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La répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : Cas du Viol

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par Leslie MOSWA MOMBO
Université de Nantes - Diplôme Universitaire de 3ème cycle en Droit Fondamentaux 2007
  

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CONCLUSION GENERALE

Tout au long de ces pages, nous avons traité de la répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la justice congolaise en nous appesantissant sur le viol. Nous avons jugé bon d'aborder ce sujet en deux parties.

La première partie a été consacrée au viol massif des femmes à l'Est de la RDC et au cadre juridique de poursuite de l'infraction de viol. En effet, le contexte général de la RDC marqué par une succession de conflits internes et internationaux a fait de nombreuses victimes. Aussi les rébellions menées par Laurent Désiré Kabila, par le Rassemblement Congolais pour la démocratie et par Laurent Nkunda se sont - elles succédées chacune avec un objectif particulier.

La première rébellion a été organisée dans le but de mettre fin à un régime dictatorial d'une trentaine d'années dirigées par le Président Mobutu. La deuxième quant à elle, dirigée par le Rassemblement Congolais pour la démocratie avait pour point de départ le mécontentement exprimé par les populations tutsi qui se sentaient en insécurité du fait de l'ordre de retrait des troupes Ougando - Burundo - Rwandaises donné par le Président Laurent Désiré Kabila. La troisième quant à elle éclata suite au fait que les soldats tutsi se sentaient en insécurité dans la nouvelle armée et poursuivait l'objectif de défendre les populations tutsi que le général Laurent Nkunda disait être en danger.

Au cours de ces conflits successifs, plusieurs victimes ont été dénombrées dont des fillettes, des jeunes filles et des femmes. Leur nombre a été si important que les analystes ont parlé de guerre contre les femmes. En effet, elles ont été victimes de nombreuses exactions dont le viol. Le viol a été massif et utilisé comme une arme de guerre. Aussi plusieurs formes de viol ont - elles été dénombrées, à savoir le viol systématique, le viol punition, le viol commis avec une violence inouïe et incluant des actes pour humilier et dégrader les victimes, le viol collectif ainsi que le viol des enfants et des personnes âgées.

Ces actes barbares perpétrés par des militaires des forces armées régulières congolaises et étrangères ainsi que par des groupes armés congolais et étrangers n'ont pas été sans motivation. En effet, certains ont été guidés par la motivation de combattre et d'humilier l'ennemi à travers le corps humain, d'autres par la ferme volonté d'éliminer le peuple congolais, par contre, les groupes armés ont usé du viol comme un rituel pour capter ou neutraliser les forces magiques. Il est important de souligner que le viol a même été utilisé comme une prime à la bravoure et un parfait dopant pour les troupes.

Le viol a laissé des séquelles sur les femmes au niveau de leur santé physique et reproductive. Leur psychologie a également été atteinte et leur social complètement détruit. Des conséquences socio - économiques ont même été relevées.

Devant ces crimes de viol, il convenait de s'interroger sur le cadre juridique de poursuite de cette infraction. Ainsi avons-nous d'abord traité du cadre juridique international. Le droit international humanitaire et le droit international des droits humains se sont avérés protecteurs à l'égard de la femme qui devait être mise à l'abri contre tout acte de viol et de traitements inhumains et dégradants. A côté du cadre juridique international figure en bonne place le cadre juridique national constitué de la justice militaire et de la justice civile.

En abordant la justice militaire nous avons constaté que les Codes de 1972 et de 2002 ne traitaient pas de l'infraction de viol. Ainsi avons-nous dû faire recours à la justice civile. Cette dernière jadis retenait le viol dans le cas de la pénétration. Tout acte qui ne correspondait pas à une pénétration été considéré comme un attentat à la pudeur. Devant la commission de pires types de viol durant les conflits successifs qui se sont déroulés en RDC, il s'avérait nécessaire d'adopter de nouvelles lois plus conformes à la réalité. Aussi les lois n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais et la loi n°06/019 modifiant et complétant le décret du 6 août 1959 portant Code de procédure pénal congolais furent adoptés par le Parlement.

La seconde partie s'est évertuée à traiter de la Justice Congolaise face au défi de la répression des cas de viols. Nous avons relevé au cours de cette seconde partie que ces lois combien salutaires pour la répression du viol connaissent de nombreuses difficultés pour leur application dues au dysfonctionnement de la justice congolaise et particulièrement à l'Est de la RDC. En effet, l'état des lieux du système judiciaire à l'Est de la RDC révèle une insuffisance notoire en juridiction et en personnel judiciaire. De plus, plusieurs carences dues au manque de formation dudit personnel et à une logistique faisant défaut ne permettent pas une application correcte des nouvelles lois sur les violences sexuelles. Par ailleurs, il a été relevé que les infrastructures pénitentiaires en fort état de délabrement favorisent l'évasion des condamnés. En outre, les frais de justice pour les victimes sont trop élevés et l'assistance judiciaire n'est pas encore bien organisée. Les avocats sont commis d'office et les droits de la défense sont souvent violés.

Nous nous sommes efforcés de relever les obstacles à la poursuite des cas de viols par les juridictions. Certains d'ordre général comme la pauvreté des femmes et leur ignorance ; l'insuffisance et l'éloignement géographique des juridictions ; la plainte déposée contre inconnu, le manque de confiance dans le système judiciaire et l'insécurité et la peur des représailles ont été épinglés. D'autres sont liés à l'attitude du personnel judiciaire. Quant aux dernières analysées, elles ont été liées à la victime.

La lutte contre l'impunité des crimes de violences sexuelles qui a débuté par l'adoption de nouvelles lois sur la répression des violences sexuelles devrait s'accompagner d'une réforme profonde de la justice. Avec l'adoption de la loi sur le statut des magistrats et la future adoption du statut du Conseil supérieur de la magistrature, la RDC semble être décidée à mettre fin à ces violences sexuelles. Ses efforts laborieux ne devraient - ils pas être soutenus par les partenaires nationaux comme internationaux ?

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