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La problématique de la communication dans la gouvernance locale au Bénin: le cas de la commune de Savè

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par Moukaïla AMADOU
Université d'Abomey-Calavi (UAC) Bénin INJEPS, Département des Sciences et Techniques de l'Action Sociale et Culturelle - Master en Développement Communautaire 2008
  

Disponible en mode multipage

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    DEDICACES

    A

    - ma chère mère Séfouratou A. ELETCHO, toi qui as fait de moi ce que je suis. Avec abnégation, tu as bâti mon éducation. De ta forte affection, tes conseils, tes peines, tes inlassables efforts, voici la toute première couronne. Eternelle reconnaissance à toi maman chérie ;

    - mon père Soulé AMADOU pour tous les sacrifices que tu as consentis, ton ferme engagement pour ma réussite. Tu l'as toujours dit papa, que notre épanouissement futur reste ton plus grand souci. Ta détermination a commencé par donner ses fruits. Prends ce travail comme le tout premier. Toute ma gratitude.

    -ma feue grand-mère `'Iya Toïdi''. Comme une mère, tu m'entourais d'une grande affection et d'un soutien inébranlable et je te promettais toujours de brillantes réussites comme récompenses. Mais hélas, tu n'as pas attendu vivre tout ceci avec moi. Je ne saurais cependant passer sous silence ce moment de réjouissance duquel tu as été un véritable artisan. Du fond de mon coeur, je te prie de recevoir ici, par ce travail, l'expression de ma gratitude. Que la terre te soit légère !

    - toutes les collectivités locales décentralisées en particulier aux élus locaux de la première mandature qui ont accepté de se jeter à l'eau et qui ont servi de cobaye pour la mise en oeuvre de la gouvernance locale.

    REMERCIEMENTS

    L'aboutissement de ce travail est le résultat des efforts constants et combinés de certaines personnes que nous ne saurions nous empêcher de remercier.

    Vifs et chaleureux remerciements à :

    - Monsieur Honorat AGUESSY, Professeur ès Lettres de Sociologie, Enseignant-chercheur en Développement Endogène, Expert et Consultant en Démocratie et Gouvernance, ceci à plus d'un titre : d'abord pour tous les sacrifices que vous ne cessez de consentir pour l'éveil et l'émergence de l'Afrique en général et du Bénin en particulier, ensuite pour l'effort intellectuel requis par ce travail de recherche que vous avez assuré.

    Cher professeur, à travers votre personne, le Bénin, notre patrie commune, dont visiblement vous vous attachez aux valeurs endogènes, est cité et reconnu aux plus hauts niveaux et, sans fausse modestie, nous vous en sommes fiers et reconnaissants. Car en réalité, un peuple n'a de valeur que par sa culture. C'est bien cette idéologie d'endogénéité, cette vision sociale du développement qui a toujours servi de sous-bassement à vos travaux même d'envergure internationale, vos contributions au décollage socio-économique des peuples africains sous l'emprise de la pauvreté.

    L'encadrement de ce mémoire de maîtrise qui n'a d'ailleurs souffert d'aucune insuffisance malgré vos multiples sollicitations, témoigne une fois encore de votre attachement, de votre engagement très ferme au profit de la conscientisation de la jeunesse béninoise dont l'avenir reste fortement dépendant du travail bien fait et surtout de la considération, la bonne gestion de l'héritage des aînés. Et le peu de temps qu'a duré notre collaboration qui nous confirme votre rigueur au travail, l'exactitude et surtout votre large ouverture d'esprit vient nous rapprocher davantage et lance de nouvelles perspectives d'appui et de collaboration. Car toutes ces qualités de distinction, ces vertus bien utiles au rayonnement social dont vous vous souciez de l'héritage et de la conservation nous donnent envie d'être toujours plus près de vous. Nous vous donnons l'assurance d'une relève de qualité. Tout le mérite de ce travail est à vous. Merci infiniment pour ce partage et pour la bonne ambiance de travail que nous avons connue. Que Dieu vous comble de sa grâce!

    - Monsieur Souaïbou Lompo GOUDA, Enseignant-chercheur, Maître Assistant en Sociologie du Développement et des Organisations. A la pluie et au soleil, vous avez accepté de vous sacrifier tout le long de ce travail de recherches qui n'est, en réalité, qu'une preuve de votre souci d'encadrement de la jeunesse. En effet, alors Directeur de l'INJEPS et préoccupé des questions liées à la jeunesse et du développement local face à l'absence d'un cadre de formation digne de ce nom, vous avez eu la clairvoyance d'idée de la création au Bénin du secteur Sciences et Techniques des Activités Sociales et Educatives pour former aussi bien des spécialistes en Développement Communautaires, des Andragogues que des Récréalogues. Cette formation qui répond bien aux exigences du monde contemporain suscite aujourd'hui l'admiration de toute la sous région qui s'emploie à partager le fruit de vos immenses efforts et réflexions surtout avec le processus de décentralisation en cours dans plusieurs pays en voie de développement. Au-delà, et mis à part vos riches enseignements académiques, surtout en matière d'élaboration de politiques de développement, la collaboration pour la réalisation de ce travail nous a permis de partager avec vous certaines de vos vertus et de vos plus grandes expériences que nous vous promettons de mettre judicieusement à profit. A tout ceci, s'ajoute la rigueur scientifique dont vous avez fait bénéficier à ce document à travers lequel transparaît toute votre personne. Soyez en béni infiniment.

    - Monsieur Cyriaque Sessou C. AHODEKON, Professeur Assistant en Sociolinguistique et Communication, Enseignant à l'INJEPS pour les nombreuses sollicitations dont vous avez fait l'objet toute la durée de ce travail. Vos conseils, vos remarques et vos recommandations ont véritablement contribué non seulement à obtenir une satisfaction de cette recherche, mais aussi à l'enrichissement de nos connaissances. Toute la fierté que fait ce travail est à votre honneur.

    - tout le personnel enseignant et administratif de l'INJEPS en particulier à Monsieur Adam KPENOUKOUDEROU, Chef Service de la Scolarité pour ses immenses conseils et soutien ;

    - Monsieur Léon Bani BIO BIGOU, Enseignant à l'UAC, Parrain de la 10e promotion de Développement Communautaire à laquelle nous appartenons. Monsieur le professeur, vous avez accepté volontiers de vous sacrifier pour nous. Tel un père de famille, vous vous êtes montré très incisif face aux contraintes qui ont jalonné notre cursus académique. Sans arrière-pensée, vous avez non seulement consacré une importante partie de votre temps à nous prodiguer de sages conseils, nous assister moralement, mais aussi, vous avez plusieurs fois mis la main à la poche toujours pour nous sans le faire savoir à personne. Comme vous avez l'habitude de le dire, votre récompense, la seule chose que vous attendez de nous en retour, c'est notre réussite pour les grands défis de développement qui attendent les populations à la base. Les mots nous manquent pour vous exprimer convenablement notre gratitude. Prenez simplement ce travail comme signe annonciateur de ce brillant succès que nous vous avons promis. Merci infiniment et que Dieu le Tout-puissant vous protège ;

    - Monsieur et Madame Christophe OLAYE, Fatouma AYEDOUN YACOUBOU, élus locaux de la première mandature à Savè, respectivement Maire de la commune et Chef d'Arrondissement de Boni qui ont facilité nos investigations en se prêtant à nos questions et en donnant leur accord pour la réalisation de ces enquêtes sur leur territoire ;

    - Monsieur Alphonse CHABI dit `'DAAGADAAGA'', animateur à la radio communautaire `'Idadu FM'' pour avoir contribué à la collecte des informations à Savè en facilitant le contact avec les sujets et pour les moyens financiers déployés ;

    - nos chers tantes et oncles Mesdames Madinatou KOUDORO, Hélène ATCHADE, Véronique TAYEWO, Dorcas, Madeleine et Zacharie AWE ALABI , Mathurin, Evariste et Félix YAMADJAKO, Issaou ASSOUMA, Fatouma et Toïdi MOUNIROU ALABI. Durant notre formation, votre soutien a été indéfectible tant sur le plan affectif, moral, matériel que financier et nous vous sommes bien reconnaissant. Merci et soyez en tous bénis infiniment !

    - nos frères et soeurs Faïssou, Alimatou, Rabiou, Razack, Waïdi, Mouinatou, Sylvie, Elvire, Mouibatou, Akim et Arafath. Votre soutien moral, affectif, financier et surtout votre pensée positive pour nous, ont conduit efficacement à l'accomplissement de cette oeuvre. Puisse l'éternel instaurer parmi nous une plus grande cohésion et nous unir davantage. Prenez ce travail comme un modèle et une source d'inspiration ;

    - nos chers cousins et frères Albert DIMON, Djamiyi IDOHOU, Dieudonné et Jean-Pierre SENI, Moukaïla MOUSSE, Razack, Firmin et Ismaël ADJE. Votre soutien, vos coups de main ont été vraiment utiles pour l'entreprise que constitue cette formation. Merci pour tout ;

    - nos camarades de promotion Daniel AHODEGNON, René MEWATIN, Rogatien DOSSOU, Astrid FLENON et Simon DINGNIGBEDE pour votre collaboration et votre cohabitation même aux moments les plus difficiles de notre séjour à l'INJEPS. Vous étiez toujours à nos côtés aux bons moments. Puisse Dieu nous unir davantage !

    - toute la 10e promotion de Développement Communautaire pour l'amour, la patience, la solidarité mutuelle qui ont caractérisé notre vie en commun pour tout le temps qu'a duré notre formation. Tous et très tôt, nous avons compris que le seul chemin de la liberté, le seul chemin de la réussite, c'est la lutte et le travail ; et notre credo, c'est l'excellence au service du développement à la base. Ce pari est de plus en plus gagné comme le témoigne notre brillant succès pour cette formation. Puisse le Tout-puissant nous protège pour que cette solidarité et cette détermination nous accompagnent dans la vie active. Merci à toutes et à tous. On ne lâche pas l'affaire !

    - nos chers amis et frères Honorat, Innocent et Yvonne BIBI, Etienne AKAKPO, Rachidi SANNI, Dominique CHABI, Colombe Arlette AMADJI, Chakirath YESSOUFOU, Thomas DOSSOUMOU, Harouna YOUSSOUF, Rodrigue OTCHOUN, Safiath ABDOU, Noèl WOROU, Aminou MAMA, Sylvie ADIMI, Nadège HOUNDAGNON, Edouard BIAOU et Nestor ATCHADE pour leur soutien, leurs conseils et surtout leur bonne compagnie. Nous vous devons une fière chandelle ;

    - Mesdames Affoussatou LANIKPEKOUN et Faoussath AMOUSSA HOUNKPATIN. Les moments aussi bien glorieux que critiques passés ensemble nous ont permis de découvrir votre sérieux et votre amabilité. Merci de votre attachement et que Dieu vous accompagne dans vos projets ;

    - Monsieur Sikirou AMADOU en service à la Direction de la Décentralisation de l'Education et de la Coopération du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire, et Monsieur Barnabé Adéniran CHABI enseignant à l'école primaire publique centre de Kilibo pour leurs divers conseils et leur encadrement ;

    - toute la famille N'KOUEI, en particulier à Bernice, Serge, Nadège, Marius et Emile.

    A toutes et à tous, merci et recevez par ici l'expression de nos sentiments de reconnaissance d'avoir contribué à notre formation.

    Sigles et acronymes

    AGT : Administration Générale et Territoriale

    ANCB: Association Nationale des Communes du Bénin

    BM : Banque Mondiale

    CA: Chef d'Arrondissement

    CIRD: Centre International de Recherche en Développement

    CREAT : Centre d'Etudes en Aménagement du Territoire

    ENAM, ex ENA : Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature

    FAO : Organisation des Nations-Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

    FENU: Fonds d'Equipement des Nations-Unies

    INJEPS: Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport

    INSAE: Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

    MCL: Maison des Collectivités Locales

    MCPD: Ministère Chargé de la Planification et du Développement

    MD: Mission de Décentralisation

    MDGLAAT: Ministère de la Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du Territoire.

    MISD : Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation

    NTIC: Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

    ONG: Organisation Non Gouvernementale

    ORTB: Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin

    PDC: Plan de Développement Communal

    PDM: Partenariat pour le Développement Municipal

    PNDCC: Programme National de Développement Conduit par les Communautés

    PRODECOM: Programme d'Appui au Démarrage des Communes

    RGPH: Recensement Général de la Population et de l'Habitat

    RNDH: Rapport National sur le Développement Humain

    RNIE: Route National Inter Etat

    STID: Sciences et Techniques de l'Information et de la Documentation

    UAC, ex UNB: Université d'Abomey- Calavi

    UNFPA: Organisation des Nations- Unies pour la Population

    RESUME

    Le développement local, pour être réel et durable, est une oeuvre collective impliquant ainsi les populations à la base. C'est pourquoi la gouvernance locale induite par la décentralisation et concrétisée au Bénin par les élections communales et municipales de décembre 2002 devrait renforcer l'approche participative afin de dynamiser les communautés locales. Mais cette première mandature, en dépit de quelques éclatantes réussites, a enregistré des insuffisances non moins négligeables en l'occurrence celles relatives à la participation communautaire. Car cette politique s'est déployée dans un contexte d'insuffisance de communication entre les différents acteurs concernés. Que peut le citoyen sans la motivation ? Peut-il y avoir participation citoyenne sans une action de communication de la part des gouvernants locaux ? Quels sont d'une part, les types de relations entretenues par ces responsables et leurs administrés et, d'autre part, les rapports communication et gouvernance locale ? C'est à ces importants questionnements que s'est intéressé cette étude diagnostique dans la commune de Savè. Des informations obtenues, il se révèle que l'absence de collaboration, d'implication et de concertation des élus locaux avec les populations n'a pas facilité la mise en oeuvre des actions de développement. L'insuffisance de communication et d'information de la part de ces responsables n'a pas favorisé la participation de la société civile à la gouvernance locale. Il faudra alors comprendre que la source de motivation citoyenne, au-delà des réalisations et de l'efficacité des gouvernants, réside dans un système de dialogue et d'échanges permanents. Le renforcement du privilège qu'offre la gouvernance locale par la communication, la mise en place des structures fonctionnelles de négociation et de décisions fondées sur les principes de la démocratie locale est une impérieuse nécessité. Il n'y a pas de développement local sans la communication. La communication est un facteur important du développement à la base.

    Mots clés : communication - gouvernance locale - participation - développement local.

    SUMMARY

    Local development, to be effective and sustainable, must be a collective effort involving populations at the lower level. So, local governance introduced in Benin by decentralization and the communal and municipal elections of December 2002, aims to foster the participative approach so as to make local communities dynamic. But this first term of management, in spite of some brilliant successes, has faced many important difficulties such as citizen participation to the local governance. As matter of fact, this policy has been implemented with a lack of communication between the different stakeholders. What could a citizen do without motivation? Can we talk about community participation without a good communication strategy planned by local authorities? Moreover, what are on the first hand, the relations populations have with their authorities and, on the second hand, the link between communication and local governance? It is on these questions this diagnostic study focuses in the town of Savè. After the survey, it is revealed that local development hasn't been made easy because of the lack of collaboration, involvement and concertation of local governants and populations. The insufficiency of communication and information didn't allow civil society to take part to the local governance. It is important to know that the source of citizen's motivation, apart of achievements and the governants proficiency stays in dialogue and timeless exchanges. It would be useful to take communication into account so to perfect governance by creating functional structures of negotiations and decisions based on the local democracy principles. There is no local development without communication. Communication is a great condition of grassroot development.

    Key words: communication - local governance - participation - local development.

    SOMMAIRE

    Dédicaces................................................................................................i

    Remerciements............................................................................... ...........ii

    Sigles et acronymes....................................................................................vii

    Résumé....................................................................................................ix

    Summary...................................................................................................x

    Sommaire.................................................................................................xi

    Introduction.............................................................................................1

    Chapitre I : Cadre théorique de la recherche

    1.1-Revue de littérature........................................................................3

    1.2- Clarification et généralités sur les concepts......................................11

    1.3- Problématique et hypothèse..........................................................23

    1.4- Modèle d'analyse........................................................................26

    Chapitre II : Aire géographique de la recherche

    2.1- Justification de l'aire géographique.................................................29

    2.2- Présentation de l'aire géographique de l'étude............................. .30

    Chapitre III : Démarche méthodologique

    3.1- Population d'enquête et d'échantillonnage........................................34

    3.2- Outils et techniques de collecte des données....................................36

    3.3- Déroulement des enquêtes...........................................................37

    3.4- Gestion des données et difficultés rencontrées.................................37

    Chapitre IV : Présentation et analyse des résultats

    4.1- Présentation des résultats..........................................................39

    4.2- Analyse des résultats.................................................................47

    4.3- Perspectives............................................................................58

    Conclusion et suggestions........................................................................64

    Bibliographie.............................................................................................67

    Annexes ..................................................................................................71

    Tables des matières...................................................................................89

    INTRODUCTION

    La politique consistant à déléguer des pouvoirs, des attributions aux autorités sous nationales (décentralisation) a été popularisée dans les pays en développement étant donné le souci nouveau de « bonne gouvernance ». Elle est censée améliorer les possibilités de participation en élargissant l'accès aux pouvoirs et aux ressources, à un niveau de gouvernement plus proche, plus familier, susceptible d'être facilement influencé par les intéressés. Mais s'il est vrai que la décentralisation du pouvoir et de l'autorité depuis l'échelon central jusqu'à l'administration locale importe beaucoup pour émanciper la population locale, cela ne garantit pas en soi l'émergence d'une gouvernance locale meilleure en général et une participation effective de la société civile aux activités de développement au niveau communal, en particulier. Car l'expérience acquise dans les pays en développement montre que rares sont les initiatives de décentralisation qui sont parvenues à obtenir l'accord réel des communautés villageoises à une planification plus efficace , partant de la base. Ce qui fait que la décentralisation a consisté à renforcer le pouvoir des élites locales et a aggravé les inégalités spatiales, état de choses qui a de graves conséquences pour l'action de la réduction de la pauvreté (PNUD ; 2002).

    En effet, la pauvreté pour le PNUD, n'est plus simplement considérée comme principalement la privation de ressources matérielles et de revenus. Elle signifie également l'impuissance, l'impossibilité de s'exprimer, la vulnérabilité, l'exposition au risque et à la peur, l'humiliation, l'exclusion sociale.

    Le Rapport mondial sur le Développement Humain remarque en 2003 que « la participation de la population devient le problème central de notre époque » et au Directeur Général de la FAO d'ajouter que « la communication est un élément incontournable de la participation»1(*).

    En effet dans de nombreux cas de projets de développement communautaire, les populations ont développé des comportements de résistance plus ou moins directs face à des interventions qui leur « tombaient dessus » sans que leurs préoccupations, leurs besoins, leur vision, leur participation et leurs points de vue aient été sollicités d'une part, sans que les motivations des acteurs leur aient été clarifiées au préalable d'autre part. On a pu ainsi établir avec (Balit ; 1988) que la communication est un facteur de développement.

    Malgré son rôle déterminant dans l'efficacité plus ou moins grande des entreprises humaines, en décalage avec le mouvement général, les collectivités locales ne donnent pas à la communication toute l'importance qu'elle mérite. Il est pourtant indéniable qu'une bonne partie des défaillances observées en matière de participation des populations aux activités communales résulte d'une information locale défectueuse et de méthodes de communication inadaptées. (PDM ; 1992).

    Au Bénin, les évaluations de la décentralisation révèlent, après sa mise en oeuvre, les mêmes problèmes. L'engagement à la base, selon le rapport d'évaluation des trois années, reste mitigé2(*) alors que la gestion du développement à la base ne saurait se faire avec des populations à faible conscience citoyenne. La faible capacité managériale des élus et des cadres communaux, la méconnaissance des textes de lois sur la décentralisation par les citoyens, l'incivisme fiscal sont aussi des insuffisances révélées par le forum sur les cinq années de gouvernance locale3(*). Ce qui fait penser à un manque d'information de la part des gouvernants locaux.

    La résolution de la question de l'information réciproque entre les élus locaux et les citoyens s'avère donc une nécessité impérieuse pour concrétiser les voeux de la décentralisation. Car, plus les élus locaux et les citoyens s'informeront, plus les uns et les autres seront motivés et participeront aux affaires de leur commune, et mieux les conditions de vie des populations s'amélioreront.

    Ainsi, le thème de recherche intitulé : « La problématique de la communication dans la gouvernance locale au Bénin : cas de la commune de Savè » nous permettra d'analyser et de contribuer à l'amélioration des rapports entre élus locaux et citoyens de la commune de Savè.

    Spécifiquement, il s'agira pour nous de :

    - faire l'état des lieux des relations entre les responsables locaux et les populations de la commune de Savè ;

    - évaluer la gouvernance locale à Savè en rapport avec la communication ;

    - définir des bases d'une politique de communication qui facilite la gouvernance au niveau local.

    Ainsi, le développement de ce sujet s'est articulé autour de quatre chapitres essentiels :

    Le premier chapitre dresse le cadre théorique de l'étude ; quant au chapitre deuxième, il est consacré à la présentation de l'aire géographique de la recherche. Le chapitre trois décrit la méthodologie du travail et enfin au chapitre quatre, il a été question de la présentation des résultats des investigations, de leur analyse et de suggestions.

    CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

    Ce chapitre comporte quatre parties. Afin de dégager la problématique et l'hypothèse de l'étude, il est fait un état des lieux des travaux existant sur la question de la gouvernance locale et la clarification de certains concepts. La dernière partie concerne le modèle d'analyse du problème que pose la recherche.

    1.1- La revue de littérature

    ? En préparation du rapport sur le développement dans le monde 2000-2001 et dans le cadre du projet `'la parole est aux pauvres'', Deepa Narayan et all ont effectué des travaux qui consistent à recenser et à analyser les besoins ou aspirations des `'pauvres''. Ce projet vise à faciliter la participation des populations aux décisions. Il s'agit pour les auteurs d'analyser la manière dont le pouvoir est géré au niveau local, les rapports entre les citoyens et les structures officielles de leur localité, les marchés et la société civile.

    Ainsi, à partir d'une enquête, Narayan et all ont recueilli les points de vue, les confidences et les aspirations de plus de 60.000 hommes et femmes démunis de 60 pays. Fondée sur des méthodes de recherches participatives et qualitatives, l'étude présente de manière directe, par la voix même des populations, la réalité de leur vécu.

    De cette étude, il ressort que la corruption, la fertilité et la brutalité ternissent souvent le prestige des institutions officielles de l'Etat. Les ONG elles- mêmes n'en sortent pas sans égratignures. Les populations voudraient qu'elles leur rendent compte de leurs actions. Beaucoup pensent que les responsables locaux sont en grande partie responsables du problème. Le pouvoir dont disposent les élites locales est souvent inversement proportionnel à la mesure dans laquelle elles sont comptables de leurs actes et de leurs décisions. Ainsi les populations ont une mauvaise perception de leurs responsables locaux. Ils sont considérés comme des entités qui détournent les ressources de l'Etat à leurs propres fins. Dans la mesure où les fonctionnaires locaux limitent l'accès des particuliers à l'information et aux ressources, les populations ont du mal à échapper à la pauvreté. L'une des grandes conclusions de cette enquête est que les programmes publics ont bien de meilleures chances d'être couronnés de succès si les leaders communautaires y participent.

    ? En 1998 et plus précisément du 26 au 30 janvier, la première édition des journées de la Commune Africaine dénommée `'Africité 98''a eu lieu à Abidjan (Côte d'Ivoire). Cette manifestation qui a réuni plus d'un millier de participants venant de quarante pays dont trente pays africains, a permis de discuter de la plupart des problèmes que rencontrent les municipalités africaines et de faire le point sur les situations rencontrées dans différents domaines essentiels de l'action municipale. Des débats informés par des avis d'experts et d'acteurs et nourris des leçons de l'expérience régionale et internationale, ont été menés, entre autres sur les sujets suivants et ce par ateliers :

    - les enjeux de la communication locale ;

    - les villes solidaires dans un monde solidaire : forum de la coopération décentralisée ;

    - l'entretien, une priorité ;

    - la ville africaine, un marché émergeant.

    L'atelier sur `'Les enjeux de la communication locale'' a fait une large place aux échanges entre acteurs locaux et professionnels des médias sur les enjeux de la communication locale et les expériences des municipalités dans le domaine de la communication. L'atelier a discuté de la communication locale au service des citoyens, du rôle de la communication civique dans la responsabilisation et la compréhension des solidarités, dans l'amélioration de la vie quotidienne et dans le fonctionnement des services publics. L'atelier a discuté aussi de la communication locale au service de l'image de la cité, de la place de la communication économique au service de toutes les composantes d'une ville et de son territoire. L'atelier s'est attaché ensuite à définir les grandes lignes des politiques de communication locale.

    Les débats ont été centrés sur les deux impératifs des collectivités locales en matière de communication : le développement de la citoyenneté et d'un sentiment d'appartenance à la cité, d'une part ; la promotion d'une image positive de la ville dans un environnement fortement compétitif, d'autre part. L'atelier a été l'occasion d'une discussion très animée entre les élus d'un côté, les journalistes et les professionnels des médias de l'autre, sur la distinction à établir entre communication et propagande, écoute et dialogue avec la population et actions de mobilisation des électeurs. Il a reconnu que la communication est un échange réciproque destiné à élucider les enjeux de la gestion municipale et à éclairer le choix de tous les acteurs concernés. Elle ne doit donc pas être à sens unique. Pour être un outil de développement, la communication doit véhiculer une information claire et transparente. Pour plus d'efficacité la priorité doit être accordée à la communication de proximité, en ayant recours à tous les moyens de communication, allant des canaux informels aux moyens les plus modernes.

    Au terme des débats, les participants à l'atelier `'Les enjeux de la communication locale'' ont préconisé que :

    - la communication ne soit pas à elle seule une politique autonome se substituant aux actes et suppléant en l'absence de politique ;

    - les moyens d'information de masse soient utilisés pour une communication de proximité, pédagogique et civique ;

    - que l'image promue de la cité soit en accord avec l'image vécue par la population ou perçue par les partenaires.

    ? En complément aux travaux de l'atelier « les enjeux de la communication locale  », lors des premières journées de la commune africaine, NUTSUGAN Kodjo Mawusi Augustin a étudié « la communication locale comme moteur de développement de la future commune de Comé' dans le cadre de son mémoire de fin de premier cycle en STID à l'ENA. En effet, nous sommes en 1998 donc quatre ans avant la reforme de l'administration territoriale qui a consacré la naissance des communes au Bénin. Il s'agit pour l'auteur de permettre aux populations de la commune de Comé d'être des citoyens capables d'amorcer le développement endogène de leur localité. Et ceci, selon lui, n'est possible que si entre élus et citoyens, il y a un flux permanent et constamment actualisé d'informations, d'échanges et de communications sur des sujets relatifs aux habitants de ladite localité et à leur mieux être. Il s'agit donc pour NUTSUGAN de doter la commune de Comé de structures viables et pérennes de communication qui devront intégrer les besoins des citoyens et les médias traditionnels populaires pour amorcer le développement consensuel, communautaire et durable de la localité.

    ? Dans son ouvrage `'La décentralisation entre risques et espoirs'' publié en 2006, Paul S. DEHOUMON a fait une analyse du processus de décentralisation déclenché au Bénin depuis janvier 2003.

    Parti de la définition de la décentralisation qui conçoit les collectivités locales comme des espaces d'un développement économique et social devant nécessairement passer par l'esprit d'initiatives, la responsabilité et la maximisation de l'utilisation des potentialités locales, l'auteur a débouché sur un des principes chers de la décentralisation qu'est la participation citoyenne. Pour lui, la participation du citoyen est le garant d'une démocratie et d'un développement politique et économique ; développement politique dans le sens de l'approfondissement de la démocratie à la base et développement économique dans le sens du renforcement de la capacité des communautés pour faire face aux problèmes de développement de manière responsable. Il n'y a donc pas de démocratie locale si le citoyen à la base ne peut jouir de sa liberté de pensée et de participation, car le processus de la décentralisation implique directement le citoyen dans la prise de décisions et dans les mécanismes de contrôle de ceux qui ont en charge la gestion des affaires de la cité. Et la non implication des citoyens de la commune entraînerait la fuite des responsabilités qui s'inscrivent en ligne droite dans la décentralisation.

    Parlant de la relation très froide entre populations et administration communale de la première mandature, DEHOUMON a mis en exergue les causes de cette insuffisance inhérente à la fois aux élus locaux et aux populations elles-mêmes. Il a fait remarquer que ni les responsables locaux, ni les populations n'ont été formés pour la décentralisation avant de suggérer cependant une permanente sensibilisation du citoyen apparaissant comme un monde à part, très exigeant qui réclame tant de droits, mais se souciant très peu de ses devoirs. Il faudra donc le sensibiliser, l'éduquer, le former pour qu'il ait la « conscience civique » nécessaire à l'oeuvre de reconstruction des communes. Tout ceci ne se peut, selon l'auteur, sans résorber le déficit de communication noté de la part des administrations locales. En effet, la communication, dans un système de démocratie locale, est une réorganisation des échanges au sein de la société dans le sens d'une reconnaissance de l'individu, considéré non plus comme un spectateur passif au développement, mais plutôt comme un acteur impliqué et responsabilisé. Car « lorsque le citoyen n'est pas impliqué dans la gestion municipale, il vivra deux choses : les réalisations et des rumeurs et toute initiative qui lui est étrangère provoque de sa part un rejet, ou, pour le moins, son indifférence ».C'est pourquoi il faut communiquer le pourquoi, le comment des choses avant et une décision importante, avoir des échanges privilégiés avec les groupes socio professionnels intéressés à l'exécution d'une mesure ceci par des moyens spécifiques à chaque commune.

    ? Michel OLOU, dans son mémoire de fin de quatrième année de Jeunesse Animation en 2001 intitulé  « Contribution à la mise en oeuvre de la décentralisation pour un développement humain durable au Bénin: cas de la commune de Savè », a évalué le niveau de sensibilisation des populations sur la décentralisation dans cette commune. Il a contribué à la détermination des tendances lourdes susceptibles de bloquer la mise en oeuvre de la décentralisation dans la commune de Savè.

    Les résultats de ses travaux ont permis de constater que les difficultés à la mise en oeuvre de la décentralisation sont de deux ordres. Il s'agit d'abord d'une `'fausse adhésion'' des populations locales. Ces populations manifestent en effet des aspirations qui ne sont pas toujours compatibles avec la volonté des dirigeants. Tout se passe comme si la décentralisation n'est que l'affaire des cadres, des intellectuels et des partis politiques. L'adhésion des populations est à la fois `'fausse et paradoxale''. Ainsi, 58,94% des populations ne comprennent pas ce que signifie la décentralisation. Le taux et les raisons d'adhésion varient suivant des catégories socio professionnelles. Ce taux est plus élevé chez les personnes lettrées que chez les personnes analphabètes. L'auteur souligne que cela témoigne de l'inadéquation des moyens de communication et des canaux de sensibilisation utilisés.

    La seconde insuffisance révélée par l'auteur est le refus d'acceptation des taxes qui n'est qu'une conséquence directe de la première. En effet, les populations refusent d'accepter les taxes en raison de leur mentalité, la mentalité d'être assistées héritée de la colonisation. Elles attendent tout, soit de l'extérieur, soit de l'Etat. Pour elles, c'est l'Etat qui doit tout faire. Ceci relève de l'insuffisance de sensibilisation ou du fait que cette sensibilisation est mal effectuée . Pour accepter de payer les taxes, les populations ont besoin de comprendre et de raisonner en termes de contributions au développement. Cela suppose un contrôle sur la destination desdites taxes.

    Au total, selon OLOU, les problèmes qui risquent de compromettre la mise en oeuvre de la décentralisation ont pour noms : analphabétisme, sensibilisation insuffisante, non adhésion des populations, refus de paiement des impôts. C'est pourquoi l'auteur suggère une sensibilisation catégorielle en langue nationale et tout ceci implique une alphabétisation en français et en langues nationales, l'instruction, l'éducation pour une prise de conscience civique.

    Les institutions internationales ne se sont pas aussi désintéressées des concepts de communication et de gouvernance locale. Tel est le cas de la FAO et du PNUD qui ont oeuvré pour l'appropriation de ces concepts dans le cadre de leurs activités pour le développement.

    ? Dans un document intitulé « la communication pour un développement à dimension humaine », la FAO (1994) se propose de développer le concept de communication pour le développement en l'illustrant par des exemples concrets, et surtout de montrer comment les méthodes et techniques de communication peuvent servir les objectifs du développement et quelles dispositions doivent être adoptées par les décideurs et les planificateurs pour que la communication joue pleinement son rôle. Ceci permettrait aux populations d'être suffisamment sûres d'elles-mêmes pour mener à terme de nouveaux projets, d'avoir accès aux nouveaux savoirs et connaissances que requièrent ces projets et de surmonter l'obstacle de l'analphabétisme. La FAO a montré que le rôle de la communication est décisif pour promouvoir un développement qui prenne en compte la dimension humaine dans le climat de changement social qui caractérise la période actuelle. Pour elle, l'évolution du monde vers plus de démocratie, de décentralisation et l'introduction de l'économie de marché créent des conditions favorables pour que les populations deviennent les principaux acteurs du changement. Pour y parvenir, il est essentiel de susciter leur participation et leur capacité d'initiative. Elle fait remarquer que la communication a un rôle central à jouer dans ce domaine, mais que son potentiel est encore souvent sous-utilisé malgré les dénominateurs communs importants qui existent entre populations et communication. Elle suggère donc la planification et la mise en oeuvre de véritables programmes de communication au service du développement. C'est pourquoi cette institution a initié nombre d'ateliers pour promouvoir, à travers la définition de politique et stratégies, la communication pour le développement ceci, dans différents pays africains. Tel est le cas, par exemple du Burkina Faso en 2000 et du Niger en 2002.

    ? Le Cinquième Forum sur la Gouvernance en Afrique organisé par le PNUD en 2002 a été essentiellement consacré à l'analyse de la gouvernance locale dans la perspective de la réduction de la pauvreté dans le continent. Ce forum a réuni des dirigeants africains, des donateurs, des représentants de la société civile africaine et du secteur privé pour examiner ce sujet considéré comme de grande importance pour l'avènement d'une bonne gouvernance. En effet, selon le PNUD, plusieurs programmes de réduction de la pauvreté sont mis en oeuvre dans les pays africains, mais leur effet semble limité en raison de la participation très limitée des collectivités locales aux divers processus qui devraient permettre d'améliorer leur sort. C'est pourquoi les auteurs définissent la gouvernance locale comme étant un processus graduel qui devrait élargir les possibilités de participation en conférant un pouvoir plus grand, les ressources plus abondantes au niveau d'administration le plus proche, le plus familier et le plus facilement influencé. Ils montrent que dans un climat où existe une tradition fragile de participation des citoyens, la gouvernance locale est une première étape importante si l'on veut créer des possibilités d'interaction entre les citoyens et l'Etat. Le forum a aussi remarqué que la décentralisation s'est le plus souvent arrêtée au niveau des autorités sous-nationales ou municipales et la notion même est rarement étendue jusqu'aux institutions locales, celles de la société civile qui sont pourtant les acteurs réels de la gouvernance locale. Selon les auteurs, la décentralisation améliore la gouvernance locale mais les résultats sont encore mitigés. Ils montrent en outre qu'un système décentralisé fonctionnel, de gouvernement local revêt une importance particulière pour un bon épanouissement d'une société civile rigoureuse et de même, qu'une société civile puissante est une condition préalable de tout système de gouvernement authentique, démocratique, dynamique et décentralisé. Ils concluent que les pays représentés devraient rechercher un cadre d'action pour édifier, dans un esprit de participation, sans exclusion, l'indispensable consensus au sujet des institutions durables à mettre en place. Ces institutions devront être responsables, transparentes et attentives aux besoins des citoyens.

    ? Le rapport national sur le développement humain (PNUD, 2001) montre que le système politique et administratif au Bénin se caractérise par une centralisation extrême. Les différentes expériences de transfert de pouvoir à la base qui ont été initiées ont échoué pour des raisons diverses. La Conférence Nationale des Forces Vives a tracé le cadre d'une réforme profonde de l'administration territoriale incluant la décentralisation et la déconcentration. La mise en oeuvre d'une telle réforme devrait favoriser le développement régional dans le pays. Par ailleurs, ce rapport stipule que « la décentralisation est une politique et un mode de gestion qui permet de faire participer les citoyens à la base à la gestion des affaires locales. Elle est la nécessaire résultante de la démocratie et de la bonne gouvernance. La décentralisation est une réponse institutionnelle à une demande de démocratie de proximité ». Dans ce cadre, elle a pour enjeux principaux la promotion de la démocratie à la base et le développement local. Pour qu'il puisse y avoir effectivement un développement local, le rapport recommande les mesures ci-après apparaissent indispensables :

    - la conception et l'élaboration de programmes de développement tenant compte des besoins et des préoccupations réels des populations concernées ;

    - la recherche en synergie avec les populations des meilleures solutions et les moyens appropriés pour promouvoir le développement local ;

    - l'appropriation par les citoyens à la base des moyens légaux de contrôle de l'action des décideurs politiques.

    ? Dans le mémoire du séminaire de Bamako N°43 sur les relations micro-macro décentralisation, organisations locales et ONG au Mali, la FONDATION POUR LE PROGRES DE L'HOMME (1993) précise que la crise que connaît la plupart des pays africains, sous ses aspects politique, économique ou socio-culturel, s'explique essentiellement par la rupture entre l'Etat et la société civile. Les raisons de cette situation sont à rechercher dans la centralisation et la concentration du pouvoir de décision ; l'absence de volonté et de structures efficaces de communication, de concertation et d'information entre le pouvoir et la société civile. Au regard de cette situation, la décentralisation du pouvoir et la redéfinition du rôle de l'Etat et de son appareil administratif demeurent de nos jours, plus que jamais, les facteurs déterminants pour la sortie de l'impasse. Il est essentiel de détruire le mythe de l'Etat-providence « qui peut tout régler » mais aussi celui du citoyen sujet assisté qui attend tout de l'Etat et à qui on ne demande que l'obéissance.

    ? TONOUKOUIN, S.C. (2000), dans son mémoire de fin de cycle ENAM, UAC. , intitulé : « le rôle de la société civile dans le processus de décentralisation au Bénin : cas des ONG et des Associations Locales de Développement », a étudié dans quelle mesure la société civile à travers les associations locales de développement peut contribuer à la réussite du processus de décentralisation.

    Parti d'abord de l'analyse de l'administration territoriale au Bénin, il aboutit à une première conclusion selon laquelle le mode de gestion administrative en cours au Bénin depuis les indépendances n'a pas toujours conduit à la réussite des politiques de développement. La raison principale de cet échec est la centralisation des pouvoirs de décisions administratives et financières. A cela s'ajoute la non participation des populations dans la conception des plans de développement. Il a ensuite mis en exergue le processus de décentralisation engagé au Bénin depuis la Conférence des Forces Vives de la Nation. Il pense que «  la décentralisation est le gage d'une authentique démocratie à la base et d'un développement endogène. En effet, elle permet la participation des populations à la gestion de leurs propres affaires et mieux, les responsabilise. C'est un processus en cours et sa réussite nécessite le concours des acteurs de la société civile notamment les confessions religieuses, les chefferies traditionnelles, les ONG et les Associations Locales de Développement ».

    Ces différents travaux ont eu le mérite d'avoir abordé la question de la participation communautaire aux actions du développement local et celle de la communication. Cependant, aucun d'eux n'a mis, de façon spécifique, un accent sur la communication comme étant un facteur de motivation et de participation pour prévenir ou gérer les conflits locaux. C'est cette étude que se propose ce présent travail de recherche.

    Mais avant, il faudrait avoir une vue claire sur certains concepts.

    1.2- CLARIFICATION ET  GENERALITES SUR LES CONCEPTS

    1.2.1-Gouvernance locale

    1.2.1.1- Définition et différents types

    En réalité, il n'existe pas une définition unique et standard du concept de gouvernance. Ce concept de gouvernance a été inventé par les institutions de Bretton Woods dans les années 80 et est aujourd'hui adopté par la quasi-totalité des milieux institutionnels nationaux et internationaux, gouvernementaux et non gouvernementaux. C'est une notion controversée. Le thème de gouvernance est en effet défini et entendu aujourd'hui de manière très diverse et parfois contradictoire. Cependant et malgré la multiplicité des applications du mot, il existe une dynamique commune dans l'usage de ce thème. Chez la plupart de ceux qui, au sein du secteur public comme au sein du secteur privé, emploient le thème de gouvernance, celui-ci désigne avant tout un mouvement de `'décentrement'' de la prise de décisions, avec une multiplication des lieux et des acteurs impliqués dans cette décision. Il renvoie à la mise en place de nouveaux modes de régulation plus souples, fondés sur le partenariat entre acteurs.

    Pour la Banque Mondiale (1999), la gouvernance recouvre les normes, traditions et institutions à travers lesquelles un pays exerce son autorité sur le bien commun. La gouvernance recouvre aussi bien la capacité du gouvernement à gérer efficacement ses ressources, à mettre en oeuvre des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de l'Etat pour les institutions, ainsi que l'existence d'un contrôle démocratique sur les agents chargés de l'autorité.

    La gouvernance telle que définie dans un manuel publié par Africare (cité par CIRD 2004), est l'exercice des pouvoirs économique, politique et administratif dans le but de gérer les affaires publiques du pays à tous les niveaux. En d'autres termes, elle est la manière dont la société s'organise pour prendre des décisions engageant toute la collectivité, résoudre les problèmes communs, mobiliser, allouer et gérer les ressources communes, trancher les différends qui surgissent.

    Selon le CIRD , la gouvernance est un ensemble de valeurs, d'orientations et d'institutions qui permettent à une société de gérer ses processus économiques, politiques et sociaux à tous les niveaux grâce à l'interaction entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé. C'est un moyen qui permet à la société d'aboutir à une entente, à un accord et à une action mutuels. La gouvernance regroupe les mécanismes et processus qui font que les citoyens et les groupes comprennent leurs intérêts, oublient leurs différences et peuvent exercer leurs droits et obligations légaux.

    De manière constante, trois éléments sont à retrouver dans la définition du mot gouvernance:

    - la gouvernance est définie comme l'exercice du pouvoir ou de l'autorité dans un pays ;

    - l'exercice du pouvoir ou de l'autorité sous entend l'ensemble des règles, procédures, institutions et mécanismes mis en place pour règlementer la manière dont ce pouvoir ou cette autorité est exercée ;

    - et enfin la possibilité offerte ou non par l'ensemble de ces règles, procédures, institutions et mécanismes aux citoyens d'exprimer leurs intérêts, d'exercer leurs droits et de participer au processus de prise de décisions et à l'exercice du pouvoir.

    On distingue, selon Wikipédia (2007), deux grands types de gouvernance : la gouvernance d'entreprise pour le secteur privé et la gouvernance politique pour la pensée politique et administrative. En gouvernance politique on parle de gouvernance mondiale ou globale, de gouvernance locale ou gouvernance régionale en fonction des échelles de gouvernance abordées.

    La gouvernance concerne en particulier les sociétés par actions où les actionnaires ne doivent pas être simplement des pompes à apporter de l'agent, les institutions publiques telles que l'Etat, les collectivités locales, pour le respect des citoyens. Elle concerne également les organismes sociaux pour le respect des cotisants et bénéficiaires et les associations pour le respect des membres.

    Dans le cadre de l'administration territoriale, la gouvernance appelle la `'décentralisation qui est le processus par lequel l'Etat transfère certains de ses pouvoirs et de ses prérogatives à des collectivités territoriales autonomes''.

    La gouvernance locale apparaît donc comme  « un sous produit de la gouvernance politique et de la gouvernance administrative. Elle indique la manière dont la politique est menée et dont le pouvoir est exercé au niveau local. Elle prend en compte plusieurs aspects de la vie politique et administrative tels que les institutions à la base et leur fonctionnement, les autorités locales, leurs modes d'acquisition du pouvoir (nomination ou élection), les relations entre les autorités locales et les différents acteurs locaux et nationaux » (RNDH Bénin 2000). Selon le PNUD (2007), elle est généralement comprise comme la démocratisation des processus de décisions pour la gestion d'un territoire. Elle implique l'exercice de leurs responsabilités par l'Etat et les collectivités territoriales quand elles existent, et la participation des populations, des ONG et des organisations de base au processus de prise de décisions. Elle doit contribuer de façon significative à la décentralisation démocratique, à la réduction de la pauvreté et à la gestion durable des ressources naturelles locales.

    Au total, la gouvernance locale doit être perçue, selon le PNUD (2007), comme « un processus permettant aux élus locaux de bien gérer les affaires publiques suivant les dispositions juridiques en vigueur et avec une certaine transparence et visibilité. De plus cette gouvernance suppose que les élus responsables de la commune doivent tout mettre en oeuvre pour la promotion de l'économie locale et un épanouissement de la vie communale ».

    Au niveau local tout comme au niveau national, on distingue plusieurs types de gouvernance.

    Pour le CIRD, il existe quatre niveaux de gouvernance à l'échelle locale : politique, administratif, économique budgétaire et financier.

    La gouvernance politique locale explique le processus de prise de décisions dans l'exercice d'une gestion démocratique locale ; quant à la gouvernance administrative locale, elle explique la communication locale, la gestion des services publics locaux, la gestion de l'état civil, la gestion des ressources humaines et la tutelle administrative alors que la gouvernance économique locale apporte un éclairage sur quelques démarches en matière de mobilisation des ressources internes et externes au niveau local, en matière de gestion du patrimoine foncier communal. Enfin la gouvernance budgétaire et financière locale explique les procédures de présentation du budget de la commune, l'exécution et le contrôle du budget communal.

    Dans le langage courant, on parle de bonne gouvernance, de mal ou mauvaise gouvernance selon que l'institution concernée est gérée suivant les règles de l'art ou non. Certains indicateurs permettent d'évaluer cette gouvernance locale.

    1.2.1.2- Indicateurs de bonne gouvernance locale

    La bonne gouvernance locale est l'ensemble des bonnes pratiques de gestion des affaires publiques locales s'inscrivant dans le strict respect des règles et procédures en vigueur et dans l'intérêt supérieur des usagers des services publics locaux. La concrétisation d'une telle gouvernance démocratique au niveau local implique l'adoption et la mise en oeuvre de règles, procédures, institutions et mécanismes permettant aux citoyens d'exprimer leurs intérêts, d'exercer leurs droits et de participer au développement de leur localité (CIRD, 2004). Pour la Banque Mondiale, la notion de bonne gouvernance est « caractérisée par un processus de formulation de politiques organisé, ouvert et éclairé ; une administration imprégnée d'éthique professionnelle agissant pour le bien public ; la règle du droit, des processus transparents et une Société Civile participant aux affaires publiques ». Bien qu'il y ait plusieurs définitions, certaines dimensions essentielles de la bonne gouvernance sont l'objet d'un consensus généralisé :

    *la participation d'individus, organisés ou non (ou d'acteurs locaux disposant des moyens d'actions) dans le processus décisionnel local concernant le secteur public (cela inclut le partenariat avec tous les acteurs locaux) ;

    *la transparence ou partage de l'information, impliquant un comportement ouvert des procédures de décisions prises ;

    *l'efficacité des autorités locales dans la réalisation des objectifs de développement en faveur des pauvres ou la gestion des ressources publiques ;

    *l'équité ou le traitement égal et impartial de cas similaires de la part des autorités locales ;

    *l'obligation redditionnelle des élus et des fonctionnaires : elle est « verticale » lorsque les élus font entendre les intérêts et les priorités de leurs électeurs et tiennent informés ces derniers des affaires concernant les collectivités territoriales ; elle est «horizontale » lorsque les fonctionnaires locaux s'efforcent d'appliquer les priorités et les plans préparés par les élus locaux, qu'ils maintiendront informés ( les fonctionnaires pouvant être sanctionnés par les élus, s'ils n'exercent pas correctement leurs responsabilités) ;

    *la sensibilité à la dimension `genre' dans la gouvernance a pour objectif d'accroître la participation des femmes en politique. Cela signifie également renforcer la prise de conscience de la dimension `genre' et les capacités des décideurs politiques et des fonctionnaires, hommes et femmes ; fournir des services répondant aux besoins spécifiques et aux intérêts des femmes et des hommes des communautés qui nécessitent plus particulièrement un développement économique, une planification du développement et une affectation des ressources intégrant la dimension `' genre'' et susciter une prise de conscience de l'importance des droits des femmes.

    Une « mauvaise gouvernance », selon la Banque Mondiale (2001), est quant à elle, caractérisée par des décisions arbitraires, des administrations qui ne répondent de rien, un système judiciaire inexistant ou injuste, l'abus du pouvoir exécutif, une Société Civile désengagée de la vie publique et une corruption généralisée. Elle est de façon générale caractérisée, d'après le CIRD (2004), par :

    - les attitudes des fonctionnaires municipaux souvent caractérisées par l'arbitraire ;

    -le manque de transparence dans la gestion de l'information relative à la collectivité locale ;

    -l' absence d'un système de promotion des ressources humaines basées sur le mérite ;

    -la non participation des usagers au contrôle de la qualité des services municipaux ;

    - les procédures administratives bureaucratiques ;

    - la non participation des fonctionnaires aux décisions qui concernent la collectivité locale ;

    - le manque ou l'insuffisance de procédures de reddition de comptes. (CIRD, 2004).

    La bonne gouvernance est la condition sine qua non à un développement économique durable, caractérisé par l'équité et la justice sociale. Atteindre les objectifs de la bonne gouvernance requiert la participation active et l'engagement de toutes les sphères de la société, un plus grand partage de l'information, la responsabilisation des personnes, la transparence, l'égalité, l'intégrité et l'état de droit.

    1.2.2- La participation

    On entend par participation, la capacité d'une personne à prendre part à une décision, à son exécution et à la jouissance de ses résultats. La participation fait donc partie des mécanismes de partage du pouvoir, compris comme la capacité de divers intérêts à atteindre ce qu'ils veulent. Pour DOSSOU (2000), elle est l'intervention du citoyen dans la prise des décisions communales et aussi son apport au processus de développement de sa commune. Or le pouvoir dépend essentiellement du contrôle de l'information et des moyens, ainsi que la confiance en soi et le savoir-faire individuel.

    Cela signifie que pour promouvoir la participation, il faut surtout ouvrir l'accès et le contrôle de l'information et des ressources, notamment financières, tout en renforçant, là où cela parait nécessaire, les capacités et la confiance en soi.

    La participation peut connaître divers degrés :

    * La transparence

    Les instances qui détiennent le pouvoir se limitent à informer et rendre compte des décisions prises, de leur processus et de leurs résultats. C'est le degré le plus faible de la participation. Les populations ne peuvent guère influencer les décisions, contribuer à l'exécution et ou profiter des résultats.

    *La consultation

    L'instance de pouvoir demande l'avis des personnes concernées et tient compte de leur réaction. La participation reste faible surtout pour ce qui est de l'exécution et des résultats.

    *La concertation

    Diverses instances de pouvoir échangent leurs avis (sur un pied d'égalité et prennent ensemble des décisions). La participation est plus importante, mais ne dépasse guère le domaine de la prise de décision.

    *L'implication

    Instauration d'une dynamique participative généralisée, au quotidien, pilotée par la collectivité locale, plus qu'une offre de participation ponctuelle proposée par une institution autour d'une problématique précise.

    *La collaboration

    En plus de la concertation au niveau de la décision, les instances se partagent également le travail. Une conception collective du projet s'établit dès le départ entre divers acteurs du territoire. Les pouvoirs publics acceptent d'entrer dans une dynamique commune de réflexion et de choix d'orientations partagées avec d'autres acteurs. Il ne s'agit plus de participer à la conception de projets ou à la décision à leur propos, mais bien de participer à leur mise en oeuvre concrète. C'est un niveau de participation plus élevé.

    *Le soutien

    L'intervention ne se fait plus que sous la forme d'un appui (contributions, conseils, aides, etc.) à une initiative qui appartient à d'autres. La participation des personnes concernées est maximale.

    1.2.3- Développement local

    Selon le guide pour la planification du développement local élaboré par le MISD en 2003, le développement local se rapporte à un espace géographique plus élargi que l'approche communautaire de développement. C'est un processus concerté et planifié d'enrichissement économique, social et culturel d'une localité donnée. Cet enrichissement est directement lié à la création de richesse dans ladite localité, à la gestion de cette richesse et à sa répartition entre tous les acteurs de cette localité. Il s'agira aussi bien de richesse financière et économique que de richesse sociale et culturelle. Cette vision du développement local signifie d'une part que les besoins fondamentaux des habitants de la localité soient satisfaits, d'autre part que ce bien-être puisse s'améliorer et préparer un environnement de plus en plus propice à l'épanouissement des habitants et de leur descendance. Le développement local  « est une démarche solidaire basée sur la complémentarité et les synergies entre les zones géographiques d'un même Etat. Il s'inscrit dans un cadre de développement global. C'est un processus dynamique qui mobilise les acteurs d'une localité autour d'un projet commun de valorisation des ressources du territoire en vue de la satisfaction des besoins des populations concernées ».

    Le développement local est donc une forme alternative de développement qui consiste à rechercher localement et avec le concours des populations, l'amélioration significative de leur situation. Cette démarche passe par un sentiment d'appartenance au territoire et l'émergence d'une dynamique collective démontrant la capacité d'un groupe à identifier ses ressources et à prendre en main son destin. C'est le résultat des initiatives d'une communauté qui cherche ainsi à développer de nouvelles pratiques pour améliorer son quotidien et ses perspectives d'avenir. (RNDH, Bénin 2000).

    1.2.4 Communication

    Communiquer, c'est faire savoir quelque chose à quelqu'un, faire passer quelque chose à quelqu'un, pour qu'il en prenne connaissance. C'est aussi faire partager à quelqu'un, un sentiment, un état, un savoir, une qualité. La communication est donc l'action d'établir une relation avec quelqu'un ; échange verbal, gestuel ou écrit entre deux personnes.

    La communication, selon Van den Ban et all (1994) est la possibilité pour un indi-

    vidu ou un groupe d'émettre ou de recevoir des informations d'un autre individu ou d'un groupe. C'est la relation inter humaine par laquelle des interlocuteurs peuvent se comprendre et se faire comprendre, ou s'influencer l'un l'autre.

    La communication est un processus dynamique au cours duquel un émetteur et un récepteur échangent et partagent des informations, des idées, des opinions, des sentiments ou des réactions. Elle peut se faire au niveau de l'une des sphères suivantes :

    · personne à personne (deux personnes en interaction) ou groupe (une ou plusieurs personnes s'adressent à un groupe) :c'est la communication interpersonnelle ;

    · organisation (dans un cadre institutionnel) : l'émetteur peut représenter l'institution du fait de sa fonction : c'est la communication institutionnelle ;

    · masse (les récepteurs constituent un ensemble disparate et dispersé) :C'est la communication de masse.

    Le processus de communication implique :

    - des participants (émetteur/ récepteur), chacun avec ses motivations et ses capacités ;

    - des messages : séquences de signes assemblés selon des règles connues et véhiculant une signification ;

    - des canaux : voies par lesquelles passe un message depuis sa production par l'émetteur jusqu'à sa réception. On peut utiliser dans un canal donné un média (Moyen ou support utilisé pour véhiculer le message en lui donnant une forme) ;

    - un effet ou impact : résultat de l'acte de communication ;

    - le feed-back : rétroaction du récepteur vers l'émetteur en réaction au message ;

    - un contexte : environnement physique, psychologique, politique et socio culturel dans lequel se déroule la situation de communication ;

    Le terme communication est couramment utilisé pour désigner les activités de presse ou de relation publique d'une société ou d'un établissement.

    Dans le domaine du développement, on parle de communication pour le développement de la communication participative, de communication locale résumée selon la FAO (2002) comme « l'utilisation du processus de communication, des techniques et des médias pour aider les gens à prendre conscience de leur situation et des options à leur disposition pour toute action de changement, à résoudre le conflit social et à travailler vers un consensus, à aider des gens à planifier l'action de changement et du développement durable, à aider les populations à saisir les connaissances et les qualifications en vue d'améliorer leurs conditions et celles de leur communauté et améliorer l'efficacité des établissements publics. Elle consiste en « l'utilisation de façon planifiée et organisée des techniques et des moyens de communication (médiatiques ou non médiatiques) pour promouvoir le développement, à travers un changement d'attitudes et ou de comportements, en diffusant l'information nécessaire et en suscitant la participation active et consciente de tous les acteurs y compris des bénéficiaires au processus ».

    Le concept de communication locale pose la question de la mise en scène des actions de l'équipe communale ou municipale. La communication locale n'est pas l'ensemble des techniques et des procédés dont disposent les acteurs politiques, le plus souvent les gouvernants pour séduire, gérer, abuser ou duper l'opinion. Elle est pour le CIRD (2004)    « l'ensemble des décisions et des actions des élus locaux qui vivent et ou circulent dans un espace de proximité ». (CIRD ; 2004).

    La communication locale a ses caractéristiques propres et met en présence des acteurs précis.

    1.2.4.1- Caractéristiques et niveaux de la communication locale

    1.2.4.1.1- Caractéristiques de la communication locale

    Particulière par sa spécificité, puisque la citoyenneté et l'intérêt général occupent une place centrale, la communication des collectivités locales est fortement attachée à des territoires et à des institutions. Toute politique de communication dans les collectivités territoriales intègre trois paramètres qui en déterminent les cibles et en commandent les types de message :

    - d'abord un territoire : région, département, communauté, communes sont d'abord des aires géographiques ;

    - une institution représentative : conseil régional, conseil général, municipalité ;

    - une administration enfin composée de services conséquents.

    La communication locale est caractérisée donc par sa dimension spatio-temporelle (NUTSUGAN; 1998). Son champ d'action est un territoire communal clairement défini dans le temps et dans l'espace .Aussi ne peut- elle prétende élargir sa zone d'influence, eu égard à la détermination précise et concise du public touché. C'est une communication de proximité.

    La seconde caractéristique a trait a son style. Il s'agit :

    -d'une communication concrète : étant une communication de service, elle ne peut occulter les réalités locales. Il lui faut répondre aux interrogations et préoccupations des citoyens relatives à tous les secteurs de la vie communale ;

    - d'une communication quotidienne : l'action municipale se juge de façon journalière. Les citoyens n'y sont pas indifférents dans la mesure où elle se traduit par des modifications visibles du cadre de vie. La communication locale respecte donc le rythme d'action de la municipalité. Elle livre quotidiennement la santé morale, matérielle, financière, physique et culturelle de la municipalité ;

    - d'une information de proximité : ne pouvant se contenter d'expliquer l'action des élus, la communication locale doit aussi prendre en compte les aspirations des citoyens. Il lui faut donc parvenir à créer l'équilibre du dialogue entre les différents acteurs de la municipalité, c'est-à-dire la population et les élus. Et cela suppose la mise en place des moyens d'expression des citoyens et surtout de techniques fiables de dialogue. La communication locale devient alors, selon Claude NEUSCHWANDER4(*) , « l'art de diffuser une information dans des conditions telles que ceux auxquels elle s'adresse puissent y réagir ».

    La communication locale se caractérise aussi par la spécificité de ses « cibles ». Nous pouvons distinguer, de façon générale, deux niveaux de communication.

    1.2.4.1.2- Les différents niveaux de communication

    1.2.4.1.2.1- La communication interne

    La communication interne est celle qui concerne l'institution elle-même, ses agents et ses services (personnels) ainsi que les élus. La logique de la communication interne est de motiver les agents, par l'information, l'écoute, le travail en commun, l'esprit d'équipe ... Elle est devenue une discipline managériale entière qui implique la nécessaire mise en place d'une stratégie avec des objectifs, des cibles, des moyens et un contrôle. Elle a besoin d'être pensée et organisée.

    1.2.4.1.2.2- La communication externe

    En dehors de sa sphère de compétence interne, le maire doit développer une politique de communication avec l'ensemble de ses partenaires tant au niveau national qu'international.

    La communication externe est la plus complexe, l'habitant étant tout à la fois usager, électeur, contribuable, « être social », acteur local, citoyen. La communication externe s'occupe également de la « promotion » ou « marketing territorial » qui intéresse investisseurs et touristes. Elle concerne l'attractivité et l'image du territoire et vend la collectivité à l'extérieur.

    Il est important de rappeler ici que, même si elle rend compte de l'activité d'une administration, et que les communes sont des relais d'informations de l'Etat, la communication locale n'est ni une communication gouvernementale, ni un système de propagande électorale dans la mesure où le contrôle du réel est en permanence exercé par les citoyens.

    1.2.4.2- Types de communication et outils ou canaux

    Plusieurs types de communication sont développés en appui à l'approche participative. Parmi ceux-ci on peut citer la communication de masse, la communication de proximité la communication traditionnelle ou communautaire et la communication institutionnelle.

    1.2.4.2.1- La communication de masse

    La communication de masse s'adresse à un public vaste et indifférencié. Destinée à informer, sensibiliser ou développer la communication interactive, elle fait appel aux moyens de communication de masse à l'échelle nationale, régionale et locale : radio, télévision, presse écrite, etc.

    Ce type de communication est surtout utilisé pour répondre à des objectifs d'information générale destinée au grand public pour véhiculer des idées, techniques ou services nouveaux. Elle permet entre autres de valoriser les expériences réussies en matière de développement local. La communication de masse n'entre à proprement parler dans le cycle de l'approche participative en tant que telle, mais elle peut y contribuer indirectement en encourageant par exemple la mobilisation des populations sur des thèmes majeurs de la gestion des communes. Elle facilite l'échange des informations et le partage des expériences entre villages et régions et offre une possibilité d'expression et de débat à l'ensemble des protagonistes concernés. On peut dire que les moyens de communication de masse accompagnent le cycle de l'approche participative. Ils permettent un effet d'accélération et de tâche d'huile grâce à leur capacité de diffusion rapide d'information et de mobilisation effective de la population sur les principaux enjeux de la décentralisation.

    1.2.4.2.2- Communication de proximité

    La communication de proximité encore appelée communication de groupe ou communication interpersonnelle répond bien aux besoins des diverses phases et étapes du cycle de l'approche participative en ce sens qu'elle est utilisée à l'échelle des villages ou au niveau du terroir.

    Elle a pour objet d'accompagner et de renforcer chacune des étapes et des phases de la démarche, à travers un certain nombre d'outils d'information, d'analyse, de dialogue, de formation, de gestion ou de suivi.

    Ces outils et méthodes sont généralement utilisés par des agents ayant une fonction d'appui, d'animation ou d'encadrement des communautés villageoises : agents vulgarisateurs, enseignants, animateurs d'ONG ou de projets, responsables de groupements ou d'associations. Il s'agit essentiellement de supports audio-scripto-visuels : diapo langage, boites à images, album de photo villageois, vidéo, carte de village...Chacun de ces outils a une fonction précise dans la mise en oeuvre des différentes étapes de l'approche participative, selon qu'il s'agit de promouvoir un dialogue, de faciliter une analyse, de permettre l'acquisition d'un savoir ou d'une technique, d'évaluer les actions entreprises. Leur choix et leur efficacité dépendent de l'environnement économique, technique et socioculturel dans lequel ils sont employés, ainsi que des aptitudes et des qualités d'animation des encadreurs et des animateurs qui les utilisent. L'exploitation de ces outils sera d'autant plus efficace qu'ils auront été produits localement, en interaction avec les communautés villageoises, les associations et ONG et que les techniciens, vulgarisateurs et animateurs auront été formés à leur utilisation sur le terrain.

    1.2.4.2.3- Communication traditionnelle ou communautaire

    Le plus souvent, les communautés villageoises disposent de systèmes d'outils et de réseaux traditionnels de communication. Ceux-ci sont issus de la tradition villageoise, conçus et gérés directement par les communautés pour répondre à leur besoin d'information, d'éducation, de divertissement, de débat, de gestion des conflits locaux.

    Les règles de la communication traditionnelle ou communautaire varient beaucoup selon le contexte historique et culturel dans lequel se situent ces communautés. Les manifestations les plus courantes de cette forme de communication sont : les assemblées villageoises, le théâtre, les chansons, les proverbes, les devinettes, les récits, les contes, les visites inter villageoises, les crieurs publics. Généralement, ce type de communication est très vivant en milieu rural et joue un rôle important dans les dynamiques villageoises.

    Dans une démarche participative, les communautés villageoises doivent pouvoir mobiliser leurs propres outils de communication, tout en conservant leur contrôle sur la conception et la diffusion des messages véhiculés. Elles se présentent dès lors comme des partenaires à part entière dans les processus de négociation.

    1.2.4.2.4-La communication institutionnelle

    La communication institutionnelle joue un rôle essentiel pour assurer une action cohérente et harmoniser les différentes approches en matière de développement local. Elle favorise la régulation des flux d'informations entre les différents acteurs en présence et une meilleure coordination des approches et programmes d'activités.

    La communication institutionnelle s'appuie principalement sur :

    · des supports imprimés, avec production de rapports, notes d'information, brochures, plaquettes d'information, bulletins de liaison ;

    · des supports audiovisuels, notamment la vidéo institutionnelle qui permet de montrer concrètement les activités d'un projet ou de servir d'argumentation visuelle pour accompagner une requête d'assistance auprès de partenaires au développement ;

    · les Technologies de l'Information et de la Communication telles que l'Internet et intranet

    · l'organisation de réunions : réunions d'information, ateliers d'échanges, journées de réflexion, séminaires de formation.

    Le point sur les travaux existants sur la gouvernance locale et la compréhension uniforme des concepts définis nous permettent de dégager la problématique et de formuler l'hypothèse du travail.

    1.3-Problématique et hypothèse

    1.3.1- Problématique

    Depuis le temps colonial, le Bénin connaît une tendance fortement marquée par la centralisation des pouvoirs de décisions administratives et financières entre les mains des autorités de l'Etat central. La période d'exercice de la souveraineté nationale et plus particulièrement celle des années 60, malgré le souhait des gouvernants de rompre avec la centralisation excessive de l'ancienne administration coloniale n'ont pas connu l'application effective des lois de la décentralisation de cette époque.

    Dans le guide du vulgarisateur de la Mission de Décentralisation (2002), on peut comprendre que cette centralisation à outrance constitue d'une part un frein au développement de la démocratie durable et de proximité, et d'autre part un handicap majeur à la responsabilisation des collectivités locales et la libération des énergies internes dans l'organisation de la conduite de développement de l'économie communale. D'où la nécessité d'opter pour le rapprochement de l'Administration des administrés. Il a fallut attendre une recommandation de la Conférence des Forces Vives de la Nation, tenue du 19 au 28 février 1990, pour que la nécessité et l'urgence de la création des collectivités territoriales réellement décentralisées soient inscrites dans la conscience des Béninois. On assiste ainsi à la réforme de l'administration territoriale qu'il faut voir sous deux principaux angles : la décentralisation et la déconcentration.

    La décentralisation est fondée sur deux éléments à savoir l'auto administration des collectivités locales et l'abandon au profit de ces dernières de certaines prérogatives par le pouvoir central. Dans le contexte béninois, la décentralisation implique la transformation des anciennes sous - préfectures en communes autonomes, c'est- à- dire dotées de personnalité juridique, de l'autonomie financière et gérées par des organes élus que sont les maires et les conseillers.

    La déconcentration, quant à elle, consiste en un découpage des anciens départements en deux et non dotés de personnalité juridique ni de l'autonomie financière. Les pouvoirs de coordination des services déconcentrés de l'Etat sont renforcés et le préfet devient dans le département, le responsable ou l'interlocuteur de chaque membre du Gouvernement.

    Mais quatre ans après sa mise en vigueur, on s'avise, à travers le rapport sur les quatre années de décentralisation que celle-ci n'a pas totalement comblé les espoirs placés en elle quant à ses enjeux que sont la participation des citoyens à la gestion des affaires de leur commune, l'indépendance des citoyens vis-à-vis de l'Etat, bref l'enracinement de la démocratie à la base et le développement local.

    Selon DEHOUMON (2006), les élus locaux en général, et le maire en particulier n'ont pas reçu une formation en gestion municipale avant de se faire élire. Il n'y a pas une école municipale par laquelle passent les responsables locaux avant leur élection. D'où le problème de compétence parfois noté des dirigeants et des difficultés relationnelles entre les élus locaux et la société civile.

    La dimension locale et la dimension nationale font l'objet d'une de confusion dans l'esprit des populations, le rôle et les compétences des communes mal appréhendées et l'idée selon laquelle l'Etat doit tout faire persiste, malgré la décentralisation. Ainsi, la rage populaire, les révoltes des citoyens contre les élus locaux, la non participation des citoyens aux affaires de leur commune, les querelles internes, le vote de déviance aux maires ou la dissolution du conseil communal ou municipal sont de façon générale autant de problèmes auxquels les communes font face. A cela s'ajoute la politisation de la vie locale liée à l'existence d'une opposition post-électorale. Du coté des élus c'est le manque de transparence dans la gestion, le manque de structure de relais entre les conseils et les populations. Et le citoyen ne connait pas ses devoirs. Il pense qu'il n'a pas de devoir à accomplir dans la commune.

    Ceci freine inévitablement le décollage socio-économique des communes et fait dire que « la décentralisation est en panne » parce que « les élus locaux, malgré les plans de développement adoptés, maîtrisent mal la gestion de leurs localités et naviguent à vue » ADJAHO (2005) et fait penser à Paul DEHOUMON que la décentralisation se trouve «entre risques et espoirs ».

    Au regard de ces problèmes, et en ce qui concerne les populations locales, on pourrait penser à une résistance au changement dans la mesure où cette dernière résulte soit d'une insuffisance d'information, soit de la difficulté à s'adapter aux nouvelles conditions.

    Cette problématique nous amène à formuler des questions suivantes :

    - Peut- il y avoir véritablement décentralisation sans la communication ?

    - Quelles sont, au Bénin, les dispositions législatives qui contraignent l'action des gouvernements locaux en matière de participation communautaire ?

    - Comment la communication locale peut-elle être facteur de motivation des populations à la base afin de susciter leur adhésion aux idéaux de la commune ?

    - Comment peut-on améliorer la gouvernance locale à partir de la communication et de l'information ?

    Pour mener à bien cette recherche et répondre à ces interrogations, il est utile de partir d'une hypothèse.

    1.3.2-Hypothèse

    Si la communication est facteur ou une condition essentielle du développement local, les obstacles au décollage socio-économique de Savè, pour la première expérience de la gestion des communes au Bénin sont liés à un déficit de communication.

    1.4- Modèle théorique des dynamiques de l'action organisée de Friedberg et de la motivation de Maslow

    La gouvernance locale est un sous-produit de la gouvernance politique et de la gouvernance administrative : elle indique la manière dont la politique est menée et dont le pouvoir est exercé à l'échelon local. La finalité de cette réforme réside essentiellement dans l'amélioration des conditions de vie des populations à la base, le développement local. Elle nécessite de ce fait la participation active de toutes les couches de la population à la vie publique de leur commune respective et implique, par voie de conséquence, que les gouvernants locaux observent un certain nombre de dispositions légales et réglementaires en la matière. Ces dispositions légales seront abordées par Erhard Friedberg (1993) en termes de « règle » et l'autorité exercée par l'élu local en termes de « pouvoir » pour répondre à la question de la participation des citoyens au processus du développement à la base.

    En effet, selon Friedberg (1993) dans son ouvrage  Le pouvoir et la règle, dynamiques de l'action organisées, le pouvoir et la règle sont inséparables. La règle sans pouvoir devient très vite une forme vide. Le pouvoir sans règle n'existe pas, car l'exercice du pouvoir est générateur de règles. Pouvoir et règle constituent ainsi « les deux faces du phénomène « organisation » qui est omniprésent dans l'action collective, qu'elle prenne la forme d'un mouvement diffus et spontané ou d'une multinationale formalisée et rationalisée à l'extrême. En stabilisant l'univers toujours complexe, instable et potentiellement conflictuel de l'interaction sociale, il donne durée et épaisseur aux entreprises collectives des hommes ».

    Pour comprendre les dynamiques de l'action organisées, Friedberg privilégie la notion de contexte d'action «  à l'intérieur duquel se déploient, s'entrechoquent et s'articulent les unes aux autres une multiciplité de rationalités et d'intérêts (...) non spontanément convergents ». Il analyse l' « organisation » dans sa généralité et dans sa dynamique même comme structuration et restructuration des contextes dans lesquels se déploie l'action collective des hommes. Les interactions se cristallisent en ordres locaux contingents, provisoires et aux limites incertaines. Ces ordres locaux sont relativement autonomes par rapport aux grandes régulations politiques et culturelles d'une société et mettent en question l'homogénéité et l'unité supposée du champ social dont ils soulignent au contraire le fractionnement irréductible.

    Friedberg fonde donc essentiellement sa théorie sur l'ordre local défini comme « construit politique autonome qui régule les conflits et ajuste les intérêts et buts individuels et collectifs ».

    De même, si la communication intéresse et s'intéresse à l'individu, cela suscite en lui un sentiment d'appartenance. Elle lui permet d'être compris et de faire parti d'un groupe. La communication dans ce sens, génère la motivation et de ce fait, fait référence à la théorie de motivation développée par MASLOW.

    Abraham MASLOW aborde la question de participation par une théorie de motivation. La motivation, c'est « une instance d'intégration et de régulation d'une multitude de paramètres relatifs aux opportunités d'un environnement et aux sollicitations d'une situation » (Wikipédia ; 2007). C'est le mobile d'attachement ou d'action d'un individu ou d'un groupe d'individus par rapport à une situation donnée. Elle explique le pourquoi des comportements individuels ou collectifs des personnes vivant au sein d'une société. MASLOW, psychologue américain, a pu grâce à ses études établir une sorte de règles de priorités des désirs et des comportements. Pour lui, toute personne cherche à satisfaire successivement cinq sortes de besoins et cette recherche influence son comportement au quotidien tant dans la vie professionnelle que privée. La représentation de ces besoins est communément appelée « pyramide des besoins de Maslow ». Ces besoins sont :

    - besoins psychologiques primaires ou de maintien de la vie : faim, soif, survie, sexualité, repos, douleur ;

    - besoins de sécurité ou de protection : priorité et maîtrise sur les choses, emploi, se sentir en sécurité, faire confiance ;

    - besoins sociaux ou d'appartenance : être aimé, écouté, compris, faire partir d'un groupe, avoir un statut ;

    - besoins de reconnaissance ou d'estime de soi : sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur, conserver son autonomie, son identité ;

    - besoin d'accomplissement ou de réalisation de soi : développer ses connaissance, ses valeurs, créer et résoudre des problèmes complexes.

    Ici, nous considérerons les besoins susceptibles d'être satisfaits par la communication. Il s'agit des besoins sociaux ou d'appartenance et des besoins de reconnaissance ou d'estime de soi.

    En effet, la participation citoyenne ne saurait être possible sans une motivation préalable. Or, le citoyen de façon générale, se nourrit d'orgueil en ce sens qu'il a besoin d'être écouté, d'être utile et d'avoir de la valeur dans son milieu social. C'est bien souvent de ces considérations que naissent les conflits sociaux. D'où il est important de communiquer avec le citoyen pour lui montrer qu'il est important et qu'il a un rôle à jouer dans la commune. Il apparaît, de ce fait que la communication est un véritable facteur de motivation, donc de participation citoyenne et de développement local.

    Tous ces postulats posent la question de comprendre comment les élus locaux motivent ou favorisent la participation citoyenne à l'action communale à travers la l'information et la communication en vue d'un développement local effectif. Il s'agit de mettre en évidence le rôle des dirigeants et les dispositions contraignant leurs actions pour l'implication des populations bénéficiaires dans la gouvernance locale.

    Avant d'aborder la démarche méthodologique qui a servi de base à cette recherche, il s'avère important de présenter le cadre général de l'étude.

    CHAPITRE II : AIRE GEOGRAPHIQUE DE LA RECHERCHE

    La commune de Savè est le cadre général de notre étude. Pour mieux connaître cette commune, nous essayerons de la présenter à travers, d'abord, ses aspects physiques et démographiques, puis par une description de son organisation administrative et de son économie. Mais avant tout ceci, viennent les raisons du choix de Savè.

    2.1- Justification du choix de l'aire

    Le choix de la commune de Savè comme cadre de notre étude est motivé par plusieurs raisons.

    D'abord en 2002, une recherche menée par Michel OLOU pour étudier la capacité de la commune à mettre en oeuvre la décentralisation a révélé que la  `'fausse adhésion'' des populations locales, le refus d'acceptation des taxes étaient des tendances lourdes qui pourraient bloquer la commune à induire le développement local. Il fallait donc après quelques années de gouvernance locale réévaluer la chance de réussite de la commune.

    De même, peu après l'élection et l'installation du conseil communal en janvier 2003, de sérieuses crises ont marqué les relations `'élus locaux et populations'' à Savè. On note de multiples cas de soulèvements de la société civile contre l'administration locale. Des critiques et menaces, des plaintes des citoyens se font régulièrement enregistrer.

    Par ailleurs, les relations entre le maire et les populations restent encore tendues quant à ce qui concerne le paiement des impôts et taxes. Enfin, les mésententes entre l'autorité locale et les chefs traditionnels de Savè qui devraient entretenir des rapports de partenariat sont spectaculaires.

    Cette situation de crise qui ne favorise guère la participation citoyenne aux actions locales fait penser que l'information ne circule pas entre ces différents acteurs de la gouvernance locale. Mais peut-on parler en réalité de la gouvernance locale sans la communication ? A cette importante question, nous ne saurions rester insensible étant donné le souci du développement de la localité.

    Mais, qu'elle est la situation géographique de la localité ?

    2.2- Présentation de l'aire géographique de l'étude

    2.2.1- Aspect physique et démographique

    La commune de Savè est située dans le département des Collines. Savè, le chef lieu de la commune, est situé à environ 255 km de Cotonou. Il est traversé par la RNIE 2 et la RNIE 5 (Savè-Oké-Owo).

    Le territoire de la commune de Savè appartient à la pénéplaine cristalline ondulée et de faible altitude variant entre 200 et 300 mètres. Il est marqué par la présence de nombreux affleurements rocheux qui se présentent sous forme de dômes d'où le nom de « mamelles » que portent ses collines.

    Le climat qui y règne est celui subéquatorial caractérisé par deux saisons pluvieuses (une grande pluie et une petite) et deux saisons sèches (une grande et une petite). Mais depuis peu, ce climat a laissé place à un climat tropical de type soudanien marqué par une saison pluvieuse et une saison sèche. Les hauteurs moyennes des pluies sont de 1 100 mm par an.

    La végétation est faite de savane parsemée d'arbres et d'arbustes. Il y subsiste encore des îlots de forêts dont la forêt classée de l'Ouémé-Boukou vaste de 20 500 ha et des forêts galeries le long du fleuve Ouémé5(*).

    Le réseau hydraulique, long d'environ 147 km, est constitué par de nombreuses rivières qui collectent les eaux vers le fleuve Ouémé et son principal affluent, l'Okpara. A cela s'ajoutent de nombreux ruisseaux qui parcourent la commune.

    Les sols qu'on y rencontre sont des sols ferrugineux tropicaux qui, du fait de l'exploitation humaine font place par endroit aux sols latéritiques infertiles. On observe aussi dans les bas-fonds et les vallées des cours d'eau des sols hydro morphes. Dans l'ensemble, ces différents types de sols sont fertiles.

    La population de la commune de Savè, selon le RGPH3 de février 2002, est estimée à 67 753 habitants soit 12,64% de la population du département des Collines. Les femmes font 33 795 habitants soit 49,87% de l'effectif total de la population communale6(*).

    D'après le RGPH 3 de 2002, on dénombre 11 688 ménages dont la taille moyenne est de 6 membres. Ces chiffres cachent bien la réalité de certains ménages composés d'un effectif trop élevé et contribuant à l'enracinement de l'extrême pauvreté des populations de cette commune. On compte 9472 ménages dirigés par les hommes. La densité de la population est de 30 habitants en moyenne par km².

    Plusieurs groupes socioculturels ou ethniques cohabitent dans la commune dont les Shabè sont majoritaires. Aux côtés de ces autochtones vivent les Fons, les Idaasha, les Bètamaribé, les Peulhs, les Adja, etc. ils pratiquent diverses religions dont les plus répandues sont par ordre : le catholicisme, l'islam, le protestantisme, l'animisme et de nombreuses confessions religieuses d'inspiration chrétienne et d'origine anglo-saxonne.

    Mais malgré la coexistence pacifique entre les différentes ethnies sur le territoire, on note quelques antagonismes au sein de la société autour des questions domaniales. Il y a parfois des incompréhensions entre collectivités autochtones autour de certains domaines en litige. En outre, il y a des affrontements réguliers entre les peulhs transhumants armés et les agriculteurs suite à la destruction des greniers et de champs par les troupeaux en quête de pâturage.

    Le tableau ci-dessous donne une idée de la population de Savè.

    Tableau I : Répartition de la population de la commune de Savè par arrondissement

    Arrondissements

    Populations

    Arrondissements

    Populations

    Bessé

    5384 habitants

    Sakin

    7457 habitants

    Kaboua

    11 500 habitants

    Adido

    8183 habitants

    Ofè

    9926 habitants

    Boni

    7609 habitants

    Okpara

    7046 habitants

    Plateau

    10 648 habitants

    Source : Données INSAE, 2004

    2.2.2- Organisation administrative

    La commune de Savè est une commune ordinaire constituée de huit (8) arrondissements dont trois (3) urbains et cinq (5) ruraux. Ces arrondissements sont subdivisés en 24 villages et 14 quartiers de ville soit un total de 38 villages. La commune est administrée par un conseil communal de 13 membres élus pour un mandat de cinq (5) ans. A la tête de ce conseil, se trouve un maire assisté de deux (2) adjoints.

    2.2.3- La vie économique

    Les populations de la commune de Savè mènent des activités variées ; elles exercent bien souvent une activité principale associée à des activités secondaires. L'agriculture fait beaucoup plus partie de leur mode de vie, elle n'est pas encore perçue comme une activité économique. Il s'agit d'une agriculture de subsistance avec des techniques et outils archaïques et rudimentaires. Les paysans pratiquent les mêmes cultures avec les mêmes techniques culturales archaïques. La houe est l'outil le plus répandu. Le nomadisme agricole favorise la crise foncière et l'émigration des bras valides. Beaucoup d'autres difficultés techniques sont à noter en rapport avec cette activité qui sollicite physiquement les pratiquants avec une rémunération pas assez pour couvrir l'ensemble de leurs besoins notamment sanitaires. L'économie de la commune de Savè souffre donc d'une forte émigration des jeunes aussi bien sur le plan agricole qu'intellectuel.

    Les agriculteurs vont vers d'autres régions à la recherche de terres plus fertiles et surtout vers le Nigéria pour vendre leur force de travail. Les artisans, les commerçants et les intellectuels se déplacent vers Bohicon, Cotonou, Parakou... pour participer au développement de leur société d'accueil. Ce qui plonge davantage la commune dans la pauvreté.

    A cela, s'ajoutent les échanges commerciaux grâce à la proximité du Nigéria. C'est un commerce informel basé sur l'exploitation des produits agricoles, pétroliers et de véhicules d'occasion surtout.

    Le secteur secondaire est caractérisé par une industrie locale peu valorisante et un artisanat peu diversifié. L'artisanat occupe une place importante aussi dans les activités des habitants de la commune. La culture industrielle est peu développée. Les matières agricoles sont peu transformées sur place. L'industrie locale se résume à quelques ateliers de production d'articles semi-finis dont la qualité ne permet pas une valorisation satisfaisante du travail. L'artisanat quant à lui comprend plusieurs ateliers traditionnels en perte de vitesse. On y distingue l'artisanat de production et l'artisanat de services.

    L'artisanat de production comprend la poterie, la vannerie, la sculpture... qui sont des activités devant valoriser les matières premières locales. Malheureusement, elles se pratiquent de moins en moins.

    L'artisanat de services regroupe les activités telles que la coiffure, la couture, le tricotage, la soudure, la menuiserie....On remarque que l'artisanat est statique et monotone. La non diversification de ce secteur ne lui permet pas d'être objet d'attrait. La conséquence directe de ce fait est que la contribution à la croissance de l'économie locale, à la consommation locale qui, elle-même n'est guère reluisante, est très faible.

    En 2001, on dénombrait à Savè six (6) entreprises régulièrement immatriculées.

    A côté de tous ces acteurs économiques, on peut citer les unités industrielles en cessation d'activité. Seule l'ex-Société Sucrerie de Savè a rouvert ses portes.

    Cette recherche ne saurait être bien menée sans la définition d'une méthode d'investigation.

    CHAPITRE III : DEMARCHE METHODOLOGIQUE

    Il s'agit pour nous de faire ici état de l'ensemble des procédés et techniques qui sont mis en oeuvre pour recueillir les données ainsi que les conditions de travail qui ont permis de faire notre étude.

    3- 1- Population d'enquête et d'échantillonnage

    3-1-1- Type d'étude- population d'enquête et groupes cibles

    3-1-1-1- Type d'étude

    Notre étude est de type qualitatif et quantitatif. Elle permettra d'avoir une description de la manière dont le pouvoir est géré dans la commune de Savè, du niveau d'information de la population et de leur participation au développement local. Elle contribuera également à apprécier la situation pour la proposition de solutions durables.

    3-1-1-2- Population d'enquête

    Compte tenu de la diversité des informations à recueillir, nous avons considéré comme population d'étude, l'ensemble des acteurs impliqués dans la gouvernance de la commune de Savè.

    3-1-1-3- Groupes cibles

    Nous avons identifié deux groupes cibles dans cette population d'enquête à savoir :

    - Les administrés : les habitants, les chefs de quartiers, les têtes couronnées, les chefs religieux de la commune de Savè ;

    - Les membres du conseil communal.

    C'est à partir de ces groupes cibles que nous avons réalisé l'échantillonnage.

    3-1-2- Echantillonnage

    3-1-2-1- Méthode d'échantillonnage

    3-1-2-1-1- Le choix raisonné

    Le choix raisonné est utilisé pour l'identification des responsables communaux à contacter dont le maire et un chef d'arrondissement. Nous avons retenu le maire de la commune pour plusieurs raisons. Le maire est le premier responsable du conseil communal, responsable de la politique de la commune. Il dirige l'organe exécutif et reste le principal acteur dans la communication locale. Le Chef d'Arrondissement est quant à lui un relais d'information au niveau de sa localité.

    3-1-2-1-2 Choix au hasard

    La méthode probabiliste est employée pour le choix de quatre (04) arrondissements sur les huit (08) que compte la commune en ce qui concerne les habitants à contacter, le choix des chefs de quartiers, dans l'impossibilité de prendre toutes ces personnes en compte pour l'enquête.

    3-1-2-2- Technique d'échantillonnage

    En fonction de notre population d'étude, nous avons procédé à :

    · à l'échantillonnage aléatoire simple des habitants des arrondissements. Nous avons opté pour cette opération parce qu'il fallait aller de maisons en maisons pour interroger les sujets ;

    · au recensement des chefs religieux et des têtes couronnées. Ils sont les plus indiqués pour nous fournir des informations fiables.

    3-1-2-3- Taille de l'échantillon

    Le nombre de chacun de ces acteurs diffère. Les populations sont les plus nombreuses que les chefs de quartiers, les têtes couronnées, les chefs religieux et les responsables locaux à contacter. C'est pourquoi la taille de l'échantillon varie d'un groupe cible à un autre comme l'indique le tableau suivant :

    Tableau II : Présentation de la taille de l'échantillon

    Population d'étude

    Nombre total de sujets par catégorie

    Populations et chefs de quartier ou de village

    60

    Chefs religieux, têtes couronnées.

    04

    Elus locaux

    02

    Total

    66

    Au total, 66 personnes sont enquêtées dont 22 femmes, soit le tiers du nombre total. Ceci pour tenir compte de la dimension genre inhérente à la bonne gouvernance. En effet par arrondissement ciblé, 15 personnes dont le chef quartier ou de village et 6 femmes, ont été interrogées.

    Dans le rang des chefs religieux, nous avons considéré l'Imam de la mosquée central et le Curé de la ville.

    La commune compte deux têtes couronnées. Les deux ont été prises en compte.

    Enfin, au niveau du conseil communal, nous avons identifié le maire et la seule femme du groupe qui se trouve être le Chef d'un Arrondissement.

    Pour la fiabilité des informations recherchées, des techniques et outils ont été aussi clairement identifiés.

    3-2- Outils et techniques de collecte des données

    3-2-1- Outils de collecte de données

    Pour recueillir les diverses informations, nous nous sommes servi de :

    - Un (01) questionnaire ;

    - Un (01) guide d'entretien

    Les modèles de ces coutils se trouvent en annexe.

    3.2.2- Techniques de collecte de données

    3-2-2-1- Les techniques

    Au total, trois techniques ont été utilisées pour collecter les informations auprès de l'échantillon. Il s'agit de l'enquête par questionnaire, l'entretien et l'exploitation documentaire. L'enquête par questionnaire a concerné les populations, les chefs de quartiers ou de villages, les têtes couronnées et les chefs religieux. Cette technique nous a permis de recueillir auprès de ces personnes, des informations précises parce qu'elles sont des acteurs de la gouvernance locale et constituent en même temps des bénéficiaires des actions de développement local. Quant à l'entretien, il a été accordé aux autorités locales en vue de leur offrir une plus grande liberté d'expression.

    3-2-2-2- La collecte des données

    Pour administrer les questionnaires, nous nous sommes rendus librement dans les localités ciblées pour rencontrer les personnes concernées. Nous sommes passés de ménage en ménage pour effectuer les enquêtes. Nous avons assisté les enquêtés instruits à transcrire fidèlement leurs opinions. Ce qui nous a permis de limiter les mauvais remplissages, les pertes de questionnaires et de rendre les informations plus aisément exploitables.

    Pour ce qui concerne les entretiens, nous les avons obtenus sur rendez-vous. Ils ont été entièrement enregistrés puis fidèlement transcrits (Voir annexe).

    Signalons que pour cette collecte d'informations, nous avons été assisté par un animateur communautaire de Savè qui nous a servi de guide pour prendre contact avec les sujets.

    3-3- Déroulement de l'enquête

    C'est dans la période du 12 au 18 mai 2008 que se sont déroulées les enquêtes dans le cadre notre recherche dans la commune de Savè. Elles ont duré au total 07 jours. Elles nous ont permis d'administrer les questions aux populations, aux chefs de quartiers, aux têtes couronnées, aux autorités religieuses et aux membres du conseil communal.

    3.4- Gestion des données et difficultés rencontrées

    3-4-1- Gestion des données

    Les informations recueillies ont été traitées manuellement. Les questionnaires ont été facilement exploités pour avoir été numérotés au départ.

    Les réponses aux questions fermées ont été évaluées en considérant l'effectif total de l'échantillon et l'information recherchée. Quant aux questions ouvertes, nous avons fait de chaque proportion une analyse de contenu et procédé à des rapprochements, des différenciations et des sériations.

    3-4-2- Difficultés rencontrées

    Nombreuses sont les difficultés auxquelles nous avons été confrontés lors de la réalisation de nos travaux d'investigation sur le terrain. Les plus importantes sont relatives à la prise de contact avec les autorités locales qui se trouvaient très occupées ; la période coïncidait avec la fin de leur mandat. Ces autorités en effet, étaient préoccupées par les activités du bilan de leur gestion et la préparation de la passation de service aux nouveaux élus.

    Les difficultés sont aussi d'ordre financier en raison de notre zone d'enquête un peu éloignée parce qu'il fallait se déplacer d'abord vers la commune et ensuite d'arrondissement en arrondissement et de ménage en ménage pour la collecte des informations auprès des populations.

    Par ailleurs, il a fallu expliquer à maintes reprises le but de ces enquêtes aux populations qui paraissaient réticentes et méfiantes car les informations recherchées revêtaient pour elles, un aspect politique donnant ainsi l'impression que les enquêtes sont réalisées au profit de telle ou telle autre formation politique.

    Cependant, parce qu'étant conscient de ces éventuelles difficultés en matière de recherches en sciences sociales, les problèmes que nous avons rencontrés n'ont nullement émoussé notre ardeur au travail et les informations ont été bien recueillies surtout avec la compréhension de la pertinence de notre sujet de recherche par la plupart de nos enquêtés.

    Le chapitre suivant présente les résultats de la recherche ainsi que leur analyse.

    CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

    Dans ce chapitre, les données recueillies ont été réparties en tableau puis représentés en graphes suivant le type d'informations recherchées avant leur analyse.

    4.1- Présentation des résultats

    4.1.1- La conscience citoyenne des populations

    Tableau III : Répartition des populations suivant la reconnaissance de leur rôle dans la commune

    Réponses des enquêtés

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    42

    66 %

    Non

    22

    34 %

    Total

    64

    100 %

    Figure 1:La reconnaissance par les populations de leur rôle

    Le tableau III et la figure 1 montrent que 66 % des populations sont conscientes de leur rôle dans la gouvernance locale pendant que seuls 34 % ignorent ce rôle. Ce qui traduit l'idée d'une forte conscience citoyenne dans la commune.

    4.1.2- Le niveau d'implication des citoyens

    Tableau IV: Répartition des citoyens suivant leur implication dans la gouvernance locale

    Implication dans la gestion de la commune

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    03

    4,68%

    Non

    61

    95,31%

    Total

    64

    100%

    Figure 2: Niveau d'implication des citoyens dans la gouvernance locale

    A travers cette présentation, on constate que seuls 4,68% de la population sont impliqués dans la gestion des affaires de la commune. Plus de 95% ne sont pas considérés. Ce niveau d'implication est très faible.

    Tableau V : Répartition des citoyens selon leur participation aux réunions et décisions relatives à leur commune.

    Participation aux réunions et aux décisions

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    9

    14,06%

    Non

    55

    85,93%

    Total

    64

    100%

    Figure 3: participation des citoyens aux réunions et décisions de la commune

    Le tableau V et la figure ci-dessus révèlent que 85,93% des habitants de Savè ne participent pas aux réunions et aux décisions concernant la vie de leur commune. De toutes les personnes enquêtées, seules 14,06 % participent à ces instances.

    Tableau VI: Répartition des citoyens en fonction de leur implication dans l'élaboration et l'adoption du PDC

    Implication dans l'élaboration et l'adoption du PDC

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    07

    10 ,93%

    Non

    57

    89 ,06%

    Total

    64

    100%

    Figure 4: Implication des citoyens dans l'élaboration et l'adoption du PDC

    Il ressort de ces représentations que l'élaboration et l'adoption du PDC n'ont connu que la participation de 10,93% des citoyens. 89,06% des populations déclarent n'avoir pas été impliquées.

    4.1.3- L'information des populations

    Tableau VII : Répartition des enquêtés selon leur niveau d'information sur le budget et le compte administratif de la commune.

    Information sur le budget et le compte administratif

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    03

    4,68%

    Non

    61

    95,31%

    Total

    64

    100%

    Figure 5: Information des citoyens sur le budget et le compte administratif de la commune

    Ce tableau VII et la figure 5 nous montrent que 95,31% des enquêtés n'ont aucune idée du budget et du compte administratif de la commune de Savè. Sur 64 personnes, 3 seulement sont informés dudit budget et du compte administratif, soit 4,68 %.

    Tableau VIII : Répartition des populations suivant leur participation aux séances d'information sur la commune.

    Participation aux séances d'information

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    08

    12,5%

    Non

    56

    87,5%

    Total

    64

    100%

    Figure 6: Participation des citoyens aux séance d'information

    On constate à partir de ce tableau et de la figure 6 que 87,5% des citoyens ne bénéficient pas des séances d'information de la part de l'administration communale contre 12,5%.

    Tableau IX : Répartition des populations suivant leur niveau d'information du compte rendu des délibérations du conseil communal.

    Réponses des enquêtés

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    08

    12,5%

    Non

    56

    87,5%

    Total

    64

    100%

    Figure 7: Niveau d'information des populations du compte rendu des délibérations communales

    Ici, de toute la population, seuls 12,5% ont le compte rendu des délibérations du conseil communal contre 87, 5%.

    4.1.4- La consultation des affiches de la mairie par les citoyens

    Tableau X : Répartition de la population en fonction de la consultation des affiches à la mairie.

    Consultation des affiches

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    16

    25%

    Non

    48

    75%

    Total

    64

    100%

    Figure 8: La consultation des affiches à la mairie par les populations

    Il se révèle, à travers ce tableau et cette figure que 75% des habitants de Savè ne consultent pas des affiches à la mairie. Seuls 25% lisent les informations affichées.

    4.1.5- Existence et à adaptation des moyens locaux de communication

    Tableau XI : Répartition des citoyens en fonction des canaux locaux désirés

    Canaux

    Nombre de personnes

    Pourcentage

    Radio communautaire

    28

    43,75%

    Journaux

    02

    3,12%

    Crieur public

    11

    17 ,18%

    Réunions

    23

    35 ,93%

    Total

    64

    100%

    Figure 9: Répartition des citoyens suivant les canaux d'information désirés

    Ces résultats nous renseignent que 43,75% des citoyens écoutent la radio locale, 3,12% s'intéressent aux journaux alors que 17,18% préfèrent s'informer par le crieur public et 35,93% par les réunions.

    4.1.6- Niveau de satisfaction des populations de la gestion de la commune

    Tableau XII: Répartition des citoyens en fonction de leur niveau de satisfaction de la gouvernance locale.

    Réponses des enquêtés

    Nombre

    Pourcentage

    Oui

    15

    23,43%

    Non

    49

    76,56%

    Total

    64

    100%

    Figure 10: Niveau de satisfaction des populations de la gouvernance locale

    De cette présentation, il ressort que 76,56% de la population ne sont pas satisfaites de la gestion faite de leur commune par les responsables locaux. Seuls 23,43% sont d'accord avec cette gestion.

    Les résultats consignés dans ces différents tableaux et graphes nous permettront de faire une analyse basée sur les principes de la démocratie locale.

    4.2- Analyse des résultats

    Avant d'analyser les résultats obtenus dans le cadre de cette étude, nous explorerons, en un premier temps,le cadre législatif et réglementaire de la participation citoyenne à la gouvernance locale au Bénin et, en un deuxième temps, nous montrerons la place qu'occupe la communication dans la gestion communale.

    4.2.1- Cadre législatif et réglementaire de la participation du citoyen à l'action communale au Bénin

    La loi fait obligation au maire de faire participer le citoyen aux affaires de la commune. La commune est, en effet, le cadre institutionnel pour l'exercice de la démocratie à la base. Elle est l'expression de la décentralisation ainsi que le lieu privilégié de la participation du citoyen à la gestion des affaires locales7(*) .

    La participation du citoyen à la vie communale se mesure par l'information du public, l'accès aux documents administratifs et l'implication dans les affaires locales, (CIRD, 2006).

    4.2.1.1-L'information du public

    La loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, en son article 30 rend obligatoire l'ouverture des séances du conseil communal au public et si possible la retransmission en direct des débats par le biais des radios locales. L'information du public est destinée à faciliter et à améliorer les relations des citoyens avec la commune. Le maire peut aussi initier des rencontres périodiques avec les populations (ou tout au moins certaines corporations ou groupes professionnels) pour des séances d'information et de sensibilisation dans les maisons du peuple ou lieux publics. L'édition périodique d'un bulletin communal et la propagande de proximité sont également indispensables pour susciter la participation du citoyen.

    La création d'un service de l'information et de la communication au sein de la commune est un excellent moyen pour véhiculer les messages de la mairie vers les populations (Mission de Décentralisation, 2006).

    Par ailleurs, la commune dispose de nombreuses possibilités de mettre le citoyen au coeur des affaires locales. Il s'agit d'une volonté politique car il ne suffit pas de faire, il faut le faire savoir. Il importe à l'équipe communale de passer de l'information (qui porte à l'attention de...) à la communication (qui expose, explique, tente de convaincre, de motiver, et de susciter l'adhésion) et de la communication à la participation.

    4.2.1.2- L'accès aux documents administratifs

    Toute personne a le droit de consulter à la mairie de la commune, les procès verbaux et les comptes rendus des délibérations du conseil communal ou municipal, les divers actes communaux (arrêtés, décisions, contrats, etc..) et d'en prendre copie à ses frais8(*). Seules échappent à cette règle, les délibérations ayant fait l'objet d'un huis clos. Cette mesure va au- delà du simple affichage des comptes rendus qui sont le plus souvent des extraits ou des résumés de délibérations prises qui n'informent que d'une manière parcellaire. Les documents sont disponibles dans l'intégralité de leur rédaction.

    Une fois votés par le conseil communal et approuvés par l'autorité de tutelle, les budgets de la commune restent déposés à la mairie où ils sont tenus à la disposition du public.

    La consultation des budgets de la commune permet au citoyen de prendre connaissance des prévisions de recettes et de dépenses qui lui permettent d'apprécier la politique communale en termes budgétaires.

    Le compte administratif approuvé par l'autorité de tutelle reste déposé à la mairie où il est également tenu à la disposition du public. La lecture du compte administratif lui permet de s'informer des réalisations.

    Le compte de gestion approuvé et ses annexes établis par le comptable sont soumis au contrôle juridictionnel de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême dans les conditions fixées par les textes en vigueur. Ledit compte et l'arrêt rendu par la Chambre des Comptes font l'objet d'une large diffusion9(*).

    4.2.13- L'implication du citoyen dans les affaires locales

    Dans le but d'encourager l'implication du citoyen, la commune doit écouter les citoyens (cas des commissions communales facultatives qui sont des lieux d'accueil et d'écoute des représentants de la société civile, en tant que personne ressources).

    Il est adressé un procès verbal et ou un compte rendu de chaque séance du conseil communal, un relevé des décisions signé du maire et du secrétaire de séance est affiché à la mairie à l'endroit destiné à l'information du public dans les huit jours suivant la séance10(*).

    Des groupes de travail informels peuvent être constitués selon les opportunités et des cellules de réflexion peuvent être encouragées. Les sondages d'opinion et les consultations sont également des moyens pour solliciter la participation du citoyen et de recueillir son avis avant de prendre une décision importante.

    A défaut de pouvoir siéger dans le conseil communal, dans le conseil d'arrondissement ou de quartier de ville, le citoyen qui veut s'impliquer dans la vie de la commune peut rejoindre les représentations de la Société Civile existantes ou prendre l'initiative de créer une nouvelle structure, en rapport avec la gestion locale.

    Mais, quel rôle joue, en réalité, la communication dans la gouvernance locale ?

    4.2.2 - La communication, clé de voûte de la participation citoyenne et du développement local

    La participation des citoyens à la vie communale ne saurait être appréciée comme une faveur que les élus locaux accorderaient à leurs administrés. C'est plutôt un droit de citoyen en termes de droit de regard sur la vie communale parce qu'il n'y a pas de démocratie si le citoyen à la base ne peut jouir de sa liberté de pensée et de participation11(*).

    La communication, définie comme l'ensemble des échanges et de significations entre deux ou plusieurs personnes dans une relation sociale donnée (DEHOUMON ;2006), permet au citoyen de la commune d'apprécier ses élus sur la manière de gérer le patrimoine communal, de connaître le niveau d'évolution de la commune, de connaître les actions quotidiennes menées par les élus, de participer et de contribuer au développement de la commune connaissant les atouts et les faiblesses de leur commune (DOSSOU ; 2000).

    En tant que telle, la communication constitue pour l'individu, une excellente motivation en ce sens qu'elle suscite chez lui un sentiment d'appartenance, d'être aimé, d'être écouté, d'être compris et de faire partie d'un groupe, celui de la communauté ou de la collectivité. La communication nourrit chez l'individu l'égo et lui donne le sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur. Comme l'écrit Michel le NET12(*), la communication locale a deux valeurs : d'abord, elle s'intéresse au citoyen en l'entretenant des faits et projets, en lui rendant compte et ou en sollicitant son avis ; ensuite, elle `'intéresse le citoyen'' aux prises de décisions. Sa participation à l'élaboration de tous les projets impliquant la cité est un impératif fonctionnel. Au cas contraire, il y a un risque de rejet ou, pour le moins d'indifférence. La communication a pour rôle non seulement de promouvoir les projets, de rendre simples, clairs, lisibles les processus de décisions et de réalisations extrêmement complexes, mais aussi, après avoir affiché le projet, d'organiser l'écoute, d'entendre les questions, de donner les moyens d'associer les citoyens à ce projet. Le citoyen doit être informé et prendre part, par exemple, aux décisions concernant l'adoption d'un projet et savoir les différentes sources de financement en vue de sa réelle perception du rôle des responsables locaux et de l'utilité des taxes et impôts perçus. C'est le seul moyen de provoquer son adhésion. Il faut lui expliquer le pourquoi et le comment des choses avant et après une décision importante, avoir des échanges avec des groupes socioprofessionnels intéressés à l'exécution d'une mesure. La communication est donc un élément fondamental de la démocratie locale. C'est un miroir : elle accompagne sans conteste l'évolution du rapport des citoyens avec la commune. Elle sert d'interface entre ceux-ci et celle-là et constitue un des rouages nécessaires à la volonté des gens d'être informés, tenus au courant, mis dans le coup. La demande sociale actuelle ne signifie pas une volonté de participer en permanence au processus d'élaboration des décisions. Mais on veut être mis en situation de pouvoir pour exercer son contrôle.

    Par ailleurs, la communication locale permet de promouvoir et d'animer un territoire. Elle crée ainsi une empathie réelle entre habitants d'un territoire et son avenir, donner ou redonner de la fierté d'appartenance, attirer des entreprises et des habitants. La communication valorise l'identité et l'image du territoire. Une image positive est bénéfique pour assurer et pérenniser le dynamisme et partant, l'économie, la culture, l'éducation, la qualité de vie..., tout ce qui tisse le quotidien des hommes qui y vivent. Instrument privilégié du `'marketing territorial'', la communication locale contribue donc à remodeler l'image et à « vendre » un territoire, y compris ses propres habitants.

    Si la communication est un facteur de participation citoyenne alors que cette dernière est une condition importante au développement à la base, on peut donc dire que la communication est un véritable élément sans lequel le développement ne saurait être réel. Le rôle de la communication est décisif pour promouvoir un développement qui prenne en compte la dimension humaine dans le climat de changement qui caractérise la période actuelle (FAO ; 1994). Tout programme de développement qui considère les populations comme de simples bénéficiaires plutôt que comme les principaux acteurs du changement et du progrès est voué à l'échec. En revanche, le succès d'un programme est pratiquement assuré si la population est consultée et associée aux décisions qui engagent son avenir. La communication est au coeur de ce défi. Il n'y a pas de développement sans la communication (Balit ; 1988). Cela est soutenu par la « Charte des paysans13(*) » élaborée lors de la Conférence Mondiale sur la Réforme Agraire et le Développement qui s'est tenue à Rome en 1979 : « ...la compréhension et la prise en compte des problèmes et des potentialités du monde rural, l'amélioration des interactions entre les agents de développement et la population à travers un système de communication performant, voilà les conditions préalables à la réussite de toute stratégie de développement rural ».En outre, les objectifs de développement, les modalités et le rythme de sa mise en oeuvre, ses chances de durabilité seront essentiellement déterminés par le niveau d'engagement et de participation de la population ainsi que sa capacité à acquérir et à mettre en pratique des compétences ou des savoirs nouveaux.

    La communication permet de mieux formuler et planifier les programmes de développement, d'encourager la participation populaire et mobiliser les communautés. Elle est employée pour changer les modes de vie, pour une coordination et une gestion du développement plus efficace. Les décideurs, les organismes d'assistance techniques qui sont sollicités pour soutenir ou étendre les programmes de développement doivent être informés des progrès et des résultats de ces programmes. La communication permet aussi d'obtenir l'appui des décideurs.

    Retenons donc que la communication joue un rôle très décisif dans la promotion du développement social, culturel et économique de la commune. Elle est considérée comme la base du développement puisqu'elle permet le rapprochement, le contact, la mise en relation des populations, les libère de leur isolement et favorise leur intégration et leur participation.

    C'est sur la base de ces dispositions législatives et réglementaires et tenant compte de la valeur de la communication locale que nous ferons l'analyse des résultats.

    4.2.3- Analyse des résultats

    Cette analyse se fera à travers les rapports élus locaux et citoyens d'une part, et d'autre part, à travers l'importance qu'accordent ces responsables à la communication sur la gestion des affaires publiques.

    4.2.3.1- Les rapports élus locaux et citoyens de la commune de Savè

    Rappelons que la gouvernance locale est une réponse institutionnelle de la décentralisation. Elle a pour objectif de rendre autonomes les citoyens, les communautés à la base, de les rendre plus actifs afin d'assurer un développement harmonieux de toutes les localités par l'impulsion d'une dynamique de concertation entre les différents acteurs en présence.

    Les modalités de la participation des citoyens à la gouvernance locale sont précisées dans les textes et lois en vigueur, ce qui canalise donc les différents intervenants. C'est pourquoi la constitution du 11décembre 1990 en son article 150 du titre X dispose que  « les collectivités locales s'administrent librement par les conseils élus, dans les conditions prévues par les lois ».

    La relation élus locaux et citoyens est une relation de proximité fondée sur l'implication des citoyens dans la gestion communale, sur un partenariat local, de symbiose et de synergie d'action. C'est aussi une relation fondée sur l'obligation de résultat, sur un courant d'échanges réciproque et constant.

    Dans la commune de Savè et comme l'indique le tableau III et la figure 1, 66% de la population sont conscientes de leur rôle, de leur contribution au développement de la localité alors que dans le même temps, 95,31% ne sont pas impliqués dans la gestion des affaires de la commune (tableau IV et figure2). Ce qui révèle un niveau très faible d'implication. Or l'engagement des populations pour la mise en oeuvre des actions est une condition essentielle pour un développement local effectif. Par conséquent, le développement local ne peut être viable si la contribution des communautés de base, qui en sont les bénéficiaires n'est pas effective. D'où la décision d'entreprendre un projet ou un programme doit être prise localement et en concertation avec les personnes intéressées. Ceci permet à la population concernée de mieux comprendre le bien fondé des réalisations à faire et par conséquent de mieux s'investir. Cela ne peut se faire sans les réunions de proximité qui sont des `'espaces de concertation et de socialisation'' (FAO ; 1995). Mais force est de constater que dans la commune de Savè, les populations ne participent pas aux réunions et aux décisions relatives à leur commune (tableau V, figure 3). Près de 86% estiment que l'administration locale ne les implique pas dans la prise de décisions (Tableau IV, figure 2). A en croire une des enquêtés, conseillère et Chef d'Arrondissement, « qui dit gouvernance, dit effort pour dégager un consensus. Mais il n'y a pas de franche collaboration entre la mairie et la population. C'est ça qui fait les difficultés. Ici, notre Président (Maire) n'aime pas faire les réunions avec les populations, il n'aime pas du tout ». Elle a aussi ajouté : « au sein du conseil, il y a des décisions qui se prennent en désordre sans l'avis du conseil communal à plus forte raison avec les populations. Il y a des choses qu'on fait sans chercher à consulter, même les adjoints ne sont pas informés. Il y a des choses qui se passent vraiment sans l'avis du conseil ».

    Pour le maire, les populations n'ont pas à participer puisque, déclare t-il, « il y a un conseil communal ; et si les populations doivent participer, c'est au moins que les populations contribuent au financement des différentes actions en payant les impôts, en payant les taxes ; mais du point de vue de la gestion quotidienne, je ne vois pas comment est-ce que la population peut beaucoup contribuer ». Nous pouvons donc conclure que les théories de l'approche participative manquent de mise en oeuvre dans la commune de Savè plus de quatre ans après la décentralisation et dire que les initiatives de développement ne connaissent pas de succès parce que ne parvenant pas encore à obtenir l'accord des populations. Si pour le PNUD, un gouvernement qui méconnaît les besoins de vastes segments de la population au moment de choisir et d'appliquer une politique n'est pas perçu comme un gouvernement digne de ce nom, alors il est aisé de classer Savè parmi les communes qui n'ont pas encore atteint un bon niveau de gouvernance au regard de l'inexistence de mécanismes d'écoute et d'échanges réciproques avec sa population. L'approche participative, l'un des principes chers à la gouvernance locale n'est pas appliquée dans la commune parce que les responsables locaux n'en n'ont pas encore pris conscience car de l'avis du maire de Savè : « ça peut faire désordre que tout le monde veuille gérer ; c'est pour ça qu'au niveau national, on a un gouvernement avec des ministres qui doivent gérer et rendre compte. Pour faire le parallèle, on a l'Assemblée Nationale qui contrôle et sanctionne. C'est ainsi qu'au niveau communal, on a l'exécutif (le maire et ses adjoints) et tous les services de la mairie, l'assistance et le contrôle de la légalité de la tutelle. Mais penser que toute la population veuille s'emparer du conseil pour gérer, ça ferait trop pagaille ».

    Tout ceci compromet le développement de la localité quand on sait que toute intervention visant une amélioration réelle et durable des conditions de vie des populations est vouée à l'échec si les gens concernés ne la prennent pas en charge. Il n'y aura pas de changement durable à moins que les populations ne soient impliquées à tous les niveaux d'intervention, de l `identification des problèmes à la recherche et à la mise en oeuvre des solutions (Guy BESSETTE). Cela se traduit ici par une faible exécution du PDC évaluée à moins de 20% selon les déclarations du CA de Boni.

    En effet, dans l'élaboration et l'adoption du PDC à Savè, 89,06% des citoyens ont déclaré n'avoir pas été impliqués. Ce qui explique l'absence de motivation de leur part et entraîne du coup l'incivisme, surtout l'incivisme fiscal parce que ne pouvant pas lire les actions de la commune.

    La question du paiement a toujours fait l'objet de conflits entre les citoyens et le maire qui nous confie : « le problème des impôts, on en a parlé pendant longtemps ici à Savè. C'était la guéguerre entre le maire et la population puisqu'il y a des gens qui ont toujours cherché la mort du maire, tuer le maire et n'ont arrêté les embuscades qu'en juin 2007 ». Le budget de la commune se reposant principalement sur la fiscalité, l'incivisme des populations a inévitablement compromis la réussite des initiatives des responsables communaux. Et comme le témoigne le tableau XII et la figure 5, 76,56% des citoyens ne sont pas satisfaits de la gestion faite de la commune par leurs responsables parce que leurs besoins ne sont pas comblés et la plupart suggèrent la collaboration, l'implication, le consensus sur les décisions et l'exécution des activités de la localité.

    Au total, les relations entre administration locale et population de Savè sont caractérisées par une absence de solidarité agissante, un défaut de considération et d'implication des citoyens. Ces relations, de l'avis général de nos enquêtés, sont des relations de conflits.

    Mais, l'administration communale communique t - elle suffisamment ?

    4.2.3.2-Rapport gouvernance et communication à Savè

    La communication rime bien avec la gestion des affaires publiques à la base. C'est un élément indispensable de la gouvernance.

    Pour analyser le rapport gouvernance et communication dans la commune de Savè, aussi bien les populations que les élus locaux ont été interrogés. De cette enquête, il ressort que le niveau d'information de la population sur les affaires de la commune est très faible.

    87,5% des citoyens, en effet, ont répondu que le maire n'organise pas de séances d'information à leur intention (Tableau VIII, figure 6). Cela veut dire qu'en réalité, les citoyens sont en marge de la gestion quotidienne de leur localité contrairement aux dispositions de la loi. Ce qui fait que nombre de personnes se sentent lésées parce qu'écartées par les responsables locaux. Ils se plaignent de la gestion unilatérale de la commune qui ne favorise guère la transparence. La crédibilité de ces responsables est sans doute remise en cause avec assez de soupçons. Plus de 95% n'ont aucune idée du budget de la commune, ni de son compte administratif (voir tableau VII et figure 5). Les citoyens n'ont aucune visibilité dans la gestion des finances. Les seules occasions pour s'informer de l'exécution du budget, c'est les séances du conseil communal ou de leurs comptes rendus. Ici encore, les populations ne sont pas présentes en raison du déficit d'information. A croire madame Fatouma YACOUBOU, « les gens ne sont habitués, il y a manque de sensibilisation, les gens ne maîtrisent pas le sens de ces sessions ». Selon le maire de la commune, les réunions de ces conseils sont précédées d'affiches et annoncées par la voie de la radio communautaire. Pourtant, le constat est que la participation citoyenne est faible. Cela suppose qu'aucun effort n'est fait pour expliquer au préalable aux populations leurs droits et devoirs. Le compte rendu des sessions est régulièrement affiché à la mairie, mais 75% des enquêtés ne le consultent pas comme le montrent les tableaux IX, X et les figures 7 et 8. Là se pose soit un problème de sensibilisation, soit d'analphabétisme. Que peut comprendre une personne non lettrée ou non alphabétisée de la délibération du conseil communal sans la contribution des responsables communaux ? Seuls 12,5% des citoyens de Savè ont le compte rendu des délibérations du conseil communal. Il apparaît dès lors une inquiétude pertinente : les moyens de communication employés par la commune sont-ils adaptés à son contexte socioculturel ?

    Les investigations effectuées à Savè nous ont permis de conclure qu'il existe quatre principaux moyens de communication dans la commune et nous ont aussi permis de mesurer en même temps la valeur de chacun de ces outils auprès de la population. Ainsi, nous avons la radio communautaire, les réunions de proximité, les crieurs publics et les journaux.

    Depuis l'installation des conseillers communaux de Savè en janvier 2003, ce n'est qu'en 2007 que les supports imprimés sont utilisés un certain nombre de fois pour partager des informations sur la commune avec la population. `'Savè info14(*)'', selon les informations recueillies, n'a paru que récemment vers la fin du mandat des premiers élus de la commune et cela, quelques fois. De plus, on peut remarquer que les supports imprimés ne conviennent pas aux populations pour s'informer. D'abord à en croire le maire de la commune, le journal n'est pas bien lu. Peu de gens achètent `'Savè info'' et « c'est une question de mentalité ou plutôt de culture. On lit très peu dans notre pays. Le journal est vendu à 200 F, ça ne fait pas une petite bouteille de bière, mais pourtant les gens préfèrent boire un casier de bière plutôt que de lire un exemplaire de journal ». De plus, on peut associer à ce fait le taux important d'analphabétisme inhérent à cette commune semi- rurale. Tout ceci est justifié par le peu d'intérêt que les populations accordent au journal. En effet, de tous les enquêtés, seuls 3,12% s'informent par ce canal comme l'indique le tableau XI et la figure 9.

    Les crieurs publics sont également des canaux d'information qui existent dans la commune. Par ce canal, l'information est bien reçue et bien assimilée par les citoyens dans la mesure où elle est conçue et transmise en l'adaptant au mode de vie, à la réalité locale. La langue locale par laquelle le message est transmis fait donc de l'emploi du crieur public un moyen important de communication locale à Savè.

    Il en est de même pour la radio locale appelée `'Idadu FM''. Prenant en compte les particularités socio-économique et culturelle de la localité, elle est à même de satisfaire les besoins d'un public large et varié à qui elle s'adresse dans les diverses langues parlées par les populations. Ainsi, la majorité des populations (43,75%) préfère s'informer par la radio locale (Tableau XI, figure 9). Cependant, des points de vue critiques ont été émis contre l'utilisation de ces trois premiers outils de communication par les populations : aucun de ces moyens ne favorisent le feedback, la discussion, l'échange entre l'émetteur et le récepteur. Aucune discussion ne peut s'engager. Il s'agit là d'une information descendante. L'avis des administrés dans ces conditions ne saurait être pris en compte. Ces canaux d'information ne peuvent guère remplacer les réunions.

    Les réunions recouvrent une série d'activités de rencontres et de discussions dont les formes varient selon la nature des réunions qui fondent le rassemblement. En parlant de participation aux réunions, il faut entendre les modes de concertation à caractère social, politique, etc. Les groupes sociaux n'ayant pas directement accès aux médias, peuvent exploiter les réunions pour s'exprimer sur des questions d'intérêt local ou national. Ces réunions sont aussi des lieux de formation parce qu'elles impliquent des partages de connaissances entre les participants. Elles relèvent d'une démarche inclusive et participative dont l'objectif est d'engager un dialogue constructif, critique et prospectif sur les problèmes de société. En tant que telles, elles élargissent les espaces de dialogue et de délibération en suggérant les voies à explorer, en insufflant une nouvelle dynamique issue de réflexions sereines ou critiques. Les deux moyens d'information sur lesquels s'appuie l'administration communale de Savè à savoir la radio locale et les journaux ne sont pas suffisants pour répondre aux aspirations des ses administrés. Il faut donc ajouter à ces outils, les réunions de proximité pour aussi permettre à la population de s'exprimer et d'être écoutée.

    Il est donc aisé de constater que la commune de Savè ne dispose pas d'un plan de communication efficace. Les canaux et opportunités de communication ne sont pas exploités pour atteindre les populations. L'information ne circule pas. La communication entre élus locaux et citoyens est presque inexistante. Les têtes couronnées, les autorités religieuses de Savè ne sont pas informées des activités entreprises par les responsables communaux. Il en est de même pour les chefs de quartiers et de villages dont les forces ou capacités en matière d'information et de mobilisation ont été négligées. Quoique les lois sur la décentralisation n'aient rien prévu en ce qui concerne les relations de l'administration communale avec ces différents leaders d'opinions, il ne faudrait pas perdre de vue leur potentiel pour la bonne marche des activités de  développement. Il ne fait aucun doute qu'ils constituent des relais d'information et de ce fait, font parti des acteurs du développement local. Le déficit d'information et de communication envers ces personnes a créé un écart entre elles et l'administration locale et par conséquent est à l'origine du désintéressement et de vives tensions qu'a connu la commune. On note un déficit de dialogue, de solidarité entre les têtes couronnées, les chefs religieux et de quartiers ; ce qui ne favorise pas une participation des populations à la gouvernance locale.

    Le maire ne fait pas des sondages d'opinions avant de prendre les décisions. Le manque de sensibilisation conduit les populations à des comportements de résistance au changement. Elles ne maîtrisent pas le concept de décentralisation. Les mécanismes de la gouvernance locale ne sont pas appropriés. Ce qui explique leur incivisme tel que les difficultés liées au paiement d'impôts et taxes et la violence exercée contre les élus.

    L'information devrait être disponible ou facilement accessible à tous car l'adhésion aux changements qu'impose la gouvernance locale implique un dialogue, une négociation qui vont conduire à prendre en compte, non seulement les besoins prioritaires de la population, mais aussi son savoir et ses pratiques qui contiennent bien souvent les solutions les plus appropriées et les mieux adaptées aux conditions.

    Il faudra donc envisager, au regard de ces insuffisances, des perspectives dans l'avenir, pour améliorer la gouvernance locale dans la commune de Savè.

    4.3- Perspectives

    La résolution des difficultés et insuffisances liées à la gouvernance locale à Savè telles que décrites, nécessite un certain nombre d'actions en vue d'une gestion participative, concertée et sans conflit de la commune. Il s'agit de la mise en place d'une stratégie de communication, de la création d'un cadre de concertation et de la réalisation d'enquêtes publiques avant de prendre les décisions importantes.

    4..3.1-Vers la mise en place d'une stratégie de communication locale

    Il s'agit de créer un plan-cadre comprenant une combinaison d'interventions de communication capables de susciter les changements nécessaires en matière de connaissances, d'opinions, d'attitudes, de croyances ou de comportements au niveau des populations en vue de sa participation selon un calendrier donné et compte tenu des ressources disponibles. La stratégie de communication constitue un engagement et une boussole permettant de mobiliser et d'orienter les actions et les énergies des acteurs.

    Pour mettre en oeuvre une communication, l'on doit concevoir une stratégie à partir d'une bonne connaissance du contexte ou du milieu, mobiliser les ressources, élaborer des messages appropriés et en organiser la circulation vers ou entre les personnes concernées (cibles, bénéficiaires, acteurs, participants) à travers des canaux et gérer ce processus pour obtenir un impact dans le sens du développement.

    Le processus de planification d'une stratégie de communication pourrait se présenter comme l'indique la figure 11 ci- après :

    Figure 11 : Le processus de planification d'une stratégie de communication

    ANALYSE DE LA SITUATION

    · Problèmes de développement

    · Contexte de l'intervention et programme existant

    · Parties prenantes

    · Ressources en matière de communication

    PROBLEME DE COMMUNICATION ??

    OUI

    NON

    ELABORATION DE LA STRATEGIE

    I- CADRE STRATEGIQUE

    · Objectifs de communication

    · Groupes cibles

    · Types d'approches

    · Messages clés

    · Canaux et support de communication

    II- VOLET OPERATIONNEL DE LA STRATEGIE

    · Cadre institutionnel

    · Plans connexes : production, formation et renforcement des capacités

    · Planning des activités

    · Plan de suivi-évaluation

    · Budgétisation

    VALIDATION DE LA STRATEGIE

    Source : Guide méthodologique d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, FAO, 2002, p13.

    ? L'analyse de la situation permet d'identifier le problème en matière de développement ainsi que les questions de communication qui lui sont liées. Elle permet également d'identifier les forces et les faiblesses, les atouts et les opportunités d'une part, les obstacles et contraintes d'autre part dont il faudra tenir compte lors de la planification puis de l'exécution de la stratégie.

    ? Grâce à des messages appropriés, véhiculés vers les cibles concernées par des canaux adéquats, la communication favorise les changements nécessaires à la résolution des problèmes de développement.

    ? Le volet opérationnel de la stratégie prévoit le plan d'exécution ainsi que les éléments nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie : cadre institutionnel, production du support de communication, formation des ressources humaines, renforcement de capacité, suivi évaluation, budget et calendrier d'exécution.

    Une autre approche de solution à la question de déficit de communication et de collaboration est la création d'un cadre de concertation dans la localité.

    4..3.2- Vers la création d'un cadre de concertation au niveau communal

    La présence de représentants des habitants dans le groupe responsable de donner les grandes orientations des activités de la commune et ou de les mettre en oeuvre est une manière de les considérer comme partenaires et de les impliquer en tant que tels. Il s'agit d'une structure beaucoup plus partenariale que consultative.

    Les représentants des autorités locales, de la population et des acteurs locaux se retrouvent au sein d'une même commission et tentent d'arriver à un consensus sur des options et des projets.

    La multiplication des réunions entre les habitants et les différents acteurs locaux participe à la création de nouveaux réseaux d'interconnaissance, voire de groupes porteurs de projets ainsi qu'à une ouverture aux logiques d'autres groupes. Il existe une possibilité de débats et échanges d'arguments susceptibles de faire évoluer les participants vers une position commune.

    L'avantage spécifique principal des commissions par rapport à de simples réunions de consultation ou de concertation ponctuelles réside dans leur caractère permanent qui leur permet d'exercer un contrôle de vigilance et de dynamisation de projets au fil du temps, à condition qu'elles gardent leur motivation.

    De telles commissions ne peuvent fonctionner qu'avec un nombre limité de représentants et ne peuvent être ouvertes à tous ceux qui voudraient siéger. Un choix doit être opéré. Il est donc souhaitable que les groupes en présence mandatent des représentants et par le fait même apparaît le risque de déconnexion entre les représentants et leur base. C'est pourquoi l'une des conditions essentielles de réussite est le caractère représentatif de la commission et la matérialisation de la représentation par des contacts effectifs entre les membres et leur groupe d'appartenance de base. Il faut donc veiller à une composition suffisamment représentative des groupes de travail pour que le processus de participation ne tourne pas en circuit fermé au sein d'un petit groupe dans l'indifférence de la majorité de la population et assurer la restitution de la démarche à la population dans son ensemble.

    La figure 12 ci-dessous indique, de façon générale, quelques pistes pour aboutir à une bonne gouvernance locale.

    Figure 12 : Cartographie de propositions pour une bonne gouvernance locale

    Prémunir l'action publique Sortir la délibération collective

    contre les risques de du cadre institutionnel

    dérive et d'abus des collectivités

    Principe de solidarité

    de pouvoir locales

    Prévoir et organiser les mécanismes d'interpellation dans le fonctionnement des institutions locales

    Principe de participation

    Principe de responsabilité

    Reconnaître et favoriser l'émergence d'espaces publics diversifiés de délibération

    Principe de l'enracinement

    Définir les moments invariables pendant lesquels le devoir de rendre compte

    Principe de la participation

    Créer une assemblée locale inclusive de tous les espaces publics de délibération

    Organiser une simultanéité entre l'action et le contrôle

    Gouvernance locale

    Laisser le niveau local proposer les compétences à partager avec les différents niveaux

    Passer du partage des compétences à l'apprentissage de la coopération entre différents niveaux et domaines

    Principe de solidarité

    Ne recourir au vote que pour sortir des situations de blocages

    Principe du consensus

    Principe d'une ingénierie institutionnelle fondée sur la subsidiarité

    Retenir le consensus comme mode de préparation des décisions

    Principe de la participation

    Principe de solidarité

    Faire de la construction du Inverser l'approche,

    consensus le fondement l'organisation des compétences

    de la démocratie locale en partant de la légitimité du local

    Source : Réseau Dialogue sur la Gouvernance en Afrique, Cahier de propositions pour une refondation de la gouvernance en Afrique, novembre 2003 extrait de ECOVOX n°30, Janvier-Avril 2004, p.17

    Ici, plusieurs principes sont mis en exergue. Il s'agit des principes de responsabilité, de participation, de solidarité, du consensus, de l'enracinement et de subsidiarité qui font appel l'un à l'autre, d'une manière ou d'une autre.

    Ainsi, pour prémunir l'action publique contre les risques de dérive et d'abus de pouvoir, les responsables sont appelés à mettre en place des mécanismes d'interpellation dans le fonctionnement des institutions locales dont ils ont la charge, à définir les moments invariables pour rendre compte aux administrés et organiser une simultanéité entre l'action et le contrôle. C'est le principe de responsabilité. C'est aussi une condition pour la participation.

    L'émergence ou le renforcement de la démocratie locale réside dans le consensus entre les différents acteurs. C'est pourquoi il faudrait, dans la préparation des décisions, oeuvrer pour le consensus à travers l'instauration d'un dialogue, d'une négociation.

    De même, le principe de l'enracinement veut que la délibération collective sorte du cadre institutionnel des collectivités locales. Ce principe peut être appliqué en créant une assemblée locale qui inclut tous les espaces publics de délibération.

    Enfin, le principe de subsidiarité veut que le pouvoir local se substitue progressivement, dans la mesure du possible, dans les domaines où cela est prévu par la loi à l'administration et aux pouvoirs centraux.

    Les enquêtes publiques sont la dernière approche de solution proposée au problème de gouvernance locale.

    4..3.3- La réalisation d'enquêtes publiques : une nécessité

    L'enquête publique consiste à informer la population de l'existence d'un projet, d'un plan ou de programme qu'elle pourra consulter à l'administration communale aux fins d'émettre d'éventuelles observations ou réclamations. La procédure est éventuellement assortie de réunions d'informations et ou de concertation. L'enquête contribue à l'information d'un large public appelé à réagir le cas échéant au regard des moyens d'information et de communication mis en oeuvre (affichage, avis dans les medias, dont le bulletin communal ou les journaux publicitaires gratuits). Le caractère formel de la procédure garantit un minimum de prise en compte des réclamations et observation qui doivent faire l'objet d'un examen et dont la non prise en compte doit être justifiée.

    L'enquête intervient sur un projet adopté par le conseil communal et donc assez tard dans le processus d'élaboration. Il devient difficile à ce stade d'apporter de changements fondamentaux. La participation est réduite sauf si les habitants perçoivent des enjeux importants pour eux. Un tel procédé suscite avant tout des réactions d'opposition et peut donc mener à certains conflits. C'est pourquoi il faut veiller à une information suffisamment attractive et vulgarisée, sensibiliser les populations à l'intérêt général.

    CONCLUSION ET SUGGESTIONS

    Le thème de recherche `' Problématique de la communication dans la gouvernance locale au Bénin : le cas de la commune de Savè'' est d'une importance capitale pour l'essor des communes du Bénin en général, et en particulier pour la commune d'investigation. En effet, le Bénin est un pays très jeune en matière de décentralisation. C'est pourquoi la gouvernance locale récemment engagée ne saurait être exempte d'insuffisances quand on sait que tout changement requiert un minimum de temps et d'apprentissage de savoir-faire et de savoir-être en vue d'une adaptation des différents acteurs. La transition d'une gestion centralisatrice à un système de décentralisation efficace et efficiente n'est pas automatique. Il faut prévoir des cas de résistance liée soit à un déficit d'information, soit à une difficulté d'adaptation. Et c'est bien ce qui s'est le plus souvent observé au lendemain de l'élection et de l'installation des conseillers communaux de la première mandature au Bénin.

    Certes, les limites à la gouvernance locale sont de plusieurs ordres et multiformes, mais celle qui retient ici notre attention au regard des objectifs de la décentralisation, c'est bien celle relative aux rapports liant les autorités locales à leurs administrés. Cette relation nous paraissait importante à explorer en ce sens que le développement local reste subordonné à la participation des populations à la base à la prise des décisions concernant la vie de leur localité et à leur responsabilisation.

    Ce sujet de recherche qui vise de façon générale l'amélioration des rapports élus locaux et citoyens dans la commune de Savè nous a donc permis d'abord de faire un état des lieux de ces rapports et d'évaluer par la suite la gouvernance locale dans cette commune en rapport avec la communication.

    Au terme des investigations, notre hypothèse de départ à savoir que ''les obstacles au décollage socio-économique de Savè, pour la première expérience de la gouvernance locale au Bénin, sont liés à un déficit de communication'' est plausible.

    L'absence d'implication et de concertation avec les populations, l'absence de solidarité agissante, l'incivisme des populations, les querelles sont ce qu'on peut retenir de façon essentielle et qui complique la cohabitation des populations avec les élus locaux.

    D'un autre côté, on remarque que l'information et la communication avec les administrés sont déficitaires. Elles sont presque inexistantes. Les citoyens ne sont pas informés de la gestion de la commune, ce qui constitue de véritables obstacles à leur participation à la gouvernance locale, faute de motivation.

    S'il est vrai que la participation citoyenne est une condition essentielle du développement endogène, il n'en demeure pas moins que la communication est un facteur de participation. Toute amélioration de qualité de vie et tout progrès doivent s'appuyer sur la communication pour rendre les populations solidaires et intégrées dans les actions de croissance. Une politique authentique de développement doit promouvoir les valeurs de solidarité, de générosité, de dialogue pour rapprocher les classes sociales dispersées.

    Les résultats auxquels nous sommes parvenus par le biais de cette étude nous amènent à formuler quelques suggestions dont la prise en considération permettra à coup sûr, d'ouvrir de nouveaux horizons pour bâtir non seulement la commune de Savè, mais aussi toutes les communes du Bénin à cette ère de décentralisation.

    Il s'agit, pour les autorités locales de :

    - favoriser l'échange permanent avec leurs administrés par des moyens modernes et traditionnels de communication ; 

    - utiliser les moyens d'information de masse pour une communication de proximité, pédagogique et civique pour impliquer et mobiliser les citoyens ;

    - faire une sensibilisation permanente des populations sur l'importance et le fonctionnement d'une collectivité locale décentralisée ;

    - intensifier l'effort d'alphabétisation des populations rurales pour accroître leur capacité de perception des messages éducatifs ;

    - privilégier la transparence en présentant clairement à leurs administrés le rôle et les moyens de la commune pour favoriser la confiance des populations et leur implication dans les affaires de la cité ;

    - éviter d'exclure des groupes sociaux : travailler avec les représentants des différentes couches tels que les têtes couronnées, les autorités religieuses, les chefs de quartiers, de villages et d'autres leaders d'opinions pour relayer régulièrement l'information ;

    - rendre plus opérationnelle la cellule de communication de la commune ;

    - prendre en compte le volet communication dans les négociations financières auprès des partenaires au développement ;

    - accorder une part suffisante à la communication et à l'information dans le budget communal ;

    - élaborer et mettre en oeuvre un plan de communication en direction des différents acteurs de développement ;

    - explorer les différents espaces sociaux de communication (marchés, cérémonies, fêtes,...) en tant que lieux de relais des messages.

    L'Etat doit :

    - prendre conscience de l'importance de la communication pour le développement et encourager la communication locale ;

    - élaborer une politique de communication pour faciliter la gouvernance locale ;

    - former un personnel spécialisé en communication pour la participation ;

    - mettre en place un cadre juridique et financier permettant aux collectivités locales d'accéder aux moyens de communication de masse, aux nouvelles techniques de communication ;

    - définir les rapports devant exister entre les chefferies traditionnelles et religieuses et l'autorité locale par l'instauration d'une collaboration apaisée par l'organisation des séances de sensibilisation et d'information sur le rôle et les missions de chacun dans la gouvernance locale ;

    - renforcer la capacité des maires en management et en leadership.

    Références bibliographiques


    ·Ouvrages

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    - Echos des communes, bulletin d'information, d'éducation et de promotion de l'Association Nationale des Communes du Bénin, N°13 2008.

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    ·Recherches sur Internet

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    - http: // www.arnaudmeunier.com

    - http : // www.Sendeveloppementlocal.com

    - http : // www.territorial.fr

    - http : // www.philosophiepolitique.net

    - http : // www.revuegouvernance.ca

    ANNEXES

    ANNEXE 1

    GUIDE D'ENTRETIEN ET QUESTIONAIRE

    Guide d'entretien à l'endroit des autorités locales

    Ce questionnaire élaboré dans le cadre d'un mémoire pour l'obtention d'une maîtrise en Sciences Techniques des Activités sociales et Educatives, option : Développement Communautaire à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport, vise à étudier la gouvernance locale en rapport avec l'information et la communication dans la commune de Savè (département des Collines).

    Nous vous prions de bien vouloir répondre aux questions ci-dessous le plus sincèrement possible. Les données recueillies sont confidentielles, et utilisées uniquement à des fins de recherches

    1) Que pouvez-vous nous dire de la gouvernance locale ?

    2) Quel est le rôle de la population dans la gouvernance locale ? Les populations se sont-elles appropriées la décentralisation dans votre commune ?

    3) Quels types de relations entretenez-vous avec les citoyens dans votre commune ?

    4) Les populations participent-elles à vos activités ? Quelles sont vos difficultés relationnelles ?

    5) Quels sont, selon vous, les obstacles à la participation des citoyens à la gestion de la commune ?

    6) Les objectifs de votre PDC sont-ils atteints ? Etes-vous satisfaits de vos réalisations ?

    7) Par quels moyens motivez-vous les populations pour leur participation ?

    8) La commune dispose- t-elle d'un plan de communication ? Les citoyens sont-ils régulièrement informés de vos activités ? Comment ?

    9) Votre administration est-elle dotée d'une cellule chargée de l'information et de la communication avec les populations ?

    10) Quels sont les canaux de communication que vous utilisez ?

    11) Les moyens utilisés pour la communication avec la population sont-ils adaptés au contexte socio-culturel de la commune ?

    12) Avez-vous l'habitude d'organiser des séances à l'intention des populations ?

    13) Avez-vous l'habitude d'ouvrir les séances de votre conseil au public ?

    14) Les populations payent-elles régulièrement leurs impôts et taxes ?

    15) Faites- vous des sondages d'opinions avant la prise de décisions importantes ?

    16) Les citoyens ont-ils une idée du budget de la commune et de votre compte administratif ?

    17) Quelle est la part accordée à la communication dans votre budget ?

    18) Que pensez-vous faire pour améliorer la participation citoyenne aux affaires de la commune ?

    Questionnaire à l'endroit des populations, des têtes couronnées, des autorités religieuses et des chefs de villages et de quartiers de ville

    Ce questionnaire élaboré dans le cadre d'un mémoire pour l'obtention d'une maîtrise en Sciences et Techniques des Activités Sociales et Educatives l'Action, option : Développement Communautaire à l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport, vise à étudier la gouvernance locale en rapport avec l'information et la communication dans la commune de Savè (département des Collines).

    Nous vous prions de bien vouloir répondre aux questions ci-dessous le plus sincèrement possible. Les données recueillies sont confidentielles, et utilisées uniquement à des fins de recherches.

    Consignes : Les petites cases ont été prévues pour votre réponse, mettez une croix au niveau de celle qui correspond à votre choix.

    Merci de votre compréhension

    1) Avez-vous un rôle à jouer dans la gestion de la commune ?

    Oui Non

    2) La mairie vous implique t-elle dans la gestion de la commune ?

    Oui Non

    3) Participez-vous aux réunions ou aux décisions concernant votre commune ?

    Oui Non

    4) Etes- vous impliqué dans l'élaboration et l'adoption du Plan de Développement de la commune ?

    Oui Non

    5) Avez - vous une idée du budget et du compte administratif de la commune ?

    Oui Non

    6) Est-ce que la mairie organise des séances d'informations à votre intention ?

    Oui Non

    7) Le conseil communal vous rend t-elle compte de ses délibérations ?

    Oui Non

    8) Avez- vous l'habitude de consulter à la mairie les procès verbaux, comptes rendus des délibérations du conseil communal ?

    Oui Non

    9) Quels sont parmi les canaux suivants celui ou ceux que vous préférez pour vous informer ? Radio Journaux Crieur public Réunion

    Pourquoi ?-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    10) Etes-vous satisfait de la gestion de la commune par les autorités locales ?

    Oui Non

    Pourquoi ? Sinon que proposeriez- vous ?

    ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    RENSEIGNEMENTS GENERAUX

    11) Nom et Prénoms (Facultatif) :--------------------------------------------

    12) Masculin Féminin

    13) Quel est votre niveau profil ?

    Primaire Secondaire Universitaire

    Alphabétisé Je ne suis jamais allé(e) à l'école

    Une fois encore, recevez nos sincères remerciements pour votre disponibilité et l'effort requis par vos réponses à ce questionnaire.

    ANNEXES 2

    RESULTAS D'ENTRETIEN

    Entretien avec Madame YACOUBOU Fatouma, Chef d'Arrondissement de Boni de la commune de Savè

    Moukaïla AMADOU : Bonjour Madame. Vous êtes le Chef d'Arrondissement de Boni. Que pouvez-vous nous dire de la gouvernance locale ?

    Fatouma YACOUBOU : Merci Moukaïla. On m'appelle madame Fatouma YACOUBOU AYEDOUN, CA de Boni.

    S'il faut parler de la gouvernance, je vais dire que cela revêt plusieurs significations et utilisé dans la politique, dans l'administration, l'économie, dans les relations internationales, en tout cas en quelque sorte.

    Ici par rapport à la gouvernance locale, je peux dire que c'est une forme de réponse pour réconcilier, que ça soit dans la politique. C'est pourquoi je disais que le thème revêt plusieurs aspects. Donc qui dit gouvernance, dit effort pour dégager un consensus.

    M.A : Et que dire de la gouvernance locale dans la commune de Savè ?

    FY : Bon, la gouvernance, c'est plus ou moins acceptable. Ce n'est pas encore ce qu'on dit, ce qu'on veut en tant que telle. Donc, ça reste beaucoup.

    MA : Selon vous, est-ce que les populations se sont approprié la décentralisation ?

    FY : C'est pourquoi je dis que ça reste beaucoup. Si la population ne sait pas encore ce que c'est que la gouvernance ou bien la décentralisation parce que s'il faut parler de la gouvernance, il faut parler aussi du positionnement des femmes. Ça fait parti de la bonne gouvernance parce que seuls les hommes ne peuvent pas faire le développement. C'est ensemble hommes et femmes, on peut faire l'affaire. Il y a des femmes qui veulent et qui ne sont pas bien positionnées. Il y a des femmes qui sont positionnées par le président de leur parti mais qui sont menacées par certains. Donc tout ça là, ça veut dire que les gens ne comprennent pas ce qu'on appelle décentralisation ou bonne gouvernance.

    MA : Quels types de relations entretenez-vous avec les citoyens ?

    YF : C'est pas mal. Si ce n'est pas bon, je ne pourrais pas être réélue, par rapport à mon arrondissement, je n'ai pas de problème. C'est parce que on ne peut pas faire quelque chose sans difficulté. Dans tout ce que tu fais dans la vie, tu dois rencontrer des difficultés, sinon ça va.

    AM : Est- ce que les populations participent à vos activités ?

    FY : Bien sûr ils participent, je prends un exemple. Avant ce n'était pas ça. Quand vous expliquez, vous sensibilisez s'il y a des choses à réaliser, des projets qui demandent de contre partie, je convoque, je les invite, je les fais toucher du doigt l'intérêt. Si ça nous échappe, où est-ce que nous allons trouver des millions de tels projets ? Alors que si on trouve 10% ça peut nous aider beaucoup. Si c'est un projet de 5 millions, de 10 millions, on vous demande 10% ou 5% et ça vous échappe, où est-ce qu'on va trouver la totalité ? Et parfois, les gens cotisent, les bonnes volontés cotisent. Si ça ne suffit pas, on fait clin d'oeil à nos frères qui sont à Cotonou. Voilà, c'est tout cela on appelle gouvernance, décentralisation.

    AM : Quelles sont vos difficultés avec la population ?

    FY : Les difficultés, c'est par rapport à la mal compréhension ou bien de la `'tête'' même. S'il y a des difficultés, c'est par rapport à la mairie même, le président du conseil même, parce que nous on est là, on n'a pas d'autonomie financière. Il y a des choses qui nécessitent l'intervention du président du conseil et qui laisse tout le monde, il néglige.

    AM : Quelles sont les difficultés à la participation des citoyens à la gestion de la commune ?

    FY : Quand on ne t'invite pas ou on ne t'informe pas, ça la, ça concerne surtout le président du conseil qui est le maire. C'est lui qui doit faire les premiers pas. Donc s'il a déjà fait les premiers pas, il a sensibilisé bien la population, il cause bien, il échange bien, il est bien avec la population, le tout serait facile à notre niveau. Dans tous les cas, tous les domaines, il faut une franche collaboration, il faut une concertation. Quand il n'y a pas de franche collaboration, il y a toujours de difficultés. Il n'y a pas de franche collaboration entre la mairie et les populations de Savè. C'est ça qui fait les difficultés.

    AM : Est-ce que les objectifs de votre PDC sont atteints ?

    FY : Non, bon ça ne peut pas être atteint en tant que tel. C'est cette année seule qu'on n'a pas encore fait l'évaluation. Mais ce qu'on a fait en 2007, ça n'a pas donné en toute sincérité. Le pourcentage est faible parce ce qu'on avait calculé en son temps, ça fait moins de 20% de réalisation, moins de 20% de réalisation ! Tu vois, ce n'est pas bon. Si ça atteint 30 ou 40%, ça serait acceptable. Donc par rapport à ce qu'on avait établi avec PRODECOM, on a travaillé avec PRODECOM, c'est PRODECOM qui nous a aidés. On a fait ça par quartier selon le désir des populations, mais on n'a pas pu réaliser nous en notre sein. Hum, c'est ça.

    AM : Par quel moyen vous motiver les populations à participer aux actions du développement local ?

    FY : Bon, parfois par la communication, la radio locale. S'il y a des choses à communiquer, c'est la radio souvent. Mais parfois aussi, il y a des choses qui ne nécessitent pas la radio parce que tout le monde n'a pas de radio. Ça a besoin de se faire face. Qu'on se fasse face et se poser des questions. Sinon, je suis entrain de passer, la radio est entrain de parler, si je veux je peux attendre pour écouter ; si ça ne m'intéresse pas, je continue. Mais c'est différent si c'est un grand meeting ; une séance d'échange donc, c'est encore plus beau. Mais nous ici, notre président n'aime pas faire des réunions avec les populations, il n'aime pas du tout.

    AM : Est- ce que votre commune dispose d'une cellule chargée de l'information et de la communication ?

    FY : Les informations là, j'ai dit il faut communiquer, il faut informer, il faut sensibiliser. Ça peut être là, mais quand on ne comprend pas et il n'y a pas une sensibilisation bien faite, les gens ne vont pas comprendre. Mais il y a quand même une cellule qui est chargée de ces genres de choses. Mais peu sont informés.

    MA : Est-ce que la commune a un plan de communication ?

    FY : Bon, je peux dire oui. Comme déjà il y a quelqu'un chargé de la communication, il y a des journaux qui sortent tous les mois. On dit `' Savè info'', tout ce qu'on a fait ça sort dedans et c'est à 200f. On a un contrat avec la radio locale.

    MA : Après la radio locale et les journaux, quels sont les autres moyens que vous utilisez pour communiquer ?

    FY : Pour communiquer, parfois on dit qu'on a affiché. Il y a des affiches. Il faut aller à la mairie d'abord et les gens ne se déplacent pas pour dire bon je veux aller lire ce qui est là. Souvent c'est des affiches qu'on fait. Mais c'est quand tu as besoin de quelque chose ou bien tu es allé faire un travail à la mairie que tu profite pour jeter un coup d'oeil sur ce qui est affiché. Sinon, les gens ne se lèvent pas d'eux-mêmes pour dire je vais aller voir le programme de la semaine, non ! C'est à des occasions qu'ils profitent pour jeter un coup d'oeil sur ces genres de choses.

    MA : Est-ce que ces moyens de communication sont adaptés au contexte socio- culturel de la commune ?

    FY : Non, justement, j'ai dit que ça reste à faire. Ça ne convient pas.

    MA : Avez-vous l'habitude d'organiser des séances d'information à l'intention des populations ?

    FY : Oui, si après des séances, on a fait des réunions qui concernent ma population, après une session, j'invite la population ou bien je peux demander aux chefs quartiers qui sont là, malgré qu'ils ne sont pas reconnus, pour leur rendre compte. Je fais un effort pour travailler avec eux parce que sans eux, ça ne peut pas marcher. Je convoque, je dis j'ai besoin des chefs quartiers, un chef quartier accompagné de 10 sages, de 10 femmes ou bien de 10 jeunes, ça dépend de ce que je veux porter comme information, de ce que je veux dire, ce que je veux faire. A chaque séance de session, je les invite pour leur rendre compte de ce qui concerne la population, voilà, voilà ce qui est arrêté, ce qui concerne le budget, je rends compte, dans le budget on a demandé telle ou telle chose, est-ce que cela est pris en compte, je dois leur rendre compte. On a budgétisé tel projet, on ne sait jamais, on n'a pas budgétisé tel, ce que j'ai négocié au sein du conseil, ça n'a pas pris en compte, je dois leur rendre compte.

    AM : Avez-vous l'habitude d'ouvrir vos séances du conseil au public ?

    FY : Bon, les gens ne sont pas habitués, il y a manque d'information, manque de sensibilisation, les gens ne maîtrisent pas le sens, parce que moi je suis allée au moins dans trois communes, j'ai vu comment se passent les sessions. Je suis allée un jour à Bohicon, les gens étaient nombreux. Qu'est-ce qui se passe ? On dit qu'il y a session. On ma dit que c'est à des séances comme ça la population vient parce qu'ils disent ça à la radio. Ici, on ne dit pas. A moins que si moi je connais quelqu'un, si je veux, je peux dire on a telle chose aujourd'hui, est-ce que tu es disponible ? C'est se que je fais souvent. Les gens ne s'intéressent pas, ils ne savent pas que c'est leur chose, c'est leur affaire, c'est notre affaire ; il manque assez de sensibilisation pour que les gens comprennent que ça là, c'est notre chose. Même si vous ne pouvez pas parler, parce que on dit que tu ne peux pas intervenir, à la sortie tu peux appeler quelqu'un pour dire j'ai constaté telle chose dans le débat, voilà mon point de vue. J'ai assisté à de telles séances à Parakou, Glazoué, je vois comment ça se passe là-bas.

    MA : Est-ce que à Savè, les populations payent régulièrement leurs impôts et taxes ?

    FY : Oui bon, ils payent. Le receveur, il travaille bien. Le service des impôts, c'est différent, c'est parallèle. Il continue de faire son travail qu'il avait l'habitude de faire avant même l'avènement de la décentralisation. Maintenant, avec l'appui des conseillers communaux, on les aide aussi à distribuer les avis. Donc, ils font des saisies, ils font bien des saisies. Seulement, dans les périphéries, ça ne prend pas encore. Le peu que les gens donnent ici, si c'est comme ça dans les huit arrondissements, ça aura son sens.

    MA : Est-ce que le maire fait des sondages avant de prendre des grandes décisions ?

    FY : Il ne faut pas q'on dise tout à la radio. On a déjà tiré, tiré, bon on a constaté que le maire ne veut pas changer, même en notre sein. Au sein du conseil, il y a des décisions qui se prennent en désordre, sans l'avis du conseil communal à plus forte raison avec la population. Nous, en notre sein, il y a des choses qu'on fait sans chercher à consulter. Quand tu tires, tu attaques les adjoints, ils te disent « mais, on est au même niveau d'information, on est là seulement hein, il ne nous a pas informés ». Donc, c'est comme ça on les prend. Si au cours du débat, on veut s'attaquer aux adjoints, ils disent `'non'', le maire même est là demandez lui s'il nous a informés, nous-mêmes, on est pas au courant''. Il y a des choses qui se passent vraiment sans l'avis du conseil.

    Je suis arrivée, il y a des affectations en désordre, des changements de postes, des recrutements anarchiques. Vraiment ! Heureusement, on tend vers la fin du mandat. C'est déjà fini sinon, si c'était avant, vous gardez cela et puis vous convoquez une séance et c'est ça vous allez débattre tout le long de la journée ; tout le temps, vous répétez la même chose. Vous pouvez rester là sur le même sujet. Même si unanimement tout le conseil sauf lui seul dit `'ça là on ne veut pas'', il peut rester là à discuter alors que normalement, il n'a aucune force. Si tout le monde, 12 sur 13 disent ''voilà c'est ça on veut'' et toi seul tu tournes en rond, tu dis `'non, ce n'est pas ça'', ça veut dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas. En tout cas, on ne lui fait pas cadeau. Il est naturellement comme ça. On est entrain de finir hein.

    MA : Madame la conseillère, est-ce que les populations ont une idée du budget et du compte administratif de la commune ?

    FY : Non ! Est-ce que les populations sont informées de ces choses là ? Quand vous demandez, ils disent que c'est déjà affiché, si les gens veulent, ils n'ont qu'à venir. Nous, on nous présente ça, on fait des amendements ; ce qu'on ne comprend pas, parfois ils changent des articles, ce qu'on avait budgétisé, ce qui a été utilisé, s'ils ont besoin de l'argent, ils vont passer article par article pour dire que telle ligne a été reversée dans telle ligne pour faire telle dépense. En tout cas, on tire déjà vers la fin.

    MA : Quelle est la part accordée à la communication dans votre budget ?

    FY : Il y a quelque chose qui est fait à la dernière minute. Avant, rien n'était fait. Maintenant comme tout est politisé, à la dernière minute, on a pris en charge la communication. Sinon depuis, quand on parle de la communication, il dit non ; on ne sait pas comment il gère ça.

    MA : Au vu de tout ceci madame, comment pensez- vous qu'on peut améliorer la participation citoyenne aux affaires de la commune ?

    FY : Merci Moukaïla. Je remercie encore mon seigneur d'être réélue. Donc, nous on veut, on a des idées, on jette des idées, on fait des propositions. Mais comme le N°1 n'accepte pas, on souhaite que le futur maire soit quelqu'un qui accepte les propositions, qui collabore avec les membres du conseil communal pour que tout aille bien. Si déjà on collabore et on accepte les propositions de ses prochains, il n'aura pas de problème. Toi tu amènes tes idées, tes propositions, telle autre personne, la même chose. Ensemble, on va travailler. Mais cette dictature là, elle ne peut pas amener loin. Ça ne développe pas. Donc notre souhait, c'est que le prochain maire soit quelqu'un qui communique, qui accepte des propositions, qui ne fait pas la dictature pour le développement local.

    MA : Merci madame de votre collaboration.

    FY : Merci Moukaïla et du courage.

    Entretien avec monsieur Christophe OLAYE, maire de la commune de Savè :

    Moukaïla AMADOU : Pouvez-vous vous présenter s'il vous plaît ?

    Christophe OLAYE : Je m'appelle OLAYE Christophe. Je suis administrateur civil à la retraite. En 2002, j'ai pris part aux élections communales et j'ai été élu maire de Savè.

    MA : Monsieur le maire, vous êtes actuellement la première autorité de la commune de Savè. Que pouvez-vous nous dire de la gouvernance locale ?

    CO : Il faut qu'on puisse s'entendre sur cette terminologie qui est tout à fait nouvelle.

    La gouvernance, c'est d'abord le fait de gérer des affaires, une administration, et puis les affaires politiques aussi, les affaires de la décentralisation mais là en toute transparence, c'est-à-dire sans rien occulter, sans rien cacher à la population, par rapport à l'économie, par rapport aux finances, surtout aux finances, par rapport aussi aux relations que l'on doit avoir, que les citoyens doivent avoir entre eux. C'est la bonne gouvernance. C'est d'abord ma définition. Pour le contenu, on peut parler de long en large.

    MA : Monsieur le maire, quel est le rôle de la population dans la gouvernance locale ?

    CO : D'abord, la population élit ses représentants. Le fait de participer aux élections montre que le citoyen exprime et a la possibilité d'exprimer son choix, participe à la désignation de ceux qui doivent gérer la cité. C'est déjà un grand rôle de pouvoir exprimer sa voix. C'est le premier rôle. L'autre rôle, c'est que si les élections étaient allées à terme, les élections par rapport à notre mandat nous autres, n'étaient pas faites au niveau local, il n'y a pas eu les élections des conseillers de villages ou de quartiers de villes, ce qui fait que la décentralisation a perdu quelque chose sur ce plan là.

    MA : Quelles sont les relations que vous avez avec les citoyens ?

    CO : Pour aller plus vite, il faut dire que, bien que les élections des conseillers de villages et de quartiers de villes n'aient pas eu lieu, la population désigne ses représentants, tout le monde ne peut pas gouverner. Ces représentants, ce sont les conseillers et normalement, les conseillers doivent faire en sorte que les choix de la population soient exprimés dans les budgets, dans les PDC, les populations doivent être informées de la manière dont le budget est géré ; ce qui fait que chaque année lors du vote du budget, il doit y avoir des points d'information de la population. La population doit avoir la possibilité de choisir les actions qui sont amenées à son profit. Il y a toutes les occasions pour que la population s'exprime, d'être au moins un peu au courant. Par exemple, chaque 1er août, le maire fait le bilan et chaque année au moins à Savè, nous faisons le bilan de nos activités à travers un organe que moi-même maire OLAYE j'ai créé, un organe d'information auquel les autres collègues conseillers ne croyaient pas beaucoup, mais que j'ai financé moi-même pour qu'il y ait un peu plus de transparence afin que vraiment, la bonne gouvernance soit de mise à Savè. Le journal, cet organe, c'est `'Savè info''.

    MA : Monsieur le maire, est-ce que les populations participent à vos activités ? N'avez-vous pas des difficultés relationnelles ?

    CO : Les populations n'ont pas à participer puisque, disons qu'il y a un conseil communal. Si les populations doivent participer, c'est au moins que les populations contribuent au financement, à la collecte des différentes ressources, au financement des différentes actions en payant les impôts, en payant les taxes. Mais par contre, au point de vue de la gestion quotidienne, je ne vois pas comment la population peut beaucoup contribuer. Mais par contre, pour la mise en oeuvre des actions, la population contribue et est étroitement associée. Je peux vous citer le cas des projets communautaires, dans le cadre des actions du PNDCC. Les actions du PNDCC sont de deux ordres. Il y a des actions communales qui sont des actions gérées par le conseil communal, en fait c'est l'exécutif, le maire et les conseillers, et les actions communautaires directement par les communautés elles-mêmes, qu'on appelle les communautés à la base, tout cela évidemment avec l'appui des services techniques de la mairie de la commune.

    MA : Quels sont, selon vous les obstacles, les problèmes que les populations ont à participer aux actions du développement communal ?

    CO : Il n'y a pas d'obstacles en tant que tels. Ça peut faire désordre que tout le monde veuille gérer. C'est pour ça qu'au niveau national, on a un gouvernement avec des ministres qui doivent gérer et rendre compte. Pour faire le parallèle, on a l'Assemblée Nationale qui contrôle et sanctionne. C'est ainsi qu'au niveau communal, on a l'exécutif composé du maire et ses adjoints et de tous les services de la commune, le conseil communal qui vote le budget et contrôle les actions du maire, l'assistance et le contrôle de la légalité de la tutelle. Mais penser que toute la population veuille s'emparer du conseil pour gérer, ça ferait trop pagaille.

    Par contre, si les populations sont bien organisées en associations, ces actions peuvent être d'une grande utilité pour dénoncer les irrégularités.

    MA : Les objectifs de votre PDC sont-ils atteints ?

    CO : Notre PDC, c'est 2005-2009, on a déjà atteint près de 86% de mise en oeuvre, nous avons dépassé largement les objectifs. C'est ce que je peux dire en un mot.

    MA : Par quels moyens motivez-vous la population ?

    CO : La plus grande motivation, c'est d'abord de réaliser. Le maire de Savè que je suis n'a jamais cherché à faire campagne pour que les gens voient qu'il réalise. Il préfère mettre en oeuvre pour que les actions soient visibles. Exemple, si nous faisons un hôtel, toit le monde sait qu'il existe, si nous faisons des ponts, tout le monde peut passer, on roule facilement parce que le pont existe. Nous avons le marché central que nous sommes entrain de transformer en centre commercial avec des boutiques flamboyantes. Il n'y a pas de raison que les gens ne voient pas ces actions. Les gens ont moins soif et ils constatent qu'il y a moins de difficultés à aller chercher l'eau et ces actions motivent et permettent aux gens d'accepter de payer les impôts et taxes et je puis vous dire qu'en matière d'impôts et taxes, on est passé, on a multiplié par deux et demi les recettes fiscales. Ça veut dire que les gens sont motivés, ils voient, concrètement que leur argent est investi et non dilapidé.

    MA : Monsieur le maire, est-ce que votre commune dispose d'un plan de communication ?

    CO : Bien sûr que la commune dispose d'un plan de communication. D'abord, nous avons un responsable de la communication. Ensuite, grâce à un partenaire, c'était PRODECOM, nous avons pu élaborer un plan de communication qui nous permet de faire des émissions de sensibilisation sur des problèmes de santé, d'environnement, de fiscalité et cela est prévu directement au budget, financé par le budget de la commune.

    MA : Quels sont vos canaux de communication ?

    CO : Pour le moment, c'est d'abord la radio. Il y a aussi le journal `'Savè info'' pour autant que les gens acceptent de lire puisque les gens n'aiment pas payer.

    MA : Est-ce que ces moyens de communication sont adaptés au contexte socio-culturel de la commune ?

    CO : Je ne peux pas dire si ces moyens conviennent. Mais la radio convient certainement parce que tout le monde écoute la radio. Bon, le journal, ceux qui veulent lire achètent. C'est une question de culture ou plutôt de mentalité. On lit très peu dans notre pays. Le journal est vendu à 200F, douze pages. Mais 200F, ça ne fait pas une petite bière ; pourtant les gens préfèrent boire un casier de bière plutôt que de lire un exemplaire de journal.

    MA : Avez-vous l'habitude d'organiser des séances d'information à l'endroit des populations ?

    CO : Les conseillers peuvent le faire dans leur village. Les CA le font et rendent compte. Mais des séances d'information puisqu'il y a tout le temps des réunions, on a des floraisons de réunions. Mais ces séances ne peuvent jamais remplacer les émissions à la radio puisque la radio rend compte du budget, des actions de remise de sites ou bien de la mise en oeuvre de projets.

    MA : Est-ce que les séances du conseil communal sont ouvertes au public ?

    CO : Bien sûr. Parfois, nous informons. Les réunions du conseil sont précédées d'affiches sur la tenue de ces réunions et nous informons la population par la voix de la radio communautaire, mais quand les sujets sont importants, mais pas tout le temps. Tout le monde sait que la loi a prévu que les séances soient ouvertes à la population.

    MA : Les populations payent-elles régulièrement leurs impôts et taxes ?

    OC : On en a parlé pendant longtemps à Savè ici. C'était la guéguerre entre le maire et les populations puisqu'il y a des gens qui ont toujours cherché la mort du maire, tuer le maire et n'ont arrêté les embuscades qu'en juin 2007, donc tout dernièrement, il n'y a même pas un an. Ça veut dire qu'à peine à quelques mois de la fin du mandat les gens ont arrêté. Il y a ceux que je peux considérer de l'opposition, particulièrement, je peux dire les gens de CAP-SURU, parti non enregistré officiellement, du mouvement CAP-SURU qui ont toujours tout fait pour faire de la désinformation, et pour inciter la population à l'incivisme, particulièrement à l'incivisme fiscal. Mais malgré cela, comme la population a constaté que malgré la chasse au maire, le maire continue de faire ce que personne n'a jamais fait, continue de faire des réalisations concrètes, des actions qui permettent d'avoir de l'eau, qui permettent d'avoir des services marchands, qui permettent de faire des routes, des voies, à les désenclaver, qui permettent de faire des ponts, qui permettent d'avoir des classes, des écoles sans attendre le transfère des compétences, etc. La population s'est mise sincèrement à payer ses impôts et j'ai dit qu'on n'est passé à deux fois et demi, à trois fois de recettes.

    MA : Monsieur le maire, faites-vous de sondages d'opinions avant de prendre d'importantes décisions ?

    CO : Jamais de sondages d'opinions. Il n'y a pas d'organe de sondages d'opinions. Ce serait du mensonge si quelqu'un dit que cela se fait au Bénin. Il ment. Bon, il y a l'ORTB qui parfois envoie des gens interroger quelques individus, ça ne peut jamais constituer de vrais sondages d'opinions et de toute manière, nous n'avons pas d'organe au Bénin, organe technique, scientifique, de statisticiens pour enfin organiser ce genre de sondage.

    MA : Les populations ont-elles une idée du budget communal et de votre compte administratif ?

    CO : Probablement, puisqu'à l'occasion de tous les budgets, nous rendons compte, nous faisons largement écho du budget.

    MA : Et quelle est la part accordée à la communication dans le budget ?

    CO : D'emblée, je n'ai pas les chiffres en têtes. Mais ce que je peux dire, il y a les communiqués, dans la communication, il y a les communiqués, c'est deux millions de francs CFA pour la communication, vous pouvez vous adresser à la radio. Nous les aidons aussi à s'équiper. La preuve, c'est que l'un de leurs matériels, l'émetteur était très faible et c'est grâce à la commune avec une contribution de deux millions et demi l'année dernière que l'émetteur porte un peu plus loin et nous avons prévu 2,5 millions encore cette année pour leur permettre d'avoir un ampli pour que `'Idadu FM'' puisse être entendu à Parakou, peut-être au-delà. Nous faisons des efforts sur ce plan. Et puis nous avons prévu de façon constante environ 750 millions pour la sensibilisation sur l'environnement, sur les maladies.

    MA : On le voit de nos jours, monsieur le maire, la participation des gens est très importante pour le développement local. Comment peut- on améliorer la gouvernance locale selon vous ?

    CO : Il faut dire que le gouvernement est entrain de corriger les insuffisances au niveau électoral, au niveau légal. La contribution sera beaucoup plus forte puisque la matière à travailler de ces conseillers élus, c'est d'abord les informations sur les actions menées au niveau un peu plus central, au niveau de la mairie. Et l'aide directe sera recherchée de ces conseillers de villages ou de quartiers de villes. Ils n'ont rien d'autres à faire que de sensibiliser, d'informer, de faire faire le travail de salubrité, le travail surtout de lutte contre la délinquance, le banditisme, donc de sécurité et sur ces actions de façon variée, nous attendons une contribution de la population et non une contribution désordonnée où les gens veulent juste prendre part aux réunions pour voir ce qui s'y passe, où les gens se querellent de façon désordonnée sans savoir ce sur quoi ils se querellent. Par contre comme l'Etat a prévu que ces élections s'élargissent, c'est à partir de maintenant qu'on pourrait avoir la contribution de la population de façon réelle parce qu'il faut tout organiser, il ne faut pas faire de l'anarchie, de la pagaille, du désordre. Ce n'est pas dans ce désordre, parce que chacun veut ceci, qu'on tire dans tous les sens en désordre. Si vous sensibilisez les gens, ils comprendront qu'il n'y a pas de raison de pourchasser les maires parce qu'ils ne sont pas ceux qu'ils ont toujours vus à l'oeuvre et qui n'ont jamais rien réalisé. A Savè, ils n'ont jamais rien fait, jamais depuis 1960. Ils se sont même opposés au développement, même pour faire certaines voies. Vous avez vu Savè, une commune d'où sont sortis tellement de cadres qu'on vente, je crois à tort d'ailleurs. Voila, vous avez vu dans quel contexte, vous voyez, il n'y a même pas un mètre de goudron. Moi j'ai essayé hein, j'ai fait 200 mètres de goudron, justement de voie bitumée avec l'aide d'un responsable du ministère des travaux publics. Toute de suite, ceux qui n'ont pas voulu que nous ayons un bilan ont tout fait pour casser ce monsieur pour qu'on ne puisse pas progresser et ça s'est arrêté là. Si Savè n'était pas traversé par une voie inter Etat, on n'aurait pas la voie bitumée que vous avez vue. Voila les problèmes.

    MA : Que faire donc au vu de tous ces problèmes pour améliorer la décentralisation, la gestion de la commune de Savè ?

    CO : Moi je pense d'abord qu'il faut respecter la République. Que les chefferies traditionnelles, les chefs, les chefs supérieurs, moi je ne les appellerais pas rois, ils n'y a pas de roi au Bénin, il y a des chefs traditionnels qu'ils ne faut pas mépriser non plus, ils ont leur rôle à jouer. Mais que chacun reste, se cantonne à jouer le rôle qui est le sien, mais la République doit demeurer la République. Il faut que les politiciens traditionnels cessent de manipuler les populations à travers les chefs traditionnels, la chefferie traditionnelle qu'ils corrompent à souhait. Il faut aussi cesser de réussir aux élections en corrompant la population ; l'argent doit disparaître. Que les gens fassent la politique un peu comme s'ils s'adonnent à leur religion. Voyez quand vous êtes chrétien, vous êtes fidèle, vous contribuez à l'église tous les jours, vous êtes mobilisé sans demander de l'argent, c'est vous qui donnez de l'argent. Quand vous êtes musulman, c'est pareil. Mais quand vous êtes militant de parti, n'attendez pas qu'on vous donne de l'argent, au contraire, il faut dépenser pour faire passer votre idéal. Vous avez un idéal que vous caressez.

    Donc quelque part, il faudrait que les textes réorganisent le fonctionnement, réorganisent la politique, la politique de la politique.

    MA : Merci monsieur le maire pour cet entretien.

    CO : Merci Moukaïla, mais vous n'avez pas prévu que ce devrait être un entretien sur les questions de ce genre. Je croyais que vous voulez faire un mémoire. En tout cas, merci.

    TABLE DES MATIERES

    Dédicaces....................................................................................................i

    Remerciements..............................................................................................ii Sigles et acronymes..........................................................................................v

    Résumé.....................................................................................................vii

    Summary...................................................................................................viii

    Sommaire...................................................................................................ix

    Introduction...............................................................................................1

    Chapitre I : Cadre théorique de la recherche.......................................................3

    1.1-Revue de littérature......................................................................... . 3

    1.2- Clarification et généralités sur les concepts.............................................11

    1.2.1-Gouvernance locale.......................................................................11

    1.2.1.1- Définition et types de gouvernance locale..........................................11

    1.2.12- Indicateurs de bonne gouvernance locale...........................................14

    1.2.2- Participation...............................................................................15

    1.2.3- Développement local.....................................................................17

    1.2.4- Communication...........................................................................17

    1.2.4.1- Caractéristiques et niveaux de communication locale...........................19

    1.2.4.1.1-Caractéristiques.......................................................................19

    1.2.4.1.2- Les différents niveaux de communication locale................................20

    1.2.4.1.2.1- La communication interne.......................................................20

    1.2.4.1.2.2- La communication externe.......................................................20

    1.2.4.2- Types de communication et outils....................................................21

    1.2.4.2.1- Communication de masse..........................................................21

    1.2.4.2.2- Communication de proximité......................................................22

    1.2.4.2.3- Communication traditionnelle.....................................................22

    1.2.4.2.4- Communication institutionnelle...................................................23

    1.3- Problématique et hypothèse...............................................................23

    1.3.1- Problématique............................................................................23

    1.3.2- Hypothèse.................................................................................26

    1.4- Modèle d'analyse............................................................................26

    Chapitre II : Aire géographique de la recherche..................................................29

    2.1- Justification du choix de l'aire.............................................................29

    2.2- Présentation de l'aire géographique de l'étude...........................................30

    2.2.1- Aspects physiques et démographiques.................................................30

    2.2.2- Organisation administrative ... ...........................................................31

    2.2.3- La vie économique..........................................................................32

    Chapitre III : Démarche méthodologique..........................................................34

    3.1-Population d'enquête et d'échantillonnage............................................34

    3.1.1- Type d'étude- population d'enquête et groupes cibles................................34

    3.1.1.1- Type d'étude.............................................................................34

    3.1.1.2- Population d'enquête..................................................................34

    3.1.1.3- Groupes cibles..........................................................................34

    3.1.2- Echantillonnage...........................................................................34

    3.1.2.1- Méthode d'échantillonnage............................................................34

    3.1.2.1.1- Choix raisonné.......................................................................34

    3.1.2.1.2- Choix au hasard.......................................................................35

    3.1.2.2- Technique d'échantillonnage.........................................................35

    3.1.2.3- Taille d'échantillon.....................................................................35

    3.2- Outils et techniques de collecte des données..........................................36

    3.2.1- Outils de collecte de données............................................................36

    3.2.1.1- Les techniques..........................................................................36

    3.2.1.2- La collecte de données................................................................36

    3.3- Déroulement des enquêtes...............................................................37

    3.4- Gestion des données et difficultés rencontrées.......................................37

    3.4.1- Gestion des données.....................................................................37

    3.4.2- Difficultés rencontrées..................................................................37

    Chapitre IV : Présentation et analyse des résultats...............................................39

    4.1- Présentation des résultats...............................................................39

    4.1.1- La conscience citoyenne des populations...............................................39

    4.1.2- Le niveau d'implication des citoyens.................................................40

    4.1.3- Le niveau d'information des citoyens...................................................42

    4.1.4-La consultation des affiches de la mairie par les citoyens.....................................................................................................44 4.1.5- Existence et adaptation des moyens locaux de communication...........................................................................................45

    4.1.6- Le niveau de satisfaction des populations de la gestion de la commune...................................................................................................46 4.2- Analyse des résultats...............................................................................47

    4.2.1- Cadre législatif et réglementaire de la participation citoyenne à l'action communale au Bénin.......................................................................................................47

    4.2.1.1- Information du public..........................................................................48

    4.2.1.2- L'accès aux documents administratifs.......................................................48

    4.2.1.3- L'implication du citoyen dans les affaires locales..........................................49

    4.2.2.- La communication, clé de voûte de la participation citoyenne et du développement local.........................................................................................................50

    4.2.3- Analyse des résultats..............................................................................52

    4.2.3.1- Rapport élus locaux et citoyens ...............................................................52

    4.2.3.2- Rapport gouvernance et communication....................................................55

    4.3-Perspectives................................................................................................58

    4.3.1-Vers la mise en place d'une stratégie de communication locale.................................58

    4.3.2- Vers la création d'un cadre de concertation au niveau communal...............................60

    .4.3.3-La réalisation d'enquêtes publiques : une nécessité..........................................63

    Conclusion et suggestions..............................................................................64

    Bibliographie..............................................................................................67

    Annexes.....................................................................................................71Table des matières.........................................................................................89

    * 1 La communication pour un développement à dimension humaine. Rome : FAO, p1.

    * 2 Le Municipal, Quid de la décentralisation, 2006.

    * 3 Echos des communes, N°13 2008

    * 4 NEUCHWANDER a été cité par NUTSUGAN Kodjo Mawusi Augustin dans son mémoire de fin de premier cycle en STID à l'ENA intitulé « la communication locale comme moteur de développement de la future commune de Comé''.

    * 5 Mairie de Savè, Programme d'Appui au Démarrage des Communes (PRODECOM), Union Européenne (2004). Plan de Développement Communal

    * 6 Idem.

    * 7 Article 2 de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999.

    * 8 Article34 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999.

    * 9 Article 54 de la loi n°98-007

    * 10 Article 33 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999.

    * 11 DEHOUMON, P., (2006). La décentralisation entre Risques et Espoirs, COPEF, Cotonou.

    * 12 Cité par NUTSUGAN, A., (1998). La communication comme moteur du développement de la future commune de Comè. ENAM/ UAC.

    * 13 Cité par NUTSUGAN, A., (1998). La communication comme moteur du développement de la future commune de Comè. ENAM/ UAC.

    * 14 `'Savè info'' est un mensuel d'information de la commune de Savè créé en 2007.






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