme tel que interprété par certains théologiens (nous pensons à J. Hick et à toute son école), constitue une véritable menace pour la perspective christocentrique traditionnelle dont s'est servi jusqu'à lors l'Eglise lors qu'il fallait aller en dialogue avec les autres traditions. Au fait, il s'agit de questionner la validité, mieux la ténacité du christocentrisme de la théologie chrétienne dans ses exigences profondes, à savoir : « l'unicité » et la signification « universelle de l'événement-christ ».

La vague des rencontres de différentes traditions religieuses voudrait s'abattre sans complaisance sur les vérités, pourtant, fondamentales de la foi chrétienne. Autrement dit, ces vérités constituent « [...] une pierre d'achoppement pour ceux qui ne partagent pas notre foi »1(*). Certes, l'unicité et universalité du Christ comprises de manière stricte s'érigent en une barrière ne respectant pas ainsi toute possibilité d'un vrai dialogue. Remédier à ce malaise, sera l'objet de notre quête. Tout au plus, notre étude voudrait se situer dans le contexte des traditions religieuses en général dans leur rapport avec le mystère chrétien. Pour ce faire, ce travail sera articulé autour de quatre points, à savoir : Unicité-universalité dans la foi chrétienne traditionnelle ; Jésus-Christ au centre de la foi ; La Centralité du Christ dans la théologie oecuménique et dans la théologie des religions, et Le sens du Christ dans le plan divin.

1. Unicité-universalité dans la foi chrétienne traditionnelle.

La foi chrétienne affirme l'unicité du Christ. Autrement dit, il n'est pas d'autre possibilité que Dieu se serait choisie pour se révéler et se manifester lui-même. Par Jésus-Christ et en lui, Dieu s'est révélé de manière décisive et irrévocable. L'unicité du Christ dans la foi chrétienne est donc une certitude, une évidence claire et distincte de l'auto-communication2(*) de Dieu à l'humanité. De cette unicité, découle alors le principe de l'universalité du Christ. Pour la tradition chrétienne, l'universalité du Christ a son plein sens au-delà de l'appel attrayant que représente l'homme Jésus pour tous ceux qui l'approchent. Bien plus encore, l'universalité de Jésus se jauge aussi par rapport à l'influence « de son oeuvre pour le salut des hommes en tout temps et en tout lieu »3(*). Le Christ est le sauveur. Le christianisme, tel qu'appliqué récemment à la théologie des religions, élargit le sens de l'unicité-universalité de la foi chrétienne traditionnelle.

En effet, il sied de comprendre que le Christ comme principe d'« unicité-universalité » n'est pas conçu de manière exclusive mais plutôt inclusive. Il serait même tautologique que de vouloir définir l'unicité-universalité du Christ par une méthode négative. Car cet ensemble, « unicité-universalité » souligne à suffisance combien l'idée d'une clôture, d'une exclusion devrait être tenue à l'écart. L'unicité du Christ est plutôt d'une aspiration cosmique en toute son ouverture. Cette démarche n'a pas manqué d'objection cependant : quelle est alors effectivement le sens d'une telle vision du Christ sur une terre où plus de la moitié des hommes n'ont jamais attendu parler de lui ? Plusieurs tentatives apologétiques ont voulu y remédier. Tel le concept théologique du « christianisme anonyme » ou encore du Christ présent mais caché et « inconnu » au sein des traditions religieuses du monde ; où la révélation du Christ s'explicite à travers différentes manifestations culturelles.

S'il est vrai que dans le mystère du Christ, Dieu lui-même se tourne vers les hommes en auto-manifestation et auto-révélation, alors le mystère christique s'actualise partout où Dieu entre dans la vie des hommes. Un tel syllogisme hypothétique n'est tenable que dans la mesure où il y a vérité dans son antécédent, à savoir : S'il est vrai que dans le mystère du Christ, Dieu lui-même se tourne vers les hommes en auto-manifestation et auto-révélation... Or c'est parfois là, la pierre d'achoppement pour ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne. Comment comprendre le Christ comme le seul et véritable « lieutenant » de la révélation de Dieu ? Surtout lorsqu'on a longtemps été initié à contempler ce même Dieu à travers d'autres figures ?4(*) Notre Dieu, ne serait-il alors qu'une idole ? C'est là que commence la phobie du prosélytisme. Dès lors, s'accentue la question du vrai ou du faux Dieu. Une chose est d'être avec Dieu et une autre est de recevoir la grâce de le reconnaître dans la condition humaine de Jésus de Nazareth. Car le Christ est entré dans notre histoire et cela dans un contexte bien déterminé.

Certes, « Le Christ de la foi est inséparable du Jésus de l'histoire ; mais sa présence et son action ne sont pas liées par les limites du bercail chrétien »5(*). La théologie du Christ cosmique, bien qu'elle soit favorable à l'égard des autres traditions religieuses, pense J. Dupuis, reste à la merci d'une « étrangéité ésotérique » pour tous ceux qui ont l'effroi d'être considérés comme des chrétiens anonymes. Ceux qui, pour nous chrétiens, respirent du Christ et le logent dans leur « demeure » sans pour autant le reconnaître. Ceux à qui nous chrétiens collons notre statut de chrétien. La démarche qui attribue une signification universelle à un événement historique particulier de « Jésus de Nazareth » pose un vrai problème historique. Il est évident que la valeur relative de l'histoire emboîte le pas à la signification absolue que le christianisme attribue au fait Jésus-Christ. Car qu'on le veuille ou pas, tout fait historique est tributaire de certaines limites (imperfections) liées à son espace et en son temps. Cependant, ayant conscience « du paradoxe de l'absolu », pousser au loin un tel débat fausserait toute distance que nous devons garder vis-à-vis de l'absolu même.

* 1Jacques Dupuis, Jésus-Christ à la rencontre des religions. Desclée, Paris, 1989, p. 118.

* 2 La précision du sens de l'incarnation comme une autocommunication de Dieu, n'apparaît pas encore dans la tradition chrétienne. Ici, l'incarnation est plutôt discutée par rapport au rachat de l'humanité déchue, réduisant ainsi le mystère de la deuxième personne aux dimensions purement temporelles : cf., il était, ou encore il s'est fait homme après que l'humanité ait péché.

* 3 Jacques Dupuis, Op. Cit. , p. 188.

* 4 C'est ici que la considération théologique du judaïsme devient importante, et aussi celle des « saints païens » de l'Ancien Testament (Daniélou).

* 5 Jacques Dupuis, Op. Cit. , p.119.

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