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Elaboration d'un projet de formation en FLE - Amélioration du dispositif pédagogique d'une école parisienne naissante

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par Claire Marchandeau
Université Paris 7 - Denis Diderot - Master 2 Professionnel Didactique du FLE 2009
  

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Claire MARC HANDEAU

Master 2 Professionnel - Didactique du F.L.E. Université Paris 7 - Denis Diderot

DÉMARCHE ET RÉFÉRENCES THÉORIQUES

Élaboration d'un projet de formation en F.L.E.

Amélioration du dispositif pédagogique

d'une école parisienne naissante

SOMMAIRE

I . Historique et démarche du projet p. 4

1. Origine du projet p. 4

2. Diagnostic de la situation et de la demande p. 5

2.1. Analyse de la demande concernant le nouveau dispositif pédagogique p. 5

2.2. Analyse de la demande concernant la formation au nouveau dispositif

pédagogique p. 7

2.3. Analyse de la contribution de la formation à la réussite du projet (système C.M.E.) p. 8

3. La faisabilité du projet et de la formation p. 10

3.1. L'analyse stratégique (selon Crozier) p. 10

3.2. L'étude de la faisabilité (selon Dennery) p. 11

3.3. Grille d'étude de la faisabilité p. 16

4. Création du nouveau dispositif pédagogique p. 17

4.1. Eléments à prendre en compte p. 17

4.2. Des besoins réels aux objectifs de formation p. 18

5. Tableau récapitulatif des objectifs du projet p. 20

6. Tableau des objectifs de formation p. 21

7. Scénario pédagogique p. 23

8. Evaluation de la formation p. 25

8.1. Evaluation de satisfaction p. 25

8.2. Evaluation pédagogique p. 26

II . Références théoriques pour la formation

p. 27

1. Choix du manuel

p. 27

1.1. Réflexion sur l'utilisation du manuel en classe

p. 27

1.2. Grille d'analyse de manuels

p. 29

2. L'évaluation

p. 34

2.1. Évaluations : formes, moments et acteurs

p. 34

2.2. Fonctions de l'évaluation selon le moment de l'apprentissage

p. 38

3. Choix des documents complémentaires

p. 40

 

3.1. Un choix pertinent du document déclencheur

p. 40

3.2. Exemple de fiche d'exploitation d'un document authentique

p. 43

3.3. Documents authentiques

p. 46

III . Concepts et outils d'ingénierie pour le projet

p. 48

1. L'analyse du projet de formation

p. 48

1.1. Le système C.M.E.

p. 48

1.2. L'analyse stratégique

p. 49

1.3. La faisabilité du projet

p. 50

2. Le dispositif proposé

p. 51

2.1. Le processus d'implication des stagiaires

p. 51

2.2. Le processus formatif

p. 52

2.3. Le processus d'évaluation de la formation et des capacités des stagiaires

p. 53

Conclusion p. 59

Bibliographie p. 62

I . Historique et démarche du projet

1. Origine du projet

Ce projet de formation concerne une école de français privée située dans le 11ème arrondissement de Paris, ayant ouvert ses portes en novembre 2008. Cette école accueille des étudiants étrangers (en majorité d'origine asiatique) et leur propose des cours de français général intensifs, à raison de 2 heures par jour (matin ou après-midi), 5 jours par semaine (du lundi au vendredi), ce qui représente un volume hebdomadaire de 10 heures.

S'agissant d'une école naissante, l'école propose 3 cours de 3 niveaux différents dénommés « débutant », « intermédiaire » et « avancé » pris en charge par 3 professeurs différents (dont moi-même) et accueillant chacun un maximum de 16 étudiants.

J'ai moi-même été recrutée dans cette école afin de prendre en charge le cours de niveau « intermédiaire » et d'améliorer la structure pédagogique de l'école. A ce sujet, il convient de préciser que concernant l'amélioration de la structure pédagogique, aucune demande spécifique n'avait été formulée par le directeur et que je serais donc moi-même l'instigateur de ce projet. Je me devais donc, dans ce cas, de suggérer aux parties dirigeantes de l'intérêt des actions envisagées pour leur institution, et d'en devenir le maître d'ouvrage. C'est donc à travers l'expérience d'enseignement dans cette école et les différents échanges avec les autres professeurs qu'ont émergé les besoins de cette école et les propositions d'amélioration de la structure pédagogique qui en découlaient.

Les différentes concertations avec le personnel enseignant de l'école nous ont amenées à constater plusieurs problèmes liés à la structure pédagogique quasi inexistante dans cette école et le manque de ressources pédagogiques à disposition des professeurs. Le personnel enseignant a fait part de ses difficultés de travail et d'organisation liées à l'absence d'un programme didactique prédéfini et d'objectifs à atteindre dans le temps, ainsi que par le manque de cohérence et d'articulation entre les 3 cours proposés. De plus, l'école ne disposait pas de ressources pédagogiques variées qui faciliteraient la préparation des cours pour les professeurs.

Très rapidement, il est donc apparu essentiel de concentrer le projet sur deux
points prioritaires : la mise en place d'un programme commun articulé entre les trois niveaux

et comportant des objectifs cohérents et limités dans le temps ainsi que la mise à disposition de ressources pédagogiques pour les professeurs. Plus précisément, il s'agissait tout d'abord de choisir un manuel commun aux trois niveaux de l'école, puis de définir des objectifs précis à partir du programme du manuel choisi, de limiter ces objectifs dans le temps, de programmer des évaluations régulières concernant ces objectifs, et enfin de mettre à disposition des professeurs plusieurs outils pédagogiques complémentaires.

Nous avons donc suggéré ces améliorations aux différentes parties enseignantes et dirigeantes de l'école à travers l'organisation de réunions communes et décidé de la mise en place de ce projet.

2. Diagnostic de la situation et de la demande

2.1. Analyse de la demande concernant le nouveau dispositif pédagogique

Le premier constat concernant l'analyse de la demande est qu'elle a, dès le début, comporté une dimension de « conseil », plus que de « commande » de la part du demandeur de ce projet.

En effet, pour différentes raisons (et notamment le fait que le demandeur de la formation n'est pas issu d'une formation enseignante et qu'il a donc en charge la partie « commerciale » de cette école), le projet de formation proposé ici ne correspond pas particulièrement à la demande de l'école, mais bien plus à une proposition faite par les enseignants de cette école et moi-même. On peut donc dire que le directeur fut « demandeur » d'une amélioration du système pédagogique de manière large mais que cette demande n'a jamais fait l'objet de besoins clairs et précis.

Il s'agissait donc, dans un premier temps, de procéder à une analyse de terrain précise, afin de prendre en compte le contexte, les acteurs concernés et leurs besoins, ainsi que les obstacles ou les freins liés à ce projet.

Cette démarche a donc relevé d'une dimension coopérative entre les enseignants de cette école et moi-même car bien que possédant quelques informations sur la façon dont les cours se déroulaient dans cette école (j'étais moi-même en charge d'une classe), il était clair que ces informations et impressions ne seraient pas suffisantes et nécessiteraient de travailler de façon coopérative avec les personnes concernées par ce projet.

Or, comme nous l'avons précisé auparavant, il s'est avéré que les enseignants de cette école étaient particulièrement demandeurs de l'adoption d'un dispositif pédagogique commun aux trois niveaux de l'école, souhaitaient travailler avec un manuel commun, planifier des évaluations communes et enfin avoir des outils complémentaires à leur disposition. C'est donc sur ces besoins évoqués par les professeurs que s'est faite l'analyse de la demande.

Cependant, l'enjeu était aussi de positionner le projet d'amélioration dans une stratégie de coopération correspondant également à des choix « managériaux » en concertation avec les acteurs intéressés (le directeur principalement). Il était important de considérer que nous (les enseignants) n'étions pas les seuls décideurs de l'action à mener, mais de se considérer mutuellement comme une ressource collaborant avec d'autres ressources.

Il était donc nécessaire de se souvenir que l'objectif stratégique était la satisfaction des étudiants et l'augmentation de leur fréquentation dans l'école.

En prenant en compte cette perspective, nous nous sommes retrouvés de fait au coeur des problématiques de la structure et au carrefour de différents domaines présentés ci-dessous et qui sont en définitive les 7 critères pris en compte dans l'analyse de la demande :

- la mission de l'école : enseignement du français aux publics non-francophones

- sa culture : se différencier des autres écoles par une approche culturelle variée et

pratique

- son histoire : école naissante, ouverte en novembre 2008

- ses modes de communication : pour l'instant, principalement le « bouche à oreille »

- les enseignants : de formation F.L.E., disposant de peu de temps pour la préparation de leurs cours, favorisant les pratiques d'enseignement traditionnelles

- les publics : d'origine asiatique à 99% et effectuant ou projetant d'effectuer des études en France

- les pratiques managériales : investir pour la satisfaction des étudiants, tendance à considérer l'étudiant comme un « client »

Après avoir pris en compte ces éléments dans l'analyse de la demande concernant le nouveau dispositif pédagogique lors de 3 réunions communes, nous avons pu nous entendre sur la création du nouveau dispositif et s'intéresser à la formation que nécessiterait ce nouveau dispositif.

2.2. Analyse de la demande concernant la formation au nouveau dispositif pédagogique

La question de la formation au nouveau dispositif pédagogique s'est posée en termes d'enjeux et d'attentes des bénéficiaires de la formation (les enseignants) vis à vis de cette formation. En effet, du point de vue du commanditaire (le directeur) la formation était essentielle mais n'était pas de son ressort, ou du moins, il considérait cette formation comme une suite logique au projet d'amélioration, sans imposer aucune exigence à son déroulement. Nous étions donc entièrement libre, de son point de vue, concernant sa mise en place et son déroulement. Il convient cependant de préciser que la formation en elle-même n'engagerait aucun investissement financier puisque les heures de formation ne seraient pas rémunérées ni pour les bénéficiaires, ni pour le formateur et que la réalisation de la formation en elle-même n'impliquait aucune dépense spécifique.

On peut en conclure que le directeur visait une forme de « paix sociale » à travers cette formation et que le nouveau dispositif en lui-même était l'élément prioritaire dans la réussite du projet tandis que la formation serait quant à elle un complément à ce projet, ou du moins « l'affaire » des enseignants et du formateur.

C'est donc auprès des deux enseignants titulaires dans cette école que nous avons recueilli les informations nécessaires à l'analyse de la demande de formation. Cette analyse vise à identifier les facteurs suivants :

- identifier et caractériser les activités professionnelles des enseignants et leurs évolutions : les deux enseignants travaillent dans deux écoles différentes, ils ont une expérience solide de l'enseignement du F.L.E. (10 et 3 ans), possèdent au minimum une maîtrise F.L.E., souhaitent obtenir un C.D.I. dans l'école où s'effectue le projet.

- mieux connaître leur situation de travail : ils enseignent 10 heures par semaine dans cette école et 10 heures dans une autre école, ils sont tous deux en C.D.D. d'un an dans cette école.

- identifier leurs contraintes et leurs problèmes : ils disposent de peu de temps pour préparer leurs cours, rencontrent des problèmes liés à la progression des cours inexistante, manquent de supports variés, n'évaluent pas leurs étudiants de manière régulière et structurée.

- comprendre leurs besoins concernant l'organisation pédagogique : ils souhaitent travailler avec un manuel commun aux trois niveaux qui leur apporteraient une

structure et une progression dans leur cours, pouvoir évaluer leurs étudiants de manière régulière et structurée, disposer de ressources complémentaires au manuel.

Pour ce faire, nous avons pu recueillir des informations à travers les réunions organisées et au cours desquelles ils nous ont fait part de leurs attentes concernant la formation au nouveau dispositif ; et nous utiliserons également le « questionnaire de préparation à la formation » présenté dans le cahier des charges.

Nous considérons que les éléments d'analyse présentés ci-dessus sont le reflet de la situation actuelle des enseignant et nous avons cherché à comprendre les attentes de ces mêmes enseignants au regard de leur perceptions du métier et des valeurs qui les sous-tendent afin de proposer un dispositif que nous espérons adapté aux contraintes et aux besoins d'évolution professionnelle de chacun.

2.3. Analyse de la contribution de la formation à la réussite du projet (système C.M.E.)

> Impact de la formation sur le développement des compétences

La formation proposée ne met pas l'accent sur les connaissances générales qu'un professeur de F.L.E. doit posséder pour enseigner. En effet, nous considérons que ces enseignants possédant au minimum une Maîtrise F.L.E., il serait inadéquat de leur proposer une formation qui vise à acquérir des savoirs théoriques. Au contraire, nous proposons à travers cette formation deux types de développement des compétences : d'une part des savoirs contextualisés liés à l'utilisation du manuel en classe, l'évaluation des 4 compétences en F.L.E. ou la variété des supports utilisés en classe dans le cadre du programme élaboré.

D'autre part, ce sont des compétences liées au savoir-faire que la formation propose de développer, notamment connaître le manuel utilisé, apprendre à appliquer le programme mis en place, savoir évaluer les étudiants sur les objectifs fixés ou encore savoir utiliser les ressources mises à disposition.

En résumé, il ne s'agit pas d'apprendre aux enseignants comment enseigner, mais de leur apprendre à utiliser et adapter les outils élaborés à travers ce projet d'amélioration dans le contexte spécifique, afin d'améliorer et de faciliter leur travail dans cette école.

> Impact de la formation sur le développement de la motivation

Les enseignants étant très demandeurs de cette formation, nous considérons qu'elle aura un impact fort sur leur motivation. En effet, un des enseignants nous a fait part de son sentiment « d'échec » lié au manque de repères et de cohérence dans l'organisation pédagogique actuelle et qui, selon lui, a des répercutions sur le déroulement de ses cours et donc sur la motivation des étudiants. La formation propose en partie de remédier à ce problème en établissant un programme clair et structuré et en apprenant à gérer ce programme, nous considérons donc qu'elle aura des effets positifs motivant sur le travail des enseignants et leur donnera une image plus « organisée » de leur travail.

D'autre part, la formation suggère aux enseignants une prise en charge de leurs difficultés et donc une valorisation de leur travail au sein de l'école. Dans cette perspective, nous nous attachons également à ce que la formation contribue à la satisfaction des enseignants vis à vis de cette formation et qu'elle réponde le mieux possible à leurs attentes.

> Impact de la formation sur l'évolution de l'environnement de travail

Cette formation est dès le départ l'occasion pour les enseignants de mettre en commun leurs impressions et leurs opinions sur leurs conditions de travail ; par ce biais, la formation contribue à renforcer les liens entre les enseignants ainsi que leur sentiment de cohésion au sein de l'école (à noter que les enseignants étant peu nombreux, la cohésion est d'autant plus facilitée).

D'autre part, la création d'outils nouveaux destinés aux enseignants contribue à améliorer les conditions de travail dans cette école et contribue à donner les clés d'une amélioration de leur travail et donc d'une implication plus forte au sein de l'institution en général.

En définitive, l'impact de la formation sur ces trois éléments contribue à améliorer le travail des enseignants et donc à augmenter la satisfaction des étudiants, voir leur fréquentation dans cette école.

3. La faisabilité du projet et de la formation

3.1. L'analyse stratégique (selon Crozier)

Avant de passer à la conception du projet d'amélioration, nous devons procéder à l'analyse stratégique du projet et de la formation. Cette analyse s'effectue en plusieurs étapes et permet de s'assurer d'un certains nombres de choses comme l'accord mutuel des acteurs du projet, l'adéquation de la formation avec l'organisation ou encore les moyens à investir pour ce projet.

Pour cela, nous prendrons en considération trois concepts primordiaux dans cette analyse : l'acteur, l'organisation et le pouvoir.

Lorsqu'on parle « d'acteur » on doit considérer qu'il s'agit de l'homme au travail et que cet homme est une personne autonome, rationnel et stratégique. En prenant en compte des caractéristiques, nous avons tenté de savoir si le projet proposé pouvait mettre d'accord tous les acteurs y étant impliqués.

En ce qui concerne son autonomie, nous considérons que bien que le travail de l'enseignant sera beaucoup plus guidé et délimité qu'auparavant, il conservera une grande part d'autonomie dans son choix des documents ou des thèmes à aborder ; le manuel ne sera pour lui qu'une trame à suivre autour de laquelle il pourra adapter sa manière d'enseigner.

La rationalité du projet apparaît évidente pour tous les acteurs de ce projet puisqu'elle implique une amélioration des conditions de travail et facilite le travail des enseignants.

Enfin, l'aspect stratégique demeure essentiel dans ce projet et apparaît dans l'aspect valorisant de ce projet pour l'école en général, l'amélioration du travail des enseignants et l'objectif d'augmentation des effectifs dans les classes.

Nous considérons que la notion d'acteur implique nécessairement la notion d'organisation qui évolue grâce aux acteurs présents. Le jeu des acteurs et donc le fonctionnement de l'organisation sont eux liés aux relations de pouvoir instituées et sont le fondement des rapports de travail.

Concernant cette école, les relations de pouvoir sont facilement détectables de par la petite taille de l'entreprise et il apparaît clair que le directeur est le seul à détenir à la fois le pouvoir financier (il contrôle entièrement les investissements de l'école) et le pouvoir opérationnel (il est le seul à décider de la mise en place du dispositif de formation). Cependant, comme nous

l'avons évoqué précédemment, le directeur n'exerce qu'un pouvoir décisionnel et laisse le contrôle de l'élaboration du projet aux acteurs qu'il considère comme plus compétents dans le domaine pédagogique.

3.2. L'étude de la faisabilité (selon Dennery)

A partir du modèle d'analyse stratégique proposé par Crozier, Dennery propose quant à lui un modèle d'étude de la faisabilité selon 5 étapes distinctes. Nous nous sommes donc servi de ce modèle en adaptant la démarche à notre projet étant donnée la taille réduite de l'organisme.

> Etape 1, 2, 4 et 5 : les acteurs concernés (relations, risques et opportunités de chacun, stratégies et coalitions possibles)

Dans ce projet, nous pouvons distinguer plusieurs types d'acteurs regroupés selon leur statut et leur rôle dans l'école et dans le projet.

Le commanditaire : il s'agit ici du directeur de l'école, il est décideur du projet et en a fait la commande. Il n'intervient pas du tout dans la conception du projet mais y apporte un oeil expert dans sa dimension « commerciale », décide de son bien-fondé et en finance les coûts. Le chef de projet : c'est de moi-même dont il s'agit ici, étant en charge de la réalisation du projet. A noter que j'exerce également la fonction d'initiateur (étant à l'origine du projet) et celle de formateur (réalisant moi-même la formation) pour des raisons évidentes de moindre taille de l'école. Aux yeux du commanditaire du projet (le directeur) je suis la personne experte dans le domaine pédagogique mais n'intervient en aucun cas dans les décisions financières et commerciales.

Les bénéficiaires : ce sont les enseignants de cette école et sont les utilisateurs finaux de la formation. Leur implication dans le projet est grande puisqu'ils sont à l'initiative de ce projet et ont contribué à lui donner naissance en explicitant leur attentes.

Les subordonnés : il s'agit ici du personnel d'accueil et d'orientation des étudiants. Ils sont également liés à ce projet puisqu'ils seront chargés, après une formation qui fera l'objet d'un projet différent, d'informer les étudiants du nouveau dispositif. De plus, ces personnes s'avèrent être les premiers à entrer en contact avec les étudiants, constituant ainsi la « vitrine » de l'école et donc du projet.

S'agissant d'une « petite » école, il a été facile d'évaluer les risques et les opportunités que pouvaient représenter ce projet pour chacun des acteurs.

Pour le commanditaire, ce projet présente l'opportunité d'améliorer la qualité d'enseignement dans son école et donc la satisfaction des étudiants. Bien évidemment, le risque pour le commanditaire est d'investir de l'argent dans un projet dont il ne connaît pas encore les effets ; cela nécessite donc de sa part une grande clairvoyance dans le budget consacré, mais également une confiance entière dans le responsable de projet, n'étant pas lui-même expert dans le domaine de la pédagogie, il doit se reposer sur un personnel qu'il juge compétent dans ce domaine et capable de mener ce projet à bien.

Pour les enseignants, ce projet constitue de leur avis une grande opportunité dans l'amélioration de leurs conditions de travail, ils y sont donc très favorables et contribuent à sa réussite.

D'une manière générale, s'agissant d'une école naissante, le projet ne peut que contribuer à améliorer la structure dans son ensemble et étant donné le peu de moyens financiers qu'elle engage, elle comporte peu de risques pour le commanditaire.

Les ressources de pouvoir dans l'école sont peu nombreuses et reposent entièrement sur une personne : le directeur. Cependant, comme nous l'avons dit précédemment, le fait que cette personne ne soit pas experte dans le domaine pédagogique représente pour nous une grande liberté d'action, à condition de savoir convaincre du bien-fondé du projet et de sa rentabilité future. Pour cela, nous avons pu bénéficier de l'appui des autres enseignants, qui, lors des réunions ont su soutenir nos propositions et convaincre le directeur de tel ou tel aspect du projet.

Pourtant, cette relation coopérative « d'égal à égal » entre les enseignants et moi-même n'a pas toujours été évidente. En effet, étant moi-même enseignante dans cette école, et de surcroît plus jeune et donc moins expérimentée que les autres professeurs, il m'a été difficile, au début de ce projet d'imposer mes idées et ma responsabilité dans ce projet. Il a donc fallu progressivement faire admettre aux autres enseignants que je ne m'opposait pas à leurs idées et que j'avais même grand besoin de leur contribution, mais que la réalisation du projet et la formation étaient de ma responsabilité.

En définitive, l'intérêt de l'étude des relations entretenues par les différents acteurs de ce
projet réside dans le fait de comprendre ce que chacun d'entre eux a à gagner ou à perdre dans
ce projet et de faire en sorte que chacun soit satisfait du résultat obtenu. Ceci présente

quelques difficultés quant à savoir qui pourra nous aider dans ce projet sans pour autant empiéter sur notre « terrain » ou faire barrage à certains aspects du projet ; un travail qui se révèle hautement diplomatique dans certains cas...

> Etape 3 : Les zones d'incertitude (personnes et éléments déterminants)

Dans un projet de formation, les zones d'incertitude peuvent être liées à différents aspects ; dans ce cas précis, nous elles ont porté sur les aspects suivants :

- La maîtrise du budget : il est évident que celui qui détient le budget détient aussi les moyens de réalisation du projet. Dans notre cas, nous estimons que la réalisation du projet ne nécessitera pas un budget « colossal » et que les moyens nécessaires pourront être ms en oeuvre à condition qu'ils soient justifiés et cohérents.

- La maîtrise du contenu de la formation : comme nous l'avons évoqué précédemment, le contenu de la formation a été un point délicat dans la réalisation du projet. Nous savons que de la qualité du contenu dépend en grande partie le résultat de la formation ; cependant, les bénéficiaires étant plutôt expérimentés et hautement diplômés, il s'agit de proposer un contenu de formation adapté à leurs besoins et suffisamment « léger » théoriquement parlant, afin qu'ils ne se sentent pas « dévalorisés ».

- La maîtrise de la disponibilité et du choix des stagiaires : nous l'avons dit, les bénéficiaires de la formation sont employés dans d'autres écoles et ont un emploi du temps très « serré » et n'ont pas une disponibilité physique et mentale très large. La difficulté réside dans le fait de pouvoir les convaincre de l'utilité de la formation et de les impliquer au maximum dans le projet pour qu'ils se sentent concernés. En revanche, concernant le choix des stagiaires, il y a peu d'incertitude possible étant donnée la taille réduite de l'école et la demande forte des enseignants concernant cette formation.

- La maîtrise du transfert pédagogique : il s'agit ici de prévoir comment le stagiaire pourra appliquer en classe ce qu'il a appris pendant la formation. Il semble que la maîtrise de cet aspect dépende de la capacité du formateur à « convaincre » les stagiaires de l'utilité du projet et de sa pérennité dans le temps. Le stagiaire lui-même intervient également dans ce processus à travers sa capacité à appliquer durablement et efficacement ce transfert, à condition qu'on lui en donne la possibilité.

- La maîtrise de l'information sur le projet de formation : il est important que la formation soit en phase avec les attentes des acteurs du projet et nos devrons pour cela impliquer à la fois le commanditaire et les bénéficiaires dans le projet afin qu'ils soient clairement informés du dispositif proposé et qu'il ait les effets escomptés lors de la formation.

- La maîtrise de l'ingénierie de formation et ingénierie pédagogique : bien sûr, la maîtrise de cet aspect dépend entièrement du responsable de projet et il va de soi que mieux cet aspect sera maîtrisé, plus la réussite du projet sera certaine.

> Influence de la culture de formation :

Plusieurs facteurs vont permettre de comprendre si la culture va favoriser ou au contraire empêcher une vraie politique de formation. Dans le cas de notre projet, nous avons tenté de savoir à quels éléments de la culture formation de cette école récente et de taille réduite nous devions adapter notre projet.

- Le niveau d'investissement de la formation : s'agissant d'une école naissante, aucune formation n'a déjà été mise en place auparavant. Il s'agit donc de la première formation proposée dans cette école et il est difficile de connaître l'intérêt de l'école pour la formation. Nous espérons donc que ce premier projet suscitera son intérêt et l'amènera à poursuivre cette démarche par la suite.

- Les modalités pédagogiques : ici encore, le projet proposé est le premier de ce type dans cette école et étant donné le budget dont elle dispose, il est évident que seules des formations « économiques » à l'intérieur de l'école sont envisageables. Nous avons donc cherché à proposer une formation minimisant les coûts et allant à l'essentiel du point de vue stratégique, en fonction des besoins prioritaires.

- L'instrumentation pédagogique : il est clair qu'aux vues des entretiens que nous avons pu avoir avec le directeur, un de ses objectifs à plus ou moins long terme pour cette école serait de l'équiper de matériel technologique avancé afin de favoriser l'apprentissage dit « e-learning » et l'utilisation des TICE en classe. Cependant, l'achat de ce type de matériel étant très coûteux, nous devrons attendre un certain avant que l'école puisse s'équiper de ce matériel. La formation est donc envisagée au moyen d'outils « traditionnels » pour le moment.

- Les dispensateurs de formation : il a été convenu dès le départ, que le responsable de projet s'occuperait également de dispenser la formation pour des raisons pratiques

et économiques. La formation ne demandant pas de compétences spécifiques à un domaine, tout formateur F.L.E. sensibilisé au contexte de l'école est en mesure de dispenser cette formation. Dans le cas d'une formation plus spécifique, nous aurions fait le nécessaire pour faire appel à un formateur externe, dans la limite du budget qui nous aurait été imparti.

- Les dispositifs d'accompagnement : nous avons suggéré que pour des raisons pratiques, le responsable de formation exercerait un rôle de tuteur suite à la formation et serait chargé d'aider le stagiaire à appliquer ses connaissances sur le terrain.

- Les dispositifs d'évaluation : à première vue, il s'est avéré que le commanditaire du projet n'était pas très favorable à une évaluation de la formation et n'en voyait pas la nécessité. Il a donc fallu convaincre de la nécessité et de l'utilité d'évaluations dites « à chaud » et « à froid » comme moyens de mesure de l'efficacité de la formation. Nous avons donc créé ces outils de manière à ce qu'ils ne soient pas perçus comme une « sanction » pour les stagiaires mais comme un outil d'évaluation de leur satisfaction vis à vis de cette formation.

- Les processus de décision concernant les choix de formation : dans le cas de ce projet, on peut dire que la formation est née d'une « négociation » entre le personnel dirigeant, les enseignants et le responsable de projet. Les besoins des enseignants mais aussi ceux de l'école en général ont été pris en compte afin de proposer un projet qui puisse satisfaire chacune des parties.

En définitive, on peut dire que l'aspect d'adaptation à la culture formation de l'école n'a pas été une contrainte majeure dans l'élaboration du projet de formation. S'agissant d'une école naissante, notre projet est le premier de ce type à être mis en place et n'a donc pas nécessité une adaptation particulière. Nous nous sommes donc fiés à ce qui nous paraissait le plus adapté au contexte économique et organisationnel de l'école pour créer cette formation, sans pouvoir se baser sur une expérience précédente. De ce fait, nous avons pu jouir d'une grande liberté dans la réalisation du projet concernant cet aspect, tout en mesurant les risques de ne pas pouvoir s'appuyer sur un modèle empirique.

3.3. Grille d'étude de la faisabilité du projet

L'ensemble des données recueillies lors de l'étude de faisabilité de ce projet est synthétisé dans la grille ci-dessous.

Grille d'étude de faisabilité

Evaluation des chances de succès

Chances de
succès

-

0

+

· Les objectifs de formation sont-ils réalisables ?

 
 

X

· Les contraintes budgétaires

 
 

X

· Les contraintes de disponibilités

 

X

 

· Contraintes matérielles

 
 

X

· Le contenu de la formation est-il pertinent ?

 
 

X

· L'information sur le projet de formation est-elle bonne ? suffisante ? transparente ?

 
 

X

· Les forces en présence sont-elles favorables ?

 
 

X

· La culture de formation est-elle favorable à la mise en oeuvre du projet de formation ?

 
 

X

Evaluation des bénéfices attendus

Bénéfices
attendus

· L'impact de la formation sur le projet d'amélioration sera-t-il déterminant ? la formation permettra-t-elle d'améliorer la situation de problème ?

 
 

X

· L'impact de la formation sur les objectifs de performance sera-t-il déterminant ? si la formation est bien menée et que le projet d'amélioration atteint les objectifs, la performance devrait être meilleure aussi

 
 

X

· Les objectifs de performance fixés sont-ils déterminants pour la vie (survie) de l'organisation ( département, établissement, école, institut...) ?

est-ce que le fait que le problème subsiste mettrait en péril votre cours, établissement,... ?

 
 

X

Evaluation globale

Synthèse
globale

· Synthèse des résultats obtenus

 
 

X

 

D'après le récapitulatif de cette grille et l'étude menée précédemment, nous avons pu adapter notre projet aux critères de faisabilité en créant un dispositif pédagogique cohérent et en définissant des objectifs de formation en adéquation avec le diagnostic établi.

4. Création du nouveau dispositif pédagogique

4.1. Eléments à prendre en compte

En fonction des résultats de l'analyse préalable à la création du nouveau dispositif pédagogique, il s'agit de déterminer les besoins des enseignants afin de créer un dispositif en adéquation totale avec leurs demandes.

Ainsi, à travers notre travail en tant qu'enseignante dans cette école et les différents échanges formels et informels avec les enseignants de l'école, nous avons distingué différents types de besoins.

> Besoins liés une progression logique et à la définition d'objectifs

Le principal problème rencontré par les professeurs est lié au fait que l'école n'ait pas de programme articulé sur les trois niveaux proposés. Ce type de programme permet à la fois de définir des objectifs pour chaque niveau et d'établir une progression commune en ces différents niveaux.

Face à cette priorité, nous en sommes parvenus à décider de l'adoption d'un manuel commun pour les trois classes. Bien que certains d'entre nous ne soient pas favorables à l'utilisation systématique du manuel, il s'est avéré qu'il permettrait d'établir une progression logique entre les niveaux ainsi que de fixer des objectifs en accord avec le CECR et le niveau de chaque classe.

Après avoir étudié les avantages et les inconvénients de plusieurs manuels que nous avions sélectionné, notre choix s'est porté sur « Alter Ego 1, 2 et 3 » (Hachette F.L.E.) qui présentait plusieurs avantages selon l'ensemble des professeurs.

D'après le contenu du manuel, nous avons établi une progression dans le temps en fixant une période de trois mois pour l'acquisition de tous les objectifs du manuel, ce qui représente un volume horaire de 120 heures (à raison de 10 heures par semaine) pour atteindre le niveau A1 (Alter Ego 1), A2 (Alter Ego 2) ou B1 (Alter Ego 3) du CECR selon les classes.

> Besoins liés à l'évaluation

Parallèlement au choix du manuel et à son intégration dans un programme pédagogique, s'est posé pour les enseignants le problème de l'évaluation. Nous nous sommes rapidement orientés vers un système privilégiant l'évaluation commune et formelle à chaque fin de mois, en insérant dans le programme une date fixe et commune aux trois classe à laquelle aurait lieu l'évaluation des objectifs à atteindre durant le mois précédent.

Ce système d'évaluations a été mis en place afin d'apporter aux évaluations une valeur plus formelle et commune à l'école, dans le but de signifier aux étudiants l'importance de ces évaluations qui jusqu'à présent, n'étaient pas réellement prises au sérieux par la plupart d'entre eux.

Nous avons également établi un système de notation basé sur l'acquisition des 4 compétences fondamentales (compréhension et production orale, compréhension et production écrite) ainsi que sur l'assiduité aux cours et la participation en classe.

> Besoins liés aux ressources pédagogiques

Le dernier point important évoqué par les professeurs est le manque de ressources et de supports variés pour la préparation des cours. L'école ne dispose jusqu'à présent d'aucune ressources pédagogiques, alors qu'une grande salle est réservée aux professeurs, salle où il serait possible d'entreposer les livres et les différents documents, ce qui faciliterait grandement le travail des enseignants pour la préparation de leurs cours.

Nous avons donc décidé de faire l'acquisition de différentes méthodes concernant plusieurs domaines spécifiques tels que la grammaire, le vocabulaire, la civilisation ou la phonétique pour l'école et d'établir un système de ressources pédagogiques alimenté par les différents supports créés par les enseignants, en les insérant dans une base de données selon plusieurs critères tels que le thème abordé ou la nature du document.

4.2. Des besoins réels aux objectifs de formation

Les besoins des enseignants prioritaires identifiés précédemment, nous ont permis de créer le
nouveau dispositif pédagogique. C'est donc à partir de ce nouveau dispositif que nous avons

pu élaborer les objectifs de formation. L'élaboration des objectifs de formation tient compte de plusieurs critères :

· La disponibilité des stagiaires : volume horaire de 6 heures à raison de 2 heures par séance.

· Le niveau et l'expérience des stagiaires : ils sont tous diplômés en FLE (minimum Maîtrise) et ont au minimum 3 ans d'expérience d'enseignement.

· Le degré de motivation des stagiaires : ils sont volontaires pour la formation mais souhaitent une formation pratique et allant à l'essentiel concernant leur modalités de travail.

· Le travail personnel en dehors des cours : afin « d'alléger » la formation en présentiel, nous avons opté pour le travail des objectifs théoriques en auto-formation à partir de documents distribués au préalable.

· Les besoins communs : il s'agit de ceux qui ont été évoqués précédemment, correspondant à l'ensemble des enseignants de l'école et susceptibles de tous les satisfaire.

Ainsi la décision a été prise de retenir les besoins de formation correspondant aux besoins Prioritaires pour l'amélioration de l'ensemble de l'école.

- Manque de repères progressifs et temporels pour les enseignants

- Manque de ressources pédagogiques variées

Problèmes

- Etablir un programme pédagogique précis délimité dans le temps

- Mettre à disposition des enseignants des outils pédagogiques variés

Objectifs
stratégiques

- Définir des objectifs progressifs articulés entre les 3 cours et délimités dans le temps

- Sélectionner différents outils pédagogiques

- Répertorier les documents complémentaires de manière cohérente et organisée

- Choisir un manuel commun aux 3 cours

- Mettre en place des évaluations régulières

- Enrichir la base de données de documents complémentaires

Objectifs
opérationnels

- Savoir utiliser un manuel

-Savoir respecter des objectifs de progression dans un temps délimité

- Savoir utiliser les ressources complémentaires à disposition

- Comprendre l'organisation de la base de données

- Savoir insérer de nouveaux documents dans la base de données

- Savoir évaluer les étudiants sur les objectifs à atteindre

- Pouvoir contribuer à enrichir la base de données

Objectifs de
formation généraux

5. Tableau récapitulatif des objectifs du projet

Ce tableau présente de manière générale les objectifs du projet selon les problèmes rencontrés par les enseignants et sont déclinés en objectifs stratégiques (ce qu'il faut concevoir pour solutionner ce problème), en objectifs opérationnels (ce qu'il faut faire pour atteindre les objectifs opérationnels) et en objectifs de formation généraux ( ce qu'il faut apprendre à faire pour atteindre les objectifs opérationnels).

6. Tableau des objectifs de formation

Le tableau présenté ci-dessous regroupe l'ensemble des objectifs de formation de ce projet selon les domaines d'intervention ; ils sont déclinés sous la forme d'objectifs pédagogiques généraux (connaissances théoriques et pratiques) et d'objectifs pédagogiques spécifiés (programme pédagogique).

Objectifs de formation Domaine d'intervention

Objectifs pédagogiques généraux

Objectif pédagogiques
spécifiés

1) Etre capable de suivre un programme didactique selon des objectifs précis et limités dans le temps

2) Etre capable d'évaluer les étudiants sur un programme précis

1.1) Etre capable d'utiliser un manuel de manière équilibrée et méthodique

1.2) Etre capable d'utiliser le manuel sur des échéances fixées auparavant

1.3) Etre capable d'utiliser les outils complémentaires à disposition afin d'enrichir ou substituer ceux du manuel

2.1) Etre capable de créer une évaluation adaptée

1.1.1) Equilibrer le cours en répartissant les activités dites orales, écrites, linguistiques ou culturelles sur un cours de 2 heures, sans

obligatoirement suivre « à la lettre » le déroulement du manuel.

1.2.1) Répartir les objectifs en session (heures, semaines, mois) aux vues des

évaluations à venir

1.3.1) Savoir sélectionner les documents dits «utiles » ou

« intéressants » dans le

manuel sans obligatoirement exploiter toutes les activités proposées par le manuel

1.3.2) Savoir sélectionner des documents ou supports complémentaires au manuel de manière adaptée

2.1.1) Adapter le contenu de l'évaluation au programme abordé

3) Etre capable d'utiliser et d'enrichir les outils pédagogiques

2.2) Etre capable de respecter un planning d'évaluations commun à l'école fixé auparavant

3.1) Etre capable d'utiliser les outils pédagogiques mis à disposition

3.2) Etre capable d'enrichir les ressources pédagogiques

2.1.2) Savoir évaluer un élève dans différents domaines de compétences

2.1.3) Savoir adapter l'évaluation à un temps

imparti pour la réaliser (ce qui implique des choix dans le contenu)

2.2.1) Planifier un

programme d'enseignement en fonction des évaluations prévues en date

2.2.2) Avertir les étudiants de la finalité, la nature, la régularité et les dates précises de ces évaluations (aspect important à ne pas négliger)

3.1.1) Connaître la nature et l'utilisation possible des documents mis à disposition 3.1.2) Comprendre la manière dont les outils sont

répertoriés (en fonction de quels critères)

3.1.3) Savoir trouver un document ou un support selon des critères prédéterminés

3.1.4) Savoir adapter les outils complémentaires au contenu du manuel, afin d'enrichir ou de diversifier les activités

3.2.1) Savoir évaluer les « manques » parmi les ressources proposées 3.2.2) Savoir analyser de manière détaillée les possibles utilisation du nouveau document selon plusieurs critères (niveau, thème, nature...)

3.2.3) Savoir insérer de nouveaux documents dans les ressources de manière pertinente et méthodique.

7. Scénario pédagogique

Le tableau suivant présente les trois objectifs de formation prioritaires, qui prendront la forme de trois séances séparées. Ce tableau constitue en quelque sorte le programme de formation avec ses objectifs généraux et les moyens par lesquels ces objectifs seront atteints. Ainsi, pour chaque objectif pédagogique, on obtient une formulation du type : « A la fin du module, le stagiaire sera capable de... ».

Volume
horaire

Objectifs
pédagogiques

Processus
pédagogique

Méthodes et
techniques
pédagogiques

Supports
pédagogiques

Objectif de formation n°1 :

selon des objectifs précis et limités dans le temps

Etre capable de suivre un programme didactique

Autoformation

1) Etre capable

- Les stagiaires

- Autoformation

- Questionnaire

+ 2 heures en

d'utiliser un

réfléchissent

 

avant-stage

présentiel

manuel de

seuls à

- Méthode magistrale

(annexe 2)

 

manière

l'utilisation du

pour les explications

 
 

équilibrée et

manuel en

du formateur.

- Manuels

 

méthodique

classe et au

 

« Alter Ego 1, 2

 
 

travail sur

- Méthode coactive

et 3 »

 

2) Etre capable

objectifs

(échanges

 
 

d'utiliser le manuel sur des

(annexe 2).

stagiaires<>formateur)

- Programme pédagogique

 

échéances fixées

- Le formateur

 

(contenant les

 

auparavant

fait un point sur les notions

 

objectifs à atteindre selon

 

3) Etre capable

étudiées en

 

le niveau et le

 

d'utiliser les outils

autoformation.

 

découpage d'une session

 

complémentaires

à disposition afin d'enrichir ou substituer ceux du manuel

- Le formateur présente le manuel sélectionné,

puis le programme établi en fonction de ce manuel.

 

de 3 mois)

 
 

-Le formateur répond aux questions des stagiaires sur les différents points évoqués.

 
 

Objectif de formation n°2 :

sur un programme précis

Etre capable d'évaluer les étudiants

Autoformation

1) Etre capable

- Les stagiaires

- Autoformation

- Questionnaire

+ 2 heures en

de créer une

réfléchissent

 

avant-stage

présentiel

évaluation

seuls à la

- Méthode magistrale

(annexe 2)

 

adaptée

notion

pour les explications

 
 
 

d'évaluation et

du formateur.

- Programme

 

2) Etre capable

au système de

 

des évaluations.

 

de respecter un

notation(annexe

- Méthode coactive

 
 

planning

2)

(échanges

- Documents

 

d'évaluations

 

stagiaires<>formateur)

sur la notion

 

commun à

- Le formateur

 

d'évaluation

 

l'école fixé
auparavant

fait un point sur les notions étudiées en autoformation.

 

(quand, comment...) et la notation.

 
 

- Le formateur présente le programme des évaluations.

 
 

Objectif de formation n°3 :

les outils pédagogiques

Etre capable d'utiliser et d'enrichir

Autoformation

1) Etre capable

- Les stagiaires

- Autoformation

- Questionnaire

+ 2 heures en

d'utiliser les

réfléchissent

 

avant-stage

présentiel

outils

seuls aux

- Méthode magistrale

(annexe 2)

 

pédagogiques

notions de

pour les explications

 
 

mis à disposition

variété des supports et de

du formateur.

- Système de
ressources et

 

2) Etre capable

documents

- Méthode coactive

répertoire des

 

d'enrichir les

authentiques

(échanges

données (salle

 

ressources pédagogiques

(annexe 2).

stagiaires<>formateur)

des professeurs).

 
 

- Le formateur fait un point sur les notions étudiées en autoformation.

 
 
 
 

- Le formateur présente le panel d'outils pédagogiques,

le système de ressources et explique comment enrichir ces ressources.

 
 

8. Evaluation de la formation

8.1. Evaluation de satisfaction

Nous avons décidé d'élaborer, dans un premier temps, une évaluation de fin de formation1 (dite « à chaud »), portant sur la satisfaction des stagiaires concernant cette formation et située à la fin de ce cahier des charges.

Elle a pour but d'évaluer la formation dans sa globalité et de recueillir les avis des participants
concernant l'organisation générale, la qualité pédagogique et l'intérêt professionnel ou
personnel de cette formation. L'intérêt de cette évaluation est qu'elle permet un retour direct

1 Voir annexe 5 p. 24 du Cahier des Charges

du groupe sur les contenus et les méthodes pratiquées et même d'envisager une suite possible à cette formation. Le questionnaire sera distribué aux stagiaires à la fin de la dernière séance de formation.

8.2. Evaluation pédagogique

Concernant l'évaluation dite « pédagogique », nous considérons qu'elle a une place primordiale dans la formation, puisqu'elle permet de vérifier de manière objective (contrairement à l'évaluation de satisfaction) les acquis et la progression des stagiaires au cours de la formation, elle a donc fait l'objet d'une longue réflexion dans le cadre de la mise en place de ce projet.

En effet, si l'on considère que l'évaluation est liée au processus même d'apprentissage, il semble important de l'intégrer à ce projet. Cependant, étant donnés le statut des stagiaires (professeurs de F.L.E. diplômés) et le contexte de la formation (à l'initiative des professeurs et non-rémunérée), une évaluation dite « sommative » n'était pas ici envisageable, ni même une évaluation des acquis pédagogiques formative, qui paraîtrait trop « scolaire » aux yeux des stagiaires .

Cependant, afin de bien mesurer l'efficacité de la formation dans le travail des enseignants, c'est à dire le rapport entre les objectifs initiaux d'amélioration du dispositif pédagogique de l'école, la formation et les conditions de travail des professeurs, il a été décidé en accord avec le personnel dirigeant de l'école et les enseignants, qu'une évaluation des transferts de la formation dans la pratique professionnelle2 serait mise en place un mois après le début de l'application du nouveau système pédagogique. En effet, ce type d'évaluations permet de mesurer les effets de la formation sur le travail des enseignants, de permettre aux stagiaires d'auto-évaluer leur travail en fonction des objectifs de formation préétablis voir même, si nécessaire, de faire évoluer le dispositif et la formation proposée.

2 Voir annexe 6 p. 26 du Cahier des Charges

I . Références théoriques pour la formation 1. Choix du manuel

1.1. Réflexion sur l'utilisation du manuel en classe

La première étape dans la conception du projet a été le choix d'un manuel commun. Mais bien avant de réfléchir au choix du manuel que nous adopterons, il semble essentiel de se pencher sur l'utilisation du manuel en classe et d'en dégager son rôle, aussi bien vis à vis du professeur que de l'étudiant.

En nous basant sur le compte rendu du « 2ème Forum des Centres de FLE »3 qui évoquait la question de ce qu'est une méthode calée sur le cadre européen, voici, sous forme de questions, nos pistes de réflexion.

> Pourquoi un manuel ?

- Demande des apprenants, besoin d'une béquille, d'un soutien tout au long du cours qui soit plus ordonné que des photocopies

- Faciliter le travail du prof, assurer plus rapidement une cohérence des cours lorsqu'il y a plusieurs intervenants sur un même groupe

- Clarifier les objectifs de façon plus pertinente et systématique

- Permettre à la direction d'un centre ou au coordinateur pédagogique d'avoir un suivi plus régulier et systématique que le seul compte-rendu élaboré par le prof sur son propre cours.

> Quel est le rôle de l'enseignant ?

-Selon le niveau linguistique des apprenants, le rôle de la méthode sera différent, plus on monte dans le niveau linguistique des apprenants, plus le prof pourra s'éloigner de la méthode.

-Nécessité d'élaborer des compléments, des documents supplémentaires pour un public spécifique.

-La méthode n'est qu'une « colonne vertébrale » sur laquelle le prof greffe un corps, une peau

3 « 2éme Forum des Centres de F.L.E », Vichy, 2006, Atelier 1 : « C'est quoi, une méthode calée sur le cadre européen ? », synthèse par Jean-Pierre Béchaz (CLA Besançon)

en fonction de ses apprenants.

-Le prof devient un « animateur », il travaille avec le vivant de la classe, il doit être prêt à remettre en question son image de prof, ce n'est plus lui qui représente le seul modèle linguistique mais il a des cassettes, des DVD ,etc...

-Il doit aussi expliquer le pourquoi du choix d'une méthode ( aide à l'apprentissage, au travail autonome etc..)

-Nécessité de garder dans certains cas, une évaluation par compétence et non de couvrir toutes les compétences

> Quelles sont les limites de la « malléabilité » d'une méthode ?

-Danger de contredire la méthodologie et la progression du manuel par un ajout intempestif et pas assez réfléchi de nouveaux documents

-Danger de rendre l'achat d'un manuel peu attractif s'il n'est utilisé qu'épisodiquement

> Le manuel peut-il avoir pour vocation de guider les enseignants ?

-Oui, l'utilisation d'une méthode peut être l'occasion pour le professeur d'une formation ou d'une auto-formation sur de nouvelles approches, de nouveaux objectifs et d'une remise en question de sa pratique de classe

-Le manuel donne des pistes aux enseignants mais ne doit pas, obligatoirement, tout décider à leur place.

> Quels sont les principes méthodologiques du CECR ?

Même si le cadre se défend de préconiser une méthodologie , il reste flou sur ce sujet et parfois énonce des propos contradictoires, il est néanmoins sous-tendu par quelques grands principes que l'on peut résumer de la façon suivante :

- place de l'apprenant au centre du processus d'apprentissage et d'enseignement

- principe d'autonomisation, d'individualisation du parcours, auto-évaluation: donner des outils pour apprendre (savoir apprendre)

- perspective actionnelle affirmée

-apprenant conçu comme acteur social

> Quels sont les principes mis en avant par les manuels récemment publiés ?

Ils se réfèrent tous au CECR . Pour des raisons commerciales, l'adéquation à ce cadre devient une obligation. L' homogénéisation de l'offre éditoriale n'est cependant pas forcément liée au Cadre.

> Quelles sont les adéquations et inadéquations manuels/cadre ?

Peut-être les manuels s'efforcent-ils de tous suivre ce cadre mais le domaine où ils ne semblent guère apporter de réponses est celui du travail d'autonomisation. Serait-ce possible et même souhaitable puisque, par définition, ces méthodes s'adressent à un public qui se veut le plus large possible et ne peuvent prendre en compte les spécificités culturelles, linguistiques, professionnelles des publics variés de nos centres. C'est là que le prof garde tout son rôle et sa place.

1.2. Grille d'analyse de manuels

Dans le cadre de ce projet, la première étape dans l'élaboration du programme a été la sélection d'un manuel commun aux trois niveaux. Les grilles d'analyse de manuels ont pour objet de permettre de faire un choix raisonné et nous nous sommes servis de la grille présentée ci-dessous élaborée par Javier Suso Lopez4.

Avant cela, quelques remarques préalables s'avèrent indispensable.

> Qu'entend-on par "manuel" ?

Manuel : ensemble pédagogique destiné à l'enseignant et à l'apprenant pour atteindre les objectifs fixés par l'école.

4 Grille d'analyse des manuels/ensembles pédagogiques de FLE (2001), Javier Suso López, Universidad de Granada (Dpto. de Filología Francesa)

Communication :

Compréhension Orale (C.O.) Compréhension Ecrite (C.E.) Production Orale (P.O.) Production Ecrite (P.E.)

Autonomie de l'apprenant

Conceptuel : Pratique raisonnée de la langue (P.R.L.) Culturel : Le monde francophone.

> Composantes de l'ensemble pédagogique

Elles sont variables selon les niveaux et les auteurs.

Enseignement Apprentissage

Manuel ou livre de l'élève Manuel ou livre de l'élève

Cahier d'exercices Cahier d'exercices

CD Classe CD Elève (éventuellement)
Guide pédagogique

Matériel complémentaire (DVD, Logiciel, Fiche...)

> Importance du choix d'un manuel

- fourni par l'établissement

- choisi pour plusieurs années

- outil de travail commun à tous les enseignants et élèves (en général) - acheté par les élèves

1. Fiche signalétique

Titre

 
 
 

2. Descriptif du matériel didactique

-Type des matériaux: compacts/légers (par ex. fascicules à structure souple, permettant une exploitation non linéaire)

-Contenu iconographique (illustrations, photos, documents authentiques...)

Pour l'enseignant

 
 
 

3. Public visé

Âge, nationalité, type

 

4. Structure du manuel/de l'ensemble pédagogique

Nombre de leçons

 

Plan d'ensemble

Détail d'une leçon (phases, déroulement...): la décrire

Récapitulations (contrôles, révisions...)

Annexes

5. Durée et rythme d'apprentissage

N° d'heures, années

N° séances par semaine

Travail complémentaire (à la maison...)

6. Objectifs

Compétence de communication

 
 
 

7. Contenus

Linguistiques

type(s) de langue

 

lexique

actes de parole

grammaire (détailler) ou élimination de toute référence explicite à la

grammaire

phonétique (utilisation ou pas de l'API)

 

Socio-culturels (décrire, puis caractériser en fonction des critères adjacents)

situations stéréotypées (tourisme) ou pas

découverte de la vie française/ francophonie (civilisation, société, etc.)

la culture traditionnelle (littérature, histoire, géographie...)

problématique interculturelle (écologie, jeunes, travail, rapports entre les

gens...)

Concernant lesprocédés d'apprentissage

Savoir faire quoi

Concernant les attitudes

Vouloir faire quoi

Progression

(regroupement des éléments lexicaux, morpho- syntaxiques, actes de parole, savoirs discursifs, socio- culturels; savoirs-faire, etc.)

Structurante:

-contraignante, fixée à priori (axée sur la matière: la grammaire; ou sur l'organisation cognitive des savoirs: parcours du simple au complexe...; ou sur un catalogue préétabli d'actes de parole, ou de cadres fonctionnels approche situationnelle-

fonctionnelle)...

-ouverte, fixée à postériori:

à partir des textes-documents

(grammaire «textuelle»: extraite des textes)...; construisant un parcours d'apprentissage adapté aux situations/demandes

Non-structurante: éléments épars qui s'accumulent

8. Types d'activités/procédés

oral

Compréhension (questions-réponses, lecture à voix haute/basse, exercices de repérage, QCM, Qvrai-faux...)

Expression (questions-réponses, répétition, paraphrases, résumé, dramatisation, jeu de rôles...)

phonétique

écoute, repérage, explications, correction, etc.

écrit

Compréhension (stratégie globale; stratégie analityque..)

Expression (exercices de substitution, de transformation, de transposition, phrases à compléter, exercices avec contrainte grammaticale ou lexicale, rédaction, dissertation, argumentation, récit...

9. Dynamique interne des activités d'enseignement /apprentissage (mise en ordre significative)

existence d'un guide de présentation/exploitation

schéma classique (présentation/mémorisation/exploitation)

schéma dynamique, créatif, non-répétitif

proposition d'une matrice modélisante + réutilisation (microdialogue à transformer/imiter),

sollicitation/stimulation d'une plus grande créativité/imagination (à partir d'un canevas plus ouvert: BD muettes, récit à compléter, schéma + général...)

débouchant sur une autonomie de l'élève ( savoir apprendre)

traduction

sans traduction: induction à partir des gestes, mimique, co-texte

explication: déduction

typologie générale des activités d'enseignement

typologie générale des activités d'apprentissage

Démarche pour saisir le sens (compréhension

)

Démarche pour implicite reposant sur une assimilation + ou -

enseigner/ inconsciente, à travers des procédés

apprendre la "naturels" (AN)

grammaire reposant sur une assimilation quelque peu

consciente, à travers des procédés qui impliquent une pratique guidée de la L2, mais sans repérages gr. précis (MAVSG)

reposant sur une pratique intensive, systématique, répétitive, visant une fixation dans les comportements langagiers (MAO)

explicite déductive: formulation de règles;

explications préalables, pratique postérieure

inductive: découverte du fonctionnement langagier

Démarche pour répétitive, mémorisatrice

enseigner/

apprendre le par une mise en situation de pratique créative

lexique

Instauration de rapports actifs, réflexifs, responsabilisants, motivants, de prise en charge par l'élève de sa formation

Degré de cohérence avec les principes psycholinguistiques

10. Évaluation

Évaluation initiale, rappels

Exercices de révision

Autoévaluation dans le cahier d'exercices de l'élève (avec corrigé)

Typologie

2. L'évaluation

2.1. Évaluations : formes, moments et acteurs

L'évaluation est au centre de problématiques diverses en didactique qui n'en font pas moins qu'elle est inévitable dans tout apprentissage. Elle peut se traduire, se concevoir et être accueillie de façons diverses. Néanmoins, elle apparaît comme une démarche qui se veut rigoureuse et formatrice. Nous allons nous intéresser plus précisément aux fonctions et aux acteurs de cette démarche.

L'association des mots évaluation et adaptation est loin d'être fortuite. Force est de constater que cet acte de mesure doit s'adapter à la fois à ses protagonistes, en particulier l'apprenant, mais aussi au moment auquel il intervient. Ainsi, on relève différentes actions, formes et fonctions pour un même acte. Voilà les diverses possibilités rassemblées par Yvan Abernot5 :

Evaluateurs : enseignants, inspecteurs, parents, élèves, correcteurs... Actions : évaluer, juger, apprécier, estimer, noter ...

Formes : écrit, oral, en groupe, temps limité, en classe...

Fonctions : sélection, formation, stimulation, sanction, adaptation Evalués : élèves, enseignants, méthodes, systèmes, classes...

Généralement, deux formes d'évaluations sont mises en avant. Nous trouvons tout d'abord l'évaluation formative. A travers cette forme d'évaluation, on cherche à prendre conscience du parcours effectué par l'apprenant dans son apprentissage. Cette appréciation de ses difficultés et de ses facilités s'inscrit dans une démarche diagnostique qui ne se traduit pas systématiquement en notes mais plutôt en appréciation et commentaires informatifs pour l'élève et le maître, constituant ainsi un moyen de faire avancer l'apprenant de part l'action corrective qui s'en suit. Ce type d'évaluation intervient dans le processus d'apprentissage et

5 ABERNOT Yvan, 1996, Les Méthodes d'évaluation scolaire, Dunod.

d'enseignement et permet de ce fait des diagnostics individualisés qui favorisent une pédagogie différenciée. Voilà comment L. ALLAL6 l'analyse (G. DE LANDSHEERE7): « Pendant la totalité d'une période consacrée à une unité de formation, les procédures d'évaluation formative sont intégrées aux activités d'enseignement et d'apprentissage. Par l'observation des élèves en cours d'apprentissage, on cherche à identifier les difficultés dès qu'elles apparaissent, à diagnostiquer les facteurs qui sont à l'origine des difficultés de chaque élève et à formuler, en conséquence, des adaptations individualisées des activités pédagogiques. Dans cette optique, toutes les interactions de l'élève- avec le maître, avec d'autres élèves, avec un matériel pédagogique- constituent des occasions d'évaluation (ou d'auto- évaluation) qui permettent des adaptations de l'enseignement et de l'apprentissage. La régulation de ces activités est donc de nature interactive. Le but est d'offrir une « guidance » individualisée en cours d'apprentissage plutôt qu'une remédiation a posteriori. »

Cette démarche est propre à l'enseignant et constitue une aide pédagogique immédiate. Même si elle entraîne une prise de décision, celle-ci n'est pas du même ordre, nous le verrons, que dans l'évaluation sommative et n'est pas irréversible. Bien sûr, elle peut être associée à d'autres formes d'évaluation et adopter plusieurs fonctions. Son intérêt est donc multiple.

«

elle est renforçatrice en valorisant la réponse de l'élève et en augmentant la probabilité d'obtenir une réponse juste ultérieure ;

elle est corrective, car le fait de comprendre ses erreurs permet de les modifier plus facilement. C'est donc une gestion positive des erreurs ;

elle est régulatrice puisqu'elle permet d'ajuster en permanence les objectifs poursuivis et les stratégies mises en place pour les atteindre. » 8

Elle est donc aussi profitable à l'enseignant qu'à l'apprenant. Ensuite, nous pouvons définir la
deuxième forme comme étant sommative. Celle-ci s'insère dans une politique éducative et est

6 L. ALLAL, J.CARDINET, P.PERRENOUD, L'évaluation formative dans un enseignement différencié, Berne, Lang, 1979, pp. 142-143.

7 LANDSHEERE, Gilbert de. 1971, 6e éd. revue et augmentée 1992, Evaluation continue et examens : précis de docimologie, Bruxelles, Labor.

8 CHADUC Marie-Thérèse, 2000, Les grandes notions de pédagogie, Armand Colin/Bordas

souvent rendue publique. Elle prend pace après les activités d'apprentissage en interrogeant sur ce qui a été enseigné. Elle entraîne systématiquement une prise de décision et c'est la plus fréquente dans l'enseignement classique. Elle apparaît comme globalisante. La définition la plus complète qu'on puisse en trouver est celle de Bloom9 reprise par Denise Lussier10 : « Plus précisément, il s'agit d'une démarche dont les données obtenues à la fin d'un programme d'études ou d'une partie terminale de programme servent à exprimer le degré de maîtrise par l'élève des objectifs du programme et à prendre les décisions relatives à l'obtention de crédits, au passage dans la classe supérieure, à la sanction des acquis et à la reconnaissance des acquis expérientiels »

Stake11 compare ainsi ces deux formes : « Quand le cuisinier goûte la soupe, c'est du formatif ; quand les convives mangent la soupe, c'est du sommatif »

Ces deux formes d'évaluation vont s'adapter aux moments auxquels elles interviennent et donner lieu à différentes fonctions. A. Bonboir12 en distingue ainsi trois :

«

 

descriptive : « vous en êtes là »

diagnostique : « parce que vous avez telle lacune »

pronostique : « vous pourrez suivre dans telle orientation » » (ABERNOT 5)

Mais il existe d'autres formes d'évaluation correspondant à ces fonctions. Dans Les grandes notions de pédagogie (CHADUC 8), on différencie l'évaluation comparative, celle permettant de classer les apprenants et l'évaluation dynamique indiquant à l'élève son propre niveau. Cette analyse apparaît d'ailleurs dans les programmes et instructions officielles de l'Education

9 BLOOM B.S, HASTINGS J.T, MADAUS G.F, 1981, Evaluation to improve learning, New-York, McGrawHill.

10 LUSSIER Denise, 1992, Evaluer les apprentissages dans une approche communicative, Paris, Hachette FLE,F Formation.

11 STAKE R.E, 1967, The Countenance of Educational Evaluation, Teacher College record, Vol.68

12 BONBOIR A., 1972, La Docimologie, Paris, PUF, cité par Abernot

Nationale dès 1985. D'autres formes sont également sollicitées et sont présentées dans le cadre européen commun de référence pour les langues . En voici une liste récapitulative :

1. Évaluation du savoir/ Évaluation de la capacité

2. Évaluation normative/ Évaluation critériée

3. Maîtrise Continuum ou suivi

4. Évaluation continue / Évaluation ponctuelle

5. Évaluation formative / Évaluation sommative

6. Évaluation directe / Évaluation indirecte

7. Évaluation de la performance / Évaluation des connaissances

8. Évaluation subjective/ Évaluation objective

9. Évaluation sur une échelle/ Évaluation sur une liste de contrôle

10. Jugement fondé sur l'impression/ Jugement guidé

11. Évaluation holistique ou globale/ Évaluation analytique

12. Évaluation par série / Évaluation par catégorie

13. Évaluation mutuelle / Auto-évaluation.

Il est intéressant de définir certaines de ces notions :

l'évaluation normative : celle qui classe les élèves par rapport à une norme. Elle est rarement employée dans les classes.

l'évaluation critériée : celle dont les objectifs sont précisés et définis rigoureusement a priori.

l'évaluation diagnostique : se déroulant avant l'apprentissage.

l'évaluation formatrice : considérée comme une étape d'apprentissage (exemple : l'autoévaluation ou la co-évaluation)

les évaluations interne et externe : respectivement prise en charge ou non par l'enseignant.

Toutes ces formes ne sont pas exclusives et interviennent à des instants précis de l'apprentissage . Il s'agit de trouver un équilibre selon les besoins de l'apprenant et de l'enseignant. De manière globale, il faut retenir trois temps et trois fonctions (dont les dénominations changent selon les auteurs).

2.2. Fonctions de l'évaluation selon le moment de l'apprentissage

Diagnostique... ou descriptive, pronostique, prospective : Avant

Formative....ou diagnostique,formatrice : Pendant

Sommative voire normative : Après

Voyons maintenant ce que l'enseignant et l'apprenant ont à faire durant ces étapes. Il faut savoir que les trois grandes tendances de l'évaluation sont : la centration sur l'évaluateur, la centration sur la relation éducative et celle sur l'apprenant. Néanmoins, ces trois tendances doivent se compléter afin que l'évaluation prenne tout son sens. Par celle-ci, l'enseignant doit guider l'apprenant et également vérifier l'efficacité de ses méthodes didactiques, de sa pédagogie afin de les remettre en question si nécessaire. L'évaluation permet à l'apprenant de prendre conscience de ses progrès, facilités et difficultés. Elle le fait progresser tout en cherchant à développer son autonomie. L'enseignant a bien sûr la tâche de concevoir l'exercice (dans les cas internes), tandis que son élève le réalisera.

Essayons de décrire, en nous inspirant des considérations de Ch. Hadji, le rôle de l'enseignant- formateur en tant qu'évaluateur. Il est celui qui doit « livrer un message qui ait du sens pour ceux qui le reçoivent » (HADJI 13) . De façon générale, on lui distingue trois grandes fonctions : expert, juge et philosophe. En tant qu'expert, il jauge la réalité. Il apprécie ensuite celle-ci selon des normes et valeurs prédéfinies et se fait juge. Enfin, il interprète ce qui se passe pour rendre intelligible la réalité et mieux la comprendre . Cet homo aestimans se définit comme un pédagogue, ou plus précisément, il se situe entre « l'expert qui sait comment on apprend, et le pédagogue- praticien, qui imagine comment on pourrait faire apprendre » (HADJI 13) Hadji utilise de nombreuses métaphores pour expliquer son rôle. Il le présente comme un navigateur faisant le point « pour permettre au pilote d'amener l'avion à la destination souhaitée »13, en déterminant des objectifs, en construisant des systèmes d'évaluation et d'interprétation, en utilisant les outils adéquats sans toutefois sombrer dans l'objectivisme, l'autoritarisme, le technicisme ou l'ivresse interprétative. Et pour conclure son

13 HADJI, Charles. 1989,6° édition 2000.L 'évaluation, règles du jeu. Paris : ESF éditeur

propos, il annonce : « Aussi l'évaluateur est-il finalement un médiateur dont le travail s'apparente à la fois à celui du funambule et à celui du tisserand :

· du funambule, car il lui faut se mouvoir dans l'espace ouvert entre un « être » toujours en mouvement et un « devoir-être », toujours difficile à cerner ;

· du tisserand, car l'essence de sa tâche est de mettre en rapport, de créer des liens, et cela d'un triple point de vue :

o en tant qu'il prononce un jugement utile à l'action, il participe au processus qui articule deux états de choses successifs (dynamique du changement) ;

o en tant qu'il prononce un jugement et produit une représentation normée, il opère la jonction entre la prescription et l'observation, et entrecroise l'essence et l'existence ;

o en tant qu'il se prononce, il prend les choses dans la toile des mots. » (HADJI

13)

Il faut aussi remarquer que l'évaluateur s'implique davantage, par sa présence physique et ses interventions, dans les évaluations orales. Il se doit de respecter certains codes de comportement face à un candidat plus ou moins déstabilisé ou susceptible de l'être. C'est ce que Veltcheff et Hilton 14 ont décrit dans les « Dix règles d'or du comportement de l'évaluateur » .

C'est donc selon le moment, selon les besoins des « acteurs », selon le contexte et selon la fonction qu'on veut lui donner que l'évaluation va être conçue. Il faudra respecter une certaine harmonie entre ces contraintes pour satisfaire toutes les personnes concernées (apprenant, enseignant, direction de l'enseignant et parents) . « En résumé la fonction à privilégier dépend de l'intention dominante de l'évaluateur »13, tout en considérant cette intention comme dépendante du jeu dans lequel s'inscrit l'évaluation (jeu pédagogique, jeu institutionnel, ou social) . De ce point de vue, l'évaluation sert à guider l'apprenant (jeu pédagogique), à réguler la vie scolaire et permettre une communication sociale entre les partenaires de cette vie (jeu institutionnel). Mais, elle « nourrit » l'espace scolaire en tant que

14 VELTCHEFF Caroline, HILTON Stanley, 2003, L'évaluation en FLE, Paris, Hachette FLE, F Formation

lieu d'une stratégie sociale, rencontre de deux logiques : « une logique, structurelle, de production de compétences pour satisfaire aux nécessités du développement économique ; et une logique, sociétale, d'utilisation du champ par des acteurs sociaux désireux de sauvegarder ou de faire fructifier leur valeur sociale »13.

L'évaluateur, qu'il soit enseignant ou non, a donc la lourde tâche de considérer tous ces éléments pour construire une évaluation efficace. Les objets et les objectifs de l'évaluation sont donc déterminants et de ce fait à déterminer scrupuleusement, et le principe de congruence s'impose légitimement entre ces différents éléments.

3. Choix des documents complémentaires

3.1. Un choix pertinent du document déclencheur

Le choix du document déclencheur est stratégique puisqu'il va non seulement être le support de l'exposition et du traitement des informations qu'il contient mais également être source d'inspiration pour les activités de fixation et de production. L'objectif de la sélection est donc d'obtenir un document qui réponde à ces critères, qui soit également adapté au public visé et qui corresponde à ses centres d'intérêts.

Valérie Lemeunier15 nous propose ici une liste de critères pertinents pour la sélection d'un document déclencheur.

> Est-il adapté au public visé ?

· par rapport à leur âge ?

· par rapport à leur niveau de langue ? (prérequis)

· par rapport à leurs centres d'intérêt ?

· par rapport à leur héritage socioculturel ? (histoires individuelle et collective)

15 V. Lemeunier, Dossier Franc parler, « Elaborer une unité didactique à partir d'un document authentique », 2005.


· par rapport à leurs habitus ? (grille d'interprétation)

· par rapport à leurs objectifs ?

· par rapport à leurs besoins langagiers ?

> Y a-t-il des éléments non-verbaux qui facilitent la compréhension ?

· Source connue ?

· Date marquante ?

· Auteur (ou locuteur) célèbre ?

· Présentation caractéristique ?

· Titre (+ paratexte) parlant ?

· Redondance du son et de l'image ou du texte et de l'illustration ?

> Les paramètres de la situation de communication apparaissent-ils clairement ?

· nature du document : de quoi s'agit-il ?

· locuteurs : qui parle ou écrit ? à qui ?

· lieu de l'interaction : où se déroule la scène ?

· moment de l'interaction : quand se passe la scène ?

· manière dont se déroule l'interaction : comment se déroulent les échanges ?

· cause de l'interaction : pour quelle raison a lieu l'échange ?

· enjeu de l'interaction : dans quel but a lieu l'échange ?

> Le document est-il exploitable pédagogiquement ?

· Y a-t-il matière à faire des hypothèses avant la lecture ou l'écoute ?

· La vérification des hypothèses peut-elle se faire grâce à une écoute ou une lecture rapide voire partielle ?

· Y a -t-il matière à faire une activité de compréhension plus détaillée dans un cadre authentique ?

> Le contenu communicatif est-il pertinent par rapport à la progression ?

· Est-il en adéquation avec le ou les objectif(s) communicatif(s) visé(s) ?

· Permet-il de réactiviter des savoir-faire anciens ?

· Permet-il de sensibiliser à des objectifs à venir ?


· Fournit-il un bon corpus pour le repérage et la conceptualisation ?

> Le contenu linguistique est-il pertinent par rapport la progression ?

· Est-il en adéquation avec les structures à acquérir ?

· Permet-il de réactiviter des structures anciennes ?

· Permet-il de sensibiliser à des structures à venir ?

· Fournit-il un bon corpus pour le repérage et la conceptualisation ?

> Le contenu socioculturel est-il pertinent ?

· Est-il un bon reflet de la société française (ou francophone) ?

· Permet-il la pédagogie interculturelle ?

· Est-il en adéquation avec les connaissances à acquérir ?

· Permet-il de réactiviter des connaissances anciennes ?

· Permet-il de sensibiliser à des connaissances à venir ?

· Est-il interdisciplinaire ? Permet-il de réinvestir des connaissances acquises en dehors de la classe et inversement ?

> Le document est-il un bon déclencheur ?

· pour une systématisation orale ?

· pour une systématisation écrite ?

· pour une production orale ?

· pour une production écrite ?

Plus le nombre de réponses affirmatives est important et plus nous tendons vers le document idéal grâce auquel l'enseignant pourra proposer des activités motivantes aux apprenants.

La pertinence du choix du document déclencheur et la cohérence du cadre méthodologique sont des atouts pour générer le plaisir d'apprendre que la dynamique de groupe et la créativité viendront renforcer. La classe doit devenir un lieu de créativité où le groupe peut devenir une unité de travail efficace afin que l'enseignant y trouve le plaisir d'enseigner. Mais force est de constater que générer le plaisir d'enseigner et d'apprendre impose un temps de préparation de cours important et exige des compétences professionnelles solides. Cependant, à l'heure où

l'enseignant n'est définitivement plus le seul détenteur du savoir, son savoir-faire et son savoir-être font plus que jamais la différence.

3.2. Exemple de fiche d'exploitation d'un document authentique

En complément de son article théorique, Valérie Lemeunier propose un exemple de fiche d'exploitation (niveau B1) d'un article publié sur le site de la Banque mondiale : "La lutte contre la cécité des rivières en Afrique."

Objectifs sociolinguistiques

L'attitude et l'intonation à adopter pour réagir dans une situation surprenante, pour obtenir et donner des informations.

Objectifs communicatifs

Donner des informations concernant des faits passés : décrire une situation passée, raconter des événements passés, mettre en évidence les résultats d'une action.

Contenus linguistiques

Opposition passé composé / imparfait ; voix active / voix passive.

Sensibilisation

Les apprenants font un remue-méninges à partir d'une carte d'Afrique collée au milieu du tableau.

Anticipation

Les apprenants font des hypothèses à partir d'un accordéon réalisé par l'enseignant contenant les différentes informations des plus générales aux plus précises (adresse du site : http://www.worldbank.org/, logo, photo, titre...) sur la situation de communication et le thème général du document. Les apprenants ouvrent progressivement l'accordéon qui leur donne des indices pour émettre des hypothèses.

Compréhension globale

Les apprenants vérifient leurs hypothèses en lisant le premier paragraphe du texte.

Compréhension détaillée

Vous travaillez pour l'ONG "Médecins de l'univers". Vous devez informatiser le fichier des maladies. À l'aide des informations contenues dans le document "La lutte contre la cécité des rivières en Afrique", complétez la fiche de renseignements ci-dessous.

Nom de la maladie

Transmission de la maladie

Pays affectés

Symptômes

Conséquences de la maladie

Traitement possible

Programmes de lutte mis en place Résultats obtenus

Repérage

Les apprenants relèvent dans le texte les structures qui permettent de donner des informations concernant des faits passés.

Exemples :

L'onchocercose [...] a longtemps apporté son cortège de souffrances et de misère à des millions d'africains.

[...] la Banque mondiale, a lancé une formidable offensive contre ce fléau.

La maladie [...] a provoqué le dépeuplement de vastes régions de terres arables et cultivables aux abords des fleuves.

Le programme de lutte contre l'onchocercose (OCP) a été mis en place en 1974 [...] [...] la cécité des rivières faisait de terribles ravages : près de 500 000 personnes souffraient de graves problèmes de vision, plus de 350 000 étaient devenues aveugles, et 6,5 millions d'individus étaient contaminés.

Conceptualisation

Pour donner des informations concernant des faits passés, les apprenants : doivent être capables de : ont besoin de savoir utiliser :

Décrire une situation passée Imparfait

Raconter des événements passés Passé composé

Mettre en évidence les résultats de l'action Voix passive

Lors de cette étape, les apprenants (par groupes) vont observer et analyser le corpus obtenu lors du repérage afin de découvrir les règles de fonctionnement. Un groupe fait ensuite part de sa découverte que les autres groupes peuvent confirmer, infirmer ou compléter. En dernier lieu, l'enseignant intervient pour valider ou rectifier la proposition finale. Pour compléter ou préciser les propositions des apprenants, je vous invite à consulter l'ouvrage de Geneviève Dominique de Salins, Grammaire pour l'enseignement/apprentissage du FLE 16.

Systématisation

Dans le camp de l'ONG, il se passe des choses étranges. Chaque apprenant reçoit un papier contenant une information surprenante. À tour de rôle, ils arrivent en courant. Les autres réagissent : "Bah, qu'est-ce qui se passe ?" L'apprenant, sous le choc, a du mal à s'exprimer. Il mime donc l'information surprenante au reste du groupe qui doit la verbaliser.

Exemples d'information :

· Ce matin, je faisais une expérience sur un rat endormi. Tout à coup, il s'est réveillé et il m'a mordu ;

· Il y avait une drôle d'odeur dans le laboratoire. Quand j'ai allumé la lumière, il y a eu une explosion ;

· Hier soir, je cherchais des documents, il était tard, soudain, j 'ai entendu une voix bizarre, je suis parti en courant.

Production orale

Des documents importants ont disparu du laboratoire de l'ONG. Une enquête est ouverte : deux médecins-chercheurs étaient présents, menacés par les voleurs, ils n'ont rien pu faire. La police doute des scientifiques et les interroge à tour de rôle. Ils se sont préalablement mis d'accord sur une version des faits pendant que les autres préparaient l'interrogatoire. À tour

16 Geneviève Dominique de Salins, Grammaire pour l'enseignement/apprentissage du FLE, Didier/ Hatier, Paris, 1996.

de rôle, les scientifiques sont interrogés. Si leurs versions sont identiques, c'est qu'ils disent la vérité. Si leurs versions divergent, c'est qu'ils sont coupables du vol.

Production écrite

Les apprenants rédigent l'article de presse concernant la disparition des documents et les résultats de l'enquête.

3.3. Documents authentiques

Un document authentique est un document qui n'a pas été conçu à des fins pédagogiques. Il peut avoir une valeur littéraire ou artistique - ou non- un formulaire d'état des lieux... Voici quelques astuces pour se constituer un stock renouvelable de documents authentiques et des conseils d'enseignants et chercheurs pour leur sélection et leur exploitation.

Dans un article paru il y a quelques années, Magali Lemeunier-Quéré17, enseignante et chercheur en didactologie des langues et des cultures, plaidait déjà en faveur d'une utilisation raisonnée des documents authentiques : 1° tout document parce qu'il est authentique ne mérite pas de faire son entrée en classe 2° l'exploitation de ces documents ne va pas de soi.

Ainsi, selon elle, l'utilisation du document authentique nécessite de se poser certaines questions :

· L'introduction d'un document authentique au sein de mon cours est-elle légitime ?

· Le profil de mes élèves me permet-il d'avoir recours à ce genre de document ?

· Le document authentique cadre-t-il avec l'objectif de ma leçon ?

· Doit-il être retouché (corrections, amputations, illustrations, lexique, consignes...) ?

· La nature du document (oral, écrit, graphique, pictural, strictement authentique ou remanié) apporte-t-elle un supplément ?

· La proportion de documents authentiques que j'utilise dans mes cours est-elle justifiée?

· Quel type d'exploitation permettent-ils ?

- orale ou/et écrite,

17 M. Lemeunier-Quéré, Dossier Franc-Parler « Créer du matériel didactique : un enjeu et un contrat », 2005.

- axée sur les 4 compétences ou sur une compétence particulière, - valorisant les savoir, savoir-faire ou/et savoir-être ;


· Quelle place dois-je leur réserver dans ma leçon : découverte, appropriation, réutilisation ?

Mariela de Ferrari18, didacticienne FLE-FLS et directrice des programmes au Comité de liaison pour la promotion des migrants et des publics en difficulté d'insertion, montre en quoi l'utilisation de ces documents, ancrés dans la réalité contemporaine, peut jouer un rôle dans l'évolution des représentations des apprenants et l'accroissement de leur motivation.

Selon elle, les documents ancrés sur la réalité française contemporaine recèlent en eux des potentialités pédagogiques permettant de faire évoluer les représentations pouvant circuler sur :

1. L'apprentissage du français perçu comme : langue difficile, réservée à un groupe social particulier, avec prépondérance de la grammaire des formes et de la phrase...

2. Les modes de vie en France et les façons d'approcher "la réalité" : par exemple, les journaux internationaux véhiculant des images univoques ou réductrices des faits de société (violences urbaines de novembre 2005 ; manifestations étudiantes anti CPE - Contrat première embauche ; rapport au traité constitutionnel européen...).

3. Les rapports sociaux en France (diffusés par les outils didactiques, parfois parcellaires, correspondant à des milieux sociaux et des points de vue restrictifs).

4. Le rapport à la compréhension (orale et écrite) et aux processus de construction de sens (pas besoin de tout comprendre pour "comprendre").

5. Le rapport à l'erreur pouvant empêcher d'oser se confronter à un support complexe, ou de produire des reformulations suite à des activités de compréhension non exhaustive.

18 M. de Ferrari, Dossier Franc-Parler « Le traitement des documents authentique », 2006.

III . Concepts et outils d'ingénierie pour le projet

1. L'analyse du projet de formation

1.1. Le système C.M.E.

Avant d'analyser la faisabilité de la formation, il est indispensable d'évaluer la contribution de la formation à la réussite du projet. Il s'agit de démontrer que la formation est un moyen efficace et pertinent pour résoudre les problèmes, qui étaient dans notre cas miés au manque de repères et de motivation des enseignants.

Le système C.M.E. (Compétence, Motivation, Environnement de travail) se propose de mesurer l'impact de la formation sur ces trois précédents critères.

Le premier critère, la compétence, est le plus important. La compétence est le moteur de la performance, elle est contextuelle et intègre différentes composantes telles que les aptitudes, les connaissances ou les traits de personnalité. La formation ne produit donc pas directement des compétences mais agit sur ses différentes composantes.

Le second critère, la motivation, présente 3 facettes : la satisfaction (la formation contribue-t- elle à la satisfaction des stagiaires), la formation en tant que processus motivationnel (gain de confiance, récompense financière ou statutaire) et l'implication (attachement du salarié à son travail/son entreprise).

Le dernier critère, l'environnement de travail, regroupe lui aussi trois notions distinctes : l'esprit d'équipe (la formation favorise-t-elle la communication entre stagiaires ?), la complémentarité des connaissances (la formation recense-t-elle toutes les compétences requises), l'apprentissage organisationnel (les stagiaires réfléchissent sur leur propre mode de fonctionnement pour capitaliser leur expérience).

En définitive, il s'agit de savoir si la formation aura un impact sur l'ensemble de ces critères. Dans notre cas, nous avons procédé à la recherche des améliorations possibles de ces trois axes en accordant une plus grande importance aux critères de motivation, qui étaient les plus « malléables » possibles dans ce contexte.

1.2. L'analyse stratégique

La méthode d'analyse stratégique consiste à se servir des données recueillies lors des entretiens pour définir les stratégies futures probables que les acteurs vont poursuivre les uns à l'égard des autres. Le modèle d'analyse stratégique de Crozier et Friedberg19 a parmi l'analyse de l'action collective dans des domaines de recherche très variés de l'analyse sociologique.

Dans notre cas, elle permet d'évaluer l'équilibre des acteurs en présence et les changements que le projet peut provoquer.

Voici le type de questions que l'analyse stratégique peut soulever :

Concernant l'influence du contexte sur le degré de mise en oeuvre:

· Est-ce que les rapports entre acteurs sont modifiés par la mise en oeuvre du projet ?

· En quoi les stratégies des acteurs s'opposent-elles ou favorisent-elles la mise en oeuvre du projet ?

· En quoi les stratégies des acteurs qui contrôlent les bases de pouvoir dans
l'organisation sont-elles favorables à l'atteinte des objectifs poursuivis par le projet ?

· Est-ce les acteurs qui contrôlent les bases de pouvoir dans l'organisation sont favorables à la mise du projet ?

Concernant l'influence sur les effets observés:

· En quoi les stratégies des acteurs favorisent-elles ou s'opposent-elles à l'atteinte des objectifs poursuivis par le projet ?

Pour répondre à ces questions, Crozier a élaboré un modèle d'analyse stratégique qui prend en considération trois concepts clés : l'acteur, l'organisation et le pouvoir. Ce sont ces trois concepts que nous avons analysé pour procéder au diagnostic stratégique de notre projet.

19 Crozier M., Friedberg E. ([1977] 1992) L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective, Éditions du Seuil, coll. Points Essais.

1.3. La faisabilité du projet

A partir du modèle d'analyse stratégique proposé par Crozier, Dennery, dans son ouvrage « Piloter un projet de formation »20 propose une démarche permettant l'étude de la faisabilité d'un projet.

Cette étape, indispensable dans l'élaboration d'un projet de formation, permet d'adapter les objectifs de formation au contexte de l'organisme dans lequel il est mis en place. Le modèle de Dennery propose, dans la première partie de cette étude, une analyse de la faisabilité du projet à travers 5 étapes distinctes :

· Etape 1 : Découvrir le spectre

Faire apparaître la visualisation de l'ensemble des acteurs intervenant dans la gestion du projet.

· Etape 2 : Identifier les risques et opportunités pour chacun des acteurs Qu'est-ce que ces acteurs ont à gagner ou à perdre à l'issue de ce projet ?

· Etape 3 : Détecter les zones d'incertitude

Dégager les éléments sur qui ne dépendent pas de votre volonté et savoir qui peut les maîtriser.

· Etape 4 : Evaluer les ressources de pouvoir

Essayer de détecter qui a le pouvoir sur qui ? Les relations d'opposition, d'alliance ou de négociation dans l'organisme.

· Etape 5 : Imaginer les stratégies et coalitions possibles

Comment peut-on utiliser les forces en présence pour la réussite du projet ?

La seconde partie de l'étude de la faisabilité du projet est la compréhension de la culture formation de l'organisme dans lequel le projet est mis en place. Cette étape passe par l'analyse de 7 critères caractéristiques de la culture formation :

· Le niveau d'investissement formation

Combien l'organisation investit dans la formation chaque année ?

· Les modalités pédagogiques

L'organisation utilise-t-elle des modalités pédagogiques classiques, économes ou innovantes ?

20 Dennery M. (1999), Piloter un projet de formation, du diagnostic des besoins à la mise sous assurance qualité, ESF éditeur, Paris.


· L'instrumentation pédagogique

L'organisation utilise-t-elle les nouvelles technologies ?

· Les dispensateurs de formation

L'organisation fait-elle appel à des formateurs internes, externes ou les deux ?

· Les dispositifs d'accompagnement

Y a-t-il des plans d'accompagnement des stagiaires ou des plans de suivi de la formation ?

· Les dispositifs d'évaluation

Quels sont les types d'évaluation utilisés pour mesurer l'efficacité de la formation ?

· Les processus de décision concernant les choix de formation

Comment se prennent les décisions dans le domaine de la formation ? Sont-elles imposées ou négociées ?

Dans le cadre de notre projet, ces éléments ont plutôt été intuitifs car l'organisation étant très récente, aucun projet de formation n'avait jusqu'alors été mis en place. Cependant, cette analyse nous a permis de réfléchir au type de formation qui serait la plus adéquate vis à vis de sa culture et de son organisation.

2. Le dispositif proposé

2.1. Le processus d'implication des stagiaires

Afin de préparer au mieux les stagiaires à cette formation, de les sensibiliser aux objectifs visés à travers cette formation et de tester leurs connaissances concernant les thèmes évoqués durant la formation, nous avons élaboré un questionnaire de préparation à la formation21 (ou « évaluation-diagnostic ».

Pour ce faire, nous sommes inspirés du guide «Evaluation des actions de formation »22 proposé par l'UCANSS ; ce guide a pour objectif de proposer une description de démarches possibles en matière d'évaluation des actions de formation.

21 Voir annexe 2 p.18 du Cahier des Charges

22 UCANSS, Formation Professionnelle, Guide « Evaluation des actions de formation », 2001.

Objectifs :

Avant la formation :

· Evaluer le niveau de connaissances et les capacités des stagiaires avant la formation (évaluation-diagnostic) ainsi que la maîtrise des objectifs fixés.

Au début de la formation :

· S'assurer de la compréhension des objectifs pédagogiques par les stagiaires

Méthodes et Outils :

· Document écrit formalisant les objectifs pédagogiques

· Questions de connaissances, questionnaire d'auto-évaluation.

Ce stade d' « évaluation-diagnostic » permet d'affiner et d'ajuster les objectifs pédagogiques. La mesure « préalable » doit être identifiée comme le point de départ d'une évaluation formative, c'est-à-dire une adaptation progressive des contenus aux participants ; elle ne doit pas apparaître comme une évaluation scolaire.

A EVITER :

L' « évaluation-diagnostic » ne doit pas donner lieu à notation. Selon le degré d'implication de l'organisme et son contexte, on évitera si possible l'anonymat des stagiaires. Si cela est possible, adapter les contenus en fonction du niveau de connaissances.

L'information est ici essentielle. Les objectifs pédagogiques doivent être explicités par le formateur afin d'obtenir l'adhésion des stagiaires.

2.2. Le processus formatif

Le processus formatif est le type de formation proposé aux stagiaires. Pour concevoir ce dispositif de formation, nous nous sommes penchés sur les lois qui régissent l'apprentissage de l'adulte en formation. Qu'est-ce qui fait qu'il va apprendre vite et bien ? Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les sept lois d'apprentissage exposées et récapitulées par Dennery dans son ouvrage « Piloter un projet de formation »23 afin de penser le dispositif de formation de manière adaptée à notre public.

23 Dennery M. (1999), Piloter un projet de formation, du diagnostic des besoins à la mise sous assurance qualité, ESF éditeur, Paris.

D'autre part, les méthodes pédagogiques et techniques associées présentées dans le même ouvrage nous ont également été utiles pour décider des méthodes à adopter lors de notre formation.

Le « scénario pédagogique »24 de la formation regroupant les différentes méthodes pédagogiques et techniques associées est consultable dans le cahier des charges de la formation.

2.3. Le processus d'évaluation de la formation et des capacités des stagiaires

Afin de déterminer les modalités d'évaluation de la formation, nous nous sommes appuyés sur le guide «Evaluation des actions de formation »22 de l'UCANSS. Nous présentons ci-dessous un résumé des notions d'évaluation présentées dans ce guide.

>QU'EST-CE QUE L'EVALUATION EN FORMATION

Evaluation de la formation

Opération ayant pour objet la production d'un jugement de valeur, au cours ou à l'issue de la formation, à partir de résultats mesurables en fonction de critères pré-établis. Cette évaluation peut être faite à des temps différents, par des acteurs différents et à des niveaux différents (stagiaire, formateur, entreprise cliente). Elle consiste à faire la mesure entre les objectifs et les effets attendus d'un dispositif ou d'une séquence pédagogique.

Quoi évaluer ?

Le processus de formation, le processus pédagogique, l'animateur, les stagiaires.

Quand évaluer ?

Avant la formation, pendant la formation, après la formation. On distingue, pour cela, l'évaluation de satisfaction, l'évaluation du contenu de l'action de formation, l'évaluation des acquis, et l'évaluation des transferts éventuels en situation de travail. Les modalités et les types d'évaluation sont précisés dans le cahier des charges de la formation. Le jugement de valeur résulte de la comparaison entre un Référé et un Référent :

Référé : Ensemble d'éléments représentatifs de la réalité appréhendé au travers d'indicateurs.

24 Voir annexe 3 p.21 du Cahier des Charges

Référent : Ensemble des résultats recherchés par la formation formalisé au travers d'objectifs. Indicateurs : Caractéristiques de la réalité telle qu'elle peut être observée et mesurée après ou au cours de l'action de formation.

L'évaluation est donc avant tout une mesure d'écart et non pas une approximation subjective . Il s'agit par ailleurs de déterminer le but à atteindre au travers du dispositif d'évaluation.

Que veut-on évaluer et pourquoi ?

C'est de cette analyse dont découlera le niveau et le type de l'évaluation à mettre en oeuvre.

Les typologies de l'évaluation

4 grands types d'évaluation sont recensés :

a) L'évaluation formative

C'est une évaluation continue intervenant tout au long du processus de formation. Elle a pour objet de vérifier si le stagiaire progresse vers les objectifs pédagogiques définis et si non, de découvrir où et en quoi il éprouve des difficultés afin d'ajuster les modalités de l'action dans une logique de réussite du stagiaire.

b) L'évaluation sommative

Contrairement à la précédente, elle ne se situe qu'à la fin de la formation et se contente de vérifier sous forme d'examens ou de notations si les objectifs sont atteints. Elle permet de faire un bilan de niveau ou un bilan des acquisitions des stagiaires donnant lieu à une possible certification attestant d'une qualification précise ; elle est en cela plus un moyen de contrôle des compétences minimum requises, qu'une véritable évaluation. L'évaluation en milieu professionnel ne peut se résumer à cette approche.

c) L'évaluation normative

Elle a pour objet de situer la performance des stagiaires par rapport à une norme déterminée sur le groupe de référence. Cette norme peut être par exemple la moyenne du groupe ou le classement des stagiaires à l'issue d'un examen ou d'une tâche à accomplir.

d) L'évaluation criteriée

Elle fonctionne par rapport à des objectifs pédagogiques qui représentent des connaissances ou des capacités directement observables. Ces objectifs permettent de préciser les conditions dans lesquelles le formé sera évalué.

Les trois niveaux de l'évaluation

a) 1er niveau : les effets sur les capacités et connaissances acquises en cours ou en fin de formation.

Il s'agit de vérifier si les objectifs pédagogiques ont bien été atteints, c'est-à-dire si les capacités et connaissances acquises ont été effectivement intégrées par ceux qui ont suivi l'action en formation. Une évaluation peut être plus ou moins participative et faire une place plus ou moins grande à l'avis de ceux qui ont suivi la formation sur l'atteinte des objectifs. Une telle évaluation mettra en oeuvre selon le cas :

- des questionnaires d'évaluation par les formés, recueil à « chaud » des perceptions des participants sur le degré d'atteinte des objectifs de l'action de formation, sur ces contenus, intervenants, conditions matérielles ...),

- des exercices « classiques » d'évaluation (test de sortie, questionnaires à choix multiples, questionnaires à questions ouvertes ou fermées ...) permettant de vérifier les connaissances et capacités acquises à la fin de la formation,

- des « situations-épreuves » dans le cas où la formation est directement finalisée sur des capacités professionnelles à acquérir ou à renforcer.

La construction d'une situation-épreuve suppose l'élaboration préalable, dès le début de l'ingénierie de la formation, « d'un référentiel de formation ».

b) 2ème niveau : les effets sur les comportements professionnels en situation de travail. Contrairement au premier niveau, il s'agit d'une évaluation « en différé ». Il s'agit d'évaluer dans quelle mesure les capacités acquises en formation sont traduites en comportements professionnels dans les situations réelles de travail. Dans ce cas, la vérification des compétences s'effectue sur le poste de travail. Une telle évaluation ne peut s'effectuer qu'après un certain délai et selon une certaine périodicité. En effet, l'unité de travail (ateliers, départements, services, équipes ...) dans laquelle opère l'ex-formé, doit avoir le temps d'intégrer ses nouvelles compétences, de s'organiser pour réunir les conditions propices à leur mise en oeuvre.

Les constats auxquels aboutit ce deuxième niveau d'évaluation supposent une analyse la plus près possible des effets et des conditions de « transfert » se produisant entre la situation de formation et la situation de travail. Ce second niveau d'évaluation suppose l'utilisation des « référentiels d'emplois ».

c) 3ème niveau : l'évaluation des effets sur les conditions d'exploitation.

Ce troisième niveau est le plus complexe à mettre en oeuvre. Il est pourtant essentiel du point de vue d'une démarche d'investissement de la formation. Il consiste à estimer dans quelle mesure le plan ou l'action de formation influencera les modes opératoires et les paramètres physiques d'exploitation. On cherchera alors à identifier les paramètres d'exploitation particulièrement sensibles à l'action de formation. Ce troisième niveau suppose l'explicitation d'un « référentiel d'exploitation ».

Les moments de l'évaluation

Deux temps forts se dégagent dans la démarche (évaluation à chaud, évaluation à froid) à l'intérieur desquels se déclinent les différents types d'évaluation. Il est à noter qu'un dispositif d'évaluation efficace et adapté débute dès la phase de la commande de formation.

a) L'évaluation à chaud

Elle intervient, de manière générale, à la fin de l'action de formation. Elle sera réalisée systématiquement quelle que soit la formation. En effet, même si ce type d'évaluation n'est pas significatif à lui tout seul, il permet de révéler des grandes tendances, de clôturer le stage en assurant une transition avec le contenu, et permet aux stagiaires de donner leur avis.

Elle comprend :

- l'évaluation de satisfaction,

- l'évaluation des connaissances et capacités acquises à la fin de la formation

Il est à noter que le recueil d'opinion à chaud n'est pas une véritable méthode d'évaluation. Il se limite à recueillir en fin de formation les opinions des formés sur l'action de formation à laquelle ils viennent de participer. Or il est nécessaire d'insister sur le fait que le degré de satisfaction ne permet pas d'évaluer l'efficacité d'une formation ; la subjectivité d'une opinion ne peut remplacer l'objectivité des résultats. Par contre, le recueil d'opinion peut révéler des grandes tendances pouvant donner lieu à un examen plus approfondi.

b) L'évaluation à froid

Elle intervient après l'action de formation. La période séparant la fin de la formation de l'évaluation à froid doit être d'une durée suffisante pour permettre aux stagiaires de mettre en oeuvre les acquis du stage.

Elle comprend :

- l'évaluation des réalisations effectuées par le stagiaire de retour dans son organisme (moyens mis en oeuvre, conditions et difficultés rencontrées). Les réalisations auront été fixées à la fin de la formation avec l'animateur (centrale de projet, travaux inter-modules ...). Elle peut s'effectuer au travers de questionnaires, d'une journée d'évaluation et/ou d'une auto-évaluation.

- l'évaluation du transfert des acquis en situation de travail ou des comportements professionnels (2ème niveau),

- l'évaluation des effets sur l'activité de l'organisme du service (3ème niveau).

Le type et le niveau d'évaluation visés par l'organisme dépendront de la combinaison d'un ou de plusieurs des paramètres qui caractérisent l'action, à savoir :

- durée du stage,

- coût,

-domaine de formation (formation métiers/développement personnel..., aspects techniques/comportementaux.

- formation inter/intra-entreprise,

- homogénéité de la population,

- formation catalogue/sur mesure,

- formation initiale/perfectionnement,

- méthode pédagogique (affirmative/interrogative/active).

L'élaboration des évaluations de notre projet s'est en grande partie inspirée de ce guide et nous avons opté pour deux types d'évaluations présentées ci-dessus.

D'une part, une évaluation dite « à chaud » et portant sur la satisfaction des stagiaires concernant la formation en général (organisation, objectifs, animateur...). Cette évaluation est distribuée le dernier jour de la formation et complétée de suite ; elle est consultable dans le cahier des charges25.

25 Voir annexe 5 p.24 du Cahier des Charges

D'autre part, nous avons élaboré une seconde évaluation dite « à froid » concernant les capacités des stagiaires à transférer la formation dans leur pratique professionnelle. Afin d ene pas présenter une évaluation trop « scolaire » mais de s'assurer des capacités des stagiaires, ce type d'évaluation nous a semblé la plus appropriée au contexte. Cependant, nous n'omettons pas que ce type d'évaluation nécessite un suivi important des stagiaires après la formation et prévoyons une réunion-bilan qui sera l'occasion de faire le point sur cette évaluation des transferts de la formation dans la pratique professionnelle. Cette évaluation est également consultable en annexe du cahier des charges26.

26 Voir annexe 6 p.26 du Cahier des Charges

CONCLUSION

« Piloter un projet de formation est une expérience enrichissante. Mais pour en tirer le
meilleur parti, il ne suffit pas de vivre intensément cette expérience, encore faut-il l'analyser,
la comprendre de l'intérieur. »27
.

Il s'agit donc pour moi de faire le point sur la réalisation du projet, de capitaliser à partir de cette expérience.

Dans les différentes attributions nécessaires à l'élaboration de ce projet, j 'ai eu l'occasion de remplir plusieurs rôles :

> Acteur impliqué dans l'enseignement

Comme je l'ai mentionné auparavant, j 'ai enseigné dans cette école dès sa mise en place, c'est dans ce contexte que j'ai pu définir et proposer par la suite mon projet qui a été validé par l'ensemble des acteurs du projet. Cette connaissance préalable de l'institution et de l'enseignement/apprentissage spécifique au public que cette école accueille m'a permis de faire une analyse précise du contexte et des besoins des bénéficiaires.

> Ingénieur de projet

Il a fallu initier et piloter un projet, c'est-à-dire mener toutes les démarches opérationnelles pour aboutir à un outil d'ingénierie éducative. Pour mettre en oeuvre les processus de la réalisation, mes tâches principales ont été de faire une analyse des besoins, d'étudier la faisabilité du projet, de le définir en accord avec l'institution, de planifier les différentes actions, de communiquer avec les différents acteurs ou encore, d'évaluer les résultats...

La réalisation de ce référentiel m'a beaucoup apporté (notamment le souci du détail, la rigueur, des techniques...) et m'a fait d'autant plus réfléchir sur des notions théoriques acquises pendant la formation théorique universitaire et appliquées lors de la conception du produit.

D'autre part, je souhaiterais mettre l'accent sur la planification de mon projet car il me

27 Dennery M. (1999), Piloter un projet de formation, du diagnostic des besoins à la mise sous assurance qualité, ESF éditeur, Paris, p.158

semble qu'il aurait été plus intéressant de rédiger ce compte-rendu en ayant déjà appliqué la formation.

Or, en tant qu'initiatrice du projet, j'avais proposé au commanditaire de mettre en place la formation dès la première quinzaine juin, mais il a considéré que pour des raisons pratiques (plus grande disponibilité des enseignants en juillet-août et début du nouveau dispositif en septembre), la formation devait avoir lieu en août, juste avant la reprise « réelle » des cours.

De ce fait, je n'avais de contrainte temporelle qu'en fonction du calendrier qu'avait établi le commanditaire (remise du produit final en août 2009).

> Acteur de réseaux

Dans le cadre du projet, j'ai été amenée à communiquer avec les différents acteurs et à m'adapter aux circonstances du lieu, plus précisément à l'établissement où j'ai enseigné. Ma position au sein même de l'école m'a permis d'une part, de mener des observations de classe, d'avoir des interlocuteurs privilégiés et d'autre part, m'a permis d'ancrer entièrement le projet dans le contexte du dispositif et d'être « identifiée » correctement. Bien sûr, je suis également consciente que la taille « réduite » de l'école a grandement facilité mes actions et l'entrée en contact avec les différents acteurs du projet.

Pour conclure, nous pouvons toutefois affirmer qu'il y a bien eu projet en reprenant les termes définis par Boutinet28 car « pour qu'il y ait projet, il faut que :

· Le concepteur soit le réalisateur.

· La situation à aménager soit singulière.

· Il y ait complexité des démarches et incertitudes quant au résultat final.

· L'environnement soit ouvert et permette d'explorer des opportunités. »

Enfin, nous tenons à préciser que l'accueil des étudiants étrangers d'origine asiatique constitue à l'heure actuelle un défi culturel, didactique et pédagogique, notamment aux vues des nombreuses écoles destinées à ce public ouvrant leur portes à Paris depuis quelques années. Le marché du F.L.E. connaît actuellement un réel engouement grâce aux étudiants d'origine asiatique et dans ce contexte, d'autant plus grande est la nécessité pour l'enseignant, quel que soit le groupe auquel il est confronté, de prendre soin d'analyser et de comprendre

28 Boutinet J.-P. (1990), Anthropologie du projet, PUF, Paris.

les enjeux de l'enseignement/apprentissage du français à ces étudiants, leurs besoins, leurs attentes afin de tenter d'y répondre en termes de pédagogie et de contenus.

Plus concrètement, le dispositif pédagogique mis en place témoigne de la nécessité éprouvée de disposer d'une interface fonctionnelle répondant aux exigences retenties. Cet outil a été élaboré pour aider l'enseignant à avoir des repères, des points d'appui. Il trouve ainsi toute sa signification lorsqu'il est justifié pour ceux qui ont à s'y référer. Aussi serait-il judicieux de le faire évoluer au fil des besoins, de le (re)construire avec les intéressés, pour le faire progresser, pour l'enrichir mais également, faire participer les différentes équipes pédagogiques amenées à travailler dans cette école à l'avenir.

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