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L'organisation des nations unies face aux conflits armes en afrique: Contribution a une culture de prevention

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par Jean-Désiré Harerimana-Kimararungu
Université de Liège - DEA en relations internationales et intégration européenne 2007
  

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ET POLITIQUE

Lorsque la guerre éclate, les conséquences sur le plan humain sont les plus spectaculaires. Leurs images font en un temps record le tour du monde. La dégradation du respect humain (§1) qui s'observe est plus émouvante que les bouleversements politiques (§2) qui s'imposent.

Paragraphe I : La dégradation du respect humain

L'observation la plus affligeante depuis quelques décennies réside dans un mépris du respect humain en période de conflits violents. Il s'ensuit un accroissement considérable du nombre de morts (A) et de personnes déplacées (B).

A- Les pertes en vies humaines

Le droit à la vie est considéré comme un droit de l'homme auquel on ne peut déroger. C'est un droit intangible. Toutefois, en période de guerre, ce droit semble dépourvu de toute signification. Le nombre sans cesse considérable des victimes en est la triste illustration.

Une étude réalisée sur la dynamique des conflits en Afrique a révélé que le nombre estimé de morts suite à des guerres entre 1955 et 1995 varie de 7 à 8 millions9( *). Une analyse par période de 5 ans laisse entrevoir quelques moments forts dans l'évolution de la violence armée et, partant, du nombre de victimes. C'est ce qu'illustre le tableau ci-dessous.

Source: Les conflits en Afrique : Analyse des crises et pistes pour une prévention, p.18

Toutefois, il importe de faire remarquer que «Ces pics ne sont pas vraiment la conséquence d'une extension horizontale ou verticale de la violence en Afrique, mais bien de quelques conflits locaux qui ont dégénéré. La première flambée est due à l'Algérie ; pour la période 1970- 1975 (sic) ce sont le Nigeria et le Soudan qui détiennent le record de la violence. Le génocide du Rwanda explique la dernière flambée10( *) ». Entre 500 000 et 1 000 000 de Rwandais en étaient morts en 1994.

La plupart des conflits africains tendent à s'étirer sur un plus grand nombre d'années avec plus de victimes. Ainsi, les 20 ans de guerre civile au Soudan ont fait 2 000 000 de morts tandis que 13 ans de guerre ont précipité au trépas 300 000 Burundais.

La révélation la plus accablante au sujet des victimes des conflits armés en Afrique provient de l'International Rescue Commity. En avril 2003, cet organisme a estimé qu'au moins 3,3 millions et peut-être jusqu'à 4,7 millions de personnes étaient mortes des conséquences directes de la guerre au Congo depuis 199911( *). Il faut toutefois prendre cette information avec prudence. En effet, pour 85 à 90% des victimes, la mort était plus précisément due à la famine ou à la maladie. Ceci n'empêche pas pour autant de conclure avec Adam HIGAZI que « Ce conflit est le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale et le plus meurtrier de toute l'histoire africaine contemporaine 12( *)».

Dans ce décompte macabre, ce sont malheureusement les civils qui payent le plus lourd tribut. Ce drame des populations civiles tient au caractère désormais interne de la grande majorité des conflits où les objectifs stratégiques des combattants les amènent fréquemment à prendre des civils pour cible.

Les pertes en vies humaines ne constituent pas les seuls impacts désagréables des conflits sur le plan humain. Outre, les guerres en Afrique propulsent sur le chemin de l'exil, un nombre encore plus considérable de personnes dans le rang des survivants.

B- Les déplacements de populations

Les déplacements de populations sont une autre conséquence des conflits. Sans doute, le problème se pose avec acuité en Afrique aujourd'hui. Les mouvements massifs de populations fuyant désespérément des zones de conflits sont des scènes terrifiantes.

La guerre civile au Soudan - l'une des plus anciennes d'Afrique - a fait 4 millions de déplacés13( *). Pire, le conflit récent qui oppose le gouvernement central de Khartoum à l'une de ses périphéries, le Darfour, est devenu l'un des plus préoccupant du continent. Depuis le début de l'année 2003, il avait déjà déraciné plus de 1,5 million de Soudanais de leur foyer14( *). Avec ces chiffres, le Soudan enregistre la plus large proportion de personnes déplacées dans le monde. Il est suivi par la République Démocratique du Congo dont le conflit a provoqué le déplacement de 3,4 millions de personnes.

Les déplacements de populations font référence à deux notions : les personnes déplacées à l'intérieur du territoire et les réfugiés. D'un point de vue juridique, une personne déplacée est celle qui est « ... forcée, parmi de nombreuses autres, de fuir son lieu de résidence habituel en raison d'un conflit armé, de troubles intérieurs ou de catastrophes naturelles ou pour d'autres raisons de sécurité impérieuses et indépendantes de sa volonté, qui se retrouve en situation de réfugié tout en n'ayant, dans sa fuite, franchi aucune frontière internationale reconnue15( *) ». Leur proportion n'a fait que croître avec la multiplication des guerres civiles qui ne se déroulent pas sur un champ de bataille mais au sein des villes et villages voire des familles. Leur situation est davantage la préoccupation des organisations non gouvernementales à caractère humanitaire. Mais l'action de ces dernières n'est pas aisée. Les gouvernements y voient souvent une ingérence dans leurs affaires intérieures. Ceci justifie l'abandon des personnes déplacées à leur triste sort.

Le réfugié, quant à lui, est une personne « ...qui du fait d'une agression, d'une occupation extérieure, d'une domination étrangère ou d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habituelle pour rechercher refuge dans un autre endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité16( *) ». Suivant les statistiques du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), on dénombre à la fin de l'année 2000, plus de 9 millions de réfugiés africains. Ceux-ci représentent plus de la moitié de leurs compagnons d'infortune dans le monde17( *). L'Afrique est incontestablement le premier "producteur" mondial de réfugiés et de personnes déplacées.

La situation des réfugiés est d'autant plus préoccupante qu'aujourd'hui, « (...) il devient de plus en plus difficile de trouver des refuges sûrs dans des pays voisins ou plus éloignés pour les victimes de la guerre ou des violations des droits de l'homme. Tant les pays pauvres que les pays industrialisés répugnent de plus en plus à accepter l'obligation élémentaire de fournir leur protection aux réfugiés18( *)».

Dans ces conditions, le sort des populations victimes de la guerre se détériore plus que jamais. Déshumanisées à l'excès, elles perdent toute dignité et les bouleversements politiques ne sont pas de nature à améliorer leur condition.

* 9 Luc REYCHLER : Les conflits en Afrique : comment les gérer ou les prévenir ? In Conflits en Afrique : Analyse des crises et pistes pour une prévention, op.cit. p.17

* 10 Luc REYCHLER : Les conflits en Afrique : comment les gérer ou les prévenir ? In Conflits en Afrique : Analyse des crises et pistes pour une prévention, op.cit. p.17

* 11 Voir http://www.guardian.co.uk/international/Story/0.3604.931997.00.html

* 12 Adam HIGAZI : Les dilemmes de la réhabilitation post-conflit in LE COURRIER N° 198, p.29

* 13 Vincent FOUCHER et Jean H. JEZEQUEL : Conflits d'Afrique subsaharienne in Les conflits dans le monde 2004, p. 147

* 14 Ibidem, p.148

* 15 Jean SALMON, op. cit. p.822

* 16 Paragraphe 1 de l'article premier de la Convention de l'OUA du 10 septembre 1969 sur les réfugiés. Cette convention régit les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique.

* 17 Voir www.un.org/News/fr-press/docs/2002/POP843.doc.htm. De tous les pays du monde, la Guinée est celui qui abrite la plus forte proportion de réfugiés. Les réfugiés Libériens et Sierra Léonais représentent 10% de sa population selon le Secrétaire général des Nations Unies Kofi A. ANNAN.

* 18 Kofi A. ANNAN : Eviter la guerre, prévenir les catastrophes : le monde mis au défi op.cit. p.88

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld