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Pêche et Environnement : Perceptions de la surexploitation halieutique et des stratégies de gestion par les pêcheurs artisans de Mbour et de Joal (Sénégal).

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par Mamadou Diakhaté LO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2005
  

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Introduction

Au Sénégal, le secteur de la pêche est confronté à une crise environnementale. Face à l'intensité de la pollution marine et surtout à des pratiques de pêche peu responsables, l'écosystème subit actuellement des modifications biologiques qui risquent de compromettre la survie des communautés littorales qui constituent pas moins de 40%1 de la population du pays. Ces mutations biologiques se traduisent par une baisse du volume global des mises à terre, une diminution de la taille des espèces, la disparition de certaines espèces comme les pagres des tropiques et l'éloignement des zones de pêche.

Les communes de Mbour et de Joal, situées respectivement à 80 km et à 118 km au sud de Dakar, n'échappent pas à cette situation. Elles appartiennent à la Petite Côte qui est aujourd'hui l'une des grandes régions maritimes du pays les plus touchées par la surexploitation halieutique.

En dehors des problèmes environnementaux qu'elle induit, la surexploitation halieutique engendre aussi des difficultés sociales et économiques qui font que les pêcheurs deviennent de plus en plus pauvres.

Les objectifs de cette présente étude sont d'abord de voir dans quelles mesures les pêcheurs de Mbour et de Joal sont au courant des modifications du milieu naturel dans lequel ils travaillent. Il s'agit de discerner les critères à partir desquels les pêcheurs perçoivent les mutations biologiques de l'écosystème marin.

Le deuxième objectif est la revue des mécanismes de gestion des ressources halieutiques pour faire face au problème de la rareté de la ressource.

Ensuite nous tenterons de faire une analyse du niveau de perception des acteurs sur ces mesures de gestion.

Les communes de Mbour et de Joal ont été respectivement créées en 1926 et en 1966. Elles se situent dans le département de Mbour. Géographiquement, Mbour s'inscrit entre les latitudes 14° 02' et 15° 27' Nord et les longitudes 16° 02 et 17° 12' juste au Nord de Joal.

Les zones d'études bénéficient d'un climat marqué par deux saisons distinctes : une saison pluvieuse de trois mois (juillet, août et septembre) et une autre sèche plus longue (d'octobre à juin).

Les principales activités économiques sont la pêche, le tourisme et l'agriculture.

1 Source : www.ird.sn/activites/ancienprg/littoral

PREMIERE PARTIE :

PHYSIONOMIE DE LA

PECHE ARTISANALE

A MBOUR ET A JOAL

Chapitre I : Les fondements de la pêche

Les zones étudiées se situent sur la Petite côte qui est l'une des grandes régions maritimes du pays. La Petite côte s'étend sur environ 65 km, de Toubab Dialao à Joal. Comme sur toute la façade maritime sénégalaise, elle bénéficie de conditions naturelles très favorables à l'activité de pêche. Celles-ci sont essentiellement liées à la morphologie et à la sédimentologie du plateau continental ainsi qu'à l'hydrologie marine. A cela s'ajoutent d'autres facteurs liés à la volonté politique du gouvernement sénégalais de promouvoir le secteur et au potentiel humain très soucieux des progrès technologiques.

I.1. Les conditions naturelles

Nous évoquons ici les caractéristiques morphologiques et sédimentologiques du plateau continental ainsi que l'hydrodynamisme marin.

I.1.1. Morphologie et nature des fonds

Il existe une documentation abondante sur la description du plateau continental sénégambien et de la nature de ses fonds (Domain-1976, ORSTOM-1983, Llrés-1986, Diaw-1997,

Tumine-2001, Niang-Diop-2003, etc.). Ces auteurs précisent que le plateau continental couvre une superficie d'environ 30000 km2 inégalement répartie de part et d'autre du Cap-Vert puisque la partie Sud représente 79% de la superficie totale.

Au Nord, il est large de 50 km en face de Saint-Louis et se rétrécit au Nord de la presqu'île du cap-vert. Mis à part le canyon de Kayar (15° 00 N), les fonds sont peu accidentés et sont de nature sableuse ou sablo-vaseux.

Au Sud, le plateau s'élargit de la presqu'île du Cap-Vert pour atteindre une largeur de 100 km à la hauteur de la Casamance. Il est marqué par des fonds rocheux, discontinus ou en bancs et des fonds meubles.

C'est cette nature diverse des fonds marins qui détermine en grande partie la répartition des ressources démersales en particulier.

I.1.2. L'hydrologie marine

La répartition et la diversité des ressources biologiques sur le plateau continental sont aussi fonction des conditions hydrodynamiques générales des eaux sénégalaises largement décrites par de nombreux océanographes et géographes tels que Berrit (1962), Rossignol et Aboussan (1965), Rebert (1978), Gerard (1985), Llrés (1986), etc.

Nous reprenons ci-dessous les principaux éléments caractéristiques définis par ces auteurs. Trois grands traits marquent l'hydrologie marine de la façade sénégalaise :

V' Les courants marins qui sont de deux ordres : le courant froid et permanent des Canaries venant du Nord et le contre courant équatorial venant de l'Ouest apportant les eaux chaudes et salées.

V' Les masses d'eau qui sont de trois types : les eaux froides et salées provenant soit du courant de dérive des Canaries, soit des couches profondes (-80 m); les eaux tropicales chaudes et salées amenées par le contre courant équatorial et les eaux libériennes ou guinéennes chaudes, dessalées par les pluies de mousson et les écoulements continentaux.

V' Les up welling côtiers qui sont des remontées d'eaux froides profondes riches en sels nutritifs et induits par les alizés en saison froide. Ils sont conditionnés, dans leurs fluctuations spatiale et temporelle, par le profil de la côte, la topographie du plateau continental, la direction et l'intensité des vents. Sur la Petite Côte, où la frange côtière est abritée, la persistance de l'upwelling fait que la pêche est possible pendant toute l'année. Contrairement à la Grande Côte Nord où la cessation des alizés (juillet à octobre) appauvrit le plateau continental.

I.2. Les facteurs politiques et humains

Le développement des activités de la pêche à Mbour et à Joal, est aussi lié à la présence des structures d'encadrement et d'appui et aux qualités professionnelles des acteurs à la base.

I.2.1. Les structures d'encadrement et d'appui à la pêche

Il s'agit essentiellement de l'administration locale des pêches maritimes représentée par les postes de contrôle, des infrastructures d'appui tel que les quais de pêche et des structures de financement.

a. Les postes de contrôle des pêches maritimes

A Mbour comme à Joal, les postes de contrôle des pêches maritimes jouent presque les mêmes rôles et dépendent tous du service départemental des pêches maritimes de Mbour qui assure la coordination de leurs activités.

Les postes de contrôle sont chargés chacun en ce qui le concerne :


· De la protection des ressources halieutiques. Ils veillent notamment au respect des prescriptions réglementaires sur la taille des espèces ainsi que sur l'utilisation des engins de pêche.

· Du contrôle sanitaire et la certification d'origine des produits. Par exemple, à Joal, cette tâche est exécutée en collaboration avec le poste de contrôle de la gendarmerie installée à l'entrée de la ville.

· Du respect de la réglementation sur les zones de pêche

· De la salubrité et de l'hygiène des quais de pêche

· De la distribution du carburant subventionné par l'Etat à hauteur de 45 %.

· De l'appui des professionnels en matière de formation et de sensibilisation sur les questions de pêche, etc.

Toutes ces missions sont exécutées sous l'autorité du chef de poste.

b. Les infrastructures d'appui

Dans le souci de développer le secteur de la pêche, le gouvernement sénégalais a, depuis le début des années 1980, exécuté des programmes d'appui et d'encouragement en partenariat avec les bailleurs de fonds. Cet appui consiste essentiellement à doter les sites de pêche du littoral d'équipements modernes et performants.

C'est ainsi que, dans le cadre du déroulement du PAPEC, Joal a pu bénéficier d'un quai de pêche d'un coût global de 900 millions de f CFA en 1994.

Il s'étend sur :

· Une zone de débarquement avec deux parties distinctes : un côté gauche réservé aux espèces pélagiques et celui de droite aux espèces démersales.

· Un hangar pour le conditionnement des captures

· Une esplanade pour le stationnement des camions frigorifiques

· Deux canaux d'évacuation des eaux usées, l'un ceinturant le quai et l'autre construit à l'intérieur du hangar.

La gestion du quai est confiée au GIE interprofessionnel sous le contrôle de la municipalité. Il est notamment chargé de veiller à son bon fonctionnement, de s'occuper de l'hygiène, de la salubrité, etc.

Les autres infrastructures d'appui sont composées de 6 fabriques de glace, de 5 stations services pour la distribution du carburant (Elf, Total II, Mobil, Shell et Elton) et d'une usine de mareyage en frais (Elim Pêche).

Pour sa part, le quai de Mbour a été construit en 2000. Sa configuration est identique à celle du quai de pêche de Joal à l'exception de l'aménagement de la zone de débarquement. Ici, le côté droit est réservé aux pélagiques et celui de gauche aux démersales.

La gestion du quai est assurée par le GIE « And Liguey Tefess » qui est sous l'autorité de la municipalité de Mbour. Ses fonctions sont identiques à celles du GIE chargé de la gestion du quai de Joal.

Pour ce qui est des infrastructures complémentaires, nous avons dénombré 3 fabriques de glace fonctionnelles, 2 usines de transformation et de nombreuses stations services.

En matière de financement de la pêche, plusieurs structures peuvent être citées.

A Mbour, on a le crédit mutuel et la mutuelle de la FENAGIE Pêche jouxtant l'esplanade réservée aux camions frigorifiques. Cette dernière est plus spécialisée et permet à tous les acteurs de pouvoir bénéficier de crédits plus facilement.

A Joal, on a la Mutuelle d'Épargne et de Crédit pour le Développement de la Pêche à Joal soutenue, techniquement et financièrement par, l' ADPES et la FENAGIE. Son principal objectif est de collecter les fonds disponibles dans la localité pour satisfaire les besoins financiers de ses membres.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote