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Etat des lieux de la microfinance et du système bancaire camerounais

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par Olive Berenice Ngafi Djomo
Faculté universitaires catholiques de Mons (belgique) - Master en sciences de gestion option (finance) 2006
  

Disponible en mode multipage

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REMERCIEMENTS

Je remercie le Seigneur de m'avoir éclairée et illuminée tout au long de la rédaction de ce mémoire.

Je remercie mes promotrices, Madame CAPIAU et Madame LELOUP pour leur soutien et leur encadrement.

Je remercie ensuite tous mes autres professeurs pour leur enseignement durant mon cursus scolaire.

Un très grand merci à M. Marc Labie pour m'avoir donné accès à l'information à travers son livre.

J'adresse un merci collectif à toute ma famille en particulier, mes parents M. et Mme Ngafi pour leur soutien financier et moral.

Je remercie enfin tous mes amis et toutes les personnes qui m'ont aidée pendant la durée de mes études.

ACRONYMES

AADC : Association pour l'Action de Développement Communautaire

ADAF: Appropriate Developmement For Africa Foundation

BEAC: Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BICEC: Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit

BRS : Banque et les assurances solidaires dans le tiers monde

CBC: Commercial Bank of Cameroon

CCEI : caisse commune d'épargne et d'investissement

CEMAC: Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CLC : Crédit lyonnais Camerounais

COBAC : Commission Bancaire des Etats de l'Afrique Centrale

COOPEC : Coopérative d'épargne et de crédit

IMF : Institutions de microfinance

MC²  : Mutuelle Communautaire de Croissance

ONG : Organisation Non Gouvernementale

SGBC : Société générale de banques au Cameroun

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SAAR : Société africaine d'Assurance et de Réassurance

SRC : Société de recouvrement des créances

UBC: Union Bank of Cameroon

RESUME

Le Cameroun est un pays d'Afrique Centrale, Il est situé au fond du golfe de Guinée. L'environnement financier Camerounais est constitué d'un secteur formel, d'un secteur informel (tontine) et entre les deux se situe la microfinance. En 1980, le Cameroun a connu une grave crise financière, ce qui a amené les banques à limiter leurs engagements. C'est en fait une inversion de tendance par rapport au passé où elles avaient au contraire trop prêté. Pour éviter un effondrement de tout le système bancaire, un plan de restructuration a été mis en place en 1989. Grâce à ces réformes et au changement de politique monétaire, les banques sont devenues plus liquides, mais souffre du durcissement des conditions d'octroi de crédit. Face au dysfonctionnement du système bancaire, nous notons un rôle fondamental de la finance informelle. Cependant elle présente des limites puisque les fonds mobilisés ne permettent pas le financement d'activités économiques importantes. À côté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social. Elle présente un certain nombre d'avantages : bonne connaissance du milieu, proximité des clients, capacité d'innovation, etc. Mais, elle ne peut prétendre se substituer totalement à la banque.

L'objectif de notre travail était de voir s'il était possible de choisir entre les banques et les institutions de microfinance le secteur le plus approprié pour l'économie camerounaise. Autrement dit quelles stratégies devons nous mettre en place pour une efficacité du paysage financier. Devrions nous privilégier un secteur ? Ou bien améliorer les deux ? Nous avons tenté de répondre à ces questions, nous dirons la banque et la microfinance sont toutes deux nécessaires et indispensables au bon déroulement de l'activité économique du pays. Nous pensons que les banques et les institutions de microfinance devraient mettre en place des stratégies pour travailler ensemble. C'est la raison pour laquelle nous avons exposé le partenariat entre une banque, une institution de microfinance, et une Organisation Non Gouvernementale. Dans cette alliance, en plus des avantages que bénéficient les IMF et les banques, différentes catégories d'agents sociaux sont particulièrement touchées par la synergie. Ce sont les populations locales, les élites extérieures, les autorités religieuses et traditionnelles, les sociétés de développement et les Organisations Non Gouvernementales. À côté de tous les intérêts qui ont été présentés pour le développement de partenariats entre la microfinance et le secteur bancaire, nous avons montré les différentes contraintes rencontrées pour la mise en place d'un partenariat entre le secteur bancaire et celui de la microfinance. Enfin, nous avons essayé de donner les moyens que l'Etat pourrait mettre en place pour améliorer le partenariat entre les deux secteurs.

INTRODUCTION GENERALE

Le Cameroun est situé en Afrique Centrale, au fond du golfe de Guinée. Il est limité au Nord par le Tchad, à l'Est par la République Centrafricaine, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale, à l'Ouest par le Nigeria.

Au Cameroun, trois types de structures financières peuvent prétendre à la qualité d'intermédiaire financier. Deux sont du secteur officiel : les banques commerciales et les établissements de microfinance. Le troisième est du secteur informel, il s'agit des tontines qui occupent une place importante dans le paysage financier du Cameroun. La microfinance suscite un intérêt grandissant, elle est d'ailleurs considérée par le gouvernement camerounais comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté.

La question qui se pose est de savoir : Quel est le rôle que peut jouer le secteur financier dans le développement de l'économie ? Qu'est ce qui peut être fait en vue de l'amélioration des performances de ce secteur vital pour toute économie ?

C'est pour contribuer à la recherche d'une réponse à ces questions que nous nous sommes intéressées à ce qui se fait au Cameroun en cette matière. Notre objectif est de déterminer le meilleur service financier pour l'économie camerounaise.

Pour l'élaboration de ce travail, nous allons nous servir de la documentation (ouvrages, séminaires, articles, etc.) sur le Cameroun, le système bancaire et la microfinance afin de connaître ce qui se passe non seulement au Cameroun, mais aussi dans les autres pays.

Nous allons également soumettre un questionnaire à quelques acteurs du paysage financier Camerounais. Après avoir collecté nos données, nous ferons une synthèse de nos recherches.

Dans la première partie de notre travail, nous présenterons le système bancaire dans les années 80. En effet nous exposerons la crise, ses principales causes, et la réglementation. Ensuite, nous examinerons la situation actuelle des banques, nous montrerons l'évolution du secteur, le rôle des banques dans le financement de l'économie, les principaux acteurs et nous proposerons quelques solutions aux problèmes des banques.

Enfin, nous présenterons : les origines de la microfinance, la réglementation, les principaux acteurs, les problèmes des institutions de microfinance, et nous donnerons quelques recommandations pour améliorer l'activité de la microfinance au Cameroun.

Dans la deuxième partie, nous présenterons le partenariat existant entre une institution de microfinance, une banque et une ONG. Nous montrerons les atouts et les contraintes de cette alliance particulièrement pour le financement des activités productrices en milieu rural puisque c'est dans cette zone que vit la majorité de la population.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 1

1ère partie

INTRODUCTION 8

CHAPITRE I LE SYSTEME BANCAIRE DANS LES ANNEES 80 9

1.1 SITUATION ECONOMIQUE DU CAMEROUN 9

1.2 LA CRISE DES ANNEES 80 10

1.3  LA CONJONCTURE ECONOMIQUE GENERALE 11

1.4 PLAN DE GESTION DES BANQUES 11

1.5 LE DISPOSITIF DE SURVEILLANCE BANCAIRE 12

1.6 LA REGLEMENTATION DU SECTEUR BANCAIRE 12

1.6.1 La restructuration 12

1.6.2 Cadre réglementaire 13

1.6.3 Les ratios prudentiels 15

CHAPITRE II PAYSAGE ACTUEL DU SECTEUR BANCAIRE CAMEROUNAIS 18

2.1 EVOLUTION DU SECTEUR 18

2.2 SITUATION DES BANQUES 18

2.3 L'ACTIVITE BANCAIRE AU CAMEROUN 22

2.4 LA BANQUE ET LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE 24

2.4.1 La banque et les PME/PMI 25

2.4.2 La banque et le financement de l'agriculture 25

2.4.3 La banque et les grandes entreprises 26

2.5 LES PRINCIPAUX ACTEURS 26

2.5.1 Afriland First Bank 26

2.5.2 La banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC) 27

2.5.3 Le crédit lyonnais du Cameroun(CLC) 28

2.5.4 Ecobank 29

2.5.5 La société générale des banques du Cameroun ( SGBC) 29

2.5.6 La standard chartered bank Cameroon (SCBC) 29

2.5.7 Union bank of Cameroon (UBC) 29

2.5.8 La Citibank 30

2.5.9 Amity Bank 30

2.5.10 Commercial bank of Cameroon (CBC) 30

2.6 QUELQUES SOLUTIONS AUX PROBLEMES DES BANQUES 32

CHAPITRE III LA MICROFINANCE AU CAMEROUN 34

3.1 DEFINITIONS DE LA MICROFINANCE 34

3.1.1 Origine mondiale de la microfinance 35

3.1.2 Origine de la microfinance au Cameroun 36

3.2 MICROFINANCE INFORMELLE AU CAMEROUN 38

3.2.1 Microfinance informelle traditionnelle 38

3.2.2 Les banques d'épargne et de crédit 39

3.2.3 Les fonds d'investissements ou tontines d'affaires 39

3.3 FORCES ET FAIBLESSES DES TONTINES 40

CHAPITRE IV  COUVERTURE DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN 42

4.1 IMPORTANCE DE LA MICROFINANCE 42

4.2 REGLEMENTATION DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN 44

4.3 POURQUOI UNE REGLEMENTATION CEMAC ? 45

4.4 LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN 45

4.4.1 Les institutions de microfinance 46

4.4.2 Les autorités 47

4.4.3 les structures spécialisées 47

4.4.4 Les Organisations Non Gouvernementales 47

4.4.5 Les bailleurs de fonds 49

4.5 PROBLEMES DES IMF 49

4.6 QUELQUES RECOMMANDATIONS 50

CONCLUSION 52

2ème Partie

ALLIANCE ENTRE UNE IMF ET LE SECTEUR BANCAIRE MODERNE : CAS 53

DES MC², DE L'ONG ADAF ET DE AFRILAND FIRST BANK 53

INTRODUCTION 53

CHAPITRE I PRESENTATION DES DIFFERENTS ACTEURS DE L'ALLIANCE 54

1.1 PRESENTATION DES MC² 54

1.1.1 Forces et faiblesses d'une MC² 56

1.1.2 Les finances d'une MC² 56

1.1.3 Quels sont les services offerts par les services offerts par les MC² ? 57

1.1.4 Procédure et critère de sélection pour l'octroi de crédit 59

1.2 PRESENTATION D'AFRILAND FIRST BANK 61

1.2.1 Forces et faiblesses d'Afriland First Bank 62

1.3 PRESENTATION DE L'ORGANISATION NON GOUVERNEMENTAL ADAF 62

CHAPITRE II  INTERETS ET CONTRAINTES DU PARTENARIAT 65

2. INTERÊTS DE L'ALLIANCE 66

2.1 INTERÊT DES AGENTS SOCIAUX 66

2.1.1 Les populations locales 66

2.1.2 Les élites extérieures 67

2.1.3 Les autorités religieuses 67

2.1.4 Les sociétés de développement 67

2.1.5 Les Organisations Non Gouvernementales 67

2.2 INTERÊTS D'AFRILAND FIRST BANK DANS LA PROMOTION DES MC² 68

2.3 INTERÊTS DES MC² 68

2.4 CONTRAINTES AU PARTENARIAT ENTRE LES IMF ET LES BANQUES 70

2.4.1 La fragilité des IMF et des banques 70

2.4.2 La difficulté d'adapter les produits des banques aux besoins des IMF 71

2.4.3 Problèmes d'outils de gestions 71

2.4.5 Le coût du service financier des banques 72

2.4.6 Un rapport de force inégal 72

2.5 QUELQUES MOYENS POUR AMELIORER LE PARTENARIAT 72

CONCLUSION 74

CONCLUSION GENERALE 75

ANNEXES 76

BIBLIOGRAPHIE 91

INTRODUCTION

Le Cameroun représente environ la moitié du PIB de la zone CEMAC1(*). Ce qui lui confère un poids économique important en Afrique Centrale. Néanmoins 40,2% de la population vit encore en dessous du seuil de la pauvreté, 85% de cette population vivant en milieu rural.

L'environnement financier Camerounais est constitué d'un secteur formel d'un secteur informel (tontine) et entre les deux se situe la microfinance.

Depuis la crise des années 80, les banques interviennent faiblement dans le financement des activités économiques. Par contre le secteur informel reste l'instrument de développement le plus utilisé, cependant elle présente des limites. De son côté, la microfinance suscite un intérêt grandissant, il est d'ailleurs considéré par le gouvernement camerounais comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté.

L'accès au service financier formel reste un problème important dans la population camerounaise. Les couches faibles de la population sont abandonnées par les banques, parfois elles ne trouvent pas auprès de la microfinance les solutions appropriées à leurs problèmes. Dès lors, nous nous posons la question de savoir comment offrir les services financiers à la majorité de la population, puisque de nombreux rapports2(*) démontrent que le fonctionnement de l'économie et son développement sont intimement liés à la présence et à l'évolution d'un système financier. C'est dans ce sens que nous avons voulu analyser le système bancaire et l'état des lieux de la microfinance au Cameroun. Notre but est de voir s'il est possible de choisir entre les banques et les institutions de microfinance le secteur le plus approprié pour l'économie camerounaise. Pour ce faire, dans le premier chapitre, nous présenterons le système bancaire dans les années 80. En effet nous exposerons la crise des années 80, ses principales causes, et la réglementation. Dans le second chapitre, nous examinerons le paysage actuel des banques, nous montrerons l'évolution du secteur, le rôle des banques dans le financement de l'économie, les principaux acteurs et nous proposerons quelques solutions aux problèmes des banques. Dans le troisième et le quatrième chapitre nous présenterons : les origines de la microfinance, la réglementation, les principaux acteurs, les problèmes des institutions de microfinance, et nous donnerons quelques recommandations pour améliorer l'activité de la microfinance au Cameroun.

CHAPITRE I LE SYSTEME BANCAIRE DANS LES ANNEES 80

Dans ce chapitre, nous présenterons la situation du système bancaire dans les années 80. Puis, après un bref aperçu de la situation économique du Cameroun, nous exposerons la crise des années 80 et ses principales causes. Nous étudierons enfin la réglementation du système bancaire.

1.1 SITUATION ECONOMIQUE DU CAMEROUN

Le Cameroun est situé en Afrique Centrale, au fond du golfe de Guinée. Il est limité au Nord par le Tchad, à l'Est par la République Centrafricaine, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale, à l'Ouest par le Nigeria. Il a une superficie de 475 440 km2 pour une population de 16,4 millions d'habitants3(*).

Les principaux indicateurs de l'économie camerounaise sont4(*) :

- Part de l'agriculture 42,6%

- Part de l'industrie 19,6%

- Part de services 37,8%

- Les Principales cultures sont : le cacao, le café, le coton, l'huile de palme, la canne à sucre, le manioc, l'igname, le plantain, mil, le sorgho, le bois.

- Elevage : aviculture, bovin, ovin, caprins.

- Les Ressources naturelles sont : le Pétrole, la bauxite, le fer, titane, la forêt.

L'économie camerounaise dispose de nombreux atouts à savoir la diversité de ses ressources naturelles, sa position géographique dans la sous région et une classe d'entrepreneurs dynamiques.

Le Cameroun représente environ la moitié du PIB de la zone CEMAC. Ce qui lui confère un poids économique important en Afrique Centrale. Il constitue la principale voix d'accès pour les pays enclavés de la zone. Néanmoins 40,2% de la population vit encore en dessous du seuil de la pauvreté, 85% de cette population habite le milieu rural.

1.2 LA CRISE DES ANNEES 80

Au milieu des années 80, le Cameroun a connu une grave crise financière. Trois raisons principales sont à l'origine de cette profonde crise du système bancaire5(*): la conjoncture économique générale, les problèmes de gestion et le manque de contrôle des banques.

Dans le système bancaire, c'est une véritable crise de confiance car les agents réalisent que les banques sont insolvables, elles ont en effet accumulé les créances douteuses. De plus, Le fonctionnement du système bancaire était inadapté au contexte culturel et social du pays. Le secteur bancaire était (et est toujours) concurrencé par le secteur de la finance informelle.

Quelques chiffres pour illustrer la crise des années 80

Principaux indicateurs

1984-1985

1986-19896(*)

Taux de croissance

+7.1%

-1,3%

Solde budgétaire

+1% du PIB

-11,4% du PIB

Balance de paiements

-3,7 du PIB

-14,1du PIB

endettement

+65% du PIB

+75% du PIB

Avoirs extérieurs nets

220 milliards de FCFA7(*)

-95 milliards de FCFA

Taux de couverture extérieure de la monnaie8(*)

56,5%

22,3%

Comptes d'opérations9(*)

+208,7 milliards de FCFA

-72,8 milliards de FCFA

Source : BEAC, Décennie du changement, 1990-2000

Nous remarquons d'après ce tableau, un environnement, amplifié par une croissance négative, un déficit du solde budgétaire de 11,4% du PIB, une carence aggravée de la balance des paiements, un alourdissement de l'endettement, l'effondrement du solde du compte d'opérations et de la détérioration de la couverture de la monnaie. L'ampleur de la crise sur le système bancaire est telle qu'il faudra deux vagues de restructuration pour ramener la situation à la normale.

1.3  LA CONJONCTURE ECONOMIQUE GENERALE

Le Cameroun comme tous les autres pays de la Zone BEAC 10(*)(Banque des Etats de l'Afrique Centrale) a connu une crise de liquidité causée par la baisse du prix des produits de base exportés et sur lesquels était construite toute la stratégie de développement. La détérioration des finances publiques a eu des conséquences dramatiques sur la situation des banques.

Au niveau du secteur bancaire, la crise s'est traduite par des graves pénuries de liquidités, une faible capitalisation et une mauvaise structure du portefeuille avec une grande proportion des créances douteuses sans garanties.

En matière de ressources, les dépôts de l'Etat et des organismes publics ont fortement diminué, entraînant un affaiblissement de la trésorerie des banques. Entre 1985 et 1987, les dépôts à terme ont diminué de 33 % et les dépôts à vue de 22 %.

En matière d'emplois, l'Etat et le secteur public n'ont pas pu faire face à leurs engagements. Ainsi, les dépôts des banques ont baissé alors qu'augmentait parallèlement la proportion des créances douteuses.

Sur le plan social, la défaillance du système bancaire a entraîné de nombreuses pertes d'emplois, en raison de la fermeture des entreprises qui se sont retrouvées dans l'incapacité d'accéder à leur trésorerie confiée aux banques.

1.4 PLAN DE GESTION DES BANQUES

D'après le résultat des enquêtes conduites par les équipes d'inspection de la COBAC (Commission Bancaire des Etats de l'Afrique Centrale), plus de 90% des faillites bancaires découlent des défaillances internes et d'une mauvaise gestion.

La faiblesse du système de contrôle interne se manifestait par : une absence de comptabilité fiable dans certains établissements, une organisation administrative non performante, un personnel faiblement qualifié et enfin un manque de dispositifs d'alerte tel que le contrôle de gestion. Ces banques qui souffraient des problèmes internes avaient fini par devenir insolvables.

Les banques par manque de stratégie commerciale n'ont pas vu venir la crise et n'ont pas pu adapter en conséquence leur politique en matière de collecte des ressources ou d'octroi du crédit au nouvel environnement qui se présentait.

1.5 LE DISPOSITIF DE SURVEILLANCE BANCAIRE

Les faiblesses du dispositif de surveillance bancaire constituaient également un problème sérieux pour la survie des systèmes bancaires. La supervision du système bancaire incombait conjointement à la BEAC (pour la conduite des enquêtes) et au ministère des finances du Cameroun ( pour la prise de décision). L'efficacité de ce dispositif supposait donc que les constats dressés par la BEAC donnent lieu à des sanctions. Mais, les carences observées dans le fonctionnement du ministère des finances ont rendu inopérant le système de supervision bicéphale mis en place.

Après avoir présenté les trois principales causes de la crise des années 80, nous exposerons la restructuration et le cadre réglementaire du secteur bancaire.

1.6 LA REGLEMENTATION DU SECTEUR BANCAIRE

Nous exposerons d'abord la restructuration bancaire, ensuite nous présenterons le cadre réglementaire des banques.

1.6.1 La restructuration

La restructuration bancaire est une opération qui a pour but non seulement de résoudre les difficultés présentes du système bancaire, mais aussi de prévenir les risques de fragilisation.

Au Cameroun, la crise des années 80 a conduit au plan d'assainissement de 1989-1992. Ce plan a entraîné la liquidation de certaines banques et la création de la SRC (Société de recouvrement de créances du Cameroun). Il faut noter que la crise des années 80, et les restructurations avaient touché tous les pays de la zone BEAC. C'est ainsi qu'après avoir mis en place l'assainissement de leurs systèmes bancaires, les pays de la zone ont franchi une étape importante en créant un organe communautaire supranational de supervision bancaire : la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale.

Depuis les réformes bancaires et monétaires, les banques sont frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie. Les crédits à l'économie avaient diminué de 27 % entre le 31/12/1993 et le 31/12/1994, et de 10% au cours de l'année suivante. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17 %. Les crédits à court terme étaient prédominants et représentaient 85 % des crédits accordés.

A partir de 1995, le secteur bancaire camerounais est à nouveau restructuré. Cette restructuration visera à libéraliser d'avantage le secteur bancaire tout en rectifiant les erreurs commises lors de la première restructuration. L'autorité de la COBAC sera renforcée et ses décisions s'imposeront dorénavant aux juridictions nationales. Le paysage bancaire est davantage assaini avec la liquidation de trois banques dont la situation s'est fortement compromise depuis la dernière restructuration. Celles qui le méritent sont recapitalisées par apports conjoints de l'Etat et des maisons mères à hauteur de 50 milliards FCFA et le fonctionnement de la SRC( société de recouvrement des créances) est réorganisé par l'ordonnance du 17 août 1995 qui intègre dorénavant un représentant des banques en liquidation dans son Conseil d'Administration.

Sur le plan financier, la restructuration du système bancaire a coûté 538 milliards de FCFA. Les conséquences sociales sont désastreuses : 4000 emplois sont supprimés, 104 guichets de banque sont fermés. Le Cameroun retrouve ainsi un réseau bancaire moins dense mais très étroitement contrôlé par la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), tour de contrôle du système bancaire de la Commission Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale.

1.6.2 Cadre réglementaire

L'activité bancaire au Cameroun comme dans tous les pays de la zone BEAC est régie par les conventions de 1992 portant sur l'harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l'Afrique Centrale et la création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). Ces deux conventions font force de loi dans tous les pays membres de la BEAC et priment sur toutes les lois bancaires nationales préexistantes. Elles confèrent à la COBAC des pouvoirs (administratif, réglementaire, de contrôle, de sanction) et des compétences diverses en matière de réglementation et d'organisation de l'activité bancaire.

Au niveau du pouvoir administratif, ce sont les autorités monétaires nationales qui délivrent les agréments aux établissements de crédit et à leurs dirigeants. Néanmoins, la COBAC détient le pouvoir d'autorisation préalable sur tous les actes essentiels à la vie de ces établissements. Aucune banque ou établissement financier ne peut s'installer sans l'avis conforme de la COBAC. Il en est de même pour la désignation des directeurs généraux et adjoints ainsi que des commissaires aux comptes. Le retrait d'agrément est entièrement de la compétence de l'autorité monétaire nationale.

Concernant le pouvoir réglementaire, la COBAC a toutes les compétences pour définir le plan, les procédures comptables applicables aux établissements de crédit, et les normes prudentielles de gestion (ratios de solvabilité, de liquidité, de division de risques, de transformation, de couverture des immobilisations par les ressources permanentes, etc.). Elle est également habilitée à établir la liste, la nature, les délais de transmission des documents et les informations que les banques doivent lui envoyer.

A propos du pouvoir de contrôle, la COBAC organise et exerce la surveillance des établissements de crédit. Les autorités monétaires nationales sont simplement informées du déclenchement et du résultat des enquêtes sur place, tandis que la COBAC garde l'entière maîtrise du déroulement des missions. Les commissaires aux comptes et tout autre organisme public ou privé sont tenus de satisfaire aux demandes motivées des missions, sans pouvoir invoquer le secret professionnel.

Au niveau du pouvoir de sanction, la COBAC est aussi un organisme juridictionnel et peut intervenir à titre disciplinaire, sans préjudice des sanctions que pourront prendre du même chef les autorités judiciaires nationales. Ainsi, lorsqu'un établissement ne tient pas compte d'une mise en garde ou a enfreint gravement la réglementation, la COBAC peut prononcer une ou plusieurs des sanctions suivantes : avertissement; blâme; interdiction d'effectuer certaines opérations ou toute autre limitation dans l'exercice de l'activité bancaire; suspension ou révocation des Commissaires aux comptes; renvoi des dirigeants responsables.

Organigramme du contrôle des banques

La BEAC

La COBAC

(Donne les avis conformes pour agrément, suit le respect des normes prudentiels, surveille les établissements, sanctionne)

Elle possède 4 pouvoirs : administratif, réglementaire, contrôle et sanction

Ministère de l'économie et des finances

Banques

1.6.3 Les ratios prudentiels

Comme nous l'avons remarqué précédemment, la COBAC a élaboré une série de ratios prudentiels. Ce dispositif prudentiel tient compte des spécificités des économies de la Zone BEAC. Cinq normes de solvabilité et deux normes de liquidité ont été établies. Parmi les normes de solvabilité, nous distinguons: le ratio de couverture des risques, le ratio de division des risques, le ratio de couvertures des immobilisations, une prise de participation au capital, et les crédits aux actionnaires.

Le ratio de couverture des risques, fait obligation aux établissements de crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au minimum 5 % de l'ensemble de leurs crédits.

Le ratio de division des risques, interdit aux établissements de crédit de s'engager en faveur d'un seul client pour un montant excédant 75 % de leurs fonds propres nets. La limite de 75 % a été ramenée plus tard à 45 %.

Le ratio de couverture des immobilisations, oblige les établissements de crédit à financer leurs immobilisations à 100 % par leurs ressources permanentes.

La prise de participation au capital d'une entreprise par un établissement de crédit est limitée à 15 % des fonds propres nets, l'ensemble des participations ne pouvant dépasser 75 %. Cette limite est maintenant de 45 %.

Les crédits octroyés aux actionnaires, associés, administrateurs, dirigeants et personnel sont limités à 15 % des fonds propres nets.

Le ratio de liquidité et le ratio de transformation à long terme représentent les normes de liquidité.

Le ratio de liquidité contraint les établissements de crédit de justifier en permanence des ressources immédiatement disponibles et susceptibles de couvrir au minimum l'intégralité de leurs dettes à un mois au plus.

Le ratio de transformation à long terme permet d'éviter que les établissements de crédit financent des emplois longs par des ressources courtes. Les ressources à plus de 5 ans d'un établissement de crédit doivent être au moins égales à la moitié des emplois de même échéance.

Avec ces nouvelles contraintes de gestion, les banques au Cameroun sont passées en situation de surliquidité de plus en plus croissante. D'un ratio de liquidité de moins de 70% en 1991, elles ont atteint au 30 juin 1997 un niveau de 110,5% pour arriver à 113,4% en décembre 2000. Ceci s'explique par le fait que, même restructurées, les banques camerounaises n'ont pas développé une diversité de produits puisqu'elles ne mobilisent pas assez de ressources stables, elles ont du mal à faire face aux besoins de financement et à offrir des financements adaptés11(*). Pour éviter une nouvelle crise, la plupart des banques privilégient actuellement les dépôts non ou faiblement rémunérés et se déploient vers des activités de conseil, de transfert d'argent, de gestion des moyens de paiement, etc.

Avant juin 2000, l'appréciation de la situation des établissements de crédit s'effectuait de façon empirique à travers trois notes (banques saines, banques fragiles et banques en situation critique) essentiellement dictées par la situation financière des établissements au regard des principales normes prudentielles de solvabilité et de liquidité.

En juin 2000, la Commission Bancaire a choisi un nouveau système de cotation des établissements de crédit, appelé ``SYSCO''.12(*) Il prévoit quatre paliers de cotation à savoir :

- Cote 1 : banque à situation financière solide

- Cote 2 : banque ayant une bonne situation financière

- Cote 3 : banque fragile

- Cote 4 : banque en situation critique

Le système est structuré autour de cinq blocs : adéquation des fonds propres, liquidité, qualité du portefeuille, qualité du management et du contrôle interne et profitabilité.

En résumé, nous avons présenté la situation des banques camerounaises dans les années 80. Nous constatons que les banques ont connu une grave crise due à trois principaux facteurs: la conjoncture économique générale, les problèmes de gestion et le manque de contrôle des banques.

A partir de 1989, afin d'éviter l'effondrement du système bancaire, des restructurations ont été entreprises, la crise a conduit à un plan d'assainissement qui a entraîné la liquidation de certaines banques et la création de la SRC (Société de recouvrement de créances du Cameroun). De plus, un organe communautaire de supervision bancaire a été mis en place par tous les pays de la Zone BEAC. Cet organe appelé la COBAC possède des compétences diverses en matière de réglementation et d'organisation de l'activité bancaire. Malgré les nouvelles contraintes de gestion, les banques au Cameroun sont passées en situation de surliquidité croissante. Pour éviter une nouvelle crise, la plupart des banques privilégient actuellement les dépôts non ou faiblement rémunérés et se déploient vers d'autres activités. Dans le chapitre suivant, nous présenterons la situation actuelle des banques camerounaises et nous verrons si elles jouent véritablement leur rôle d'intermédiaire financier au service du développement économique et de l'équilibre social en général.

CHAPITRE II PAYSAGE ACTUEL DU SECTEUR BANCAIRE CAMEROUNAIS

Nous montrerons l'état actuel du secteur et le rôle des banques dans le financement de l'économie. Ensuite, nous présenterons les principales banques, nous exposerons les problèmes des banques et nous proposerons quelques solutions.

2.1 EVOLUTION DU SECTEUR

Après les premières restructurations, le paysage bancaire s'est un peu modifié. Des banques ont été mises en liquidation et de nouveaux établissements ont été créés.

Actuellement, le paysage bancaire Camerounais compte 10 banques commerciales en activité. Il s'agit de :

Afriland first Bank autrefois connu sous la dénomination de CCEI (caisse d'épargne et d'investissement), Amity Bank,  Bicec (Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit, CBC (Commercial Bank of Cameroon), Crédit lyonnais Cameroun, Ecobank, SGBC (Société générale de banques au Cameroun), Union Bank of Cameroon (UBC).

Les banques et les établissements publics à caractère bancaire (Caisse d'Epargne Postale, Société Nationale d'Investissement, etc.) sont représentés au sein de l'Association professionnelle des établissements de crédit au Cameroun (Apeccam).

Selon l'enquête Economia sur le classement 200213(*) des 200 premières banques africaines, le Cameroun apparaît comme un des poids lourds. Sur les 25 premières banques, 6 étaient des banques camerounaises.

2.2 SITUATION DES BANQUES

D'après un rapport de la BEAC portant sur la situation des banques camerounaises au 31 mars 200514(*). Nous constatons que les crédits bruts à la clientèle atteignent 1393 milliards de FCFA, ils sont en hausse de 5,7% par rapport à 2004. Les dépôts collectés sont en hausse de 2,1% par rapport à l'année dernière. Cependant, les banques commerciales camerounaises sont en situation de surliquidités. Une situation qui risque à terme de nuire non seulement au secteur bancaire mais aussi à l'économie en général.

D'après certains experts15(*), cette surliquidité s'explique d'abord par l'accroissement des recettes d'exportations et une décélération du rythme d'octroi des crédits. En plus de cette raison, dans le paysage bancaire camerounais, il n'existe pas de banques d'investissements mais seulement des banques commerciales qui prêtent à des taux élevés et a des conditions rigoureuses. Cette situation pousse les clients, notamment les petits épargnants et les promoteurs de petites et moyennes entreprises (PME) à se détourner des banques et à solliciter d'autres moyens de financement.

Par ailleurs, en dehors de deux banques à capitaux privés camerounais, les banques commerciales qui contrôlent 70% du marché local sont des succursales de multinationales étrangères. Ces succursales sont obligées d'appliquer les recommandations des maisons mères mais aussi celles de la COBAC.

Selon Robert Wanda16(*), la surliquidité des banques au Cameroun s'explique par 4 principaux facteurs à savoir : l'importance du risque crédit, la tarification élevé des prestations bancaires, le caractère disciplinaire de la réglementation, et l'absence du recours à l'arbitrage comme mode de résolution de conflits entre les banques et leurs débiteurs.

Brève illustration de l'analyse de Robert Wanda17(*)

Dans un cahier de recherche, Robert Wanda a réalisé une étude statistique à l'aide du panel des 10 banques camerounaises pour expliquer les déterminants de la surliquidité bancaire au Cameroun.

Les hypothèses du modèle

Hypothèse 1 : Plus les créances compromises d'une banque sont élevées, plus cette banque est surliquide.

Hypothèse 2 : Plus les services offerts par une banque aux grandes entreprises sont chers, plus cette banque est surliquide.

Hypothèse3 : Plus une banque recourt à l'arbitrage pour régler ses litiges commerciaux, moins elle est surliquide.

Hypothèse 4 : L'institution de la COBAC incite la surliquidité des banques au Cameroun.

La période de l'étude

Elle concerne les exercices 2002, 2003, 2004, 2005 à cause de la difficulté d'obtenir des données individuelles quantitatives sur une longue période.

Les variables de l'étude

Il existe une variable endogène ou variable de surliquidité et 6 variables exogènes ou variables susceptibles d'expliquer le phénomène de surliquidité.

La variable endogène, C'est un ratio qui mesure la surliquidité de chaque banque. Son expression est : Y = Dépôts / crédits nets des provisions. Il indique le solde des opérations avec la clientèle.

Les dépôts sont constitués des dépôts à vue (DAV) ou à court terme et des dépôts à terme (DAT) ou à moyen et long terme.

Une banque est en état de surliquidité si Y > 1, c'est-à-dire s'il existe un excédent de couverture des crédits non provisionnés par les dépôts courts et longs. Cette variable est observée sur les 4 années de l'étude et les données quantitatives ayant servi à sa mesure sont issues de la BEAC.

Les variables exogènes, sont au nombre de 6 dont 4(X3, X4, X5, et X6) sont issues des données secondaires et 2(X1 et X2) sont appréhendées à partir d'une enquête par questionnaire menée auprès des 10 banques.

X1 : Estime la proportion des différends résolus par voie d'arbitrage.

X2 : Appréhende l'influence de la surveillance de la COBAC sur les banques

X3 : Mesure le risque de crédit (créances compromises, douteuses et impayées/ total des crédits). Il s'agit d'une variable continue donc la hausse traduit celle du risque de crédit.

X4 : apprécie la volatilité des ressources bancaires (DAV/total dépôts). la hausse traduit la forte fragilité des ressources pour les crédits à long terme.

X5 : Apprécie la tarification des services offerts aux grandes entreprises

X6 : Mesure la structure des crédits octroyés par les banques. Quel est le type de crédit (court terme ou long terme) qui favorise la surliquidité bancaire au Cameroun ? Cette variable est mesurée par le rapport : crédits à CT/ total crédits

Les variables X1, X2, X5, dépendent de 2 modalités (1 et 0). Celle à valeur égale à 1 est introduite dans le modèle et celle à valeur égale à 0 est exclue du modèle car elle est considérée comme modalité de référence.

Tableau des modalités des variables

variables

1

0

X1

appliqué

non appliqué

X2

incitative

non incitative

X 5

oui

non

Les variables Y, X3, X4 et X6 sont introduites comme telles dans le modèle

Le modèle de l'étude

Le nombre d'observation est le produit de la taille de la population et du nombre d'années d'étude (soit 10x 4 =40 observations). Robert Wanda a considéré que la surliquidité bancaire peut s'expliquer à priori par des comportements permanents et propres à chaque banque ou comportements atemporels (On parle d'effets fixes qui traduisent l'hétérogénéité des banques) et par des comportements liés au temps ou temporels c'est-à-dire variables en fonction des dates d'observation. Les données ont donc été organisées selon deux dimensions d'indexation. Les données individuelles par i et les données temporelles par i,t.

Le modèle d'analyse s'écrit : Yi,t = constante + £Zi +ßXit + uit  où i = 1, 2..., 10 ; t = 1, 2, 3, 4 (2002, 2003, 2004 et 2005) et uit représente une mesure de l'incertitude dans l'estimation des coefficients(£,ß).

Résultats obtenus

Yit = 0,3729455 - 0,4691891X11i + 0,5834147X21i + 2,182875 X3it + 0,4920778 X51i + uit avec i =1,...,10 et t =1 à 4

Le modèle étant à constante commune ou unique, il n'y a donc pas d'effet individuel propre à chaque banque. Ce qui traduit une certaine homogénéité du comportement des différentes banques face au phénomène de surliquidité.

La variable endogène Y est expliquée de manière significative par les variables, X1, X2, X3 et X5. Ces variables expliquent à 70,85% la variabilité de la surliquidité bancaire.

Le coefficient de X3( 2,182875), est le plus élevé. Le signe positif de ce coefficient signifie que le risque de crédit et la surliquidité évoluent dans le même sens, autrement dit, une augmentation de ce risque entraîne une hausse de la surliquidité.

La variable X2 explique la surliquidité avec une marge d'erreur de 0,2%. Son coefficient positif de 0,5834147 montre que l'intervention de la COBAC favorise la surliquidité bancaire.

La variable X5 est le troisième facteur explicatif de la surliquidité avec un coefficient de 0,4920778. Le signe positif de ce coefficient signifie que l'excès de tarification augmente la surliquidité.

Le signe négatif du coefficient de X1 (-0,4691891) montre que l'absence de recours à l'arbitrage est un facteur qui incite les banques à ne pas octroyer des crédits et à devenir davantage liquides.

Au regard de ces résultats, nous constatons que toutes les 4 hypothèses émises sont vérifiées.

Les résultats obtenus à travers l'étude, ont permis de montrer que la surliquidité des banques au Cameroun est le reflet d'un contexte risqué où l'asymétrie d'information obscurcit la relation banque-emprunteur de nature à limiter au mieux les crédits.

Nous avons présenté la situation actuelle des banques camerounaises. Dans la suite, nous montrerons le fonctionnement des banques camerounaises.

2.3 L'ACTIVITE BANCAIRE AU CAMEROUN

Nous présenterons le rôle de la banque et du banquier, nous parlerons aussi des conditions d'ouverture de compte et des modalités d'octroi de crédit.

La banque à pour rôle de collecter l'épargne des agents économiques à excédent de revenus en vue de les mettre par le biais des différents concours bancaires (crédits) à la disposition des agents économiques qui ont besoin de financement. Cette définition vise à exclure de la catégorie de banques commerciales et d'intermédiaires financiers des structures qui y sont souvent abusivement classées telles que : Les banques centrales, les trésors publics, les services financiers postaux (caisse d'épargne postale), les institutions financières spécialisées (établissements de leasing, sociétés de crédit à la consommation, etc.) et les assurances18(*).

En effet, aucune de ces institutions ne réalise à la fois la collecte des fonds et l'octroi des crédits à toutes les catégories d'opérateurs économiques.

Le banquier a un rôle de régulateur dans le cadre de l'intermédiation entre les agents à excédent de revenus et ceux qui ont besoin de financement. Il doit également veiller au respect des normes prudentielles.

Conditions d'octroi de crédit et d'ouverture de compte

Pour accorder un crédit, les banques ont les possibilités suivantes :

- Octroyer une partie de l'épargne qu'elles viennent de collecter;

- Réorienter l'épargne préalablement allouée qui leur est remboursée;

-Emprunter aux autres banques, à la banque centrale, et à l'étranger (notamment aux maisons-mères).

La mobilisation des ressources par ces différents canaux constitue la capacité d'offre de crédit.

Pour ouvrir un compte au Cameroun19(*), il faut être majeur, apporter la preuve de son identité, constituer le minimum exigé par les banques qui varie de 100.000 (15€) à 1.000.000 CFA (1500€).

Pour obtenir un crédit, il est nécessaire de justifier de l'existence d'une source de revenu permanente, d'apporter des garanties, et des preuves de la solvabilité ou de la rentabilité du projet à financer.

Les garanties demandées par les banques peuvent être : des cautions des maisons-mères ou des principaux actionnaires, des sûretés personnelles, des cautions hypothécaires et des nantissements de matériel productif. Les entreprises reprochent aux banquiers de demander des garanties dont le montant est souvent équivalent ou supérieur au crédit sollicité.

Selon les banques20(*), la décision finale d'accorder le prêt est faite de deux manières : Soit le responsable du suivi du dossier établit l'analyse du risque, soit le travail est confié à une cellule spécialisée.

Dans le premier cas, le personnel rencontre le client, analyse le risque et prend la décision d'accorder ou de refuser le crédit. De cette façon, le responsable du suivi du dossier connaît le comportement du client. Les banques qui fonctionnent de cette manière mettent en avant la relation de clientèle. L'intérêt d'établir une telle relation est avantageuse pour les deux parties. Elle permet d'échanger des informations et de s'entendre en cas de crise.

Dans le deuxième cas, les spécialistes de l'analyse du risque ne rencontrent pas le client mais analysent simplement le risque à partir des informations à leur disposition.

Nous constatons que les conditions d'ouverture de compte et d'obtention de crédit sont très rudes. C'est pourquoi, parmi les particuliers, seules la classe aisée( proportion faible) et une petite partie de la classe moyenne trouvent une réponse à leurs besoins de services financiers.

Concernant les entreprises, seules les grandes entreprises et une faible partie des moyennes entreprises trouvent auprès des banques, une solution à leurs besoins de crédits productifs.

Après avoir présenté l'évolution du secteur bancaire, nous exposerons dans la suite le rôle des banques camerounaises dans le financement de l'économie.

Récapitulatif de l'accès aux services bancaires

Classe aisée

Grandes entreprises

1. banque commerciale

2. Secteur informel

moyennes entreprises

 

Classe pauvre

activités génératrices de revenus, petites et micro-entreprises

Source : Le guide de la microfinance, P 4821(*)

2.4 LA BANQUE ET LE FINANCEMENT DE L'ECONOMIE22(*)

Nous examinerons la relation de la banque avec chacune des articulations de l'économie camerounaises à savoir : les PME/PMI, le secteur agricole et les grandes entreprises.

2.4.1 La banque et les PME/PMI

Les PME/PMI tiennent une place essentielle dans les économies des pays en voie de développement. Elles créent des emplois à la mesure des compétences locales et permettent la satisfaction à moindre coût des besoins élémentaires. Le secteur des PME/PMI fait preuve de plus de dynamisme que le secteur public dont la plupart des entreprises sont en faillites et en cours de liquidation. Il présente aussi un avantage d'autonomie par rapport à certaines grosses entreprises privées trop dépendantes de l'extérieur pour leurs approvisionnements ou pour leurs ventes. Une enquête menée par le CRETES (Centre de Recherche et d'Etudes en Economie et Sondage) montre que seulement 31% du financement des PMI camerounaises est d'origine bancaire, le reste étant fourni par les tontines, l'épargne personnelle et accessoirement par la famille, les fournisseurs et les autres sources étrangères. Il existe donc une profonde rupture entre les PME/PMI camerounaises à la recherche de financements pour leur expansion et les banques dont les caisses débordent de liquidités. Les deux parties se rejettent mutuellement les causes de cette mésentente.

Les banques reprochent aux PME/PMI d'être mal structurées et de ne pas avoir les documents nécessaires pour l'instruction du prêt. En effet, certaines PME/PMI sont souvent mal gérées par des promoteurs qui confondent leur patrimoine et celui de l'entreprise.

Les PME reprochent aux banques leur excès de formalisme, l'exigence de nombreuses garanties, la lenteur dans le traitement des dossiers, et les coûts de transactions élevés.

La différence culturelle entre les PME/PMI habituées aux solutions simples et immédiates et les banques pour lesquelles le respect des procédures est la règle d'or conduit à une méfiance réciproque.23(*)

2.4.2 La banque et le financement de l'agriculture

L'apport de la banque est insignifiant, voire nul pour ce secteur. L'abandon des zones rurales par les banques est caractéristique de l'absence de volonté de travailler avec ce secteur.

Les banques justifient ce retrait par la faible rentabilité et l'absence d'infrastructures qui rendent difficile le contrôle des agences dont la fonction principale est la collecte des dépôts.

La vocation urbaine des banques est confirmée par la concentration de plus de 42% des agences en zone urbaine (Douala et Yaoundé)

Le secteur agricole est la principale victime de la situation de quasi-monopole des banques qui ne favorise pas l'innovation et qui ne permet pas au client de compter sur l'effet de concurrence.

La réticence des banques commerciales envers le monde rural, le secteur informel et les pauvres se justifient par : L'éloignement et l'enclavement des sites d'investissements, l'absence ou la faiblesse des garanties, le montant trop faible des crédits individuels par rapport aux coûts de suivi à engager, l'absence de la bonne maîtrise des techniques modernes par les paysans et l'imprécision des données climatologiques.

2.4.3 La banque et les grandes entreprises

Les banques apprécient les grandes entreprises à cause de leur meilleure lisibilité en termes de documentation et de style de gestion. Ces grandes entreprises bénéficient du parrainage des grands groupes internationaux dont elles sont généralement les filiales.

Les financements portent essentiellement sur le court terme et ceux à longs termes sont rares.

Après l'examen de la relation entre la banque et chacune des articulations de l'économie camerounaise, nous constatons que la banque ne joue pas véritablement son rôle d'intermédiaire financier au service du développement.

Nous remarquons également que les banques camerounaises connaissent de nombreux problèmes à savoir : Les coûts de transaction élevés, la lourdeur des procédures administratives, la mauvaise connaissance du marché, l'absence de garanties adaptées pour le milieu rural et la mauvaise connaissance du fonctionnement des institutions de microfinance

2.5 LES PRINCIPAUX ACTEURS24(*)

Dans cette partie, nous présenterons les différentes banques camerounaises et nous montrerons les services qu'elles proposent à leurs clients.

2.5.1 Afriland First Bank

Afriland first Bank est un établissement qui a vu le jour en juillet 1987. C'est un réseau de 11 agences reparties sur le territoire.

Au cours de ces dernières années, elle a créé plusieurs filiales spécialisées à savoir : 

Une société d' investissement (CENAINVEST).

Elle a également constitué en 1999 un fonds de capital risque(MITFUND) destiné aux microprojets. MITFUND apporte des fonds propres aux micro-entrepreneurs du secteur informel. Les financements vont de 200 000 FCFA (304,9 EUR) à 5 millions de FCFA (7622,5 EUR) et concernent divers secteurs (par exemple : la restauration, la vente à la sauvette, la couture, le commerce, la production). En 2005, le montant total des financements accordés se situait à 240 millions de FCFA (365881,5 EUR),    pour un total de 122 microprojets et 8 micro-banques rurales de développement financées.

Afriland a également une activité de microfinance. Elle fait la promotion du réseau d'institutions de microfinance en leur apportant une assistance technique et des possibilités de refinancement. La banque s'adresse donc à une large clientèle (des particuliers aux grandes entreprises).

Pour sa clientèle de PME, elle propose tout type de financement à court terme, sur une durée maximale de 2 ans. Elle finance également les investissements par des crédits à moyen terme (durée maximale de 5 ans) et réalise toutes les opérations bancaires internationales.

Lors d'une demande de financement, des garanties sont requises (hypothèques et cautions, nantissement de fonds de commerce, etc.). La banque demande également un montant minimal d'autofinancement de 40 %, l'expérience du promoteur ou du gérant est d'ailleurs un argument de poids.

Les principaux taux de financement proposés sont :

- Le taux court terme (13 et 15%)

- L e taux long terme (11 et 13%)

Le remboursement se fait selon la nature de l'activité de l'emprunteur (mensuel, bimestriel, trimestriel, semestriel ou annuel).

2.5.2 La banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC)

La banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC) a été créée par l'Etat. En janvier 2000, elle a été privatisée au profit du Groupe des Banques populaires de France. Elle dispose du réseau d'agences le plus étendu du Cameroun et de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale). Elle offre une large gamme de produits et services (par exemple : les cartes bancaires, les guichets Western union et un service de banque à distance par téléphone ou fax).

Parmi sa clientèle, nous trouvons des particuliers, des professionnels, des agriculteurs, des PME et des grandes entreprises.

Elle propose tout type de financement à court terme (maximum 1 an) et à moyen terme (maximum 7 ans) aux entreprises. Elle réalise également toutes les opérations internationales, grâce au réseau de correspondants du groupe Banque populaire.

La BICEC finance régulièrement des PME dans divers secteurs d'activités (bois, pétrole, production de sucre, transit, cimenterie, aluminium, production bananière). Toutefois, chaque année, 50% des dossiers venant des PME sont rejetés.

Les critères de financement tiennent compte principalement de l'expérience du promoteur. Un montant minimum d'autofinancement de 30 % est généralement exigé, ainsi que des garanties en fonction du projet et du demandeur (hypothèque, caution, nantissement, etc.).

Les taux de financement proposés (hors taxes) varient entre 11 % et 16 % pour le court et moyen terme. La BICEC bénéficie de ligne de crédit provenant de l'AFD (agence française de développement) pour encourager ses interventions auprès des PME.

2.5.3 Le crédit lyonnais du Cameroun(CLC)

Le Crédit lyonnais du Cameroun est une banque universelle qui s'adresse prioritairement aux entreprises, elle préfère les grandes plutôt que les petites entreprises. Les particuliers ne représentent qu'une très faible part de son activité. Elle a un large réseau d'agences nationales et de correspondants internationaux. Elle dispose de solides relations avec les principaux organismes de financement internationaux.

Pour les entreprises, elle propose tout type de financement à court terme, sur une durée maximale de 24 mois. Elle finance également les investissements par des crédits à moyen terme (durée maximale de 5 ans) et réalise toutes les opérations bancaires internationales.

Une très faible proportion des dossiers en provenance des PME est rejetée puisqu'ils sont déjà sélectionnés à la base. Les PME financées doivent dégager un chiffre d'affaires au moins égal à 300 millions de FCFA(457351,9 EUR) par an et l'engagement de la banque doit être au moins de 50 millions de FCFA(76225,32 EUR).

Lors d'une demande de financement, des garanties sont requises (nantissement de compte à terme, cautions personnelles et solidaires, hypothèque). La banque demande aussi un montant minimal d'autofinancement de 20 à 30%.

Les taux de financement proposés pour le court terme varient entre 15 et 18%. Ils se situent entre 12 et 15% pour le moyen terme.

2.5.4 Ecobank

Ecobank Cameroun fait partie du réseau de la banque multinationale africaine, « Ecobank transnational incorporated (ETI) » basée au Togo. L'agence de Yaoundé est sa première filiale en Afrique Centrale. Ecobank propose aux entreprises des financements à court terme, principalement le crédit de campagne. Elle finance également les investissements par des crédits à moyen terme d'une durée maximale de 2 ans, à condition qu'ils soient garantis par une caution bancaire équivalente à 100 % des engagements.

Ecobank Cameroun finance des PME qui ont un chiffre d'affaires au moins égal à 50 millions de FCFA. Près de 600 dossiers par an sont soumis au comité, 2 % seulement sont rejetés. Les secteurs d'activités les plus souvent rencontrés dans la clientèle de l'établissement concernent la distribution pétrolière, les entreprises d'import export, les nouvelles technologies de l'information, le transport, et l'agro-industrie.

Lors d'une demande de crédit, les garanties sont nécessaires. La banque ne finance pas les entreprises nouvelles.

2.5.5 La société générale des banques du Cameroun ( SGBC)

 La Société générale de banques du Cameroun (SGBC) est la plus ancienne banque du Cameroun et la seule à avoir survécue aux restructurations du système bancaire camerounais. Sa force se trouve au sein de son réseau d'agence nationale et de ses correspondants internationaux.

Les financements qu'elle propose à sa clientèle sont uniquement à court terme d'une durée maximale d'un an. La SGBC finance des PME dans les secteurs du bois, des industries alimentaires et de la distribution. Les critères de financement sont fixés en fonction du dossier.

2.5.6 La standard chartered bank Cameroon (SCBC)

Elle développe une activité de banque commerciale axée sur le court terme (avances à moyen terme), elle n'offre pas de crédit à long terme.

2.5.7 Union bank of Cameroon (UBC)

Union Bank of Cameroon (UBC) est une banque à capitaux privés créée par le réseau de caisses coopératives. Son objectif est de devenir un partenaire local solide en soutenant des activités qui puissent bénéficier à ses clients. Elle offre des services aux particuliers et aux entreprises.

2.5.8 La Citibank

La Citibank offre des produits à la pointe de l'ingénierie et de la technologie bancaire avec un suivi personnalisé de sa clientèle ainsi que de ses besoins. Elle dispose d'une expérience dans le financement des PME sous-traitantes des grandes entreprises locales et multinationales. Son énergie provient essentiellement de sa capacité d'innovation et de la qualification de son personnel. Elle se trouve également renforcée par le soutien du réseau Citibank à travers le monde.

Pour sa clientèle d'entreprises, elle propose tout type de financement à court terme, sur une durée maximale de 1 an. Elle finance également les investissements par des crédits à moyen terme (durée maximale de 3 ans) et réalise des opérations bancaires internationales. La Citibank oriente une partie de son activité vers les micro-financements. Cette orientation se concrétise par la recherche de partenaires (des ONG crédibles spécialisées dans le domaine) à qui la banque pourrait offrir des financements.

La Citibank Cameroun finance des PME qui ont un chiffre d'affaires au moins égal à 250 millions de FCFA et qui opèrent dans les secteurs de l'industrie manufacturière, du commerce général et des services. Le montant d'autofinancement nécessaire est de 50% minimum, la PME doit également disposer d'une expérience dans le secteur auquel elle opère.

2.5.9 Amity Bank

Amity Bank s'adresse principalement aux entreprises. Pour sa clientèle, elle propose des financements à court terme(maximum2 ans). Elle finance aussi des PME de tous les secteurs sauf le bois. Lors d'une demande de financement, les garanties usuelles sont obligatoires, mais le montant minimum d'autofinancement varie d'une PME à l'autre.

2.5.10 Commercial bank of Cameroon (CBC)

 La CBC est une banque créée par le groupe industriel camerounais FOTSO. Elle comprend des réseaux d'agences nationales et des correspondants internationaux.

Pour sa clientèle d'entreprise, elle propose des financements à court terme (durée maximale 1an), à moyen terme d'une durée maximale de 5ans. Elle réalise également des opérations internationales.

La Commercial Bank of Cameroon finance des PME avec un chiffre d'affaires au moins égal à 100 millions de FCFA. Les secteurs d'activités les plus souvent rencontrés sont : le transport, le commerce, les services, et l'élevage.    Lors d'une demande de financement, des garanties sont indispensables ainsi qu'un montant minimal d'autofinancement qui varie de 25% à 30 %. Les taux à court terme varient de 14 à a 18% et les taux de financement à moyen terme varient de 10,5 à 14%.   La Commercial Bank of Cameroon bénéficie d'une ligne de crédit auprès de bailleurs de fonds (5 millions d'euros) permettant de réduire de 1 % à 2 % les taux de financement proposés.

Tableau Récapitulatif de l'actionnariat des différentes banques

banque

Part25(*) des privées camerounais

Part

Etrangers

Part de l'état

Expansion géographique

Afriland

82,14%

17,86%

 

11

Amity

100%

 
 

6

BICEC

3,05%

52,46%

44,49%

27

Citibank
 

100%

 

2

CBC

71,11%

28,9%

 

7

CLC
 

65%

35%

15

Ecobank

79,6%

20,4%

 

2

SGBC

16,32%

58,08%

25,6%

22

SCBC
 

100%

 

2

UBC

92%

8%

 

5

Source : WANDA R. (2007)

Après la présentation des différentes banques du Cameroun, nous remarquons que les banques n'offrent pas toutes les mêmes services. Les taux de financement, les durées de crédits et les garanties varient en fonction des banques. De plus, elles ne visent pas la même clientèle, certaines préfèrent essentiellement les entreprises et d'autres offrent les services à une large clientèle( entreprises et particuliers)

D'après le tableau récapitulatif, nous constatons la présence de plusieurs types d'actionnaires à savoir : les actionnaires privées nationaux, les étrangers et l'Etat camerounais. En fonction de l'actionnariat, nous distinguons différents types de banques :

- Les banques purement privées: Afriland First Bank, Amity Bank, Citibank, CBC, Ecobank, SCBC, UBC.

- Les banques à participation publique: BICEC, CLC, SGBC.

- Les banques purement nationales : Amity Bank

- Les banques essentiellement étrangères : Citibank et SCBC.

- Les banques nationales à participation étrangère minoritaire : Afriland first Bank, CBC, Ecobank, UBC.

- Les banques étrangères à participation nationale minoritaire : BICEC, CLC, SCBC.

Nous voyons que les banques les plus implantées géographiquement sont les banques étrangères à participation publique. Cependant, le marché bancaire est très étroit et moins de 10% de la population camerounaise a accès au service bancaire.

En résumé, l'essentiel des activités bancaires concerne, en plus des services, des prêts à court terme liés à des dépôts à vue. La volatilité importante des dépôts des clients et de faibles garanties peuvent expliquer en partie le comportement « frileux » des banques face au crédit. Les investissements productifs à moyen et long terme sont pour l'essentiel financés hors du secteur bancaire, surtout par autofinancement. Au Cameroun, seule Afriland First Bank pratique le capital risque26(*) et le leasing à côté de ses activités bancaires traditionnelles. Elle est aussi en train de développer une implantation en France et en Chine.

Comme nous l'avons remarqué, les banques camerounaises s'engagent peu dans le financement des activités économiques. Dans la suite, nous essayerons de donner quelques solutions aux problèmes des banques.

2.6 QUELQUES SOLUTIONS AUX PROBLEMES DES BANQUES

Nous essayons de donner ici des recommandations pour l'amélioration des banques camerounaises en nous fondant sur la littérature, nos connaissances acquises et l'expérience des banques étrangères. Nous pensons que les banques doivent :

- Mettre en oeuvre une méthode d'évaluation des risques adaptée à l'environnement camerounais, ce qui permettrait aux banques d'offrir plus de crédits ;

- Disposer d'un personnel compétent et encourager l'innovation ;

- Etendre leurs activités dans les zones géographiques éloignées des grandes villes puisque nous remarquons l'éloignement des banques par rapport au reste de la population ;

- Etablir un partenariat avec les institutions de microfinance en les soutenant dans le financement des petits projets. Nous remarquons par exemple que des entreprises multinationales comme Danone ou des grandes banques internationales comme la Néerlandaise ING, l'Américain Citygroup27(*), et la Dexia28(*) commencent à s'intéresser à la microfinance.

- Intégrer les tontines, à ce propos Donatien Ezé Ezé29(*) dit «  une telle option permettrait la collecte des fonds des agents à faible revenu qui sont pour le moment exclu du système financier formel et le financement des petites et moyennes entreprises ».

Dans ce chapitre, nous avons présenté le paysage actuel du secteur bancaire camerounais, nous remarquons que, le système bancaire Camerounais compte 10 banques en activité dont 3 sont à majorité camerounaise (CBC Bank, Amity Bank et Afriland First Bank) toutes les autres étant contrôlées par les grands groupes internationaux qui ne prennent que les risques qu'elles maîtrisent. D'un point de vue général les banques camerounaises présentent une bonne évolution, cependant, elles sont en situation de surliquidité.

Nous avons également constaté la faible intervention des banques dans le financement des PME, la préférence affichée des banques pour la clientèle haut de gamme qui renforce le sentiment d'exclusion de la petite clientèle nationale. C'est ainsi que la plupart des usagers renforce la confiance et l'attachement aux structures traditionnelles de financement. Nous avons aussi proposé des solutions qui contribueraient à améliorer la performance des banques camerounaises.

Un problème auquel nous avons été confrontés est le manque d'information concernant les activités de certaines banques.

Dans le chapitre suivant, nous présenterons un état des lieux de la microfinance au Cameroun. Nous verrons la place que la microfinance occupe dans l'économie camerounaise et si elle s'active mieux que les banque dans le financement de l'économie.

CHAPITRE III LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Dans ce chapitre, nous définirons d'abord la microfinance, nous parlerons ensuite de ses origines dans le monde et au Cameroun. Nous présenterons enfin une forme de microfinance informelle présente au Cameroun.

3.1 DEFINITIONS DE LA MICROFINANCE

Marc Labie, définit la microfinance comme l'octroi de services financiers (généralement du crédit et /ou de l'épargne), à des personnes développant une activité productive, le plus souvent de l'artisanat ou du commerce et n'ayant pas accès aux institutions financières commerciales en raison de leur profil socio-économique (il s'agit des pauvres, sans revenus fixes, qui n'offrent aucune des garanties demandées par les institutions bancaires commerciales)30(*).

Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la microfinance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits crédits («microcrédit ») à des familles pauvres pour les aider à mener des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises. Avec le temps et le développement de ce secteur particulier partout dans le monde, la microfinance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et aussi une clientèle plus étendue. La microfinance ne se limite donc plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel.31(*)

Le CGAP (Groupe consultatif pour l'assistance aux pauvres) définit la microfinance comme un « ensemble de services financiers et bancaires à destination des populations les plus pauvres »32(*).

La synthèse de ces définitions nous permet de définir la microfinance comme un moyen de développement économique permettant aux personnes à faibles revenus exclues du système bancaire formel, d'améliorer leur mode de vie, d'augmenter leurs revenus, en leur offrant un ensemble de services financiers tels que : l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert d'argent, etc.

Nous devons aussi signaler que la microfinance ne touche pas seulement les pays en voie de développement, mais également les pays riches. La microfinance se développe ainsi dans les pays développés pour aider les populations exclues du marché du travail à créer leur propre micro-entreprise.

Il existe, de nombreux cas d'organisations actives en microfinance33(*). Elles sont plus ou moins différentes de par le monde et trois courants essentiels coexistent :

- Le premier, d'inspiration plus coopérative, a cherché à mettre en place ou à renforcer des organisations populaires où les micros entrepreneurs étaient à la fois épargnants et emprunteurs du système.

- Le second, a consisté à transformer une banque existante (ou une partie de cette banque) de manière à la spécialiser en direction des micros entrepreneurs.

- Le troisième a mis sur pied des ONG (organisation non gouvernementale) ayant pour vocation de réaliser elles-mêmes l'intermédiation financière. Dans ce dernier cas, l'accent a surtout été mis sur l'octroi de crédit, la collecte de l'épargne étant généralement interdite aux ONG.

Depuis une dizaine d'années à peine, il existe aussi des cas de banques privées à vocation commerciale qui pour des raisons de stratégie propre, se sont orientées vers la microfinance.

3.1.1 Origine mondiale de la microfinance

C'est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l'acceptation actuelle de la microfinance qui tient d'outil de développement économique et social des couches défavorisées. A l'aide des travaux pratiques réalisés avec ses étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant économiste bangladais découvre l'extrême indigence financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui n'ont aucun moyen de constituer des stocks de matières premières. Leur besoin en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut découvrir combien leur activité augmente, lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière première, échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la Grameen Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences à travers le monde34(*).

Depuis la création de sa banque, la microfinance est devenue un instrument essentiel de la lutte contre la pauvreté. D'ailleurs, lors du sommet mondial du microcrédit qui a été tenu du 12 au 15 novembre 2006 à Halifax au Canada, le prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus avait lancé la cérémonie d'ouverture par : « Faisons de ce sommet une occasion historique pour créer un monde sans pauvreté. J'espère que ceux qui doutaient de nous seront désormais de notre côté». L'idée est de faire bénéficier de petits prêts à plus de personnes afin qu'ils créent leur propre activité. Avec un objectif chiffré de175 millions de bénéficiaires d'ici 2015.35(*)

Aujourd'hui, près de 80 millions de personnes à travers le monde, dont 60% de femmes bénéficient de la microfinance.

3.1.2 Origine de la microfinance au Cameroun

La microfinance apparue sous sa forme traditionnelle (tontine)36(*) date de plus d'un siècle au Cameroun. En 1963, sous l'influence des missionnaires hollandais dans la zone anglophone du Cameroun, elle a démarré sous la forme formelle avec la création de la première coopérative de crédit dénommée  « credit union » ou caisse populaire. Mais ce n'est qu'au début des années 90 que la microfinance s'est diversifiée grâce aux lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune37(*). De plus, trois éléments principaux ont favorisé l'apparition et l'expansion de la microfinance.

Premièrement, la crise du secteur bancaire à la fin des années 80 qui a entraîné des restructurations et de nombreuses faillites. Ces faillites ont provoqué des craintes dans les populations à faible revenu et surtout le licenciement de nombreux cadres de banques expérimentés. Ces derniers vont se reconvertir en créant de façon incontrôlée des entités de microfinance. Les plans de restructurations ont eu pour conséquences l'exclusion d'une grande partie de la population par rapport à l'accès aux services bancaires et une augmentation de la sous bancarisation surtout dans les zones rurales. Dès lors les structures de microfinance sont devenues de plus en plus attrayantes par leur proximité, et la simplification de leur approche commerciale.

Deuxièmement, sur le plan international, la microfinance connaît un essor car elle est considérée comme un des vecteurs essentiels de lutte contre la pauvreté, les bailleurs de fonds internationaux reconnaissent qu'une grande partie des besoins des populations exclues peut-être satisfaite par des microcrédits que les banques n'offrent pas. D'ailleurs, en proclamant 2005 «Année internationale du microcrédit», l'assemblée générale des Nations unies a donné une impulsion forte à la microfinance.

Enfin, l'activité de la microfinance au Cameroun comme dans les autres Etats membres de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale s'est développée dans un cadre juridique particulièrement inadapté.

Grâce aux lois du 19 décembre 1990 et du 14 août 1992 le paysage de la microfinance va changer et se diversifier. C'est dans ce contexte que nous allons donc voir apparaître de nombreuses institutions telles que :

- Des institutions développées de manière endogène, c'est le cas des MC² (mutuelle communautaire de croissance).

- Les Caisses Villageoises d'Epargnes et de Crédit Autogérées (CVECA)

- Des projets de développement ou agro-industriels avec un volet crédit comme exemple nous pouvons citer la société de développement du coton (SODECOTON), South- West development Authority (SOWEDA), etc.

Comme nous l'avons signalé plus haut, la microfinance au Cameroun a débuté sous la forme informelle. Aujourd'hui ce type de financement est toujours présent au Cameroun, c'est pourquoi nous avons voulu présenter un bref aperçu du fonctionnement de la microfinance informelle dans la partie suivante.

3.2 MICROFINANCE INFORMELLE AU CAMEROUN

Dans cette partie, nous présenterons différentes formes d'organisations de microfinance informelle au Cameroun.

3.2.1 Microfinance informelle traditionnelle

La microfinance informelle38(*) traditionnelle ou tontine reste l'instrument de développement le plus partagé et le plus important. Elle est très développée dans l'Ouest du Cameroun. Avec le brassage de la population et l'exode rural, toutes les tribus du Cameroun la pratique actuellement avec plus ou moins de réussite.

En effet des groupes de personnes qui se connaissent bien, les membres d'une même communauté, les groupes d'initiatives communes constituent des associations, élaborent les statuts39(*) et des règlements intérieurs qu'ils s'efforcent de respecter. Ils tiennent régulièrement leur réunion avec un président, des vices secrétaires, des commissaires aux comptes, un trésorier, et des censeurs. Ceux ci sont élus parmi les membres de la réunion.

Pour développer leur famille, leur village, leur milieu de vie, ils décident de constituer une cagnotte en cotisant chacun une somme d'argent qu'ils ont fixé en fonction des moyens de chaque membre.

A la suite d'un tirage au sort, un adhérent se voit attribuer la cagnotte sans payer d'intérêts. Le bénéficiaire utilise cette somme pour résoudre ses problèmes ou pour réaliser des projets (construire une maison, acheter une voiture, etc.). Toutefois, il doit continuer à cotiser afin que les autres adhérents à tour de rôle bénéficient de leur part. À la fin d'un cycle, on procède à la mise en place d'un nouveau cycle.

Les reconnaissances de dette sont dûment remplies et signées par chaque bénéficiaire40(*), les cas des défaillances sont rares, sinon les litiges sont résolus au sein de l'association.

Dans les centres urbains, les hommes et femmes d'affaires estiment que le système de tirage est long. Pour cette raison, ils ont institué la vente aux enchères des cagnottes. La cagnotte revient en fin de compte au plus offrant c'est à dire à celui qui achète le plus cher.

3.2.2 Les banques d'épargne et de crédit

Les adhérents d'une association définissent les statuts et un règlement intérieur. Ils font régulièrement des épargnes, chacun selon ses moyens. Ces épargnes sont prêtées à des membres de l'association qui en font la demande. Tout bénéficiaire de crédit présente un avaliste (membre ou non de la réunion) ou une garantie qui peut être son épargne.

Le taux d'intérêt est fixé de commun accord, il varie entre 5 et 10% par mois. Les crédits sont de très courtes durées (maximum 3 mois, le plus souvent 1 mois), et renouvelables.

En cas de défaillance, le taux d'intérêt est de 15%. En cas de récidive, le défaillant est suspendu des prêts pendant deux années consécutives. Son avaliste est également sanctionné ou bien son argent est saisi.

Imaginons le cas de monsieur Y, qui a contracté un prêt de 5000FCFA à un taux de 5% pour une durée de 3mois.

Au bout de 3 mois, Monsieur Y devra rembourser :

5000+ (5000*5%*3) = 5750 FCFA

Si au bout de 3 mois monsieur Y ne rembourse pas sa dette, le taux du prêt passera à 15%. Supposons que Monsieur Y rembourse au bout de 6 mois. Il devra donc :

5000+ (5000*15%*6)= 9500 FCFA

Les hommes et les femmes d'affaires ont beaucoup de succès dans cette forme de microcrédit, les salariés n'adhèrent pas beaucoup à ce mode de crédit.

3.2.3 Les fonds d'investissements ou tontines d'affaires

Ce mode de financement consiste à la mise en place d'un fond qui résulte de la cotisation de la même somme ou action (500FCFA au minimum) par chaque membre d'une association et à l'investir dans un projet fixé de commun accord par les membres de l'association qui deviennent par conséquent les actionnaires. Chaque adhérent doit proposer un projet, le meilleur projet est choisi.

Cette forme de microcrédit est très développée dans les milieux féminins. Les femmes créent ainsi les emplois et améliorent leur village, leur mode de vie, etc.

Lorsque les actions individuelles sont importantes, l'association mobilise une énorme masse monétaire. Une partie est affectée à la résolution des problèmes sociaux du groupe et l'autre partie est prêtée aux membres qui la sollicitent pour une courte durée (3 à 6 mois maximum). Contrairement au Banques d'épargne et de crédit, il n'existe pas de garantie dans les fonds d'investissements. La garantie la plus offerte est la confiance car il s'agit des adhérents qui se connaissent parfaitement.

Nous remarquons que l'argent généré est rarement placé dans une banque moderne, car la majorité de la population ne connaît pas la banque, et la banque non plus ne leur vient en aide puisque les conditions d'octroi de crédit sont très rudes. Heureusement que les institutions de microfinance organisent des campagnes de sensibilisations pour inciter la population à ouvrir des comptes d'épargnes et bénéficier des petits crédits d'au moins 10.000 FCFA(15€). Mais, beaucoup d'opportunistes ont dépouillé la population, ces derniers utilisaient une sensibilisation de proximité. Ils allaient quotidiennement chez les mutualistes (exemple: les commerçants) collectés les fonds leur promettant des crédits importants pour développer leurs activités avant de fermer boutique et de s'enfuir. Ceci justifie la méfiance de la population à l'égard des établissements financiers (banques, IMF). C'est ainsi qu'une importante partie d'argent n'entre pas dans les circuits bancaires, car plusieurs personnes gardent leur argent chez eux ou bien dans les tontines.

Nous remarquons que ces organisations de microfinance informelle ont beaucoup de succès auprès de la population, cependant elles présentent quelques faiblesses. Dans la suite, nous montrerons donc les atouts et les faiblesses des tontines.

3.3 FORCES ET FAIBLESSES DES TONTINES

La réussite des tontines peut s'expliquer par plusieurs facteurs :

Existence du règlement intérieur avec des procédures très strictes de fonctionnement. Les Camerounais répètent souvent «  la tontine ne meurt pas, ne voyage pas, ne tombe pas malade » pour illustrer qu'aucune excuse n'est acceptée en cas de non-respect des règles.41(*)

Les garanties sont plus classiques : aval, épargne bloquée, etc.

L'argent cotisé et reçu a un caractère symbolique et n'est utilisé que pour des dépenses utiles par exemple : construction d'une maison, scolarité, maladie, etc.

Le groupe connaît à peu près la situation de chaque individu et peut donc évaluer le niveau d'une personne en cas de défaillance à la réunion.

La principale faiblesse des tontines est la limite dans les fonds mobilisés, les moyens ne permettent pas le financement d'activités économiques importantes.

Dans ce chapitre, nous avons présenté l'origine et l'évolution de la microfinance au Cameroun et nous pouvons retenir que la microfinance date de plus d'un siècle mais jusque là elle était restée embryonnaire et ce n'est qu'à partir des années 90 qu'elle a connu un essor, d'une part grâce aux loi du 19 décembre 1990 et du 14 août 1992, mais également à cause de la crise du secteur bancaire des années 80 ; la reconnaissance de la microfinance comme un des vecteurs de développement et enfin le manque de cadre juridique adapté.

Nous avons également présenté un aperçu de la microfinance informelle à savoir : les tontines, les banques d'épargnes et de crédit, et enfin les fonds d'investissements.

Nous remarquons que la tontine reste encore l'instrument de développement le plus important puisque les conditions d'octroi de crédit par les banques sont très rudes et que les taux d'intérêts pratiqués par les institutions de microfinance sont perçus comme étant élevés pour la plupart des personnes. Par la suite, nous présenterons l'importance du secteur de la microfinance, la réglementation et les principaux acteurs.

CHAPITRE IV  COUVERTURE DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Dans ce chapitre, nous présenterons l'intérêt de la microfinance pour le gouvernement camerounais, la réglementation, les principaux acteurs. Nous montrerons également les problèmes rencontrés par les institutions de microfinance et nous proposerons quelques solutions.

4.1 IMPORTANCE DE LA MICROFINANCE

Pour le gouvernement camerounais, la microfinance apparaît comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. L'Etat a d'ailleurs diffusé en avril 2001 une déclaration de politique nationale de la microfinance42(*), ayant pour objectif :

- D'améliorer le lien entre les institutions de microfinance ;

- De créer et aménager un cadre administratif, juridique et judiciaire propice au développement des Institutions de Micro Finance ;

- D'encourager le professionnalisme et la transparence dans la gestion des IMF (institutions de microfinance);

- De consolider et étendre le développement harmonieux des IMF sur l'ensemble du territoire;

- D'inciter les accords de partenariat entre les projets de développement, les organisations non gouvernementales, les IMF, et le système bancaire ;

- De rapprocher les IMF et les organisations socioprofessionnelles des producteurs.

Le gouvernement, avec le soutien du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a également lancé un projet de consolidation et de développement de la microfinance qui a pour mission de faciliter l'accès aux services financiers de proximité à toutes les catégories défavorisées de la population surtout dans les zones rurales. L'Etat a ainsi créé le Comité National de Microfinance (CNMF), qui est un organe triparti composé de : l'Etat, la profession et les bailleurs de fonds, dans le but de suivre la politique nationale de microfinance.

Une enquête réalisée par la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) en 2000 a montré qu'il existait à peu près 652 IMF (institutions de microfinance) inégalement réparties sur le territoire camerounais et un peu plus de 300 000 clients. En effet, 52% des IMF fonctionnelles étaient implantées en zone urbaine contre 48 % en zone rurale.

À cause de l'enclavement de la plupart des zones rurales (manque d'infrastructures routières, d'électricité, de téléphone), il est difficile d'atteindre cette importante couche de la population. Les institutions de microfinance profitent surtout aux populations des grands centres urbains.

Au total, le secteur traitait 25,4 milliards de FCFA de crédit, soit 4,3% du total des prêts octroyés par le secteur bancaire, et 35,9 milliards de FCFA d'épargne mobilisée ce qui représentait 6% du total de l'épargne mobilisée par le secteur bancaire. L'importance du secteur reste modeste, des statistiques récentes font défauts, mais ces proportions ont probablement évolué positivement.

Sur les 1021 IMF recensées en zone CEMAC en 2000, le Cameroun comptait 64% des IMF avec 67% des dépôts et 86% des encours de crédits.

Une récente action gouvernementale visant à assainir le secteur des IMF a mené à l'exclusion de plusieurs centaines d'entre elles essentiellement pour des raisons d'agrément ou de non-respect de la réglementation. Cette action a provoqué un désordre au niveau de la population et a une nouvelle fois ébranlée la confiance des usagers des organismes financiers.

En avril 2005, le ministère des finances a recensé un total de 558 IMF dont 379 (68%) représentaient les trois43(*) réseaux les plus importants du pays qui totalisent plus de 60% de l'épargne et plus de 80% des clients.

Au Cameroun, les principaux produits offerts par les institutions de microfinance sont : L'épargne, le crédit, les transferts de fonds, les assurances, la vente des chèques de voyage et des devises, et enfin le financement des projets d'intérêts commun.

En juin 2004, les acteurs du secteur avaient constaté que:

- La répartition géographique des IMF sur le territoire était inégale;

- L'expansion de la collecte de l'épargne était remarquable mais la proportion d'octroi de crédit était faible ;

- Les ressources des IMF étaient insuffisantes pour financer tout les besoins à court, moyen et long terme de leur clientèle ;

- L'accès des IMF à des financements extérieurs était fortement limité ;

- Certains acteurs manquaient de professionnalismes ;

- Les liens entre les banques et les IMF étaient faibles ;

- Les ressources pour le développement des zones défavorisées étaient insuffisantes ;

- L'Etat jouait encore un rôle insuffisant dans la promotion du secteur.

4.2 REGLEMENTATION DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Les IMF au Cameroun sont déclarées sous le régime d'associations ou de coopérative d'épargne et de crédit, relative aux lois du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et du 14 août 1992 portant sur les sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune. Ce secteur est largement dominé par les associations ou coopératives d'épargne et de crédit (80%).

Pour exercer leur activité, les IMF après l'acquisition de leur forme juridique, doivent demander un agrément auprès de l'autorité monétaire qui est le ministère des finances. L'approbation est délivrée après un avis de la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC).

En effet, depuis le13 avril 2002, les modalités d'exercice de l'activité de microfinance sont définies par la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC)44(*) et régies par le règlement n°1/03/CEMAC/UMAC/COBAC entré en vigueur le 14 avril 2005.

Le règlement CEMAC gère uniquement l'activité mais pas la forme juridique de l'IMF. Il définit la microfinance comme étant une activité exercée par des entités agrées n'ayant pas le statut de banques ou d'établissement financier et qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de crédit, et ou de collecte de l'épargne, offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel. Ce code décrit trois catégories d'IMF :

- La première catégorie formée d'Institutions de microfinance qui ne traitent qu'avec leurs membres, c'est le cas des coopératives et des associations.

- La deuxième catégorie, avec statut obligatoire de Société Anonyme est constituée des IMF qui offrent des services financiers à des tiers.

- La troisième catégorie regroupe des IMF qui n'offrent que du crédit et qui ne sont pas autorisées à mobiliser l'épargne, les ressources viennent des bailleurs de fonds.

D'après le règlement, il doit y avoir une seule association de microfinance et les IMF doivent faire partie de cette association. C'est ainsi que le 23 mai 2003, L'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM) a été créée, avec pour rôle :

- D'assurer la défense des intérêts collectifs des membres 

- De représenter la profession auprès des autorités de tutelle, monétaires et des tiers 

- D'informer ses membres et le public sous réserve du respect des dispositions de la loi du secteur sur le secret bancaire.

4.3 POURQUOI UNE REGLEMENTATION CEMAC ?

Au Cameroun, la loi du 14 août 1992 avait prévu des dispositions applicables au secteur des coopératives d'épargne et de crédit, laissant de côté les établissements ayant opté pour une forme juridique différente. D'autre part, l'autorité de tutelle pour les coopératives exerçant des opérations de collecte d'épargne et de distribution de crédit était le Ministère de l'agriculture alors qu'il aurait dû être le ministère des finances.

Cet environnement a contribué non seulement à un développement incontrôlé des structures de microfinance mais aussi à de nombreux cas de faillites qui ont asséché les petites économies des populations devenues très méfiantes. Par exemple : Le manque de professionnalisme et l'absence de contrôle a entraîné une crise dans le secteur des COOPEC.

Dans les cinq autres états membres (Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad), les entités de microfinance se sont appuyées sur des textes qui n'étaient pas spécifique à l'activité d'épargne et de crédit.

Conscients de la nécessité de remédier à cette situation, un texte sous régional va être adopté par le conseil des ministres des finances de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) dans le but d'inclure toutes les formes d'institutions de microfinance et de renforcer la surveillance et l'encadrement du secteur.

Malgré la réglementation qui a assaini le secteur en mettant de côté les opportunistes, il reste encore des insuffisances pour assurer une meilleure flexibilité et permettre à ces structures d'assurer pleinement leur rôle.

Les exigences en termes de diplôme des dirigeants ne prennent pas suffisamment en compte les réalités socio-économiques et culturelles des zones rurales où le taux de scolarisation est faible et l'exode rural des jeunes très poussé à cause des conditions de vie peu attrayantes. Il serait plus indiqué de prévoir des mesures d'accompagnement en vue de renforcer les capacités des dirigeants, au fur et à mesure de l'évolution de leurs structures.

4.4 LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Parmi Les acteurs intervenant dans la microfinance au Cameroun, nous distinguons : les institutions de microfinance, l'association nationale des établissements de microfinance du Cameroun (ANEM-CAM), les autorités, les ONG, les bailleurs de fonds et des structures spécialisées dans la formation en microfinance.

4.4.1 Les institutions de microfinance

Actuellement, il existe plusieurs institutions de microfinance au Cameroun. Nous distinguons :

La CAMCCUL (Cameroon Cooperative Credit Union League), fondée en 1963, elle rassemble plus de 290 établissements et représente plus de la moitié du chiffre d'affaires du secteur. Cette fédération a pour but d'assurer la représentativité au près des pouvoirs publics et de faire reconnaître l'importance de ce secteur dans le développement local.

Elle agit aussi bien en zone rurale qu'en zone urbaine. Elle a pour objectif d'aider les pauvres à sortir de la misère en ayant accès au microcrédit impossible pour eux dans les banques conventionnelles. En 1999, elle a créé la Union Bank of Cameroon (UBC).

Les mutuelles communautaires de croissance(MC²), qui sont des micro banques de développement rural créées et gérées par les populations, avec l'assistance d'Afriland First Bank et de l'ONG ADAF ` Appropriate development for Africa foundation'. ADAF finance la plupart des IMF du système francophone et joue le rôle de contrôleur financier.

La MC² est le symbole d'une synergie de la masse populaire rurale multipliée par la vitesse d'intégration des valeurs socioculturelles ancestrales au management moderne. La MC² est une formule magique simple à expliquer. Elle signifie que la victoire sur la pauvreté (VP) est possible à condition que les moyens (M) et les compétences (C) de la communauté (C) soient mis ensembles. Ce qui nous donne la formule: VP =M x C x C = MC²45(*).

Les Caisses Villageoises d'Epargnes et de Crédit Autogérées (CVECA) soutenues par l'ONG microfinance et développement (MINFED), la Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC) et deux institutions françaises : Le centre international pour le développement et la recherche(CIDR) et l'agence française de développement (AFD).

La Mutuelle Financière de Femmes africaines (MUFFA Cameroun) ce sont des coopératives d'épargne et de crédit exclusivement pour femmes, elles reçoivent l'assistance d'Afriland First Bank et de l'ONG ADAF ` Appropriate development for Africa foundation'.

Les coopératives d'épargne et de crédit des promotrices (CEC PROM) soutenues par l'Agence canadienne pour le Développement International (ACDI).

En plus des principaux réseaux d'IMF, nous trouvons des institutions qui n'offrent pas que du crédit, c'est l'exemple de l'agence de crédit pour l'entreprise privée au Cameroun (ACEP) et de « Cameroun Gatsby Trust ».

D'un point de vue quantitatif, d'après l'AFD (agence française de développement), plus d'un quart des IMF ont un dépôt moyen inférieur à 10.000 FCFA et 5900 dossiers de crédit traitent d'un montant inférieur à 50.000 FCFA. Les secteurs principalement concernés par l'activité du crédit sont le commerce et l'artisanat (22,34%), la santé (20,74%), l'éducation (20,10%), l'agriculture et l'élevage (13,36%), et l'habitat (5,7%).

4.4.2 Les autorités

L'autorité monétaire Camerounaise est le Ministère de l'économie et des finances(MINEFI), après avis conforme de la COBAC c'est lui qui accorde les agréments aux établissements de microfinance.

La Commission Bancaire des Etats d'Afrique Centrale(COBAC), a pour rôle de contrôler l'activité de la microfinance dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Elle est également l'organe de contrôle de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale.

Le Ministère de l'agriculture et du développement rural(MINADER) est la tutelle des coopératives. Toutes les coopératives doivent au préalable s'inscrire auprès de ses services.

4.4.3 les structures spécialisées

Parmi les structures spécialisées dans la formation en microfinance, nous trouvons: La Microfinance Academy et la PACEF. Ces deux structures sont partenaires du programme CAPAF, qui est une initiative conjointe du Groupe consultatif d'assistance aux pauvres(CGAP) et du ministère des affaires étrangères français.

La mission de CAPAF est de promouvoir une approche de marché pour des services de renforcement des capacités des IMF, touchant à la formation, à l'appui technique, et à l'information. Les structures spécialisées dans la formation en microfinance disposent donc des formateurs certifiés et offrent d'autres types de services dans le domaine de la microfinance.

4.4.4 Les Organisations Non Gouvernementales

Les ONG jouent un rôle d'intermédiaire entre les financiers et les demandeurs de crédits.

Nous retrouvons 4 modes d'interventions des ONG :

- L'intervention en opérateur direct pour la création et la mise en valeur des structures spécialisées d'épargne et de crédit ;

- L'appui à la restructuration du secteur financier ;

- Le soutien financier ou technique;

- L'aide au développement plus large.

Nous retrouvons des ONG camerounaises et étrangères qui travaillent en partenariat. C'est le cas de l'ONG camerounaise VEPDEF (femmes volontaires pour la promotion de l'éducation populaire à la démocratie, à la paix et au bien-être économique) qui travaille avec une ONG belge AADC (Association pour l'Action de Développement Communautaire).

En effet l'ONG AADC vient en aide aux organisations de femmes et offre des formations (technique, gestion d'entreprise, marketing). Son objectif est l'amélioration de la position socio-économique de la femme à la campagne et à la ville par le soutien d'activités génératrices de revenus.46(*)

L'ONG AADC reçoit l'aide financière de la BRS (la Banque et les assurances solidaires dans le tiers monde) qui soutient des projets de développement durable dans le tiers monde.

Le point de vue de la BRS est celui ci : « Si un habitant du tiers monde a faim, vous pouvez lui donner un poisson pour assouvir sa faim. Vous pouvez aussi lui donner un filet et lui apprendre à pêcher. Mais vous pouvez aller encore plus loin : vous pouvez lui prêter de l'argent afin qu'il achète un filet et lui apprendre à épargner. Vous l'aidez ainsi à prendre son sort en main et à offrir à ses enfants un avenir meilleur. »

C'est l'exemple47(*) de Mme X, une jeune femme qui s'est affiliée en août 2000 à VEPDEF. En mai 2001, elle a ouvert son petit commerce. Pour l'achat des marchandises, elle a demandé un prêt de 200.000 FCFA (305 EUR). Mais la politique de VEPDEF est d'accorder les crédits s'élevant à maximum 3 fois le montant de l'épargne, elle n'a que reçu 72000 FCFA (110 EUR). Entre temps elle a remboursé son prêt et a doublé son épargne. Elle souhaite à présent élargir ses activités. Pour cela il lui faut 300.000 FCFA (457,35 EUR). Mme X espère qu'elle pourra faire appel au fonds de crédits supplémentaires mis à la disposition du VEPDEF.

4.4.5 Les bailleurs de fonds

Parmi les bailleurs de fonds48(*), nous trouvons : Le Crédit mutuel pour la France, la Caisse Desjardins pour le Canada, Raiffesen pour l'Allemagne, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l'AFD (agence française de développement), etc.

Ces bailleurs de fonds apportent aux IMF des ressources financières et des appuis techniques. Ils jouent un rôle de catalyseur dans la microfinance en renforçant les capacités institutionnelles des IMF, notamment par la mise en place des programmes d'assistance technique pour les plus jeunes IMF et la création des programmes de développement de nouveaux produits orientés vers les populations non servies (milieu rural).

Cependant, l'appui des bailleurs de fonds décourage l'investissement privé. En effet, les institutions de microfinance, le gouvernement et les clients sont tous habitués aux subventions et sont peu enclins à fonctionner suivant les conditions du marché. De plus, les interventions des bailleurs de fonds sont souvent commandées par des priorités ou des accords d'ordre politique qui entravent le développement du secteur dans son ensemble. Dans ce sens, la microfinance est parfois considérée comme une sous composante d'autres programmes plutôt qu'une composante du secteur financier.

Nous constatons que par rapport aux banques, la microfinance joue un rôle important dans l'économie camerounaise. Cependant les IMF rencontrent plusieurs difficultés. Dans la suite, nous exposerons les problèmes des IMF et nous proposerons quelques solutions.

4.5 PROBLEMES DES IMF

Certaines institutions de microfinance sont confrontées à plusieurs obstacles tels que :

- Le mauvais système d'information entrainant des mauvais résultats ;

- La fraude (exemple: falsifications des données financières, transferts dans les comptes personnels afin d'avoir des gains illégaux, allongement des délais, prêts fictifs, corruption, dissimulation, etc.) ;

- Les impayés qui illustrent la mauvaise qualité du portefeuille de crédit ainsi qu'une mauvaise qualité de la sélection des clients ;

- La concurrence excessive ;

- L'insuffisance des moyens de financement.

4.6 QUELQUES RECOMMANDATIONS

Nous donnons quelques recommandations permettant de remédier aux problèmes rencontrés par les IMF. Nous pensons que pour améliorer leurs méthodes de travail, les IMF doivent :

- Disposer d'un bon système d'information ;

- Lutter contre la fraude ;

- Motiver le personnel ;

- Encourager les clients, par exemple en renouvelant les prêts des bons clients ;

- Collecter la liste des clients défaillants pour lutter contre des multiples emprunts ;

- Déterminer le meilleur échelonnement des remboursements ;

- Bien utiliser les subsides ;

- Mettre en place des techniques pour intégrer les banques ;

- Tenir compte du fait que la population à faible revenu se trouve dans les zones rurales. Dès lors, puisque le développement est une action dont le but est de contribuer à l'amélioration des conditions de vie de la population, ce processus ne saurait commencer ailleurs que dans les zones rurales;

- Prendre en compte la culture et la tradition ancestrale du lieu d'implantation. L'ouverture de ce type d'institutions contribuera à améliorer les services financiers au sein d'une communauté qui connaît mieux ses difficultés et les éventuelles solutions ;

- Encourager l'innovation et la mise en place instruments financiers adaptés à toutes les couches de populations.

Dans ce chapitre, nous avons présenté l'importance et la couverture de la microfinance au Cameroun, un problème auquel nous avons été confrontés c'est le manque de statistique récente. Nous remarquons que pour l'Etat la Microfinance apparaît comme étant un élément essentiel. Néanmoins, les acteurs du secteur trouvent que l'Etat joue un rôle insuffisant dans la promotion du secteur.

Nous retiendrons que le secteur de la microfinance est largement dominé par les coopératives d'épargnes et de crédit et que les IMF au Cameroun sont déclarées sous le régime d'associations ou de coopérative d'épargne et de crédit.

Pour l'exercice de leur activité, les IMF sont tenues de demander un agrément auprès du ministère des finances. Les conditions d'exercice de leur activité sont définies par la CEMAC.

Nous avons également exposé les différents acteurs de la microfinance au Cameroun à savoir : les institutions de microfinance, l'association nationale des établissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM), les autorités, les ONG, les bailleurs de fonds et les structures spécialisées dans la formation en microfinance. Nous avons aussi montré quelques obstacles rencontrés par les IMF et nous avons proposé des solutions pour l'amélioration du secteur. Nous constatons que par rapport aux banques, les IMF interviennent plus dans le financement de l'économie puisqu'elles s'efforcent d'offrir des services financiers à la majorité de la population. Mais pouvons-nous réellement parler de la microfinance comme d'un instrument de lutte contre la pauvreté? Les institutions de microfinance sont-elles des outils de développement? Dans la deuxième partie, nous essayerons de répondre à ces questions.

CONCLUSION

Nous avons présenté le système bancaire camerounais et l'état des lieux de la microfinance au Cameroun, nous constatons qu'après la crise des années 80, le système bancaire camerounais s'est développé en rupture avec la société puisque la majeure partie de la population est exclue. De plus, la fonction d'acteur financier des banques souffre du durcissement des conditions d'octroi de crédit. Face au dysfonctionnement du système bancaire, la finance informelle reste l'instrument de développement le plus utilisé, cependant elle présente des limites puisque les fonds mobilisés ne permettent pas le financement d'activités économiques importantes. À côté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social. Elle apparaît d'ailleurs pour le gouvernement camerounais comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. Mais comme le souligne Marc Labie, « La microfinance ne remplacera jamais une politique en matière d'éducation et de santé ».49(*) Toutefois, la microfinance présente un certain nombre d'avantages : bonne connaissance du milieu, proximité des clients, capacité d'innovation, etc. Cependant, elle ne peut prétendre se substituer totalement à la banque.

En définitive, la banque et la microfinance sont toutes deux nécessaires et indispensables au bon déroulement de l'activité économique du pays. Nous pensons que les IMF doivent mettre en place des techniques pour intégrer les banques. De leur côté, les banques doivent établir des partenariats avec les IMF en les soutenant dans le financement des microprojets. Ces techniques permettront peut-être d'offrir des services financiers à une majorité de la population.

Dans la deuxième partie, nous présenterons le partenariat existant entre une institution de microfinance, une Organisation Non Gouvernementale et une Banque dans le but de desservir des populations rurales pauvres et exclues des services financiers classiques.

ALLIANCE ENTRE UNE IMF ET LE SECTEUR BANCAIRE MODERNE : CAS

DES MC², DE L'ONG ADAF ET DE AFRILAND FIRST BANK

INTRODUCTION

Au Cameroun, plusieurs personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, cette situation touche particulièrement les zones rurales. Parmi les stratégies d'intégration des plus pauvres, le développement du secteur financier apparaît également comme un élément important.

Comme nous l'avons mentionné dans la première partie, pour offrir des services financiers à une majorité de population, les IMF doivent mettre en place des techniques permettant d'intégrer les banques, et de leur côté les banques doivent établir des partenariats avec les IMF en les soutenant dans le financement des microprojets. Dans ce sens, la stratégie de synergie entre les Mutuelles Communautaires de Croissance (MC²), Afriland first Bank et ONG ADAF vaut la peine d'être mentionnée.

Pour la réalisation de cette synergie, Afriland First Bank a adapté ses services, ses produits à l'environnement de la microfinance, il s'agit donc d'une stratégie de « Downgrading ». Par contre, les MC² ont mis en place une stratégie « uprgrading » c'est à dire qu'elles associent le professionnalisme, la rigueur de la banque et les techniques financières de pointe avec le fait de desservir des populations rurales pauvres et exclues des services financiers classiques.

Dans le premier chapitre, nous présenterons les différents acteurs de l'alliance, leurs forces et leurs faiblesses.

Dans le deuxième chapitre, nous présenterons les intérêts des mutuelles communautaires de croissance, d'afriland et des différents agents sociaux dans la synergie. Nous exposerons ensuite les contraintes rencontrées dans la réalisation d'une synergie entre les IMF et les banques. Enfin, nous proposerons quelques solutions que l'Etat pourrait mettre en place pour encourager les partenariats entre les deux secteurs.

CHAPITRE I PRESENTATION DES DIFFERENTS ACTEURS DE L'ALLIANCE

Dans cette partie, nous présenterons les différents acteurs de la synergie à savoir : Les mutuelles communautaires de croissance, L'ONG ADAF et Afriland First Bank.

1.1 PRESENTATION DES MC²

Tout d'abord, le sigle MC² signifie que la victoire sur la pauvreté (VP) est possible à condition que les moyens (M) et les compétences (C) de la communauté (C) soient mis ensembles. Ce qui nous donne la formule: VP =M x C x C = MC².

Les MC² sont intimement liées aux études réalisées par le docteur Paul K. Fokam50(*)quant à l'impact de la crise des années 80 sur le système financier camerounais. Il concluait que 95% de la population étaient exclus de la banque classique tout en constatant l'existence d'une épargne rurale importante. Devenu directeur général de Afriland, le docteur Paul K. Fokam n'en oublia pas pour autant le résultat de ses recherches et s'attacha à développer le système des MC² à partir de 1992. En effet, les mutuelles communautaires de croissance sont des microbanques intégrées aux valeurs socioculturelles, elles sont gérées par les membres d'une communauté sous la supervision de l'ONG ADAF (Appropriate Development For Africa Foundation) et d'Afriland First Bank. En fait, chaque MC2 s'adapte aux valeurs socioculturelles de sa communauté. La mission principale d'une MC² est de doter les populations rurales d'un instrument de développement qui favorisera l'épanouissement de l'individu et de la communauté rurale entière.

La MC² est dotée de 4 organes : l'assemblée générale constitutive, le conseil d'administration formé de 3 à 12 membres élus pour une période de 3 ans renouvelables, le conseil des sages qui est l'instance juridique, enfin le secrétariat exécutif formé d'un secrétaire trésorier, d'un comptable et d'une caissière. Dans chaque MC², un comité de crédit se charge de l'octroi des crédits et le conseil des sages gère les conflits et les cas de non-paiement.

Les activités quotidiennes sont gérées par une équipe de trois personnes au moins. Ils doivent provenir de la localité, être membres de la MC² et suivre une formation de six mois auprès d'Afriland Bank, d'ADAF et d'une MC² déjà opérationnelle.

L'évolution d'une mutuelle communautaire de croissance est un processus de développement qui se fait en 5 phases :

Phase 1 : La sensibilisation populations rurales

Au cours de cette phase, les élites51(*) expliquent aux populations rurales le rôle de l'épargne dans le processus de développement et la nécessité de compter d'abord sur elle-même avant tout support extérieur.

Phase 2 : La Mobilisation de l'épargne et des dépôts

Phase 3 : L'Affectation des fonds mobilisés au financement des activités économiques (individuelles) créatrices des richesses

Phase 4 : La réalisation des projets économiques communautaires par exemple :

L'agriculture, la transformation des produits agricoles, l'amélioration de l'habitat

Phase 5 : Le développement des projets sociaux communautaires grâce aux ressources générées dans les phases 3 et 4 par exemple : La construction d'écoles, l'ouverture des centres de santé, la création des routes, etc.

Evolution des statistiques du réseau des MC²

 

Juin 1999

Juin 2000

Juin 2002

Nombre de MC²

25

35

43

Nombre de membre

16866

21638

31 352

Fonds propres (Capital) (en milliers €)

504532

710267

923 347

Épargnes mobilisées (en milliers €)

2 636 102

2 723 956

3 303 177

Dépôts en compte courant (en milliers €)

114 353

114 353

269 900

Total des fonds mobilisés (en milliers €)

3 254 987

3 582 819

4 496 414

Total crédits (en milliers €)

3 086 900

4 139 824

7 903 130

Source: Afriland First Bank

En 2005, le Cameroun comptait 61 mutuelles communautaires de croissance et le réseau touchait 364.570 personnes. Le capital mobilisé était de 2.671.510€, l'épargne mobilisée de 12.900.750€ et le portefeuille de crédits 5.038.702€. N'ayant pas de statistiques récentes, nous pensons cependant que ces chiffres ont évolué.

Dans la suite, nous présenterons les avantages et les contraintes d'une MC², les services offerts par les mutuelles, les moyens de financement, la procédure et le critère de sélection pour l'octroi de crédit.

1.1.1 Forces et faiblesses d'une MC²

Les mutuelles communautaires de croissance présentent plusieurs atouts tels que : la bonne connaissance du milieu, la proximité des clients, les capacités d'innovation, les taux de remboursement élevés, les procédures simples, etc.

Généralement, les principales difficultés que rencontrent les MC² sont : La faible gamme de services financiers offerts, le manque de fonds, le niveau de formation des ressources humaines déficient, le manque d'informations, etc.  

1.1.2 Les finances d'une MC²

Les ressources sont constituées des parts sociales, des dépôts à vue ou à terme, des subventions, des prêts obtenus auprès d'Afriland First Bank, et des réserves. Ces ressources sont utilisées pour des prêts aux membres ou mutualistes, et aussi des placements auprès d'Afriland. La garantie des prêts doit être suffisante pour éliminer le risque d'impayé et assurer une meilleure efficacité de la mutuelle. Dans la mesure où des excédents ont été réalisés au cours de l'exercice, l'assemblée générale peut décider de l'attribution des ristournes ou autres avantages au bénéfice des mutualistes. En plus, 50% des excédents sont affectés à un fond d'intervention social, et 25% aux actions de développement de la communauté tout entière.

Exemple de projet social financé

La MC² s'est installée au centre d'un village d'à peine quatre maisons il y a cinq ans. Aujourd'hui, autour de cette MC², on trouve près de quarante habitations, des petits métiers, des boutiques, etc. Tous sont membres de la micro banque. Celle-ci a permis la rénovation du dispensaire. A l'heure qu'il est des gens d'autres communautés viennent s'y faire soigner. Les habitants du village demandaient un collège d'enseignement secondaire pour leurs enfants. L'Etat donna son accord mais ne le construisit pas. Si les parents d'élèves avaient dû mobiliser leurs fonds propres, ils auraient encore pu attendre des années. La MC² a permis le préfinancement de la construction. Dès la première année, les enfants ont pu bénéficier de leur établissement scolaire. Après, avec leur contribution annuelle, les parents ont remboursé l'argent utilisé.

Source : Justin Bomda, secrétaire exécutif de l'ONG ADAF et du réseau des MC²

1.1.3 Quels sont les services offerts par les MC² ?

Les MC² proposent à la fois des services d'épargne, de crédit, de transferts d'argent national et international et d'autres opérations bancaires. Elles répondent aux besoins des populations défavorisées en offrant des produits adaptés à leurs conditions avec des procédures simplifiées. Nous trouvons par exemple : le compte d'épargne ordinaire, le compte de dépôts associé, le compte flash cash, etc.

Le compte d'épargne ordinaire est accessible à tout membre de la mutuelle locale. Le montant moyen minimal à y placer est de l'ordre de 5.000FCFA. L'épargne est rémunérée entre 2,5 et 4% par an, soit moins que dans les banques commerciales (5%). En effet chaque MC² définit les taux d'intérêts qu'elle pratique.

Le compte de dépôt associé est un compte courant destiné à recevoir des virements, à encaisser des chèques. Il doit présenter en permanence un solde minimum de 10.000FCFA. Grâce à l'affiliation avec Afriland, les titulaires de ce compte peuvent réaliser des opérations dans l'ensemble du Cameroun et même à l'étranger.

Le compte flash cash est un certificat de dépôt créé par Afriland. Un apport initial de 25.000FCFA est nécessaire. Le déposant reçoit alors des chèques de voyage "flash cash".

L'accès au crédit, demande une épargne préalable. Les taux d'intérêts moyens sont de 13%, donc largement inférieurs à ceux du marché. Les crédits sont généralement distribués à un coût annuel variant de 10 à 15%. Les MC² considèrent en effet qu'il n'est pas normal d'imposer les taux élevés aux démunis dans une stratégie de lutte contre la pauvreté. Pour maîtriser leurs coûts, elles privilégient l'action sur d'autres variables comme la qualité du portefeuille, le volume des dépôts et l'économie d'échelle. Le taux de récupération des crédits affiché par les MC² est de 97%.

Outre les services financiers classiques, un fonds de capital risque(MITFUND) a été mis en place pour répondre à des besoins en financement des micros entreprises. Il permet d'accorder des prêts pour des périodes allant de 2 à 5 ans, en combinaison avec des formations en gestion et en comptabilité. Un accompagnement permanent des entreprises concernées est garanti. Ce fonds permet également aux MC² d'accorder à leurs membres des prêts à moyen et à long terme, ce qu'elles ne pouvaient se permettre jusqu'à présent en raison de la nature "court terme" de l'épargne mobilisée. Depuis son lancement en 2000, le MITFUND a permis de soutenir près de 250 projets avec des participations de 840.000€.

Les crédits généralement accordés sont les crédits sociaux (santé, mariages, enterrement, funérailles), les crédits d'équipements de maison (meubles, télévision), les crédits pour l'agriculture, l'élevage, l'artisanat, les crédits aux petites et moyennes entreprises, etc.

Répartition des crédits accordés par secteurs d'activités

Secteurs

Nombre de crédits(en %du total)

Montant (en %du total)

Agriculture et élevage

52%

31%

commerce

22%

39%

Transformation et artisanat

5%

11%

social

9%

8%

Autres secteurs

12%

11%

Total

100%

100%

Source: Afriland First Bank

D'après le graphique, nous constatons que les crédits les plus octroyés concernent l'agriculture, l'élevage et le commerce ce qui peut se justifier par le fait que les Mutuelles couvrent les besoins en financement des populations rurales, en offrant les crédits aux activités les plus productrices.

La répartition par montant permet de juger du niveau socio-économique des emprunteurs. La préoccupation de desservir les moins favorisés s'est traduite par une décision des présidents des MC² de veiller à maintenir à au moins 30% le nombre de crédits inférieurs à 500.000 FCFA (762€). Dans les faits, cette option est largement respectée puisque 64% des octrois sont inférieurs à 500.000 CFA et que 30% varient de 300.000(457€) à 5.000.000 FCFA.

Exemple de projet financé

Avec 20.000 FCFA de crédit, une femme a pu sortir de la pauvreté en bénéficiant d'une formation à la production de savon. Adjaratou, 32 ans, dont le mari est sans travail, peut dorénavant faire vivre sa famille grâce à sa fabrique de bonbons traditionnels. Son crédit de 50.000 FCFA amorti sur 5 mois lui a permis d'acheter la matière première nécessaire (sacs de sucre). Aujourd'hui elle fait des bénéfices et peut contracter des crédits de 100.000 FCFA. Elle est dorénavant acquise au bien fondé de l'école depuis qu'elle y a inscrit ses 2  enfants aînés (16 et 14 ans) et capable aujourd'hui de faire valoir ses droits de femme en fréquentant un centre de planning familial.

Source : mutuelle communautaire de croissance

1.1.4 Procédure et critère de sélection pour l'octroi de crédit

Lors d'une demande de crédit, un entretien avec un responsable local de la MC² est organisé ainsi qu'une visite chez le membre (mutualiste). Suite à cela, un comité de crédit décide de l'octroi du crédit ou non.

En général, cette procédure de sélection est longue ; un nouveau membre doit respecter un temps d'attente et d'observation variant de 6mois à 1 an.

Les coûts de transaction sont relativement élevés, à la fois pour l'institution et pour le membre, même si, dans certaines mutuelles, des comités de crédits restreints sont mis en place pour répondre aux besoins urgents jusqu'à un certain seuil de crédit fixé par le conseil d'administration.

L'épargne préalable est obligatoire. En plus, un ou deux autres mutualistes doivent donner leur aval. En matière de garantie, l'information est capitale. Dans les MC², tout le monde se connaît et peut attester de la moralité des autres. Un crédit peut être octroyé simplement sur base de la moralité. Cette méthode est parfois complétée par des garanties matérielles (maison, plantation, etc.). Ces cautions peuvent paraître exclusives, c'est pourquoi les MC² acceptent également en gage des objets d'arts traditionnels, à forte valeur symbolique, des engagements solidaires (familiales), un tissu transmis de génération en génération, une peau de panthère, etc. La micro banque reconnaît la valeur symbolique, ce que ne peut faire la banque classique.

Lors de l'analyse de la demande, une grande attention est portée à la destination des fonds, c'est elle qui déterminera dans une large mesure la capacité de remboursement. Les dossiers sont souvent rejetés pour des causes de moralité des demandeurs.

Exemple d'une procédure de crédit de la MC² de BANKA

Mme X voudrait obtenir un crédit de 3.500.000 FCFA, allant du 26/07/2006 au 31/07/2007

Pour un crédit de 3.500.000 FCFA, Mme X doit :

- payer 10.000 FCFA pour l'étude du dossier crédit

- augmenter sa part sociale de 10% du montant du prêt (10%*3.500.000= 350.000 FCFA)

- payer des frais de déblocages de dossier qui représentent 0,696% du montant du prêt (0,696%*3.500.000= 24360FCFA)

La garantie offerte par Mme X est un titre foncier qui sera détenu dans un compte de la MC² de BANKA. Mme X présente également une avaliste, Mme Y.

Le comité de crédit, après enquête et étude de dossier décide d'octroyer le crédit. La mutuelle, en collaboration avec Mme X détermine le meilleur échelonnement des remboursements.

Tableau des remboursements

Le taux d'intérêt est de 16% par an soit 1,33% par mois

Numéro

Date

Capital

intérêts

total

1

31/12/2006

 

560000

560000

2

31/01/2007

500000

 

500000

3

28/02/2007

500000

 

500000

4

31/03/2007

500000

 

500000

5

30/04/2007

500000

 

500000

6

31/05/2007

500000

 

500000

7

30/06/2007

500000

 

500000

8

31/07/2007

500000

 

500000

Total

 

3.500.000

 

4.060.000

Le total à rembourser par Mme X sera donc de 4.060.0000 FCFA avec 5 mois de différé avant le début du paiement. Ce différé est négociable.

1.1.5 Qui peut adhérer à une MC² ?

En nous basant sur les statuts de la MC² du village Banka, nous constatons que les membres d'une MC² peuvent être :

- Des personnes liées à la communauté par naissance, mariage ou par affaire ;

- Des personnes ayant des besoins en services financiers ;

- Des personnes désireuses d'améliorer leurs situations sociales et économiques.

Pour y adhérer, il faut présenter une photocopie de sa carte d'identité, payer les frais d'adhésion et d'ouverture de compte d'un montant de 5000FCFA(8EUR), acheter un minimum de 10 parts sociales d'une valeur totale de 10.000FCFA(16EUR), signer une déclaration qui vise à respecter tous les engagements moraux et financiers et à conserver secrètes les informations à caractère confidentiel reçues par la mutuelle.

Tout adhérent ou mutualiste s'engage à : participer à la constitution du fonds d'établissement de la MC² ; approvisionner autant que possible son épargne, participer activement aux activités de la mutuelle ; rembourser les prêts contractés sous peine d'exclusion avec affichage de la décision sur les portes des sièges de toutes les MC² et sa publication dans les bulletins trimestriels de la communauté.

Chaque mutualiste a tous les avantages offerts par la MC², notamment :

- Le droit de placer son épargne et d'autres revenus ;

- Le droit d'obtenir des prêts et crédits nécessaires pour le financement de ses activités ;

- Le droit de vote ;

- Le droit de bénéficier de toutes autres prestations de services de la MC², y compris l'assistance offerte par Afriland First Bank.

Plus souples et plus proches de leur cible qu'une banque, les MC² ne sont pourtant pas ouvertes à tous. L'accessibilité reste problématique pour les plus pauvres, c'est la raison pour laquelle le projet crédit associatif de solidarité (PCAS) a été lancé dans quelques MC². Ce projet a deux objectifs :

- Premièrement, il permet aux plus défavorisés d'adhérer à un groupe et payer des frais d'adhésion collectifs. Ils peuvent ainsi bénéficier de tous les services financiers de la MC² de leur village.

- Deuxièmement, via un « programme croissance », les membres du groupe acquièrent progressivement leur affiliation individuelle, en apportant par exemple 1500 FCFA ou 2000 FCFA (environ 2€) par mois.

Après la présentation des mutuelles communautaires de croissance, nous exposerons dans la suite les autres acteurs de la synergie à savoir : Afriland First Bank et ADAF.

1.2 PRESENTATION D'AFRILAND FIRST BANK

Comme nous l'avons mentionné dans la première partie, Afriland First Bank est une banque commerciale, elle parraine le réseau des MC² au Cameroun. En son sein, une équipe est spécifiquement chargée des MC². Le rôle d'Afriland est diversifié : formation bancaire des agents, avance de fonds pour le développement d'une mutuelle, contrôle la gestion. Elle donne son assistance technique au réseau MC² et offre tous ses produits et services bancaires aux mutualistes des MC².

1.2.1 Forces et faiblesses d'Afriland First Bank

Comme toutes les banques camerounaises, Afriland First Bank connaît des difficultés parmi lesquelles :

- Les coûts de transaction élevés,

- La lourdeur des procédures,

- La mauvaise connaissance du marché,

- L'absence de garanties conventionnelles en milieu rural.

Malgré les difficultés que rencontrent les banques, Afriland présente différents atouts comme :

- La grande variété des services financiers,

- Un personnel relativement qualifié et spécialisé en techniques bancaires,

- Des normes de sécurité bien élaborées,

- Des infrastructures et des systèmes bien adaptés,

- Des possibilités plus importantes d'accès au financement.

Différence entre une MC² et une agence Afriland

MC²

AGENCE D'AFRILAND

Elle est dirigée par un secrétaire trésorier

Elle est dirigée par un chef d'agence

Elle est autonome

Elle est une extension d'Afriland first Bank

Elle est la propriété des mutualistes

Elle est la propriété des actionnaires

Le processus de décision est démocratique

(un homme = un vote)

Processus de décision n'est pas démocratique

(en fonction des parts )

Elle est parrainée par Afriland first Bank

Elle appartient à Afriland

Elle a un conseil de sage

Elle n'a pas de conseil de sage

Par la suite, nous continuerons avec la présentation de l'Organisation Non Gouvernementale ADAF. Nous montrerons les moyens qu'elle utilise pour venir en aide aux mutuelles communautaires de croissance.

1.3 PRESENTATION DE L'ORGANISATION NON GOUVERNEMENTAL ADAF

Appropriate Development For Africa Foundation (ADAF) est une organisation non gouvernementale qui est spécialisée dans le développement durable et la lutte contre la pauvreté. L'ONG camerounaise ADAF a été déléguée par Afriland First Bank afin d'apporter un appui institutionnel dans le domaine de sensibilisation de la population et un suivi aux mutuelles communautaires de croissance. ADAF assure la formation du personnel, la centralisation et le traitement informatique des données comptables, l'amélioration des procédures, et la recherche. ADAF recherche également des partenaires nationaux et internationaux. Des partenaires internationaux comme SOS FAIM, soutiennent financièrement les actions des MC². Par exemple, en 2001 SOS Faim a apporté 15 millions de CFA ( 22867€) pour le financement des microprojets.

ADAF a encouragé une collaboration entre les MC² et la société africaine d'assurance et de réassurance (SAAR). Le réseau des MC² a signé avec la compagnie SAAR assurances deux types de contrats :

- La "globale de banque" couvre un certain nombre de risques tels que l'incendie, le vol, les accidents du personnel, les transports de fonds, les détournements.

- L'assurance "groupe emprunteurs" couvre les montants dus (sauf les échéances non respectées) en cas de décès ou d'invalidité pour tous les clients ayant 60 ans au maximum au moment du crédit, pour un montant de 10 millions de CFA et pour une durée inférieure à 3 ans.

Dans cette relation, les mutuelles communautaires de croissance s'assurent contre les vols, les incendies, et des dommages divers. Elles améliorent également leurs perspectives de rentabilité en se protégeant mieux contre les risques d'impayés. Parallèlement, les clients des MC² s'assurent contre le décès et l'invalidité. Les membres des MC² ont ainsi l'opportunité d'accéder à des services formels d'assurance.

En plus des relations avec Afriland First Bank et ADAF et la SAAR, les MC² ont des rapports avec les institutions informelles telles que : les tontines.

La MC² est culturellement très proche de la tontine et des autres formes de finance informelle avec lesquelles elle se confond parfois. Elle réussit, mieux que les banques commerciales, à s'approprier de l'épargne des tontines pour l'intégrer au système formel. Des nombreuses MC² dont les promoteurs sont par ailleurs des membres de tontine ont ainsi mis en place des systèmes de bons au porteur permettant les cotisations directement aux guichets des micros banques. En général, les tontines sont une cible des MC² qui développent diverses stratégies pour les attirer, contrairement aux banques qui s'y intéressent surtout pour les combattre.

Dans ce chapitre, nous avons présenté les différents acteurs de l'alliance. Nous pouvons retenir que les mutuelles communautaires de croissance sont des microbanques créées et gérées par les membres d'une communauté dans le strict respect de leurs valeurs socioculturelles. Ces mutuelles reçoivent l'assistance technique d'une banque commerciale Afriland First Bank et l'appui institutionnel de l'ONG de développement ADAF (Appropriate Development for Africa Foundation). Elles proposent à la fois des services d'épargne, de crédit, de transferts d'argent et d'autres opérations bancaires. La majorité des crédits est orientée vers des activités productives(agriculture, élevage et commerce). Cependant, elles accordent également des crédits sociaux (rentrée scolaire, rénovation de l'habitat, etc.).

La garantie des prêts doit être suffisante pour éliminer le risque d'impayé et assurer une meilleure efficacité de la mutuelle.

Depuis 1992, ces mutuelles ne cessent de croître, faute de statistique récente, nous n'avons pas les chiffres de 2007.

Nous avons montré que les MC² tout comme Afriland First Bank ont une série de forces et de faiblesses. Dans le chapitre suivant, nous présenterons les différents avantages et les difficultés d'une telle alliance.

CHAPITRE II  INTERETS ET CONTRAINTES DU PARTENARIAT

Schéma récapitulatif de la synergie

ADAF : Développement des capacités institutionnelles


·Etude de faisabilité des MC²


·Sensibilisation des élites internes et externes


·Préparation des documents administratifs


·Formation des agents des MC²


·Promotion et assistance au développement du réseau MC²


·Intermédiation avec les bailleurs de fonds

AFRILAND FIRST BANK
·Auditeur et banque d'appui
·Refinancement des MC²


·Formation des agents MC² aux opérations bancaires


·Sécurisation des liquidités des MC²


·Transfert de fonds à l'échelle nationale et internationale

MC²

Populations concernées

Petites et micro entreprise


·Avec leurs coutumes


·Propriétaires et gestionnaires


·Bénéficiaires des services

SAAR

En plus des liens institutionnels, le modèle des MC² présente deux particularités importantes :

Il rassemble les populations rurales et urbaines issues d'une même communauté. La MC² apparaît donc comme un forum où les populations locales échangent et réfléchissent sur les questions liées au développement de la communauté.

Il fait le lien entre la tradition et la modernité, en intégrant les coutumes locales dans la gestion de la micro banque. Par exemple en donnant un rôle important au conseil des sages qui est composé des autorités traditionnelles, des religieux et des personnes connues pour leurs valeurs morales.

Dans la suite, nous exposerons d'abord les avantages qui peuvent ressortir de cette alliance. Ensuite nous présenterons les obstacles qui existent dans la construction d'une synergie entre le secteur de la microfinance et le secteur bancaire.

2. INTERÊTS DE L'ALLIANCE

En plus d'Afriland First Bank, et des mutuelles communautaires de croissance, plusieurs catégories d'agents sociaux ont des avantages dans la synergie.

2.1 INTERÊT DES AGENTS SOCIAUX

Cinq catégories d'agents sociaux sont particulièrement concernées par la synergie. Ce sont les populations locales, les élites extérieures, les autorités religieuses et traditionnelles, les sociétés de développement et les Organisations Non Gouvernementales.

2.1.1 Les populations locales

La synergie apporte aux populations locales les avantages suivants :

Sécurisation de l'épargne ;

Accès à des produits de crédits appropriés ;

Facilité de transaction financière avec la ville ;

Création d'emplois ;

Contribution à l'organisation de la production ;

La transformation et la commercialisation de la production agricole ;

Transfert de technologie ;

Ouverture sur le reste du monde(transfert d'argent, un bulletin d'information : "le Défi des Pauvres", etc.)

Exemple du tableau de flux monétaires annuels d'un agriculteur

en milliers de francs

Sans crédit

Entrés

Sans crédit

sorties

Avec crédit

Entrés

Avec crédit

Sorties

Solde initial

5

0

5

0

Agriculture

Engrais, etc.

690

455

840

530

Investissement

0

0

0

40

Consommation

 

240

 

250

Endettement

Principal

intérêts

0

0

100

100

20

Solde final

695

695

945

945

D'après ce tableau, nous constatons que grâce au prêt de 100.000FCFA, l'agriculteur peut acheter plus d'engrais pour l'agriculture. Le supplément de récolte qu'il a obtenu lui permet d'améliorer la consommation familiale (nourriture, vêtement, école, etc.) de 10.000FCFA et aussi de financer le renouvellement de la plantation d'un montant de 40.000FCFA.

L'agriculteur sans le crédit n'aurait pas pu améliorer sa consommation familiale. Il ne pouvait pas non plus renouveler sa plantation.

Par la suite, nous montrerons les intérêts des autres agents sociaux ( les élites extérieures, les autorités traditionnelles et religieuses, les sociétés de développement, les Organisations Non Gouvernementales.).

2.1.2 Les élites extérieures

Grâce à la synergie, les élites extérieures peuvent participer au développement de leur communauté ( investissement dans le village), réaliser les transferts de fonds vers les campagnes, et freiner l'exode rural.

2.1.3 Les autorités religieuses

La mise en place d'une MC² est vue comme un instrument pouvant participer à la lutte contre la pauvreté. Elle joue également un rôle dans le regroupement de la population locale et encourage des valeurs morales telles que : l'entraide, l'amour du prochain, la solidarité, etc.

2.1.4 Les sociétés de développement

La mise en relation permet aux sociétés de développement52(*)  :

De baisser leurs coûts lorsque la gestion de la paie est transférée à la MC²;

De sécuriser les mouvements des fonds;

De diminuer significativement le taux de créances douteuses ;

D'augmenter la productivité des employés et leurs niveaux de vie ;

D'améliorer l'image de leur société dans la communauté.

2.1.5 Les Organisations Non Gouvernementales

Les ONG comme ADAF améliorent leurs images sur le plan international grâce aux résultats positifs obtenus sur le terrain à travers les mutuelles communautaires de croissance. Par le biais des MC², les ONG atteignent facilement les populations.

Après avoir montré les intérêts des différents agents sociaux, nous présenterons les avantages d'Afriland First Bank dans la promotion des Mutuelles communautaires de croissance.

2.2 INTERÊTS D'AFRILAND FIRST BANK DANS LA PROMOTION DES MC²

Les intérêts d'Afriland First Bank dans la promotion des MC² peuvent être vus sur deux longueurs( court et long terme).

· A court terme

Les MC² sont une source d'informations indispensables permettant à Afriland First Bank d'améliorer son portefeuille. Elles permettent également à Afriland de rehausser son image de marque auprès des institutions nationales et internationales.

· A Long terme

La logique de fonctionnement des MC² déclenchera le processus de développement du pays, ce qui entraînera aussi la croissance d'Afriland.

Afriland vise donc dans un premier temps à élargir son portefeuille de crédit auprès d'une catégorie de population qui n'a pas accès à ses services classiques pour des raisons telles que : l'éloignement géographique et culturel, l'absence de garantie des emprunteurs, les volumes d'activités économiques faibles. Dans un second temps, la banque espère amener cette clientèle à accéder aux normes et aux pratiques des services bancaires classiques.

Après avoir exposé les intérêts d'Afriland First Bank, nous monterons les avantages des MC² dans cette synergie.

2.3 INTERÊTS DES MC²

Grâce à la synergie, les mutuelles communautaires de croissance bénéficient : de la formation de leurs personnels ; du contrôle et du suivi de leurs gestions ; de l'accès au refinancement. L'alliance permet également aux MC² d'offrir des crédits à un coût raisonnable ; de placer leurs excédents d'épargne et de trésorerie auprès d'Afriland First Bank qui en garantit la sécurisation et la rémunération.  Par le biais de l'alliance, les MC² améliorent leur crédibilité au sein du secteur financier.

Avec le soutien de l'ONG ADAF et d'AFRILAND, Les Mutuelles communautaires deviennent des véritables instruments de développement communautaires. L'exemple ci dessous qui montre comment une association de vingt-quatre (24) femmes rurales est devenue une association d'opératrices économiques dans le village de BANKA illustre ce propos.

Exemple de développement communautaire soutenu par la MC² de BANKA

Convaincue par le vieil adage bamiléké53(*)qui dit qu'une seule main ne peut ficeler un colis, une association de femmes a adhéré en janvier 2004 à la MC2 BANKA. Pour ce faire chaque membre a apporté une somme de 521F soit un total de 12.504F. Ensuite, en cotisant chacune 315F, l'association a ouvert un compte d'épargne. Pour approvisionner leur compte d'épargne elles ont décidé de placer 100F chacune chaque semaine (un total de 2.400F).

En juin 2004, elles ont sollicité un crédit de 200.000F d'une durée maximale d'un an, pour créer un champ de cultures maraîchères (piments, tomates, gingembres, maïs) très sollicitées sur le marché. Suite à l'étude de leur projet, et une descente sur le terrain, une enquête de moralité a été menée auprès du chef du quartier et de leurs voisins. Un avis favorable a alors été accordé à leur demande. Un technicien agricole et un gestionnaire ont entretenu ce groupe pour mieux les former et leur donner quelques notions de gestion.

Après cette formation, le crédit a été octroyé à l'association. La mise en place des cultures a été suivie de près par un ingénieur agronome et un agent de la MC2 BANKA.

Grâce à la MC2 Banka qui a établi un partenariat avec les mutualistes du secteur petit commerce, les premières récoltes ont été facilement écoulées. Cette première vente de récolte a rapporté 420.000F. cette somme a été déposée dans le compte de l'association et le crédit fût remboursé. Le bénéfice dégagé de cette première vente de récolte était de 220.000F.

En janvier 2005, l'association a demandé un second crédit plus substantiel de 400.000F, et a augmenté sa part sociale à 40.000F. Fin mai 2005, la deuxième récolte a eu lieu et les cultures ont été écoulées, la vente a rapporté 890.000F. Le bénéfice rapporté par la deuxième vente est de 490.000F. l'association a donc dégagé un bénéfice total de 710.000F au bout des deux ventes. Notons que les cotisations hebdomadaires du groupe ont permis de payer les intérêts de 8%. Les bénéfices de l'association ont augmenté, si bien que les cotisations hebdomadaires sont passées de 100F à 2000F soit un total de 48000F par semaine.

L'association a même diversifié ses cultures, en créant une bananeraie et un champ d'ananas. Chacune des 24 femmes est devenue mutualiste et a son propre compte. Les besoins essentiels de chacune d'elles sont résolus, leur mode de vie a changé. A ce jour elles ont créé des emplois pour les jeunes et les filles mères désoeuvrées. L'essor de ce groupe a influencé la création de nombreux autres groupes d'activités chez les hommes et chez les jeunes faisant la fierté du village BANKA. 

 Nous remarquons que grâce à la MC2 de Banka, l'association s'est développée et chacune des femmes a amélioré son niveau de vie. Cela n'aurait pas été possible si la mutuelle ne leur offrait pas la possibilité de payer des frais d'adhésion communautaire de 12.504FCFA, montant dont aucune d'elle ne pouvait disposer individuellement. La réussite de ce groupe a permis la création d'emplois et le développement de la communauté Banka.

Pour les autorités religieuses et traditionnelles, l'essor de ce groupe de femme est un bon exemple d'union qui fait la force. Comme le village se développe, les jeunes n'iront plus dans les villes, l'exode rural va donc diminuer. Le résultat positif obtenu par la MC² de Banka améliore la notoriété de l'ONG ADAF, car ce sont ses membres( technicien agricole et gestionnaire) qui formaient le groupe de femmes.

Concernant Afriland First Bank, le partenariat avec la MC² de Banka lui permet de mieux remplir sa mission de financement du monde rural et d'accroitre son image de marque.

Face à tous les intérêts que nous avons présentés pour le développement de partenariats entre la microfinance et le secteur bancaire, les contraintes restent très fortes et de natures différentes.

Dans la suite, nous montrerons les différentes contraintes rencontrées pour la mise en place d'une synergie entre le secteur bancaire et celui de la microfinance.

2.4 CONTRAINTES AU PARTENARIAT ENTRE LES IMF ET LES BANQUES54(*)

Les obstacles qui existent dans la réalisation de la synergie entre les IMF et les banques sont : la fragilité des deux types d'institutions financières, la difficulté d'adapter les produits des banques aux besoins des IMF, les problèmes d'harmonisation des outils de gestion, le coût élevé des services financiers des banques, et enfin le rapport de force inégal.

Ici, nous essayerons de développer les différentes contraintes.

2.4.1 La fragilité des IMF et des banques

L'intérêt des banques pour les IMF est conditionné par la solidité, le professionnalisme de ces dernières et par leur capacité à toucher des catégories de populations solvables. De plus, même si le secteur de la microfinance s'est fortement développé, il n'en reste pas moins un secteur particulièrement fragile. Peu d'IMF ont aujourd'hui atteint une pleine viabilité financière, institutionnelle et sociale. Dans les MC², nous notons par exemple, quelques cas de querelles de leadership, l'informatisation lente du réseau du fait des coûts élevés, et l'insuffisance des infrastructures de communication en zone rurale. Nous remarquons également qu'une relation durable de refinancement des MC² dépend des résultats de gestion, des résultats financiers que les mutuelles communautaires de croissance présentent régulièrement à Afriland First Bank.

Tous ces facteurs limitent la capacité des banques à s'insérer dans le secteur de la microfinance et à y développer les relations de confiance nécessaires au développement de partenariats.

2.4.2 La difficulté d'adapter les produits des banques aux besoins des IMF

Les IMF réussissent leur implantation en milieu rural, car elles arrivent à répondre de manière fine aux besoins des populations en adaptant leurs produits et leurs services aux contraintes locales (montant de crédit, date d'octroi, échéancier de remboursement, etc.). L'offre des banques obéit à d'autres règles : standardisation des produits, centralisation des décisions, etc. Il peut en résulter un décalage entre les besoins de l'IMF et l'offre de la banque, pouvant aboutir à des dysfonctionnements importants. Par exemple, le remboursement de crédit à la banque peut correspondre avec une période où les emprunteurs ont une très faible capacité de remboursement. La capacité de négociation de l'IMF et sa crédibilité auprès de la banque sont des éléments déterminants pour lever ce type de contrainte.

Dans le cas de la synergie entre les Mutuelles communautaires de croissance, Afriland et ADAF, nous n'avons pas rencontré ce problème, car dans le conseil d'administration des MC² nous remarquons la présence d'un agent d'Afriland qui conseille les autres membres sur les décisions à prendre.

2.4.3 Problèmes d'outils de gestions

Les performances des outils de gestion des IMF sont très inégales. Les grands réseaux comme les mutuelles communautaires de croissance bénéficient des systèmes de gestion, de contrôle et d'audits professionnels. Mais, les petites IMF souffrent d'un manque d'outils de gestion adaptés. La faiblesse des instruments de gestion des IMF représente une limite pour le transfert des méthodes et outils du secteur bancaire vers les IMF, et peut également empêcher le dialogue et la construction de confiance entre les deux secteurs.

2.4.5 Le coût du service financier des banques

Le coût du crédit des IMF qui ont pour objectif de se pérenniser résulte de la combinaison du coût des ressources, du coût de transaction et du coût du risque. Il est en général élevé et peut être un obstacle important au développement du partenariat de refinancement. Face à un refinancement bancaire coûteux, si d'autres opportunités de ressources existent, l'IMF sera tentée de les valoriser ou de les créer. Par exemple, les mutuelles communautaires de croissance privilégient la capitalisation sur les élites internes et externes qui apportent l'essentiel des ressources et leur savoir à l'origine des innovations.

2.4.6 Un rapport de force inégal

Le rapport de force reste inégal entre les deux types d'institutions. Les banques ont une assise financière, institutionnelle, culturelle que les IMF n'ont pas encore. La capacité de négociation des IMF est limitée par : leur faible poids sectoriel, le manque de formation et de pratique de leur personnel, et leur absence de familiarité avec les standards bancaires.

L'inégalité du rapport de force se traduit de multiples façons : faible gains des IMF dans la négociation sur les taux d'intérêt des crédits, risques très limités pris par la banque, priorité de la banque dans la récupération des impayés, etc.

Pour éviter ce problème, les mutuelles communautaires de croissance ne négocient par les conditions de manière individuelle, mais c'est l'ensemble du réseau des MC² qui intervient dans les discussions avec la banque d'appui Afriland First Bank.

Après avoir exposé les différents obstacles qui peuvent exister dans la construction d'une synergie entre les IMF et les banques, nous essayerons de donner les moyens pour améliorer le partenariat entre les deux secteurs.

2.5 QUELQUES MOYENS POUR AMELIORER LE PARTENARIAT

Afin d'encourager le partenariat entre les institutions de microfinance et les Banques, nous pensons que l'Etat doit :

· Renforcer la capacité de contrôle des autorités de tutelle du secteur de la microfinance de manière à rassurer les banques sur les informations financières produites par les IMF.

· Mettre en place les méthodes telles que : les cadres de concertation, les séminaires, les formations communes ou croisées pour favoriser la connaissance des deux secteurs. Grâce au dialogue, les complémentarités des deux secteurs et les besoins des IMF pourront être identifiés. Il sera donc plus facile de créer les produits et services financiers adéquats.

· Construire des mesures d'accompagnement plus volontaristes comme c'est le cas entre Afriland et les mutuelles communautaires de croissance. En effet, du côté d'Afriland, la participation et la présence au conseil d'administration est un moyen intéressant d'évaluer les résultats des mutuelles communautaires de croissance que ce soit sur le plan financier ou sur le plan de la qualité des responsables. Du côté des MC², la banque constituent une source de conseils et d'informations non négligeables.

· Soutenir tous les éléments qui contribueront à améliorer la position de la microfinance dans le rapport de force : autonomie, renforcement de la professionnalisation des IMF.

· Mettre en place des systèmes de récompenses pour dynamiser le secteur de la microfinance.

Dans ce chapitre, nous avons exposé les intérêts du partenariat entre Afriland First Bank, Les mutuelles communautaires de croissance et l'ONG ADAF. Nous retiendrons que dans cette alliance, en plus des avantages que bénéficient les MC² et Afriland First Bank, différentes catégories d'agents sociaux sont particulièrement touchées par la synergie. Ce sont les populations locales, les élites extérieures, les autorités religieuses et traditionnelles, les sociétés de développement et les Organisations Non Gouvernementales.

À côté de tous les intérêts qui ont été présentés pour le développement de partenariats entre la microfinance et le secteur bancaire, nous avons montré les différentes contraintes rencontrées pour la mise en place d'un partenariat entre le secteur bancaire et celui de la microfinance. Ensuite, nous avons essayé de donner les moyens que l'Etat pourrait mettre en place pour améliorer le partenariat entre les deux secteurs.

CONCLUSION

Dans cette partie, nous avons montré le partenariat existant entre la MC², l'ONG ADAF et l'Afriland First Bank. Dans le premier chapitre, nous avons d'abord présenté les différents acteurs de l'alliance, nous retiendrons que les mutuelles communautaires de croissance reçoivent l'assistance technique d'une banque commerciale Afriland First Bank et l'appui institutionnel de l'ONG de développement ADAF (Appropriate Development for Africa Foundation). Ces mutuelles proposent à la fois des services d'épargne, de crédit, de transferts d'argent et d'autres opérations bancaires. Nous avons constaté que les MC² tout comme Afriland First Bank ont une série de contraintes et d'atouts.

Dans le second chapitre, nous avons exposé les intérêts du partenariat. En effet, dans cette alliance, les populations locales, les élites extérieures, les autorités religieuses(traditionnelles), et les sociétés de développement bénéficient de plusieurs avantages. Ensuite, nous avons montré les différentes contraintes rencontrées pour la mise en place d'un partenariat entre le secteur bancaire et celui de la microfinance. Nous avons également essayé de donner les moyens que l'Etat pourrait mettre en place pour améliorer le partenariat entre les deux secteurs.

Nous dirons que le partenariat avec les IMF est une alternative crédible pour les banques. Les IMF prendront le relais des institutions informelles qui assurent parfois de manière peu fiable un rôle d'intermédiation de crédit. Cette stratégie permettra d'offrir les services financiers formels à une grande partie de la population. Mais la synergie présentera les atouts tant que les relations entre les IMF et les banques resteront de type « gagnant-gagnant ». En effet la banque doit avoir une volonté d'oeuvrer au développement des secteurs marginalisés du pays.

En somme, les banques et les institutions de microfinance sont toutes deux complémentaires, elles doivent cesser de s'ignorer, mais au contraire mettre en place des stratégies pour travailler ensemble.

CONCLUSION GENERALE

Nous avons présenté le système bancaire camerounais et l'état des lieux de la microfinance au Cameroun. Notre objectif était de choisir le mode d'intermédiation financière adéquat entre le secteur bancaire et la microfinance pour l'économie camerounaise. Pour ce faire, nous avons d'abord analysé le secteur bancaire, ensuite celui de la microfinance. Nous avons identifié les atouts et les problèmes de chaque secteur et nous avons proposé des solutions pour une plus grande efficacité. Mais nous avons été confrontés à certains problèmes comme le manque de statistiques récentes.

Suite à notre analyse, nous remarquons que les banques camerounaises ne jouent pas véritablement leur rôle d'acteur financier car elles interviennent faiblement dans le financement des activités. Nous notons un rôle fondamental de la finance informelle qui reste l'instrument de développement le plus utilisé, cependant elle présente des limites puisque les fonds mobilisés ne permettent pas le financement d'activités économiques importantes. Toutefois, nous nous demandons pourquoi le gouvernement ne peut pas moderniser la finance informelle à grande échelle, car il s'agit d'un exemple d'union qui fait la force, d'un moyen d'unité national. À côté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social. Elle apparaît comme l'instrument approprié pour résorber la fracture sociale qui caractérise l'économie. Malgré cela, elle ne peut pas totalement remplacer la banque.

Nous pensons qu'en fonction du secteur sélectionné, l'accès au service financier ne sera efficace que dans le cadre d'un environnement sain. Nous dirons que la banque et la microfinance sont toutes deux nécessaires et indispensables au bon déroulement de l'activité économique au Cameroun. Toutefois, elles ne pourront jouer efficacement leur rôle d'acteurs financiers que dans le cadre d'une étroite intégration des objectifs et des moyens. C'est pourquoi nous avons exposé la synergie entre les mutuelles communautaires de croissance, Afriland First Bank et ADAF. Malgré le fait que la mise en place d'une alliance entre une banque et une IMF présente quelques obstacles, plusieurs avantages ressortent de cette association.

En définitive, il est impossible de choisir entre les banques et les institutions de microfinance car les deux ont des activités complémentaires. L'idéal serait d'encourager la mise en place des stratégies pour que les deux secteurs travaillent ensemble.

ANNEXES

Annexe I Situation du système bancaire au 31 décembre 2005

Annexe II Exemple de statuts d'une tontine

Annexe III Formulaire de reconnaissance de dette

Annexe IV Déclaration de la politique nationale de microfinance

Annexe V  Dexia micro fund

Annexe VI Questionnaire soumis aux banques, IMF et ONG camerounaises

Annexe I : Le système bancaire camerounais au 31 mars 2005

Annexe II Exemple de statuts d'une tontine

Annexe III   Formulaire de reconnaissance de dette

Annexe IV : Déclaration de la politique nationale de microfinance

Annexe V Dexia microcredit Fund

GENERAL INFORMATION

Fund Name

Dexia Microcredit Fund

Inception year

1998

Legal status

SICAV-Part B

Country of incorporation :

Luxembourg

Fund objectives / Philosophy

Dexia Micro-Credit Fund represents a new class of assets that combines a dimension of considerable social impact with an attractive risk/return profile. Investors in the fund (retail banking customers, large investors, funds of funds) are attuned to the concept of socially responsible investment and cooperation between the North and South hemispheres. The first commercial investment fund designed to refinance microfinance institutions specialized in financial services to small companies in emerging markets.

- Purely commercial
- No concessionary lending
- Progressive involvement with MFIs
- Long-term commitment
- Win-Win relation in partnership

CONTACT INFORMATION

Address :

32, Rue Malatrex
Genève
1201
Switzerland

Phone :

41 22 339 0890

Fax :

41 22 339 0891

Email :

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Website address :

www.blueorchard.ch

OTHER AFFILIATION

Organization/Company

 

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BlueOrchard Finance S.A. - Fund Manager

 

32, Rue Malatrex
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1201
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(P) 41 22 339 0890
(F) 41 22 339 0891
(E)  info@blueorchard.ch
(W)  www.blueorchard.ch

 
 

FUND DESCRIPTION

Type of Fund

· Private Investor

· Public Investor

· SICAV: Société d'Investissement à Capital Variable

Type of Instruments

· Loans and Debt Securities

· Guarantees

Eligible Partners

· Bank

· Non Bank financial institution

· Rural Bank

· Cooperative/Credit Union

· Non profit (NGO)

Region(s) of Investment

· World

Fund Assets

USD 161,837,903 ( as of 2007-02-06)

Fund Assets allocated to MF Investments

USD 107,994,790 ( as of 2007-02-06)

Fund Assets invested in or committed to MF Investments, but not yet disbursed

n/a ( as of 2007-02-06)

Number of Active MF Investments

105 ( as of 2007-02-06)

New Funds allocated to MF Investments projected in the next 12 months

USD 20,000,000 ( as of 2007-02-06)

Countries with MF Investments

El Salvador, Equatorial Guinea, Eritrea, Estonia, Ethiopia, Falkland Islands (Islas Malvinas), Faroe Islands, Fiji Islands, Finland, France, French Guiana, French Polynesia, French Southern Territories, Gabon, Gambia, The, Georgia, Germany, Ghana, Gibraltar, Greece, Greenland, Grenada, Guadeloupe, Guam, Guatemala, Guinea, Guinea-Bissau, Guyana, Haiti, Heard and McDonald Islands, Honduras, Hong Kong S.A.R., Hungary, Iceland, India, Indonesia, Iran, Iraq, Ireland, Israel, Italy, Jamaica, Japan, Jordan, Kazakhstan, Kenya, Kiribati, Korea, Korea, North, Kosovo, Kuwait, Kyrgyzstan, Laos, Latvia, Lebanon, Lesotho, Liberia, Libya, Liechtenstein, Lithuania, Luxembourg, Macau S.A.R.

Other countries / regions of interest

All

Annexe VI : Questionnaires soumis aux ONG, Banques, et IMF

Questions concernant les ONG

1. Quels rôles jouez-vous dans le développement des institutions de micro finance? (aides, conseils etc.)

2. Quels sont vos principaux objectifs ?

3. comment financez-vous ses institutions?

4. Quels types de risques rencontrez-vous ? Comment faîtes vous face au risques?

5. quels types de projets financés vous?

6. visez-vous toutes les cibles (hommes, femmes, PME etc.)

7. En Quoi ces institutions de micro finance sont -elles attractives au ONG ?

8. Avez-vous recours à l'aide internationale afin de financer ses institutions ?

(Citez-les)

9. Comment entrez-vous en contact avec ces institutions de micro finance ? (Ce sont les IMF qui viennent vous voir ou vice versa).

10. Que pensez-vous d'une collaboration entre les IMF et les banques commerciales ?

Question concernant les banques

1. Quel est le rôle de la banque ?

2. Quel est le rôle du banquier ?

3. Comment fonctionnent les banques au Cameroun ?

4. Quelles sont les différents instruments de crédits qui existent au Cameroun ?

5. quelles sont les conditions d'octroi de crédit ?

6 Quelles sont les types de comptes ?

7 quelles sont les conditions d'ouverture d'un compte bancaire au Cameroun ?

7 Existe-t-il une loi sur la profession bancaire au Cameroun ? Pouvez vous l'expliquer ?

8 Quelles sont les organes chargés de l'application de cette loi ?

9 comment fonctionnent les opérations en espèces (virement, retrait, etc.)

10 Quels types de cartes bancaires existent-ils au Cameroun ?

11 Quels sont les avantages des cartes bancaires ?

12 Comment gérez-vous les crédits ?

13 Quelles sont les types de banques qui existent ?

14 Que pensez-vous des institutions de Micro finance au Cameroun ?

15 Pouvez vous me parler de la cotation Sysco ?

Questions concernant les IMF

 

 

1.     qu'est ce que la micro finance ?

 

2.      Connaissez-vous des institutions de micro finance présentes au Cameroun ?

 

3.     A partir de quelles années ont-elles été créées ?

 

4.     Pourquoi ont-elles été créées ?

 

5.     comment fonctionnent ses institutions de Micro finance ?

 

6.     Qui financent les institutions de micro finance ?

 

7.     Quelles sont les types de crédit octroyés ?

 

8.     comment font-elles face au risque ?

 

9.     Quelles sont les conditions d'octroi de crédit ?

 

10.  Pensez-vous que la Micro finance est un vecteur de développement pour le Cameroun ?

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages et articles

1) BOYE S., HADJENBERG J., POURSAT C. (2006), «Le guide de la microfinance», Paris, Editions d'organisations, P271

2) CREUSOT A. C. (2006), « L'état des lieux de la microfinance au Cameroun », BIM, n°9, PP1-5

3) DE COSTER T.(2000), « L'équation MC2 », Défis SUD, n°43, PP1-2

4) EZE EZE D. (2001), « La structure bancaire dans le processus de financement de l'économie camerounaise », Afrique et développement, 26(3,4), PP1-26

5) LABIE M. (1999),   La microfinance en questions, limites et choix organisationnels, Bruxelles, Editions Luc Pire

6) MEES M. (2001), « Les mutuelles communautaires de croissances Cameroun », Zoom microfinance, n°6, Luxembourg, PP1-8

7) MEES M. (2006), « Les mutuelles communautaires de croissances Cameroun », Zoom microfinance, n°19, Luxembourg, PP1-8

8) MBENA NGABA M.(2006), Gestion de la liquidité bancaire: une application au Cameroun, Cahier de recherche de l'université de Douala

9) TURUNC G. (1999) « développement du secteur financier et croissance : le cas des pays émergents méditerranéens », revue région et développement, n°10, PP 99-120.

10) Wanda R. (2007), Risque comportements bancaires et déterminants de la surliquidité, cahier de recherche du CRECCI, Bordeaux IV, IAE Université Montesquieu.

Autres références

11) Communication présentée au XXème journées ATM-CREDES Droit et Développent, Nancy 25-26-27 mai 2004.

12) HAMADOU O.B. (2006), l'expérience du Cameroun : cas de la First Bank/MC2/MUFFA, présentation

13) Joseph A. (2004), quels moyens mettre en oeuvre pour faciliter l'accès des entreprises au crédit bancaires : cas du Cameroun, document de travail.

14) BEUKAM V., Analyse critique de la banque assurance, mémoire de DESS en banque, monnaie et finance internationale, Yaoundé, Université de Yaoundé II

15) Doligez F & Gentil D(2002), Le Financement de l'agriculture, Paris, IRAM

16) Communication présentée au Forum professionnel de microfinance, articulation entre le secteur bancaire et microfinance, Cameroun, 16 mars 2005

17) MBOUBOUO NDAM (2004), Banque contre microfinance : les enjeux de l'intermédiation dans la zone CEMAC, mémoire de DESS en banque, monnaie et finance internationale, Yaoundé, Institut des Relations Internationales du Cameroun.

18) MIROUZE S., GATCHUESI V. (2005), mémoire de master professionnel économie sociale et solidaire, Lyon, Université Lumière Lyon II

19) Séminaire sur le financement du développement rural en Afrique, Addis Abeba, 02-06 décembre 2002

Site internet

19) Agence nationale pour l'emploi au mali, sommet mondial du microcrédit à Halifax, (page consultée le 23/04/2007), http://www.anpe-mali.org/news/sommet-mondial-du-micro-credit-a-halifax-canada

20) Banque des Etats de l'Afrique centrale, Réglementation de la microfinance, (page consultée le 11/10/2006), http://www.beac.int/cobac/Microfipre.htm

21)Banque des assurances solidaires dans le tiers monde, soutien des activités d'épargne et de crédit, page consultée le 20/02/2007, http://www.cera.be/brs/fr/projects/Africa.htm

22) CHENDJOU L. (2003),  Des banques pleines d'argent, (page consulté le 16/10/2006), http://www.wagne.net/messager/messager/2003/07/1531/finance.htm

23) Investir en zone Franc, le secteur bancaire (Cameroun), (page consultée le 11/10/2006), http:// www.izf.net/IZF/EE/pro/cameroun/5020_bank.asp

24) Investir en zone Franc, les banques et les établissements financiers, (page consultée le 20/04/2007), http: //www.izf.net/

25) Portail de microfinance, Cameroun données économiques, ( page consulté le 20/04/2007), http://www.lamicrofinance.org/resource_centers/profilcameroun/

26) Portail microfinance, Qu'est ce que la microfinance, (page consultée le 11/10/2006), http://www.lamicrofinance.org/section/faq#1

27) Radio France internationale, Economie et développement, (page consultée le 15/04/2007), http://www.rfi.fr/actufr/articles/083/article_47458.asp

* 1 Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale

* 2 Exemple : Turunç G. (1999) « développement du secteur financier et croissance : le cas des pays émergents méditerranéens », revue région et développement, Bordeaux IV, PP 99-120, n°10.

* 3 Le portail de microfinance, Cameroun données économiques, ( page consulté le 20/04/2007), http://www.lamicrofinance.org/resource_centers/profilcameroun/

* 4 HAMADOU O.B. (2006), l'expérience du Cameroun : cas de la First Bank/MC2/MUFFA, présentation

* 5 MADJI A, Point sur la restructuration bancaire en Afrique Centrale, Etudes publié par la COBAC, PP3-17

* 6 Les données de 1986-1989 sont des données moyennes

* 7 Franc CFA : est la devise officielle des six états membres de la communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale. Il fut créé en 1945 par l'État français, sous le nom de franc des Colonies françaises d'Afrique. En 1958, il prit le nom de franc de la Communauté française d'Afrique puis en 1960, le nom de franc de la Communauté Financière Africaine. Maintenant il s'agit du franc de la coopération financière d'Afrique centrale. Son code ISO est XAF.

* 8 Avoirs extérieurs bruts/ engagement à vue (doit être supérieures à 20%)

* 9 Le fonctionnement du compte d'opérations a été formalisé par des conventions entre les autorités françaises et les représentants des banques centrales de la Zone franc. Ils fonctionnent comme des comptes à vue ouverts auprès du Trésor français, sont rémunérés et peuvent, dans des circonstances exceptionnelles, devenir débiteurs. Toutefois, pour éviter que ces comptes ne présentent durablement un découvert, des mesures préventives sont prévues.

* 10 Créée en 1972, la Banque des Etats d'Afrique centrale couvre les six pays: Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad - Institut d'Emission supranational qui couvre l'ensemble de la sous-région

* 11 MBENA NGABA M.(2006), Gestion de la liquidité bancaire: une application au Cameroun, présentation, Université de Douala.

* 12 Banque des Etats de l'Afrique centrale, situation du système bancaire de la CEMAC au 31 mars 2005, (page consultée le 11/10/2006), http: //www.beac.int/cobac/sbcam310305.pdf

* 13 Investir en zone Franc, le secteur bancaire (Cameroun), (page consultée le 11/10/2006), http:// www.izf.net/IZF/EE/pro/cameroun/5020_bank.asp

* 14 Voir annexe I : Situation des banques en 2005.

* 15 CHENDJOU L. (2003),  Des banques pleines d'argent, (page consulté le 16/10/2006), http://www.wagne.net/messager/messager/2003/07/1531/finance.htm

* 16 Rober Wanda, docteur en gestion, chargée de cours à l'université de Yaoundé II(Cameroun)

* 17 Wanda R. (2007), Risque comportements bancaires et déterminants de la surliquidité, cahier de recherche du CRECCI, IAE Université Montesquieu, Bordeaux IV

* 18 La définition que nous adaptons ici est celle donnée par la COBAC.

* 19 Enquête par questionnaire

* 20 Joseph A. (1994), quels moyens mettre en oeuvre pour faciliter l'accès des entreprises au crédit bancaires : cas du Cameroun, document de travail.

* 21 BOYE S., HADJENBERG J., POURSAT C. (2006), «Le guide de la microfinance», Paris, Editions d'organisations, P271

Je me suis servie du schéma qui se trouvait dans le livre et je l'ai refais différemment.

* 22 Mbouobouo Ndam (2004), Banque contre microfinance : les enjeux de l'intermédiation dans la zone CEMAC, mémoire de DESS en banque, monnaie et finance internationale, Yaoundé, Institut des Relations Internationales du Cameroun.

* 23 BOYE S., HADJENBERG J., POURSAT C. (2006), «Le guide de la microfinance», Paris, Editions d'organisations, P50

* 24 Investir en zone franc, les banques et les établissements financiers, (page consultée le 20/04/2007), http://www.izf.net/

* 25 c'est la part du capital détenu

* 26 Le capital risque est une forme de financement qui consiste pour l'établissement financier à injecter des fonds dans une affaire en difficulté dont elle prend le contrôle. Lorsqu'elle aura redressé l'affaire, elle la revendra en réalisant une plus-value.

* 27 Agence nationale pour l'emploi au mali, sommet mondial du microcrédit à Halifax, (page consultée le 23/04/2007), http://www.anpe-mali.org/news/sommet-mondial-du-micro-credit-a-halifax-canada

* 28 BOYE S., HADJENBERG J., POURSAT C. (2006), «Le guide de la microfinance», Paris, Editions d'organisations, P271

* 29EZE EZE D. (2001), « La structure bancaire dans le processus de financement de l'économie camerounaise », Afrique et développement, 26(3,4), P23 (voir annexe)

* 30 LABIE M. (1999),  La microfinance en questions, limites et choix organisationnels, Bruxelles, Editions Luc Pire, P23

* 31 Portail microfinance, Qu'est ce que la microfinance, page consultée le 11/10/2006, http://www.lamicrofinance.org/section/faq#1

* 32 Banque des Etats de l'Afrique centrale, Réglementation de la microfinance, page consultée le 11/10/2006, http://www.beac.int/cobac/Microfipre.htm

* 33 Portail microfinance, Qu'est ce que la microfinance, page consultée le 11/10/2006, http://www.lamicrofinance.org/section/faq#1

* 34 Mbouobouo Ndam (2004), Banque contre microfinance : les enjeux de l'intermédiation dans la zone CEMAC, mémoire de DESS en banque, monnaie et finance internationale, Yaoundé, Institut des Relations Internationales du Cameroun.

* 35Radio France internationale, Economie et développement, (page consultée le 15/04/2007), http://www.rfi.fr/actufr/articles/083/article_47458.asp

* 36 Tontine : chacun cotise une somme fixe pendant une réunion qui a lieu chaque semaine ou chaque mois. Chacun reçoit à son tour, le total des cotisations de la réunion. Le tour est déterminé de deux façons selon les cas: par tirage au sort ou par mise aux enchères.

* 37 CREUSOT A. C. (2006), « L'état des lieux de la microfinance au Cameroun », BIM, n°9, PP1-5

* 38 Nous avons choisi de mettre microfinance informelle, plutôt que finance informelle.

* 39 Voir annexe II : Exemple de Statuts d'une tontine

* 40 Voir annexe III : Exemple de reconnaissance de dettes

* 41 Creusot A. C. (1999), « Finance informelle en milieu urbain au Cameroun » BIM n°36, P3

* 42 Voir annexe IV : déclaration de la politique nationale de microfinance

* 43 Les trois réseaux les plus importants sont : les caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées (CVECA), Cameroon Cooperative Union League (CAMCCUL), et MC2 (mutuelle communautaire de croissance).

* 44 CEMAC regroupe 6 pays : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la Centrafrique et le Tchad.

* 45 DE COSTER T.(2000), « L'équation MC2 », Défis SUD, n°43, PP1-2

* 46 Banque des assurances solidaires dans le tiers monde, soutien des activités d'épargne et de crédit, page consultée le 20/02/2007, http://www.cera.be/brs/fr/projects/Africa.htm

* 47 source : BRS

* 48 Organisations publiques ou privées dont l'objet est de soutenir le développement par le biais de la mise à disposition de dons (subventions) ou de prêts à taux inférieur à ceux du marché.

* 49 LABIE M. (1999), «  La microfinance en questions, limites et choix organisationnels », Bruxelles, Editions Luc Pire, P103

* 50 MEES M. (2001), les mutuelles communautaires de croissances Cameroun, Zoom microfinance, n°6, Luxembourg, PP1-8

* 51 Le terme élite au Cameroun désigne des personnes originaires d'une communauté rurale qui ont réussi en ville (hommes d'affaires, enseignant, banquiers, etc.), ces élites apportent souvent une part importante des ressources nécessaires dans le lancement de la mutuelle locale.

* 52 Ce sont des petites entreprises

* 53 Tribu de l'Ouest Cameroun

* 54 WAMPFLER B., BARON C. (2002), le financement de l'agriculture familiale dans le contexte de libéralisation, quelle contribution de la microfinance ?, séminaire international, Dakar






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