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Pêche et Environnement : Perceptions de la surexploitation halieutique et des stratégies de gestion par les pêcheurs artisans de Mbour et de Joal (Sénégal).

( Télécharger le fichier original )
par Mamadou Diakhaté LO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2005
  

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Université Cheikh Anta DIOP de Dakar Organisation des Nations Unies

Faculté des Lettres et Sciences Humaines pour l'Education, la Science et la

Département de Géographie Culture

DEA Chaire UNESCO / UCAD

« Gestion intégrée et développement durable des régions côtières et des petites îles »

Mémoire de DEA

Pêche et environnement : Perceptions de la

surexploitation halieutique et des stratégies

de gestion par les pêcheurs artisans

de Mbour et de Joal.

Présenté par : Sous la direction de :

M. Mamadou Diakhaté LÔ M. Amadou Tahirou DIAW,

Maître de Conférence de Géographie (UCAD) M. Amadou Abdoul SOW,

Maître-assistant de Géographie (UCAD).

Sigles et acronymes

AMP : Aire Marine Protégée

BAD : Banque Africaine de Développement

BU : Bibliothèque Universitaire

CCM : Centre Communautaire Multimédia

CLP : Conseil Local de Pêche

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CNPS : Collectif National des Pêcheurs du Sénégal

CONIPAS : Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanale du Sénégal

CRODT : Centre de Recherche Océanographique Dakar / Thiaroye

DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies

DPM : Direction de la Pêche Maritime

DPS : Direction de la Prévision et de la Statistique

ENDA Diapol : ONG Enda Tiers Monde Prospective et Dialogues Politiques

ENEA : Ecole Nationale d' Economie Appliquée

FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

FENAGIE : Fédération Nationale des Groupements d'intérêt Economique de pêcheurs

FENAMS : Fédération Nationale des Mareyeurs du Sénégal

FENATRANS : Fédération Nationale des Transformateurs du Sénégal

GAIPES : Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche au Sénégal

GIE : Groupement d'intérêt Economique

GIRMaC : Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

MARP : Méthode Active de Recherche Participative

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PAPA SUD : Programme d' Appui à la Pêche Artisanale

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

TER : Travail d'Etude et de Recherche

TIC : Technologie de l'Information et de la Communication

UGB : Université Gaston Berger

UICN : Union Mondiale Pour la Nature

UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar

UAGIEMS : Union Nationale des GIE de Mareyeurs du Sénégal

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

WWF: Fonds Mondial pour la Nature (World Fund Nature)

ZEE : Zone Economique Exclusive

Sommaire

Sigles et acronymes

Sommaire

Avant propos Problématique Méthodologie Cadre conceptuel

Introduction

Première partie : Physionomie de la pêche artisanale à Mbour et à Joal

Chapitre I : Les fondements de la pêche Chapitre II : Les activités annexes de la pêche

Deuxième partie : Modes d'exploitation et perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs

Chapitre I : Modes d'exploitation des ressources halieutiques

Chapitre II : Perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs et étude des impacts socioéconomiques

Troisième partie : Perception des stratégies de gestion par les pêcheurs

Chapitre I : Les stratégies de gestion des ressources halieutiques Chapitre II : Perception des stratégies de gestion par les pêcheurs

Conclusion

Avant propos

Cette étude de perceptions s'inscrit dans le cadre général de l'aménagement et de la gestion des pêches au Sénégal.

A travers l'exemple des sites de pêche de Mbour et de Joal, nous tentons d'abord de voir comment les pêcheurs perçoivent les mutations biologiques auxquelles le milieu marin est soumis actuellement, ensuite nous essayons de faire une revue des stratégies de gestion des ressources halieutiques avant de faire ressortir la perception des acteurs sur ces mesures de gestion.

Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidé à réaliser ce travail. Parmi celles-ci, nous citons particulièrement :

> Monsieur Amadou Tahirou Diaw, Maître de Conférence de Géographie, pour avoir accepté d'assurer la direction scientifique de ce TER,

> Monsieur Amadou Abdoul Sow, Maître-assistant de Géographie. Ses remarques et ses suggestions nous ont toujours été d'un grand apport,

> L'UNESCO qui nous a accordé une subvention,

> Messieurs Mamadou Ndao et Samba Sarr, respectivement chefs des postes des pêches maritimes de Joal et de Mbour ainsi que tout le personnel,

> Monsieur Badou Ndoye et Amet Fall, respectivement président et secrétaire général du comité de gestion du quai de pêche de Mbour,

> L'ensemble des acteurs de la pêche à Mbour et à Joal,

> Notre camarade Khalifa Seck ainsi que toute sa famille pour l'hébergement et l'

accueil très chaleureux à Joal,

> Mon père, mes frères et soeurs ainsi que tout le reste de ma famille pour le soutien matériel et moral qu'ils n'ont jamais cessé de m'apporter,

> Mes amis et camarades de promotion pour leurs encouragements : Serigne Saliou Léye, Ibou Thiam, El hadji Ibrahima Thiam, Ibrahima Sylla, Idy Guiro, Aminata Mengue, Mamadou Mbengue, Seynabou Ndiaye, Masseye Séye.

Je remercie tous ceux qui de prés ou de loin ont participé à la réalisation de ce mémoire.

Problématique

L'élan de solidarité dont fait montre la communauté internationale depuis la fin de la seconde guerre mondiale sur les questions cruciales qui interpellent l'humanité, n'a pas épargné la problématique de la conservation de la biodiversité marine et côtière.

De l'adoption de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer en 1982 jusqu'au sommet de la Terre à Durban (Afrique du Sud) en 2002, en passant par l'adoption de la convention sur la diversité biologique en 1992 et celle du code de conduite pour une pêche responsable élaboré par la FAO en 1995, la volonté politique de promouvoir une meilleure utilisation des ressources marines et côtières se précise de plus en plus.

Cette grande mobilisation des décideurs s'explique par le fait que notre planète est confrontée à une sérieuse crise des pêches qui risque de compromettre la survie des communautés littorales. En effet, les problèmes de la pêche ne se posent plus seulement en terme économique. Ils intègrent dorénavant la dimension environnementale en raison de la dégradation des ressources halieutiques qui s'accentue sous l'effet combiné de l'accroissement rapide de la population, de la croissance économique et des moyens technologiques.

En Afrique, la pêche en mer a beaucoup progressé au cours de ces 30 dernières années, et la plupart des stocks démerseaux seraient pleinement exploités (PNUE, 2003).

Par contre au Sénégal, les captures ont baissé de plus de 10% depuis 1997 et n'ont atteint que 375000 tonnes sur l'ensemble du pays en 2003 selon la DPM. Des prévisions annoncent une baisse de production de poisson par habitant de 34,8 kg à 23,9 kg / an entre 1995 et 2010. Aujourd'hui, la situation suscite beaucoup d'inquiétudes compte tenu du rôle social, économique et nutritionnel que joue la pêche dans notre pays.

Le secteur de la pêche emploie prés de 600 000 personnes, soit le quart de la population active du pays. Il contribue à lui seul pour 30% des exportations et génère d'importantes entrées de devises (200 milliards de FCFA). Ses contributions au secteur primaire et au PIB total sont respectivement estimées à 12 et 2,5 %. Sur le plan nutritionnel, les produits halieutiques sont une grande source de protéines animales (75 %) pour les sénégalais (Source : DPM, 2003).

On comprend dés lors pourquoi l'Etat du Sénégal et des ONG telles que le WWF ou Océanium ainsi que certaines organisations communautaires locales s'emploient à accroître les efforts de gestion de l'écosystème marin sénégalais dans une perspective de durabilité; et ceci, sous plusieurs formes :

> La mise en place par le gouvernement d'un code de la pêche (loi N° 98-32 du 14 avril 1998) applicable sur toute la ZEE dont les principaux axes s'articulent autour de la délimitation des zones de pêche (industrielle et artisanale), la réglementation du maillage des filets, la prohibition d'engins de pêche destructeurs comme les monofilemments, etc.,

> La signature d'accords de pêche pour sauvegarder les ressources,

> La surveillance des activités de pêche dans la ZEE avec la mise en place d'un réseau de salles de surveillance côtière équipées de matériels sophistiqués,

> L'aménagement d'une AMP à Bamboung et bientôt de 4 autres à Abéné (Ziguinchor), à Kayar, à Joal-Fadiouth et à Saint-Louis,

> La réglementation de l'accès à la ressource : attribution de permis de pêche aux pêcheurs artisanaux moyennant une redevance annuell. Ce qui signifierait l'arrêt du régime de l'accès libre à la ressource,

> L'instauration du repos biologique dans les pêcheries artisanales et industrielles pour limiter la mortalité par pêche et permettre la régénération des espèces comme le poulpe ou le Cymbium (yet),

> La mise en place d'un programme national de gestion intégrée dénommé GIRMaC dont l'objectif global est de promouvoir « la croissance de la pêche du Sénégal tout en préservant les habitats naturels importants pour la biodiversité et la satisfaction des besoins socio-économiques des secteurs concernés, particulièrement les communautés locales », etc.

Autant d'efforts fournis qui devraient permettre d'espérer des lendemains meilleurs surtout pour la pêche artisanale où l'accès libre à la ressource constitue l'une des principales causes de diminution des ressources halieutiques.

Mais au-delà de la description de l'état actuel des ressources marines et de l'appréciation que nous venons de porter sur ces stratégies de gestion, il serait intéressant de faire ressortir le niveau de perception des acteurs à la base.

Autrement dit, les pêcheurs sont-ils suffisamment sensibles aux modifications biologiques de leur milieu de travail et aux efforts de gestion ? Quelles appréciations en font-ils ? Quelles mesures préconisent-ils pour renforcer les mécanismes de gestion des ressources halieutiques ?

Pour réaliser cette étude, nous avons choisi de nous limiter aux centres de pêche de Mbour et de Joal qui fournissent prés de 40% de la production nationale de la pêche artisanale (source : DPS, 2003).

Le choix porté sur ces sites se justifie pour deux raisons fondamentales :

D'une part, Mbour et Joal appartiennent à la Petite Côte identifiée aujourd'hui comme la zone la plus touchée par la diminution des ressources halieutiques causée surtout par l'importance de la pêche aux juvéniles.

D'autre part, ces centres de pêche sont le lieu de beaucoup d'interventions en matière de gestion des ressources marines et côtières avec notamment des organismes internationaux tels que le WWF ou l'UICN.

Les objectifs de ce travail sont les suivants :

· Apprécier le niveau de connaissance des pêcheurs sur les mutations auxquelles le milieu
marin est soumis ainsi que leurs conséquences environnementales et socioéconomiques,

· Etudier les différentes pratiques et stratégies de gestion des ressources marines initiées afin de minimiser les effets indésirables de la surexploitation halieutique,

· Chercher à avoir une idée de la perception des méthodes de gestion par les acteurs.

Les hypothèses posées sont :

+ Face à certaines pratiques de pêche non durables, des risques d'épuisement des stocks existent.

+ Les pêcheurs sont convaincus de la nécessité de l'application de mesures de gestion efficaces.

+ Leur perception des mesures de gestion n'est pas entièrement positive.

Méthodologie générale

Cette étude s'articule autour de trois étapes : la revue de la bibliographie, les études de terrain et le traitement des informations.

1. La revue de la bibliographie

Elle nous a mené dans divers centres de documentation répartis entre les institutions universitaires, organismes de recherche et services publics (BU-UCAD, IRD, ENEA, DPM, CSE, CRODT, etc.). Elle nous permet de comprendre les différents aspects de la pêche artisanale au Sénégal et sa contribution dans l'économie ainsi que les problèmes auxquels elle est confrontée. Nos principales sources d'informations proviennent de plusieurs ouvrages spécialisés, de textes et rapports, d'articles de journaux ainsi que des sites web des organismes spécialisés sur les questions de recherches liées à la pêche et à l'environnement marin et côtier.

Pour l'essentiel, les documents peuvent être classés en trois catégories : les ouvrages d'ordre général, ceux spécifiques portant sur la problématique de la gestion des ressources halieutiques et les études faites sur les communes de Mbour et de Joal.

Les travaux de Van Chi Bonardel (1967), Domain F. (1976), Llrés B. (1986), Diop O. (2000) ont mis en évidence l'importance de la pêche artisanale au Sénégal et de ses activités annexes. Ils ont d'une part retracé son évolution et son intégration dans l' économie et d'autre part analysé les conditions naturelles et sociologiques de son développement.

A leur suite, Mbaye A. (2003) a tenté de mettre en évidence les conditions qui influent sur les options techniques des groupes de pêcheurs dans l'exploitation des ressources halieutiques. Il s'est aperçu que « plus une technique représente des caractéristiques qui sont en adéquation avec les conditions (structures sociales) dans lesquelles vivent les pêcheurs plus elle est adaptée et inversement ».

Les documents spécifiques portant sur la problématique de la gestion des ressources halieutiques sont plus récents et concernent des études réalisées pour la plupart par des organismes privés ou internationaux.

Le PNUE, ENDA DiaPol et le CRODT ont dans une étude intitulée « Impacts socioéconomiques
et environnementaux de la libéralisation du commerce sur la gestion durable des ressources

naturelles : Etude de cas sur le secteur de la pêche au Sénégal » et achevé en 2000, fait ressortir les rapports entre l'environnement, le commerce et une gestion durable des ressources. Ils ont notamment tenté de cerner les facteurs de crise de la pêche qui sont surtout liés au choix d'appliquer « une politique commerciale résolument tournée vers l'extérieur ».

Le rapport de 2004 publié par le PNUE a proposé, en collaboration avec le Ministère de l'Economie Maritime et les organisations communautaires de base, un système de régulation de l'accès à la ressource pour les embarcations artisanales dont le noeud est le paiement de droits d'accès.

Les études faites sur les zones étudiées (Mbour et Joal) sont abondantes et ont trait pour la plupart à la géomorphologie (Benga-1985; Dieng-1992; Faye-1995), aux questions d'aménagement et d'urbanisme (Diéne- 1993; Diack-2000) et au secteur de la pêche.

Parmi les travaux réalisés dans le secteur de la pêche, on peut citer pour la zone de Joal, ceux de Bâ O. (1985) qui a étudié les systèmes d'exploitation et de distribution des produits de la mer avant d'esquisser les problèmes urbains induits par le développement des activités de pêche. Sagne E. (2004) a réfléchi sur les problèmes d'accès au crédit lié notamment à son caractère aléatoire. Aussi, préconise-t-il le développement de réseaux sociaux et la mise en place d'un système d'assurance par l'Etat pour sécuriser les financements.

La dernière étude sur la commune de Joal est faite par Diouf M. B. L. (2005). Elle a tenté d'expliquer le problème de la diminution des ressources halieutiques par la dynamique marine actuelle de la Petite côte et les interventions de l'homme sur la ressource. Par ailleurs, les différentes actions entreprises pour une bonne gestion des ressource ont été analysées.

Pour la zone de Mbour, nous retiendrons deux études principalement.

Celle de Diop K. (2001) a essayé de cerner l'espace polarisé par le centre de pêche de Mbour en identifiant les différentes formes de distribution que sont le mareyage et la commercialisation des produits transformés. Aussi a-t-elle constaté que l'aire de desserte ne se limite pas au marché national et qu'elle s'étend dans la sous-région.

L'étude de Diouf P. M. (2004) a établi les relations entre la pêche et l' insertion urbaine à Mbour. Pour lui, grâce à son pouvoir attractif et à la diversité de ses maillons, la pêche permet une insertion facile aux migrants qui viennent de divers horizons.

Cette littérature est loin d'être exhaustive. Mais elle nous permet de voir que de nombreux aspects liés au milieu physique et à l'économie maritime ont été différemment abordés. Cependant, il faut regretter le fait que les problèmes environnementaux de la pêche n'aient pas été suffisamment abordés.

Nous savons que les communes de Mbour et de Joal constituent des centres économiques très actifs du fait de leur position littorale et par conséquent de leurs énormes potentialités en ressources maritimes dont l'exploitation attire en effet les populations des autres régions. Ce qui ne manque pas d'avoir des incidences sur l'environnement et en particulier marin et côtier. D'où les interventions croissantes de l'Etat et de certains organismes pour minimiser les effets induits.

Aussi, notre étude se propose t-il dans un premier temps de faire une analyse de la perception des modifications et risques induits par les activités anthropiques sur l'écosystème marin, ensuite de faire une revue globale des stratégies de gestion des ressources marines et enfin de voir le niveau de perception de ces mécanismes de gestion par les acteurs de la pêche.

2. Les études de terrain

Elles se sont déroulées du 20 août au 15 septembre 2005 et nous ont permis de recueillir des informations utiles grâce à deux techniques d'enquêtes : les enquêtes quantitatives et les enquêtes qualitatives.

a. Les enquêtes quantitatives

Elles se résument à l'interview directe faite à l'aide d'un questionnaire administré aux capitaines- piroguiers (voir en annexes).

C'est pour être sûr de rencontrer de véritables professionnels de la pêche que nous avons choisi d' interroger les capitanes-piroguiers en raison de leur connaissance du milieu marin et de leur ancienneté dans le métier.

Le capitaine-piroguier est le responsable de la pirogue et des pêcheurs à bord. Il est chargé de mener les opérations de pêche et de cibler les espèces à capturer.

La méthode statistique d'échantillonnage utilisée pour interroger ces personnes est le choix raisonné. Nous avons pris un échantillon de 40 individus, sur chaque site, répartis selon les techniques de pêche pratiquées sur place et leur importance. Pour la zone de Joal, nous nous sommes appuyé sur le dernier rapport annuel (2004) établi par le poste de contrôle des pêches maritimes. Cependant à Mbour nous n'avons pu disposer de rapport officiel. C'est pourquoi nous avons procédé directement à l'échantillonnage en tenant compte de l'importance de chacun des types de pêche sur la base de l'observation directe.

Nous présentons l'échantillon dans le tableau 1.

Tableau 1 : Présentation de l'échantillon

Types de pêche

Zones d'étude

 

Mbour

LPG

12

8

LM

12

7

FD

5

12

FMF

4

4

ST

4

6

SP

3

3

Total

40

40

 

Source : Poste de contrôle de Joal et enquêtes personnelles, 2005.

SP : Senne de Plage, ST: Senne Tournante, FMF : Filet Maillant de Fond, FD : Filet Dormant, LM : Ligne Motorisée, LPG : Ligne Pirogue Glacière.

L'échantillon comprend globalement 80 pêcheurs soit 40 individus interrogés à Mbour et 40 à Joal. Nous avons nous-même administré le questionnaire.

Pour nous assurer de rencontrer chaque individu une seule fois, nous avons consacré une journée voire deux pour chaque type de pêche. Ainsi, sur chacun des deux sites visités, les enquêtes quantitatives ont duré au maximum huit jours.

b. Les enquêtes qualitatives

Elles concernent uniquement les entretiens semi-structurés et les focus group.

Nous avons consulté des personnes ressources (chefs de postes de contrôle des pêches maritimes, présidents de GIE, femmes transformatrices, mareyeurs, etc.) avec qui nous avons eu des entretiens sur la rareté des ressources halieutiques, les méthodes d'aménagement et la nouvelle réglementation de l'accès à la ressource.

Nous avons aussi organisé des focus group sur les plages. Nos cibles principales étaient les jeunes pêcheurs et ceux en retraite.

3. Le traitement et l'analyse des informations

Les données recueillies sur le terrain ont été dépouillées manuellement avant traitement. Les résultats obtenus sont répartis en trois grandes parties de deux chapitres chacune.

+ Première partie : Physionomie de la pêche artisanale à Mbour et à Joal.

+ Deuxième partie : Modes d'exploitation et perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs artisans.

+ Troisième partie : Perception des stratégies de gestion des ressources halieutiques par les pêcheurs artisans.

Cadre conceptuel

Plusieurs concepts sont utilisés dans cette étude. Voici le sens que chacun de ces concepts indique.

Démersale * : Qualifie les espèces vivant au fond des mers sans en être totalement dépendantes. Au Sénégal, les principales espèces démersales qu'on retrouve sont : les mérous (principalement le thiof), les machoirons, les badéches, les dorades, les soles, les requins, les seiches, le poulpes, le Cymbium, etc.

Gestion des ressources : C'est l'utilisation rationnelle, prudente et planifiée des ressources disponibles dans une perspective de durabilité.

Juvéniles : Ce sont de jeunes poissons immatures, c'est-à-dire qui n'ont pas encore atteint leur taille et âge de maturité.

Mille nautique (ou mille marin) : C'est l'unité utilisée en navigation maritime et aérienne. 1 mille est égale à 1 852 mètres.

Pêche responsable : C'est un concept qui prend en charge la question de l'utilisation et de la conservation des ressources marines et de l'écosystème. En termes plus techniques, il indique que la mortalité totale par pêche, permet le maintien du rendement équilibré à long terme, que l'environnement marin est préservé et que la biodiversité de l'écosystème n'est pas menacée (FAO, 1995).

Pêcherie : C'est l'ensemble des ressources halieutiques (crevettes par exemple) d'une zone exploitée par une flottille donnée ou un type de pêche.

Pélagique * : Ce concept qualifie les espèces vivant en pleine eau, sans rapport apparent avec le fond marin (sardines, anchois, harengs, etc.). Les petits pélagiques vivent en bancs (sardines, maquereaux, etc.).

Perception : Le sens que nous donnons à cette notion, dans le cadre de cette étude, ne se limite pas simplement à une représentation des choses. Ici sa manipulation est beaucoup plus étendue et nous permet de pouvoir recueillir les positions et les avis d'une catégorie de personnes afin de pouvoir définir l'attitude de celle-ci par rapport à un problème donné : la question de la gestion des ressources halieutiques.

Ressources halieutiques : Elles correspondent aux stocks d'animaux aquatiques exploitables.

Sélectivité * : C'est l'aptitude d'un engin de pêche à laisser s'échapper les poissons de petite taille.

Stock de poissons * : Population (ou partie de population) localisée dans une zone géographique déterminée, n'entretenant aucun échange avec les stocks voisins de la même espèce. Cette notion de stock n'est pas un concept biologique mais une unité théorique de gestion.

Surexploitation halieutique : On parle de surexploitation halieutique ou d'overfishing quand l'effort de pêche dépasse le niveau supportable par le stock de poissons ciblé.

Zone côtière : C'est l'interface entre la bande de terre et l'espace marin adjacent où les processus de productions et d'échanges se produisent de façon intense.

* Le sens donné à ce concept a été entièrement emprunté au livre « Pêcher pour vivre » de Alain LE SANN dont le résumé et le glossaire ont été publiés sur Internet à l'adresse suivante : http://pechedev.free.fr/livre.htm. Nous n'avons pu disposer de toutes les références bibliographiques. C'est pourquoi cet ouvrage ne figure pas dans la bibliographie.

Introduction

Au Sénégal, le secteur de la pêche est confronté à une crise environnementale. Face à l'intensité de la pollution marine et surtout à des pratiques de pêche peu responsables, l'écosystème subit actuellement des modifications biologiques qui risquent de compromettre la survie des communautés littorales qui constituent pas moins de 40%1 de la population du pays. Ces mutations biologiques se traduisent par une baisse du volume global des mises à terre, une diminution de la taille des espèces, la disparition de certaines espèces comme les pagres des tropiques et l'éloignement des zones de pêche.

Les communes de Mbour et de Joal, situées respectivement à 80 km et à 118 km au sud de Dakar, n'échappent pas à cette situation. Elles appartiennent à la Petite Côte qui est aujourd'hui l'une des grandes régions maritimes du pays les plus touchées par la surexploitation halieutique.

En dehors des problèmes environnementaux qu'elle induit, la surexploitation halieutique engendre aussi des difficultés sociales et économiques qui font que les pêcheurs deviennent de plus en plus pauvres.

Les objectifs de cette présente étude sont d'abord de voir dans quelles mesures les pêcheurs de Mbour et de Joal sont au courant des modifications du milieu naturel dans lequel ils travaillent. Il s'agit de discerner les critères à partir desquels les pêcheurs perçoivent les mutations biologiques de l'écosystème marin.

Le deuxième objectif est la revue des mécanismes de gestion des ressources halieutiques pour faire face au problème de la rareté de la ressource.

Ensuite nous tenterons de faire une analyse du niveau de perception des acteurs sur ces mesures de gestion.

Les communes de Mbour et de Joal ont été respectivement créées en 1926 et en 1966. Elles se situent dans le département de Mbour. Géographiquement, Mbour s'inscrit entre les latitudes 14° 02' et 15° 27' Nord et les longitudes 16° 02 et 17° 12' juste au Nord de Joal.

Les zones d'études bénéficient d'un climat marqué par deux saisons distinctes : une saison pluvieuse de trois mois (juillet, août et septembre) et une autre sèche plus longue (d'octobre à juin).

Les principales activités économiques sont la pêche, le tourisme et l'agriculture.

1 Source : www.ird.sn/activites/ancienprg/littoral

PREMIERE PARTIE :

PHYSIONOMIE DE LA

PECHE ARTISANALE

A MBOUR ET A JOAL

Chapitre I : Les fondements de la pêche

Les zones étudiées se situent sur la Petite côte qui est l'une des grandes régions maritimes du pays. La Petite côte s'étend sur environ 65 km, de Toubab Dialao à Joal. Comme sur toute la façade maritime sénégalaise, elle bénéficie de conditions naturelles très favorables à l'activité de pêche. Celles-ci sont essentiellement liées à la morphologie et à la sédimentologie du plateau continental ainsi qu'à l'hydrologie marine. A cela s'ajoutent d'autres facteurs liés à la volonté politique du gouvernement sénégalais de promouvoir le secteur et au potentiel humain très soucieux des progrès technologiques.

I.1. Les conditions naturelles

Nous évoquons ici les caractéristiques morphologiques et sédimentologiques du plateau continental ainsi que l'hydrodynamisme marin.

I.1.1. Morphologie et nature des fonds

Il existe une documentation abondante sur la description du plateau continental sénégambien et de la nature de ses fonds (Domain-1976, ORSTOM-1983, Llrés-1986, Diaw-1997,

Tumine-2001, Niang-Diop-2003, etc.). Ces auteurs précisent que le plateau continental couvre une superficie d'environ 30000 km2 inégalement répartie de part et d'autre du Cap-Vert puisque la partie Sud représente 79% de la superficie totale.

Au Nord, il est large de 50 km en face de Saint-Louis et se rétrécit au Nord de la presqu'île du cap-vert. Mis à part le canyon de Kayar (15° 00 N), les fonds sont peu accidentés et sont de nature sableuse ou sablo-vaseux.

Au Sud, le plateau s'élargit de la presqu'île du Cap-Vert pour atteindre une largeur de 100 km à la hauteur de la Casamance. Il est marqué par des fonds rocheux, discontinus ou en bancs et des fonds meubles.

C'est cette nature diverse des fonds marins qui détermine en grande partie la répartition des ressources démersales en particulier.

I.1.2. L'hydrologie marine

La répartition et la diversité des ressources biologiques sur le plateau continental sont aussi fonction des conditions hydrodynamiques générales des eaux sénégalaises largement décrites par de nombreux océanographes et géographes tels que Berrit (1962), Rossignol et Aboussan (1965), Rebert (1978), Gerard (1985), Llrés (1986), etc.

Nous reprenons ci-dessous les principaux éléments caractéristiques définis par ces auteurs. Trois grands traits marquent l'hydrologie marine de la façade sénégalaise :

V' Les courants marins qui sont de deux ordres : le courant froid et permanent des Canaries venant du Nord et le contre courant équatorial venant de l'Ouest apportant les eaux chaudes et salées.

V' Les masses d'eau qui sont de trois types : les eaux froides et salées provenant soit du courant de dérive des Canaries, soit des couches profondes (-80 m); les eaux tropicales chaudes et salées amenées par le contre courant équatorial et les eaux libériennes ou guinéennes chaudes, dessalées par les pluies de mousson et les écoulements continentaux.

V' Les up welling côtiers qui sont des remontées d'eaux froides profondes riches en sels nutritifs et induits par les alizés en saison froide. Ils sont conditionnés, dans leurs fluctuations spatiale et temporelle, par le profil de la côte, la topographie du plateau continental, la direction et l'intensité des vents. Sur la Petite Côte, où la frange côtière est abritée, la persistance de l'upwelling fait que la pêche est possible pendant toute l'année. Contrairement à la Grande Côte Nord où la cessation des alizés (juillet à octobre) appauvrit le plateau continental.

I.2. Les facteurs politiques et humains

Le développement des activités de la pêche à Mbour et à Joal, est aussi lié à la présence des structures d'encadrement et d'appui et aux qualités professionnelles des acteurs à la base.

I.2.1. Les structures d'encadrement et d'appui à la pêche

Il s'agit essentiellement de l'administration locale des pêches maritimes représentée par les postes de contrôle, des infrastructures d'appui tel que les quais de pêche et des structures de financement.

a. Les postes de contrôle des pêches maritimes

A Mbour comme à Joal, les postes de contrôle des pêches maritimes jouent presque les mêmes rôles et dépendent tous du service départemental des pêches maritimes de Mbour qui assure la coordination de leurs activités.

Les postes de contrôle sont chargés chacun en ce qui le concerne :


· De la protection des ressources halieutiques. Ils veillent notamment au respect des prescriptions réglementaires sur la taille des espèces ainsi que sur l'utilisation des engins de pêche.

· Du contrôle sanitaire et la certification d'origine des produits. Par exemple, à Joal, cette tâche est exécutée en collaboration avec le poste de contrôle de la gendarmerie installée à l'entrée de la ville.

· Du respect de la réglementation sur les zones de pêche

· De la salubrité et de l'hygiène des quais de pêche

· De la distribution du carburant subventionné par l'Etat à hauteur de 45 %.

· De l'appui des professionnels en matière de formation et de sensibilisation sur les questions de pêche, etc.

Toutes ces missions sont exécutées sous l'autorité du chef de poste.

b. Les infrastructures d'appui

Dans le souci de développer le secteur de la pêche, le gouvernement sénégalais a, depuis le début des années 1980, exécuté des programmes d'appui et d'encouragement en partenariat avec les bailleurs de fonds. Cet appui consiste essentiellement à doter les sites de pêche du littoral d'équipements modernes et performants.

C'est ainsi que, dans le cadre du déroulement du PAPEC, Joal a pu bénéficier d'un quai de pêche d'un coût global de 900 millions de f CFA en 1994.

Il s'étend sur :

· Une zone de débarquement avec deux parties distinctes : un côté gauche réservé aux espèces pélagiques et celui de droite aux espèces démersales.

· Un hangar pour le conditionnement des captures

· Une esplanade pour le stationnement des camions frigorifiques

· Deux canaux d'évacuation des eaux usées, l'un ceinturant le quai et l'autre construit à l'intérieur du hangar.

La gestion du quai est confiée au GIE interprofessionnel sous le contrôle de la municipalité. Il est notamment chargé de veiller à son bon fonctionnement, de s'occuper de l'hygiène, de la salubrité, etc.

Les autres infrastructures d'appui sont composées de 6 fabriques de glace, de 5 stations services pour la distribution du carburant (Elf, Total II, Mobil, Shell et Elton) et d'une usine de mareyage en frais (Elim Pêche).

Pour sa part, le quai de Mbour a été construit en 2000. Sa configuration est identique à celle du quai de pêche de Joal à l'exception de l'aménagement de la zone de débarquement. Ici, le côté droit est réservé aux pélagiques et celui de gauche aux démersales.

La gestion du quai est assurée par le GIE « And Liguey Tefess » qui est sous l'autorité de la municipalité de Mbour. Ses fonctions sont identiques à celles du GIE chargé de la gestion du quai de Joal.

Pour ce qui est des infrastructures complémentaires, nous avons dénombré 3 fabriques de glace fonctionnelles, 2 usines de transformation et de nombreuses stations services.

En matière de financement de la pêche, plusieurs structures peuvent être citées.

A Mbour, on a le crédit mutuel et la mutuelle de la FENAGIE Pêche jouxtant l'esplanade réservée aux camions frigorifiques. Cette dernière est plus spécialisée et permet à tous les acteurs de pouvoir bénéficier de crédits plus facilement.

A Joal, on a la Mutuelle d'Épargne et de Crédit pour le Développement de la Pêche à Joal soutenue, techniquement et financièrement par, l' ADPES et la FENAGIE. Son principal objectif est de collecter les fonds disponibles dans la localité pour satisfaire les besoins financiers de ses membres.

I.2.2. Les facteurs humains

Le développement de la pêche au Sénégal relève aussi de l'importance du potentiel humain, très au fait des progrès technologiques.

A Mbour comme à Joal, en raison de la permanence des activités de pêche, les services de la pêche enregistrent respectivement 8000 et 7700 pêcheurs par an. Les enquêtes que nous avons menées sur ces deux sites et portant sur un échantillon de 80 capitaines-piroguiers nous ont permis d'avoir des renseignements sur leurs caractéristiques sociales, leurs activités et leur niveau de perception de la gestion des ressources halieutiques. Nous donnons ici les différentes caractéristiques sociales de ces pêcheurs.

Tableau 2 : Répartition des groupes d'âge des capitaines-piroguiers

 

Mbour

Joal

Total

Age

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

20 - 24 ans

3

7,5

-

-

3

3,75

25 - 29 ans

5

12,5

13

32,5

18

22,5

30 - 34 ans

4

10

5

12,5

9

11,25

35 - 39 ans

7

17,5

4

10

11

13,75

40 - 44 ans

13

32,5

9

22,5

22

27,5

45 - 49 ans

8

20

9

22,5

17

21,25

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005. / V= Valeur

Pour l'essentiel, les capitaines-piroguiers sont moins jeunes puisque 62,05% d'entre eux sont âgés de plus de 35 ans. Cela est d'autant plus vrai que partout, à Mbour comme à Joal, ils sont majoritaires avec respectivement 60 et 55 %. Cependant il faut remarquer que c'est la tranche d'âge 25 - 29 ans qui domine à Joal (tableau 2).

En ce qui concerne l'ancienneté des pêcheurs dans le métier, notons qu'aucun d'entre eux ne totalise moins de 10 ans d'expérience. 72,5 % des pêcheurs de Joal ont prés de 24 ans d'expérience contre 42,5 % pour ceux de Mbour. Ce qui montre que les capitaines-piroguiers de Joal sont plus expérimentés malgré le fait qu'ils soient moins âgés que ceux de Mbour (tableau 3).

Tableau 3: Ancienneté des capitaines-piroguiers dans le métier

 

Mbour

Joal

Total

Age

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

10 - 14 ans

2

05

15

37,5

17

21,25

15 - 19 ans

5

12,5

6

15

11

13,75

20 - 24 ans

10

25

8

20

18

22,5

25 - 29 ans

14

35

6

15

20

25

30 - 34 ans

7

17,5

2

5

9

11,25

35 - 39 ans

2

5

3

7,5

5

6,25

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005.

Les ethnies dominantes sont les Lébous et les Sérères qui représentent à elles seules 68,75 % de l'effectif total. Les Lébous sont majoritaires à Mbour (45%) contrairement à Joal où les Sérères constituent prés de 45 % de l'effectif (tableau 4).

Ces ethnies proviennent de différentes zones. A Mbour seuls 5% des individus interrogés n'y sont pas permanents. Ils viennent pour la plupart des îles du Saloum, de Guéréo et de Saint-Louis, tandis qu'à Joal les migrants (45%) proviennent de Mbour, des Iles du Saloum, de Ndayane, de Guéréo et de Guet-ndar (tableau 5).

Tableau 4: Répartition ethnique des capitaines-piroguiers

 

Mbour

Joal

Total

Ethnie

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

Wolof

12

30

8

20

20

25

Lébou

18

45

10

25

28

35

Serere

9

22,5

18

45

27

33,75

Autres

1

2,58

4

10

5

6,25

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005.

Tableau 5: Résidence des capitaines-piroguiers

 

Mbour

Joal

Total

Résidence

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

Permanent

38

95

22

55

60

75

Saisonnier

2

5

18

45

20

25

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005.

Tableau 6 : Répartition du niveau d'instruction des capitaines-piroguiers

 

Mbour

Joal

Total

Niveau

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

Supérieur

0

0

0

0

0

0

Secondaire

0

0

1

2,5

1

1,25

Moyen

5

12,5

2

5

7

8,75

Primaire

15

37,5

15

37,5

30

37,5

Analphabète

20

50

22

55

42

52,5

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005.

Le niveau d'instruction des pêcheurs n'est pas élevé. Seuls 47,5 % des personnes interrogées ont fréquenté l'école française. Ce sont en majorité des jeunes de moins de 29 ans. La moitié des pêcheurs-analphabètes déclarent avoir fréquenté l'école coranique. Ce sont les personnes les plus âgées (40 - 49 ans). Elles sont plus nombreuses à Joal (tableau 6).

Les raisons du faible niveau d'instruction des pêcheurs sont liées au fait que ceux-ci sont très tôt imprégnés des activités de la pêche. D'où un abandon précoce des études pour se consacrer à la pêche.

Chapitre II : Les activités annexes de la pêche à Mbour et à Joal

Les activités annexes de la pêche sur les quais de Mbour et de Joal sont principalement de deux ordres : le mareyage en frais et la transformation artisanale des produits halieutiques

II.1. Le mareyage en frais

C'est le sous-secteur de la distribution et de la commercialisation des produits frais. Ses acteurs sont de deux catégories : les grands mareyeurs et les micro-mareyeurs.

> Les grands mareyeurs écoulent les captures sur le marché national. Ils disposent de camions frigorifiques à cet effet. Ce sont eux qui écoulent, pour la plupart, les espèces dites nobles en raison de leur valeur commerciale élevée (thiof, poulpe, seiche, crevettes, etc.).

> Les petits mareyeurs écoulent leurs produits sur le marché local et les zones environnantes. C'est dans cette catégorie qu'on retrouve les femmes.

Les mareyeurs sont souvent regroupés en GIE. A Mbour, ils sont au nombre de 113 et à Joal 29. Ces GIE sont pour la plupart affiliés à la FENAMS ou à l'UNAGIEMS.

Les mareyeurs souffrent beaucoup de la rareté des ressources comme le poulpe qui depuis l'ouverture de sa pêche, à la suite du repos biologique, n'est pris que rarement par les pêcheurs même en période de campagne (juillet, août et septembre). C'est pourquoi il est fréquent actuellement (au cours de nos séjours à Mbour et à Joal) de voir les mareyeurs se rabattre unilatéralement sur les sardinelles (voir photo 1).

Les produits mareyés aussi bien à Joal qu'à Mbour sont convoyés vers toutes les régions du Sénégal. A Joal, en 2004, 3 3,8% de ces produits ont été convoyés en direction de Dakar qui demeure ainsi la première région desservie. Elle est suivie de Thiès et de Diourbel. Matam et Ziguinchor sont les dernières à être desservies avec respectivement 0,66 et 0,09 % de l'effectif total qui est de 81839,408 tonnes.

La suprématie de Dakar s'explique par le fait qu'elle dispose de grands marchés capables d'absorber une grande quantité de produits en plus de la concentration de l'essentiel des entreprises de mareyage et de transformation.

Photo 1 : Des groupes de sardinelles conditionnées pour être convoyées à partir de Mbour

Cliché : M. D.LO, 2005

II.2. La transformation artisanale

II.2.1.A Mbour

Il n'existe qu'un seul site officiel de transformation : c'est celui de Mballing situé à prés de 3 km au Sud du quai de pêche.

A l'origine, les activités de transformation des produits halieutiques se faisaient sur la plage à côté de la zone de débarquement. C'est la construction du quai qui a entraîné son déplacement vers Mballing où existaient déjà des activités de transformation.

Sur le site de Mballing, nous avons dénombré prés d'une cinquantaine de fours et prés de 120 claies de séchage fonctionnels ainsi que de nombreux puits pour le lavage des produits. Actuellement, dans le cadre de l'exécution du PAPA SUD, d'autres infrastructures sont en phase d'être livrées. Il s'agit essentiellement des aires de repos, des magasins de stockage, de 5 ateliers de travail, des latrines, etc. L'électricité n'est pas encore accessible sur le site.

Les produits qu'on peut obtenir à Mballing sont le kétiah, le guedj tambadiang ou kong, le yet, etc.

Sur le plan de la dynamique organisationnelle, 45 GIE s'activent pour la promotion des acteurs. Parmi ces groupements, 2 sont contrôlés par des hommes et 25 sont fédérés et portent le nom de « Mbolo liguey Mballing » affilié à la FENATRANS.

Les principales contraintes du secteur évoquées, sont en rapport avec l'accès au financement ou à son retard et à la concurrence des mareyeurs pour obtenir certaines espèces auprès des pêcheurs.

II.2.2. A Joal

Le secteur de la transformation artisanale des produits halieutiques n'est plus exclusivement réservé aux femmes. A Joal, on retrouve une présence masculine de plus en plus importante dans les aires de transformation. Diouf M. B. L. (2005) a dénombré sur le site de Khelcom 178 hommes dont 20 étrangers pour la plupart des burkinabé regroupés en GIE. Sur le site des tannes, 229 hommes ont été dénombrés. Ceux-ci sont souvent employés par les femmes ou travaillent pour leur propre compte.

Il existe deux sites de transformation à Joal : le site des tannes et celui de Khelcom. Le site de Khelcom est situé à prés de 3 km à l'Est du quai de pêche.

Sa superficie est estimée à 66368 km2 (Diouf, 2005) et dispose de nombreux équipements. Il s'agit de 130 claies de séchage, 165 fours, de magasins de stockage, de puits, d'aires de repos, etc. Sa construction a été achevée en 1995. Il est le fruit de la coopération entre le Sénégal et la BAD. Mais depuis quelques mois de nouvelles installations sont en cours par le biais du projet PAPA SUD.

On y produit principalement du kétiah (sardinelles et ethmaloses fumées et séchées sur des claies de séchage), du tambadieng (ethmaloses ou requins salés, séchés ou fermentés), guedi (ma choirons fendus, fermentés et séchés sur des claies), du yet (Cymbium)

Photos 2 et 3 : Fours et magasins de stockage sur le site de Khelcom

Clichés : M. D. LO, 2005

Le site des tannes se trouve pour sa part derrière le bras de mer. Il est très mal aménagé et l'accès y est difficile. Ici le kétiah est le principal produit obtenu.

En ce qui concerne la vente des produits transformés, leur aire de distribution ne se limite pas seulement au marché national. Elle s'étend aussi sur la sous-région avec comme principales destinations les pays suivants: Gambie, Guinée Bissau, Mali, Côte d'Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Togo, RDC, Ghana.

L'extension de l'aire de distribution s'explique surtout par le fait que le secteur de la transformation à Joal accueille de nombreux étrangers, principaux convoyeurs vers l'extérieur.

DEUXIEME PARTIE :
MODES D'EXPLOITATION
ET PERCEPTION DE LA
SUREXPLOITATION
HALIEUTIQUE PAR LES
PECHEURS ARTISANS

Chapitre I : Modes d'exploitation

Prés d'une dizaine d'engins de pêche sont connus à Mbour et à Joal et peuvent être classés en deux catégories : les filets généraux et les lignes.

I.1. L es filets généraux

Parmi les filets généraux, on distingue la senne de plage, la senne tournante et les filets maillants.

I.1.1. La senne de plage

Ce type d'engin de pêche est utilisé dans les zones très côtières où il peut être manoeuvré à partir des plages. Comme source d'énergie, son utilisation nécessite surtout la puissance musculaire. Les sennes de plages ont généralement une longueur qui varie entre 200 et 1000 m pour une chute de 10 à 20 m.

L'impact de ce type de pêche est très négatif sur la ressource car il est peu sélectif. Son maillage fin (quelques fois appelé « moustiquaire ») fait que les poissons capturés sont en majeur partie juvéniles et mesurent 2 à 15 cm.

I.1.2. Les filets maillants

Parmi les filets maillant, on a les filets maillant fixes et les filets maillant encerclant.

> Les filets maillants fixes (filets dormants ou mbal ser) : ils font partie des engins de pêche artisanale les plus décriés à cause de leur non sélectivité et de leur caractère non biodégradable qui portent atteinte à l'environnement marin. Ils sont à base de fils monofilemment de couleur souvent verte ou blanche et peuvent mesurer, pour les filets de fond pour gros poissons, jusqu'à 90 m de long pour une chute de 1,5 m. Ces types de filets sont souvent fixés au fond de la mer pour barrer la route aux espèces de fond comme la sole qui peut être facilement capturée. Pour les filets de surface, la longueur varie entre 40 et 200 m pour une chute de 8 à 10 m. La pratique est simple et ne nécessite des dépenses en carburant et d'efforts importants. Ils sont relevés toutes les 12 ou 24 heures. Cependant, il arrive que ces engins se perdent en mer. Dans ce cas, ils sont susceptibles de pêcher continuellement. On les retrouve plus à Mbour qu'à Joal.

Photo 4 : Pirogues à filets maillants fixes ou dormant (« mbal ser »)

Cliché : M. D. LO, 2005

Photo 5 : Type de monofilemment usé rejeté sur la plage de Joal

Cliché : M. D. LO, 2005

> Les filets maillants encerclant : C'est une technique intermédiaire entre la senne de plage et la senne tournante. La largeur de ces filets varie entre 250 et 450 m pour une chute de 7 à 12 m avec un maillage de 60 à 80 mm. Leur utilisation nécessite l'emploi de pirogues de 12 à 15 m et consiste à encercler les bancs de poissons suite au repérage de leur direction à la surface de l'eau. Avec le resserrement du cercle formé, les poissons sont maillés dans le filet en tentant de s'échapper. Une fois dans la pirogue, ils sont démaillés un à un. Ce type de pêche est permanent surtout à Joal par la présence de l'espèce cible (sardinelle plate) dans les pêcheries artisanales du Sud de la Petite Côte.

I.1.3. La senne tournante

C'est un engin très performant qui cible les poissons pélagiques comme les sardinelles, les chinchards, les maquereaux, les grandes caranges, etc. Elle a subi de grandes modifications tant du point de vue de la taille de l'engin lui-même, que celle des pirogues. De 250 à 300 m de long pour une chute de 40 m au début des années 1970, les sennes tournantes sont passées à 400 m de long pour une profondeur pouvant atteindre 48 m avec un maillage de 28 à 30 mm. L'utilisation de cet engin nécessite l'emploi de deux pirogues dont les tailles sont passées de 14 à 20 m au cours de ces vingt dernières années. Le procédé consiste à encercler le banc de poisson en le doublant dans la direction où ils se déplacent. Puis on fait de sorte à fermer le filet en forme de poche par la partie inférieure. Ensuite le contenu est vidé dans la seconde pirogue de plus grande taille avec des épuisettes. A Mbour comme partout sur la Petite Côte, cet engin exerce une forte pression sur les ressources cibles car ayant une grande capacité de capture.

Photo 6 : Pirogues à senne tournante

Cliché : M. D. LO, 2005

I.1.4. Les lignes

On distingue principalement les lignes glacières, les lignes simples et les lignes casiers à seiche.

Les lignes simples ciblent les poissons dits nobles comme les dorades, les mérous, le pageot, les pagres. Ce sont des engins très faciles à manier. Ils sont constitués par une ligne mono fil avec des hameçons appâtés de morceaux de sardinelles.

Leur utilisation se fait en plein jour et ne prend pas beaucoup de temps. C'est pourquoi les pêcheurs qui pratiquent ce type de pêche n'ont pas besoin de glace. Par contre les lignes glacières nécessitent de grandes quantités de glace pour la conservation des captures en raison de la durée des sorties qui est d'au moins 24 heures.

Photo 7 : Pirogue glacière

Cliché : M. D. LO, 2005

La pêche à la seiche est faite à l'aide du casier en forme de parallélépipède.

D'autres types de pêche sont singulièrement notés. Il s'agit de la pêche à la main, celle à la voile et de celle au trémail qui est composé de 3 nappes de filets superposés et qui cible les espèces de fonds et de demi fond telles que le yet, le murex, les carpes, les soles, etc.

Chapitre II : Perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs et étude des impacts socio-économiques

Le milieu marin au Sénégal est soumis à de grandes mutations tant du point de vue dynamique que biologique.

Dans ce chapitre nous n'évoquerons que les mutations biologiques et leurs conséquences sur la vie économique et sociale.

II.1. Perception de la surexploitation des ressources halieutiques par les pêcheurs

L'une des mutations majeures les plus perceptibles par les capitaines-piroguiers interrogés est la diminution des ressources marines au sein du milieu naturel dans lequel ils travaillent.

Les pêcheurs de Mbour et de Joal appréhendent ce problème à partir de trois critères : le volume des débarquements, la durée des opérations de pêche et la taille des espèces.

60 % des capitaines-piroguiers interrogés n'arrivent pas à débarquer une quantité de poisson égale à la moitié de ce qu'ils mettaient à terre il y a prés de dix ans.

Le dépouillement des statistiques des postes de contrôle des pêches maritimes permet de le confirmer pour la zone de Mbour, mais pas tout à fait pour celle de Joal.

Tableau 7 : Evolution des mises à terre de Mbour de 1992 à 2004

Année

Tonnage

1992

102 791,27

1993

99 145,53

1994

69 704,84

1995

58 908,455

1996

68 072,245

1997

58 006,245

1998

68 694,675

1999

39 357,985

2000

55 668,18

2001

ND

2002

ND

2003

56739,36

2004

59 680,36

Source : Poste de contrôle de Mbour / ND : Données non Disponibles.

Les volumes globaux débarqués à Mbour ont depuis 1992 diminué de 41,9 % et n'ont atteint que 59 680,36 tonnes en 2004. L'analyse de l'évolution des captures annuelles permet de constater que la séquence 1992-1995 est la plus sévère car la chute de production est continuelle. Le volume minimum est enregistré en 1999 avec 39 357,985 tonnes de poissons débarquées. Cette tendance globale de diminution est aussi vraie pour plusieurs espèces considérées comme menacées par les pêcheurs interrogés. Il s'agit principalement des mérous, des badéches, du rouget, de la seiche, etc.

A Joal, nous n'avons pu disposer de suffisamment de statistiques. Mais l'évolution des mises à terre montre une irrégularité. Après une hausse sensible entre 1999 et 2001, une stagnation est enregistrée jusqu'en 2003.

Tableau 8 : Evolution des mises à terre (en tonnes) à Joal de 1999 à 2004

Années

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Tonnages

138228,55

145157,06

172210,22

133665,743

133665

159032

Source : Poste de contrôle de Joal

200000

150000

100000

Figure 2: Evolution des mises à terre à Joal
de 1999 à 2004

50000

0

1999 2000 2001 2002 2003 2004

années

En ce qui concerne l'évolution des espèces, il faut remarquer que certaines d'entre elles connaissent des chutes de production entre 1999 et 2004. C'est le cas par exemple des démersaux côtiers tels que le rouget (-100%),le poulpe (-49,11%), le cymbium (-12,76%), etc.

Tableau 9 : Evolution de quelques groupes (en tonnes) à Joal en 1999 et 2004

Années

Espèces

1999

2004

Evolution en %

Ethmaloses

23239,900

14877,622

- 35,98

Maquereaux

153,540

61,509

- 59,9

Rougets

1,030

0

- 100

Poulpes

2128,310

1082,971

- 49,11

Cymbium

2765,355

2412,398

- 12,76

Source : Poste de contrôle de Joal

En ce qui concerne la durée des opérations de pêche, les pêcheurs ont le même point de vue dans son allongement. En effet, en rapport avec l'éloignement des zones de pêche, faute de ressources abondantes, ils passent plus de temps à pêcher que d'habitude. En même temps on note que les volumes moyens des prises en une heure de pêche chutent de plus en plus. L'étude de 2001 conduite par ENDA DiaPol sous l'égide du PNUE, a d'ailleurs considéré comme exemple les badéches dont la prise moyenne nationale par kilogramme en une heure de mer, est passée de 190 kg entre 1971 et 1975 à moins de 10 kg vers 1998. Ce qui prouve en outre la réalité de la baisse de productivité des pirogues mais aussi des menaces d'extinction qui pèsent sur cette espèce à cause de sa forte exploitation.

Le troisième critère sur lequel les capitaines-piroguiers se sont appuyés pour montrer les problèmes biologiques de l'écosystème marin, est la taille des espèces capturées. Ils ont tous constaté la diminution de la taille des espèces. Au cours de nos séjours à Mbour et à Joal, nous avons constaté que certaines sardinelles mises à terre n'atteignaient pas leur taille minimale de commercialisation qui est de 20 cm.

En somme, l'analyse des critères dégagés par les pêcheurs interrogés, permet de voir que ceux-ci sont bien au fait des mutations biologiques du milieu marin.

Cependant, ces mutations ne sont pas forcément toujours mieux perçues par les pêcheurs les plus anciens dans le métier2. Nos enquêtes montrent que les pêcheurs ayant entre 10 et 24 ans d'expériences (en particulier, ceux de Mbour) et qui représentent 57,5 % des personnes interrogées, semblent mieux connaître ce problème en raison d'une part de la pertinence des réponses fournies et d'autre part, du fait que ce sont eux qui capturent le plus souvent les espèces dites nobles ou qui possèdent les plus grosses embarcations (les mieux équipées et capables

2 Les pêcheurs les plus expérimentés, si on se fonde sur l'échantillon considéré, ont entre 35 et 39 ans d'expérience. Ils sont au nombre de 5. Tous les pêcheurs interrogés ont au moins 10 ans d'expérience.

d'aller dans les zones de pêche les plus éloignées). Aussi ressentent-ils le plus les effets de la baisse de productivité surtout sur le plan socio-économique.

Parmi les raisons évoquées par les pêcheurs pour expliquer ces ruptures biologiques, on peut citer notamment : le chalutage de fond, le non respect de la réglementation ainsi que la violation des zones de pêche, l'accès libre à la ressource avec comme corollaire l'effectif pléthorique des pirogues, etc.

Le chalutage de fond est une technique de pêche propre aux bateaux de pêche industrielle. Les filets utilisés raclent le fond marin et capturent simultanément beaucoup d'espèces. La sélection de taille est faite au niveau de la poche terminale en relation avec le maillage. Ce qui entraîne des rejets d'espèces immatures déjà mortes.

Parmi ces filets, on peut notamment citer les filets maillant droits à langoustes, les filets maillant dérivants à thons long de 10 à 15 km avec une très longue chute, du chalut à boeuf qui a une grande capacité de capture.

Le non respect de la réglementation se résume à l'usage d'engins de pêche interdits par le code de la pêche et la violation des zones de pêche.

La violation des zones de pêche est plus perceptible avec les bateaux de pêche industrielle qui entrent souvent dans la zone des 6 milles réservée à la pêche artisanale. Ces incursions entraînent parfois des conflits liés à l'accès à la ressource, à la destruction des engins fixes et des embarcations artisanales.

L'utilisation d'engins de pêche tels que les monofilemments et multifilemments est décrié par la moitié des capitaines-piroguiers interrogés. Ceux-ci les jugent peu sélectifs, non biodégradables et portent atteinte au milieu puisqu'ils favorisent la sur-pêche.

L'accès libre à la ressource est aussi un motif d'appauvrissement des stocks. Les capitaines- piroguiers que nous avons interrogés estiment que les embarcations artisanales exercent de lourdes pressions sur la ressource du fait que n'importe qui peut exercer le métier de pêcheur au Sénégal ou même investir dans le secteur sans avoir à payer de droits d'accès ou de taxes. Ce qui implique la croissance du nombre d'embarcations d'année en année. A Joal par exemple le parc piroguier est passé de 532 à 739 embarcations entre 1999 et 2004 (source : poste de contrôle de Joal), soit une croissance de prés de 39 %. Ceci conforte la position selon laquelle, la pêche artisanale a une part de responsabilité dans la diminution des ressources halieutiques. Cela est d'autant plus vrai que 96,25 % des personnes interrogées le reconnaissent. Mais la majorité

(48,75 %) pensent que le niveau de responsabilité est faible comparé à la capacité de capture des chaluts industriels qui va à l'encontre de la volonté des autorités de pérenniser les ressources marines (Tableau 10).

Tableau 10 : Estimation du niveau de responsabilité de la pêche artisanale dans la
diminution des ressources halieutiques par les capitaines-piroguiers

 

Mbour

Joal

Total

Niveau

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

Très fort

-

-

-

-

-

-

Fort

9

22,5

5

12,5

14

17,5

Faible

21

52,5

18

45

39

48,75

A. resp.

8

20

16

40

24

30

Sans réponse

2

5

1

2,5

3

3,75

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005. / A. resp. = Aucune responsabilité

En ce qui concerne la pollution marine au niveau local, toutes les personnes interrogées signalent les dépôts d'ordures ménagères et les rejets de captures invendues sur la plage ainsi que les rejets d'eaux usées dans la mer. Mais personne n'a pu établir un quelconque rapport entre la diminution des ressources halieutiques et ces formes de pollution.

II.2. Les impacts socioéconomiques

La surexploitation des ressources halieutiques n'a pas seulement engendré des mutations biologiques.

Les acteurs de Mbour et de Joal, comme partout ailleurs au Sénégal, ressentent de plein fouet les impacts de ce problème environnemental.

L'ensemble des capitaines-piroguiers interrogés déclarent que les revenus qu'ils tirent de l'activité de la pêche ont considérablement baissé. Compte tenu de la réticence de ces pêcheurs à vouloir communiquer le montant exact de leurs revenus, nous n'avons pas été en mesure de pouvoir quantifier cette baisse de revenus. Cependant, l'étude de 2001 conduite par ENDA DiaPol sous l'égide du PNUE, indique que le tiers des pêcheurs du pays vit aujourd'hui dans la pauvreté à cause de la surexploitation halieutique.

Les sous-secteurs de la pêche souffrent aussi de la diminution des ressources halieutiques. Avec la hausse du prix du poisson, la transformation artisanale subit la rude concurrence du sous- secteur du mareyage; ce qui représente une menace surtout pour la consommation nationale si l'on sait que les produits halieutiques couvrent 75 % des protéines animales.

Sur le plan social, la surexploitation engendre une concurrence de plus en plus rude pour l'accès à la ressource et crée des conflits entre pêcheurs artisans.

TROISIEME PARTIE :
PERCEPTION DES
STRATEGIES DE
GESTION PAR LES
PECHEURS ARTISANS

Chapitre I : Les stratégies de gestion des ressources halieutiques

Il existe deux systèmes : la réglementation officielle et le système communautaire.

I.1. La réglementations officielle

Dans le département de Mbour, c'est la Préfecture et le Service Départemental des Pêches maritimes en collaboration avec la Gendarmerie qui sont chargés de veiller au respect des dispositions réglementaires officielles en matière de gestion des ressources halieutiques. Parmi ces dispositions, on peut citer le nouveau code de la pêche, le permis de pêche artisanale et l'instauration du repos biologique.

I.1.1. Le nouveau code de la pêche maritime

La volonté politique du gouvernement sénégalais de protéger l'écosystème marin ne date pas d'aujourd'hui. C'est depuis le début des années d'indépendance que des textes à valeur législative ont été adoptés pour réglementer l'accès aux ressources marines.

La première loi votée dans ce sens est la loi N° 61-46 du 21 juin 1961 qui, notamment en son article 1, indique que la pêche dans les eaux territoriales sénégalaises est réservée aux navires sénégalais ou aux ressortissants des Etats à qui ce droit de pêche est reconnu par convention.

La loi N° 76-89 du 02 juillet 1976 portant code de la pêche maritime, modifiée par la loi N°
79-23 du 24 janvier 1979 et par la loi N° 85-14 du 25 février 1985, délimite en son article 2, la mer territoriale sur une zone qui s'étend sur 200 milles marins. En outre, l'article 15 précise les conditions d'exploitation des ressources halieutiques par les bateaux étrangers.

La dernière loi votée relative au nouveau code de la pêche suivie d'un décret d'application, porte le N° 98-32 du 14 avril 1998.

Le nouveau code de la pêche est composé de 9 titres qui s'appesantissent sur la délimitation des zones de pêche et leurs modalités d'accès ainsi que leur surveillance, la définition des types de pêche et de leurs finalités, l'interdiction d'engins de pêche destructeurs; etc. Le titre II traite spécifiquement de la gestion et de l'aménagement des pêches. Les articles 22 à 30 réglementent l'accès à la ressource pour la flottille étrangère sur la base de licences de pêche et de leurs conditions de délivrance.

Cependant, force est de constater que ce code est insuffisant puisqu'il n'a rien prévu pour la
réglementation de l'accès à la ressource pour la pêche artisanale. C'est pourquoi le ministère en

charge de la pêche maritime veut résorber ce gap en procédant à la mise en place de permis de pêche pour les embarcations artisanales.

I.1.2. La réglementation de l'accès à la ressource pour la pêche artisanale

Le Ministère de l'Economie Maritime a entrepris depuis quelques temps un vaste programme de réorganisation du secteur de la pêche.

Déjà, plus de 5 milliards de f CFA ont été injectés dans la surveillance et la protection des pêches (source : DPM), le recensement du parc piroguier est fait et l'immatriculation des pirogues devrait suivre. L'une des dernières étapes de la réforme, celle-là beaucoup plus importante, est la mise en place d'une réglementation adaptée à l'accès à la ressource pour la pêche artisanale. Celle-ci permettra de mettre fin au régime du libre accès à la ressource considéré comme l'une des principales causes de surexploitation halieutique.

La question cruciale posée au départ était de voir comment réduire la pression et la surcapacité de pêche et arrêter la baisse des volumes annuels de débarquement. Une large concertation entre l'Administration des Pêches et les acteurs à la base représentés par le CONIPAS a permis d'obtenir un consensus autour de cette question avec l'instauration d'un permis de pêche moyennant une redevance annuelle. Ainsi, trois types de permis sont établis selon les moyens utilisés pour pêcher : 5000 f CFA pour la pêche à pied, 15000 f CFA pour les pirogues de 0 à 13 m de long et 25000 f CFA pour les pirogues de plus de 13 m.

Le permis est délivré par le Conseil Local de Pêche en collaboration avec l'administration locale des pêches. Le CLP joue un rôle crucial dans cette nouvelle forme de gestion des ressources marines. Il est notamment chargé de gérer une partie des recettes perçues de ce permis. Il devra veiller au respect de la réglementation des pêches (code de la pêche), et des normes de sécurité à bord de l'embarcation, de contrôler la construction des pirogues locales par la délivrance d'une autorisation de construire, de délivrer les cartes professionnelles, etc. Toutes ces taches sont exécutées en relation avec les communautés de base et l'administration locale des pêches.

A Joal, le CLP a été installé et compte 36 conseillers. Il est présidé par le Préfet du Département de Mbour.

Outre cette autorité administrative, ce CLP comprend un représentant de la Municipalité, un
représentant du Service des Pêches et une pléthore de collèges tels que ceux des différents types
de pêche (senne tournante, senne de plage, filet dormant - casier, filet maillant et lignes), des

mareyeurs, des femmes transformatrices, des investisseurs et des sages. A Mbour, le CLP n'a pas été encore installé.

I.1.3. Le repos biologique

C'est une forme de gestion des ressources marines qui consiste à procéder à un arrêt temporaire de la mortalité des espèces par captures.

Il a été d'abord initié au niveau de la pêche industrielle depuis 1996 pour le cymbium. Depuis, il est obligatoire et c'est en liaison avec la GAIPES que des périodes sont définies selon les types de chaluts tous les ans.

Au niveau de la pêche artisanale, c'est le poulpe qui est la principale cible cette année et c'est l' arrêté ministériel N° 05801 80/MEM/DPM/MDT portant interdiction de la pêche et du transbordement de cette espèce, qui en a défini les contours. Ainsi, la pêche au poulpe est interdite dans les eaux sous juridiction sénégalaise du 20 mars au 30 avril 2005 soit 40 jours de fermeture momentanée. Et toute infraction est punie selon les dispositions des articles 85 et 87 du code de la pêche.

Le repos biologique pour le poulpe a été diversement apprécié. Nous y reviendrons dans le chapitre II.

Mais quoi qu'il en soit, il faut dire que le repos biologique est une bonne stratégie de gestion des stocks puisqu'il permet leur régénération et leur préservation.

Déjà à Nianing (localité située entre Mbour et Joal, à 90 km au Sud de Dakar), le respect du repos biologique du poulpe et du cymbium mis en place par les populations elles mêmes a permis d'avoir d'excellents résultats surtout sur le plan économique3.

3 Il s'agit d'une initiative communautaire soutenue par la Coopération Japonaise sous la supervision du Préfet et avec le concours du Service Départemental des Pêches Maritimes et de Surveillance de Mbour. Il a débuté il y a plus d'un an. Les périodes de repos (du 15 septembre au 15 octobre 2004) ont été bien respectées par la quasi-totalité des piroguiers. Et la commercialisation en commun des captures a permis d'augmenter les revenus des pêcheurs de 72% (source : Bulletin d'information de la DPM « Au Front » N°2, août 2005).

I.1.4. La campagne de réduction de la pêche aux juvéniles

C'est une initiative de Océanium et du WWF soutenus par le Ministère en charge de la pêche. Elle vise à sensibiliser les communautés de pêcheurs et les écoles sur les dangers de la pêche aux alevins. Cette campagne de mobilisation sociale et d'information qui avait comme slogan « Légui doy na » (ça suffit maintenant), s'est déroulée d'octobre 2003 à janvier 2004 sur 13 sites de pêche artisanale dont ceux de Mbour et de Joal où elle a été dirigée par le Service Régional des Pêches maritimes dont le siége se situe à Joal.

Les moyens de communication utilisés sont très divers : vidéos-causeries, animations théâtrales et projections du film documentaire « Ba kagne » qui traite des méfaits de la pêche aux alevins sur l'équilibre de l'environnement.

A Mbour comme à Joal, ont été associés à l'évènement, les municipalités, les GIE interprofessionnels chargés de la gestion des quais de pêche, les leaders d'opinions ainsi que les radios locales telles que « La côtière » à Joal, « Dunya FM » et « Sud FM » à Mbour.

Cette campagne a été bien suivie par les acteurs de la pêche. La plupart des pêcheurs interrogés, à l'exception des utilisateurs de sennes de plage et de filets dormants, ne ramènent plus les espèces immatures. Les rares juvéniles ou alevins qui sont capturées sont immédiatement remises à l'eau. Ce qui n'est pas le cas pour les engins comme les sennes de plage ou les filets dormants. Leur non sélectivité et leurs techniques d'utilisation font que le tri des espèces ne se fait que suite aux débarquements. C'est pourquoi, il n'est pas rare de voir des rejets massifs de poissons immatures sur les plages. Ce qui contribue à la pollution et à la dégradation de celles-ci.

I.2. Le système communautaire de gestion des ressources halieutiques

En matière de régulation autonome ou de gestion autonome des ressources halieutiques, Mbour semble être en avance sur Joal. Les responsables du comité de gestion du quai de Mbour ont élaboré depuis quelques temps des règles d'autogestion à travers un code de conduite soumis actuellement à l'approbation du Préfet du Département de Mbour.

A Joal, les mécanismes de gestion des ressources halieutiques sont de deux ordres : le projet d'aménagement d'une AMP et celui oeuvrant pour la conservation des tortues marines.

I.2.1. A Mbour

a. Identification des acteurs

Les principaux acteurs de la gestion des ressources halieutiques au niveau communautaire sont regroupés dans un GIE dénommé « And liguey téfess » chargé de la gestion du quai. Il est composé de 5 organisations professionnelles de renommée nationale (CNPS, FENAGIE, UNAGIEM, FENAMS, et FENATRANS) et de 5 organisations locales (Batou téfess, And liguey, Diarignon guedj gui, Goorgorlou et yakhanal guedj gui).

Le GIE « And liguey téfess », chargé du bon fonctionnement du quai, est sous l'autorité de la municipalité qui contrôle ses actions et perçoit les redevances annuelles après charges. Il est dirigé par un comité directeur de 40 membres. Mais c'est le comité restreint de gestion fort de 12 membres qui est chargé d'exécuter les orientations du comité directeur surtout en matière de prévention des conflits, de gestion des ressources et de l'environnement, de la salubrité du quai et de sa sécurité, de la formation des acteurs, etc.

b. Le code de conduite local

Il a été proposé en mars 2005 par le comité de gestion des ressources halieutiques et de l'environnement du GIE « yakhanal guedj gui ». Il a été adopté par l'assemblée générale4 réunie le 05 avril 2005. Les promoteurs de ce code entendent « appuyer l'Etat dans sa politique de protection, de conservation des ressources halieutiques et de prévision de leur exploitation ». Par ailleurs, ils veulent inciter les acteurs à une pêche responsable à travers la revalorisation des pratiques traditionnelles entre autres.

Le code tire sa substance essentiellement du code de la pêche de 1998.

4 L'assemblée générale du GIE « And liguey téfess » est composé de 100 représentants soit 10 représentants pour chaque organisation professionnelle.

L'article 5 du code local traite exclusivement des conditions d'exploitation des ressources. Ainsi, sont interdits sur tout le périmètre du centre de pêche de Mbour :

y' L'usage de filets monofilemments ou multifilemments

y' La pêche, la détention et la commercialisation du poulpe pendant les périodes de repos biologiques

y' La capture ou la détention de toute espèces protégée (lamantin, dauphin, tortue marine, etc.)

y' La capture de poulpe de moins de 350 g, de même que toute autre espèce immature y' L'utilisation d'une senne de plage de maille inférieur à 50 mm

y' La pêche nocturne pour les sennes tournantes du 1 au 30 décembre

y' La commercialisation de tout produit en provenance d'autres régions ou centres de pêche en période de « rush » sur le quai de Mbour.

Dans le domaine de l'environnement côtier et marin, il est interdit de rejeter des ordures et de déverser des eaux usées sur toute la plage entre le quartier de Mbour maure et celui de Golf. L'extraction de sable marin est aussi interdite.

Tous les acteurs officiant sur le quai sont tenus de respecter ces dispositions réglementaires sous peine d'une amende allant de 3000 à 300000 f CFA.

Pour une restauration de l'équilibre de l'écosystème marin, il est prévu une immersion de récifs artificiels ainsi que l'aménagement d'une AMP pour le repeuplement des stocks menacés.

I.2.2. A Joal

a. Identification des acteurs

Les acteurs de la gestion communautaire des ressources halieutiques à Joal sont la municipalité et l'Interprofessionnel de pêche appuyés par le WWF et l'UICN.

Compte tenu des compétences transférées, dans le cadre de la décentralisation, la mairie accompagne les initiatives en matière de gestion des ressources halieutiques. Sa plus grande action reste liée à la définition de la zone de débarquement fixée par arrêté N° 21 CJF. Elle supervise la gestion du quai de pêche confiée à l'Interprofessionnel de pêche qui regroupe tous les acteurs.

Le WWF et l'UICN sont des ONG dont les interventions portent essentiellement sur la
conservation de l'équilibre de l'environnement. L'UICN oeuvre principalement pour la protection

des espèces menacées alors que le WWF, à travers son bureau marin en Afrique de l'Ouest essaie de renforcer le réseau d'AMP dans la sous-région et d'appuyer le secteur de la pêche artisanale pour la promotion de pratiques de pêche responsables et durables.

b. Le projet d'aménagement de l'AMP de Joal

Les AMP sont devenues aujourd'hui un bon moyen de gestion des ressources en ce sens qu'elles permettent de créer des conditions propices à la régénération des stocks et au développement des espèces. Le procédé consiste à immerger des récifs artificiels dans une zone déterminée qui sera ensuite fermée à la pêche.

Au Sénégal, le WWF appuie le gouvernement dans ses projets d'aménagement de 4 nouvelles AMP dont celle de Joal-Fadiouth qui s'étendra de Ngazobil à Palmarin. C'est en collaboration avec la municipalité que la dite zone a été identifiée et officiellement cédée à l'occasion de la journée «don à la terre» du 13 juillet 2005. Sont associés à cette action, le poste de contrôle des pêches maritimes et la communauté des pêcheurs à travers l'Interprofessionnel.

c. La conservation des tortues marines

C'est un programme initié depuis 1999 par l'UICN. Il est né d'un constat d'une intense commercialisation des tortues marines en direction surtout des populations de l'île de Fadiouth, grandes consommatrices de chaire de tortue. Ce qui entraînait la surexploitation de ces espèces. C'est pour réduire la pression sur cette espèce et décourager sa pêche que ce programme est intervenu en mettant en place une stratégie de sensibilisation des acteurs par le biais d'émissions radiophoniques de « La côtière ». Ces initiatives ont connu un grand succès puisque la chaire de tortue n'est plus commercialisée à Joal-Fadiouth.

En somme, l'ensemble des stratégies répertoriées précédemment peuvent être classées selon 4 axes majeures : la régulation de l'accès à la ressource, la protection, l'aménagement et la sensibilisation.

Figure 3 : Les stratégies de gestion des ressources halieutiques à Mbour et à Joal

1. Régulation de l'accès à la

ressource

Permis de pêche Code de la pêche

Acteurs

Postes de contrôle Gendarmerie Organisations professionnelles locales CLP

ONG (WWF et UICN)

Protection

Repos biologique

Conservation des tortues marines

Code de conduite de Mbour. L'article 5 interdit la capture et détention de toute espèce immature ou protégée comme le lamantin, le dauphin, la tortue marine, le poulpe (-350 g)

3. Aménagement Projet d'aménagement de l'AMP de Joal

4. Sensibilisation

Campagne « légui doy na»

Emissions radiophoniques

Rappels faits par le services de pêche sur le respect des prescriptions réglementaires sur la taille des espèces, les engins de pêche, etc.

Chapitre II : Perception des stratégies de gestion par les pêcheurs

Dans les chapitres précédents, nous avons tenté de voir les modes d'exploitation des ressources halieutiques et leurs implications environnementales et socioéconomiques.

Il est apparu qu' à cause de certaines pratiques non durables, les ressources halieutiques subissent une forte exploitation. Les volumes globaux des débarquements ont tendance à baisser, la taille des espèces diminue et les pêcheurs passent plus de temps à pêcher que d'habitude. Le corollaire de tout ceci est que les revenus des pêcheurs diminuent de plus en plus et la pauvreté gagne le secteur de la pêche.

Face à cette situation, diverses stratégies de gestion sont déroulées et concernent pour la plupart des plans de conservation de la ressource et de renforcement de la réglementation de son accès. Nous avons recueilli les avis des pêcheurs sur ces mesures de gestion.

La majorité d'entre eux sont d'accord qu'il faut aujourd'hui des pratiques de pêche responsables et durables pour sauvegarder la ressource.

II.1. Le nouveau permis de pêche artisanale

L'instauration du permis de pêche artisanale est officiellement effective depuis le début du mois d'octobre 2005 sur l'ensemble du territoire national.

Au cours de nos enquêtes, sur l'ensemble des capitaines-piroguiers interrogés, seuls 3,75 % n'étaient pas au courant du projet d'instauration du permis de pêche. Ils sont tous originaires de Mbour (tableau 11).

Tableau 11 : Estimation du niveau de connaissance de l'instauration du permis de pêche
artisanale

Etes-vous au
courant de
l'instauration du
permis de
pêche ?

Mbour

Joal

Total

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

Oui

37

92,5

40

40

77

96,25

Non

3

7,5

0

0

3

3,75

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005.

Cette bonne connaissance de l'existence du permis de pêche, tient au fait que la mesure a été largement médiatisée et que des tournées de sensibilisation et d'information ont été effectuées dans 30 sites de pêche dont ceux de Mbour et de Joal au mois d'août dernier. C'est le CONIPAS, un syndicat créé en 2003 et qui regroupe l'ensemble des professionnels du secteur, qui en était le principal animateur avec le soutien des postes de contrôle des pêches maritimes. En outre, la quasi-totalité des pêcheurs ont bien accueilli cette mesure car pour eux l'accès à la profession doit être réglementé. Le permis de pêche est un bon moyen d'identification des vrais pêcheurs à condition qu'il soit délivré dans la transparence. Pour cela, ils proposent qu'une enquête approfondie soit effectuée par le CLP (chargé de délivrer le permis) sur la personne demandeur. Pour eux, l'intéressé doit fournir des renseignements précis sur ses moyens de production ainsi que sur son ancienneté dans le métier. Elle doit aussi montrer son savoir-faire et ses connaissances réelles du secteur ainsi que de l'environnement marin et côtier.

En ce qui concerne le coût des droits d'accès à la ressource, les pêcheurs sont unanimes à considérer que les tarifs appliqués (de 5000 à 25000 f CFA) sont vraiment accessibles contrairement à ceux appliqués par exemple en Guinée-Bissau et qui s'élèvent à 1 400 000 f CFA.

La lecture de cette nouvelle politique de régulation à l'accès à la ressource laisse apparaître une volonté manifeste de co-gestion des ressources halieutiques de la part des pouvoirs publics. Certaines prérogatives étatiques sont désormais concédées aux communautés de base à travers les Conseils Locaux de Pêche (CLP).

Cependant, une crainte est à prendre en compte. Elle concerne le caractère discriminatoire de l'application de la mesure. La mise en place de cette licence de pêche permet certes, de réguler l'effort de pêche excessif, mais elle cache une certaine volonté d'écarter les non-professionnels du secteur dont le seul tort est d'avoir cherché à échapper au chômage et à la pauvreté. Aussi, doit-on mettre en oeuvre des mécanismes de reconversion pour la réinsertion professionnelle de ces personnes.

II.2. Le code de la pêche

Tableau 12: Estimation du niveau de connaissance du code de la pêche de 1998

Etes-vous au
courant de
l'existence du
code de la pêche ?

Mbour

Joal

Total

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

V. absolue

V. relative

Oui

12

30

9

22,5

21

26,25

Non

28

70

31

77,5

59

73,75

Total

40

100

40

100

80

100

Source : Enquêtes personnelles, 2005.

La majorité des capitaines-piroguiers interrogés (73,75%) avouent ne pas être au courant de l'existence du code de la pêche maritime dont la mise en place est effective depuis 1998 ou prétendent n'avoir pas été suffisamment informés de son contenu.

Les pêcheurs qui affirment connaître son existence (22,5 % à Joal et 30 % à Mbour) ne peuvent pas en dégager les grandes lignes; mis à part la délimitation des zones de pêche industrielle et artisanale.

Certes, le taux élevé de pêcheurs n'ayant pas fréquenté l'école française (52,5 %) expliquerait en partie cet état de fait. Mais, il se trouve que certaines dispositions du code comme celles relatives à l'interdiction par exemple de l'utilisation d'engins destructeurs tels que les monofilemments ou multifilemments sont bien connues des pêcheurs. La preuve est que certains pêcheurs migrants n'hésitent pas à les utiliser lorsqu'ils sont à Mbour ou à Joal, alors qu'ils respectent la réglementation à Kayar où son application est stricte et contrôlée. Qui plus est, ils sont régulièrement sensibilisés par l'administration locale des pêches et certaines organisations professionnelles sur les dangers de l'utilisation de ces engins sur l'écosystème marin. Aussi, des rappels à l'ordre sont régulièrement faits à propos de la limitation sur la taille des espèces, du repos biologique, du maillage des filets, etc. De ce fait, la thèse de l'ignorance ou du manque de sensibilisation n'est pas soutenable. Ce qu'il faut par ailleurs envisager, c'est le renforcement des moyens de communication. Pour ce faire, nous pensons que dans le cadre de l'instauration du permis de pêche, on pourrait par exemple doter les CLP de Centres Communautaires Multimédia (CCM) comme ceux développés par l'UNESCO dans certaines îles du Pacifique pour une meilleure consolidation des pratiques éclairées. Dans ces CCM, on pourrait retrouver une station

radio dont la grille des programmes serait essentiellement consacrée à la sensibilisation des acteurs sur la gestion durable du milieu marin et côtier ainsi que du cadre de vie en général. L'accent serait mis surtout sur l'urgence de l'application de la réglementation en vigueur en matière de pêche maritime.

Outre la station radio, l'accès à Internet pourrait aussi être un levier pour permettre aux acteurs de dialoguer, d'échanger et de s'imprégner des pratiques éclairées extérieures afin de pouvoir les combiner avec les leurs ou celles plus modernes. Pour cela, un préalable est nécessaire. C'est la formation des pêcheurs aux TIC et leur alphabétisation en langues nationales ou en langues étrangères. Déjà, en matière d'initiation informatique, les membres du comité de gestion du quai de Mbour ont commencé à recevoir des modules de formation depuis plusieurs mois.

Toujours à propos de la perception du code de la pêche par les acteurs de la pêche à la base, on peut noter par ailleurs, que ce sont les pêcheurs à la retraite membres des organisations professionnelles qui semblent mieux le connaître.

La perception qu'ils ont du code n'est pas tout à fait négative. Mais, ils prônent son application stricte surtout en ce qui concerne la délimitation des zones de pêche. Pour eux, les pêcheurs sont victimes des incursions faites par les bateaux industriels dans la zone des 6 milles réservée à la pêche artisanale. Aussi suggèrent-ils son extension

jusqu'au- delà des 12 milles.

En ce qui concerne le problème de l'utilisation des engins de pêche artisanale non autorisés dans les eaux territoriales sénégalaises, ils ont souhaité son règlement à l'amiable. A ce propos, ils ont réaffirmé leur adhésion à la proposition faite par le cadre de concertation nationale sur la réglementation de l'accès à la ressource. Celle-ci consiste à accorder un délai aux utilisateurs de ces types d'engins pour leur permettre d'amortir les importants investissements avant l'application stricte de la réglementation.

D'autres propositions ont été faites. Il s'agit essentiellement du renforcement des postes de contrôle en ressources humaines et des moyens de communication pour la sensibilisation des acteurs pour des pratiques de pêche responsables.

II.3. Le code de conduite de Mbour

Seuls des pêcheurs résidents permanents (52,5%) ont fait mention de l'existence de ce code mais ne connaissent pas encore son contenu. Ceci est lié au fait que son application n'est pas encore totalement effective.

Mais déjà, ces pêcheurs sont d'accord sur le principe de l'autogestion et estiment qu'il est temps de réduire la pression sur la ressource.

Cette initiative est appréciable et montre que les acteurs sont bien conscients de la responsabilité de la pêche artisanale dans la surexploitation des ressources halieutiques.

Cependant, une chose est à signaler. Il s'agit du risque de conflits de compétences en matière de gestion des ressources halieutiques entre le comité de gestion du quai et le CLP qui devrait être bientôt installé. Aussi, compte tenu du fait que ce code n'a pas encore reçu l'approbation de l'autorité préfectorale, nous pensons qu' il serait prudent que cet instrument de régulation soit pris en compte dans l'élaboration des statuts du CLP et de la mise en place de ce dernier.

II.4. Le repos biologique

Tous les pêcheurs interrogés affirment être au courant du dernier repos biologique décrété par les pouvoirs publics entre le 20 mars et le 30 avril 2005 et aucun n'a transgressé l'interdit. Cependant, ils ont décrié la période pendant laquelle le repos a été décrété. Leur réponse est unanime :

« La fermeture de la pêche du poulpe de cette année n 'a pas été une réussite pour nous car depuis sa réouverture, l'espèce est devenue difficile à trouver. Les rares quantités de poulpe débarquées actuellement (au cours de nos enquêtes) ne comportent que des espèces de petite taille. Alors que c'est en juillet, août et septembre que la capture du poulpe se fait de manière beaucoup plus intense ».

Pour les pêcheurs interrogés, cette situation pourrait s'expliquer par le fait que la période pendant laquelle le repos a été décrété correspond au moment où l'espèce commence à arriver au large de nos côtes. Et le fait de ne pas les capturer pendant un certain temps entraîne leur migration. C'est pourquoi le produit est devenu introuvable.

Cette position sur le repos biologique est très paradoxale, et les interrelations entre les
conditions de migration et de celles de capture du poulpe telles que définies par les pêcheurs

posent un réel problème. Faut-il tenir compte de ces interrelations et leur accorder un crédit ? De toute manière, la fréquence des réponses apportées par les pêcheurs ne nous permettent pas de les réfuter catégoriquement. Cependant, nous pensons que les investigations méritent d'être poussées. Aussi est-il nécessaire de faire appel à la recherche biologique et océanographique en synergie avec les acteurs de la pêche pour savoir si réellement le poulpe est une espèce dont la capture est conditionnée par les conditions de migration.

II.5. L'aménagement de l'AMP de Joal

Les pêcheurs de Joal perçoivent ce projet d'aménagement comme un moyen de protection efficace de la faune marine et particulièrement des espèces menacées. C'est pourquoi ils ont réaffirmé leur adhésion à ce projet.

Cependant, une catégorie des pêcheurs a soulevé une question cruciale. Il s'agit des utilisateurs de sennes de plage. Pour eux, les promoteurs du projet doivent tenir compte de certaines préoccupations socioéconomiques. En effet, l'aménagement de l'AMP suppose le retrait des sennes de plage. C'est pourquoi ils souhaitent être dédommagés pour pouvoir se reconvertir dans d'autres types de pêche.

La question est à l'étude au niveau du WWF.

Conclusion

Les objectifs assignés à cette étude étaient d'abord de mesurer le degré d'information des pêcheurs sur les mutations biologiques du milieu marin et côtier, de procéder ensuite à une revue des mécanismes de gestion appliqués pour faire face aux problèmes induits et de voir le niveau de perception des pêcheurs sur les mesures de gestion mises en oeuvre.

Les enquêtes menées à Joal et à Mbour, nous ont permis de rassembler une série d'informations et de tenter de fournir quelques éléments de réponses par rapport à ces objectifs.

L'ensemble des pêcheurs interrogés ont reconnu que leur milieu de travail est soumis à des mutations telle qu'on peut parler actuellement de surexploitation halieutique. Trois critères fondent cet état. Il s'agit de:

> La diminution de la taille des espèces et de la menace d'extinction qui pèse sur certaines d'entre elles comme les ressources démersales côtières comme le cymbium, les mérous, les badéches, le pageot, etc.,

> La chute des volumes de débarquement,

> La durée de pêche de plus en plus longue causée par la rareté de la ressource et l'éloignement des zones de pêche.

Cependant, il est apparu que ce ne sont pas forcément les plus anciens pêcheurs qui sont les mieux informés des problèmes liés à ces mutations.

Les raisons évoquées par les pêcheurs pour expliquer ces problèmes biologiques, sont le chalutage de fond effectué par les bateaux industriels, le non respect de la réglementation avec l'utilisation d'engins de pêche prohibés comme les monofilemments ainsi que la violation des zones de pêche et l'accès libre à la ressource par la pêche artisanale qui reste pour eux l'un des motifs majeurs d'appauvrissement.

Les problèmes induits par la surexploitation des ressources halieutiques ont des incidences socioéconomiques. L'ensemble des pêcheurs concernés par cette étude ont, en effet, vu leurs revenus baissés et certains d'entre eux sont devenus pauvres.

Aujourd'hui, les acteurs de la pêche sont conscients du fait que les ressources de l'écosystème sont épuisables. C'est pourquoi en plus des stratégies déroulées à l'échelle nationale, ils tentent de mettre des dispositifs d'autogestion.

Parmi les stratégies officielles de gestion des ressources halieutiques, celle qui retient le plus l' attention est le permis ou la licence de pêche artisanale qui suppose désormais que les pêcheurs artisans payent d'abord pour avoir un droit d'accès à la ressource.

A Mbour et à Joal, le permis est positivement accueilli par les acteurs, car il constitue selon eux un moyen de réguler l'accès à la profession.

En ce qui concerne le code de la pêche maritime, il est apparu une sorte de désintéressement de la part des pêcheurs dont la majeure partie avoue ne pas être au courant de son existence.

La perception du repos biologique du poulpe par les pêcheurs n'est pas tout à fait positive. Pour eux, c'est la période de repos en elle-même (du 20 mars au 30 avril 2005) qui pose problème et qui a fait que la campagne du poulpe de cette année ait été un échec.

Concernant les mesures d'autogestion, l'initiative de Mbour qui consiste en la mise en place d'un code de conduite local basé sur le consensus et le projet d'aménagement de l' Aire Marine Protégée (AMP) de Joal soutenu par le WWF, montrent que les acteurs sont bien conscients de la responsabilité de la pêche artisanale dans la surexploitation des ressources halieutiques.

En définitive, les pêcheurs ont bien approuvé la mise en oeuvre de ces mesures de gestion comme l'instauration du permis de pêche qui demeure selon eux un véritable moyen de réguler l'accès à la profession. Cependant ils semblent ne pas être totalement en phase avec certaines méthodes de gestion comme le repos biologiques et le code de la pêche qui restreignent leurs capacités de captures.

Toutefois, la perception de ces stratégies de gestion par les pêcheurs laisse apparaître un sentiment qui montre que ceux-ci ne sont pas réellement convaincus par toutes les options prises pour une meilleure gestion des ressources halieutiques.

Bibliographie

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DIOUF (P.M.), 2004 : La pêche et l'insertion urbaine à Mbour, Mémoire de maîtrise de géographie, UCAD, 87 pages + annexes

DIOP (K.), 2001 : La pêche à Mbour : Essai d'approche géographique, Mémoire de maîtrise de géographie, UCAD, 92 pages + annexes.

DIOP (O.), 2002 : La transformation artisanale des produits de la pêche le long du littoral sénégalais : Etude géographique, Thèse de doctorat d'Etat, UCAD, 392 pages.

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DPM, 2003 : Résultats généraux des pêches maritimes, 93 pages + annexes

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FAO, 2002 : Rapport de la conférence de Reykjavik sur une pêche responsable dans l'écosystème marin, Reykjavik, Island du 1° au 04 octobre 2001, Rome, 128 pages.

FAO, 2004 : Rapport et documentation de l'atelier de réflexion sur la régulation de l'accès et le développement des pêcheries en Afrique de l'ouest- Saly Portudal, Sénégal du 7 au 10 octobre 2003, rapport sur les pêches N°728, Rome, 123 pages

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FAYE (S.), 1995 : L'évolution géomorphologique du littoral de Joal-Fadiouth à Palmarin, Mémoire de maîtrise de géographie, UCAD, 84 pages

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REBERT (J. P.), 1978: Aperçu sur l'hydrologie du plateau continental ouest-africain de la Mauritanie à la Guinée. In Rapport du groupe de travail ad hoc sur les poissons pélagiques côtiers ouest-africains de la Mauritanie au Libéria (26° N à 25° N), FAO (COPACE/PACE) série 78/10. SAGNE (E.), 2004 : Les stratégies de financement des activités de la pêche à Joal, Mémoire de DEA chaire UNESCO, 62 pages

SANE (K.), 2000 : Les accords de pêche entre l'UE et le Sénégal : Enjeux et impacts sur la gestion des ressources halieutiques, Mémoire de DEA - ISE - UCAD, 126 pages

TURMINE (V.), 2001 : Les variations spatio-temporelles des marais à mangroves et de leur hydrodynamisme en Afrique de l'ouest entre la Petite Côte et la Guinée. Géomorphologie et télédétection, Mémoire de DEA, Université Paris VII, 123 pages.

UCAD, 1998 : Contribution à l'élaboration de pratiques éclairées en vue du développement durable des régions côtières et des petites îles, rapport de synthèse du séminaire du 14 mai 1998, Dakar, 28 pages.

ANNEXES

Annexes 1 : Questionnaire

QUESTIONNAIRE PECHEUR

N° du questionnaire : Lieu :

A. Caractéristiques d'identification

Nom Prénom

Age

Ethnie : a. Pulaar b. Wolof c. Serere d. Mandingue e. Autre

Niveau d'instruction : a. Supérieur b. Secondaire c. Primaire e. Autre

Résident : a. Permanent b. Saisonnier
Depuis combien de temps pratiquez-vous la pêche ?

B. Modes d'exploitation et perception de la surexploitation des RH par les pêcheurs

Quel type d'engin utilisez-vous ?

a. Filet dormant longueur (m) chute (m) maille (mm)

b. Filet maillant dérivant longueur (m)

c. Filet maillant encerclant longueur (m)

d. Senne tournante longueur (m)

e. Senne de plage longueur (m)

f. Ligne simple

g. Palangre

chute (m) maille (mm)

chute (m) maille (mm)

chute (m) maille (mm)

chute (m) maille (mm)

Quelles espèces ciblez-vous ?

Vous arrive-t-il de capturer des espèces immatures ? Oui Non

Si oui, pourquoi ?

Quelle quantité de poisson pêchez-vous en moyenne par jour ?

Pêchiez-vous la même quantité au cours de ces 10 dernières années ? Oui Non

Si non, quelle quantité pêchiez-vous ?

Passez-vous plus de temps à pêcher qu'il y a 10 ans ? Oui Non

Si oui, quelles en sont les raisons ?

Avez-vous constaté une diminution de la taille des poissons ? Oui Non

Si oui, quelles sont les espèces les plus touchées ?

Avez-vous remarqué la disparition de certaines espèces ? Oui Non

Si oui, lesquelles ?

Selon vous, quelles sont les raisons de cet état de fait ?

Comment évaluez-vous la part de responsabilité de la pêche artisanale dans cette situation ?

a. très forte b. forte c. faible d. aucune responsabilité

Justifiez votre réponse

Avez-vous remarqué des activités polluantes de la mer ? Oui Non

Si oui, quels liens peut-on faire entre la pollution et la diminution des RH ?

Exercez-vous d'autres activités économiques ? Oui Non

Si oui, lesquelles et pourquoi ?

Quel est votre revenu mensuel ?

Quelle proportion provient de la pêche ?

Quel impact la diminution des RH a-t-elle sur vos revenus ?

C. Perception des stratégies de gestion des RH par les pêcheurs

Etes-vous au courant de l'existence du code de la pêche de 1998 ? Oui Non

Si non, comment expliquez-vous cela ?

Si oui, quelles en sont les grandes lignes ?

Appliquez-vous normalement les textes réglementaires proposés par ce code de la pêche ? Oui Non

Si oui, comment ?

Si non, pourquoi ?

Selon vous, quelles sont les limites de cette réglementation ?

Est-ce que les pêcheurs se préoccupent d'une pêche responsable et durable ? Oui Non

Si oui, à quand remonte cette préoccupation et quelle était sa motivation ?

Si non, quelles en sont les raisons ?

Mis à part le code, êtes-vous au courant d'autres initiatives prises par l'Etat pour la gestion des ressources halieutiques ? Oui Non

Si oui, lesquelles ?

Etes- vous au courant de le l'instauration du permis de pêche artisanale ? Oui Non

Si oui, qu'en pensez-vous ?

Si non pourquoi ?

Etes-vous au courant du dernier repos biologique ? Oui Non

Avez-vous observé ce repos ?

Oui Non

Quelle appréciation en portez-vous ?

Quels sont les mécanismes de gestion communautaires des RH ?

Quelle en est leur portée et quels sont les résultats obtenus ?

Pensez-vous que les groupements et associations de pêcheurs jouent bien leur rôle par rapport à la protection de l'environnement marin et au renouvellement des RH ? Oui Non

Si non, pourquoi ?

Si oui, comment le font-ils ?

Etes-vous prêt à participer à la lutte contre la surexploitation des RH ? Oui Non

Si oui, comment ?

Si non, pourquoi ?

Quelles mesures de conservation et de valorisation les organisations et l'Etat doivent-ils prendre pour une meilleure gestion des RH ?

Etes-vous au courant d'un programme ou d'un plan de gestion initié par les autorités publiques ou les ONG dans votre localité ?

Oui Non

Si oui, quelle en est la quintessence et pensez-vous que cela puisse contribuer à une meilleure gestion des RH ?

Photo 1 : Quai de pêche de Joal Photo 2 : Usine de fabrique de glace à Joal

Cliché : M. D. LO, 2005 Cliché : M. D. LO, 2005

Photo 3 : Retour de pêche à Joal Photo 4 : Débarquement des captures à joal

Cliché : M. D. LO, 2005 Cliché : M. D. LO, 2005

Photo 5 : Un après-midi de pêche à Joal Photo 6 : Sardinelles rondes débarquées à Joal

Cliché : M. D. LO, 2005 Cliché : M. D. LO, 2005

Photo 7 : Un après-midi de pêche à Mbour Photo 8 : Porteurs de paniers à Mbour

Cliché : M. D. LO, 2005 Cliché : M. D. LO, 2005

Photo 9 : Requins bleu éviscérés à Mbour Photo 10 : Le Cymbium débarqué à Mbour

Cliché: M. D. LO, 2005 Cliché: M. D. LO, 2005

Photo 11 : Une des affiches de la campagne « légui doy na »

Source : Oceanium Dakar

Liste des tableaux

Tableau 1 : Présentation de l'échantillon

12

Tableau 2 : Répartition des groupes d'âge des capitaines-piroguiers

23

Tableau 3: Ancienneté des capitaines-piroguiers dans le métier

...23

Tableau 4: Répartition ethnique des capitaines-piroguiers

24

Tableau 5: Résidence des capitaines-piroguiers

.24

Tableau 6 : Répartition du niveau d'instruction des capitaines-piroguiers

.25

Tableau 7 : Evolution des mises à terre de Mbour de 1992 à 2004

....35

Tableau 8 : Evolution des mises à terre (en tonnes) à Joal de 1999 à 2004

36

Tableau 9 : Evolution de quelques espèces (en tonnes) à Joal entre 1999 et 2004

.... 37

Tableau 10 : Estimation du niveau de responsabilité de la pêche artisanale dans la diminution des ressources halieutiques par les capitaines-piroguiers .39
Tableau 11 : Estimation du niveau de connaissance de l'instauration du permis de pêche

artisanale .50

Tableau 12: Estimation du niveau de connaissance du code de pêche de 1998 52

Liste des photos

Photo 1 : Des boîtes de sardinelles conditionnées pour être convoyées à partir de Mbour 27

Photos 2 et 3 : Fours à gauche et magasins de stockage sur le site de Khelcom 28

Photo 4 : Pirogues à filets maillants fixes ou dormant (« mbal ser ») .32

Photo 5 : Type de monofilemment usé rejeté sur la plage de Joal 32

Photo 6 : Pirogues à senne tournante .33

Photo 7 : Pirogue glacière

Liste des figures

Figure 1 : Localisation des centres de pêche de la Petite côte

17

Figure 2 : Evolution des mises à terre à Joal de 1999 à 2004

.36

Figure 3 : Les stratégies de gestion des ressources halieutiques à Mbour et à Joal

49

Table des matières

Sigles et acronymes .2

Sommaire 4

Avant propos 5

Problématique 6

Méthodologie générale 9

Cadre conceptuel

Introduction ...16

Première partie : Physionomie de la pêche artisanale à Mbour et à Joal 18

Chapitre I : Les fondements de la pêche 19

I.1. Les conditions naturelles 19

I.1.1. Morphologie et nature des fonds .19

I.1.2. L'hydrologie marine 19

I.2. Les facteurs politiques et humains .20

I.2.1. Les structures d'encadrement et d'appui à la pêche 20

a. Les postes de contrôle des pêches maritimes 20

b. Les infrastructures d'appui 21

I.2.2. Les facteurs humains 22

Chapitre II : Les activités annexes de la pêche 26

II.1. Le mareyage en frais .26

II.2. La transformation artisanale 27

II.2.1.A Mbour 27

II.2.2. A Joal 28

Deuxième partie : Modes d'exploitation et perception de la surexploitation halieutique

par les pêcheurs .30

Chapitre I : Modes d'exploitation des ressources halieutiques 31

I.1. L es filets généraux 31

I.1.1. La senne de plage 31

I.1.2.Les filets maillants 31

I.1.3. La senne tournante 33

I.1.4. Les lignes 34

Chapitre II : Perception de la surexploitation halieutique par les pêcheurs et étude

des impacts socioéconomiques

35

II.1. Perception de la surexploitation des ressources halieutiques par les pêcheurs

.35

II.2. Les impacts socioéconomiques

.40

 

Troisième partie : Perception des stratégies de gestion par les pêcheurs

.41

Chapitre I : Les stratégies de gestion des ressources halieutiques

42

I.2. La réglementations officielle

42

I.1.1. Le nouveau code de la pêche maritime

42

I.1.2. La réglementation de l'accès à la ressource pour la pêche artisanale

..43

I.1.3. Le repos biologique

..44

I.1.4. La campagne de réduction de la pêche aux juvéniles

..45

I.2. Le système communautaire de gestion des ressources halieutiques

46

I.2.1. A Mbour

.46

a. Identification des acteurs

46

b. Le code de conduite local

.46

I.2.2. A Joal

47

a. Identification des acteurs

47

b. Le projet d'aménagement de l'AMP de Joal

48

c. La conservation des tortues marines

.48

Chapitre II : Perception des stratégies de gestion par les pêcheurs .50

II.1. Le nouveau permis de pêche artisanale 50

II.2. Le code de la pêche 52

II.3. Le code de conduite de Mbour 54

II.4. Le repos biologique 54

II.5. L'aménagement de l'AMP de Joal .55

Conclusion 56

Bibliographie 58

Annexes 61

Liste des tableaux .69

Liste des photos 69

Liste des figures 69

Table des matières 70






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore