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Le discours religieux en Tunisie: L'exemple de la communauté juive

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par Sadek MTIMET
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ( Université Al-Manar) - Master en sciences poltiques 2007
  

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A - Une mémoire collective spécifique

Nombreux sont les mythes fondateurs qui se rattachent toujours soit à des personnes soit à des lieux . Pour les uns et les autres, on attribue une sacralité dans un but démonstratif d'ancrage de la Communauté au territoire . Deux exemples typiques de ces mythes fondateurs de la Communauté juive tunisienne sont révélateurs de sa "tunisienneté" : Lella Ghriba et le Hara de Tunis

+ Le premier mythe fonde l'antécédence de cette communauté sur le territoire tunisien et se rattache à la tradition maraboutique juive locale : le sanctuaire de la grande sainte juive de l'île de Jerba, dans le sud tunisien, Lella Ghriba (l'abondonnée), objet de pèlerinage annuel chaque mois d'avril . Ce sanctuaire renfermait selon une vieille tradition une porte du temple du Roi Salomon fils de David détruit après la prise de Jérusalem en 586 avant J.C. (5) . L'établissement des juifs en Tunisie daterait ainsi de la plus haute antiquité . Dans cette perspective, Jerba joue un rôle dominant, revendiquant son origine mythique de "nation de prêtres " , les juifs jerbiens , descendants des kohanim , officient en tant que tels et jouissent d'un prestige incontesté dans les

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(1) Brunschvig R., La berbérie orientale sous les hafsides , cité par Larguèche A, idem p. 36  (2) Sebag P. op cit p.154 (3) Ibn Khaldoun A., Al-Mukaddima, Tunis, M.T.E., 1984, p.54. (4) Adda G., 'Israël, le péché originel' dans le Journal Al-Ch'ab (UGTT), Tunis du 21 octobre 2006 (5) Ben Attar L., 'La Gheriba de Djerba' in Vie de Tunis , III-n° 21/1924, p.140, cité par Larguèche A., op cit , p.648

milieux religieux (1) . Déjà , les rabbins de Jerba se sont opposés à l'ouverture d'un établissement de l'Alliance Israélite Universelle en 1904 car, pour eux , l'école séculière juive est menaçante vu qu'elle mettait en question les contenus même du système éducatif rigoriste de Or Torah (2) .

+ Le deuxième mythe se rattache à l'habitat juif dans la ville de Tunis . Dans la mémoire juive l'installation de leur Communauté à l'intérieur de la Médina de Tunis serait la conséquence de l'initiative du saint-patron de Tunis ( Sultan el-Medina ) le faqih malékite Mehrez Ibn Khalaf ( Sidi Mehrez ) . La légende , savamment entretenue par une tradition orale puis écrite , a fini par s'imposer comme une vérité axiomatique à portée symbolique . Si la plupart des versions insistent sur la tolérance du saint-faqih et présentent l'intercession en leur faveur émanant de sa propre initiative , d'autres font intervenir l'intelligence des juifs pour parvenir à leurs fins . L'une des versions raconte qu'un rabbin ordonna aux artisans habiles juifs de fabriquer deux beaux sabres identiques. Il offrit l'un d'eux au Prince musulman qui admira l'arme , alors il l'informa de l'existence d'un autre aussi magnifique à Constantinople et que la seule personne qui peut le lui procurer était Sidi Mehrez grâce à ses pouvoirs miraculeux . Alors le saint , sommé par le prince d'aller chercher le sabre , n'eut d'autres recours que de s'adresser aux juifs qui posèrent comme condition à leur coopération son intervention auprès du souverain afin d'autoriser quatre familles juive ( 'Hâra en arabe dialectal ou Quartel ) à s'installer à l'intérieur de la cité . Ce qui fut fait et depuis les juifs quittèrent le quartier de Mellassine pour s'installer près de la Zawiya ( Mausolet ) du saint . Les quatre familles comprenait en réalité toute la Communauté qui comptait quatre lignées matrimoniales (3).

Une légende chargée de symboles et de sens : l'ouverture de la Médina aux juifs apparaît comme le résultat de la génie juive qui a su mettre à profit le crédit du saint auprès du prince et de la population musulmane . Elle participe dans la tradition orale judéo-musulmane de Tunis à approfondir les bases d'une sociabilité durable entre les deux communautés de la cité .

D'autres mythes ont fonctionné par la création d'un passé mythique qui se confondait avec la réalité historique et qui servait à la fois des objectifs de légitimation aux yeux de la Communauté musulmane majoritaire et de ciment de cohésion pour la survie de la Communauté. Ainsi , nous retrouvons une tradition qui procède par la fixation d'un ensemble d'événements fondateurs qui donnent au récit historique de la Communauté une portée trans-historique (4) et aide à l'ancrage de l'affirmation d'une identité culturelle locale .

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(1) Podselver L., 'Religion populaire : continuité' in Fellous S., Dir de , op cit , p.361 . (2) Valensi L., op cit , p.124 . (3) Cazes D., Essai sur l'histoire des israélites de Tunisie - Paris : 1889, p.75 , cité par Larguèche A., op cit, p.650. (4) Larguèche A., op cit, p.654

La référence à l'histoire , légendaire , mythique ou réelle n'était pas la seule stratégie déployable dans l'instrumentalisation de la formation identitaire au service de la réclamation de son appartenance à ce territoire . La Communauté juive dispose d'autres ressources mobilisables pour la construction identitaire : ce sont les traditions et les coutumes .

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon