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Justice, équité et égalité entre philosophie utilitariste et Science économique: Bentham, Mill, et Rawls

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par Didier HAGBE
Université Lyon II - Master 2 Histoire des théories économiques et managériales 2005
  

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Chapitre III l'utilitarisme de Bentham versus l'utilitarisme de Mill.

De Bentham, Mill retient le principe de l'utilité, mais le principe seulement. Encore donne-t-il au mot «utile» un tout autre sens que Bentham, en distinguant soigneusement «l'utile» de «l'expédient». On peut définir les principes de l'utilitarisme en tant que théorie éthique, ou doctrine éthique qui pose en hypothèse qu ce qui est «utile» est bon et que l'utilité peut être déterminée d'une manière rationnelle83(*). Cette théorie découle du bon sens: il faut faire les choses utiles et éviter les choses inutiles. Les conséquences de nos actes ne sont pas complètement bonnes ou mauvaises. Il faut en prendre le solde. Tout le monde partage, un peu ce rationalisme là, c'est une philosophie sociale empiriste, fondée sur l'expérience.

Les utilitarismes de Mill et de Bentham ont pour point commun de ne prendre en compte que les sensations et le plaisir et les peines qui en découlent. La différence entre les deux tient dans la prise en compte de la diversité des plaisirs et des peines quand il s'agit de déterminer si une action est bonne ou mauvaise. Pour l'utilitarisme égoïste, une action est bonne si elle procure du plaisir à son auteur, elle est mauvaise si elle lui procure de la peine. Pour l'utilitarisme égoïste, en outre, une action qui entraîne du plaisir pour lui sera bonne même si elle a des conséquences néfastes pour autrui. Pour Mill, une action ne peut être bonne si elle entraîne plus de déplaisir pour autrui que de plaisir pour soi. Pour Mill, ce qui compte c'est le plaisir du plus grand nombre: « Chacun doit compter pour un, personne pour plus d'un »

Mill et Bentham appelèrent leur doctrine « utilitarisme », non pas parce qu'elle mettait en avant la recherche de l'utilité individuelle comme facteur qui explique les actions humaines mais parce qu'elle propose l'utilité publique - le bonheur de la communauté - comme critère pour les juger. L'utilitarisme est donc une philosophie qui fait de l'utilité le seul critère de la moralité84(*).

L'utilitarisme attaque le concept du droit naturel, elle se veut au départ individualiste, l'utilitarisme veut émanciper l'individu. L'individu doit obéir à l'utilitaire, car plaisir et souffrance sont loi de la nature. Le droit doit servir le bien et éviter le mal. Il est un instrument et non un but en soi.

-Une action est moralement correcte si et seulement s'il n'y a aucune action alternative qui engendre une félicité majeure chez les personnes concernées.

-Une action est moralement due si et seulement si toute autre action alternative produit une félicité mineure chez les personnes concernées.

-Une action est moralement erronée si et seulement si elle n'est pas moralement correcte.

Ainsi l'utilitarisme de Bentham et de Mill défend l'idée qu'un comportement ou une politique moralement juste est celui ou celle qui produit le plus grand bonheur des membres de la société. A ce titre on peut donc considérer l'utilitarisme comme une morale politique. La morale de l'utilitarisme ne dépend pas de l'existence de Dieu, de l'âme ou d'une autre entité métaphysique improbable. Le bien que l'utilitarisme entend promouvoir [le bonheur, ou le bien être - est un objectif que nous poursuivons tous pour nous-mêmes et pour ceux que nous aimons.

Deux aspects sont à prendre en considération: le premier aspect établi par les utilitaristes, c'est que cette recherche du bien être [utilité] soit effectuée impartialement, pour chacun des membres de la société. Le deuxième aspect est son conséquentialisme.

Mill l'économiste, sans renoncer à admettre comme valables les travaux des économistes libéraux concernant la production des richesses, affirme que leur répartition n'obéit pas à des lois inflexibles, mais peut et doit être organisée par la volonté humaine en quête de la justice.

Du côté de Bentham, vu que la morale fondée sur le principe de l'utilité de chaque acte personnel est excessivement individualiste, la doctrine de Bentham débouche sur la nécessité d'un Etat «arbitre impartial». Au niveau individuel est considéré comme juste le comportement qui maximise l'excès d'une somme de plaisirs sur une somme des peines. Au niveau collectif le bonheur du tout social qu'est la société sera la somme des plaisirs et des peines ressentis par l'ensemble des individus: sera socialement juste l'organisation de la société qui assure le plus grand bonheur du plus grand nombre. Le bien ainsi désigné comme l'utilité prend ici une forme hédoniste (Maximiser les plaisirs et minimiser les souffrances). Le comportement juste s'en suit par simple maximisation du bien. Le principe de l'utilité constitue la référence commune des théoriciens de l'économie du bien être, soucieux des aspects éthiques de l'allocation des ressources rares.

L'utilitarisme de Mill est un utilitarisme social teinté de libéralisme et d'individualisme : on juge des actions par leurs conséquences sur le bonheur individuel. La rationalité individuelle permet de confronter les désirs aux moyens de les satisfaire, l'adaptation des moyens aux fins.

Selon Mill, «la seule preuve qu'on puisse donner pour établir qu'une chose est désirable, c'est qu'en fait on la désire. Si la fin que la doctrine utilitariste admet pour son compte, n'était pas, en théorie et en pratique, reconnue comme étant une fin, rien ne pourrait jamais convaincre qui que ce soit qu'elle en est une.»85(*). «Et chaque personne désire son propre bonheur, dans toute la mesure où elle croît pouvoir l'atteindre. [...] le bonheur de chaque personne est un bien pour cette personne, et le bonheur général est donc un bien pour toutes les personnes prises dans leur ensemble.»86(*)

Selon le principe du plus grand bonheur, la fin dernière par rapport à laquelle et pour laquelle toutes les autres choses sont désirables (que nous considérions notre propre bien ou celui des autres) est une existence aussi exempte que possible de douleurs, aussi riche que possible en jouissances, envisagées du double point de vue de la quantité et de la qualité, la règle qui permet de l'apprécier en l'opposant à la quantité [for measuring it, against quantity], c'est la préférence affirmée [felt] par les hommes qui, en raison des occasions fournies par leur expérience, en raison aussi de l'habitude qu'ils ont de la prise de conscience [self consciousness] et de l'introspection [self observation] sont le mieux pourvus de moyens de comparaison. Telle est, selon l'opinion utilitariste, la fin de l'activité humaine, et par conséquent aussi, le critérium de la moralité.

Section I. - Les caractéristiques de l'utilitarisme de Bentham et de Mill

L'utilitarisme existe en de nombreuses versions différentes (sans doute plus de cent si l'on tient compte de toutes les variantes), suivant que l'on applique ce principe au choix des actes ou au choix des règles, suivant l'extension donnée aux notions de plaisir et de douleur, suivant que l'on cherche à maximiser le plaisir ou la satisfaction des préférences, suivant l'étendue de l'ensemble des «êtres affectés» susceptibles d'être pris en compte, suivant qu'il s'agisse de considérer les conséquences effectives ou les conséquences attendues.

Parmi les philosophes moraux, utilitariste est un adjectif signifiant quelque chose comme relatif à l'utilitarisme, et sert aussi comme nom pour désigner les défenseurs de l'utilitarisme.

Utilitarisme n'a pas d'emploi courant en dehors du monde académique; par contre, utilitariste sert d'adjectif pour décrire une certaine attitude. Dans ce sens, avoir une attitude utilitariste envers quelque chose est ne lui attribuer d'autre valeur que comme moyen pour une fin.

On prend une attitude utilitariste envers d'autres gens si on ne les considère comme importants que dans la mesure où ils sont utiles ou nuisibles à son propre plaisir, ou à sa promotion, ou à sa recherche du pouvoir, ou à l'avancement de sa cause.

La confusion entre les deux sens du mot utilitariste est rendue encore plus difficile à éviter par une objection courante soulevée à l'encontre de l'utilitarisme. On reproche en effet à cette théorie d'exiger dans de nombreuses circonstances le sacrifice des intérêts d'une minorité dans le but de maximiser les satisfactions de la majorité. Cette objection peut être fondée, ou ne pas l'être; la littérature à ce propos est immense. Mais même dans un tel cas l'utilitarisme exige que les intérêts de chacun soient pris en compte de façon égale. Aucun être sensible concerné par une décision ne doit être traité comme un simple moyen pour les fins d'autrui.

Le mot utilitarisme employé en philosophie fait référence à une certaine théorie de l'acte juste, théorie dont les défenseurs classiques sont Jeremy Bentham, John Stuart Mill et Henry Sidgwick. L'acte juste dans une situation donnée, c'est-à-dire l'acte qu'il faut choisir, est, selon l'utilitarisme, celui qui produira le plus grand solde possible de plaisir, compté positivement, et de douleur, comptée négativement, pour tous les êtres affectés par cet acte. Si aucun acte possible ne produira de solde positif de plaisir, alors l'acte juste est celui qui produira le plus petit solde de douleur.

On définira donc la doctrine utilitariste par deux éléments essentiels : en premier lieu, c'est d'abord, un welfarisme, et en second lieu, c'est un conséquentialisme, en troisième lieu, c'est une théorie axiologique.

Premièrement l'utilitarisme est un welfarisme, c'est-à-dire une thèse sur le summum bonum87(*) que recherche, directement, tout être humain rationnel. Pour l'utilitarisme, c'est le bonheur et on appellera alors «utilité» ce qui contribue au bonheur, au bien- être de tout être rationnel, et non pas ce qui est simplement instrumental pour une fin, quelle qu'elle soit88(*). L'utilitarisme en déduit qu'il ne faut pas chercher ailleurs le critère du bien et du mal moral: c'est le «le principe du plus grand bonheur du plus grand nombre, chacun comptant de manière égale»89(*). On parle aussi de conséquentialisme welfariste: le bien des individus, la seule chose qui intervienne dans l'évaluation des conséquences, est exclusivement conçu comme leur niveau de bien-être [welfare].

Cependant il est à noter que concernant le Summum Bonum, dès les premières pages de l'utilitarisme,90(*), la morale de Mill apparaît comme singulièrement différente, par son esprit, de celle de Bentham. Mill pose le problème moral en termes de philosophie ancienne, se réfère à Socrate et à Platon, et attribue même à Socrate l'honneur d'avoir défendu dès l'antiquité la thèse utilitariste. Bentham, lui, n'avait que mépris pour les philosophes de l'antiquité. Les conceptions anciennes du Souverain Bien lui paraissaient ridicules91(*).

Cet aspect implique que nous vérifions à chaque fois si le comportement ou la politique en question produisent ou non un bien-être identifiable. Nous avons tous eu affaire à des gens qui prétendent que telle ou telle activité est moralement condamnable, tout en étant incapables de signaler les conséquences censément négatives qui en découleraient. Le conséquentialisme nous défend de formuler de tels interdits, ci elles ont toute l'apparence de l'arbitraire moral. Il exige que quiconque condamne un comportement donné démontre que quelqu'un d'autre est lésé par ce comportement, qu'il a des conséquences nuisibles pour la vie d'un tiers. De même, du point de vue conséquentialiste, un comportement n'est moralement louable que s'il bénéficie en même temps à quelqu'un d'autre.

L'utilitarisme correspond donc à deux de nos intuitions essentielles: la première concerne l'importance de bien-être humain, et la seconde le fait que les règles morales doivent être testées en fonction de leurs conséquences pour ce bien-être. En découle alors une première règle: si le bien visé par la morale est le bien-être de l'humanité, alors le comportement le plus recommandable du point de vue moral est certainement celui qui maximise ce bien être en accordant une égale importante au bien être de chaque individu. Le conséquentialisme propose une méthode simple et directe pour résoudre les questions morales: il suffit d'évaluer le degré de bien-être des individus, plutôt qu'à consulter des autorités spirituelles ou à s'appuyer sur d'obscures traditions. «Historiquement, l'utilitarisme était donc une doctrine fort progressiste, elle exigeait en effet que les coutumes et les autorités qui avaient opprimé l'humanité pendant des siècles soient jugées en vertu du critère du progrès humain (l'homme est la mesure de toutes choses) ».92(*)

En deuxième lieu, l'utilitarisme est un conséquentialisme, c'est-à-dire qu'il circonscrit soigneusement le domaine légitime du jugement moral: c'est l'action qui doit être jugée et ses conséquences pour le plus grand bonheur du plus grand nombre, non le caractère de l'agent ou ses motifs. Sans cette limitation, on sortirait du rationnel pour entrer dans le domaine des jugements de valeur arbitraires et la philosophie morale perdrait toute autonomie. L'utilitarisme ne juge que ce qui est observable, et la justesse d'un acte se juge d'après ses conséquences. En effet les actions, les politiques et les institutions ne sont pas jugées en fonction de leur nature intrinsèque, ni en fonctions des intentions qui les inspirent, ni des vertus qu'elles manifestent ou des devoirs auxquels elles se conforment; elles seront jugés en fonctions des conséquences que l'on peut leur attribuer. L'utilitarisme se présente donc comme un conséquentialisme individualiste.

Le conséquentialisme nous demande d'oeuvrer directement ou indirectement à la promotion du meilleur état de choses possible, meilleur non pas pour moi personnellement, mais pour tous ceux qui sont concernés, c'est-à-dire meilleur d'un point de vue impartial ou impersonnel93(*). Ce genre de principe inspire une éthique qu'on a plutôt l'habitude de dire concrète: l'éthique de la responsabilité, par opposition à l'éthique de la conviction94(*). Le conséquentialisme est une théorie impérative en ce sens qu'elle se focalise sur les actions et les principes et non sur la personnalité ou le caractère des agents95(*). Le conséquentialisme est de type téléologique96(*), car il faut toujours faire le plus de bien et le moins de mal possible ou, plus exactement, faire en sorte que le bien excède le mal dans l'ensemble. Ce qui est intéressant bien sûr, c'est tout ce qui en dérive du point de vue de l'éthique normative.

On peut envisager la possibilité que le meilleur résultat d'ensemble sera généralement celui qui vient en conséquence d'actions accomplies à la suite d'un calcul réfléchi portant sur leurs avantages et leurs inconvénients du point de vue du bien être du plus grand nombre. « C'est ce que supposent les utilitaristes de l'acte dont la doctrine est conséquentialiste. Mais il y a aussi des raisons de penser que le meilleur résultat d'ensemble sera généralement celui qui vient en conséquence d'actions accomplies sans calcul, conformément à certaines règles de devoir et d'obligation courantes telles que tenir ses promesses, ne pas mentir, ne pas tuer des innocents, etc.). C'est ce qu'affirme les utilitaristes des règles dont la doctrine est aussi conséquentialiste. »97(*)

Pour le conséquentialiste, des règles morales telles que: «il ne faut pas porter de faux témoignages», «il ne faut pas tuer des civils innocents», «il ne faut pas torturer» sont justifiées par des valeurs: la vérité, le respect de l'autonomie et de l'intégrité physique ou psychologique d'autrui, la vie humaine. C'est en cela que sa conception de la justice morale des règles est téléologique: ce sont les valeurs visées qui leur donnent un caractère moral.

Le conséquentialisme suggère donc que nous ayons à coeur de promouvoir l'utilité des individus et, idéalement, nous voudrions pour satisfaire toutes les préférences informées de tous les individus. Malheureusement, une telle ambition est impossible à réaliser. Les ressources disponibles pour satisfaire les préférences des gens sont limitées. En outre, ces préférences peuvent entrer en conflit entre elles.

Quelles sont donc les préférences que nous devons satisfaire en priorité? D'un point de vue conséquentialiste, ce sont les conséquences en terme de bien-être humain qui comptent. Mais que se passe-t-il si le bien-être d'un individu entre en conflit avec celui d'un autre? Pour répondre à cette question, il faut développer le contenu de l'approche conséquentialiste. Comment l'utilitarisme développe-t-il l'idée que nous devons promouvoir l'utilité des individus? Nous avons vu que les utilitaristes affirment que l'action moralement bonne est celle qui maximise l'utilité - c'est-à-dire celle qui satisfait le plus grand nombre possible de préférences informées.

Les préférences de certaines personnes ne seront pas satisfaites si elles entrent en conflit avec la maximisation globale de l'utilité. C'est regrettable, mais étant donné que le nombre des gagnants l'emporte nécessairement sur celui des perdants, il n' y a aucune raison que les préférences de ces derniers aient la priorité sur celles des gagnants, qui sont plus nombreuses (ou plus intenses)98(*).

Du point de vue utilitariste, une quantité donnée d'utilité pèse du même poids moral q'une quantité équivalente, quels qu'en soient les bénéficiaires. Dans le calcul des utilités, personne n'occupe de position privilégiée, personne ne peut revendiquer un plus grand bénéfice de tel ou tel acte utilitariste. C'est pourquoi nous devrions favoriser les conséquences qui satisfont le plus grand nombre possible de préférences (informés) parmi les membres de la société. Pourtant, notre intuition nous suggère que, lorsqu'il est impossible de satisfaire toutes les préférences, toutes les qualités équivalentes d'utilité ne pèsent pas nécessairement du même poids moral.

Dans des travaux récents, Kymlicka soulignait la différence des deux interprétations de l'utilitarisme en ce qui concerne l'identité de ce «nous»: dans la première, chacun d'entre nous est censé agir conformément à des principes utilitaristes, y compris dans nos actions les plus personnelles (il s'agit de l'utilitarisme moral généralisé); dans la seconde, ce sont les principales institutions sociales qui ont l'obligation d'obéir à des principes utilitaristes (il s'agit de l'utilitarisme politique).99(*)

Il y a également deux façons de concevoir l'idée d'agir conformément à des principes utilitaristes: dans le premier cas, l'agent doit orienter son action en appliquant consciemment le calcul des utilités, en essayant de voir comment chaque action particulière peut affecter la satisfaction des préférences informés, il s'agit ici de l'Utilitarisme direct de Bentham.

Dans le second cas, le principe de maximisation de l'utilité n'entre qu'indirectement (voire pas du tout) dans le processus de décision de l'agent. Les actions moralement bonnes sont celles qui maximisent l'utilité, mais les agents sont plus susceptibles de la maximiser en obéissant à des règles ou à des habitudes non utilitaristes q'en mettant en oeuvre un raisonnement utilitariste, c'est l'utilitarisme de Mill, L'Utilitarisme indirect.

Troisièmement, l'utilitarisme de Mill est un théorie axiologique100(*), (valeur - qualité) qui est en philosophie la théorie des valeurs morales. Cette théorie cherche à établir une hiérarchie entre les valeurs et se composent en deux parties: l'éthique et l'esthétique. Elle peut aussi désigner la science de la qualité.

Section II - La théorie économique de l'utilité et les comparaisons interpersonnelles d'utilité: distinction entre l'utilitarisme qualitatif de Mill versus l'utilitarisme quantitatif de Bentham

Mill va tenter de concilier les thèses de Bentham avec les nouvelles conceptions de l'individu et de la société qui se développent en Allemagne avec Herder, et en France avec les Saint-simoniens et Auguste Comte. Conciliation difficile qui le conduira à formuler un «utilitarisme indirect» pour lequel le bonheur ou le plaisir, au sens du bonheur général, n'est pas directement la fin de l'action bonne, mais le principe qui la rend moralement valable, ce qui permet de distinguer qualitativement entre les différents plaisirs.

Le principe d'utilité heurte le côté rationnel. Il n'est pas possible de rejeter le principe de l'utilité. Si on le remplace par un autre principe, c'est qu'il en existe un plus utile. Et il retombe donc dans le principe. Tout est utilité. Comme on est déjà en présence du meilleur principe, on ne peut pas le rejeter. Cependant, ce raisonnement est un sophisme, car le meilleur est considéré comme le plus utile.

Pour Mill, ce n'est pas seulement la quantité. Le principe de qualité rentre en jeu, car tous les plaisirs ne se valent pas. Il y a une échelle qualitative des plaisirs. L'altruisme est aussi naturel chez l'homme que la recherche de son propre désir égoïste. Le concept de justice rejoint le concept d'utilité. L'utilité est liée à la notification de sécurité juridique. Lorsqu'on analyse le concept éthique, c'est d'abord l'expérience qui nous parle. Ce qui est juste est aussi utile.

Mill introduit donc l'idée d'une différence qualitative entre les plaisirs. L'expérience nous apprend à discriminer entre plaisirs nobles et bas dont nous seuls sommes les juges compétents. D'autre part, il affirme la multiplicité des composantes du bonheur. La culture de soi, de notre caractère, le développement de l'individualité à travers l'expérience de la diversité constitue le visage proprement humain du bonheur qui ne se réduit pas à une addition de satisfactions et d'expériences agréables. Le principe d'utilité ne peut donc s'appliquer que dans un contexte où l'éducation et les conditions sociales permettent si ce n'est à tous, en tout cas à une large majorité, de réaliser leurs potentialités, ce qui est, en définitive, la définition du bonheur pour Mill. Il va donc proposer sa version modifiée de l'utilitarisme et différente de celle de Bentham.

Mill introduit ici une autre dimension, d'une part, sa morale, comme d'ailleurs celle de Bentham, a résolument rompu ses attaches avec la métaphysique plus ou moins servante des croyances religieuses; elle devient une technique qui est liée aux sciences humaines; et la fin suprême, à la réalisation de laquelle tous les efforts doivent tendre dans tous les domaines, nous est révélée par l'expérience: c'est le bonheur de l'homme. Mais d'autre part, en faisant une place à l'aesthetics, qui relève, selon lui, du sentiment et de l'imagination, il fait leur part aux exigences du romantisme de son temps.

Mill ne voit pas d'opposition entre l'intérêt individuel et l'intérêt général. Pour Mill, il y a un sentiment d'injustice. On ressent cela face à un mal infligé à la société même s'il ne nous concerne pas. Ce mal doit être réprimé. Mill se rapproche de Kant d'une certaine manière. Selon l'impératif kantien, la conduite doit être telle que tous les êtres raisonnables puissent l'adopter avec profit pour l'intérêt collectif.

Généralement, cette position de Mill est considérée comme opposée à l'idée benthamienne que la valeur intrinsèque positive d'un plaisir varie seulement en fonction de ses «dimensions», où les dimensions ont le même «poids», on interprète cette position de Mill comme assument que «certains plaisirs sont intrinsèquement meilleurs que d'autres, même s'ils sont moins intenses et/ou de moindre durée». Cette position de Mill peut entraîner quelques objections:

On peut objecter que cette distinction entre qualités de plaisir apparaît très ambiguë, et il ne pourrait pas être autrement. Mill semble réduire la différence qualitative à une différence quantitative marquée par des discontinuités dans la fonction d'utilité. Un plaisir est qualitativement supérieur lorsqu'il est désiré beaucoup plus qu'un autre plaisir (un plaisir inférieur) au plus haut degré, même lorsqu'il est accompagné d'une plus grande somme d'insatisfaction.

En effet, cette distinction paraît donc problématique, car elle ne tient pas compte des différentes dimensions du plaisir/peine. Un plaisir «inférieur» en intensité mais durable pourrait être plus grand qu'un plaisir supérieur de courte durée. Ou bien l'intensité a un poids supérieur à la durée, mais de combien? Ajoutant un critère qualitatif, Mill rend le calcul de l'utilité plus difficile.

La seule réponse acceptable à ces objections est de renoncer totalement au calcul et d'y substituer une hiérarchie de plaisirs de différente valeur intrinsèque, établie (de façon apparemment consensuelle) par ceux qui ont éprouvé les plaisirs supérieurs.

Mais peut-on renoncer vraiment au calcul? Personne ne nie la valeur supérieure de la vertu, de l'instruction, de la liberté, mais peut-on les justifier comme plaisirs en soi sans égard aux conséquences? Si je dois choisir maintenant entre lire un livre et donner à boire à une personne mourant de soif, je peux dire - suivant à la lettre le raisonnement de Mill - que la vertu consistant à sauver la vie d'un homme l'emporte en tant que plaisir sur le plaisir de l'instruction. Mais si chef d'état ou président d'une fondation je dois établir dans mon budget la proportion entre l'argent donné pour financer l'instruction et l'argent donné en aide au tiers monde, comment je peux juger? Il faut que je trouve une justification basée sur les conséquences immédiates et lointaines de ces financements. Autrement je serais obligé à financer seulement le «plaisir» prioritaire (probablement celui d'aider le tiers monde, qui ne peut être compensé par l'autre même au plus haut degré)! Remarquer que selon l'approche de Mill, instruction, vertu deviennent désirables comme plaisirs en soi et non pas comme moyens à d'autres plaisirs.

Pour Mill, il faut admettre, que les auteurs utilitaristes101(*) ont, en général, situé la supériorité des plaisirs de l'esprit sur les plaisirs du corps essentiellement dans leur plus grande permanence, sécurité, économie, etc.- c'est-à-dire dans leurs avantages accessoires plutôt que dans leur nature intrinsèque.

Et, sur tous ces points, les utilitaristes ont pleinement prouvé leur thèse; mais il auraient pu placer le débat sur un autre terrain, qu'on a le droit d'appeler plus élevé, tout en restant pleinement en accord avec eux-mêmes. Il est tout à fait compatible avec le principe d'utilité de reconnaître le fait que certaines espèces de plaisirs sont plus désirables et plus précieuses que d'autres. Alors que, lorsqu'on évalue toutes les autres choses, on considère la qualité tout autant que la quantité, il serait absurde que, pour les plaisirs, l'estimation soit censée ne dépendre que de la seule quantité.

Selon Mill, ce qui fait la différence de qualité entre des plaisirs, ou ce qui fait qu'un plaisir est plus précieux qu'un autre, en tant simplement que plaisir, mis à part le fait qu'il soit plus grand quantitativement [greater in amount], se résume en une seule réponse possible: de deux plaisirs, s'il en est un auquel tous ceux, ou presque, qui ont l'expérience de l'un et de l'autre accordent une préférence bien arrêtée, sans qu'intervienne aucune obligation morale de le préférer, c'est ce plaisir-là qui est le plus désirable. Si l'un des deux est placé si haut au-dessus de l'autre par ceux qui ont l'expérience compétente des deux, au point qu'ils le préfèrent même en sachant qu'il est obtenu au prix d'une plus grande somme d'insatisfaction [discontent], et qu'ils n'y renonceraient en échange d'aucune quantité de l'autre plaisir, aussi grande que ce dont leur nature est capable, nous sommes fondés d'attribuer à la satisfaction [jouissance] ainsi préférée une supériorité en qualité qui l'emporte tellement sur la quantité que celle-ci, en comparaison ne compte guère, ou compte peu.102(*)

Or c'est un fait incontestable que ceux qui connaissent également bien l'un et l'autre mode de vie, et sont également capables de les apprécier et d'en tirer une satisfaction, accordent une préférence très marquée à celui qui fait appel à leurs facultés nobles.

Peu de créatures humaines consentiraient à être changées en l'un quelconque des animaux inférieurs en échange de la promesse de la quantité maximale des plaisirs de la bête; aucun être humain intelligent ne consentirait à être un imbécile, aucun être instruit à être un ignorant, aucune personne capable de sentiment (feeling) et de conscience à être égoïste et vile, même si on les persuadait que l'imbécile, l'ignorant et la canaille sont plus contents chacun de son lot respectif qu'eux ne le sont du leur. Ils ne voudraient pas renoncer à ce qu'ils possèdent de plus que ces gens-là en échange de la satisfaction la plus complète de tous les désirs qu'ils ont en commun avec eux. [...].

D'après Mill, « les êtres humains ont des facultés plus élevées que les appétits animaux et, lorsqu'ils ont pris conscience de ces facultés, ils n'envisagent plus comme étant le bonheur un état où elles ne trouveraient pas satisfaction»103(*). En effet l'être humain à des plaisirs qu'il doit à l'intelligence, à la sensibilité, à l'imagination et aux sentiments moraux, qui a priori sembleraient absents chez les animaux.

Quelle est selon Mill, la conséquence du fait que «les êtres humains ont des facultés plus élevées que les appétits animaux»?

Ici aussi, personne ne nie la valeur intrinsèque d'une noble aspiration à s'améliorer, qui se base sur l'insatisfaction des résultats acquis. Mill semble dire que Socrate insatisfait est quelqu'un qui poursuit une chose qui a une valeur félicifique intrinsèque, l'autonomie, le perfectionnement humain, et qui n'est pas comparable aux plaisirs inférieurs. Donc même insatisfait, Socrate est «heureux» au sens où il poursuit cette valeur. Mais Socrate insatisfait est acceptable seulement s'il y a un moment dans lequel sa recherche produit du plaisir, c'est-à-dire si ses espérances de plaisir le compensent (ou compensent quelqu'un d'autre, ou le monde entier) de ses souffrances!

On peut objecter que bien des gens qui sont capables de goûter les plaisirs supérieurs leurs préfèrent à l'occasion [...], les plaisirs inférieurs. Mais ce choix n'est nullement incompatible avec l'affirmation catégorique de la supériorité intrinsèque des plaisirs supérieurs104(*).

Mill ne défend guère ce que l'on pourrait appeler sa « doctrine des niveaux hiérarchiques du bonheur ». Cette théorie dit que les hommes ne sont pas prêts à sacrifier une quantité donnée de plaisirs de qualité inférieure. Selon Mill, la possession de facultés supérieures rend possible l'expérience de qualité supérieure, mais demande davantage pour être heureux, et entraîne aussi une plus grande vulnérabilité à la souffrance qu'un être de type inférieur. Mais les gens ne voudraient pas renoncer à leurs facultés supérieures pour réduire cette vulnérabilité, même s'ils le pouvaient.

Bentham considère que le bonheur est lié à la quantité de plaisir. Il en a donc une conception quantitative, arithmétique. Pour Mill, au contraire, ce qui importe est la qualité des plaisirs. Par exemple, les plaisirs de l'esprit sont plus importants que ceux du corps. Pour Mill préférer les plaisirs de l'esprit au plaisirs du corps, relève d'un sens de la dignité que tous les êtres humains possèdent, sous une forme ou une autre en proportion - mais pas, bien entendu, en proportion exacte - de leurs plus hautes facultés et qui est une partie si essentielle du bonheur de ceux chez qui il est développé que rien de ce qui entre en conflit avec lui ne pourrait être, autrement que pour un instant, l'objet de leur désir. Quiconque suppose que cette préférence s'exerce au détriment du bonheur - que l'être supérieur, dans des circonstances équivalentes, n'est pas plus heureux que l'inférieur - confond deux idées extrêmement différentes, celle de bonheur et celle de satisfaction. Il est incontestable que l'être dont les capacités à éprouver de la satisfaction sont faibles à les plus grandes chances de les satisfaire pleinement; et un être très doué aura toujours le sentiment que le bonheur, quel qu'il soit, qu'il peut rechercher sera imparfait, le monde étant ce qu'il est.

Mais il peut apprendre à en supporter les imperfections, dans la mesure où elles sont supportables; et elles ne le rendront pas envieux de celui qui, à la vérité, est inconscient de ces imperfections seulement parce qu'il n'a aucune idée du bien qu'elles limitent.

Dans le chapitre II de son livre L'Utilitarisme,105(*) Mill présente son analyse du summum bonum comme ce qui le distingue de Bentham. Est-il ou non, lui aussi, un hédoniste comme Bentham, c'est-à-dire quelqu'un qui fait du plaisir le bien suprême? Mill reste hédoniste, mais, défenseur de la liberté individuelle, il refuse la relation causale directe entre les actions humaines et la recherche de la satisfaction que Bentham croyait pouvoir observer. Rien ne distinguerait l'homme de la bête alors que, pour lui, «Il vaut mieux être un être humain insatisfait [dissatisfied] qu'un porc satisfait, Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. Et si l'imbécile ou le porc sont d'avis différent, c'est parce qu'ils ne connaissent que leur version de la question. L'homme à qui on les compare connaît les deux côtés »106(*).

Le bilan félicifique inter-temporel de l'individu supérieur insatisfait doit être supérieur à celui de l'individu inférieur satisfait [content]107(*). Autrement comment continuer à affirmer que plaisir et absence de douleur ont une valeur intrinsèque? L'insatisfaction en soi n'est pas un plaisir, et le travail de la recherche non plus. Elles sont des moyens à des plaisirs futurs. Eventuellement à des plaisirs supérieurs, mais à des plaisirs tout de même.

De plus, les plaisirs visés par Socrate sont-ils seulement ses propres plaisirs (supérieurs, mais égoïstes), les plaisirs de l'autonome recherche de perfectionnement humain ou sont-ils ceux de toute l'humanité qui bénéficiera de ce perfectionnement? Mill pourrait répondre: les deux en même temps (rappelons nous de sa double définition de «chose désirable».

Pour Mill les deux éléments qui rendent une chose désirable sont :

-le plaisir q'elle procure directement (fin en soi)

- les plaisirs (ou l'élimination de douleurs) qu'elle est susceptible de procurer (moyen).

D'autre part on peut aussi objecter que bien de ceux qui sont capables de plaisirs nobles se laissent parfois tenter de donner la priorité aux plaisirs plus bas. Mais cela est tout à fait compatible avec une pleine appréciation de la supériorité intrinsèque des plaisirs nobles. Souvent, les hommes, par faiblesse de caractère, choisissent le bien le plus proche tout en sachant qu'il a moins de prix; et cela n'est pas moins vrai quand il faut choisir entre deux plaisirs physiques que lorsque le choix est entre plaisir physique et mental. Quelques fois les hommes recherchent les plaisirs sensuels au détriment de la santé tout en sachant parfaitement que la santé est bien plus importante.

«Les hommes perdent leurs aspirations supérieures comme ils perdent leurs goûts intellectuels, parce qu'ils n'ont pas le temps ou l'occasion de les satisfaire; et ils s'adonnent à des plaisirs inférieurs non parce qu'ils les préfèrent délibérément, mais parce que ce sont soit les seuls auxquels ils aient accès soit les seuls qu'ils soient désormais capable d'apprécier, ou encore les seuls dont ils soient capables de jouir un peu plus longtemps»108(*). On est en droit de douter si un homme qui serait demeuré sensible de manière égale aux deux catégories de plaisirs a jamais préféré les plus bas en connaissance de cause et de sang-froid; toutefois il y a bien des gens qui, à tout âge, se sont épuisés dans un vain effort pour combiner les deux. On pourrait alors se demander, pourquoi les personnes expérimentées préfèrent parfois les plaisirs inférieurs aux plaisirs supérieurs? A cela Mill donne deux explications : la faiblesse de caractère et l'opportunisme. Mill a en même temps une argumentation très circulaire, pour lui les bons plaisirs sont ceux qui sont préférés par les bonnes personnes.

Mill pense qu'on ne peut pas faire appel de ce verdict prononcé par les seuls juges compétents. Pour lui, lorsqu'il s'agit de décider lequel des deux plaisirs est le plus digne d'être obtenu ou lequel des deux modes de vie est, en dehors des attributs moraux et de ses conséquences, le plus satisfaisant pour les sentiments (feelings), le jugement de ceux qui sont qualifiés par leur connaissance de l'un et de l'autre ou, s'ils ne sont pas d'accord entre eux, celui de leur majorité doit être admis comme définitif.

Mill se pose la question du bonheur109(*) que nous pouvons espérer: lorsque on affirme catégoriquement qu'il est impossible qu la vie humaine soit heureuse, cette assertion, sans être un pur jeu de mots, n'en reste pas moins une exagération. Si l'on entend par bonheur une série continue d'exaltations [excitement] très agréables, il est évident qu'une telle chose est impossible. «un état de plaisir exalté ne dure qu'un moment, dans certains cas quelques heures, quelques jours même, et encore avec des interruptions; c'est l'embrassement occasionnel et éclatant de la jouissance, ce n'en est pas la flamme permanente et stable»110(*). C'est là une chose dont étaient pleinement conscients aussi bien les philosophes qui ont enseigné que le bonheur est la fin de l'existence humaine que ceux qui les ont fustigés. Ce qu'ils entendaient par bonheur n'était certes pas une vie de délices, mais une vie qui connaît des moments de ce genre avec des douleurs peu nombreuses et passagères, des plaisirs nombreux et variés, avec une nette prédominance de l'action sur la passivité, et dont le fondement est l'idée qu'il ne faut attendre plus de la vie que ce qu'elle peut donner.

* 83 On peut parler de Méta Éthique, théorie de l'action rationnelle.

* 84 Il est important de préserver la distinction voulue par Mill entre moral, la morale au sens des moeurs, et morality, la moralité.

* 85 Mill, L'Utilitarisme, p.104

* 86 Mill, Ibid. 104

* 87 Summum bonum = le Souverain Bien.

* 88 C'est le sens de la distinction, en anglais, entre useful, ce qui produit une satisfaction des besoins humains ou des désirs humains, et expedient, ce qui sert une fin, quelle qu'elle soit.

* 89 Bentham, Introduction aux principes de morale et de législation.

* 90 Mill, L'Utilitarisme, P. 37

* 91 Voir Bentham, La Déontologie, p. 49-72 de la traduction Laroche.

* 92 Kymlicka, Les théories de la justice, une introduction, pp. 19-20

* 93 Monique Canto-Sperber, La philosophie Morale, Chap.III, page 83- Samuel Scheffler, The Rejection of Consequentialism, Oxford, Clarendon Press, édition révisée, 1994.

* 94 Max Weber, Le savant et le politique `1919).

* 95 Sidgwick, The Methods of Ethics, p. 105-106

* 96 Téléologie : du grec télos, fin et logos, discours. Etude des fins, en particulier des fins humaines, c'est-à-dire du but auquel tend un acte. Par extension, étude des fins que se proposerait la nature conçue comme providence.

* 97 Monique Canto-Sperber, La philosophie morale, éd. PUF 2006, Chap. III , p. 85

* 98 Voir Will Kymlicka, Les théories de la justice, p. 28, 2003.

* 99 Voir Kymlicka, Les théories de la justice 2003

* 100 Du grec axia, valeur, qualité

* 101 Mill vise Bentham et son analyse du plaisir.

* 102 Mill, L'utilitarisme, Chap. II, P.52

* 103 Ibid., p. 50

* 104 Ibid., p.54

* 105 Ibid., p. 54

* 106 Platon désigne le philosophe comme le seul juge compétent de la qualité des plaisirs parce que lui seul possède les trois parties de l'âme auxquelles correspondent ces qualités. Mill se réfère ici très probablement à ce texte (République, liv.IX).

* 107 La distinction entre satisfaction [content] et le bonheur [happiness] est d'une importance capitale dans la morale de Mill. Mill reproche d'ailleurs à Bentham de ne pas distinguer les deux.

* 108 Ibid., p. 55

* 109 Mill fait la différence entre bonheur [happiness] et satisfaction [content], et fait apparaître l'importance de deux notions : les aspirations et la dignité.

* 110 Ibid., p. 59

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