WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Diversification des exportations au Bénin : Outils de mesure, déterminants et impact sur la croissance.

( Télécharger le fichier original )
par Bignon S. BATONON
UAC/ENEAM - DTS 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b- Obstacles à la diversification des exportations

La diversification des exportations rencontre beaucoup d'obstacles parmi lesquels l'extrême pauvreté de la population combinée à l'accès difficile au financement de l'agriculture. L'absence d'un cadre juridique bien défini rend l'accès au crédit problématique. Ces difficultés s'expliquent aussi par le défaut de garanti valide, ce qui n'est pas le cas pour la production du coton pour laquelle l'Etat offre une certaine protection aux producteurs qui s'y mettent. Les paysans ont donc plus de facilité à s'exercer dans la filière cotonnière. On pourra aussi mettre l'accent sur les difficultés liées aux aléas climatiques, la nature et la rentabilité des sols qui conditionnent le choix de culture à adopter. Il y a aussi le problème de manque de spécialisation selon les dotations naturelles des régions. Tous les paysans sont tentés de produire du coton vu les conditions relativement attrayantes de cette filière. La diversification est également liée aux problèmes fonciers que rencontrent les producteurs. Ils n'arrivent toujours pas à trouver l'espace nécessaire pour produire. On pourra aussi mettre l'accent sur l'absence de partenariat entre les secteurs privé et public. C'est aux forces du marché qu'il revient de s'occuper de

5 Données de l'INSAE

l'investissement, mais celui-ci ne se manifestera que si le secteur public crée un environnement favorable sous forme d'infrastructures et de services publics, d'appui aux entrepreneurs et aux agriculteurs, et d'attrayantes incitations à l'investissement. Malheureusement, ces conditions ne sont pas réunies au Bénin.

Par ailleurs, le monde rural est dominé par de petits exploitants. Ces derniers ne peuvent prospérer que s'il existe certains biens publics essentiels, à savoir les infrastructures ainsi que des connaissances sur les techniques de production, le contrôle de la qualité et les marchés étrangers. L'assistance technique aux producteurs est insuffisante. L'assistance fournie par le Gouvernement a été réduite à la suite des coupures budgétaires et elle n'a été que partiellement compensée par le PADSE et certaines ONG, ce qui a eu une incidence négative sur le contrôle de la qualité et la productivité. Les intrants tels que les engrais et les insecticides ne sont pas facilement disponibles. Par ailleurs, les marchés financiers n'accordent pas de crédit de fonds de roulement aux producteurs. Ces derniers doivent payer les intrants au comptant ou contracter des prêts à des taux d'intérêt usuriers auprès des grossistes et des acheteurs. De même, la commercialisation est désorganisée et se fait au petit bonheur. En outre, les producteurs négocient en position de faiblesse, en raison de leur manque d'information et d'organisation. Il n'existe aucune organisation défendant les intérêts des producteurs. Entre les planteurs et les grandes entreprises de commercialisation des noix de cajou, une variété d'intermédiaires non réglementés qui opèrent de manière désorganisée. D'après une étude récente (INRAB-PAPA 2004), les producteurs ont des marges de profit nettement inférieures à celles des acheteurs. Tout porte à croire que les acheteurs étrangers agissent comme d'efficaces monopsonistes et usent de leur influence politique pour limiter la concurrence, en fixant des prix abusifs et en faisant jouer leurs relations politiques.

Cette diversification se heurte à beaucoup d'autres difficultés qui l'empêchent d'être effective. Le constat qui se dégage est l'absence d'une mise en oeuvre effective de réformes pouvant favoriser les exportations et leur diversification. Le

Projet d'Appui au Développement du Secteur Privé (PADSP), qui vise en partie la création de nouvelles filières d'exportation est un bon point de départ, mais il a accusé des retards considérables dans son exécution avec peu de résultats tangibles à ce jour. Dans le même temps, le Bénin reste très vulnérable aux changements de politique commerciale du Nigeria. Selon les statistiques officielles en matière d'exportation, le Nigeria représente environ 53% des échanges du Bénin avec l'ensemble des pays de la CEDEAO. Quand on sait que dans les échanges avec le Nigeria, la plus grande partie est informelle et que les chiffres officiels sous- estiment les échanges effectifs, on comprend alors à quel point la politique commerciale de ce pays est dépendante du Nigeria. D'après une étude du LARES (2004), le nombre de produits interdits d'importation au Nigeria est passé d'une trentaine en 1986, à plus d'une cinquantaine en février 2003.

Depuis 1995, le Bénin a libéralisé un marché qui jusque-là était dominé à tous les stades par la SONAPRA. Des usines d'égrenage privées ont été autorisées, et des compagnies privées contrôlent aujourd'hui près de 50% de la capacité de production. On s'est rapidement rendu compte que la libération par elle-même était insuffisante et que des mécanismes institutionnels d'appui aux marchés étaient nécessaires pour fournir des biens publics, telle l'infrastructure, disséminer l'information et mettre en application les contrats. Il était évident que la transition d'un système de marchés contrôlés par l'état vers un système de marchés décentralisés était difficile et devait se faire par phases. La gravité des difficultés de cette transition met en péril le bon fonctionnement du secteur. Ces difficultés ont certainement été aggravées par l'affaissement des cours mondiaux jusqu'à récemment. Par ailleurs, les prix sont toujours partiellement fixés et le Gouvernement conserve un rôle important, de sorte que le système actuel est loin de représenter un marché libre. La privatisation de la SONAPRA elle-même a été prévue à de nombreuses reprises, mais toujours retardée.

Les difficultés tel que le retard dans les paiements aux paysans, les politiques de prix qui ne tiennent pas toujours compte des problèmes que connaissent les

producteurs , le mauvais partage de responsabilités entre les secteurs public et privé, la mauvaise gestion de certains des nouveaux organismes, la crainte de voir l'anarchie s'emparer du secteur si ces problèmes ne sont pas abordés sont autant de problèmes qui ne favorisent l'esprit d'initiative des nouveaux paysans ou des paysans qui veulent investir pour diversifier. Un point positif à noter toutefois est la relance du processus de privatisation de la SONAPRA, après plusieurs mois de confusion. Ceci devrait favoriser la libéralisation et donc la promotion des autres produits. Ces problèmes ne laissent pas indifférents les dirigeants béninois qui ont depuis plusieurs années reconnu l'importance de diversifier les exportations, lesquelles sont encore fortement dominées par le coton, qui représente environ 60 à 80% des exportations de marchandises.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery