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Mesure et analyse de la pauvreté non monétaire chez les enfants:le cas du Cameroun

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par Simplice Kitleur LEKEUMO
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur d'Application de la Statistique 2007
  

Disponible en mode multipage

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Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

(CEMAC)

Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée

(ISSEA)

Organisation Internationale

B.P.294 Yaoundé, Tél. (237) 2222 01 34, Fax. (237) 2222 95 21 E-mail:isseacemac@yahoo.fr

(Rép. du Cameroun)

Mesure et analyse de la pauvreté non monétaire chez les enfants : cas du Cameroun

Mémoire rédigé et soutenu publiquement en vue de l'obtention du diplôme d'Ingénieur d'Application de la Statistique.

Par

LEKEUMO Simplice Kitleur

Elève Ingénieur d'Application de la Statistique (Quatrième année)

Sous la direction de :

KAMGA TCHWAKET Ignace Roger

Docteur en économie

Ingénieur Statisticien Economiste

DESS en Management

Devant le jury composé

M. TIKOUOKA Jean Robert M. GUI-DIBY Michel Noé

Président Examinateur

Juin 2008

Dédicace

À toutes les personnes qui me sont chères...

Remerciements

Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements à mon directeur de mémoire, le Docteur Kamga Tchwaket Ignace Roger, pour m'avoir fait confiance durant toute la période d'encadrement.

Je remercie également tout le personnel enseignant de l'ISSEA, pour son dévouement et la qualité des enseignements qu'il nous a donné durant toute notre formation, en particulier le Directeur des études des premier et second cycles, le Docteur Kinkielele Dieudonné, qu'il trouve ici l'expression de ma gratitude en raison de l'intérêt qu'il a toujours porté à la bonne conduite de notre formation.

Ma gratitude portée sur des personnes qui m'ont constamment assisté sur les plans extra académiques. Il s'agit de : ma mère Nguemo Blandine, mes tantes Mme Djoufack Hélène, Mme Jiogo Eudoxie et M. Foguila Angelbert.

Ma reconnaissance va en suite à l'endroit des étudiants de la IAS4 pour leur sollicitude permanente. En particulier, Kenkouo Guy Albert, Kouanda Adrien, Ngoumo Elliot. Ils ont toujours su manifester un esprit de camaraderie et de partage depuis nos débuts en première année.

Enfin, je remercie M. Tsague Edouard et M. Bessong à Beyek Loudine pour leurs multiples conseils et critiques qui m'ont permis de mener à bien se travail.

Avant - Propos

L'élève Ingénieur d'Application de la Statistique (IAS) à l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée est tenu en quatrième année de rédiger et de soutenir publiquement un mémoire sanctionnant la fin de sa formation. Ce mémoire a pour but l'initiation du futur ingénieur statisticien à la recherche. C'est une occasion pour l'étudiant de mettre en pratique les connaissances acquises au cours de son cycle scolaire. Le mémoire doit porter sur un thème directement en rapport avec la statistique et ou l'économie.

C'est pour répondre à cette exigence académique que nous avons opté sur proposition de notre directeur de mémoire de travailler sur le thème « Mesure et analyse de la pauvreté non monétaire chez les enfants : le cas du Cameroun ». L'objectif de cette étude est d'évaluer à partir des données d'enquête de MICS-III disponibles le niveau de pauvreté des enfants et ensuite déterminer les variables socio démographiques qui influencent la probabilité qu'un enfant subisse le phénomène de pauvreté.

Les imperfections et les erreurs contenues dans ce travail nous incombent entièrement et ne seront en aucun cas attribuées à un tiers.

Cependant, ce mémoire est une initiation à la recherche, de ce fait nous sommes entièrement réceptifs et ouverts à toutes les critiques et suggestions émanant de votre part et pouvant l'améliorer.

Table des matières

Dédicace i

Remerciements ii

Avant - Propos iii

Liste des graphiques vi

Liste des abréviations vii

Résumé viii

Introduction 1

PARTIE I 4

Chapitre 1 : Généralités sur la pauvreté 5

1.1 Définition du concept de pauvreté 5

1.1.1 L'approche monétaire 6

1.1.2 L'approche non monétaire 6

1.2 Mesure de la pauvreté 7

1.2.1 L'approche monétaire 8

1.2.2 L'approche non monétaire 9

1.3 Contexte socioéconomique au Cameroun 10

1.3.1 Contexte économique 11

1.3.2 Contexte sociodémographique 12

Chapitre 2 : Pauvreté des enfants et conception d'un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP) 17

2.1 La pauvreté infantile 17

2.1.1 Le concept d'enfant 17

2.1.1 La garantie du capital humain 18

2.2 Définition de la pauvreté infantile et revue de la littérature 20

2.2.1 Définition de la pauvreté infantile 20

2.2.2 Revue de la littérature 21

2.3 Approche conceptuelle d'un indicateur de mesure 22

2.3.1 Méthodologie de conception d'un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP) 24

2.3.2 Détermination des classes et du seuil de pauvreté des conditions de vie 27

PARTIE II 29

Chapitre 3 : Profil de pauvreté infantile : une approche descriptive 30

3.1 Profil de pauvreté infantile 30

3.1.1 Sélection des variables et interprétation des résultats de l'ACM 31

3.1.2 Calcul de l'ICP et détermination des classes de pauvreté 35

3.2 Calcul du seuil de pauvreté infantile et comparaison avec la population globale 38

3.2.1 Calcul des seuils de pauvreté 38

3.2.2 Comparaison : pauvreté infantile et pauvreté dans la population globale 39

3.3 Incidence de pauvreté infantile 41

3.3.1 Pauvreté infantile suivant les provinces et le milieu de résidence 42

3.3.2 L'incidence de pauvreté infantile selon les caractéristiques du chef ménage et selon celles des autres membres 43

Chapitre 4 : Déterminants de la pauvreté infantile : une approche économétrique 45

4.1 Sélection des variables et Présentation du modèle 45

4.1.1 Sélection des variables 45

4.1.2 Présentation du modèle 46

4.2 Interprétation des résultats du modèle 47

4.2.1 Validité du modèle 47

4.2.2 Interprétation des résultats du modèle 48

4.3 Stratégies de lutte et suivie de la pauvreté infantile 50

4.3.1 Stratégie de lutte contre la pauvreté 50

4.3.1 Suivie de la pauvreté infantile et principales limites du travail 52

Conclusion générale 53

Annexe 55

Références bibliographiques 61

Liste des graphiques

Graphique 1 : Nuage des points variables issue de l'ACM sur les variables nominales actives retenues. 33

Graphique 2 : Aperçu de la répartition des modalités suivant les axes factoriels 34

Graphique 3 : Nuage des points individus issu de l'ACM 35

Graphique 4 :Arbre de la CAH 57

Liste de tableaux

Tableau 1 : Indicateurs clés de l'économie camerounaise 12

Tableau 2 : Evolution du taux brut de scolarisation (%) par niveau et type d'établissement. 15

Tableau 3 : Exemple d'attribution des scores 23

Tableau 4 : Dimension de pauvreté 32

Tableau 5 : Caractéristiques statistiques de l'ICP 35

Tableau 6 : Statistiques descriptives de l'ICP par classe. 36

Tableau 7 : Pourcentage des enfants n'ayant pas accès à certaines commodités de base suivant la classe d'appartenance 37

Tableau 8 : Commodités de base auxquelles a accès un enfant de référence. 38

Tableau 9 : Pauvreté monétaire et non monétaire chez les enfants et dans la population globale 40

Tableau 10 : Distribution conditionnelle des enfants selon la classe de pauvreté (%) 41

Tableau 11 : Récapitulatif du modèle logistique 47

Tableau 12 : Coordonnées des modalités sur les deux premiers axes de l'ACM 55

Tableau 13 : Coordonnées des modalités sur les deux premiers axes de l'ACM 55

Tableau 14 : Incidence conditionnelle de la pauvreté infantile suivant les deux méthodes mises en oeuvre (%) 57

Tableau 15 : Répartition par sexe et par niveau de bien être des enfants selon qu'ils ont déjà été à l'école ou pas (%) 58

Tableau 16 : Valeurs du khi-deux pour la régression logistique 58

Tableau 17 : Classification modèle logistique 59

Tableau 18 : Estimation des paramètres de la régression logistique et des risques relatifs des modalités par rapport aux modalités de référence 59

Liste des abréviations

ACM : Analyse des Correspondances Multiples

ACP : Analyse en Composantes Principales

BAD : Banque Africaine de Développement

BIT : Bureau International du Travail

CAH : Classification Ascendante Hiérarchique

CEDEAO : Communauté Economique et Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest

COPA : Consistance Ordinale sur le Premier Axe

DAE : Direction des Affaires Economiques

EBC : Enquête Budget Consommation

ECAM : Enquête Camerounaise Auprès des ménages

EDS : Enquête Démographique et de Santé

EESI : Enquête sur l'Emploi et le Secteur Informel

F CFA : Francs de la Communauté Financière d'Afrique

FMI : Fonds Monétaire International

IBW : Institution de Bretton Woods

ICBE : Indice Composite de Bien Etre

ICP : Indicateur composite de Pauvreté

INS : Institut National de la Statistique

INSEE : Institut National de Statistique et des Etudes Economiques

MICS: Multiple Indicator Cluster Survey

MINEDUC: Ministère de l'Education

MINFI : Ministère des Finance

OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques

OIT : Organisation Internationale du Travail

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PIB : Produit Intérieur Brut

$EU : Dollar Etats Unis

TBS : Taux Brut de Scolarisation

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UNESCO : Organisation des Nation Unies pour l'Education, la Science et la Culture

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance

Résumé

Les Institutions de Bretton Woods après avoir délibérément ignoré la pauvreté pourtant longtemps relevé par le PNUD et l'UNESCO qui dès 1987 publiaient un rapport intitulé « Ajustement à visage humain » dénonçant par ce fait les politiques d'Ajustement structurelle, devaient à partir des années 1990 s'impliquer de fond en comble dans la lutte contre la pauvreté. Dès lors, l'éradication de la pauvreté est devenu le credo des États africains qui s'efforcent avec l'aide combinée de la Banque Mondiale et du FMI d'éradiquer la pauvreté. Dans le même temps, l'UNICEF, s'est préoccupé au plus haut point des conditions de vie de la petite et de la grande enfance car les études visant à définir le profil de pauvreté afin de circonscrire la pauvreté ne prenaient pas toujours en compte les spécificités des enfants. C'est alors que l'UNICEF depuis près d'une décennie est le principal partenaire des États dans la réalisation de la génération d'enquêtes MICS adaptées à la caractérisation des conditions de vie des femmes et des enfants.

Pour caractériser le profil de pauvreté non monétaire chez les enfants, nous avons construit un indicateur composite de pauvreté en agrégeant les scores des modalités obtenus en implémentant une ACM sur un tableau figurant les enfants en ligne et les variables traduisant les privations en colonne. Il en ressort que 62,4% des enfants au Cameroun font face à des privations sévères. De fortes disparités existent entre les milieux urbain et rural et entre les différentes provinces ; 85% des enfants du milieu rural apparaissent extrêmement vulnérables contre 32,5% en milieu urbain. Ils n'ont ni accès à l'eau potable ni accès à l'électricité. Ils sont plus nombreux à n'avoir jamais été à l'école soit 61,6 % des enfants appartenant à la classe des enfants très pauvres. Le niveau d'instruction des parents se révèle être un élément déterminant dans le risque de paupérisation des enfants. Moins les parents sont instruits, plus le risque de pauvreté infantile est élevé. Pour lutter efficacement contre la pauvreté infantile, les pouvoirs publics et les acteurs de la société civile devraient compte tenu des résultats privilégier dans un premier temps la sensibilisation des parents sur les risques que courent les enfants. Puis promouvoir des actions visant à créer des emplois plus stables et mieux rémunérés. Car la pauvreté non monétaire ne s'aurait s'affranchir de la pauvreté monétaire, tout comme la pauvreté infantile ne s'aurait s'affranchir de celle du ménage de résidence. Même si les mauvaises conditions de vie compromettent davantage le devenir des enfants avec des risques élevés qu'apparaît un cycle de pauvreté.

Mots clés : pauvreté infantile, pauvreté non monétaire, commodités, ICP.

Introduction

Au Cameroun, la littérature sur la pauvreté est largement dominée par l'approche monétaire. On peut citer pour s'en convaincre la série d'enquêtes ECAM utilisant la seule variable monétaire dans la détermination du seuil de pauvreté des ménages. Toutefois, la réalisation d'enquête MICS en partenariat avec l'UNICEF a permis non pas de déterminer le profil de pauvreté non monétaire des ménages, mais d'évaluer les conditions d'existence des ménages tout en maintenant une attention particulière sur la situation des enfants et des femmes considérés comme faisant partie de la frange de la population la plus vulnérable. Des universitaires et des chercheurs indépendants en s'intéressant au phénomène de pauvreté et d'inégalité au Cameroun ont eux aussi davantage privilégié l'approche monétaire.

Les travaux parcourus se situent dans les champs de la relation entre pauvreté et répartition du revenu (Fambon et al, 2005), de la décomposition des effets de politiques économiques sur l'évolution de la pauvreté au Cameroun (Emini et al, 2006), etc. De tous ces documents, deux émergent pour aborder la pauvreté du point de vu non monétaire, en adoptant une approche multidimensionnelle du phénomène de pauvreté. Ces études portent sur une approche multidimensionnelle de la pauvreté et des inégalités au Cameroun (Foko et al, 2007), et sur l'analyse des conditions d'existence des ménages et pauvreté au Cameroun (Debok, 2001).

Que l'étude soit réalisée suivant l'approche monétaire ou non, la pauvreté est toujours perçue au niveau du ménage et, est alors considérée comme pauvre toute personne vivant dans un ménage pauvre. Procéder ainsi reviendrait à traiter tous les membres d'une famille sur un pied d'égalité. Les ressources du ménage seraient alors équitablement réparties et les besoins également ressentis. Or d'après l'UNICEF, bien qu'un manque sévère de biens et services nuise à tout être humain, c'est pour les enfants que cela représente la pire menace et le mal le plus grand, en les rendant incapable de jouir de leurs droits, d'atteindre leur plein potentiel et de participer à la société comme membre à part entière. Il est donc clair que restreindre la pauvreté d'un enfant à celle du ménage auquel il appartient revient à ignorer la spécificité des besoins d'un enfant par rapport à ceux d'un adulte.

Il n'existe pas encore au Cameroun une étude à proprement parler définissant le profil de pauvreté des enfants. Le présent mémoire se positionne alors comme une contribution à un début de réflexion sur la définition d'un profil de pauvreté multidimensionnelle chez les enfants au Cameroun. Cela se justifie par la nécessité de pouvoir différencier la condition des enfants de celle des parents ou des adultes. Dès lors, on peut imaginer que la pauvreté infantile s'affranchisse complètement de celle de son ménage de résidence ou alors qu'elle soit étroitement liée à celle-ci. C'est la définition des politiques économiques et sociales qui s'en trouvera convenablement orientée.

Donc, la caractérisation des conditions de vie des enfants et la spécification des déterminants clés de leurs conditions d'existence renforceraient à coup sûr la position des organisations en charge de la promotion des droits de l'enfant à la table de négociation des politiques publiques garantissant logiquement une plus grande efficacité dans l'action des décideurs.

Le problème est alors de déterminer à l'aide des données de l'enquête MICS-III le profil de pauvreté non monétaire chez les enfants au Cameroun tout en recherchant les facteurs qui contribuent à accroître le risque de pauvreté infantile. Nous nous proposons dans ce mémoire de ne retenir que la population d'enfants âgée entre 5 et 17 ans. La réponse à cette problématique nécessite d'apporter une réponse aux questions suivantes :

· quelle est l'ampleur de la pauvreté infantile au Cameroun ?

· le niveau de pauvreté varie t-il suivant les caractéristiques socio démographiques ?

· quels sont les éléments qui contribuent le plus à la formation du risque de pauvreté ?

L'enjeu principal de ce travail réside dans ce qu'il doit pouvoir renforcer la capacité des décideurs à identifier et combler les lacunes existantes dans les stratégies économiques en cours, et apporter les réponses en matière de politique sociale de façon à ce que les enfants grandissent dans des conditions acceptables. Ainsi, les résultats obtenus intéresseraient potentiellement :

· les pouvoirs publics à travers les ministères et les services en charge de la protection des enfants ;

· la société civile à travers les Organisations Non Gouvernementales oeuvrant dans l'amélioration des conditions de vie et des droits de l'enfant ;

· le futur conseil national de la jeunesse ;

· les organismes internationaux au premier rang desquels l'UNICEF.

L'objectif qui préside à la réalisation de ce travail n'est pas que académique. Son objectif reste la définition d'un profil de pauvreté infantile et l'analyse des déterminants de pauvreté infantile. Cet objectif peut se décliner en deux objectifs spécifiques :

· estimer et caractériser le niveau de pauvreté des enfants à partir de la construction d'un indicateur composite de pauvreté ;

· déterminer les facteurs qui influencent la pauvreté des enfants.

Ce mémoire est divisé en deux principales parties. Une première partie constituée de deux chapitres qui traite de la littérature en matière de définition de la pauvreté, de mesure de la pauvreté, et fait un aperçu théorique sur les déterminants de la pauvreté infantile. Une deuxième partie, constituée elle aussi de deux chapitres entièrement axées sur un travail empirique destiné aux analyses s'articulant autour d'un indicateur composite sensé résumer la diversité des conditions de vie des enfants au Cameroun suivant sept principales dimensions : la nutrition, la santé, l'éducation, l'eau, l'assainissement, l'information et les conditions de logement.

PARTIE I

APPROCHES CONCEPTUELLES

ET

THEORIQUES

Cette première partie est constituée de deux chapitres qui traitent de la littérature en matière de définition de la pauvreté, de mesure de la pauvreté, et fait un aperçu théorique sur les déterminants de la pauvreté infantile. Elle aborde dans le premier chapitre le concept de pauvreté dans sa définition et sa mesure, puis, présente une ébauche du contexte socioéconomique au Cameroun. Le second chapitre s'intéresse dans un premier temps à la place de l'enfant dans son environnement et les différentes influences qu'il peut subir dans son milieu social. En fin de ce deuxième chapitre, nous présenterons une méthode de construction d'un indicateur composite de pauvreté.

Chapitre 1 :

Généralités sur la pauvreté

Depuis plus d'une décennie, les gouvernements africains mènent avec l'appui des Institutions de Bretton Woods (IBW) une lutte acharnée contre la pauvreté. Mais les résultats restent limités. En effet, en dehors de l'Afrique subsaharienne, la plupart des pays parviendront à réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015 (Berg A. et Qureshi Z., 2005).Dans ce chapitre, après avoir défini le concept de pauvreté suivant les approches monétaire et non monétaire, nous ferons un bref aperçu sur les méthodes de mesure utilisées dans l'évaluation de la pauvreté suivant ces différentes approches. Enfin, nous présenterons le contexte socioéconomique au Cameroun.

1.1 Définition du concept de pauvreté

Le concept de pauvreté apparemment simple ne l'est pas pour autant. La littérature sur la pauvreté est extrêmement abondante et se caractérise par un grand niveau d'ambiguïté (Ndamobissi.R et al, 2007). Pour Daniel Verger (2005), la première difficulté à laquelle se heurte l'étude de la pauvreté est, aussi surprenant que cela puisse paraître, l'absence d'une véritable définition : ni les sociologues ni les économistes ne fournissent de définition précise permettant la quantification de la pauvreté. Cette absence de définition précise est révélatrice des nombreux problèmes sous-jacents, aussi bien sur le plan conceptuel qu'au niveau de la mesure, qui frappe toute approche de la pauvreté.

Il apparaît alors qu'il existe une certaine difficulté à identifier l'individu pauvre. Néanmoins, selon l'Organisation des Nations Unies (ONU) la pauvreté peut être définie comme « la condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé de manière durable ou chronique des ressources, des moyens, des choix, de la sécurité et du pouvoir nécessaire pour jouir d'un niveau de vie suffisant et d'autre droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. » Malgré tout, le consensus dans la définition de la pauvreté est loin d'être acquis. On note dans la littérature divers concepts de pauvreté : pauvreté monétaire, pauvreté en terme de capital humain, pauvreté d'exclusion sociale, et pauvreté subjective. De ce fait, deux approches sont communément retenues,  à savoir : l'approche monétaire et l'approche non monétaire. Si depuis le début des années 90, un grand intérêt a été accordé au phénomène de pauvreté des ménages, il en est moins de ce qui concerne la pauvreté infantile.

1.1.1 L'approche monétaire

L'approche monétaire est défendue par les welfaristes ou utilitaristes classiques et selon eux, la pauvreté est considérée sous la forme d'un niveau d'utilité inférieur à un niveau préalablement défini et économiquement approximé par une variable monétaire, elle résulte donc d'une non possession des ressources monétaires (Bertin. A., 2006) car dans un système de marché, le revenu et la dépense sont seules capables de rendre compte de la satisfaction individuelle.

Cette approche se base sur le revenu des ménages, y compris le loyer imputé et l'autoconsommation. Le degré de satisfaction atteint par un individu par rapport aux biens et services qu'il consomme est supposé définir son bien être (Djoke et al, 2006). La littérature courante indique qu'il existe des fondements théoriques suffisants pour considérer que les dépenses constituent une bonne approximation du bien-être pour l'analyse de la pauvreté. Ce fondement théorique est lié à deux éléments: (i) l'hypothèse de maximisation de l'utilité des individus; (ii) les principaux éléments de la fonction de bien-être sont les biens consommés.

L'approche monétaire de la pauvreté, parce qu'elle est intuitive et plus facilement perceptible, est restée la plus répandue dans la littérature. Pour Deaton et Muellbauer1(*) (1980), la meilleure façon de mesurer le bien-être individuel est d'utiliser une mesure monétaire. Tout individu étant seul maître dans la construction de sa fonction d'utilité, et la définition de ses choix, cette dimension monétaire de la pauvreté vise à baser les comparaisons de bien-être ainsi que les décisions relatives à l'action publique sur les préférences des individus.

1.1.2 L'approche non monétaire

L'approche non monétaire, défendue par les non welfaristes ou non utilitaristes est celle qui traduit le côté multidimensionnel de la pauvreté. Elle est multidimensionnelle dans le sens où la seule focalisation sur le revenu est abandonnée au profit d'une vision plus large du bien-être qui fait entrer en ligne de compte une multitude de composantes (Bertin A., 2006). Pour Coudouel A. et al (2002), la pauvreté n'est pas seulement liée au manque de revenu ou à une insuffisance de consommation, mais aussi à des performances insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et d'alphabétisation, à des déficiences de relations sociales, à l'insécurité, à une faible estime de soi-même et à un sentiment d'impuissance.

La pauvreté non monétaire est encore connue sous le vocable « pauvreté en condition d'existence » et se subdivise en deux approches : celle dite par les capacités « capabilities » dont l'économiste Armatyar Sen apparaît comme l'un des principaux tenant, et celle dite par les besoins de base.

Pour Djoke et al (2006), l'approche par les capacités de Sen traduit le bien-être à travers les droits positifs des individus et tente à l'aide du concept de fonctionnement « fonctionning », de transposer ces droits dans un espace mesurable. L'individu doit avoir certaines capacités jugées fondamentales. Á cet effet, l'individu doit être adéquatement nourrit, avoir une éducation, être en bonne santé, être adéquatement logé, prendre part à la vie communautaire et apparaître en public sans avoir honte. Alors que l'approche par les besoins de base considère que l'individu doit pouvoir satisfaire certains besoins fondamentaux qui sont nécessaires à l'atteinte d'une certaine qualité de vie : éducation, santé, hygiène, assainissement, eau potable, habitat, accès aux infrastructures de base, etc.

Selon qu'ils retiennent l'approche monétaire ou non monétaire de la pauvreté, les analystes et les instituts en charge de la mesure et du suivi de la pauvreté adoptent principalement deux postures empiriques de mesure de la pauvreté. Ces deux postures sont méthodologiquement dictées par les spécificités et les caractéristiques liées à chaque approche.

1.2 Mesure de la pauvreté

Autant il est difficile de donner une définition claire et dépourvue de toute ambiguïté de la pauvreté, il est encore plus difficile de pouvoir la mesurer ou alors de la quantifier. En effet la diversité conceptuelle qui entoure le concept de pauvreté est évidemment problématique au moment de l'élaboration des indicateurs empiriques d'évaluation de la pauvreté (Razafindrakoto M. et Roubaud F., 2005).

La quantification de la pauvreté passe par la détermination du niveau de bien-être des individus. Elle exige non seulement que soit évalué le bien-être des individus, mais aussi que soit déterminé le seuil à partir duquel une personne peut-être considérée comme pauvre. La détermination de ce seuil se fait au moyen d'indicateurs composites et d'indices de pauvreté. Les approches les plus répandues de la pauvreté étant les approches monétaire et non monétaire, c'est à leur mesure que nous allons nous intéresser.

1.2.1 L'approche monétaire

Pour évaluer la pauvreté monétaire, l'on utilise généralement le revenu ou la consommation comme indicateur de bien-être. Pour ce faire, on doit disposer des données exhaustives sur le niveau de revenu ou de dépense des ménages. Très souvent, la consommation est préférée au revenu, dans la mesure où la consommation des ménages est étroitement liée au bien-être de ceux-ci, alors que, le revenu courant est un mauvais reflet des ressources du ménage. En effet, le revenu d'un ménage ne représente pas toujours sa consommation. Il est généralement largement sous-estimé, et constitue une piètre approximation du bien-être (Fambon, 2004).

La consommation est évaluée au moyen d'enquêtes auprès des ménages, qui fournissent des informations suffisamment détaillées sur les biens et services consommés par le ménage, alors que la mesure du revenu est très difficile (INS, 2001). Par exemple, dans le cas de l'enquête EBC2(*) de 1983-1984 et l'enquête ECAM 1 de 1996, moins de 8,63(*) % des ménages ont déclaré un revenu supérieur aux dépenses. Il n'est donc souvent pas aisé de pouvoir saisir l'information réelle sur le revenu des ménages puisque l'on ne prend pas en compte l'autoconsommation. Toutefois, la principale difficulté qu'offrent les données de consommation réside dans la pénibilité de leur collecte. Une fois que l'on a arrêté le type de données avec lesquelles évaluer la pauvreté, on peut définir une ligne de pauvreté ; en deçà de cette ligne, tout ménage est dit pauvre et au-delà, tout ménage est dit non pauvre.

La détermination du seuil de pauvreté dans le cadre des études se basant sur un indicateur de bien-être fait l'objet de divergences au sein du collectif des analystes. Les points de vue restent partagés quant à l'adoption d'un seuil de pauvreté absolu qui représente le montant minimum nécessaire à un individu pour se procurer ses besoins fondamentaux sur le marché - C'est la méthode adoptée par l'INS Cameroun - ou l'adoption d'un seuil de pauvreté relatif défini comme une proportion du niveau de revenu médian, qui représente le montant minimum pour atteindre un niveau de bien-être ordinairement observé dans la société. C'est le cas de l'INSEE qui retient généralement 50 % du revenu médian alors que au niveau européen, les statisticiens retiennent 60 % du revenu médian3(*). Alors, on retient comme pauvre tout ménage dont le niveau de vie est très inférieur à celui de la majorité de la population, qui a un niveau de vie inférieur à cette ligne.

La banque mondiale fonde son évaluation de la pauvreté dans le monde sur deux seuils de pauvreté reconnus au plan international : un et deux dollars environ par jour en parité de pouvoir d'achat de 1993. Le seuil de 1 dollar par jour est un seuil caractéristique des pays à faible revenu et le seuil de deux dollars par jour est davantage celui des pays à revenu intermédiaire. Les calculs visent une certaine cohérence entre les pays : le seuil de pauvreté international permet d'avoir la même valeur réelle dans divers pays et au fil du temps. Ce seuil est converti en monnaie nationale à partir des taux de change réel en parité de pouvoir d'achat pour la consommation en 1993, puis actualisé à l'aide du meilleur indice des prix à la consommation disponible pour chaque pays.

1.2.2 L'approche non monétaire

La pauvreté est de plus en plus appréhendée par les auteurs comme un phénomène multidimensionnel. Qualifier un individu de pauvre nécessite que l'on ne prenne plus en compte uniquement les variables liées au revenu ou à la consommation, mais que l'on s'intéresse aussi à des variables telles que la santé, l'éducation, les conditions d'habitat, toute chose pouvant éviter à l'individu d'être marginalisé dans la société. L'exclusion sociale, étant perçue comme le produit d'une situation de pauvreté.

La mesure de la pauvreté suivant l'approche non monétaire exige donc de définir ou alors d'arrêter un nombre de variables pertinentes représentatives de la position sociale d'un individu. Il faut néanmoins noter le caractère arbitraire du choix de ces variables, car ceux-ci dépendent souvent plus ou moins fortement de la perception de l'analyste ou du statisticien chargé de l'évaluation de la pauvreté. Toutefois, comme le dit Sirven (2003) cité par Alexandre Bertin (2005),  «il s'agit de passer d'un espace à n dimensions dans lequel les ménages sont représentés par n variables, à un espace unitaire dans lequel une valeur nominale synthétiserait l'ensemble de l'information relative à un ménage ».

Les enquêtes du type EDS et MICS sont des enquêtes destinées à permettre une évaluation aisée de la pauvreté en « condition d'existence ». Elles contiennent des items qui servent à relever les caractéristiques sanitaires, éducationnelles et d'habitat des ménages. Pour la mesure de la pauvreté non monétaire, deux principales approches sont proposées dans la littérature.

Certaines études comme c'est le cas pour l'enquête ECAM, après avoir retenu des « items » entrant dans la caractérisation de la pauvreté d'existence, déterminent la proportion de la population qui possède ou non les caractéristiques de cet « item ». Cette façon de faire est critiquée pour le fait qu'elle donne une agrégation à un niveau très élevé et définit le pauvre suivant une seule variable.

La seconde méthode rencontrée dans la littérature est celle qui consiste à calculer un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP) ou encore un Indicateur Composite de Bien-Être (ICBE)4(*). Cette méthode utilise les techniques d'analyse factorielle dans la détermination des scores affectés aux modalités de chaque variable primaire. Elle procède à une agrégation d'abord au niveau de chaque variable qui peut être soit une variable binomiale ou dichotomique soit une variable multinomiale ou polytomique. Cette méthode domine la littérature concernant la mesure de la pauvreté. Plusieurs études sur la mesure de la pauvreté en Afrique ont été réalisées en utilisant la deuxième méthode de mesure multidimensionnelle de la pauvreté  dans divers pays : Foko Tagne et al (2007) pour le Cameroun, Ayadi Mohamed et al (2007) pour la Tunisie, Ki et al (2005) pour le Sénégal, Body Lawson et al (2007) pour le Togo etc. La remarque qui s'impose est que ces études empiriques sur la pauvreté multidimensionnelle sont relativement récentes, toutes ont été réalisées après 2005.

Concept multidimensionnel, le bien-être est étroitement lié au niveau de vie qui à son tour est essentiellement basé sur la performance du système socioéconomique. Ainsi, l'appréhension de la pauvreté nécessite alors de comprendre au préalable le contexte socioéconomique.

1.3 Contexte socioéconomique au Cameroun

La prise de conscience du phénomène de pauvreté au Cameroun n'est pas récente. La mise en place des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) dès la fin des années 1980 s'est accompagnée des mesures visant à assainir les finances publiques, à savoir : la libéralisation des marchés, la réduction du train de vie de l'État, qui ont eu comme corollaire : les licenciements, la baisse des salaires, pour nous en tenir qu'à ces cas.

Les conséquences de cette politique d'austérité budgétaire ne se sont pas faites attendre. En effet, s'en est suivie une baisse drastique du pouvoir d'achat des populations qui éprouvent désormais d'énormes difficultés aussi bien pour se nourrir et se soigner que pour payer l'écolage des enfants et régler leurs factures d'eau et d'électricité pour ceux qui en ont accès.

En réaction à cette situation, on observe une extension du secteur informel devenant ainsi de loin le secteur qui fournit le plus d'emplois - 90,4 % des actifs occupés - malheureusement précaires (INS, 2005). Les effets observés après la libéralisation du secteur productif et la réduction de l'intervention de l'État tendent à faire penser que les Programmes d'Ajustement Structurel ont contribué à la paupérisation de la population et à l'accentuation des inégalités entre les différentes classes sociales, corroborant ainsi les dires de Dani Rodrik5(*) (2000) pour qui, la pauvreté et les inégalités sont naturellement associées aux imperfections des marchés et à leurs lacunes.

1.3.1 Contexte économique

Pendant la période 1960 - 1985, le Cameroun se porte bien sur le plan économique. Le PIB par habitant passe de 160 $ EU en 1960 à 980 $ EU en 1986 (Gauthier B., 1996). Le Cameroun tire la quasi-totalité de ses ressources financières des exportations. Après la période 1965 - 1977 au cours de laquelle le taux de croissance du PIB reste positif et atteint un niveau moyen de 4 % annuel, l'âge d'or intervient au courant de la période 1977 - 1981 avec la découverte et l'exploitation des gisements pétroliers. Le taux de croissance à cette période se situe à un niveau moyen de 13 %. Pour la période 1982 - 1985, le taux de croissance économique, bien qu'étant dans une tendance baissière, se situe à un niveau soutenu de 8 %.

Dès 1986, la chute du cours du Dollar sur le marché international combinée à la baisse des cours des matières premières provoqua la détérioration des termes de l'échange de l'ordre de 50 %, entraînant le pays dans une forte récession avec une chute vertigineuse de la croissance dont le niveau moyen pour la période 1987 - 1994 plongea jusqu'à -5 % (Gauthier B., 1996). Cette crise s'est traduite notamment par l'effondrement des revenus des ménages et la détérioration des conditions de vie et d'habitat des populations. Grâce aux différentes réformes économiques et financières engagées par l'État et aux énormes sacrifices consentis par les populations, l'économie camerounaise a retrouvé depuis 1994 le chemin de la croissance. La dévaluation du FCFA de 50 % intervenue en janvier 1994 a contribué à cette reprise. Depuis 1994, le taux de croissance a plafonné à 5,3 % au cours de l'année 2000/2001 à la faveur des retombées de la construction de l'oléoduc tchado-camerounais. Cette croissance reste extrêmement modeste et inférieure à la croissance moyenne des pays en développement qui se situait au-delà de 6 % en 2006.

Comme la plupart des pays d'Afrique au Sud du Sahara, l'économie camerounaise près de cinquante ans après les indépendances est restée une économie de rente (Hugon P., 2002). La principale source de richesse résulte de la vente du cacao, du café, du coton, du bois, des mimerais et du pétrole. Cinq produits à savoir : le pétrole, le café, le cacao, le bois et le coton représentent plus de 70 % de la valeur des exportations. Cette situation traduit le trop peu degré de diversification des exportations exposant ainsi le pays aux multiples conséquences dues aux très fortes fluctuations des cours des matières premières sur le marché international.

Le tableau 1 figure les principaux indicateurs clés de l'économie camerounaise de 1999 à 2006.

Tableau 1 : Indicateurs clés de l'économie camerounaise

 

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

PIB à prix courant (milliards de FCFA)

6171

6612

7061

7583

7917

8378

8757

9400

PIB à prix constant de 2000

6327

6612

6911

7188

7483

7747

7965

8304,5

PIB réel Croissance annuelle (en%)

4.3

4.5

4,5

4

4,1

3,5

2,8

4,3

taux de croissance du PIB/tête

1,5

1,7

1,7

1,2

1,3

0,7

0

1,5

Taux de croissance de la consommation par tête

1,2

1,9

0,2

1,7

4,2

-0,6

-3,4

-2,7

Les composantes de la demande

(En pourcentage du PIB)

Consommation

80.8

79.7

81

81

82,2

80,6

79

75,7

Privée

71.3

70.2

70,7

70,8

72,2

70,4

68,2

65

Publique

9.5

9.5

10,2

10,2

10

10,2

10,8

10,8

Source : MINFI/DAE

1.3.2 Contexte sociodémographique

La structure de la population du Cameroun est similaire à celle de la plupart des pays en développement. Elle se caractérise par une relative jeunesse de la population. Plus d'un Camerounais sur deux (54%) est âgé de moins de 20 ans et 63 % des Camerounais sont âgés de moins de 25 ans.

Pour ce qui est de la distribution spatiale, la population du Cameroun est inégalement répartie sur le territoire, d'où la grande variabilité de la densité qui croît sensiblement des zones de forêt (plus faibles densités) aux montagnes de l'Extrême-Nord (plus fortes densités). Ce déséquilibre est plus marqué entre les zones urbaines et les zones rurales. Plus d'un Camerounais sur deux vit dans une ville.

Il en découle une accélération du phénomène d'habitat spontané et précaire, on assiste à une prolifération des bidonvilles dans les principales métropoles que sont Yaoundé et Douala. Les populations occupent des zones marécageuses sujettes à des inondations, des zones aux reliefs instables et constamment soumises aux éboulements de terrain. De nombreuses villes ne disposent ni d'équipements, ni d'infrastructures en quantité et en qualité suffisantes pour faire face aux flux de nouveaux citadins - exode rural - en quête de meilleures conditions de vie.

Les données de l'EDSC-III (2004) montrent que la fécondité des femmes au Cameroun demeure élevée. Avec les niveaux actuels, chaque femme donnerait naissance en moyenne à cinq enfants à la fin de sa vie féconde. Des différences très nettes de fécondité apparaissent entre milieux de résidence : une femme de Yaoundé/Douala a un niveau de fécondité nettement plus faible (trois enfants par femme) que celui qui prévaut dans les Autres Villes (cinq enfants par femme) et en zone rurale (six enfants par femme).

Le Cameroun est caractérisé par des statistiques médicales et éducatives meilleures que celles d'un grand nombre de pays d'Afrique subsaharienne BAD/OCDE (2003). La mortalité infantile est de 79.3 pour mille et l'espérance de vie atteint 50 ans. De manière générale, le Taux Brut de Scolarisation (TBS)6(*) est resté stable dans le préscolaire et le secondaire. En revanche, il a régressé dans le primaire et a connu une réelle progression dans le supérieur.

Avec une couverture territoriale limitée, l'enseignement maternel apparaît comme essentiellement urbain et restreint aux populations qui peuvent s'acquitter des frais de scolarité pour chaque enfant. Cet ordre d'enseignement n'est pas concerné par le décret du chef de l'Etat instituant la gratuité de l'enseignement primaire au Cameroun

Dans le primaire, après une baisse du TBS entre 1990 et 1995, liée notamment à la conjoncture économique défavorable, on assiste à une lente remontée de la couverture. Le TBS est aujourd'hui supérieur à 100 %, ce qui ne signifie pas que tous les enfants d'âge scolaire seraient effectivement scolarisés à ce niveau d'études.

Dans l'enseignement secondaire général, après une stagnation du taux brut de scolarisation, autour de 25 % dans le premier cycle et de 18 % dans le second, on observe une augmentation substantielle à partir de l'année 2000, essentiellement dans le premier cycle.

Contrairement à de nombreux pays de la région, le Cameroun dispose d'un enseignement secondaire technique de premier cycle relativement développé. Avec un TBS estimé en moyenne entre 6 % et 7 %, il correspond à environ un quart des effectifs scolarisés dans l'enseignement général. Dans le second cycle, le taux brut de scolarisation est plus faible avec des chiffres qui oscillent entre 3 % et 4 %, sans marquer d'évolution notable sur les treize dernières années.

Dans l'enseignement supérieur, on note une évolution positive et soutenue de l'indicateur de couverture, qui passe de 2877(*)étudiants en 1991 à 5048(*) étudiants en 2001, soit presque un doublement sur les dix années. En 2004, le TBS est estimé à près de 5,78 % soit plus de 552 étudiants pour 100 000 habitants.

Tableau 2 : Evolution du taux brut de scolarisation (%) par niveau et type d'établissement.

 

1990/91

1995/96

1996/97

1997/98

1998/99

1999/00

2000/01

2001/02

2002/03

2003/04

Préscolaire

13,3

9,9

10,3

10,5

11,6

12,4

13,3

13,9

13,8

6,6

Primaire

96,3

81,2

81,6

83,4

85,7

87,7

102,8

104,7

105,4

100,1

Secondaire général Ier Cycle

25,3

25,3

24,8

24,8

24,2

25,8

28,8

28,8

32,1

35,3

Secondaire général 2nd cycle

18,8

18,6

18,2

18,1

17,7

18,8

16,3

16,3

16,4

19,8

Total secondaire général

22,6

22,6

22

22

21,5

22,9

23,6

23,6

25,5

 

Secondaire technique Ier cycle

6,1

6,3

6,1

6,1

6,5

7,5

7,3

7,1

6,7

 

Secondaire technique 2nd cycle

3,3

3,3

3,2

3,2

3,4

3,7

3,8

3,7

3,4

 

Total secondaire technique

5

5,1

4,9

4,9

5,2

5,9

5,9

5

4,9

 

Source : carte scolaire MINEDUC 2001/2002 et 2003/2004.

En 2001, le taux de pauvreté au Cameroun était de 40,2 %. Cette incidence est en baisse comparée à 50,3 % d'incidence de pauvreté en 1996. L'INS note cependant que cette diminution de la pauvreté de près de dix points a été générale et qu'elle n'a pas donné lieu à la réduction des inégalités dans le pays. Les plus riches consomment en moyenne toujours 7 fois plus que les plus pauvres. À l'examen de l'indice de Gini et du coefficient de variation, il apparaît qu'il subsiste une grande dispersion des revenus; ce qui traduit une distribution inégalitaire persistante de ces derniers entre les populations. Parlant du degré de pauvreté, ECAM II a permis de noter que 10% des personnes vivent dans la pauvreté absolue au Cameroun, c'est-à-dire qu'elles ne disposent d'aucune commodité, ni d'accès à l'eau potable, pas d'habitat décent et aucun équipement. Par contre, 1% des ménages camerounais ne manque de rien.

Il existe une discrimination importante entre le milieu rural et le milieu urbain d'une part et entre les hommes et les femmes d'autre part. Le milieu rural connaît une pauvreté plus élevée que le milieu urbain. En effet, dans les zones rurales, on note plus de quatre personnes pauvres sur dix. Dans les zones de Douala, Yaoundé, les strates urbaines des provinces du Sud-Ouest, du Centre, du Nord-Ouest, de l'Est et du Littoral, en revanche, moins de deux personnes sur dix sont touchés par la pauvreté. Les ménages dirigés par les hommes connaissent une incidence de pauvreté plus élevée que ceux dirigés par les femmes. Cependant, les femmes représentent plus de la moitié des personnes pauvres (51,4 %).

L'enquête EESI réalisée en 2005 par l'INS estime le taux d'activité des personnes de dix ans et plus à 71,5 % (EESI) et le taux de chômage - au sens du BIT - est de 4,4 %. Le phénomène de chômage est essentiellement urbain avec un taux de 14,5 % à Yaoundé et de 12,5 % à Douala. Sur dix actifs occupés, neuf exercent dans le secteur informel et la moitié de ceux-ci opèrent dans le secteur agricole informel avec un revenu moyen mensuel de 11 100 F CFA. Les secteurs formels privés et publics emploient quant à eux moins de 10 % des actifs.

Aussi, les membres des ménages dont le chef exerce dans les secteurs publics et privés formels réussissent mieux à s'insérer sur le marché du travail et bénéficient d'une rémunération et des conditions d'activité meilleures que ceux des ménages dont le chef exerce dans le secteur informel. Le secteur primaire est le plus grand pourvoyeur d'emploi avec 55,7 % des travailleurs, suivi du tertiaire avec 30,2 % des travailleurs. Notons également que le taux de sous emploi global en 2005 est très élevé, il est estimé à 75,8 % des actifs avec 68,3 % chez les hommes et 83,6 % chez les femmes en activité.

En somme, la situation économique au Cameroun n'est pas des plus réjouissantes. Les populations n'ont pas d'emplois, les revenus sont faibles, et les conditions de vie difficiles. Si les adultes sont sans emploi et sans revenu, leur situation de précarité rejaillit forcément sur les enfants dans la mesure où un enfant est repéré au travers de ses parents ou de toute personne dont il est à la charge. Nous allons entamer dans le chapitre qui suit, la définition de la pauvreté infantile, puis nous allons présenter la méthodologie de conception d'un indicateur multidimensionnelle de la pauvreté.

Chapitre 2 : Pauvreté des enfants et conception d'un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP)

Après l'exposé sur les diverses approches théoriques liées au concept de pauvreté et l'aperçu sur le contexte socioéconomique du Cameroun, le présent chapitre s'intéresse dans un premier temps à la place de l'enfant dans son environnement et les différentes influences qu'il peut subir à la fois au sein de sa famille, à l'école. Bref, dans son milieu social. Puis, dans un deuxième temps, nous présentons une méthode de construction d'un indicateur composite de pauvreté.

2.1 La pauvreté infantile

2.1.1 Le concept d'enfant

La notion d'enfant est différemment interprétée tant par les individus que par les organismes spécialisés des Nations Unies. Le traité international des droits de l'enfant définit comme enfant tout être humain, fille ou garçon âgé de moins de 18 ans, alors que le BIT, lui considère comme enfant toute personne âgée de moins de 15 ans.

En fait la définition de l'enfant varie en fonction du domaine d'intérêt. Il existe une extrême variabilité dans la définition de l'âge maximal d'un enfant : moins de 15 ans, moins de 16 ans, moins de 18 ans. Toutefois, les uns et les autres s'accordent pour dire que l'enfant est une personne en situation de dépendance. Il dépend aussi bien du ménage dans lequel il vit que de l'environnement social dans lequel il se meut - école, quartier, etc. - bref, c'est une personne en devenir et dont l'avenir est fortement tributaire des conditions de vie présentes.

La convention de l'UNICEF sur les droits de l'enfant met un accent particulier sur le droit à la vie et accorde un grand intérêt au niveau de vie des enfants dont la responsabilité selon cette convention est principalement parentale. En effet cette convention en son article 27 alinéa 2 stipule que : «C'est aux parents ou autres personnes ayant la charge de l'enfant qu'incombe au premier chef la responsabilité d'assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires au développement de l'enfant ». Néanmoins, la responsabilité de l'État peut inclure une aide matérielle aux parents et à leurs enfants ; notamment à travers des transferts.

L'intérêt sans cesse grandissant que l'on porte à l'épanouissement de la jeunesse porte sur l'idée selon laquelle un bon départ de cette jeunesse dans la vie favorise le bien-être à long terme, garantissant pour divers pays un fort potentiel humain apte à s'intégrer dans tout processus de développement.

2.1.1 La garantie du capital humain

En investissant dans les enfants, on investit dans le capital social. En plus des facteurs physiques - capital et travail - la théorie moderne de la croissance économique met un accent particulier sur l'innovation technologique et donc, pour les modèles qui gouvernent la théorie de la croissance endogène, la croissance économique dépend non plus seulement du taux de croissance de l'investissement mais de celui du capital technologique.

Ainsi, Angel de la Fuente et Antonio Cicconne dans une de leur publication en mai 2002 sur le thème « Le capital humain dans une économie mondiale fondée sur la connaissance » arrivent aux différentes conclusions suivantes : (i) l'investissement dans le capital humain contribue de façon significative à la croissance de la productivité, (ii) il est manifeste que le capital humain joue un rôle essentiel en faveur de l'évolution et de la diffusion technologique, (iii) l'investissement dans le capital humain apparaît comme attractif par rapport à d'autres avoirs tant en perspective individuelle qu'agrégée, (iv) les politiques qui augmentent la quantité et la qualité de stock de capital humain sont compatibles avec l'accroissement de la cohésion sociale.

Il est capital pour un pays, comme le Cameroun d'avoir une vision de long terme de sa prospérité. La concrétisation de cette prospérité passe nécessairement par la mise en place des mesures visant à développer et à renforcer les capacités de la force de travail. Les compétences de la main d'oeuvre acquises surtout pendant l'enfance et la jeunesse, influent beaucoup sur le climat d'investissement d'un pays et la pénurie de compétences, que connaissent tous les pays en développement, est en général moins prononcée lorsque le taux de scolarisation post primaire est élevé (Jimenez et Murthi, 2006). La population camerounaise est essentiellement jeune - environ 63 % des personnes sont âgées de moins de 25 ans - et constitue un potentiel énorme pour le Cameroun. Malheureusement, la recrudescence de la morbidité jointe à la mortalité élevée risque être nuisible pour cette jeunesse. Il apparaît alors nécessaire de prendre les dispositions sanitaires afin d'éviter d'éventuelles pertes. Á mesure qu'il grandit, un enfant peut subir des transformations dues aux conditions environnementales et socioculturelles. Il sera donc à terme le produit de son environnement, il s'avère alors important de se préoccuper de son développement psychosocial.

Rehausser la qualité et démocratiser l'éducation de base est certes un préalable, mais certains auteurs trouvent cet objectif peu ambitieux et préconisent que ceci puissent s'étendre au niveau secondaire. Cette recommandation se pose avec d'autant plus d'acuité que la nouvelle théorie de la croissance endogène hisse l'éducation9(*) à un niveau très élevé dans la hiérarchie des facteurs contribuant à terme à l'augmentation et au soutien de la productivité.

L'éducation fait ainsi partie de l'une des dimensions les plus importantes dans l'analyse de la pauvreté. Plusieurs indicateurs sont mobilisés pour appréhender le niveau d'éducation, chacun caractérisant un aspect particulier de la perception de l'alphabétisation. Avec la famille, l'école est l'une des principales instances au sein de laquelle l'enfant acquière un certain nombre de valeurs. J-P de Gaudemar10(*) disait au 19 ième siècle :  « L'école ne crée alors que des aptitudes à l'intégration sociale, comme aptitudes minimales à l'intégration économique ; elle crée des habitudes de régularité et de discipline dans le temps et dans l'espace... »

Considérée au même titre que l'éducation comme un élément constitutif du capital humain, la santé n'est pas en reste. C'est un élément essentiel du bien être. Un individu bien portant est économiquement plus productif et peut alors contribuer à la maximisation du revenu national. La nutrition et l'eau potable sont généralement considérées comme les déterminants majeurs de l'état de santé des individus. L'eau et la nourriture sont nécessaires à la satisfaction des besoins physiologiques fondamentaux de l'être. La satisfaction des besoins physiologiques occupe la première place dans l'échelle des besoins tel que définit par Maslow11(*).

Les pauvres ont très peu de chance de vivre dans les quartiers non exposés. Pour les populations pauvres, il est difficile d'accéder à un habitat de qualité surtout en milieu urbain au regard des coûts de terrain et des prix de matériaux de construction élevés. En effet, les logements urbains de qualité sont à des loyers élevés à telle enseigne que les pauvres des zones urbaines doivent se résoudre à vivre dans des bidonvilles, où les infrastructures de l'eau et de l'assainissement sont insuffisantes et où ils vivent dans des conditions de surpopulation et d'insatiabilité (Bloom et Khanna, 2007).

Cette situation s'accompagne inéluctablement d'une carence en infrastructure sanitaire : toilette, voirie, système d'évacuation des eaux usées. Dans de tels quartiers prolifèrent des délinquants. Un tel environnement ne saurait être propice à un sain épanouissement de l'enfant, car comme le pensent certains sociologues, la personnalité d'un individu est perçue comme le résultat des contraintes et des pressions que la société exerce sur lui. La pauvreté peut nuire à l'état de santé et à l'émergence intellectuelle future des jeunes, limitant ainsi leur potentialité et leur capacité à être des acteurs de développement à part entière.

2.2 Définition de la pauvreté infantile et revue de la littérature

2.2.1 Définition de la pauvreté infantile

Très souvent, le niveau de vie des enfants est perçu d'un point de vue monétaire car appréhendé à partir du niveau de vie du ménage auquel il est rattaché. L'on considère alors ici un enfant pauvre comme une personne vivant dans un ménage pauvre et la plupart des études définissant le profil de pauvreté retient le critère monétaire.

Cette considération conduit nécessairement à assimiler l'état des parents à celui des enfants sans toutefois tenir compte des spécificités des uns et des autres. L'hypothèse qui apparaît en filigrane ici est l'idée d'une certaine équirépartition des ressources au sein de la famille et du ménage. Or les parents sont généralement altruistes et dans les ménages altruistes, les enfants souffriraient moins de la pauvreté que les parents. De plus, les parents peuvent déclarer être pauvres mais sont suffisamment responsables pour alléger les conséquences sur leurs enfants. La situation inverse peut également exister. C'est-à-dire que l'irresponsabilité parentale peut amener les parents à ne point se soucier du bien-être de l'enfant quand bien même ces parents bénéficieraient d'un revenu conséquent.

Les pouvoirs publics, les acteurs sociaux, et les institutions internationales qui s'intéressent à la situation des enfants ont continuellement besoin d'informations fiables et spécifiques sur la condition des enfants afin d'évaluer la situation des enfants et de mener des politiques ciblées pour l'amélioration de leurs conditions de vie. De ce fait, la pauvreté d'un enfant, même si elle est étroitement liée à la situation du ménage auquel il est rattaché, doit s'affranchir de la pauvreté de ce ménage. Ainsi, la pauvreté infantile apparaît beaucoup plus comme un phénomène multidimensionnelle et doit s'analyser du point de vue des privations. En effet, comme le dit Asselin (2005), un enfant de huit ans qui ne va pas à l'école est individuellement pauvre même s'il vit dans un ménage monétairement non pauvre : il est privé d'un bien essentiel qui est l'éducation.

Qu'en est il des enfants de la rue ? Les enquêtes statistiques très souvent ne prennent pas en compte les enfants de la rue. Mais intègrent quelquefois les enfants dans la rue. La distinction que l'on fait entre un enfant de la rue et un enfant dans la rue est la suivante : un enfant de la rue est un enfant qui ne vit dans aucun ménage alors qu'un enfant dans la rue est un enfant qui bien que passant la majeure partie de son temps dans la rue, dort dans un ménage.

L'UNICEF (2005), considère que les enfants vivant dans la pauvreté sont privés des ressources dont ils ont besoin sur les plans matériels, spirituel et affectif pour survivre, se développer et s'épanouir, ce qui les empêche de jouir de leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités ou de participer à la vie de la société en tant que membres à part entière et à part égale.

2.2.2 Revue de la littérature

Les études portant sur la pauvreté des enfants sont non seulement en nombre très réduit mais sont aussi relativement récentes. Elles sont régulièrement réalisées sous un angle purement monétaire dans les pays occidentaux : États-Unis, Grande Bretagne, Canada, France, etc. Avec une plus grande fréquence dans les pays anglo-saxons.

En Afrique, la littérature sur la mesure et l'analyse de la pauvreté infantile sous l'angle des privations reste peu fournie. La première étude sur la question fut celle de Gordon et al (2003). Toutefois, de nombreux travaux relatifs aux enfants se sont plutôt intéressés à l'analyse de leur état de santé en général et aux déterminants de la malnutrition des enfants. Djoke Kossi a répertorié les travaux suivants : Asenso-Okyere et al (2004) pour le Ghana, Charasse (1999), Maluccio et al (2001) et Maitra et Ray (2004) pour le cas de l'Afrique du Sud, Hoddinott et Kinsey (2001) pour le cas du Zimbabwé, Lachaud (2001) pour le cas du Burkina Faso, Fambon S. (2004) pour le cas du Cameroun, Vodounou et al (2004) pour le cas du Benin, Glewwe (1999) pour le cas du Maroc, etc.

Du point de vue multidimensionnelle et en tenant compte des privations auxquelles font face les enfants, les travaux sont presque inexistant et se réduisent aux travaux de Djoke et al (2006) sur « le profil de pauvreté infantile dans les pays de l'UEMOA : une analyse comparative basée sur l'approche multidimensionnelle de la pauvreté ». De cette étude, il ressort que plus d'un enfant sur cinq est pauvre dans la zone UEMOA avec une incidence plus élevée au Niger où 49,7 % des enfants subissent le phénomène de pauvreté. Quenum B. (2007) s'est penché sur la  « Pauvreté infantile dans le contexte du phénomène de la traite des enfants au Bénin : une analyse comparative basée sur l'approche multidimensionnelle de la pauvreté ». Cette étude met un accent particulier sur le travail des enfants, quand nous savons que le Bénin a très souvent été désigné par la communauté internationale, notamment par l'Organisation Internationale de Travail (OIT), comme la plaque tournante du trafic des enfants dans la région CEDEAO.

Notons qu'une telle étude à notre connaissance n'existe pas encore dans le cas du Cameroun. Toutes les études suscitées, dans leur approche de la problématique de la pauvreté infantile, procèdent à la définition d'un seuil de pauvreté en construisant au préalable un indice composite de pauvreté.

2.3 Approche conceptuelle d'un indicateur de mesure

De plus en plus, l'approche unidimensionnelle de la pauvreté basée sur l'adoption du revenu comme seul indicateur de bien-être cède la place à l'approche multidimensionnelle qui fait désormais l'unanimité chez les économistes. Puisque depuis quelques années, un consensus s'est dégagé pour montrer, sur le plan conceptuel, que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel (Ayadi et al, 2007). L'analyse de la pauvreté dans une perspective multidimensionnelle peut se faire de deux manières.

Premièrement, le statisticien peut utiliser la méthode des scores privatifs qui consiste à attribuer pour chaque composante de l'indicateur, un score de privation reflétant le niveau de vie du ménage. L'argumentaire avancé ici est que, la pauvreté des conditions d'existence est un manque (privation) global d'éléments de bien-être. Le score maximum correspond à un niveau de privation élevé tandis qu'un score nul signifie, au contraire une absence de carence. Deux principales approches permettent d'attribuer les scores aux catégories.

La première approche est utilisée lorsque les variables possèdent plusieurs catégories pouvant être classées suivant un ordre jugé croissant de bien-être. On retient par conséquent cette méthode de construction proposée par Lollivier et Verger qui recommandent de quantifier les catégories de la façon suivante. Les modalités des différentes composantes de l'indicateur sont affectées des scores 0, 1, 2,... suivant que celles-ci reflètent un niveau de privation croissante ou non. Le tableau 1 présente un exemple d'attribution de score.

Tableau 3 : Exemple d'attribution des scores

Caractéristique de l'Habitat

Score

Approvisionnement en eau

 

Robinet intérieur

0

Borne fontaine/pompe

1

Puit

2

Electricité

 

Oui

0

Non

1

Toilette

 

Personnel

0

En commun

1

Latrines

2

Sans toilettes/autres

3

Source : INS (2002)

Cette méthode a été utilisée dans une étude de l'INS (2002) à partir des données de l'ECAM 2, des scores privatifs ont été calculés pour apprécier les conditions d'existence du ménage. Selon cette approche, 40 % des ménages (soit 37 % des individus) essentiellement des ruraux ou des exploitants agricoles, ne disposent pas de 12 des 14 commodités fondamentales.

La seconde, développée par l'INSEE et qui se veut objective, attribue à chaque ménage ne possédant pas un bien, le pourcentage des ménages qui le possèdent. Par exemple, si 65% de ménages possèdent une télévision, ceux-ci auront un score de privation de 0 tandis que les ménages qui ne la possèdent pas (35%) auront un score de 65. Cette approche tend à donner un poids très grand aux biens de première nécessité possédés par la majorité des ménages, tandis que les biens de luxe possédés par la minorité auront des scores de privation bas. Cependant, cette méthode est indiquée lorsque les composantes de l'indicateur sont des variables dichotomiques. Cette méthode est très critiquée pour ce qu'elle laisse une très grande place à la subjectivité. L'attribution des scores et la fixation du seuil de pauvreté se font généralement arbitrairement. L'ordre de priorité dans la classification des modalités liées à une variable donnée est entièrement déterminé par les choix de l'analyste.

Deuxièmement, la méthode de conception d'un indice composite de pauvreté basée sur les techniques d'analyses multidimensionnelles, encore appelées analyses factorielles. Ces techniques permettent de construire un indicateur dont les pondérations contenues dans la forme fonctionnelle de l'indicateur sont les moins arbitraires possibles. Le principal avantage de cette méthode par rapport à la précédente est donc qu'elle élimine le caractère arbitraire de l'attribution des scores. Ainsi, elle laisse peu de place à la subjectivité. Cette approche est dite approche d'inertie car elle tire son origine de la mécanique statique. Elle utilise les techniques d'Analyse des Correspondances Multiples (ACM) dans le cas d'un tableau d'individus caractérisés essentiellement par des variables qualitatives.

La méthodologie de conception de notre indicateur sera basée sur cette deuxième approche.

2.3.1 Méthodologie de conception d'un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP)

L'indicateur composite de pauvreté que nous présentons ici est l'indicateur le plus répandu dans la littérature concernant la mesure multidimensionnelle de la pauvreté dans le cas des pays africains. Cet indice a été utilisé pour la mesure et l'analyse de la pauvreté non monétaire dans les pays tels que la Tunisie (Ayadi et al, 2007), le Cameroun (Foko et al, 2007), le Sénégal (Ki et al, 2005) et dans l'analyse de la pauvreté non monétaire chez les enfants au Bénin (Quenum, 2007), dans l'UEMOA (Djoke et al, 2006).

La construction de cet indice passe par la sélection et la définition des variables matérialisant les fonctionnements des enfants. Nous nous accommoderons dans la mesure du possible de suivre les prescriptions de l'UNICEF dans le choix des variables matérialisant les fonctionnements des enfants. Pour l'UNICEF (2003), les principales dimensions et indicateurs utilisés dans la perception de la pauvreté infantile sont les suivantes :

- Le logement : enfant vivant dans une habitation avec cinq personnes ou plus et sans revêtement ;

- Les installations sanitaires : enfant qui n'a pas accès à des toilettes quelles qu'elles soient ;

- L'eau potable : enfant utilisant des eaux de surface (rivières, mares, ruisseaux et rétentions de barrages), ou à qui il faut un minimum d'une demie heure pour allé chercher de l'eau et revenir ;

- L'information : enfant n'ayant pas accès à une radio, une télévision, un téléphone, un journal ou un ordinateur (toute forme de médias) ;

- La nourriture : enfant qui se situe à plus de trois écarts-types au dessous de la population internationale de référence pour leur taille par rapport à leur âge, leur taille par rapport à leur poids, et leur poids par rapport à leur âge. C'est également connu sous le nom de dénutrition anthropométrique sévère ;

- L'éducation : enfant d'âge scolaire qui n'est jamais allés à l'école ou qui n'y vont pas actuellement ;

- La santé : enfant qui n'a reçu aucune vaccination, et aucun traitement contre une maladie récente mettant en jeu une infection respiratoire aiguë ou des diarrhées.

En se basant sur la présentation faite par Asselin (2002), nous construisons un indice composite de pauvreté pour les enfants. L'idée est de résumer l'information apportée par les variables du tableau 2 caractérisant un enfant en un seul indicateur. Notonsla valeur de l'indicateur composite pour l'individu. Cet indice s'écrit sous la forme générale suivante :

. Où est l'indicateur primaire avec pour l'enfant. est le poids attribué à l'indicateur dans le calcul de l'indice composite .

La sélection des variables figure des variables aux modalités binaires (1 si l'enfant possède la modalité et 0 sinon) et des variables ordinales et/ou multinomiale admettant plus de deux modalités. Afin d'harmoniser la nature des variables utilisées, il est nécessaire de transformer les variables multinomiales en variables binaires.

L'indice composite devient alors :

Avec :

 : Nombre de variable primaires ;

: Nombre de modalités de la variable primaire  ;

: Le poids (score) accordé à la modalité  ;

 : Une variable binaire prenant la valeur 1 lorsque l'individu a la modalité et 0 sinon.

Le souci majeur ici étant de limiter la subjectivité dans l'attribution des scores, il convient alors de trouver une méthode appropriée pour la définition des poids accordés aux modalités. La littérature à cet effet est prolifique en méthodes. Ces méthodes sont intimement liées à la nature des variables : les techniques d'ACP (Analyse en Composante Principale) mises en oeuvre pour les variables quantitatives ont été utilisées par Filmer et Pritchett (1998), puis les techniques d'ACM (Analyse des Correspondances Multiples) que nous utiliserons et qui ont été présentées par Asselin (2002). Elles se prêtent mieux aux analyses multidimensionnelles sur variables qualitatives.

L'ACM s'applique sur un tableau comportant individus en ligne et variables en colonne. Chaque individu ou unité de la population peut être représenté par un vecteur ligne de dimension. Ensuite, ce tableau est transformé en un tableau dit « tableau disjonctif complet » dans lequel chaque colonne de variable est « disjonctée » en autant de colonnes que de modalités. Pour chaque individu, l'occurrence d'une modalité est codée par 1, les autres modalités étant codée par 0. Ce tableau abouti par transformation au tableau de Burt qui est un tableau croisant toutes les variables et toutes les modalités présentes. L'ACM recherche un sous espace optimal dans lequel on peut dépister des liaisons entre variables, entre individus ou entre individus et variables. La recherche de ce sous espace optimal passe par la maximisation de l'inertie du nuage de point.

Soit l'inertie total du nuage de points formé par le tableau des données. On a :

L'inertie totale du nuage est mesurée par des valeurs propres auxquelles sont associées des vecteurs propres. Le premier vecteur propre auquel est associée la première valeur propre définit l'axe en direction duquel l'étalement du nuage de point est maximal. Sur le premier axe factoriel issu de la projection du nuage des points variables, chaque modalité a une coordonnée factorielle. C'est le score recherché. De l'ACM, on obtient des pondérations qui correspondent aux scores normalisés sur le premier axe factoriel. La valeur de l'indice composite pour chaque individu correspond tout simplement à la moyenne des scores normalisés des modalités. Le poids d'une modalité est la moyenne des scores normalisés des individus ayant cette modalité.

Toutes les modalités des variables étant transformées en indicateurs binaires (0/1), donnant au total indicateurs binaires, l'ICP pour un individu donné peut encore s'écrire :

. Où est le poids de la modalité et est un indicateur binaire prenant la valeur 1 si l'individu a la modalité et 0 sinon.

2.3.2 Détermination des classes et du seuil de pauvreté des conditions de vie

2.3.2.1 Classes de pauvreté des conditions de vie

En utilisant une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) des enfants le long du premier axe factoriel, on peut constituer les classes d'enfants aussi homogènes que possible du point de vue du niveau de leur bien-être. Les groupes d'enfant sont alors constitués de telle sorte que les enfants ayant les conditions de vie les plus précaires se trouvent dans le premier quintile dit quintile le plus pauvre et les enfants présentant un état de bien-être absolu se trouvent dans le quatrième quintile dit quintile le plus riche.

2.3.2.2 Seuil de pauvreté

L'objectif ici est de définir un seuil de l'indice composite en dessous duquel un individu peut être considéré comme pauvre et au-delà duquel il est considéré comme non pauvre. Pour ce faire, nous utiliserons deux approches différentes : une première approche arbitraire et une deuxième approche non arbitraire.

La première approche consiste à choisir un enfant de référence qui a accès à un niveau de bien-être qu'on peut juger souhaitable pour atteindre une certaine qualité de vie. Cet enfant de référence pourra être un enfant en situation de privation modérée et ayant accès à un sous-ensemble de commodités de base.

La deuxième approche bien plus objective consiste en une classification des enfants en deux classes à partir d'une CAH. A partir de cette CAH, on obtient le poids de la classe des pauvres et le poids de la classe des non pauvres. Le seuil de pauvreté non monétaire est alors déterminé de la façon suivante :

Où :

est la valeur maximale de l'indice dans la classe des pauvres ;

est la valeur minimale de l'indice dans la classe des non pauvres.

Une fois le seuil de pauvreté déterminé, on peut calculer les indices de pauvreté standard en utilisant la méthode suggérée par Foster, Green et Thorbecke dont la formulation est la suivante :

 ; Où désigne le seuil de pauvreté, le nombre d'individus dans la population, le nombre de pauvre, est un paramètre exprimant l'aversion à l'inégalité en matière de pauvreté.

Pour , l'indice exprime l'incidence de pauvreté ou encore l'ampleur de la pauvreté. C'est le rapport entre le nombre de ménages ou d'individus pauvres et le nombre total de ménages ou d'individus. C'est tout simplement la proportion des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. Cependant l'incidence ne prend pas en compte la position des individus par rapport à la ligne de pauvreté.

Pour , l'indice exprime la profondeur de la pauvreté ou encore son intensité. C'est l'écart proportionnel moyen de revenu par rapport à la ligne de pauvreté des ménages pauvres ou encore la moyenne des différences entre les revenus des ménages pauvres et la ligne de pauvreté. En fait c'est le montant de revenus lorsque l'indicateur est monétaire, à transférer aux ménages pauvres pour éradiquer complètement la pauvreté. Cet indicateur ne tient pas compte des inégalités entre pauvres.

Pour , l'indice exprime le caractère sévère de la pauvreté et tient compte de l'inégalité de bien-être parmi les pauvres. En effet, l'indice mesure la distance entre les revenus des ménages pauvres et la ligne de pauvreté.

Un transfert de revenu entre pauvres ne change pas l'incidence et l'intensité de la pauvreté car le nombre de pauvre reste inchangé et l'écart proportionnel moyen ne change pas. Par contre ce transfert modifie la sévérité de la pauvreté qui diminue si le transfert part des moins pauvres vers les plus pauvres.

La construction de l'ICP, la formation des classes de pauvreté et le calcul de seuil de pauvreté nous permettront de procéder à la définition du profil de pauvreté infantile et de rechercher quels peuvent être les déterminants de la pauvreté infantile.

PARTIE II

APPROCHE EMPIRIQUE

ET

ANALYSE DES DONNEES

Cette seconde partie est constituée de deux chapitres entièrement axés sur un travail empirique destinés aux analyses s'articulant autour d'un indicateur multidimensionnel sensé mesurer la diversité des conditions de vie des enfants au Cameroun. Le chapitre trois est destiné au calcul de l'ICP pour chaque individu et à la détermination du seuil de pauvreté infantile. Le chapitre quatre quant à lui vise à déterminer les facteurs de risque de pauvreté infantiles. Facteurs qui seront recherchés non seulement parmi les différentes variables liées aux parents, mais aussi parmi les variables liées à l'enfant en particulier son sexe et la tranche d'âge à laquelle il appartient.

Chapitre 3 :

Profil de pauvreté infantile : une approche descriptive

Il est question dans le présent chapitre de calculer pour chaque individu un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP). Une fois cet indicateur calculé, il nous sera possible de procéder à une classification ascendante hiérarchique afin de construire cinq classes relativement homogènes des enfants. Puis il sera question de déterminer à partir de deux méthodes différentes existantes dans la littérature, deux seuils de pauvreté. La première méthode est celle utilisant un certain nombre de commodités de base auxquels devrait avoir accès un enfant, et la deuxième est celle qui utilise le poids des classes d'une partition en deux groupes issues d'une classification ascendante hiérarchique.

Les données utilisées dans le cadre de ce travail sont issues de l'enquête MICS-III (Multiple Indicator Cluster Survey) réalisée par l'INS bénéficiant de l'appui du Fonds des nations Unies pour l'Enfance. C'est la deuxième enquête de ce type à être réalisée au Cameroun, après celle de deuxième génération (MICS-II) réalisée en 2000. La MICS-III est une opération statistique d'envergure nationale et elle s'inscrit dans le cadre mondial du suivi et de l'évaluation de la situation des femmes et des enfants. Cette enquête par grappes a pour but de fournir aux différents partenaires au développement impliqués des informations pertinentes pour la mesure des progrès réalisés vers l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en général et ceux relatifs à la situation de l'enfant et de la femme en particulier.

3.1 Profil de pauvreté infantile

La base de données MICS-III ne fournit pas les données sur la nutrition et la santé. Nous aurions pu obtenir les données concernant la santé et la nutrition à partir de l'enquête EDS (Enquête Démographique et Santé) qui est malheureusement inaccessible. Aux différentes dimensions énoncées au paragraphe 2.2.1, nous ajouterons une autre dimension liée au plan affectif en prenant en compte le fait que le père ou la mère biologique soit encore ou non vivant. Nous allons grâce à une ACM, procéder à une sélection des variables qui discriminent le mieux les pauvres et les non pauvres. Cette sélection se fera suivant trois principaux critères, à savoir :

- Le nombre important de non réponses ou de valeurs manquantes. Les variables présentant un nombre important de non réponses et / ou de valeurs manquantes sont éliminées.

- La contribution de la variable à la définition du premier axe qui est l'axe au pouvoir discriminant le plus élevé. En effet, puisque nous souhaitons interpréter le premier axe comme un axe de pauvreté, il est important de ne retenir que les variables qui contribuent le plus à sa formation.

- Enfin, la variable retenue doit vérifier le principe COPA dit de Consistance12(*) Ordinale sur le Premier Axe. Ce principe stipule que puisque les variables doivent exprimer le bien-être, il est nécessaire que ces variables prises individuellement se dégradent ou s'améliorent lorsqu'on se déplace le long du premier axe.

Pour que l'ICP soit un indicateur robuste et pertinent pour la mesure de la pauvreté, il est important que le premier axe factoriel résume une grande part de l'information contenue dans les données. La littérature ne définit pas expressément le niveau que doit atteindre le pourcentage d'information sur le premier axe, toutefois, l'INS dans la définition du profil de pauvreté non monétaire des ménages utilise une ACP (Analyse en Composantes Principales) et estime qu'un pouvoir discriminant du premier axe supérieur à 10 % est acceptable. Borel Foko et al (2007) ont obtenu 17 % de l'inertie globale restituée par le premier axe.

3.1.1 Sélection des variables et interprétation des résultats de l'ACM

Les différentes dimensions de pauvreté telles que présentées dans le tableau 2 se décomposent dans notre base de données en 26 variables pour un total de 77 modalités.

Tableau 4 : Dimension de pauvreté

Dimension

Indicateurs

Sources de données

Education

Fréquentation de l'école au moins une fois dans la vie, fréquentation de l'école l'année précédent l'année d'enquête, fréquentation actuelle de l'école

MICS-III: Question:ED2, ED4, ED7

Eau potable

Principale source d'eau potable, temps mis pour aller chercher de l'eau potable, distance du domicile à la source d'eau potable

MICS-III: Question:WS1, WS , WS3, WS3A, WS5

Sanitaire

Existence et type de toilettes utilisées

MICS-III: Question: WS7

Logement

Indice de peuplement du logement Nature du mur nature du sol Nature du toit

MICS-III: Question: HC3, HC4, HC5

Information

Electricité, poste radio, téléviseur, ordinateur, téléphone portable, téléphone fixe,

MICS-III: Question HC9,

Source : D'après MICS-III (2006)

Après avoir réalisé une première ACM sur les données, nous sommes amené à exclure certaines variables, soit parce qu'elles ne respectent pas le principe COPA, soit parce qu'elles contribuent très faiblement à la formation du premier axe. Pour cette première ACM, le premier axe restitue 19,79 % de l'inertie globale contre 8,65 % pour le second.

Enfin, les variables restantes remplissent toutes les conditions pour être retenues dans la construction de l'ICP. Le principe COPA est respecté par toutes les variables, la contribution de chacune de ces variables à la formation du premier axe est relativement bonne. Le premier axe restitue 26,21 % de l'inertie globale contre 10,61 % pour le second. Le tableau 13 en annexe présente les scores et les contributions de ces variables restantes sur les deux premiers axes.

Graphique 1 : Nuage des points variables issue de l'ACM sur les variables nominales actives retenues.

Source : D'après MICS-III (2006)

Le premier axe discrimine bien les variables retenues pour la construction de l'ICP. En effet, comme nous pouvons observer sur le graphique 1, les points modalités de couleur rouge situés à gauche traduisent les privations. Alors que les points modalités de couleur bleue situés à droite traduisent l'état de richesse.

Graphique 2 : Aperçu de la répartition des modalités suivant les axes factoriels

 

Axe 2 - 10, 61 %

 

 

 

 

 

Ciment/marbre

 

 

 

Eau embouteillée

 

 

 

Toilette à chasse

 

 

 Eau de puit

Eau potable

 

N'a pas fréquenté en 2004-2005

Eau de robinet/borne fontaine

L'enfant n'a pas fréquenté

Electricité

 

Aucun niveau d'instruction

Radio

 

Pas de toilette

 

 

 

Eau de surface

Fréquenté au moins une fois

Axe 1 - 26,21 %

Eau de pluie

Fréquenté en 2005-2006

 

Latrine à fosse/trou

Fréquenté en 2004-2005

 

Matériau naturel

Matériau fini

 

Pas de téléviseur

Tôle/ciment

 

Pas d'électricité

 

 

 

Pas de radio

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : MICS-III (2006)

Globalement, si le premier axe discrimine entre pauvres et non pauvres, le second axe introduit pour sa part une certaine hiérarchisation tant dans une situation de pauvreté que dans une situation de bien-être. Si le graphique 1 nous montre les modalités exprimant le bien être, représentées à droite et celles exprimant un état de privation représentées à gauche, le cadran inférieur gauche du graphique 2 présente des modalités caractérisant un état de privation absolu.

Les ménages ayant ces modalités sont ceux des ménages dans lesquels les enfants n'ont accès ni à un téléviseur, ni à un poste radio, il n'y a pas d'électricité, les enfants boivent l'eau du puit et utilisent pour des travaux ménagers des eaux de surface. Le cadran inférieur droit est caractéristique des ménages dans lesquels les enfants vivent une situation de bien être que l'on pourrait qualifier de modérée. Le toit est en tôle, le sol et les murs sont en matériau fini. Le cadran supérieur droit présente une situation de bien-être absolu. Les enfants vivant dans des ménages ayant ces modalités boivent de l'eau embouteillée, utilisent pour leur besoin des toilettes à chasse, ont à leur disposition des ordinateurs, les éléments de confort sont légion.

Graphique 3 : Nuage des points individus issu de l'ACM

Source : MICS-III (2006)

Chaque point de ce nuage représente un enfant. On remarque un fort étalement le long de l'axe horizontal et une forte concentration des enfants autour de cet axe. On peut alors, dire que ce nuage de point est pratiquement unidimensionnel.

3.1.2 Calcul de l'ICP et détermination des classes de pauvreté

L'indicateur calculé pour chaque enfant présente les caractéristiques suivantes :

Tableau 5 : Caractéristiques statistiques de l'ICP

Caractéristiques statistiques de l'ICP

Moyenne

Médiane

Minimum

Maximum

Ecart-type

-0,0408

-0,0582

-0,779

0,727

0,3515

Source : MICS-III,(2006)

Il se dégage de ce tableau que près de la moitié des enfants présente un indicateur de niveau de vie inférieur ou égal à -0,0582 (la médiane). La valeur relativement élevée de l'écart-type montre que la distribution de cet indicateur de niveau de vie est très dispersée autour de la moyenne. Toutefois, du fait que la moyenne soit supérieure à la médiane, on a que, la majorité des enfants ont un indicateur de niveau de vie inférieur à la moyenne.

L'Indicateur Composite de Pauvreté tel que calculé ici ordonne les enfants selon le niveau de vie. Plus l'ICP croît vers sa valeur maximale (0,727), plus les conditions d'existence s'améliorent et l'enfant a de plus en plus accès à un certain nombre de commodités qui améliorent son quotidien.

La répartition des enfants en classes permet d'avoir des sous groupes relativement homogènes du point de vue du bien être. Les classes sont obtenues à partir d'une classification hiérarchique sur le premier axe de l'ACM.

Tableau 6 : Statistiques descriptives de l'ICP par classe.

Paramètres statistiques

Classe de pauvreté infantile selon l'ICP

Très pauvres

Pauvres

Intermédiaires inférieurs

Intermédiaires supérieurs

Riches

Limite inférieure

-0,78

-0,43

-0,1

0,21

0,51

Limite supérieure

-0,43

-0,1

0,21

0,51

0,73

Moyenne

-0,57

-0,24

0,05

0,35

0,60

Ecart type

0,09

0,09

0,04

0,08

0,06

Médiane

-0,56

-0,24

0,08

0,35

0,60

Mode

-0,71

-0,12

0,09

0,46

0,67

Source : MICS-III, (2006)

L'ICP en tant qu'indicateur de pauvreté devrait pouvoir présenter des niveaux de privation de plus en plus élevés lorsqu'on se déplace de la classe « Très pauvre » vers la classe « Riche ». La première classe est celle des enfants les plus pauvres. Ces derniers peuvent être considérés comme étant en situation d'extrême pauvreté du point de vue des privations. Ils sont par exemple dans cette catégorie 61,6 % (tableau 7) des enfants à n'avoir jamais été à l'école. Sur dix enfants de cette classe, seulement deux enfants ont été à l'école au cours de l'année 2004/2005 et trois enfants l'on été en 2005/2006 (tableau 7).

Les enfants de la première classe sont très vulnérables car vivant pour la plupart dans des conditions de promiscuité et de précarité très poussée. Pendant que les enfants de la classe très pauvre vivent pour la plupart dans des ménages ne disposant pas de toilettes, ceux de la deuxième et de la troisième classe vivent dans des ménages qui partagent les toilettes avec d'autres ménages. Les sols et les murs des maisons sont généralement en matériau rudimentaire ou en matériau naturel. Les toilettes lorsqu'elles existent sont partagées par plusieurs ménages.

Sur dix enfants dans la classe des enfants subissant une extrême pauvreté, un seul a accès au quotidien à l'eau du robinet pour s'abreuver. L'eau qu'ils boivent provient généralement des puits non protégés et des rivières. Ce qui les expose aux maladies du péril fécal avec les risques élevés d'épidémie, de choléra et d'hépatite. Cela est d'autant plus grave que plus de 90 % de ménages dans lesquels vivent ces enfants déclarent ne jamais traiter de l'eau avant la consommation.

Tableau 7 : Pourcentage des enfants n'ayant pas accès à certaines commodités de base suivant la classe d'appartenance

 

Classe

 

Très pauvre

Pauvre

Intermédiaire inférieur

Intermédiaire supérieur

Riche

 

 

 

 

 

 

Ne sont jamais allé à l'école

61,6

10,8

4,9

1,6

0,2

N'ont pas fréquenté durant l'année 2005/2006

55,2

30,3

10,9

3,5

0,1

N'ont pas fréquenté durant l'année 2004/2005

50,6

32,6

12,5

4,3

0,1

L'eau de boisson provient d'un robinet

10,7

23,3

27,5

26,6

11,9

Ne traite pas de l'eau avant de boire

92,3

93,2

90,8

87,6

78,6

Ne possède pas de toilette

67,8

29,6

2,7

0,0

0,0

Pas d'électricité

27,9

51,7

19,3

1,1

0,0

Pas de poste radio

29,2

46,4

19,5

4,5

0,4

Ne possède pas de radio

65,0

50,4

24,3

7,9

1,7

Ne possède pas de téléviseur

100,0

98,3

75,8

16,3

0,6

Ne possède pas d'ordinateur

100,0

99,9

100,0

97,9

83,5

Source : MICS-III, (2006)

À cette première classe des enfants les plus pauvres, s'oppose la classe des enfants les plus riches. Ceux-ci sont quasiment à l'abri du besoin. Ils ne sont que 12 % des enfants appartenant à cette classe à boire de l'eau du robinet. Cependant, c'est dans cette catégorie que se recrute la totalité des enfants qui boivent de l'eau embouteillée. Aussi, on note ici une forte proportion de ménages qui ne traitent pas de l'eau avant consommation. C'est de bonne guerre car ils n'en ont pas besoin, puisqu'ils consomment de l'eau du robinet et de l'eau embouteillée.

En réalité, ces enfants ne manquent de rien. Ceci peut s'observer en regardant la dernière colonne du tableau 7 ci-dessus. Les enfants appartenant à la classe le plus riche bénéficient d'un cadre de vie des plus agréables. Ils vivent dans des maisons construites à partir des matériaux modernes et électrifiés, Sont pratiquement tous scolarisés, et ont presque tous accès aux médias et aux outils de communication modernes.

Entre la classe la plus pauvre et la classe la plus riche, nous avons d'une part la classe pauvre qui tend à se rapprocher du point de vue des conditions de vie de la classe des plus pauvres et la classe intermédiaire supérieure qui tend à être plus proche de la classe la plus riche d'autre part.

Entre la classe pauvre et la classe intermédiaire supérieure, on a la troisième classe (intermédiaire inférieure). Dans cette classe, on retrouve des enfants aux conditions de vie modérées. Ils se situent autour du seuil de pauvreté et oscillent entre pauvres et non pauvres.

3.2 Calcul du seuil de pauvreté infantile et comparaison avec la population globale

3.2.1 Calcul des seuils de pauvreté

Nous allons calculer le seuil de pauvreté infantile dans un premier temps à partir des commodités de base auxquelles devrait avoir accès un enfant, et en suite nous calculerons ce même seuil à partir des poids des classes issues d'une classification ascendante hiérarchique en deux classes.

· Á partir des commodités de base ;

Pour calculer le seuil de pauvreté, il convient de définir les commodités de base d'un enfant (enfant de référence) qui aurait accès à un niveau de bien-être qu'on peut juger souhaitable pour atteindre une certaine qualité de vie.

Tableau 8 : Commodités de base auxquelles a accès un enfant de référence.

Fréquenté actuellement (2005-2006)

Avoir fréquenté au moins une fois dans sa vie: enfant [15-17]

Avoir fréquenté en 2004-2005

Logement électrifié

Sol cimenté

Mur en semi dur

Boire l'eau du robinet

Utiliser pour les travaux ménagers au moins l'eau d'un puit protégé

La maison doit disposer d'un toit en tôle

Les toilettes doivent au moins être une fosse/trou couvert

Un parent doit avoir fait au moins des études primaires

Eau potable disponible à moins d'une demie heure

Disposer d'au moins radio/téléviseur

Source : UNICEF (2003), Foko et al (2007)

L'ICP calculé dans ces conditions nous donne un seuil de référence égal à  0,0717. Tous les enfants ayant un ICP inférieur à ce seuil de référence sont alors considérés comme pauvres car ils sont privés de commodités de base. Ceux ayant un ICP supérieur ou égal à ce seuil sont considérés comme non pauvres.

L'incidence de pauvreté au niveau national calculée à partir de ce seuil s'élève à 62,4 %. Ainsi, un peu plus de six enfants sur dix sont privés des commodités de base.

· Á partir des poids issues d'une Classification Ascendante Hiérarchique;

La CAH donne un poids de la classe pauvre égal à 73 % et un poids de la classe non pauvre égal à 27 %. En appliquant la formulation de la section 2.3 du chapitre 2, on obtient un seuil de l'ICP de 0,2. Ce qui nous donne une incidence de pauvreté de l'ordre de 73 %. Cette incidence est largement supérieure à celle calculée précédemment.

3.2.2 Comparaison : pauvreté infantile et pauvreté dans la population globale

Pour la comparaison entre la pauvreté non monétaire infantile et la pauvreté non monétaire dans la population globale, nous nous appuierons sur la mesure faite par l'équipe de statisticiens dirigée par M. Foko Tagne en 2007, à partir des données d'ECAM 2. Il va sans dire que les Enquêtes MICS et ECAM étant toutes deux différentes du point de vue de leurs objectifs d'une part et de leur méthodologie d'autre part posent le problème de comparabilité des résultats. Toutefois, nous pouvons envisager une comparaison pour apprécier les tendances générales au niveau national, régional et provincial. Les comparaisons se feront en utilisant les seuils calculés à partir de la méthode des commodités de base. Puisque c'est cette méthode qu'a utilisée cette équipe.

Les données portant sur la pauvreté monétaire sont celles d'ECAM 2 calculées par l'INS.

Tableau 9 : Pauvreté monétaire et non monétaire chez les enfants et dans la population globale13(*)

 

Pauvreté non monétaire14(*)

Approche revenue

 

5 - 17 ans

Population

5 - 17 ans

Population

urbain

32,55

25,1

26,8

12,3

Sémi-urbain

/

62

27,3

22,9

Rural

85,6

96

61,6

41,8

Total

62,4

68

38,6

40,2

Source : ECAM 2, Foko et al (2007), MICS-III, (2006)

Globalement, la pauvreté non monétaire semble sévir à un degré supérieur à celui de la pauvreté monétaire. Certains ménages vivant au dessus du seuil de pauvreté n'ont pas toujours les moyens d'offrir à leurs membres des conditions de vie décentes, notamment les enfants. L'évaluation de la pauvreté monétaire accorde une place importante aux biens alimentaires, or dans un environnement de solidarité, les populations peuvent consommer sans en acheter, et même consommer leur propre production (autoconsommation). C'est pour cette raison qu'une majorité de ménage déclarent des valeurs de consommation supérieures aux revenus.

Une deuxième composante du seuil de pauvreté monétaire est une estimation monétaire des services de base auxquels doivent avoir accès les populations. Ici aussi, il est fréquent que des personnes aient recours aux proches par exemple pour des soins de santé. Dans ces conditions, il paraît bien difficile de trouver des moyens financiers pour s'offrir un poste téléviseur, un téléphone, une maison dans un quartier sûr et aménagé. De plus, l'insuffisance des services sociaux de bases ne contribue pas à améliorer les conditions de vie des populations. Le réseau d'adduction d'eau potable est faible : une personne sur deux à accès à l'eau potable. Seulement 47 % des ménages sur le territoire national bénéficient de l'électricité, et 33 % des ménages vont chercher de l'eau à plus de 500 mètres de leur domicile.

3.3 Incidence de pauvreté infantile

L'analyse de l'incidence de pauvreté infantile dans cette section se fera en utilisant concomitamment la subdivision des enfants en classes de pauvreté, l'incidence calculée à partir des commodités de base.

Tableau 10 : Distribution conditionnelle des enfants selon la classe de pauvreté (%)

 

Très pauvre

pauvre

intermédiaire inférieure

intermédiaire supérieur

riche

Total

Niveau d'instruction du chef de ménage

 

 

 

 

Sans niveau

41,19

42,97

13,35

2,46

0,02

100,0

Primaire

8,13

42,85

35,45

13,25

0,33

100,0

Secondaire et +

0,28

7,77

30,15

40,62

21,18

100,0

Niveau d'instruction de la mère

 

 

 

 

Sana niveau

39,6

44,5

12,8

2,9

0,2

100,0

Primaire

5,0

37,0

40,3

16,6

1,1

100,0

Secondaire et +

0,1

5,1

25,8

43,3

25,7

100,0

Ethnie du chef de ménage

 

 

 

 

Arabe-Choa/Peulh/Haoussa

36,1

30,8

21,1

10,0

1,9

100,0

Bui-mandara

46,7

37,0

10,7

4,3

1,2

100,0

Adamaoua-Oubangui

35,9

42,8

11,6

8,3

1,5

100,0

Bantoides Sud-ouest

3,0

13,5

37,6

27,8

18,1

100,0

Bamileke/Bamoun

0,6

22,3

33,0

32,5

11,6

100,0

Cotier/Ngoe/Okoro

1,9

24,9

38,7

20,7

13,8

100,0

Beti/Bassa/Mbam

0,8

19,9

38,3

28,2

12,8

100,0

Kako/Maka/Pygmé

7,5

41,3

32,7

14,9

3,6

100,0

Autre groupe ethnique

45,9

38,8

9,0

4,9

1,5

100,0

Niveau d'éducation de l'enfant

 

 

 

 

Ecole maternelle/CPC

4,4

23,1

30,9

29,2

12,4

100,0

Primaire

8,4

34,3

31,6

19,4

6,4

100,0

Post-primaire

11,5

26,9

30,8

23,1

7,7

100,0

Secondaire

1,5

12,8

29,2

37,7

18,8

100,0

Supérieur

0,0

100,0

0,0

0,0

0,0

100,0

Ecole coranique

20,0

40,0

40,0

0,0

0,0

100,0

Etat matrimonial

 

 

 

 

 

Célibataire

14,8

29,5

27,5

20,6

7,7

100,0

Marié monogame

37,8

44,9

10,2

7,1

0,0

100,0

Marié polygame

25,0

52,5

22,5

0,0

0,0

100,0

Divorcé/Séparé

42,9

50,0

0,0

7,1

0,0

100,0

Union libre

0,0

50,0

23,3

23,3

3,3

100,0

Sexe de l'enfant

 

 

 

 

 

Garçon

15,3

31,8

27,8

18,6

6,6

100,0

Fille

15,1

30,6

26,6

19,8

7,8

100,0

Province + Yaoundé et Douala

 

 

 

 

 

Douala

0,0

2,6

24,3

42,1

31,0

100,0

Yaoundé

0,0

2,0

16,2

47,0

34,8

100,0

Adamaoua

26,1

37,5

18,9

12,4

5,1

100,0

Centre

1,5

34,2

47,1

15,5

1,7

100,0

Est

8,6

41,8

30,3

16,8

2,4

100,0

Extrême Nord

53,0

32,8

9,0

3,1

2,0

100,0

Littoral

0,9

21,2

48,2

23,0

6,7

100,0

Nord

45,0

38,3

10,5

5,7

0,4

100,0

Nord Ouest

4,2

57,1

25,6

10,7

2,4

100,0

Ouest

1,3

36,2

32,5

25,0

5,0

100,0

Sud

1,1

15,5

45,3

33,5

4,6

100,0

Sud Ouest

3,2

28,1

33,8

24,9

9,9

100,0

Milieu de résidence

 

 

 

 

 

Urbain

3,3

14,9

30,0

36,2

15,7

100,0

Rural

24,4

43,8

25,1

6,1

0,6

100,0

Age de l'enfant

 

 

 

 

 

[5-14]

15,3

31,9

27,4

18,5

6,9

100,0

[15-17]

14,8

28,1

26,1

22,6

8,4

100,0

Taille du ménage

 

 

 

 

 

moins de 3 pers

13,6

42,9

27,8

11,4

4,2

100,0

3 - 4 pers

12,6

37,0

28,4

16,8

5,2

100,0

5 - 6 pers

13,3

31,6

28,1

20,0

7,1

100,0

7 pers et +

16,9

28,9

26,4

19,8

7,9

100,0

Source : MICS-III, (2006)

3.3.1 Pauvreté infantile suivant les provinces et le milieu de résidence

Le Cameroun est administrativement subdivisé en dix provinces. Cependant les villes de Yaoundé et Douala des provinces du Centre et du Littoral respectivement, ont été pris séparément pour éviter d'introduire des biais lors des comparaisons entre province. Car capital politique et économique du pays, elles sont les plus peuplées et l'activité économique y est importante.

Le tableau 10 laisse apparaître trois principales catégories de province dans la répartition des enfants au sein des différentes classes de pauvreté.

La première catégorie comprend les villes de Douala et Yaoundé. Ces deux villes connaissent des taux de pauvreté respectifs de 12,3 % et 6,6 % (tableau 14 en annexe). Les enfants y sont concentrés dans les deux dernières classes - Intermédiaire supérieur et riche - avec 73 % pour Douala et un peu plus de 80 % pour Yaoundé. Les enfants en situation d'extrême pauvreté sont rares dans ces villes. Comparativement à d'autres localités du pays, ces villes sont relativement mieux dotées en services publics, l'accès à l'eau du robinet et à l'électricité n'est pas universel mais les populations peuvent se procurer de l'eau potable et de l'électricité par l'intermédiaire des voisins connectés sur le réseau . Ces villes se caractérisent par leur aspect dualiste ; des quartiers chics et résidentiels d'un côté et des bidonvilles de l'autre.

Une deuxième catégorie regroupe les provinces du Centre, du Littoral, du Sud, de l'Ouest, du Sud ouest, du Nord ouest et de l'Est. Les enfants y sont concentrés dans les classes pauvre et intermédiaire supérieure. Les provinces du Centre et du Littoral semblent ne pas bénéficier des effets induits que pourrait créer l'intense activité dans les villes avoisinantes. Les populations essentiellement des travailleurs agricoles dans ce groupe de province ne tirent pas suffisamment de revenus de leur activité pouvant leur permettre d'accéder à des conditions de vie meilleures, en effet selon l'enquête ESSI, en 2005, le revenu moyen mensuel dans le secteur informel agricole était de 11 100 F CFA ; revenu dérisoire pour assurer des conditions de vie acceptables.

Le troisième groupe de province comprend toutes les provinces septentrionales, à savoir : l'Adamaoua, le nord et l'extrême nord. Les enfants de ces provinces se recrutent à plus de 70 % dans les deux premières classes avec une incidence encore plus forte pour le Nord et l'extrême nord, respectivement 89,1 % et 88,4 % d'incidence de pauvreté. Les populations de ces provinces les plus au nord du pays sont connues pour leur attachement à l'élevage. Elles ne bénéficient pas toujours des faveurs du climat sur le plan agricole ce qui les contraint à une gamme restreinte de produits alimentaires. Ces provinces sont les seules à enregistrer les taux nets de fréquentation du primaire inférieure à la moyenne nationale15(*) (moins de 60 % de taux net de scolarisation pour ces provinces).

Tout comme la pauvreté monétaire, la pauvreté multidimensionnelle apparaît comme un phénomène essentiellement rural. En milieu rural, moins de 1 % des enfants se retrouvent dans la classe riche contre 15,7 % en milieu urbain. De plus, l'extrême pauvreté est davantage présente en milieu rural avec 24,4 % d'enfants extrêmement pauvres contre seulement 3,3 % en milieu urbain. Ce faibles taux d'extrême pauvreté infantile en milieu urbain cacherait de fortes disparités qui existeraient entre les villes de Douala et Yaoundé et les zones semi urbaine à l'exemple de Bafoussam, Bamenda, Maroua et Bertoua.

Grosso modo, ces résultats sont en conformité avec ceux obtenus à l'échelle des ménages.

3.3.2 L'incidence de pauvreté infantile selon les caractéristiques du chef ménage et selon celles des autres membres

Les enfants pauvres vivent majoritairement avec des chefs de ménage d'un niveau d'instruction inférieur ou égal au niveau primaire. Par contre, pour dix enfants vivants dans un ménage dans lequel le chef de ménage est d'un niveau d'instruction supérieur au niveau primaire, seulement deux d'entre eux sont pauvres. Il apparaît dès lors que les enfants vivant avec des chefs de ménage d'un niveau d'instruction inférieur ou égal au niveau d'instruction primaire subissent davantage la pauvreté que ceux des enfants vivant dans des ménages dont le chef est d'un niveau d'instruction supérieur au niveau primaire.

Dans l'ensemble de la population des enfants d'âge 5 - 17 ans, on note que les garçons ont une légère tendance à être pauvre. Cette répartition est conservée aussi bien lorsqu'on est en milieu urbain que lorsqu'on est en milieu rural. Á l'échelle des provinces, seules les provinces de l'Extrême nord et du Nord inversent la tendance avec près de 89 % de pauvres chez les filles contre 88 % chez les garçons pour la province de l'Extrême nord et 90,2 % de pauvres chez les filles contre 88,3 % de pauvres chez les garçons pour la province du Nord. Cependant, parmi les enfants n'ayant jamais été à l'école, les filles sont les plus nombreuses soit 56,3 %.

La pauvreté touche davantage les enfants de la tranche d'âge 5-14 ans que ceux de la tranche d'âge 15-17 ans. Les 5-14 ans sont alors les plus vulnérables. Dans ces classes d'âge, il existe toujours un certain équilibre entre les filles et les garçons. Cependant, on observe une plus grande proportion des garçons pauvres dans la tranche d'âge 15-17 ans. Soit un taux de 57,6 %.

Au final, la pauvreté infantile se trouve être un phénomène rural. Les enfants en milieu rural vivent dans des conditions plus difficiles que leurs homologues des milieux urbains. Le niveau d'instruction du chef de ménage et celui de la mère apparaissent comme un rempart contre la pauvreté infantile. Les villes de Yaoundé et Douala de par leur situation privilégiée de siège des institutions et capitale économique respectivement bénéficient d'un traitement particulier qui profite aux ménages y résidents. Pour exemple, près de 99 % des enfants de ces deux métropoles vivent dans des ménages ayant accès à l'énergie électrique. Par ailleurs, ce taux est de 15.3 % à l'Extrême-Nord et de 13,6 % au Nord, provinces les moins nantis en matière d'électricité.

Nonobstant les différences de niveau de pauvreté observées suivant le niveau d'instruction du chef de ménage, le sexe des enfants, la tranche d'âge et la zone de résidence, avons-nous de bonne raison de croire que ces variables expliquent de façon significative les différences de niveau de pauvreté observées ? La réponse à cette question découle probablement d'une régression du niveau de vie des enfants sur ces différentes variables.

Chapitre 4 :

Déterminants de la pauvreté infantile : une approche économétrique

Ce chapitre vise à déterminer les différents facteurs de risque de pauvreté infantile. Ces facteurs vont être recherchés non seulement parmi les différentes variables liées aux parents, notamment au chef de ménage, mais aussi parmi les variables liées à l'enfant en particulier son sexe et la tranche d'âge à laquelle il appartient.

Pour apprécier le niveau de pauvreté associé à chaque variable, nous implémenterons un modèle logistique binaire afin d'analyser les contributions de chaque variable à la formation de la probabilité pour un enfant d'être considéré comme pauvre. Nos différents tests ici se feront en retenant un seuil de significativité égal à 5 %.

4.1 Sélection des variables et Présentation du modèle

L'analyse descriptive faite plus haut, même si elle montre les différences de niveau de pauvreté par rapport à certaines caractéristiques telles que le milieu de résidence, l'âge de l'enfant, le sexe de l'enfant et le niveau d'instruction du chef de ménage par exemple, elle ne nous permet pas d'affirmer que ces différentes variables ou caractéristiques retenues constituent des facteurs de risque de pauvreté pour les enfants. Or l'identification de facteurs de risque de pauvreté chez les enfants serait de première importance dans la définition des politiques de réduction ou d'élimination de la pauvreté infantile. Tant il permettra la détermination d'actions appropriées en faveur de la réduction de la pauvreté. Pour ce faire, nous adopterons une approche économétrique tout en privilégiant la modélisation logistique. Cela consistera en la modélisation du risque pour un enfant d'être pauvre, c'est-à-dire d'être ou non en dessous du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté ici est celui déterminé à partir des commodités de base.

4.1.1 Sélection des variables

Nous postulons ici que le risque de pauvreté d'un enfant est fonction des caractéristiques individuelles propres de l'enfant, de celles de ses parents ou du ménage et en fin de celles de son environnement.

Les caractéristiques individuelles de l'enfant concernent essentiellement : l'âge et le sexe. L'âge de l'enfant, en particulier la tranche d'âge à laquelle il appartient nous permettra de voire si les tranches d'âges 5-14 ans et 15-17 ans connaissent les mêmes risques de pauvreté. Le sexe rendra compte de la propension éventuelle des enfants d'un sexe donné à être plus pauvre que les enfants d'un autre sexe. Les caractéristiques du ménage concernent la taille du ménage et les caractéristiques liées aux parents. Nous pouvons citer : le niveau d'instruction de la mère, le niveau d'instruction du chef de ménage et le groupe ethnique. Parlant d'environnement, nous retenons ici le milieu de résidence (rural, urbain) et la circonscription administrative (province, Douala, Yaoundé).

4.1.2 Présentation du modèle

Les variables ainsi définies, nous pouvons construire un modèle logistique dichotomique admettant comme variable expliquée la probabilité d'apparition de l'événement : « l'individu est pauvre». Ainsi, on postule le modèle suivant :

Où la fonction désigne la fonction logistique,

Avec , la variable explicative qui prend la valeur 1 si l'enfant est pauvre et 0 sinon., le vecteur des caractéristiques sociodémographiques de l'enfant, de son ménage de résidence et de son environnement. est le vecteur des paramètres du modèle. Les valeurs numériques de ses composantes associées aux variables explicatives n'ont pas d'interprétation économique directe en raison du problème de la normalisation de la variable résiduelle. Cependant, leur signe est la seule information réelle directement utilisable. Ce signe indiquera dans le cas précis de notre modèle si la variable associée à ce paramètre influence à la hausse ou à la baisse la probabilité qu'un enfant soit pauvre.

Pour compléter l'analyse, il est possible de calculer les effets marginaux mesurant la sensibilité de la probabilité qu'un enfant soit pauvre par rapport aux variations dans les variables explicatives.

4.2 Interprétation des résultats du modèle

4.2.1 Validité du modèle

Des variables explicatives initiales, sept s'avèrent significatives à un seuil de 5 %, à savoir : le niveau d'instruction du chef de ménage, la zone de résidence, le niveau d'instruction de la mère, les classes d'âge, la région de résidence et la scolarisation (l'enfant a-t-il déjà été à l'école ou pas) et l'indice de peuplement du ménage (taille ménage). Seules les variables sexe et ethnie du chef de ménage ne sont pas significatives.

De plus, ces différentes variables sont très faiblement corrélées entre elles. Il s'agit donc de dimensions distinctes non liées. Donc on a de bonnes raisons de croire que l'influence d'une des dimensions sur la probabilité qu'un enfant soit pauvre ne dépend aucunement de l'influence des autres.

De l'étape une à l'étape sept, le khi deux croit et la valeur de la -2log-vraissemblance diminue successivement (tableau en annexe). Alors, le modèle est amélioré par l'introduction progressive des variables.

Tableau 11 : Récapitulatif du modèle logistique

 

Récapitulatif du modèle

Etape

-2log-vraisemblance

R-deux de Cox & Snell

R-deux de Nagelkerke

1

14139,6

0,31

0,42

2

11309,2

0,43

0,59

3

10641,4

0,46

0,62

4

10229,3

0,47

0,64

5

10157,5

0,47

0,64

6

10098,4

0,48

0,65

7

10093,6

0,48

0,65

Source : MICS-III, (2006)

Le R-deux de Cox et Snell du modèle final se situe à 0,48 et indique que seulement 48 % de la variation dans la probabilité pour un enfant d'être pauvre pourrait être expliquée par l'ensemble des variables significatives. Or le R-deux de Nagelkerke qui est une version ajustée du R-deux de Cox et Snell et donc plus proche de la réalité se situe à 0,65. Dès lors, on peut dire que les variables explicatives contribuent à expliquer 65 % de la variation dans la probabilité pour un enfant d'être pauvre.

Le modèle final conserve un pouvoir prédictif de l'ordre de 85,7 %. D'après ce modèle l'état de pauvreté d'un enfant serait prédit avec succès 90,4 % des fois contre 78.1 % des fois pour l'état de non pauvreté.

4.2.2 Interprétation des résultats du modèle

Ce modèle confirme de par les résultats observables sur le tableau 18 en annexe, les présomptions que nous avons eu au chapitre trois en analysant l'incidence de pauvreté suivant ces mêmes variables retenues pour le modèle.

Le niveau d'instruction du chef de ménage et celui de la mère de l'enfant sont deux éléments qui influencent significativement la situation des enfants. Le risque qu'un enfant a de tomber dans la pauvreté diminue lorsque le niveau d'instruction de ses parents est élevé. Autrement dit, plus le chef de ménage est instruit, mieux l'enfant se porte et s'épanouit. Les enfants vivant dans des ménages dont le chef est d'un niveau d'instruction supérieur ou égal au niveau secondaire sont les plus nombreux à avoir accès à l'eau de robinet dans leur domicile. Sur dix enfants ayant de l'eau de robinet à domicile, un peu plus de sept ont un père d'un niveau supérieur au niveau primaire. Le niveau d'instruction élevé du chef de ménage et celui de la mère de l'enfant semblent garantir aux enfants des conditions meilleures. Les enfants issus de ces ménages sont les plus nombreux à jouir des toilettes modernes à chasse. Parmi les enfants dont le ménage ne dispose pas de toilette, 60 % ont un père sans niveau. Alors, l'illettrisme accentue le risque de pauvreté infantile. Avec une plus forte incidence lorsque la mère est illettrée.

Il existe un risque plus élevé pour les enfants de la tranche d'âge 15 - 17 ans à être pauvre. Dans cette tranche d'âge, l'enfant est dit adolescent. C'est une période transitoire entre l'enfance et l'âge adulte. Cette période est généralement vécue très difficilement surtout chez les filles. L'âge médian au premier rapport sexuel est de 16 ans chez les filles et 7 % des enfants de cette catégorie sont ou mariés ou en union libre. En outre, ils sont près de 25 % à ne pas vivre avec leurs parents, ils vivent soit seul, soit avec un conjoint ou encore avec frères et soeurs. Ils sont de ce fait vulnérables. Ceux d'entre eux qui sont sortis du système éducatif sont soit inactifs soit exercent un commerce ou un petit métier dans le secteur informel

Le milieu de résidence est un déterminant important des conditions de vie des enfants. Le risque de pauvreté augmente sensiblement lorsqu'on passe du milieu urbain au milieu rural. Les enfants en milieu rural sont victimes de privations de toute sorte. Les maisons sont pour la plupart en matériaux précaires, huit maisons sur dix en milieu rural ont un sol en terre battue, les murs sont généralement en terre battue et en brique de terre. Seulement 1 % des ménages en milieu rural profitent de toilettes modernes. En milieu rural, le système d'adduction d'eau potable est inexistant et le réseau électrique n'intègre pas les campagnes. Les commodités telles que : le téléviseur, le poste radio et le téléphone continuent d'être considérées comme des biens de luxe en milieu rural.

En retenant la ville de Douala comme zone de référence dans notre modèle, on constate tout comme au chapitre trois que, alors que le passage de Douala à Yaoundé diminue le risque qu'aurait un enfant d'être pauvre, le passage de Douala aux autres zones accroît ce risque. Avec un risque relatif plus élevé pour les provinces de l'Extrême-Nord et du Nord-Ouest et un risque relatif moindre pour les provinces de l'Est et du Sud-Ouest.

On observe une tendance plus élevée à être pauvre chez les enfants n'ayant jamais été à l'école. En d'autres termes, les enfants n'ayant jamais été à l'école sont plus exposés à la pauvreté que ceux qui ont été à l'école au moins une fois dans leur vie. Cette constatation, paraît plausible car un enfant vivant dans un ménage pauvre est exposé à la pauvreté. En effet, parmi les enfants n'ayant jamais été à l'école, 60 % vivent dans un ménage dont le chef n'a jamais été à l'école et 80 % vivent en milieu rural. On peut alors penser que la pauvreté du chef de ménage est un frein à la scolarisation des enfants. Les parents non scolarisés semblent ignorer l'avantage qu'il y a à envoyer leurs enfants à l'école et préfère les maintenir à la maison où ils servent de main d'oeuvre pour les travaux domestiques. Ceci pose le problème de coût d'opportunité ; les parents doivent par exemple choisir entre envoyer l'enfant à l'école et lui confier la surveillance des animaux. Les filles sont aussi les plus nombreuses à n'être jamais allé à l'école. Elles sont souvent délaissées au profit des garçons lorsque le parent fait face à un manque de moyen financier. Chez les enfants dits très pauvres, 54,6 % des garçons n'ont jamais été à l'école contre 68,5 % de filles. Et chez les enfants dits riches, tous les garçons sont scolarisés contre 0,3 % de non scolarisés chez les filles.

Le milieu de résidence, le niveau d'instruction du chef de ménage, le niveau d'instruction de la mère de l'enfant et la taille du ménage influent sur le risque de pauvreté infantile. En effet, le risque pour un enfant résident en milieu rural d'être en situation de pauvreté est 8,79 fois plus élevé que si cet enfant vivait en milieu urbain. Lorsque le chef de ménage est d'un niveau d'instruction égal au niveau secondaire et plus, le risque que cet enfant soit pauvre est cinq fois inférieur au risque qu'a un enfant qui vit dans un ménage dont le chef est sans niveau.

Une fois les déterminants de la pauvreté infantile identifiés, l'on peut définir les stratégies de lutte contre la pauvreté. En agissant efficacement sur les déterminants de la pauvreté infantile, il est possible de réduire le degré de pauvreté chez les enfants. Pour ce faire, il est souhaitable de définir les stratégies les plus adéquates.

4.3 Stratégies de lutte et suivie de la pauvreté infantile

4.3.1 Stratégie de lutte contre la pauvreté

Les stratégies de lutte contre la pauvreté infantile doivent prendre en compte la disponibilité des services sociaux en facilitant l'accès des enfants aux centres de santé par exemple, et doivent dans le même temps promouvoir l'ouverture des enfants à certaines opportunités. La lutte contre la pauvreté infantile passe par la définition d'une batterie d'actions dans les domaines à la fois économique et sociale dont la mise en oeuvre pourrait améliorer les conditions d'existence des enfants. Les stratégies devraient chercher à accroître le capital humain (éducation et santé) des individus et faciliter l'accès à certaines couches sociales, spécialement aux enfants du milieu rural, à l'eau potable, à l'école et aux sois de santé. Les femmes doivent occuper une place plus importante dans toutes ces politiques.

Les actions suivantes pourraient aider à améliorer les conditions d'existence des enfants:

· Etant donné que la pauvreté infantile apparaît comme essentiellement rurale, il serait donc particulièrement salutaire d'imaginer un système d'octroi des crédits bénéficiant principalement aux exploitants agricoles quand nous savons que le milieu rural au Cameroun est essentiellement agricole avec un revenu mensuel dérisoire pour les travailleurs agricoles. Ces crédits permettraient incontestablement d'augmenter la production et d'améliorer les revenus des paysans avec un effet conséquent sur les conditions de vie des enfants. De ce point de vue, il devient urgent d'envisager la mécanisation de l'agriculture afin de sortir de l'archaïsme qui caractérise depuis longtemps notre agriculture. Aussi, le contexte économique mondial commande de s'intéresser aujourd'hui plus que jamais à la production vivrière. Auquel cas, toute politique visant à améliorer le niveau de revenu par une augmentation des salaires s'en trouvera inefficace devant la flambée des prix des produits alimentaires due à une pénurie sans cesse grandissante à l'échelle mondiale;

· Un accès plus accru des populations aux services sociaux de base - école et centre de santé - dans le milieu rural développerait les compétences et les connaissances des pauvres. Le désenclavement des campagnes permettrait d'évacuer la production vers les marchés urbains;

· Rendre l'éducation obligatoire pour tous jusqu'au niveau primaire semble être un objectif peu ambitieux car il apparaît que les personnes ayant au plus un niveau d'instruction primaire ne sont pas assez imaginatif pour assurer la protection de leur progéniture face à la pauvreté. Par contre, les chefs de ménages et surtout les mères d'un niveau d'instruction supérieur au niveau primaire sont une sorte de bouclier contre la pauvreté infantile. Il serait donc particulièrement utile si l'on veut à moyen ou long terme influer sur l'incidence de pauvreté infantile encourager l'instruction de la gente féminine en levant toute la bagatelle de pesanteurs qui contribuent à la non scolarisation des personnes de sexe féminin. À savoir : les considérations culturelles, les avantages accordés aux enfants de sexe masculin ;

· Des politiques incitatives permettraient aux enfants de durer plus longtemps dans le système éducatif. Aussi, il est nécessaire au niveau du ministère de la condition féminine en partenariat avec le ministère de la santé de sensibiliser la jeune fille afin de retarder au maximum l'âge du premier rapport sexuel, car les grossesses précoces ont pour conséquence d'éloigner les jeunes filles du système éducatif;

· Faciliter l'accès des femmes aux centres des décisions car d'après les résultats d'ECAM 2, celles-ci réduisent au niveau des ménages le risque pour que celui ci soit pauvre.

Toute la région septentrionale du pays, partant de l'Adamaoua jusqu'à l'Extrême-Nord, connaît une incidence de pauvreté particulièrement élevée. Cette région du pays est caractérisée par son climat chaud et sec avec une situation paradoxale dans l'Adamaoua considéré comme le château d'eau du Cameroun et qui est l'une des régions les plus mal approvisionnée en eau potable. Une attention particulière des pouvoirs publics aux populations de cette partie du pays serait capitale pour freiner une éventuelle expansion de la pauvreté infantile. Les taux d'alphabétisation les plus bas sont enregistrés dans cette région. L'on devrait donc rapprocher davantage l'école des populations.

Bien de stratégies peuvent être élaborées pour réduire la pauvreté. Cependant, leur mise en oeuvre n'est pas toujours aisée. Les difficultés rencontrées résident très souvent dans l'harmonisation des rôles des divers acteurs sociaux : les ménages, la société civile à travers les ONG, l'État et la communauté internationale à travers les organismes spécialisés. Or la réduction de l'ampleur de la pauvreté infantile exige, pour augmenter les chances de réussite, qu'une approche participative intégrant tous les acteurs sociaux soit utilisée pour définir les stratégies à mettre en oeuvre.

4.3.1 Suivie de la pauvreté infantile et principales limites du travail

Afin de garantir l'efficacité de ces actions et de les adapter dans un environnement en perpétuelle mutation, le suivie de la pauvreté infantile est nécessaire et peut se résumer en deux principales actions :

· constamment décrire les différentes formes de pauvreté afin d'actualiser le profil de pauvreté infantile tout en recherchant les facteurs explicatifs de la pauvreté non monétaire chez les enfants ;

· opérer un suivie dynamique des cohortes d'enfants permettant d'analyser les conséquences de la pauvreté sur le devenir à l'âge adulte partir de l'indicateur composite de pauvreté. Ceci nécessite la production de bases de données adaptées.

La principale limite de ce travail se situe au niveau de l'absence de certaines variables clés, à savoir : les variables liées à la santé et les variables liées à la nutrition.

Conclusion générale

De plus en plus, la pauvreté est appréhendée comme un phénomène multidimensionnel traduisant une carence en ressources nécessaires à la satisfaction des besoins qui peuvent être monétaires ou non. Dès lors, depuis près d'une décennie, les études portant sur la pauvreté se sont affranchies des seules considérations monétaire - revenus et dépenses - et s'étendent désormais sur le champ très vaste des conditions d'existence à travers une approche beaucoup plus qualitative.

Dans la littérature, la quasi totalité des études analysant la liaison entre les dimensions monétaire et non monétaire de la pauvreté établissent une corrélation positive entre les indicateurs de bien-être monétaire et non monétaire. Les valeurs du coefficient de Spearman sont : 0,51 pour le Cameroun en 2001, 0,60 pour le Sénégal en 2001et 0,88 pour le Ghana. Toutefois, on note une prééminence des privations sur la pauvreté monétaire.

La pauvreté des enfants apparaît étroitement liée à la pauvreté du ménage dans lequel ils vivent dans la mesure où les privations des enfants sont avant tout celles des ménages. Mais, les enfants restent les membres du ménage les plus vulnérables. D'où l'intérêt de plus en plus grandissant que la recherche accorde à l'étude de la pauvreté infantile.

La construction d'un indicateur composite de pauvreté prenant en compte les dimensions de bien-être inhérentes à la situation particulière des enfants a permis de définir un profil de pauvreté infantile. L'ICP ainsi construit traduit de façon appréciable le bien-être, puisque la répartition des enfants en classe montre que le degré de privation pour des fonctionnements retenus dans la construction de l'indicateur diminue lorsqu'on se déplace de la classe considérée comme la plus pauvre à celle considérée comme la plus riche.

Il en découle que plus de six enfants sur dix à l'échelle nationale n'ont pas accès à un certain nombre de commodités de base. La pauvreté infantile est bien plus accrue en milieu rural qu'en milieu urbain. Les villes de Yaoundé et Douala passent pour être les mieux nantis. Le septentrion reste la région la plus touchée par la pauvreté infantile. Le niveau d'instruction des parents est une composante déterminante dans le niveau de pauvreté des enfants. Plus le niveau d'instruction des parents est élevé, moins l'enfant subit les affres de la pauvreté. Aussi, on remarque que plus on est jeune, plus on est vulnérable face à la paupérisation. Les enfants de la tranche d'âge 5-14 sont sensiblement plus pauvre que leurs homologues de la tranche d'âge 14-17 ans.

Tous les résultats précédents sont confirmés par la modélisation économétrique du risque de pauvreté à travers l'implémentation d'un modèle de régression logistique. Alors, les politiques de lutte contre la pauvreté infantile devront porter un intérêt particulier à la condition des enfants en milieu rural, notamment en rapprochant davantage l'école des populations et en rendant la gratuité de l'école primaire effective. En facilitant l'accès aux soins de santé, en sensibilisant les parents sur la nécessité qu'il y a d'élever leurs enfants dans des meilleures conditions.

Au terme de cette étude, l'on peut retenir deux principaux résultats. Premièrement, la construction d'un indicateur à partir des conditions d'existence des ménages, qui est un indicateur de bien être différent de l'indicateur monétaire et facile à mesurer, et pouvant permettre un suivi plus efficace de la pauvreté infantile. Deuxièmement, Il existe de grave disparité entre le milieu rural et le milieu urbain d'une part et entre les régions de Yaoundé, Douala et les autres régions d'autres part. Cependant, nous n'avons pas la prétention d'avoir complètement couvert le sujet sur l'appréhension de la pauvreté non monétaire chez les enfants. D'autres études peuvent être menées sur des aspects volontairement omis au cours de ce travail, par exemple sur la dynamique de la pauvreté en conditions d'existence des enfants au Cameroun entre 2000 et 2006 et sur des aspects beaucoup plus psychologiques de la pauvreté infantile; on peut imaginer qu'une situation de conflit ouvert entre les parents d'un enfant l'affecte psychologiquement et cela a des influences négatives dans la construction de sa personnalité.

Annexe

Tableau 12 : Coordonnées des modalités sur les deux premiers axes de l'ACM

 

Coordonnées (scores)

Contribution

Libellé des modalités actives exclues

Axe 1

Axe 2

Axe 1

Axe 2

La mère biologique est-elle en vie?

 
 
 

Oui

0,00

0,00

0,00

0,00

Non

0,08

0,07

0,01

0,01

Le père biologique est-il en vie?

 
 
 

Oui

0,01

0,02

0,00

0,02

Non

-0,04

-0,17

0,00

0,12

Temps moyen pour aller chercher de l'eau et revenir

 
 
 

moins de 15 min

-0,04

-0,24

0,01

0,67

entre 16 et 30 min

-0,28

-0,47

0,27

1,76

entre 31 et 60 min

-0,43

-0,05

0,42

0,01

plus d'une heure

0,63

0,87

1,37

5,93

Distance parcourue pour aller cherche eau

 
 
 

moins de 200m

-0,20

-0,20

0,28

0,66

entre 201m et 500 m

-0,27

-0,47

0,18

1,32

Plus de 500m

0,44

0,56

0,92

3,36

Source: MICS-III, (2006)

Tableau 13 : coordonnées des modalités sur les deux premiers axes de l'ACM

 

Coordonnées (scores)

Contribution

Libellé des modalités actives

Axe 1

Axe 2

Axe 1

Axe 2

A-t-il/elle fréquente école

 
 
 
 

Oui

0,23

-0,24

0,67

1,82

Non

-1,22

1,28

3,57

9,71

A t-il/elle fréquente école durant année scolaire (2005-200

Total

4,24

11,53

Oui

0,29

-0,31

0,98

2,71

Non

-0,96

1,02

3,27

9,07

A t-il/elle fréquente école durant année scolaire (2004-2005

Total

4,24

11,79

Oui

0,31

-0,31

1,12

2,70

Non

-0,90

0,89

3,19

7,71

Principale source eau que boivent les membres du ménage

Total

4,31

10,41

Eau de robinet dans

0,41

0,19

1,48

0,79

Eau de surface

-0,55

-0,25

1,97

1,05

Principale source eau utilisée pour autres choses

Total

3,45

1,83

Eau de robinet /borne fontaine

0,95

0,29

3,19

0,73

eau de puit

-0,16

0,14

0,21

0,39

Eau de surface

-0,53

-0,54

1,11

2,84

Type de toilettes

 

Total

4,51

3,96

toilette à chasse

1,73

1,13

3,34

3,50

Latrines a fosses/tr

-0,04

-0,15

0,02

0,74

Pas de toilettes ou

-1,29

0,67

1,82

1,19

Principal matériau du sol

 

Total

5,18

5,42

sol de luxe

0,77

0,18

4,28

0,55

matériau naturel

-0,69

-0,16

3,83

0,49

Principal matériau du toit

 

Total

8,11

1,04

matériau fini

0,32

-0,11

1,23

0,33

matériau naturel

-1,22

0,55

4,15

2,06

matériau rudimentaire

-0,58

-0,40

0,23

0,27

Principal matériau des murs

 

Total

5,62

2,65

ciment/parpaing/briquette

0,80

0,23

4,02

0,80

terre/carabot/feuill

-0,57

-0,16

2,88

0,57

Electricité

 

Total

6,90

1,38

Oui

0,83

0,13

4,84

0,31

Non

-0,71

-0,11

4,12

0,26

Poste radio

 

Total

8,96

0,58

Oui

0,33

0,03

1,11

0,03

Non

-0,65

-0,07

2,16

0,05

Téléviseur

 

Total

3,27

0,08

Oui

1,12

0,39

5,85

1,74

Non

-0,49

-0,17

2,55

0,76

Téléphone mobile

 

Total

8,40

2,50

Oui

1,06

0,37

5,37

1,59

Non

-0,48

-0,17

2,46

0,73

Réfrigérateur/Congélateur

 

Total

7,84

2,32

Oui

1,56

0,87

4,22

3,22

Non

-0,20

-0,11

0,54

0,41

Niveau d'instruction du chef de ménage

 

Total

4,76

3,63

Aucun

-0,85

0,71

3,25

5,59

Primaire

-0,12

-0,79

0,09

8,85

Secondaire & +

0,89

0,26

4,02

0,86

Niveau d'instruction de la mère

 

Total

7,35

15,30

Aucun

-0,84

0,53

3,41

3,34

Primaire

0,01

-0,74

0,00

7,58

Secondaire & +

1,04

0,32

3,94

0,94

Mère pas dans le mén

0,19

0,34

0,04

0,33

Niveau d'instruction du père

 

Total

7,40

12,19

Aucun

-1,05

1,02

2,81

6,54

Primaire

-0,20

-0,87

0,14

6,42

Secondaire & +

0,89

0,23

2,47

0,40

*Réponse manquante*

0,09

-0,05

0,05

0,04

Source: MICS-III, (2006)

Graphique4 : Arbre de la Classification Ascendante HiérarchiqueCAH

Source : MICS-III, (2006)

Tableau 14 : Incidence conditionnelle de pauvreté infantile suivant les deux méthodes mises en oeuvres (%)

 

Méthode: commodités de base

 

CAH

 

 

pauvre

non pauvre

Total

pauvre

non pauvre

Total

Classe d'âge

 

 

 

 
 

[5-14]

63,1

36,9

100,0

74,0

26,0

100,0

[15-17]

57,0

43,0

100,0

68,5

31,5

100,0

Milieu de résidence

 

 

 

 

 

Urbain

32,3

67,7

100,0

47,17

52,83

100,00

Rural

85,0

15,0

100,0

93,00

7,00

100,00

Province + Yaoundé et Douala

 

 

 

 

 

Douala

12,3

87,7

100,0

26,1

73,9

100,0

Yaounde

6,6

93,4

100,0

17,1

82,9

100,0

Adamaoua

74,6

25,4

100,0

81,8

18,2

100,0

Centre

65,6

34,4

100,0

82,1

17,9

100,0

Est

69,4

30,6

100,0

79,6

20,4

100,0

Extreme Nord

88,4

11,6

100,0

94,9

5,1

100,0

Littoral

50,8

49,2

100,0

69,9

30,1

100,0

Nord

89,1

10,9

100,0

93,6

6,4

100,0

Nord Ouest

78,4

21,6

100,0

86,9

13,1

100,0

Ouest

59,5

40,5

100,0

69,4

30,6

100,0

Sud

39,7

60,3

100,0

60,8

39,2

100,0

Sud Ouest

52,3

47,7

100,0

64,1

35,9

100,0

Sexe de l'enfant

 

 

 

 

 

Garçon

63,6

36,4

100,0

74,2

25,8

100,0

Fille

60,4

39,6

100,0

71,8

28,2

100,0

Source: MICS-III, (2006)

Tableau 15 : Répartition par sexe et par niveau de bien être des enfants selon qu'ils ont déjà été à l'école ou pas (%)

 

 

Très pauvres

Pauvres

Intermédiaires inférieurs

Intermédiaires supérieurs

Riches

Garçon

déjà fréquenté

45,4

91,5

95,6

98,5

100,0

jamais fréquenté

54,6

8,5

4,4

1,5

0,0

Fille

déjà fréquenté

31,5

86,7

94,5

98,3

99,7

jamais fréquenté

68,5

13,3

5,5

1,7

0,3

Source: MICS-III,(2006)

Tableau 16: Valeurs du khi-deux pour la regression logistique

Tests de spécification du modèle

 

 
 

Khi-deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

5523,4

4

0

 

Bloc

5523,4

4

0

 

Modèle

5523,4

4

0

Etape 2

Etape

2830,3

1

0

 

Bloc

8353,7

5

0

 

Modèle

8353,7

5

0

Etape 3

Etape

667,7

5

0

 

Bloc

9021,5

1

0

 

Modèle

9021,5

1

0

Etape 4

Etape

412,1

1

0

 

Bloc

9433,7

2

0

 

Modèle

9433,7

21

0

Etape 5

Etape

71,7

1

0

 

Bloc

9505,4

22

0

 

Modèle

9505,4

22

0

Etape 6

Etape

59,12

1

1,4766E-14

 

Bloc

9564,5

23

0

 

Modèle

9564,5

23

0

Etape 7

Etape

4,843

1

0,027750824

 

Bloc

9569,4

24

0

 

Modèle

9569,4

24

0

Source : MICS-III, (2006)

Tableau 17: Classification modèle logistique

Tableau de classification (a)

 

 

 

pauvre

non pauvre

Pourcentage correct

Etape 1

Nivie

pauvre

8036

1147

87,5

 

 

non pauvre

1844,00

3780

67,2

 

Pourcentage global

 

 

 

79,8

Etape 2

Nivie

pauvre

7994,00

1189

87,1

 

 

non pauvre

1476,00

4148

73,8

 

Pourcentage global

 

 

 

82,0

Etape 3

Nivie

pauvre

7925,00

1258

86,3

 

 

non pauvre

1055,00

4569

81,2

 

Pourcentage global

 

 

 

84,4

Etape 4

Nivie

pauvre

8E+03

948

89,7

 

 

non pauvre

1E+03

4381

77,9

 

Pourcentage global

 

 

 

85,2

Etape 5

Nivie

pauvre

8E+03

924

89,9

 

 

non pauvre

1E+03

4402

78,3

 

Pourcentage global

 

 

 

85,5

Etape 6

Nivie

pauvre

8277

906

90,1

 

 

non pauvre

1222

4402

78,3

 

Pourcentage global

 

 

 

85,6

Etape 7

Nivie

pauvre

8297

886

90,4

 

 

non pauvre

1233

4391

78,1

 

Pourcentage global

 

 

 

85,7

Source: MICS-III, (2006)

Tableau 18: Estimation des paramètres de la régression logistique et des risques relatifs des modalités par rapport aux modalités de référence

Variable expliquée « être pauvre ou non »

B

Exp(B) /Odd-ratio

Niveau d'instruction du chef de ménage

 

Sans niveau

mr

mr

Primaire

-2,39

0,09

Secondaire et +

-1,55

0,21

Niveau d'instruction de la mère

 

Sans niveau

mr

mr

Primaire

-1,69

0,19

Secondaire et +

-0,96

0,38

Classe d'âge de l'enfant

 

[5-14]

mr

mr

[15-17]

0,44

1,55

Milieu de résidence

 

Urbain

mr

mr

Rural

2,17

8,79

Province + Yaoundé et douala

 

Douala

mr

mr

Yaounde

-0,20

0,82

Adamaoua

0,80

2,22

Centre

0,74

2,10

Est

0,61

1,85

Extreme Nord

1,26

3,51

Littoral

0,85

2,35

Nord

0,85

2,35

Nord Ouest

1,20

3,34

Ouest

1,18

3,25

Sud

0,63

1,87

Sud Ouest

0,11

1,11

L'enfant a-t-il déjà fréquenté

 

Déjà fréquenté

mr

mr

Jamais fréquenté

0,79

2,20

Taille du ménage

 

1-3 personnes

mr

mr

4-5 personnes

-0,91

0,40

6 personnes et +

-0,39

0,68

Constante

 

B

-0,840

0,432

Source: MICS-III, (2006)

mr = modalité de référence

R-deux de Cox et Snell = 0,48

R-deux de Nagelkerke = 0,65

-2log-vraissemblance = 10093,6

Toutes les modalités sont significatives au seuil de 5 %.

Références bibliographiques

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* 1 Cité par Bertin Alexandre

* 2 Il s'agit de l'Enquête Budget Consommation (EBC), réalisée en 1983-1984, et de l'Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM I), réalisée en 1996.

* 3 De plus en plus, l'INSEE publie les résultats suivant les deux proportions pour des besoins de comparaison à l'échelle européenne

* 4 Le bien être est considéré comme le complémentaire de la pauvreté sur l'échelle des niveaux de vie. Donc déterminer un indicateur de bien être revient indubitablement à déterminer un indicateur de pauvreté.

* 5 Dani Rodrik est professeur d'économie à l'université de Harvard. En 2000, il est interviewé par la revue trimestrielle Finance et Développement du FMI en page 8.

* 6 Cet indicateur mesure, pour un niveau d'étude donné, la population d'élèves scolarisés par rapport à la population scolarisable de cette tranche d'âge. Ex dans le primaire, ce taux est égal au nombre d'élèves du primaire, multiplié par 100 et divisé par la population de six à onze ans (dans le système francophone).

* 7 Pour 100 000 habitants

* 8 Pour 100 000 habitants

* 9 L'éducation pour tous est le deuxième point des Objectif du Millénaire pour le Développement

* 10 Extrait de « Sciences économiques et sociales », première ES, collection Alain Gélédan, Paris 1994.

* 11 Maslow définit les besoins

* 12 Certain auteurs emploi le terme consistance

* 13 Contrairement à ECAM ou la répartition de la population se fait suivant les milieux rural, urbain et semi urbain, MICS ne prend en compte que les milieux urbain et rural.

* 14 L'approche revenue et la pauvreté multidimensionnelle à l'échelle de la population entière ont été estimées à partir des données de l'enquête ECAM 2 réalisé en 2001.

* 15 Le taux net de scolarisation au primaire est de 80 % au Cameroun






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