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Etude lexico-semantique des noms des journaux au Rwanda

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par Pierre Canisius MUTSINZI
Université Nationale du Rwanda (UNR) - Licence en Langue et Littérature Française, Option Science du Langage 2007
  

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UNIVERSITE NATIONALE DU RWANDA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE LANGUE ET LITTERATURE FRANÇAISES

OPTION : SCIENCES DU LANGAGE

ETUDE LEXICO- SEMANTIQUE DES NOMS DES JOURNAUX AU RWANDA

Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de Licencié (Bachelor's Degree) ès Lettres

Présenté par : P. Canisius MUTSINZI

Directeur : Dr. Evariste NTAKIRUTIMANA

Butare, Octobre 2007

DEDICACE

A Dieu tout puissant

A mon regretté père

A ma chère mère

A mes frères et soeurs et les leurs

A tous mes amis.

Remerciements

Le présent travail a été élaboré grâce au concours de nombreuses personnes qui méritent nos vifs remerciements, du fait qu'elles ont contribué, d'une façon ou d'une autre, à sa réalisation.

Nos remerciements s'adressent principalement au Docteur Evariste NTAKIRUTIMANA qui n'a cessé de nous faire des suggestions, des remarques et des conseils judicieux dans le but de bien mener à terme ce travail. Pour sa disponibilité, sa rigueur scientifique, nous lui adressons nos remerciements. Qu'il trouve dans ce travail l'expression de notre plus grande reconnaissance.

Nous tenons à remercier aussi tous les enseignants de la faculté des Lettres et Sciences Humaines et ceux du Département de Langue et Littérature françaises en particulier qui tous leur possibles, afin de faire de nous ce que nous sommes aujourd'hui.

Monsieur Désiré BAZIMAZIKI, chargé de la gestion des journaux de la presse écrite au MININFOR et Monsieur Eric BAZIREMA secrétaire au HCP, sont également à remercier pour leur contribution à l'enrichissement de notre documentation. Nous pensons aussi à Monsieur J. Claude MUGIRIMANA, Monsieur Alphonse NSHIMIYIMANA pour leur soutien lors de la saisie de ce travail et Monsieur Sarto MUNYANEZA qui nous a aidé beaucoup dans l'impression.

Nos hommages sont rendus enfin à toutes les personnes qui se sont données pour la réalisation de ce mémoire en nous fournissant des informations, ou par leur aide morale et/ou matérielle. Nous pensons plus particulièrement à tous les membres de notre famille qui se sont sacrifiés pour la réussite de notre formation. Que tous nos amis qui ont contribué à la réalisation de ce travail, trouvent ici l'expression de notre plus grande reconnaissance.

MUTSINZI Pierre Canisius

TABLE DES MATIERES

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

TABLE DES MATIERES III

LISTE DES TABLEAUX V

SIGLES ET ABREVIATIONS VI

0. INTRODUCTION 1

0.1. DEFINITION DE LA PRESSE 1

0.2. ETAT DE LA QUESTION ET PROBLEMATIQUE 2

0.3. OBJECTIFS DU TRAVAIL 4

0.3.1. Objectif général 4

0.3.2. Objectifs spécifiques 5

0.4 HYPOTHÈSE DU TRAVAIL 5

0.5 LIMITE DU SUJET 5

0.6. MÉTHODOLOGIE 5

0.6.1 Constitution du corpus 5

0.6.2. Analyse des données et interprétation des résultats 6

0.6.2.1. Approche lexicologique 6

0.6.2.2 Analyse lexico- sémantique 7

0.7. ARTICULATION DU TRAVAIL 7

CHAP. I PANORAMA DE LA PRESSE RWANDAISE 8

1.0. INTRODUCTION 8

1.1. VUE PANORAMIQUE DE LA PRESSE RWANDAISE 8

1.1.1. La presse rwandaise avant la colonisation 8

1.1.2 La presse rwandaise pendant et après la colonisation 9

1.1.2.1. La presse rwandaise pendant la colonisation 9

1.1.2.2. La presse rwandaise après la colonisation 12

1.1.3. La presse rwandaise après le génocide 16

1.2. LES GRANDES PÉRIODES DE LA PRESSE ÉCRITE RWANDAISE 17

CONCLUSION 19

CHAP II : REPERTOIRE DES JOURNAUX RWANDAIS 20

2.0. INTRODUCTION 20

2.1. CLASSIFICATION DES JOURNAUX 21

CONCLUSION 30

CHAP III : ANALYSE LEXICO-SEMANTIQUE DES NOMS DES JOURNAUX RWANDAIS 31

3.0. INTRODUCTION 31

3.1. LA NÉOLOGIE MORPHOLOGIQUE 31

3.1.1. La composition 31

3.1.2. La dérivation 32

3.1.2.1. Préfixation nominale 33

3.1.2.2. Dérivation suffixale 36

3.1.2.3. Dérivation déverbative 38

3.2. LA NÉOLOGIE SÉMANTIQUE 39

3.2.1. La synonymie 39

3.2.2. La polysémie 40

3.2.3. La métaphore 40

3.3. LE CONTEXTE DE DÉNOMINATION DES JOURNAUX AU RWANDA 42

3.4. LA MOTIVATION DANS LA DÉNOMINATION DES JOURNAUX AU RWANDA 45

3.4.1. Motivation politique 46

3.4.2. Motivation religieuse 47

3.4.3. Motivation liée à la pérennité ou la beauté de la Nation 48

3.4.4. Motivation liée aux valeurs culturelles/ universelles 48

3.4.5. La motivation liée au renouveau ou au changement 49

3.4.6. Usage des langues dans la presse écrite rwandaise 51

CONCLUSION 52

CONCLUSION GENERALE 53

BIBLIOGRAPHIE 55

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Parution des journaux selon les 4 périodes 19

Tableau 2: Liste des journaux fonctionnels 21

Tableau 3: Liste des journaux non- fonctionnels 25

Tableau 4: Classes nominales 33

Tableau 5: Présentation synthétique des procédés morphologiques 38

Tableau 6: Synthèse des procédés sémantiques relevés dans ce travail 41

Tableau 7: Présentation des thèmes de motivation dégagés 50

Tableau 8: Fréquence des langues dans la presse écrite rwandaise 52

SIGLES ET ABREVIATIONS

AGEUNR : Association Générale des Etudiants de l'Université Nationale du Rwanda

APROSOMA : Association pour la Promotion Sociale de la Masse

CDR : Congrès Démocratique pour le Rwanda

CNUR : Commission Nationale d'Unité et Réconciliation

COK : Collège Officiel de Kigali

CEPR : Conférence Episcopale du Rwanda

EJC : Ecole de Journalisme et de Communication

FPR : Front Patriotique Rwandais

G.S : Grand Séminaire

HCP : Haut Conseil de la Presse

IPN : Institut Pédagogique National

JAC : Jeunesse Agricole Catholique

JDR : Jeunesse Démocratique Rwandaise

JEC : Jeunesse Estudiantine Catholique

JOC : Jeunesse Ouvrière Catholique

LDGL : Ligue des Droits de la personne dans la Région des Grands Lacs

LIPRODHOR : Ligue pour la Promotion des Droits de l'Homme au Rwanda

MDR : Mouvement Démocratique Rwandais

MINADEF : Ministère de la Défense

MINIJUST : Ministère de la Justice

MININFOR : Ministère de l'Information

MRND : Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement

ORINFOR : Office Rwandais d'Information

PL : Parti Libéral

PSD : Parti Social Démocratique

RDF : Rwanda Defense Force (les forces rwandaises de défense)

RIMEG : Rwanda Independant Media Group (groupe rwandais des médias indépendants)

RTLM : Radio Télévision Libre des Mille Collines

S.N : Syntagme Nominal

SNR : Service National de Recensement

TRAFIPRO : Travail Fidélité Progrès

TVR : Télévision Rwandaise

ULCO : Unité Lexicale Complexe

ULK : Université Libre de Kigali

ULS : Unité Lexicale Simple

UNAR : Union Nationale Rwandaise

UNR : Université Nationale du Rwanda

0. INTRODUCTION

0.1. DEFINITION DE LA PRESSE

La presse est la plus ancienne des médias. Au fil des siècles, le même mot a désigné d'abord l'outil, cette machine à imprimer qu'a inventée Gutenberg, et puis l'usage que les hommes en ont fait, l'utilité qu'ils lui ont trouvée. Comme nous le précise Balle, (2004 :6), « Entre 1830 et 1870, la presse invente l'information d'actualité, en même temps qu'elle assigne leur mission aux journalistes : dire ` ce qui se passe, ce qui vient de se passer, ce qui va se passer'. De la double révolution industrielle et libérale, elle est, depuis cette date, à la fois l'acteur et le témoin. »

Selon Bellinger, (1968 :78), la presse est « l'ensemble des imprimés répandus dans le public, destinés à faire connaître les événements du jour, à donner des nouvelles politiques, littéraires, etc. et ayant en principe, un numéro, une date, une parution à cadence régulière. »

A partir de toutes les conceptions, ce qui nous semble important est cet effort de tout un chacun de nous fournir les détails possibles qui éclaircissent mieux le bien- fondé de la presse écrite : les objectifs, les démarches et méthodologie. De plus, nous en tirons cet élément que la presse écrite unit le public de près et de loin par le biais soit des livres, des journaux, des affiches, etc., justement en partageant la connaissance, les informations qu'ils renferment.

Somme toute, comme l'explique la Grande Encyclopédie (1975 :9832), « il est très difficile de délimiter la presse écrite et de différencier exactement sa nature de celle des autres moyens d'information qui sont soit ses compléments, soit ses concurrents. Ensuite, n'importe quel type de publication doit s'attendre aux publics ou récepteurs de trois sortes. Il s'agit, à la première extrême, des personnes de haut niveau culturel, riches d'ordinaire mais peu nombreuses. A l'autre extrême, les pauvres, sous- éduqués. Enfin s'intercalent entre les deux, les classes moyennes, plus importantes par leur nombre que par leurs revenus. »

Dans son acception la plus étendue, la presse écrite est définie comme la manifestation de la pensée et sa publication par voie de l'impression. Il y a lieu alors de distinguer deux catégories dans la presse écrite, à savoir la presse publique et la presse privée. La première dite publique appartient au gouvernement. Elle est appelée également « presse officielle » et elle est issue de l'initiative des autorités administratives.

La seconde est le produit des particuliers, des individus, des groupes et des associations. C'est dans celle-ci que nous retrouvons la presse des églises qui fut au début l'oeuvre des missionnaires chrétiens qui se sont introduits au Rwanda et fondé des missions dites « civilisatrices » dont la principale tâche était l'évangélisation. Actuellement, la presse des églises appartient aux différentes confessions religieuses présentes au Rwanda.

Cependant on retrouve, toujours à côté de ces deux grandes catégories, la presse dite « pro- gouvernementale » qui, par son caractère, appartient aux privés mais avec une ligne éditoriale et des idéologies gouvernementales de façon, bien entendu non officielle.

0.2. ETAT DE LA QUESTION ET PROBLEMATIQUE

Le Rwanda a été longtemps caractérisé par une communication de type traditionnel. L'échange de l'information se faisait soit de bouche à oreille, soit à l'aide de divers instruments à percussion comme le tambour, la trompette, la flûte. La presse, quant à elle, n'apparaît au Rwanda que vers les années 30.

Etant donné que la presse constitue un des moyens essentiels de l'action non seulement culturelle mais aussi économique, sociale, politique, etc., elle a comme mission principale d'informer, d'éduquer, de cultiver, de distraire, de susciter la curiosité, d'élargir les horizons dans tous les domaines, auprès de tous les publics. C'est sous cet angle que la prolifération des journaux, au Rwanda, dès 1991, est attachée aux familles ou aux partis politiques qui venaient de voir le jour. Certains journaux ont étés créés pour soutenir le gouvernement en place, les autres pour renforcer l'opposition qui venait de naître.

Selon les informations tirées de la revue « Dialogue » (1991 :70), on comptait dans cette même année vingt-deux nouveaux journaux. Tandis que Chrétien (1995 :44) explique que « ce sont au moins quarante-deux titres qui apparaissent en cette seule année. Malgré l'étroitesse du lectorat, l'instauration du multipartisme et la nouvelle loi sur la presse ont donné un formidable coup d'accélération aux journaux».

A partir de ce moment, beaucoup d'autres raisons ont contribué et contribuent encore à l'émergence (ou à la croissance) de nouveaux journaux. Seulement, même si l'on s'accorde sur cet accroissement de la presse écrite, l'on dénombre pas mal de contraintes ou d'obstacles. En réalité, la presse écrite exige beaucoup de travail dans la rédaction, l'impression, la diffusion et la distribution des journaux ; ce qui fait qu'elle a moins d'adeptes que la presse parlée ou audio-visuelle. De plus, l'analphabétisme constitue un grand handicap à cet égard dans ce sens que, compte tenu du taux d'analphabétisme, ces journaux sont mal achetés.

La culture de non- lecture est un autre obstacle majeur que rencontrent les journaux. En fait, à coté de la faiblesse du pouvoir d'achat au sein du public rwandais, les problèmes les plus dangereux restent le poids de la tradition orale et l'apathie du citoyen rwandais à la lecture. On remarque jusqu'aujourd'hui, et surtout dans les villes où l'on accède facilement aux journaux, que bon nombre de gens ne manifestent aucun souci d'acheter ces journaux, non pas parce qu'ils en sont incapables, mais à cause de cette mauvaise habitude de beaucoup de Rwandais qui, au lieu de lire, préfèrent des racontars. Enfin la conséquence en devient la disparition ou la fermeture de certains journaux.

Contrairement au discours oral, le texte écrit est toujours beaucoup plus dense. Et l'attention exigée pour la lecture est plus forte que celle qui est demandée par l'écoute de la radio ou par la réception du spectacle télévisé. L'analphabétisme constitue à son tour un grand handicap à cet égard. Tous les Rwandais peuvent bien écouter la radio, mais peu sont capables de lire un article de journal. Sur la base des données du SNR (Service National de Recensement), le taux d'alphabétisation, pour la population âgée de 15 ans et plus est estimé à 60% dans l'ensemble du pays, contre 40% d'analphabètes. Précisons ici, que cette tranche d'âge est globalement considérée comme étant adulte. A tout cela, s'ajoute enfin la culture de l'oralité et le problème financier qui freine non seulement les lecteurs quant à l'achat des journaux, mais aussi les producteurs de ces derniers.

Vu tous ces phénomènes qui se produisent dans le domaine de la presse et considérant son rôle et son impact sur toute la société, plusieurs mémoires de licence ont été écrits à ce propos, les uns traitant la presse sous l'aspect journalistique et communicationnel, d'autres cadrant avec son influence sur la vie politique et administrative ; d'autres encore s'attardant sur le droit et la liberté de la presse. C'est le cas des travaux comme ceux de Ihunge, (1993), Kayira Muvunyi, (2001), Mulinda, (2000), Mundere, (1980), Museruka, (2001), Niyitegeka, (2001), Rutabara Longo, (2001), Rwumbuguza, (2000), Sibomana, (2000), etc.

Cependant, nous remarquons que l'aspect linguistique reste jusqu'ici non exploité surtout du point de vue lexical et sémantique. Seuls Nyirindekwe, (1999), Twagiramariya (1979) et Twiringiyimana Biraro (2000) ont traité la presse écrite sous un angle purement linguistique.

Quant à nous, emboîtant le pas à Niklas - Salminen, (1997 :86) qui dit que « comme la vie ne s'arrête jamais, des mots nouveaux sont toujours indispensables pour exprimer les changements qui surviennent, les découvertes scientifiques, les progrès industriels, les modifications de la vie sociale, etc. en même temps, il y a des mots qui s'usent qui perdent de leur force et de leur expressivité et qui finissent par disparaître », nous allons répertorier tous les noms des journaux rwandais. C'est une tâche qui s'avère nécessaire du fait que la prolifération des journaux traduit les diverses réalités au sein de la société rwandaise. En réalité, depuis la genèse de la presse rwandaise, plusieurs journaux paraissent et disparaissent quelques temps, en laissant derrière eux, leurs noms dans la mémoire des gens. Et puis cette étude apportera bien d'éclaircissements sur ces noms, à tous ceux qui en auront besoin.

0.3. Objectifs du travail

0.3.1. Objectif général

Ø Répertorier tous les journaux qui ont été écrits et/ou qui s'écrivent au Rwanda depuis la naissance de la presse écrite rwandaise afin d'étudier les aspects lexicologiques et sémantiques qui interviennent dans leur dénomination.

0.3.2. Objectifs spécifiques

Dans cette étude nous proposons de :

Ø Dégager les facteurs qui influent sur l'évolution de la presse rwandaise, et qui influencent sa dénomination ;

Ø Dégager les structures formelles et les champs sémantiques des noms des journaux.

Ø Relever les procédés de création terminologique les plus utilisés dans la dénomination des journaux rwandais.

0.4 Hypothèse du travail

Ø Les noms des journaux au seraient motivés par les réalités sociales du milieu.

0.5 Limite du sujet

Notre recherche concerne tous les journaux qui ont paru et/ou qui paraissent encore au Rwanda, depuis la naissance de la presse écrite rwandaise jusqu'en 2006. Elle touche toute l'étendue de la presse écrite, aussi bien privée que publique.

Cependant, cette étude n'a pas manqué de difficultés, surtout en matière d'identification et d'accès à d'autres informations. Elles sont liées en grande partie à un temps limité et aux moyens financiers. C'est pour cette raison que nous n'avons pas pu recenser toutes les publications produites en abondance, dans ces derniers temps, au niveau des districts, des écoles, des associations et des commissions, mais qui ne sont pas encore officielles.

0.6. Méthodologie

0.6.1 Constitution du corpus

Cette étude est essentiellement basée sur un ensemble de noms donnés aux différents journaux écrits au Rwanda. Elle recense essentiellement des noms tirés de l'oeuvre de Chrétien (1995 :44) c'est-à-dire par la liste de 80 noms de journaux qui paraissaient au Rwanda avant 1994. D'autres noms sont tirés de la Revue « Dialogue » n°147 de juillet - août 1991 et du rapport de la Caritas Diocésaine de Kigali sur la situation de la presse écrite privée dans la ville de Kigali. Nous avons aussi consulté la thèse de Bart, (1982). Enfin, l'essentiel de notre corpus est constitué de trois autres listes reçues de Monsieur Désiré Bazimaziki, chargé de la gestion des journaux de la presse écrite au Mininfor, et de Monsieur Eric Bazirema, secrétaire au HCP (Haut Conseil de la Presse) qui nous en a offert deux : une de 77 journaux fonctionnels jusqu'en 2006 et une autre de 31 journaux qui ont cessé de paraître. Enfin, c'est de la confrontation de toutes ces listes que ressortit une liste définitive, plus ou moins exhaustive, des journaux qui ont paru ou qui paraissent encore au Rwanda depuis l'introduction de la presse écrite et qui forment notre corpus. Bref, nous avons en tout 236 journaux dont 77 sont fonctionnels et 169 ont cessé de paraître.

0.6.2. Analyse des données et interprétation des résultats

L'analyse des données et l'interprétation des résultats de notre recherche seront basées sur deux approches, à savoir l'approche lexicologique et l'analyse lexico- sémantique.

0.6.2.1. Approche lexicologique

Cette approche est centrée sur les unités lexicales ou les mots. Le lexique étant l'ensemble des mots au moyen desquels les membres d'une même communauté linguistique communiquent entre eux, l'unité lexicale ou le mot se définit à son tour comme un élément de base de cet ensemble.

Par l'approche lexicologique, nous allons pouvoir distinguer les unités lexicales simples des unités lexicales complexes. Pour tester le caractère lexical de ces unités, on a recours à deux procédés qui se situent sur le plan syntaxique : il s'agit du procédé d'inséparabilité et du procédé de commutation. Le critère d'inséparabilité fonctionne pour les unités lexicales morphologiquement et graphiquement simples ainsi que pour les unités morphologiquement composées mais graphiquement simples. Il joue aussi le rôle primordial de tester le caractère lexical des unités graphiquement complexes.

Selon Ntakirutimana (2006 :21), « les unités lexicales simples (ULS) correspondent aux mots simples tandis que les unités lexicales complexes (ULCO) sont des unités lexicales graphiquement complexes mais qui fonctionnent comme des unités lexicales simples. »

Exemples :-Urumuri rwaa demokarasi, ULCO

-Umurwaanashyaka, ULS

-Ijaambo, ULS

-Ijîisho ryaa rubaanda, ULCO

Bref, cette approche nous permettra de relever et de présenter les unités lexicales à analyser.

0.6.2.2 Analyse lexico- sémantique

Au cours de cette analyse, nous allons insister sur l'approche dite relationnelle qui consiste à mettre en relation les unités de sens les unes avec les autres. Partant de ce que dit Gaudin, (2003 :151) : l' « approche relationnelle présente un avantage, celui de faciliter l'appréhension du lexique comme ensemble, ou comme système, or l'une des caractéristiques les mieux assurées des termes, c'est sans doute qu'ils prennent toute leur valeur une fois situés dans un ensemble terminologique pertinent. », cette approche nous conduira à une analyse lexico- sémantique des noms des journaux rwandais.

Dans la même analyse, l'approche sémasiologique nous sera très utile. Il s'agit d'une approche qui part du signe pour aller vers la détermination du concept. Elle est beaucoup plus utilisée en lexicologie car elle vise à représenter des structures rendant compte d'une unité lexicale. Elle nous empêche ainsi, dans notre étude, de penser à l'onomasiologie, l'approche contraire, qui part du concept et recherche les signes linguistiques qui lui correspondent.

0.7. Articulation du travail

Hormis l'introduction et la conclusion générales, notre travail est subdivisé en trois chapitres. Le premier chapitre porte sur une vue panoramique de la presse au Rwanda. Le deuxième est réservé à la présentation détaillée des noms des journaux qui constituent notre corpus. Enfin, le troisième et dernier chapitre est consacré à l'analyse lexico- sémantique de la dénomination des journaux et la motivation qui la sous-tend.

CHAP. I PANORAMA DE LA PRESSE RWANDAISE

1.0. INTRODUCTION

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il nous est indispensable de parler dans ce premier chapitre, de la presse. Etant donné qu'elle est une culture nouvelle au Rwanda, il est question non pas de traîner dans de nombreuses théories et définitions, mais de passer en revue l'avènement de la presse au Rwanda, et son évolution. Il nous sera également possible de spécifier les grandes périodes qui l'ont marquée et qui se définissent à leur tour par les traits marquants de notre histoire.

1.1. Vue panoramique de la presse rwandaise

1.1.1. La presse rwandaise avant la colonisation

L'histoire nous apprend que le congrès de Berlin de 1885 assura le partage de l'Afrique entre trois grandes puissances coloniales déjà établies, auxquelles s'ajoutèrent les Belges et les Allemands. Avant cette date, au Rwanda comme partout en Afrique, la transmission de l'information se faisait d'une façon traditionnelle. On ne pouvait se transmettre l'information ou le message que de bouche à oreille ou à l'aide de quelques instruments à percussion. Ce moyen leur était imposé en raison d'une population totalement analphabète. Il persista alors, jusqu'au moment où le missionnaire évangélisateur introduisit l'alphabet, ce qui a permis une ouverture d'esprit de la masse paysanne à d'autres valeurs socio- culturelles.

a) La transmission orale ou de bouche à oreille

Cette façon de communiquer que l'on peut appeler « presse conversationnelle » consistait à recevoir une information de la bouche d'une personne et la transmettre aux autres à son tour, créant ainsi une chaîne de communication. Elle n'était pas, cependant, sans risque. La plupart du temps, de cette circulation de l'information pouvait naître des rumeurs, à cause soit des oublis, des malentendus, ou même des grossissements d'information.

b) La presse basée sur les instruments à percussion

La seconde manière de communication dont disposaient les Rwandais était celle des instruments traditionnels comme le tambour, la flûte, la corne, etc. Ceux-ci interviennent surtout :

§ Dans certaines cérémonies royales (la mort du roi par exemple)

§ Lors de la chasse

§ Lors des expéditions guerrières

§ Au cours des veillées, etc.

1.1.2 La presse rwandaise pendant et après la colonisation

1.1.2.1. La presse rwandaise pendant la colonisation

Cette période se caractérise par une « nouvelle presse » ou « presse moderne » communément appelée « mass communication ». Elle recouvre sans aucun doute la presse écrite, la radio, la télévision, etc. Signalons ici que le Rwanda n'a connu, pendant toute la période coloniale que la presse écrite. C'est à peine après l'indépendance qu'il dispose de la radio nationale. Quant à la télévision, elle ne vit le jour qu' en 1993.

a) Sous la domination allemande

Il est à souligner que pendant la domination allemande, la situation de la presse demeura comme avant. En lisant BART, A. (1982 :23), nous nous rendons compte que « non seulement les Allemands se sont préoccupés davantage (au premier plan) de l'organisation administrative et politique du pays, mais aussi leur effectif était trop insignifiant pour justifier la création d'un journal propre dans un pays tout entier de civilisation orale où il n'y avait nul autre lecteur même potentiel. »

A côté des Allemands, le pays était occupé également par les missionnaires qui avaient comme principal objectif d'enseigner la parole de Dieu et de convertir le plus grand nombre de gens possible. Bart, ajoute que : « débordés par des questions spirituelles et matérielles de l'installation dans le pays, les missionnaires n'ont pas réalisé de journal pendant la période d'administration allemande. »

Tout bien considéré, le souci de l'information persistait chez les Pères Blancs. A travers leurs écrits apparaissent quelques éléments sur leur information surtout dans leur correspondance. En citant la Lettre de Léon Delmas, Bart, (1982 : p50) nous donne l'exemple de ce qu'écrivait le père Léon Classe le 10 mars 1910 : « Mgr (Hirth) demande quand je commencerai le journal pour le Rwanda. Si nous ne trouvons pas une presse. J'ai répondu que le vicariat de suite la presse, les confrères m'aideront et je chercherai au dehors, nous rendrons au Vicariat ses avances. » Cette soif n'a cessé de hanter les missionnaires catholiques, qui finirent par être, plus tard, à l'origine de la presse rwandaise. Ils finirent par créer bon nombre de journaux comme l'affirme Tudesq (1999 : 53) « Les Pères Blancs ont créé les premiers journaux aux pays des mille collines : L'Echo du Kivu puis en 1923, le Petit Echo au Rwanda et surtout en 1933, un mensuel en kinyarwanda devenu le Kinyamateka. Il est créé aussi en 1954, le journal « Temps Nouveaux d'Afrique » qui traitait les nouvelles de la région environnant le Rwanda : le Burundi et l'Est du Congo- Belge. Le petit journal des enfants « Hobe » vit le jour en 1955 sous l'initiative de Mgr Bigirumwami, devançant ainsi « Imvaho » l'aîné de la presse publique qui débuta en 1960. »

Il convient d'ajouter à cette liste d'autres journaux de l'église catholique qui datent de la même période bien qu'il ne nous est pas facile d'inventorier toutes les revues parues à cette époque. Nous parlons par exemple de L'Echo du Séminaire de 1938, qui fut un bulletin de liaison entre les anciens du Séminaire à l'époque ; L'Ami, en 1945, revue des anciens élèves du Séminaire ; Théologie et Pastorale au Rwanda, paru en 1946. Il s'agit de revue du Clergé écrit en français et en kinyarwanda. Il y avait également Kurerera Imana en 1949, Cor Unum en 1955 qui était un bulletin de l'amicale des anciens du Séminaire, Agisiyo Gatolika mu Rwanda paru depuis 1958 et bien d'autres.

b) Pendant la domination Belge

Les Belges, à leur arrivée, ont entrepris des initiatives dans le secteur social, d'enseignement, de santé publique, etc. L'enseignement aura servi de base à l'existence de la presse. L'alphabétisation préoccupe ainsi le gouvernement colonial belge, mais les publications concernant le Rwanda restent minimes. Toujours en lisant Bart, (1982 : 30) qui cite cette fois- ci Durieux « ce régime très sévère en matière de presse faisait suite aux incidents assez sérieux, dus à une propagande pan- nègre originaire d'Amérique et à l'introduction dans la colonie des pamphlets et des journaux émanant de la même source tous susceptibles de provoquer l'insubordination, voire la révolte des indigènes contre les Blancs, à les exciter contre eux, et à détruire leur autorité morale indispensable.... ». Un peu plus loin, le même auteur nous fait part de la réflexion qu'a faite Dryepont, après une étude minutieuse de la situation au Congo, et précise que : «il n'y a pas de presse coloniale indigène pour la bonne raison que le nombre des lettrés de couleur y est encore infime. Quoi qu'il en soit, il ne nous paraît pas contestable qu'elle ne pourra être utile que si elle est rédigée, par les Européens, très prudents, très avertis, très expérimentés et ayant énormément de doigté. Laissée aux mains des gens de couleur, elle ne pourra manquer de devenir dangereuse et subversive ... » (Dryepont, cité par Bart, 1982 :31).

En réalité, cette réflexion est partagée par BART, (1982 :127) « les Belges qui reconnaissaient très bien la puissance de la presse comme arme dont les indigènes pouvaient se servir pour demander leur liberté et leur indépendance n'eurent pas le souci de l'encourager, par contre ils prirent des mesures draconiennes afin d'étouffer dans l'oeuf la naissance et la conception de pareilles idées ». Ces mesures eurent aussi comme objectifs d'empêcher aux colonisés tout contact avec la presse écrite étrangère qui, à leurs yeux, constituerait un handicap à l'oeuvre déjà entreprise. Ce qui est clair, poursuit Bart (1982 :128), c'est qu'  « il fallait tout simplement une presse produite par les Belges eux-mêmes et qu'ils devaient suivre à la loupe pour éviter le pire éventuel ». Au cours des dernières années de la colonisation et surtout depuis août 1956, l'évolution de la presse d'inspiration indigène s'est caractérisée par la présentation et la défense des programmes politiques.

c) Naissance de la presse politique au Rwanda

Depuis sa naissance en 1933, la presse rwandaise était monopolisée par les missionnaires Pères Blancs, pour des raisons déjà évoquées. Les années 50 ont vu naître des idées nouvelles qui furent à la base de la naissance de ce que l'on appelle « la presse politique ou la presse révolutionnaire». Les élites de l'époque, appelés « évolués », avaient besoin d'un organe de presse dans lequel ils pouvaient exprimer leurs opinions sans passer par la presse catholique. C'est ainsi que Grégoire Kayibanda avait, le premier exprimé dans l'Ami, son désir en ces termes : «il faut une presse pour les évolués, réalisée par eux et pour eux, pour qu'elle soit correspondante à leurs aspirations. Mais loin de la remplacer, la presse des évolués confirme la nécessité de celle destinée à éclairer les masses. Il faut que celles-ci soient préparées à recevoir l'éventuelle action des élites, il faut qu'elles soient réceptives, aux problèmes ou en voie de l'être sainement par les cercles ou les périodiques d'évolués. » (Kayibanda, cité par Bart, 1982 :162)

Les principaux journaux de ce courant sont : Soma, lancé le 31 Août 1955 et qui devait être le porte- parole du peuple et plus tard, celui du premier parti politique : APROSOMA. Ijwî ryaa rubaanda rugufî, le 2ème journal, paru à Astrida en 1958 appartenant lui aussi à APROSOMA et remplace plus tard Soma. En troisième lieu, vient Rwaanda nzîizâ, propriété de l'UNAR, depuis le 15 juillet 1959 et devait ainsi faire face aux articles incendiaires de Soma et Ijwî ryaa rubaanda rugufî. Il y eut enfin, l'Unité, journal créé à son tour par Africa, Rutsindintwarane et Rwagasana, membres de l'UNAR qui étaient restés au Rwanda. Il fut en fait un prolongement de Rwaanda nzîizâ dont l'arrêt est daté de novembre 1959 suite à l'exil de son comité de rédaction.

1.1.2.2. La presse rwandaise après la colonisation

a) Sous la première république

Kayibanda, ancien journaliste du Kinyamateka, prit le pouvoir et devint le premier Président de la République du Rwanda. Il avait lutté à cor et à cri pour la création d'une presse indigène, capable de constituer un pont entre les élites et les masses. Il avait donc les atouts pour développer la presse rwandaise. Néanmoins, on a perdu tout l'espoir qu'on avait en lui, car, arrivés au pouvoir, les premiers dirigeants se sont contentés de multiplier uniquement les textes officiels dans le souci de contrecarrer le pouvoir royal d'hier. Quant au domaine de la presse, on n'a rien changé.

En effet, comme le croit Bart, (1982 :161) «il semble donc que le Président, qui était arrivé au pouvoir grâce à la presse et qui, de ce fait, en connaissait la puissance, ne voulait pas qu'elle joue le même rôle, à ses dépends cette fois-là. (...) Mais il ne voulait pas se dédire et multiplia- ou laissa se multiplier- les grandes déclarations tout en veillant à ce qu'une presse étroitement contrôlée par le gouvernement occupe le devant de la scène et que la presse catholique, ne soit plus un foyer de contestation .»

On se rend compte que parfois le président avait peu de confiance aux moyens de communication privée. Dans sa lettre aux responsables du pays datée du 12 octobre 1968, le président Kayibanda affirmait : «l'information des masses sur le programme national est une nécessité. Presse écrite, radios, cinémas, photos, réunions et meetings des populations qui n'insisteraient que sur le coté négatif de la vie au lieu de montrer l'objectif et d'indiquer les moyens, même modestes d'y arriver, seraient des saboteurs pour le développement de la Nation. Tous ceux, dans le pays, qui disposent de ce genre de moyens de communication (d'information et de formation) sont responsables de la stagnation du progrès du peuple. » (Bart, 1982 :162)

De tout cela, on peut conclure que pendant la première République, l'autorité a su imposer son ton, la doctrine prêchée par le pouvoir était de mise. A part les journaux catholiques dont Kinyamateka, Dialogue et la revue des jeunes, Hobe, aucune autre entreprise de presse privée n'a vu le jour.

b) Sous la deuxième république

Depuis le début de la deuxième république jusqu'en 1990, il n'y a pas eu de grands changements en matière de presse et particulièrement de presse privée. Les conceptions souvent implicites chez Kayibanda ont été explicitées chez son successeur.

On se rend compte même que parfois le Président voulait se servir de la presse comme auxiliaire du gouvernement et, dans ce cas, elle était destinée à conscientiser les masses à bien accueillir les décisions prises. Le même auteur le souligne quand il cite l'extrait de déclaration du Président Habyarimana du 9 août 1974 qui développe d'ailleurs celle du 1er août 1973. « ...on ne peut pas se passer de la presse puisque c'est un intermédiaire entre le chef et ceux qui doivent exécuter les décisions qui ont été prises... le chef connaît les desseins de ses subordonnés par la presse et il communique sa pensée profonde par ce canal » (Bart, 1982 :163).

De même, le Président Habyarimana avait déclaré : « j'ai dit ailleurs que l'information servira de trait d'union entre les gouvernants et les gouvernés. C'est-à-dire que les gouvernants ont aussi un grand besoin d'être éclairés et positivement critiqués. Mais cette critique ne doit pas se faire dans notre pays, synonyme d'irrespect et d'offense voulus. » (Dialogue N°79 1980 :2.)

En réalité, à travers ses différents messages, le Président voulait montrer à l'opinion publique son attachement à la déclaration universelle des droits de l'homme tout en les limitant par des termes obscurs ou mal définis. Cette pensée est accentuée un peu plus loin quand il ajoute « c'est pourquoi, dans notre pays, mon gouvernement s'attelle, autant que ses moyens le lui permettent, à développer une information saine, répondant aux objectifs et à l'esprit de notre programme d'action, louant, sans chauvinisme, mais fièrement, l'âme de notre peuple... » (J. Habyarimana, Message à Dialogue N°79, 1980 :2.)

Il est regrettable cependant, que toutes les initiatives qui avaient été prises dans le cadre de la presse, ont été freinées, à partir de l'Indépendance, conséquence d'un régime dictatorial qui a marqué les deux Républiques. La preuve en est que seuls trois journaux ont vu le jour durant plus de 30 ans. Il s'agit de :

§ « Urumuri rwa Demokarasi », journal du Parti MDR Parmehutu né en 1963 ; il s'arrêta en 1973 pour réapparaître en 1991, avec la renaissance du Parti en question.

§ « Le coopérateur - Umunyamuryango » créé en 1965 par la coopérative TRAFIPRO et fermé en 1985.

§ En 1963, apparaît le journal « Rwanda carrefour de l'Afrique » écrit en trois langues : français, anglais, swahili. Il fut remplacé par « Le Relève » en 1973, connu aujourd'hui sous le nom de « La Nouvelle Relève ».

On remarque alors que de 1973 à 1989, aucun journal n'a été créé. Au contraire, les journaux ont été découragés, ceux qui existaient déjà ont été arrêtés, sans oublier la persécution des journalistes d'alors. A partir des années 90, on assiste à une prolifération des journaux de telle sorte qu'en 1993, on dénombre plus de 80 journaux. En plus, des radios furent créées : « Radio Télévision des Milles Collines (RTLM), et « radio Muhabura », propriété du FPR-INKOTANYI dans le temps.

c) La naissance de la presse contestataire

Depuis l'avènement de la deuxième république, la presse rwandaise a été représentée, à part la presse publique, surtout par les titres catholiques dont Kinyamateka, tenu par la conférence Episcopale, la revue Dialogue, un mensuel fondé par l'abbé Massion en 1967 et dirigé, depuis lors par les Pères Blancs, et Hobe, journal destiné à la jeunesse. A côté de cette presse catholique, évoluait Umunyamuryaango Trafipro, mensuel de la coopérative- Trafipro, qui fut obligé d'arrêter ses parutions en 1985 à cause de multiples pressions qu'il subissait de la part du régime.

Le déclic se produisit en 1987 avec le lancement du journal Kanguka (Réveille- toi), un nouveau mensuel indépendant. Son initiateur est Vincent Rwabukwisi, très opposé au régime. « Rompant avec le ton compassé de Kinyamateka et le discours ennuyeux des médias officiels, Kanguka et le tout premier journal à faire connaître au Rwanda les Øfaits diversØ, en dénonçant de moins en moins timidement les abus du régime et les affaires de corruption. » (Chrétien, 1995 :21)

Après Kanguka, d'autres nouveaux journaux inondent la capitale en 1990, année que l'on considère comme Øle printemps de la presse au RwandaØ. Cette prolifération aurait aussi un rapport avec la politique générale du Rwanda caractérisée par les violences dont Guichaoua nous donne les explications suivantes : « parmi les explications de ces excès de violence, on indiquera bien entendu, sur le plan historique, les effets de mémoire, peurs et fantasmes légués par l'histoire contemporaine, la ségrégation ethnique diffusée et officialisée, sur le plan socio- économique, la violence quotidienne des rapports sociaux dans un contexte de lutte pour la survie(...). Sur le plan idéologique ensuite, peuvent être invoqués la crise de la transmission des valeurs des aînés sur les collines qui ne sont plus en mesure de proposer à leurs descendants, l'enfermement culturel, la modification du ` Père de la Nation'. Au niveau politique enfin, on insistera sur la cristallisation des appartenances partisanes. » (Guichaoua, 1995 :36). Tous ces journaux adoptent un ton nouveau, une liberté d'expression sans précédent. Ils provoquent ainsi une grande panique chez certains Rwandais comme l'écrit toujours Chrétien, et la réaction répressive du pouvoir est alors considérée comme légitime.

« Pour contrecarrer l'audace et quelques débordements de la presse privée, l'autorité essaie d'utiliser la presse officielle qui Ø pèche par trop de sympathie aux pouvoirs établis Ø » (Nubahumpatse, 1991 :6). Chrétien (1995 :44) ajoute à ceci : « Et comme cette officielle n'a plus de crédit aux yeux de tous, le régime se cherche d'autres porte- voix ».

Le Président Habyarimana encouragea la création de journaux concurrents, fortement engagés dans l'ethnisme et dans la lutte contre l'ØennemiØ, aussi bien intérieur qu'extérieur. A ce propos, Vidal (1995 :22) dit que « l'état- major de l'armée rwandaise définissait ainsi les ennemis et les complices : l'ennemi principal est le Tutsi de l'intérieur et de l'extérieur extrémiste et nostalgique du pouvoir, qui n'a jamais reconnu et ne reconnaît pas encore les réalités de la révolution sociale de 1959. Quant à ses complices, ils se recruteraient dans divers groupes sociaux parmi lesquels figurent notamment les réfugiés tutsis, les tutsis de l'intérieur, les hutus mécontents du régime en place, les sans- emploi de l'intérieur et de l'extérieur du Rwanda, les étrangers mariés aux femmes tutsi ». L'objectif du Président Habyarimana est « de parler plus haut et plus fort que les autres médias, d'où l'apparition des journaux extrémistes qui vont relayer et amplifier cette définition de l' Ø ennemiØ » (Rutembesa, 1999 : 6-7). C'est enfin ce que justifie Chrétien (1995 :45) quand il précise que : « parmi les 41 titres nouveaux qui voient le jour en 1991, le régime suscite la création d'au moins 11 journaux à la dévotion du régime »

1.1.3. La presse rwandaise après le génocide

a) La presse écrite

Au lendemain du génocide, la presse privée qui avait joué le rôle prépondérant dans la politique et la vulgarisation de l'idéologie divisionniste a eu du mal à se relancer suite à de nombreuses pertes tant humaines que matérielles. Il est vrai qu'une cinquantaine de journalistes de la presse écrite ont perdu la vie, d'autres ont pris le chemin de l'exil, d'autres encore ont été emprisonnés pour avoir participé au génocide.

Il fallait donc une presse différente de celle d'hier où le discours ethnique, régionaliste, devait céder la place au dialogue. Les journaux créés à cette époque ont comme objectifs de dénoncer l'idéologie divisionniste véhiculée depuis la colonisation, et entretenue par les deux régimes successifs pour expliquer leur politique qu'on dirait machiavélique. C'est pour cette raison que les articles publiés ont, pour la plupart, comme thèmes, la paix, la réconciliation, la justice, etc. A titre d'exemple nous donnons quelques titres parmi ceux qui ont paru dans cette période : Rwanda -Renaître (1996), The New Thinking (1995), Ingabo (1995), Ibuka (1998), Rwanda Libération (1996), The New Times (1995), Rushyaâshya (1996), Inkîiko Gacaâca (-), et j'en passe.

b) La presse audiovisuelle

En ce qui concerne la presse parlée / audio- visuelle, l'on assiste à de nombreuses initiatives des investisseurs rwandais ou étrangers quant à la fondation des radios privées. On dénombre 12 stations de radiodiffusion dont la Radio Rwanda et « Radio z'abaturage » de Butare, Gisenyi et Cyangugu régies par le Gouvernement rwandais, et le reste des propriétés de certains particuliers, des institutions comme l'Eglise Catholique, Eglise Adventiste du 7e jour, L'université Nationale du Rwanda, etc. On ne passerait pas sous silence les trois autres projets de radiodiffusion qui ne sont pas encore réalisés : Radio Africa Ltd, Medical Assistance radio, FM radio Station. Quant à la télévision, l'on ne compte jusqu'aujourd'hui que la seule Télévision Rwandaise (TVR).

1.2. Les grandes périodes de la presse écrite rwandaise

La presse rwandaise a traversé, dès sa naissance, au moins quatre grandes périodes ayant chacune un apport particulier ou une influence quelconque sur sa dénomination et son évolution.

Il s'agit en premier lieu de la période d'avant les années 60. C'est la genèse de la presse rwandaise, dominée surtout par le goût des Blancs (colonisateurs et évangélisateurs), ce qui fait que le contenu voire la dénomination de la plupart des publications de ce temps reflète la vision et la mission, politiques et/ou religieuses qu'ils avaient non seulement sur le Rwanda mais aussi sur les pays environnants (Congo- Belge et Urundi). Nous citons à titre d'exemples les journaux comme : L'Echo du Kivu (1920), Le petit Echo au Rwanda (1923), Kurerera Imâana (-), Kinyâmatêekâ (1933), Temps Nouveau d'Afrique (1954), etc.

La deuxième période se situe entre les années 60 et 90. Elle est ainsi délimitée pour les raisons suivantes : la date de départ correspond aux débuts de l'Indépendance. Le Rwanda sort du colonialisme et la presse de cette période reflète l'acharnement de quelques leaders dans la lutte pour l'indépendance et l'influence qu'ils ont exercée sur la population. C'est ainsi que certains journaux sont tenus par les partis politiques. Ensuite, le Rwanda connaît à deux reprises le monopartisme c'est -à -dire la première et la deuxième Républiques sous lesquelles la parole était accordée au seul parti dirigeant, ne favorisant en aucun cas l'évolution de la presse. Ceci se justifie par la parution de très peu de nouveaux journaux tenus par l'Etat ou l'Eglise et quelquefois par la disparition de ceux qui existaient. Parlons de : Soma (1955) qui deviendrait « Ijwî ryaa Rubaanda Rugufî » du premier parti politique APROSOMA, Rwaanda Nziizâ (1959) du parti UNAR, Urumuri rwaa Demokarasi (1963) journal du parti MDR Parmehutu, Le Coopérateur- Umunyamuryaango paru en 1965 et qui disparaît en 1985, La Relève (1973) qui remplace Rwanda Carrefour de l'Afrique créé en 1963, etc.

La troisième période, quant à elle, va de 1990 jusqu'en 1994. Elle est marquée surtout par le multipartisme et beaucoup d'autres changements politiques. La presse de cette période est dominée en général par l'idéologie divisionniste, le mécontentement, l'oppression, ce qui a favorisé le génocide de 1994. On assiste, au cours de cette période, à une montée extraordinaire de la presse rwandaise et à la parution des journaux en nombre considérable. Nous avons parmi eux : Kaangura (1990), Le Démocrate (1990), Ijîisho ryaa Rubaanda (1990), Umurwaanashyaka (1991) Rwaanda rushyâ (1991), Le Patriote (1991), L'Ere de la Liberté (1991), Intwâari Ijwî ryaa J.D.R. (1991), Intêerahâmwe (1992), Ikinâni (1992), Power-Pawa (1993), Paix et Démocratie (1993), L'Emancipation (1994).

La quatrième et dernière période, celle de 1994 à nos jours, se caractérise par une presse aux débuts difficiles du lendemain du génocide : pas mal de journalistes ont perdu leur vie, d'autres ont été emprisonnés ou exilés. Les destructions matérielles sont aussi innombrables. Toutefois, cette presse est, contrairement à la précédente, caractérisée par une volonté de participer à la reconstruction du pays, de rétablir l'unité et la réconciliation des Rwandais, de contribuer au développement, ainsi de suite. Les noms suivants témoignent de ce contexte : Renaissance (1995), The New Thinking (1995), Ukurî gacaâca (1995), Inkîiko Gacaâca (1997), Kumekucha Nyota Yenu (2000), Umucô (2002), Population et Développement (2002), Education Forum bite mu burezi (2005), Umuvûgizi (2006), Tribune sport (2006), Echo du Réseau des Femmes (-), et bien d'autres.

Tableau 1: Parution des journaux selon les 4 périodes

PERIODE

NOMBRE DE PARUTIONS

FONCTIONNELLES

NON FONCTIONNELLES

TOTAL

] 1960

3

10

13

[1960-1989]

3

47

50

[1990-1994]

2

73

75

[1995-2006]

70

28

98

TOTAL

78

158

236

Conclusion

Comme la presse forme le noeud de notre étude, nous avons jugé bon d'attirer notre attention sur sa situation au Rwanda depuis son introduction. C'est dans ce sens qu'un accent a été mis sur les différentes étapes qu'a franchies la presse rwandaise dans son ensemble. Nous avons évoqué quelques difficultés qu'elle a rencontrées au cours de son chemin, les réalités sociales et politiques qui l'ont influencée, ce qui nous a permis à la fin de subdiviser son histoire en périodes significatives résumées dans un petit tableau précisant le nombre de journaux qui ont paru au cours de chaque période.

CHAP II : REPERTOIRE DES JOURNAUX RWANDAIS

2.0. Introduction

Ce deuxième chapitre consiste en une présentation d'un glossaire des noms des journaux rwandais obtenu grâce à la compilation des informations tirées des différents documents écrits. Ces noms sont présentés dans un tableau qui nous renseigne sur la date de publication du premier numéro de chaque journal, sur le propriétaire ou directeur du journal et, selon les possibilités, l'information sur son orientation ou sa tendance politique.

Toutes ces informations sont jugées nécessaires dans ce sens qu'elles nous préparent à une analyse qui fera l'objet du troisième chapitre et aideront également à réfléchir sur la motivation qui se trouve derrière la dénomination de ces journaux. La date du premier numéro nous précise particulièrement dans quelle période et contexte socio- politique est né le journal. Quant au propriétaire et orientation, ils nous donnent une idée sur l'idéologie qui prédomine dans ce journal et, partant, sous-tend sa dénomination.

2.1. CLASSIFICATION DES JOURNAUX

Tableau 2: Liste des journaux fonctionnels

Titre du journal

Date du 1er N°

Propriétaire

Orientation

 

1. Kinyâmatêeka

1933

Conférence Episcopale

Propagation de la foi chrétienne

 

2. Hoobe

1954

Conférence Episcopale

Enseignement des valeurs humaines à l'enfant

 

3. Civitas Mariae

1958

Evêché de Nyundo

Spiritualité

 

4. Imvâahô (nshya)

1960

ORINFOR

Exprimer le point de vue du gouvernement

 

5. La Nouvelle Relève (ex-La Relève)

1973

Idem

Exprimer le point de vue du gouvernement

 

6. Unis dans la Charité

1977

Evêché de Butare

Spiritualité

 

7. Urumuli rwaa Kriîstu

1991

G. S. de Nyakibanda

Spiritualité

 

8. Ubumwê

1992

John Sendanyoye

Info générale

 

9. Amani

1995

LDGL

Promotion des droits de l'Homme

 

10. Ingabo

1995

MINADEF

Faire connaître RDF

 

11. The new Times

1995

David Kabuye

Améliorer l'image de marque du Rwanda

 

12. Rushyaâshya (Ex Rwaanda Rushyâ)

1996

J.G. Burasa

Info générale

 

13. Urunâanâ

1996

G.S. de Nyakibanda

Pastorale

 

14. Grands Lacs hebdo

1997

Center for research and documentation

Analyses

 

15. Huguuka

1998

Huguka asbl

Formation et information en milieu rural

 

16. Podium

1998

Groupe de journalistes de sport de la TVR

Information sportive

 

17. Rwaanda Newsline

1999

RIMEG

Analyse indépendante de l'actualité nationale et internationale

 

18. Arboretum

1999

AGEUNR

Information sur la vie académique et divers

 

19. Urubûga rw'Abagorê

1999

Conférence Episcopale

Promotion de la femme rwandaise

 

20. Aréopage

2000

G.S. de Nyakibanda

Théologie

 

21. Le réveil Ikôonderâ

2000

Sam Gody Nshimiyimana

Info générale

 

22. Umuseeso

2000

RIMEG

Fournir l'autre information opposée aux médias officiels

 

23. Gasaabo

2001

Capiton Uwitonze

Info Générale

 

24. Les points focaux (revue de presse)

2001

Jovin Ndayishimiye

Analyses

 

25. The New Butarean

2002

UNR-EJC

La vie académique

 

26. Le verdict & Umukîindo

2002

LIPRODHOR

Justice et droit de l'Homme

 

27. Population & Développement

2002

 

Développement à la base

 

28. Umucô

2002

Bonaventure Bizumuremyi

Info générale

 

29. Umuragê

2002

François Ntarugera

Info générale

 

30. Imbârutso

2003

Lucie Umukundwa

Info générale

 

31. Dialogue (édité au Rwanda)

1969

Dialogue asbl

Analyse et réflexion

 

32. Impaanda

2004

Association « ami des jeunes »

Campagne de prévention anti-sida

 

33. La voie de Radio Marie - Rwanda

2004

Jean Paul Kayihura

La foi chrétienne

 

34. ULK- Magazine

2004

ULK

Actualité académique

 

35. Rwaanda Championi

2004

RIMEG

Sports et loisirs

 

36. Umwêezi

2004

Théodore Ntarindwa/J.B. Nzaramba

Info générale

 

37. Education Forum, Bitê mu Burezi?

2005

Grâce Sumwiza

Info générale

 

38. Football Imaanzi

2005

Die Nsabimana

Actualité sportive

 

39. Hozanah Magazine

2005

Zion Temple

Evangélisation

 

40. Ingeenzi

2005

Alphonse Munyankindi

Info générale

 

41. Itwaararike

2005

François Ntagungira

Info générale

 

42. Journal rugari urubuga rw'ibitêekerezo byuubaka

2005

Assumani Niyonsaba

Info générale

 

43. Le réveil, Ikinyâmakûru gikorera mu mucyô

2005

Robert Bond Umuhoza

Info générale

 

44. Objectif

2005

Jules Barasa

Info générale

 

45. The Rwanda weekly review

2005

Maalim Rashid

Economique

 

46. Umuhanuuzi

2005

Claude Ndamage

Info générale

 

47. Umurâbyo

2005

Agnès Nkusi Uwimana

Info générale

 

48. Umuriinzi,

2005

J.B. Gatete

Préoccupation écologique

 

49. Urumuli

2005

Frank Tanganika

Info générale

 

50. Focus

2006

Shyaka Kanuma

Info générale

 

51. Ihûuriro Amakurû mu mitwê ya Politiîki ?

2006

Forum de concertation des formations politiques

Idéologie et politique des partis politiques

 

52. Impâmo

2006

Jean Claude Mwitende

Info générale

 

53. Iriba

2006

Laetitia Kayisengerwa

Info générale

 

54. Isiîmbi -

2006

Emmanuel Nduwayo

Info générale

 

55. L'Entrepreneur

2006

Didace Gasana

Info générale

 

56. Media plus

2006

Kennedy J.B. Ndahiro

Info générale

 

57. Police magazine

2006

Commissariat général de la police

Faire connaître le rôle de la police

 

58. Regards croisés

2006

Jovin Ndayishimiye

Info générale

 

59. Tribune Sport

2006

J.M. Mutesa

Info sportive

 

60. Umusaânzu urûkwiiye

2006

Léon Nkusi

Info générale

 

61. Umuvugîzi

2006

J.B. Gasasira

Info générale

 

62. Igorora

 

CNUR

Unité et réconciliation des Rwandais

 

63. Isoonga

 

J. Claude Nkubito

Info générale

 

64. Haguruka

 

Haguruka asbl

Promotion du genre féminin

 

65. Twêese hamwê

 

Pro- femme Twese hamwe (ONG)

Revue Féministe

 

66. Echo du réseau des femmes

 

Réseau des femmes

Promotion de la femme

 

67. Inkîiko Gacaâca

 

MINIJUST

Justice participative

 

68. Trait d'Union

 

Evêché de Kabgayi

La foi chrétienne et spiritualité

 

69. Stella Matutina

 

Evêché de Kibungo

La foi chrétienne et spiritualité

 

70. Croisée des chemins

 

Archevêché de Kigali

La foi chrétienne et spiritualité

 

71. Notre Lien

 

Evêché de Ruhengeri

La foi chrétienne et spiritualité

 

72. Bulletin de la Conférence des Evêques Catholiques du Rwanda

 

C.EP.R.

La foi chrétienne et spiritualité

 

73. Partageons

 

Evêché de Byumba

La foi chrétienne et spiritualité

 

74. Unanimeter

 

Evêché de Cyangugu

La foi chrétienne et spiritualité

 

75. La Vigne du seigneur

 

Evêché de Gikongoro

La foi chrétienne et spiritualité

 

76. Intêeko

 

Parlement rwandais

Point de vue du parlement

 

77. Ubutâbeerâ

 

MINIJUST

Réforme judiciaire

Tableau 3: Liste des journaux non- fonctionnels

Titre du journal

Date du 1er

Propriétaire

Tendance Politique

 

1. L'Echo du séminaire

1938

Conférence épiscopale

Bulletin de liaison entre les anciens du séminaire

 

2. L'ami

1945

Diocèse Kabgayi

Spiritualité

 

3. Théologie et pastorale

1946

Eglise catholique

Revue du clergé

 

4. Kurerera Imâana

1949

 Pères Blancs

Pour les enseignants

 

5. Temps Nouveau d'Afrique

1954

 Pères Blancs

La mission chrétienne

 

6. Cor unum

1955

 Pères Blancs

Bulletin de l'amicale des anciens séminaristes

 

7. Soma devient Ijwî ryaa rubaanda rugufî

1955

 Parti APROSOMA

 Mobilisation politique

 

8. Agisiyo gatorika mu Rwaanda

1958

Eglise catholique

Catéchèse

 

9. Ijwî ry'urubyiruko

1958

JOC

Occupation de la jeunesse catholique

 

10. Rwaanda nzîizâ

1959

 Parti UNAR

 Actualité politique

 

11. Actualités

1962

Gouvernement

Point de vue du gouvernement

 

12. Journal officiel de la République Rwandaise

1962

Gouvernement

Publication des articles de lois

 

13. Umutaanguha

1962

Soeurs Benebikira

Préoccupation des Religieuses

 

14. Etudiants en vacances

1963

Les étudiants

La vie estudiantine

 

15. Rwanda Carrefour de l'Afrique

1963

Gouvernement

Actualité du gouvernement

 

16. Urwêego

1964

JAC

Activités cotidiennes de la jeunesse

 

17. La voie des étudiants

1964

JEC

Préoccupation estudiantine

 

18. Bulletin du service géologique

1964

Gouvernement

La géologie

 

19. Alleluia

1965

Pueri cantores

Information et publication des champs religieux

 

20. Jeunesse nouvelle

1965

JEC

Vie féminine

 

21. Umubâano

1965

Collège Nyamasheke

la vie scolaire

 

22. Urumuri rw'imitîma yâacu

1966

Soeurs Bizeramariya

Spiritualité

 

23. Ubucâamaânza

1966

Gouvernement

Suivie de la justice dans les tribunaux

 

24. Ingaanzo

1967

Séminaire de Nyundo

Revue scolaire

 

25. La cordée

1968

Séminaire st Paul de Kigali

Revue scolaire

 

26. Intâambwê

1968

Scouts

Revue des jeunes

 

27. Jeunesse Eclose

1968

Xaveri

Préoccupation des jeunes chrétiens

 

28. Bulletin Agricole du Rwanda

1968

Gouvernement

Agriculture

 

29. Revue médicale Rwandaise

1968

Gouvernement

Médecine

 

30. Lu pour vous

1969

Gouvernement

Info générale

 

31. COK Journal

1970

Collège Officiel de Kigali

Revue scolaire

 

32. Nouvelle Etoile

1970

Séminaire st Léon- Kabgayi

Revue scolaire

 

33. La source

1971

Etudiants Catholiques

Revue scolaire

 

34. Outre Mer

1971

Collège Christ Roi

Revue scolaire

 

35. Le mois

1971

Gouvernement

Info générale

 

36. Vie Familiale

1971

Gouvernement

Problèmes familiaux

 

37. Sinakwîibagiwe

1973

Ecole catéchistes Ruhengeri

Catéchèse

 

38. Bulletin de l'Agence Rwandaise de Presse

1975

Gouvernement

Informations, nouvelles

 

39. Umuhiinzi- mwoorozi

1975

Gouvernement

Agri- élevage

 

40. Umunyarwaandakazi

1975

Gouvernement

Gender

 

41. Flash Région

1976

Pères Blancs

Spiritualité

 

42. Collycé

1977

Collège Gisenyi-Nyundo

Revue scolaire

 

43. L'éveil

1977

Collège Rilima

Revue scolaire

 

44. Umurwa w'abâkozi

1978

JOC

Préoccupation des jeunes catholiques

 

45. Don Bosco

1978

Salésiens

la vie des jeunes religieux

 

46. Education et culture

1978

Gouvernement

Education

 

47. Servir

1979

Groupe scolaire de Butare

La vie scolaire

 

48. Longtemps après

1979

JEC Kabgayi

Revue de la jeunesse catholique

 

49. Famille Dominicaine

1979

Dominicains

Revue des religieux

 

50. La pléiade

1980

Fraternité de la Salle

Revue scolaire

 

51. Grands Lacs

1980

Gouvernement

Actualité politique

 

52. Echo from Ruhande

1980

AGEUNR

La vie des Etudiants

 

53. Etudes Rwandaises

1980

UNR

Revue scientifique

 

54. Le Périscope

1980

Etudiants de l'IPN

La vie des Etudiants

 

55. Rencontre

1980

IPN

Revue scientifique

 

56. Revue Juridique du Rwanda

1980

UNR- faculté de droit

Revue scientifique

 

57. Kigali Info

1985

Ntagara Alois

Apolitique Libéral

 

58. Kaanguka

1987

V.Rwabukwisi

Démocrate

 

59. Intêerâ

1989

S.Rwabukumba/ A.Nkurunziza

Extrémiste du hutuisme

 

60. Amakurû ki i Butâre ?

1990

A.Rutsindura

Information sur la Préfecture de Butare

 

61. Ijaambo

 

F.X. Hngimana

Extrémiste hutu

 

62. Ijîisho ryaa Rubaanda

1990

T.N.Mbarute

Extrémiste hutu

 

63. Isibo

1990

S.Musangamfura

Extrémiste hutu

 

64. Kaangura

1990

Hassan Ngeze

Extrémiste hutu

 

65. Kaangurwa

1990

T.Muberantwari

Apolitique

 

66. Le Démocrate

1990

asbl-Libertés

Parti MDR

 

67. Rwaanda rw'eêjo

1990

 

Organe du FPR

 

68. Rwandese Review

1990

 

Organe du FPR

 

69. Umuraânga-Magazine (publicitaire)

1990

F. Semusambi

Hutu power

 

70. Urumuri rwaa Demokarasi

1990

B.Shyirambere

Parti MDR

 

71. Agataâshya

1991

 

Info générale

 

72. Akanyaânge

1991

 

Info générale

 

73. Business contacts

1991

agence intercontact

Apolitique-publicitaire

 

74. Dusanâasane imitimâ tudahushûra

1991

H.B.Habyarimana

Extrémiste hutuisme

 

75. Echo des mille collines

1991

T.Kabonabake

Extrémiste hutuisme

 

76. Ijabo

1991

Twibumbe Bahinzi

Extrémiste hutuisme

 

77. Icyiîkigihe

1991

J.Uwimana

Marxiste

 

78. Ikiîndi

1991

T.Nsengiyaremye

Info générale

 

79. Imbagâ

1991

asbl-Imbaga

Extrémiste hutuisme

 

80. Imbôni

 

Hon.Isaie Sagahutu

Info générale

 

81. Info - selecte

1991

A.Ntagara

Apolitique

 

82. Intwâari - Ijwî ryaa J.D.R

1991

Jeunesse MDR

Parti MDR

 

83. Inyâbutâtu

1991

 

Info générale

 

84. Iwaâcu

1991

 

Apolitique

 

85. Jyambere

1991

T.Hahozayezu

 Info générale

 

86. Kamârampâka

1991

B.Hategekimana

parti MRND

 

87. Kibeerinkâ

1991

V.Shabakaka

Opposition au régime en place

 

88. L'ère de la liberté

1991

I.Mpayimana

Parti MDR

 

89. L'étoile

1991

L.Karekezi

Apolitique

 

90. L'opinion

1991

N.Harerimana

Opposition au régime

 

91. La griffe

1991

C.Segushimwa

Satirique PSD

 

92. La Médaille Nyiramacibiri

1991

F.Rwabutogo

Extrémiste hutuisme

 

93. La Victoire - Turatsîinze

1991

Ministère de la défense nationale

journal des forces armées rwandaises

 

94. La voix des Grands Lacs

1991

Kajyibwami

Apolitique

 

95. Le Matin uruyaânge

1991

Mohamed Muguru

Défense des musulmans

 

96. Le messager - Intumwâ

1991

Edouard Mutsinzi

Critique du gouvernement

 

97. Le Partisan

1991

C.A.Nyandwi

Apolitique

 

98. Le Patriote

1991

 

Opposition au régime

 

99. Le Soleil

1991

A.Mbarushimana

Proche du PSD

 

100. Le tribun du Peuple

1991

J.P.Mugabe

Proche du FPR

 

101. Libéral ishyire wiizâne

1991

Justin Mugenzi

Parti libéral

 

102. Liberté d'Afrique

1991

Noel Rugerinyange

Critique du gouvernement en place

 

103. Nyabâroongo

1991

T.Muberantwari/E.Mpayimana

Satirique

 

104. Panorama

1991

Tito Mongi

Info générale

 

105. Rafiki journal

1991

Club Rafiki

Apolitique

 

106. Repubulika

1991

J.B.Dusabeyezu

Parti MDR

 

107. Rubyîruko - Rubâanda

1991

E.D.Rukundo

Apolitique

 

108. Rwaanda Rushyâ

1991

André Kameya

Défense de la minorité tutsie

 

109. Umubwiîriza Magazine

1991

J.B.Byumvuhore

journal religieux

 

110. Umuhaanzi

1991

B.Ntawuyirushintege

Apolitique

 

111. Umuraangi

1991

B.Ntawuyirushintege

Apolitique puis MDR

 

112. Umuraava Magazine

1991

J.Afrika/E.Sambasambizi

Pro régime-Habyarimana, puis critique

 

113. Umurwaanashyaka

 1991

 

  Extrémiste Hutuisme

 

114. Iby'iki gihe

1992

J.Uwimana

Parti MDR

 

115. Ikinâni

1992

P.Simbikangwa

Extrémiste Hutuisme

 

116. Intêerahâmwe

1992

R.Kajuga, T.Hahozayezu

Extrémiste Hutuisme

 

117. Kanyarwaanda

1992

Ignace Ruhatana

Modéré

 

118. Umutuûrage

1992

E.Mbongebuke

Parti MDR

 

119. Vérités d'Afrique impamo

1992

Epa Habimana

Tendance MDR power

 

120. Zirikana

1992

P.C.Rwagafirita

Hutu-power CDR

 

121. Amakurû y'û Rwaanda

1993

 

Info générale

 

122. Inteego

1993

N.Mureramanzi/A.Nyimbuzi

Opposition au régime de Habyarimana

 

123. L'observateur

1993

A.Nyimbuzi

Apolitique

 

124. La Nation

1993

A.Nyimbuzi

Opposition au régime de Habyarimana

 

125. Le courrier du peuple

1993

MDR

MDR Hutu power

 

126. Le flambeau

1993

Adrien Rangira

Proche du FPR

 

127. Le modérateur

1993

Eugène Twahirwa

Opposition

 

128. Paix et Démocratie

1993

E.Gapyisi

Modéré puis power

 

129. Power - Pawa

1993

F.Karamira

Opposition

 

130. L'Emancipation

1994

André Ndahimana

Extémiste du hutu power

 

131. Indôrerwâmo

1998

Az-Média

information générale.

 

132. Inkiîngi

2000

 

Info générale

 

133. Rwaanda - Renaître

1996

 

Info générale

 

134. Kadogo

1995

Amiel Nkuriza

Enfant- soldats

 

135. Renaissance

1995

 Unesco

Education

 

136. The New Thinking

1995

 Tom Ndahiro

Info générale

 

137. Ibuka

1998

 Ibuka asbl

Mémoire du génocide Tutsi de 1994

 

138. Le Diapason

1967

AGEUNR

Problèmes académiques

 

139. Business daily

2002

 

Commercial

 

140. Intâremâra

2000

 Charles Nkurunziza

Info générale

 

141. Rwaanda Libération

1996

 Eustache Rutabingwa

Info générale

 

142. Amêerekezo

2001

 Immaculée Ingabire

Info générale

 

143. Rwaanda voice

2002

 Karemera

Info générale

 

144. Burakêeye iwaâcu ex-Burakêeye i Nyaânza

1999

 

Info générale

 

145. Ukurî

1995

 Casimir Kayumba

Info générale

 

146. Ukurî Gacaâca

1995

 Charle Gakumba

Justice participative

 

147. L'enjeu

1998

 Donat Mushayija

Info générale

 

148. Umurwaanashyaka

1991

 Parti MRND

Critique polique

 

149. Ingoboka

1999

 Goboka asbl

Info générale

 

150. Umusekê

1995

 

Info generale

 

151. Kumekucha nyota yenu

2000

 J. Gakuba

Apolitique

 

152. Messager Intumwâ

1999

Edouard Mutsinzi

Info générale

 

153. Umuseemburo

1991

Nkaka Raphael

Info générale

 

154. Umuyobôke - Le Partisan

1991

Parti MDR

Critique du gouvernement en place

 

155. Umuravuumba

1999

Appolo Hakizimana 

Info générale

 

156. Rwanda Messenger

2000

Marc Ramba 

Info générale

 

157. Wîiriwe

2000

 

Publicité commerciale 

 

158. Urwaâtubyaaye

1996

 

Info générale

 

159. Ishaakwe y'î Rwaanda

 
 

La culture

Conclusion

Au cours de ce chapitre, nous avons essayé de répertorier dans la mesure du possible, les noms des journaux rwandais. Ces journaux ont été classés dans les deux tableaux dont le premier contient les journaux fonctionnels et le deuxième, les journaux non fonctionnels. Etant donné que « le lexique est structuré », nous avons organisé le corpus dans un ordre chronologique au sein de chaque tableau. De même nous avons indiqué la date de création, le propriétaire de chaque journal et son orientation.

CHAP III : ANALYSE LEXICO-SEMANTIQUE DES NOMS DES JOURNAUX RWANDAIS

3.0. INTRODUCTION

Le troisième et dernier chapitre de ce travail consiste en une analyse lexico- sémantique des noms des journaux rwandais, qui se fait sur un corpus de 200 journaux recensés dans différents documents écrits. Cette analyse suppose une étude des relations existant entre les différents termes qui constituent les unités lexicales relevées dans la dénomination journalistique. Ainsi, puisqu'ils sont considérés comme des mots de la langue, nous allons dégager leurs structures et les mécanismes ou les procédés de création lexicale mis en valeur. Dans ce cadre, nous parlerons de la néologie sémantique et de la néologie morphologique. Enfin, ce chapitre nous donne l'occasion de revenir sur les objectifs et hypothèse que nous nous sommes fixés au début de ce travail, et nous examinons les facteurs motivationnels liés à la dénomination journalistique rwandaise.

3.1. La néologie morphologique

3.1.1. La composition

Différents linguistes ont discuté de la composition lexicale. Ainsi pour Baylon et Mignon (1995 :101), la composition est définie comme « juxtaposition de deux éléments qui peuvent exister à l'état libre. » Tandis que Niklas-Salminen (1997 :72), écrit que « la composition peut être définie comme juxtaposition de deux éléments qui peuvent servir de base à des dérivés. » En un mot, il s'agit de la conjonction de deux ou de plusieurs unités lexicales simples et autonomes pour former une unité lexicale complexe. Une fois entrées en composition, elles perdent leur autonomie pour avoir une signification nouvelle. Dans le cadre de la dénomination des journaux, les formes de composition les plus fréquentes que nous avons pu relevér sont : celle du verbe +nom (umurwaanashyaka), nom ou S.N. + S.N. (le matin uruyaânge), S.N. + conjonction + S.N. (-Ijîisho ryaa Rubaanda), indéfinit+ nom (Ibyiîkigihe), verbe+locatif (Indôrerwâmo :). Dans l'ensemble de tout le corpus, les noms composés sont au nombre de 65 journaux sur 236, soit 27,5%

3.1.2. La dérivation

La dérivation est un procédé par lequel on forme des mots nouveaux en modifiant la racine ou le radical. Elle opère ainsi par préfixation c'est- à -dire par adjonction d'un affixe qui précède immédiatement la racine ou le radical et par suffixation c'est- à- dire par adjonction d'un affixe qui suit le radical ou la racine.

En d'autres mots, « la dérivation est une agglutination d'éléments lexicaux en une forme unique continue, un radical d'une part, un élément adjoint ou affixe d'autre part appelé préfixe, s'il est placé devant le radical ou suffixe, s'il est placé derrière le radical. » (Guilbert 1975 :34). Quant à Polguere, (2003 :62) « la dérivation est dans le cas le plus standard un mécanisme morphologique qui consiste en combinaison d'un radical et d'un affixe -appelé affixe dérivationnel - ayant les trois propriétés suivantes :

1. Son signifié est moins général et moins abstrait que celui d'un affixe flexionnel, il s'apparente au signifié d'une lexie 

2. L'expression de son signifié correspond normalement à un choix libre du locuteur qui décide de communiquer le signifié en question 

3. La combinaison avec le radical d'une lexie donne un mot forme qui est associé à une autre lexie. »

3.1.2.1. Préfixation nominale

Voici quelques exemples relevés dans la dénomination des journaux au Rwanda.

Tableau 4: Classes nominales

Base

Classe

Noms dérivés

-mwê

-cô

-baanga

-ingabo

-kiîngi

-nâanâ

-seeso

-vâaho

-seemburo

-sekê

-êezi

-tâbeerâ

-bârutso

-yobôke

-jabo

-bâga

-bwiîriza

-raava

-raangi

-nyaânge

-nâni

-taâshya

-bôni

-râbyo

-haanda

-hâmo

-riba

-muri

-geenzi

-tuûrage

-ragê

-goboka

-teera

14

3

5

9/10

9/10

11

3

9

3

3

3

14

9/10

1

5

9/10

1

3

3

12

7

12

9/10

3

9/10

9/10

5

11

9/10

1

3

9/10

9/10

Ubumwê : u-bu-mwê

Umucô : u-mu-cô

Ibaanga : i-ø-baanga

Ingabo : i-n-gabo

Inkiîngi : i-n-kiîngi

Urunâanâ : u-ru-nâanâ

Umuseeso : u-mu-seeso

Imvâahô : i-n-vâahô

Seemburo: u-mu-seemburo

Umusekê: u-mu-sekê

Umwêezi: u-mu-êezi

Ubutâbeerâ: u-bu-tâbeerâ

Imbârutso: i-n-bârutso

Umuyobôke: u-mu-yobôke

Ijabo: i-ø-jabo

Imbâga: i-n-bâga

Umubwiîriza: u-mu-bwiîriza

Umuraava: u-mu-raava

Umuraangi: u-mu-raangi

Akanyange: a-ka-nyaânge

Ikinâni: i-ki-nâni

Agataâshya: a-ka-taâshya

Imbôni: i-n-bôni

Umurâbyo: u-mu-râbyo

Impaanda: i-n-haanda

Impâmo: i-n-hâmo

Iriba: i-ø-riba

Urumuri:u-ru-muri

Ingeenzi: i-n-geenzi

Umutuûrage: u-mu-tuûrage

Umuragê: u-mu-ragê

Ingoboka: i-n-goboka

Înteera: i-n-teera

D'après le tableau ci-dessus, il est à souligner que l'usage des différents classificateurs (marques de classes nominales) assigne un sens différent d'une classe à l'autre. Néanmoins, les unités lexicales dans la dénomination des journaux gardent un rapport sémantique direct avec la base concernée.

a) Classificateur « Bu » (Classe 14)

Les noms de cette classe peuvent représenter certains êtres concrets, ou les mots abstraits. En général, la classe 14 comprend des dérivés qui expriment le fait ou la capacité de faire quelque chose. Comme l'écrit Iyamuremye, (1982 :39), « des substantifs qui désignent généralement l'état d'une personne ou d'une chose ou le fait même d'acquérir cet état ». Dans notre cas, les noms qui sont inclus dans cette classe concernent la catégorie des mots abstraits. Ils ne sont pas du tout fréquents car ils sont seulement au nombre de trois : ubumwê, ubutâbeera, ubucaâmaânza.

b) Classificateur « Mu » (Classe 1 ou 3)

Le classificateur « mu » est souvent employé dans la dérivation restrictive dont plusieurs types s'emploient librement. Cette dérivation s'applique à la plupart des substantifs. Le classificateur « mu » s'emploie toujours pour le singulier, soit dans la classe 1 et ayant comme son pluriel le classificateur « ba » de la classe 2, soit dans la classe 3, ayant cette fois-ci « mi » de la classe 4 comme son pluriel. D'après Uwiringiyimana (200 :17) « le préfixe -mu- de la cl.1, semble être le substitut de `umuuntu' (personne) car dans des doublets savants où il apparaît, il ajoute la notion de personne spécialiste de l'action prônée par le thème de base ». Autrement dit, la première et deuxième classe comprend les dérivés qui ont le sens d'auteur, ce qui ne contredit pas l'idée d'Iyamuremye, (1982 :32) qui explique que : « dans le couple 1,2 on trouve des dérivés de formation libre avec le sens régulier de la personne qui se trouve dans tel ou tel état dont il est l'auteur ou non. (...) Dans le couple 3,4 on trouve des substantifs qui désignent l'état final d'une personne ou d'un objet, et d'autres ont pour sens général l'objet ou l'état qui résulte de l'action contenue par le verbe.»

Dans notre corpus, nous avons un bon nombre d'exemples de cette catégorie dont : « Umubwiîriza » (umuuntu ugîira abaândi inâama zibayobôra= conseiller). Umucô, Umuseeso, Umuseemburo, Umwêezi, Umuragê, Umuyobôke, Umuraava, Umuraangi, Umurâbyo, Umutuûrage... au total, on dénombre 25 noms de ces deux classes sur 236 titres de tout le corpus soit 10,6%.

c) Classificateur « Ka » (Classe 12)

Il s'agit d'une classe entièrement consacrée aux diminutifs et dans la dénomination des journaux, le classificateur « ka » a gardé le même sens. On note également qu'il renvoie à une certaine appréciation des êtres représentés par les noms de cette classe. Selon COUPEZ (1980 :225), « le classificateur -ka- forme librement des dérivés de sens diminutif généralement avec une connotation élogieuse ». Dans la dénomination des journaux, cette classe n'est pas fréquente car nous n'en dénombrons que deux : Akanyaânge et Agataâshya.

d) Classificateur « n » (classe 9-10)

Dans la dénomination des journaux, le classificateur « n » représente à son tour un bon nombre d'exemples. Il concerne les noms de la classe 9 et/ou 10 qui peuvent être soit des êtres concrets ou des abstraits. Iyamuremye, (1982 :11) nous fait savoir que « le couple des classes 9,10 comprend des dérivés qui ne présentent pas de régularité sémantique ». Il ajoute plus loin que « la majorité des dérivés de classes 9,10 ayant -à pour terminaison accompagnée du morphotonème grammaticale P' désignent la personne à laquelle on attribue une action ou une qualité. (...) les autres ne présentent pas de régularité sémantique et ont des sens spécialisés. » (Iyamuremye, 1982 :15-16) Nous citons parmi eux : Ingabo, Inkiîngi, Imvâaho, Imbârutso, Imbôni, Impaanda, Ingeenzi, Ingoboka, etc. Ce couple totalise, dans la dénomination des journaux rwandais, 20 termes sur 236 équivalent de 8.4%.

e) Classificateurs « ki »/ « bi » (classes 7-8)

Comme l'écrit Coupez, (1980 :225) « le classificateur -ki- s'emploie normalement avec le classificateur -bi- et forment librement des substantifs de sens augmentatif (grand nombre, ou grande quantité) généralement avec connotation péjorative ». Il est complété par Iyamuremye, (1982 :15) qui ajoute que «les dérivés du couple 7,8 ont généralement le sens d'auteur ou de cause ». Dans d'autres cas, renchérit Iyamuremye (1982 :35), dans le même couple, « quand il s'agit d'une personne on a le sens régulier de quelqu'un qui a telle ou telle qualité (bonne ou mauvaise) mais avec une notion d'emphase ou alors l'état final qui est le résultat d'une action. D'autres enfin n'offrent aucune régularité sémantique et ont chacun un sens spécialisé». Les exemples de ce couple dans la dénomination des journaux sont seulement au nombre de 3, à savoir ikinâni, icyiîkigihe, ibyiîkigihe...

f) Le négateur « ta »

D'après Shimamungu, (1984 : 4) «la négation elle-même est l'essence du non-être, un refus d'existence. Par mouvement d'éloignement, elle apporte l'inexistant ». Ainsi, le négateur -ta- s'emploie avec un verbe de sens négatif, pour former les noms dont la connotation est positive comme le montre les noms Ubutâbeera et Intâremara.

3.1.2.2. Dérivation suffixale

La dérivation suffixale nous semble rarissime dans la dénomination des journaux. Il convient toutefois de noter quelques suffixes du kinyarwanda qui y sont opérationnels, aussi bien que les exemples illustratifs.

· Suffixe passif -w- : il montre que l'action est appliquée au sujet

Ex: kaangurwa (kaang-ur-w-a)

· Suffixe réversif actif -ur- : selon Bizimana, (1998 :403) « ce suffixe montre que l'action existante est changée »

Ex : kaangura (kaang-ur-a)

· Suffixe -ir- :

Ex: kibeerinka (ki-ba-ir-a-i-n-ka); Umuvûgizi (u-mu-vûg-ir-yi)

· Suffixe -uk- :

Ex: kaanguka (kang-uk-a); Huguuka (hug-uk-a)

Nous avons dénombré, au cours de cette étude, 12 noms des journaux résultant de la dérivation suffixale, équivalents à 5,08%.

3.1.2.3. Dérivation déverbative

Il s'agit d'un procédé néologique dans lequel les noms sont formés à partir d'un verbe, considéré comme élément de base dans cette formation. Dans la dénomination des journaux, nous en avons noté deux sortes, qui totalisent 19 noms sur 236 soit 8,05%. Il s'agit de :

a) verbe + complément

-Kamârampâka: referendum (ka-mâr-a+ (i) mpâka)

-Intêerahâmwe: personnes qui s'entendent fort bien (i-n-têer-a +hâmwe)

-Urwaâtubyaye: ce (Rwanda) qui nous a engendré (u-ru-aâ-tu-byaar-ye)

b) Formes hypostasiées

La forme hypostasiée, comme le dit Coupez (1978 :24), « consiste à transposer dans la catégorie du substantif des formes qui n'en ont pas la structure. » A son avis, DUBOIS et al. (2001 :236) disent que l'on appelle hypostase « le passage d'un mot d'une catégorie grammaticale dans une autre. » Les exemples tirés de notre corpus sont les suivants : Kaanguka, Kaangura, Jyambere, Kibeerinkâ, Ibuka, Huguuka, Haguruka, Itwaararike, Zirikana, Kangurwa etc.

Tableau 5: Présentation synthétique des procédés morphologiques

Procédé

Nombre

%

Composition

65

27,5

Dérivation

Préfixation nominale

65

27,5

Dérivation déverbative

19

8,05

Dérivation suffixale

12

5,08

3.2. La néologie sémantique

3.2.1. La synonymie

Dans l'usage courant, on appelle synonymes : « des mots de forme différente mais de sens identique ou semblable et de même statut morphosyntaxique.»(Tamba-Mecz, 1988 :80-81). Cependant, au fil du temps bon nombre de linguistes ont été intéressés par la synonymie. Pour Gaudin et Guespin (2000 : 176) « c'est la relation qu'entretiennent deux signes que l'on peut utiliser l'un pour l'autre. Dans beaucoup de cas, cela signifie que l'on peut s'en servir pour désigner les mêmes classes de référents. »

A ce propos, Dubois (2001 :465) s'exprime en ces termes : « la synonymie peut avoir deux acceptions différentes : ou bien deux termes sont dits synonymes quand ils ont la possibilité de se substituer l'un à l'autre dans un seul énoncé isolé ; ou bien deux termes sont dits synonymes quand ils sont interchangeables dans tous les contextes. »

Sans pouvoir épuiser tous les points de vues de ceux qui ont réfléchi sur la synonymie, nous allons relever, dans notre corpus, quelques termes y relatifs, peut-être qui n'ont pas toujours les mêmes emplois, mais qui présenteraient des valeurs très proches. Dans ce cadre, les noms comme Umuseeso (l'aurore), Kumekucha (il fait jour), Umusekê (l'aube), Burakêeye iwaâcu (il fait jour chez nous), Urumuri (la lumière), Umwêezi (clarté) etc. renvoient à un même champ notionnel dont le sens est la lumière, le passage de l'obscurité à la clarté. Un autre ensemble synonymique est formé par : Temps Nouveaux, The New Times, Renaissance, The New Thinking, Rwanda Renaitre, qui renferment une idée de nouveauté. Ukurî (vérité), Impâmo (toute vérité), Imvâahô (certitude, vérité), Vérité d'Afrique... ramènent tous à la notion de vérité. Tout bien considéré, le procédé synonymique est très fréquent dans la dénomination des journaux rwandais d'autant plus que nous avons pu dénombrer 64 termes sur 236, soit 27,11%.

3.2.2. La polysémie

Un signe est polysémique quand il a plusieurs sens. Niklas-Salminen (1997 :122) l'explique en disant que : « ce terme est utilisé pour décrire le fait qu'une unité correspond à deux ou plusieurs significations. » Le recours à la polysémie est l'un des moyens utilisés pour faire face à la difficulté causée par l'abondance de réalités à dénommer par rapport aux mots disponibles dans la langue. Ce phénomène est expliqué d'ailleurs par Baylon et Mignot (2000 :56) quand ils disent que : « sont diverses les réalités à dénommer alors que le nombre des mots dont on dispose dans une langue est forcément très inférieur. » Dans la dénomination des journaux, les exemples de ce procédé sont légion. Si nous prenons l'exemple du journal Ubumwê qui signifie dans notre contexte l'unité, l'entente, nous constatons aussi qu'il dénote, un notre sens polysémique qui est « le singulier ». Ingabo, est un journal qui fait connaître RDF pour dire qu'il nous fait penser aux guerriers, militaires, soldats, alors qu'ailleurs le même mot signifie « sujet par rapport au chef »ou encore le « bouclier ». Le journal Umuseeso dans le contexte du Rwanda qui sort de la nuit du génocide a un sens (aussi métaphorique) de « l'aurore, l'aube nouveau ». Cependant, on peut songer également à un autre sens qu'il dénote dans un autre contexte, qui est « longueur d'un vêtement qui pend jusqu'aux pieds ». Beaucoup d'autres titres fonctionnent de la même façon et ils sont au nombre de 47 sur 236 c'est -à- dire 19.9%.

3.2.3. La métaphore

La métaphore est « un procédé qui consiste à donner à un objet un nom qui désigne déjà un autre objet auquel on le compare. » (Baylon et Fabre, 1978 :209). Et, Le Guern (1972 :87) ajoute que « la métaphore consiste à donner à un mot un sens qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison sous - entendue. »

Dans la dénomination des journaux, les termes métaphoriques sont innombrables et notre intention ne sera que d'en présenter quelques exemples. Les termes Imbôni et Ijîisho ryaa rubaanda sont utilisés métaphoriquement tous les deux en comparaison avec l'oeil, organe de la vue pour dire que le public doit se servir de ces journaux pour découvrir certaines réalités qui leurs sont cachées. Umuravuumba, ordinairement est une plante médicinale très amère, et son utilisation dans notre contexte est très significative vu la situation dans laquelle le journal est créé. Si Umuseemburo est couramment utilisé pour la fermentation de bière, du pain etc., ce n'est pas par hasard que le journaliste choisit le même titre. C'est qu'il a en tête cette comparaison avec un changement positif qu'il doit viser. Bien d'autres métaphores inondent notre corpus, mais nous énumérons simplement en passant : Kibeerinkâ (ce qui est agréable), Le Tribun du peuple (magistrat chargé de défendre la classe populaire ou le bas peuple), Umuvûgizi (porte-parole),... Somme toute, il reste à remarquer que la grande partie des noms des journaux rwandais a un usage métaphorique relatif au contexte dans lequel ils ont été créés, et à l'histoire rwandaise en général. Au total les métaphores dans la dénomination des journaux rwandais occupent 51.2% de tout le corpus c'est-à-dire 121 noms sur 236.

Tableau 6: Synthèse des procédés sémantiques relevés dans ce travail

Procédé

Nombres

%

Métaphore

121

51.2

Synonymie

64

27,11

Polysémie

47

19,9

D'après ce tableau, on note la prédilection de la métaphore parmi d'autres procédés sémantiques dégagés dans la dénomination de journaux rwandais. En principe, la métaphore est une figure de comparaison qui joue un grand rôle dans la rhétorique. Ses effets linguistiques consistent à transférer quelques qualités d'un élément A à un élément B, afin d'attirer l'attention de l'auditoire ou du public.

Il ne serait donc pas étonnant que les Rwandais, dans les contextes variés, recourent à cette figure, surtout dans le domaine de la presse pour attirer à eux le plus possible de clientèle. Ceci montre également que les Rwandais comprennent bien la valeur de la parole et son impact sur la psychologie des gens. Cette concurrence à trouver les meilleurs des noms, touchant davantage les sentiments du public agrandit la fréquence de la métaphore dans la dénomination des journaux rwandais. On souligne par exemple dans le contexte des années 90, où le courant politique était de grande ampleur, les journaux comme : Le Tribun du peuple (comparaison entre le magistrat qui était chargé de défendre les intérêts des plébéiens dans la Rome antique et le journal qui se prête ces qualités et se donne comme mission de plaider pour le peuple rwandais), Ijiîsho ryaa rubaanda : comparativement à l'oeil qui est un organe de la vue et qui doit être vigilant pour guider la personne sur son chemin, ce journal prétend, par son titre, d'être un guide de la population qui était aveuglée par le pouvoir.

Dans un contexte d'après génocide, beaucoup d'autres journaux recourent toujours à cette figure et on enregistre des titres comme Izûuba, Umucyô, Umuseeso, qui s'approprient les qualités du soleil, de l'aube, bref de la lumière en général pour convaincre le public de la fiabilité ou de la qualité de l'information qu'ils fournissent.

3.3. Le contexte de dénomination des journaux au Rwanda

Nous entendons par « contexte de dénomination » la situation sociale concrète et précise durant laquelle le journal a été créé et dénommé. Quand les Rwandais disent : « izina ni ryo muntu » (le nom c'est la personne), ils veulent exprimer que toute personne et, partant, toute chose ou tout être ne reçoit que le nom qui lui est propre, qui renseigne sur sa raison d'être sur son aspect tant moral que physique de même que sur la situation et la vie de son entourage.

En ce qui concerne la dénomination des journaux au Rwanda, nous avons constaté que les journaux rwandais reçoivent toujours les noms relatifs à la situation sociale dans laquelle ils sont créés. Au cours du premier chapitre, nous avons subdivisé, en connaissance de cause, l'histoire de la presse rwandaise en périodes distinctes car les réalités de chacune d'elles transparaissent à travers les noms des journaux.

Toujours en parlant du contexte, il nous semble impossible de séparer le nom du journal avec la personne ou groupe de personnes- dénommeur- qui contribue au choix de ce nom. Lors de la dénomination, cette personne, que nous avons indiquée au deuxième chapitre par une rubrique de « propriétaire », ne peut se passer d'être influencée par différentes motivations liées à sa personnalité, ses expériences personnelles et/ou sociales etc. ; on choisit donc un nom qui véhicule un message quelconque, adressé implicitement ou explicitement à un destinataire collectif. Dans le cas qui nous concerne, le message que renferme le nom du journal s'éclaircit également dans sa ligne éditoriale que nous avons caractérisée au deuxième chapitre par « l'orientation du journal ».

Bref, la bonne dénomination consiste nécessairement à exprimer la finalité, la fonction ou le but ultime que le nom sous- entend. Elle peut aussi consister à décrire la société et ses différentes réalités, ce qui fait que cette dénomination recourt aux différentes figures de style dont la plus fréquente est la métaphore. Avant de dégager dans notre corpus les exemples illustratifs de cette analyse, nous nous permettons d'affirmer que pour choisir le nom, l'on prend en considération l'aspect de la vie de son entourage. Nous abondons ainsi dans le même sens que Kampayana (1984 :92), qui dit que : « c'est un art de trouver un bon nom. C'est un véritable apprentissage social qui exigeait un nom bien fait et se référent à un contexte bien particulier. »

Kurerera Imaana, c'est un titre qui est traduit littéralement par « éduquer pour Dieu » et date de 1949. Il s'agit d'une oeuvre des Pères Blancs qui s'adressaient particulièrement aux enseignants. On lit alors à travers ce titre, la mission principale des Pères Blancs. Leur première préoccupation était de civiliser le peuple rwandais que l'on considérait comme primitif et païen, de lui faire connaître Dieu et son Fils Jésus Christ, et cela devait être intensifié surtout dans la jeunesse, par les éducateurs. Beaucoup d'autres titres, révélateurs de cette période où la prédominance des missionnaires, surtout catholiques, s'exerçait dans des oeuvres caritatives, éducatives, etc. voient le jour. Nous citons parmi eux, L'Echo du Séminaire : comme le montre « écho », les premières élites du pays ont été formés dans les séminaires et d'autres écoles catholiques. Leur voix devait alors retentir, et leur influence se faire sentir sur tout le territoire. Agisiyo Gatorika mu Rwanda, Théologie et Pastorale, Cor unum, sont des journaux qui entre dans ce cadre.

Le journal Kaanguka, vient de « - kanguuk -», qui signifie « s'éveiller, se réveiller ou avoir un esprit éveillé ». Ce nom est attribué au premier journal contestataire créé en 1987. En effet, les Rwandais avaient été dirigés aveuglement depuis l'indépendance par les gouvernements dictatoriaux. La liberté d'expression n'existait presque pas au Rwanda, peu de journaux qui existaient étaient sous le contrôle du gouvernement ou de l'Eglise Catholique qui ne s'opposait pas du tout à la volonté de l'autorité publique. C'est dans ce climat de peur et de timidité qu'un certain Rwabukwisi se permit de créer un journal qui osa dévoiler les défaillances du gouvernement et incite le peuple à se lever contre l'injustice intronisée jusque là. Ce nom donc, compte tenu de son contexte de création, ne s'écarte pas de son étymologie, comme le font d'ailleurs la plupart d'autres journaux. A côté de Kaanguka, on assiste en 1990 à la création de Kaangura. Ce nouveau nom qui vient du verbe « gukaangura », (réveiller, instruire) a été choisi par les extrémistes proches du pouvoir en place. Ils considéraient en principe l'influence qu'avait eu Kaanguka sur l'opinion du peuple et, en réaction contre lui, ils trouvèrent un nom très proche au premier pour semer la confusion auprès des lecteurs.

Il est très difficile d'analyser de A à Z tous les noms du corpus par rapport au contexte. Cependant il reste pertinent d'insister sur certains titres qui marquent les deux dernières périodes. Si nous prenons Rwaanda rw'eêjo, il est créé en 1990. Dans cette année, il surgit au Rwanda une guerre menée par le FPR contre le gouvernement de Habyarimana. Cette guerre occasionna tant de changements à l'intérieur du pays, aussi bien sur le plan politique que social. Le plus significatif, c'est celui de la naissance du multipartisme. Rwaanda rw'eêjo, qui veut dire « Rwanda de demain », est un journal créé dans cette période et attaché au FPR. Le contexte nous permet de dire qu'en choisissant ce nom, les nommeurs pensaient aux lendemains meilleurs ; ils véhiculent à travers le journal leur objectif, leur espoir de revoir le pays dans lequel règne le respect de la personne, contrairement au Rwanda d'hier où la vie de toute la population dépendait de la volonté d'un individu ou d'un groupe d'individus.

Parmi les partis politiques reconnus dans l'histoire du Rwanda l'on compte le MDR, MRND, PSD, PL etc. Le MDR fut le plus populaire, et bat le record dans la mobilisation de la population rwandaise contre le pouvoir du MRND. L'une des armes qu'il a utilisées est la presse écrite. Quand il crée « Urumuri rwaa Demokarasi » en 1990 (la lumière de la démocratie), il rappelle à la masse rwandaise les événements des années 60 où le même parti a joué un grand rôle dans la lutte pour l'indépendance. Dans ce contexte, on remarque que plusieurs journaux qui ont été créés ont reçu les noms qui incitent directement le public à s'insurger contre l'autorité.

Contrairement aux multiples journaux qui traduisent le contexte et la vague des événements d'entre 1990 et 1994, d'innombrables journaux naissent et laissent transparaître le nouveau climat qui règne au Rwanda après le génocide. A travers les titres, les journaux suivants en font l'illustration : Urwaâtubyaaye, dans ce titre le préfixe -ru- qui représente le Rwanda, fait que le titre en soi traduise le sentiment d'un bon nombre des rapatriés rwandais qui vivaient depuis longtemps en exil et qui ont aujourd'hui le plaisir du retour au bercail. Il est créé en 1996, juste au lendemain du génocide.

The New Times (les temps nouveaux), créé lui aussi en 1995 au moment où le Rwanda avait perdu son image aux yeux des nations, ce journal traduit le souci des Rwandais d'améliorer l'image de marque de leur pays, de se reconstruire malgré la situation critique qu'ils venaient de traverser. Publié en anglais, ce journal montre également l'ouverture du pays aux différents horizons. Un autre journal qui attire notre attention est Ibuka. Ce nom vient du verbe kwiibuka (se souvenir, se rappeler) et date de 1998. Au fait, après le génocide, il n'a pas été facile de redresser la situation. Au moment où les rescapés du génocide tentaient de se réconforter, un autre groupe dont la majorité des planificateurs du génocide ne voulait pas renoncer à leur plan d'exterminer les Tutsis, niant ainsi l'existence du génocide. C'est dans ce contexte qu'il a été créé l'association « Ibuka asbl » pour expliquer au monde entier et aux Rwandais en particulier, ce qui s'est passé. Le journal « Ibuka », dans ce cadre, vit le jour et eut comme objectif de fonctionner comme un outil de sensibilisation qu'utilise cette association. D' après ces exemples, nous pouvons dire que presque tous les noms attribués aux journaux rwandais sont conformes à leur contexte de création et donnent directement un message à son public.

3.4. La motivation dans la dénomination des journaux au Rwanda

En opposition avec la conception saussurienne selon laquelle le signe linguistique est arbitraire, donc immotivé, bien de linguistes ont discuté la motivation et de sa problématique. Nous commençons par Dubois et al. (2001 :313) d'après qui : « on appelle motivation la relation de nécessité qu'un locuteur met entre un mot et son signifié (contenu), ou entre un mot et un autre signe. » La même idée est soutenue par Dubuc (1992 :107) qui écrit : « un terme est motivé quand il laisse transparaître la notion qu'il recouvre, soit par son étymologie, soit par le sens de ses composantes. »

Quand on nomme son journal « Inyâbutâtu » par exemple, on songe d'abord à la signification première qui est une corde tressée au moyen de trois liens, pour aller enfin plus loin et faire allusion aux trois groupes ethniques qui habitent le Rwanda. De même, par le nom « Ibyiîkigihe » (i-bya-i-ki-gihe) qui se traduit littéralement par « les choses d'aujourd'hui ou les événements actuels », créé en 1992, laisse transparaître de nombreux changements politiques qui se produisaient dans le pays, de la guerre qui venait de surgir entre le gouvernement en place et le Front Patriotique Rwandais, etc.

Un signe est également dit phoniquement motivé « quand la liaison entre son signifiant et son signifié paraît naturelle, logique ou analogique, ou plus exactement quand il y a un rapport de solidarité étroite entre la forme du signe et la réalité à laquelle il renvoie. »(Baylon et Fabre, 1978 :144). Retenons tout de même ce qu'ajoute Bigirumwami, (1994 :132) : « le nom est une instruction ou un indice donné à l'entourage pour interpréter la situation dans une direction donnée. »

Comme nous l'avons souligné dans l'introduction générale et appuyé par la conception de ces différents linguistes sur la motivation, la dénomination des journaux au Rwanda ne se fait pas au hasard. C'est ainsi que la partie suivante consiste à analyser quelques réalités qui sont à la base de la prolifération de ces journaux d'abord, et qui motivent ensuite leur dénomination

3.4.1. Motivation politique

Depuis sa naissance, la presse rwandaise a été contrôlée par l'autorité politique. Sauf l'autorité religieuse qui possédait la grande partie des publications, le reste des journaux que l'on trouve au Rwanda colonial était sous la dépendance de l'administration publique. Ce monopole n'allait pas sans conséquence directe sur l'efficacité de la presse, car on enregistre l'emploi des journalistes non professionnels qui exerçaient par contre d'autres activités soit administratives, économiques, ou religieuses.

Ensuite, au fur et à mesure qu'il y avait des changements politiques, chaque régime adoptait ses mesures de gérer la presse favorablement ou défavorablement. Si l'on jette un coup d'oeil sur les quatre périodes qui ont marqué la presse rwandaise, on remarque que la période d'entre 1960-1990 est la plus défavorable à l'évolution de la presse du fait que les journaux qui ont paru dans cette période de 30 ans sont très limités et souvent subordonnés à la volonté de l'autorité ou du parti détenteur du pouvoir. La plupart des publications de cette période ne sont que des revues ou des bulletins d'information publiés au sein des ministères et d'autres Cellules spécialisés ayant l'objectif de faire connaître leurs programme d'activités voire le programme du gouvernement, comme le montrent les tableaux du deuxième chapitre. Cette délimitation est également liée à la dictature qui a caractérisé les deux républiques et dont le principe fondamental était de faire taire la population, autrement dit d'empêcher toute liberté d'expression. Ceci n'étant que pour protéger l'intérêt de certains individus ou groupes d'individus.

Un autre effet de la politique sur la presse, contrairement au précédent, est la prolifération des journaux. Au Rwanda, ce phénomène se produit à partir des années 90, au moment où le grand changement politique, provoqué au fond par l'attaque du FPR-Inkotanyi (Front Patriotique Rwandais), a conduit le pays au multipartisme. Il y eut dès lors une parution intense des journaux, les uns soutenant le régime en place et propageant son idéologie, les autres, en opposition, luttant pour le changement politique, et les autres encore, s'occupant de la situation sociale.

Ainsi donc, la majorité des noms des journaux créés dans un tel climat traduisent, il est vrai, les réalités ou les sentiments politiques du temps. Ce phénomène n'est pas une particularité de notre pays. Il est commun à bien des pays en voie de développement, des pays récemment décolonisés dans lesquels la presse est souvent utilisée comme une arme à double tranchant, ou bien en faveur du régime au pouvoir, ou bien en faveur des groupes en opposition. C'est le cas des journaux comme Umurwaanashyaka (qui vient de kurwana ishyaka : militer pour une cause, une idéologie quelconque), Urumuri rwaa Demokarasi, journal du parti MDR, Intêerahâmwe, pour MRND etc. Toutefois, l'ensemble de tout le corpus comprend 67 noms de journaux sur 236 c- à- d 28.3%.

3.4.2. Motivation religieuse

Après la motivation politique, l'autre critère motivationnel qui intervient dans la dénomination des journaux est celui qui est liée à la religion. En effet, nous l'avons évoqué dans les parties précédentes, les religieux, et l'Eglise Catholique en particulier furent les principaux promoteurs et fondateurs de la presse écrite rwandaise. Leur influence était et reste importante depuis l'origine de la presse rwandaise. Non seulement ils ont créé les premiers journaux, mais aussi ils ont financé l'implantation d'une imprimerie en 1945. D'ailleurs, ce sont eux qui firent un premier pas dans le cadre de l'alphabétisation. Les principales écoles qui ont été bâties au Rwanda appartiennent aux confessions religieuses et on y a développé ce goût de presse. C'est pour toutes ces raisons qu'un nombre raisonnable des journaux sont en rapport direct avec des idéaux religieux, ce qui transparaît à travers leurs titres, ou encore par le fait qu'ils sont tenus par les organismes ou confessions religieuses. Dans cette rubrique, on rencontre les titres comme La Vigne du Seigneur, Urumuri rwaa Kristu, Kurerera Imaana, L'Echo du Séminaire et j'en passe. Ils totalisent dans l'ensemble du corpus 46 titres sur 236 pour dire 19,4%.

3.4.3. Motivation liée à la pérennité ou la beauté de la Nation

L'une des caractéristiques les plus particulières des Rwandais partout où ils sont, dans tout ce qu'ils font, c'est l'amour de leur patrie. Sans se soucier du tout de sa petitesse, de ses problèmes historiques, les Rwandais considèrent leur nation comme étant la plus belle du monde, la plus puissante et éternelle.

Cette réalité s'exprime à travers une multitude de formes littéraires telles que les contes, les proverbes, les mythes, les devinettes, les dictons, les chansons et autres expressions langagières aussi bien orales qu'écrites. Egalement, à travers la presse écrite, le même sentiment pousse les journalistes à dépasser les problèmes (économiques, politiques, sociaux.), les conflits, etc. qu'a connus le pays, pour susciter dans l'esprit de leurs lecteurs cette marque indélébile du Rwanda. Dans ce cadre, des journaux comme : Urwaâtubyaaye, Rwaanda Nziizâ, Rushyaâshya, La Nation, etc. suscite le sentiment et les souhaits que nous devons porter envers le Rwanda. Les journaux de ce genre totalisent le nombre de 27 sur 236 c- à- d 11,4%.

3.4.4. Motivation liée aux valeurs culturelles/ universelles

La plus grande richesse que possède en commun le peuple rwandais est une même langue, une même culture et une même histoire. Le kinyarwanda, la langue nationale, tout comme la culture dont elle est le véhicule et l'expression, est une langue très riche d'images et de nuances.

La presse écrite rwandaise dans son évolution, bien qu'elle soit une culture nouvelle, et à l'instar de bien d'autres institutions, doit assumer la fonction de maintenir et de préserver l'ensemble de valeurs culturelles et historiques qui ont été, depuis la nuit des temps, à la base de la paix et de l'harmonie qui ont caractérisé le Rwandais. C'est en connaissance de cause que les responsables de différents journaux leurs trouvent les noms y relatifs. Le sociologue Rwandais SEBASONI S. (2000 :44) écrit à ce sujet : « outil de communication et véhicule des références communes à l'intérieur d'un groupe de personnes ou d'un groupe de populations, la langue (kinyarwanda) est également un objet de consommation quotidienne. On l'utilise pour apprécier la saveur des mots, et pour créer la poésie. » Dans le même contexte, nous n'aurions pas tort si nous nous convenions à ce que « la langue n'est pas qu'un moyen de communication, elle permet de pénétrer en profondeur la pensée humaine et donne accès à des valeurs centrales sur les traditions familiales et sociales. » (UNESCO, 1996 : 6).

Les exemples que nous avons relevés dans notre corpus montrent bien que le kinyarwanda contient les mots qui expriment mieux que les langues étrangères, le fond culturel rwandais, le sens de l'homme, le sens de l'Etre au monde etc. parmi les titres reflétant ces valeurs, nous citons à titre exemplatif les journaux comme Ubumwê, Ukurî, Ibaanga, Umucô, Umuragê, tout en signal qu'au total, on dénombre 24 noms c- à- d 10,1%.

3.4.5. La motivation liée au renouveau ou au changement

Le changement est un autre point très remarquable dans la dénomination des journaux. En fait le Rwanda a connu pas mal de changements, des perturbations d'ici et là ayant chaque fois des conséquences sur la vie sociale de la population. Ainsi les journalistes, comme traducteurs des réalités de la vie quotidienne et porte- parole du peuple, essaient toujours d'en faire un petit résumé à travers les titres de leurs écrits. Ils essaient de réconforter leurs compatriotes en leur promettant un lendemain meilleur, malgré la souffrance et différents maux de la vie d'aujourd'hui. C'est tout ce que nous pouvons interpréter dans les titres comme Imvâahô Nshya, La (Nouvelle) Relève, The New Thinking, Umuseeso, The New Times, Kumekucha... En réalité, depuis la naissance de la presse, chaque changement politique inspirait en quelque sorte la dénomination des journaux. Si par exemple Imvâahô et La Relève ont existé sous la première et deuxième républiques, on les rencontre après le génocide sous l'appellation d' Imvâaho Nshya et La Nouvelle Relève. De même quand on parle de kumekucha et d'Umuseeso, considérant aussi la période dans laquelle ils sont créés, on songe d'office à l'aube nouvelle qui succède à la nuit du génocide. Nous avons recensé sous cette rubrique un ensemble de 39 termes équivalent de 16,5 %.

Tableau 7: Présentation des thèmes de motivation dégagés

Thème de motivation

Fréquences

%

Politique

67

27,3

Religion

46

19,4

Le renouveau / le changement

39

16,5

Pérennité / Beauté de la Nation

27

11,4

Valeurs culturelles

24

10,1

Considérant les données statistiques que nous retrouvons dans le tableau ci-dessus, nous constatons que le domaine politique prédomine dans la dénomination des journaux. La logique est que la vie politique transcende tous les autres aspects de la vie du pays. La bonne marche de la politique du pays favorise son développement, assure la bonne relation entre la population etc. Dans le cas contraire, on assiste à la misère prononcée qui s'abat sur le pays. C'est dans ce sens que, le voulant ou non, la politique intervient dans tous les secteurs de la vie. La presse en particulier, étant l'expression du peuple et ayant l'objectif de corriger les défauts de la société pour assurer sa bonne marche, s'y rattache fortement. Elle peut influencer la vie politique et jouer ainsi le rôle du quatrième pouvoir ; comme on a communément tendance à le dire, ou être influencée par la politique et se détourner de sa mission principale comme cela s'est produit au Rwanda dans les années 90. Tout bien considéré, les titres liés à la vie politique occupent la première place dans la presse écrite rwandaise que ça soit dans le sens positif ou négatif.

A côté de l'aspect politique, il convient aussi de dire quelque chose sur l'aspect religieux. Celui-ci abonde dans la presse pour deux raisons principales. D'abord, les missionnaires ont été les premiers à développer l'alphabétisation et à initier la presse au Rwanda. Ensuite, comme le disent les philosophes « la religion est l'opium du peuple », devant les maux de la vie, le peuple trouve son refuge dans la religion. C'est pour ces raisons que les journaux relatifs à la religion et aux institutions religieuses occupent la 2ème place dans la presse écrite rwandaise.

D'autres aspects ont été évoqués suivant leur degré de fréquence dans la dénomination des journaux. Ces aspects révèlent en quelque sorte ce qui préoccupent les Rwandais, leur conception de la vie quotidienne etc. Les aspects comme valeurs culturelles et pérennité de la nation montrent que les Rwandais restent toujours attachés à la culture, aux bonnes relations sociales, et qu'ils pensent à la bonne image et réputation que leur pays doit garder aux yeux de tous.

3.4.6. Usage des langues dans la presse écrite rwandaise

Il nous est impossible, au cours de cette analyse, de passer sous silence un élément linguistique. Celui-ci est très important dans la presse rwandaise écrite qui, aujourd'hui, est diffusée essentiellement en trois langues, à savoir le kinyarwanda, le français et l'anglais. En effet, l'usage de ces trois langues, reconnues comme langues officielles au Rwanda par la Constitution depuis 1996, devient de plus en plus monnaie courante, le kinyarwanda tenant bien sûr la première place. Etant la langue maternelle et nationale, la mieux connue et la plus répandue sur tout le territoire national, la domination de cette dernière dans la presse écrite en général s'explique par le souci de toucher un public beaucoup plus large.

Les publications en langues étrangères, quant à elles, visent un public plus restreint de francophones et d'anglophones qui s'est étendu considérablement depuis les rapatriements successifs des réfugiés de 1959 et de 1994 ; la généralisation de l'enseignement primaire à presque tous les enfants en âge scolaire, l'accroissement en nombre d'écoles secondaires et la multiplication des universités et d'instituts supérieurs, et leurs extensions. Signalons enfin que les journaux édités dans ces langues étrangères envahissent de plus en plus le marché et ont un autre avantage plus que ceux qui sont publiés en kinyarwanda, celui de s'étendre au niveau international. Cependant, au cours de ce travail, nous avons pu recenser 85 titres en français (36,01%). Citons : Grands Lacs Hebdo, La (Nouvelle) Relève, Dialogue, Renaissance etc. et 18 titres en Anglais soit 7,6% dont The New Times, The Rwanda Weekly Review, The New Thinking.

Tableau 8: Fréquence des langues dans la presse écrite rwandaise

Langue

Nombre de journaux

%

Kinyarwanda

133

56,3

Français

85

36,01

Anglais

18

7,6

Conclusion

A travers l'analyse lexicologique et sémantique de la dénomination des journaux au Rwanda, cette étude a révélé les procédés qui interviennent dans la création des noms des journaux entre autre la synonymie, la polysémie, la métaphore. Ceux-ci caractérisent la néologie sémantique à laquelle la dénomination des journaux se réfère contrairement à la néologie morphologique qui met en scène la composition et dérivation.

L'analyse de facteurs motivationnels, qui n'a pas été laissée de coté dans ce chapitre, nous fait part des réalités sociales qui sous tendent la dénomination des journaux et sa prolifération.

CONCLUSION GENERALE

A la fin de cette étude, nous tenons à rappeler que notre intention primordiale était de répertorier tous les journaux qui ont paru au Rwanda depuis la naissance de la presse écrite rwandaise pour étudier, à la fin, les aspects lexicologiques et sémantiques qui interviennent dans leur dénomination. Les objectifs spécifiques que cette étude s'était fixés étaient de dégager les facteurs qui influent sur l'évolution de la presse rwandaise, de dégager les structures formelles et les champs sémantiques des noms des journaux, et enfin de relever les procédés de création terminologique les plus usités dans la dénomination des journaux au Rwanda.

Après une analyse sémantique des noms des journaux effectuée sur un corpus de 200 unités lexicales, nous avons pu saisir les différents mécanismes de création lexicales mis en évidence à savoir la néologie sémantique dont la synonymie, la polysémie et la métaphore, sans pour autant négliger la néologie morphologique dont principalement la composition et la dérivation.

La présentation des différents journaux a révélé également que l'acte de dénommer un journal n'est pas du tout un fait du hasard. A travers un nom quelconque, celui qui confère un nom à un journal a sûrement une information à communiquer à ses compatriotes voire au monde entier. Ainsi notre hypothèse qui dit que, Øles noms des journaux au Rwanda sont motivés par les réalités sociales du paysØ, trouve ici sa confirmation. Certaines réalités ont été mises en évidence, entre autre, la situation politique représentée par les noms comme : Umurwaanashyaka, Repubulika, Kamârampakâ, Intêerahâmwe, et bien d'autres titres qui sont, soit liés aux différents partis politique, soit qui laissent transparaître, à travers la ligne éditoriale, leur orientation ou leur idéologie, la date de leur création étant aussi un élément très important dans ce cadre. D'autres facteurs motivationnels qui ont été analysés sont la situation religieuse, linguistique, culturelle, le renouveau ou changement, la motivation liée à la pérennité de la nation, etc.

Toutefois, l'importance de cette étude ne s'arrête pas là car l'on note également que les noms des journaux nous renseignent sur les pensées de ceux qui les donnent. Quand on nomme son journal, Ubutâbeerâ, Ukuri gacaaca, ubumwê, et d'autres qui pourraient réaliser ou rappeler ce souhait, on nous révèle implicitement son espoir, son désir, que l'on partage d'ailleurs avec toute la population rwandaise, d'assister encore une fois à la réussite de la justice, de l'unité et la réconciliation des Rwandais qui viennent de sortir du génocide. D'autres comme Kurerera Imâana, Urumuri rwaa kristu, Agisiyo Gatolika mu Rwanda, etc. tenus par l'Eglise catholique nous renseignent sur sa mission principale, sur l'objectif qu'elle se fixe et s'efforce d'atteindre. Ceci nous fait revenir sur l'idée que le nom en général a un message communicatif. « Pour le Munyarwanda, le nom a une puissance qu'il faut exploiter en choisissant le nom favorable à l'objectif visé ou à la situation attendue. » (NTAWIYANGA, S. 2006 :108).

Pour clore, le présent travail ne prétend pas avoir épuisé la richesse du sujet. Il a été mené, à vrai dire, dans un domaine assez vaste et qui se renouvelle sans cesse. Cependant, ce travail est une contribution à la recherche et pourra inspirer des recherches ultérieures étant donné que le domaine de la presse comprend tant de champs d'investigation qu'il faudrait explorer davantage avec un temps suffisant et des moyens financiers à l'appui. Ainsi, compte tenu de la place de la presse et de la communication en général, dans la société, d'autres recherches pourront être menées sur le même sujet tout en adoptant d'autres approches comme par exemple l'approche sociolinguistique, l'approche ethnolinguistique, etc.

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