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Représentations nationales et territoriales dans la géographie des Balkans de la première moitié du XXe siècle, dualité professionnelle et engagement. L'exemple de deux géographes français : Gaston Gravier (1886-1915) et Yves Chàątaigneau (1891-1969)

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par Hugues Peurey
Université Paris I - Master2 2008
  

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IV DUALITE ET ENGAGEMENT

1. Gaston Gravier et Yves Châtaigneau, géographes classiques

Il y a pas d'écrits théoriques de Gaston Gravier, ni d'Yves Châtaigneau. Tout au plus, peut-on relever pour ce dernier un article intitulé Les tendances actuelles de l'Ecole géographique française écrit en 1925 dans geografski vestnik, revue slovène qui vient à peine de naître et dont c'est le deuxième numéro. Probablement destiné à donner un aperçu d'ensemble de la géographie universitaire française à un nouveau public étranger, il y fait un panégyrique de l'Ecole dont il est issu.

L'introduction est significative du ton général de l'article :

Son fondateur et son chef actuel (de l'Ecole géographique française) Paul Vidal de la Blache et Emmanuel de Martonne sont les égaux des mathématiciens Henri Poincaré et Painlevé, du philosophe Bergson, des physiciens Langevin, Jean Perrin, Curie et Branly, des géologues Termier et Kilian, de l'historien Seignobos. Tous ces savants ont su s'élever au dessus du domaine particulier de leurs recherches et de leur science à une conception philosophique qui en fait les maîtres de la pensée française contemporaine. (Annexe 2, n° 5, p.81)

Outre une présentation élogieuse de la vie et des oeuvres de Vidal de la Blache, auteur présenté à la fois comme scientifique et artiste, on y retrouve la conception possibiliste de la géographie Vidalienne :

Les phénomènes humains ne sont pas considérés uniquement comme le reflet des faits physiques. Ceux-ci ne leur offrent que des cadres « possibles » parmi lesquels l'homme se meut et auxquels il s'adapte à son gré, orienté, mais libre de réagir. (Annexe 2, n° 5, p.86)

Yves Châtaigneau s'en tiendra à cette conception jusqu'au bout puisqu'il utilise le mot même de possibilisme en 1947 dans une lettre liminaire à l'Atlas de la mutualité agricole en Algérie.

On peut également relever une définition de la géographie qu'il écrit en 1968 (soit un an avant son décès) dans un compte-rendu d'ouvrages (Annexe 2, n° 25). Définition 5 dont on peut dire qu'elle reprend le diptyque description/explication qui fait la base même de la géographie classique et qui forge le paradigme du mixte mis en lumière par M.C. Robic (Robic, 1991).

L'absence de formalisation théorique chez ces deux auteurs, leur engouement pour une géographie de « plein vent » où l'observation in situ prime tout, la démarche idiographique qui les caractérisent permettent donc de les situer, tout au moins pour leurs écrits de géographie savante, dans le champ classique de la discipline.

Plusieurs extraits peuvent être cités à cet égard :

Dans une lettre datée du 2 janvier 1906, Gaston Gravier écrit à Albert Demangeon :

Enfin à tout cela (Gaston Gravier vient d'indiquer de nombreuses références bibliographiques) j'ajoute les quelques observations que je pourrais faire, le sac au dos, tandis que les camarades chantent à gorge déployée.

Albert Demangeon parlant de Gaston Gravier :

Dans ces voyages, il aimait aussi l'imprévu, le pittoresque : le départ de grand matin, à pied ou à cheval, escorté le plus souvent d'un guide nécessaire dans les régions qui manquent de routes ; l'étude du terrain exploré, l'enquête chez l'habitant. (Demangeon, 1915, p.456).

5. Science à la fois descriptive et explicative qui cherche à mettre en lumière l'extension des phénomènes superficiels de notre terre et leurs rapports locaux, éclaircit à la lumière des données naturelles permanentes l'aménagement d'espaces en pleine évolution.

Rendant hommage à Jovan Cvijic et à ses méthodes d'investigation, Yves Châtaigneau écrit :

L'étude sur le terrain était poussée à fond par Jovan Cvijic. On ne saurait retrouver ni dans les nombreux travaux qu'il laisse, ni à aucun moment de son enseignement, d'exposé qui ne soit le résultat direct d'observations personnelles. Il voyageait une grande partie de l'année à pied ou à cheval. (Annexe 2, n° 15)

Et plus loin, il précise :

Il procéda toujours du particulier au général. Les lois auxquelles sont soumis les groupements humains se dégageaient elles-mêmes des détails qu'il observait.

Les articles qu'ils écrivent dans les Annales de Géographie sont conformes au déroulé des monographies régionales tel qu'on le retrouve dans la géographie classique avec une présentation première des éléments physiques suivie de celle des éléments humains, le glissement de l'une à l'autre s'effectuant au niveau de l'étude de la végétation et des cultures. Ce déroulé est moins systématique chez Gaston Gravier que chez Yves Châtaigneau avec une présentation souvent plus succincte des éléments physiques. La codification de cette gestion spatiale de la production géographique est maximale dans les passages de la Géographie Universelle sur les Pays Balkaniques.

De fait, les chapitres rédigés par Yves Châtaigneau sont un calque de ceux réalisés par Emmanuel de Martonne pour le volume traitant de l'Europe Centrale. On retrouve le même découpage en Etats-Nations (La Yougoslavie puis l'Albanie puis....), le même partage entre la géographie générale introductive et la géographie régionale dont les grands ensembles sont de nature géomorphologique (comme le montrent les cartes qui sont des croquis géologiques), la même structure fragmentée à l'extrême entre de multiples sous-ensembles soit thématiques, soit géographiques, soit constitués par un mixte des deux (Orain, 2000 et 2001). C'est un déroulé récurrent, le fameux plan à tiroirs, particulièrement marqué dans la présentation de la vie économique de chaque pays.

2. La séparation des supports éditoriaux

Alors que les géographes allemands n'hésitent pas à intégrer l'élément politique dans leur démarche scientifique quitte à dévier, dans l'entre deux guerres, vers une Geopolitik qui se veut l'instrument d'une domination politique et militaire de l'Etat, les géographes français de la première moitié du XXe siècle se refusent à le faire en considérant que science et politique doivent rester séparées :

L'universitaire français redoute de se perdre, en laissant « sa » science, la science, qui rêve de schémas intemporels, être polluée par les contingences humaines (Moreau-Defarges, 1994, p.200)

Comment concevoir que des auteurs qui sont à la fois historiens et géographes et qui travaillent sur l'espace des Balkans puissent se contenter d'une géographie non pas a-temporelle car l'histoire y a sa part mais d'une géographie dégagée des rapports de force internes et externes et des tensions qui résultent des politiques d'Etat ou des réactions des peuples ? Bref, comment peuvent-ils se contenter d'une géographie aseptisée ?

Tout montre, qu'au contraire, ils ne s'en contentent pas mais que la ligne éditoriale des revues de géographie les contraignent à cette séparation. Lucien Gallois, lui même, demandait aux géographes de ne pas dépasser les limites strictes imparties à la discipline dans les articles prévus pour les Annales.

Plusieurs raisons peuvent être émises à ce sujet. La première est un problème de légitimation de la discipline : science nouvelle, la géographie pour être considérée comme telle, doit s'en tenir à une attitude impartiale, ne pas prêter le flan à polémiques et faire la preuve de son sens de la rigueur et du raisonnement. Ce n'est pas par hasard si la « description raisonnée » est alors la formule consacrée pour désigner la démarche géographique. La géographie doit se révéler scientifiquement irréprochable. Or, rien n'est plus controversé que les positions politiques. Jacques Ancel, dans son ouvrage La Macédoine, étude de colonisation européenne ne se déclare-t-il pas interdit d'aborder les questions politiques qui peuvent prêter à polémiques ? (Ancel, 1930b, p.321)

L'argument est d'ailleurs utilisé avant la guerre par Camille Vallaux pour rejeter la géographie politique de Ratzel (Arrault, 2007, p.288). Il l'est aussi dans l'entre-deux-guerres, pour combattre la Geopolitik allemande au milieu d'autres raisons plus théoriques que développe Jacques Ancel.

En effet, aux yeux des géographes français et notamment d'Albert Demangeon et d'Yves Marie Goblet, les géographes allemands étaient sortis du domaine de la science (Robic et Rössler, 1996a, p.144-146)

La deuxième raison est un problème de délimitation de la discipline. Il convient d'attribuer à la géographie un domaine spécifique et comment le faire si elle traite de tout ? Dégager un pré carré à la géographie c'est évidemment refuser les empiétements des autres disciplines et donc les analyses politiques surtout si elles sont de parti pris.

Que l'on retrouve des développements de type « vidalien » dans les articles géopolitiques de Gaston Gravier et d'Yves Châtaigneau ne contredit pas la réalité d'une séparation des supports éditoriaux dans la mesure où l'inverse n'est pas vrai. Seul le domaine de la description des frontières, abordé dans des articles de monographies régionales aussi bien pour Gravier que pour Châtaigneau échappe à la règle, encore faut-il dire que la présentation en question se limite à une brève introduction à la description de la région sans analyse approfondie des tiraillements entre Etats qui peuvent en résulter (ou alors elle s'inscrit comme c'est le cas pour Yves Châtaigneau dans des articles qui doivent faire le point sur les redécoupages réalisés en Europe à la sortie des traités de paix)

A cet égard, est-ce de la géographie politique ou un élément d'étude qui existe traditionnellement depuis fort longtemps dans la géographie historique ?

Les seules exceptions notables sont les écrits de Camille Vallaux et de Jean Brunhes. Contrairement à ce que peut affirmer Michel Sivignon (Sivignon, 2005) les réflexions politiques sur les Balkans transmises oralement par Jean Brunhes dans ses cours au Collège de France sont marquées du sceau de la publication dès 1914 d'abord dans la Revue de Géographie Annuelle puis reprises après la guerre dans l'ouvrage qu'il a cosigné avec Camille Vallaux, La Géographie de l'Histoire. Il n'y a donc pas seulement communication verbale. En revanche il est vrai que les écrits de géographie sont consacrés au « noyau » du paradigme de l'époque qui est la relation de l'homme au milieu physique. Dès que l'on s'écarte de ce noyau, on écrit donc dans des supports autres que ceux dévolus à la géographie. C'est ce qui permet de dire que la naturalisation de la géographie établie par le paradigme vidalien et lui même centré sur le questionnement des rapports homme/nature a eu tendance à réduire chez les géographes les réflexions d'ordre politique ou social.

Il est à remarquer également qu'Emmanuel de Martonne, expert géographe et « traceur de frontières » au comité d'études pour la conférence de la paix a complètement « omis » de signaler dans sa liste « Titres et Travaux », les ouvrages ou articles consacrant ce rôle politique, comme s'il considérait que ces écrits étaient à retrancher de son oeuvre scientifique (Hallair, 2005). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la plupart des géographes ayant participé à ce comité d'études ont été particulièrement discrets sur cette expérience.

Gaston Gravier et Yves Châtaigneau suivent donc ce schéma qui va les amener à séparer les deux domaines. Dans le cas de Gravier, la séparation n'est pas double mais triple. Il y a dans sa production, des articles qui relèvent de la géographie régionale classique et qui paraissent dans deux types de support : les Annales de Géographie et le Bulletin de la société serbe de Géographie, des articles de type politique étrangère qui paraissent dans la Revue de Paris et dans Questions Diplomatiques et Coloniales et enfin des articles d'actualité qui paraissent dans la presse qu'elle soit quotidienne ou mensuelle, plus exactement dans les journaux Le Figaro et Le Temps et dans Correspondance d'Orient. La transition entre la première catégorie et la seconde se fait par le Bulletin de la Société de Géographie Commerciale de Paris dont l'unique article recensé de Gaston Gravier traitant de l'émancipation économique de la Serbie peut être qualifié de mi-géographique mi-politique.

Il y a une gradation dans ces articles. Si ceux parus dans les revues de géographie classique peuvent être considérés comme « apolitiques », ceux des revues de politique étrangère sont déjà de parti pris et ceux parus dans la presse sont engagés voire délibérément polémiques.

Pour Yves Châtaigneau, deux types de support sont utilisés, les Annales de Géographie et La Vie des Peuples, revue spécialisée dans le domaine politique et littéraire, selon la même séparation entre domaine « géographique » et domaine « politico-diplomatique ». Dans la seconde revue, Y. Châtaigneau y prend simultanément l'habit de l'expert en relations internationales et celui du spécialiste d'économie financière. Il se fait à la fois l'historien quasi contemporain de questions diplomatiques sensibles et le conseiller de dirigeants en mal d'informations dans des domaines aussi divers que les taux de change, la législation fiscale, le tracé des futures voies ferrées, les emprunts d'Etat, la balance commerciale. Ces articles n'ont pas de structure : il n'y a pas d'introduction, ni de conclusion, aucune partie n'est perceptible dans le corps du texte sous forme de titre. Le style est plutôt informatif et peut ressembler au style utilisé pour l'écriture d'un rapport administratif dont la technicité s'appuie sur de nombreuses informations chiffrées. On serait amener à dire que c'est tout à fait le genre de documents qu'un gouvernement attend d'un haut fonctionnaire.

La formation de géographe d'Yves Châtaigneau peut y transparaître notamment lorsqu'il critique les tracés prévus du futur transdinarique et lorsqu'il propose d'autres tracés susceptibles d'être plus appropriés aux caractéristiques des territoires. Aucune proposition n'est d'ailleurs envisagée sans son coût financier, lequel est mis en regard avec l'utilité du projet :

Le tracé préparé ne traverse sur un tiers de sa longueur que des régions karstiques, dépourvues d'industries et où la densité de population n'atteint pas 30 habitants au km2. Il ne se justifie pas par sa valeur stratégique, car il impose à l'Etat la couverture de déficits d'exploitation qu'aucun rapport de budget ne pourra prévoir avec exactitude. Il ne traverse aucune ville de population supérieure à 10000 habitants. Or, toute voie ferrée doit traverser des villes et des zones susceptibles de fournir du trafic sinon dans le présent, du moins dans l'avenir. Même celles établies en Lorraine, sur la demande de l'Etat-major Allemand, avant 1914, obéissaient à ce principe. (Annexe 2, n° 14, p.1159)

La séparation de deux domaines, l'un académique et scientifique et l'autre politico-diplomatique et engagé ne semble pas avoir posé de problèmes à ces auteurs. Ceux-ci peuvent s'éloigner du domaine scientifique sans dommages : il suffit de ne pas l'exposer et de ne pas le revendiquer dans le milieu universitaire. Pas de tiraillement, ni d'écartèlement chez eux, on serait plutôt amené à parler de schizophrénie intellectuelle.

Le contenu de la correspondance entre Gaston Gravier et Albert Demangeon illustre cette séparation : alors que les avancées ou les difficultés dans la production des écrits de type géographique (ou historique) sont mentionnées dans le détail, rien n'est dit ou presque de la production « géopolitique » qui ne relève ni du jugement, ni du domaine du maître.

3. L'engagement national de Gaston Gravier

En même temps que d'être géographe, Gaston Gravier est journaliste. Il est employé par les journaux pour être un observateur de la vie Serbe. Correspondant particulier est l'expression qui revient le plus souvent en tête d'articles qui, chronologiquement, s'inscrivent tous dans la période la plus troublée qu'il a pu connaître : les guerres Balkaniques. Il a d'ailleurs suivi la progression de l'armée Serbe lors de la deuxième guerre notamment sur les terres albanaises. Il n'est pas anodin de signaler à ce sujet que Jacques Ancel a été également journaliste en assumant pendant plusieurs années la direction de la politique étrangère d'un grand quotidien d'information, en l'occurrence au journal L'Information (Péchoux et Sivignon, 1996) et qu'Albert Mousset, historien spécialiste du monde slave et auteur de nombreux articles sur la Yougoslavie, y était également rédacteur.

Probablement le poste de Lecteur de Français que Gaston Gravier occupe à l'Université lui permet d'être à un bon poste d'observation. Il est fin connaisseur de la presse locale dont il reprend analyses et inquiétudes et tous les domaines sont bien sûr abordés : situation militaire, vie politique, colonisation des territoires conquis, rachat des voies ferrées par l'Etat Serbe, création de l'Albanie etc.

Outre les articles de presse, ses articles « géopolitiques » sont très souvent marqués du sceau de l'actualité d'une part parce que l'expansion de la Serbie vers le sud le conduit à établir un diagnostic de la situation des nouveaux territoires du pays, d'autre part parce la défense des intérêts serbes lui impose de réagir. L'exemple le plus probant est son article intitulé La Question agraire en Bosnie-Herzégovine paru en 1911 soit trois ans après l'annexion de la région par l'Autriche-Hongrie et un an après les soulèvements durement réprimés des paysans bosniaques par les autrichiens.

L'étude essentiellement juridique qu'il y développe dénonce la dégradation de la condition des paysans soumis à un antique régime féodal ainsi que le développement de la colonisation autrichienne injuste dans ses modalités vis à vis des éléments serbes. Il en arrive ainsi à y condamner à la fois l'héritage turc et la domination récente de l'empire des Habsbourg, ceci pour laisser entendre que le meilleur statut possible de la région est le rattachement à la Serbie.

De fait, certaines positions sont récurrentes dans ces écrits d'actualité : il souhaite la libération et la réunion de toute la race serbe, la disparition de l'oppression qu'exercent Italiens et Autrichiens sur les minorités slaves, la réalisation de l'unité Yougoslave à partir du rameau serbe, le refus d'une Albanie indépendante création artificielle des Autrichiens, la condamnation de la germanisation et de la magyarisation de la Bosnie-Herzégovine, l'accès à l'Adriatique indispensable pour la Serbie.

Le style est souvent lyrique et enthousiaste notamment lorsque sont évoqués les (re)conquêtes de l'armée serbe sur des lieux historiques considérés comme lieux de gloire nationale. Il est parfois dans l'identification à la cause serbe comme peut le montrer le passage suivant :

L'Adriatique n'a jamais rien eu d'autrichien. C'est depuis Napoléon seulement et la dislocation des provinces Illyriennes que la côte Dalmate fait partie de l'Empire. Auparavant Trieste seule avec un fragment de littoral relevait de ses possessions. Mais nous et notre puissance sommes nés sur la côte. Scutari fut notre première capitale. Durazzo fut, un temps, notre ville. Depuis Alessio vers le Nord toutes les églises bordant le littoral sont nôtres. (Annexe 1, n° 22, c'est nous qui soulignons)

Comparé aux écrits de Jean Brunhes et de Camille Vallaux, qui relatent avec émotion certains faits vécus lors des guerres balkaniques (migrations de réfugiés, maisons brûlées ou abandonnées, camps de regroupement), ce qui frappe chez Gaston Gravier, c'est le peu d'évocation des conséquences humaines qu'elles peuvent entraîner. De fait, la population civile n'est guère présente dans ces écrits de « période chaude ».

Il en appelle souvent à l'action et agit lui même.

A la base des propositions qu'il émet, on trouve toujours des préoccupations politiques. Il lance un appel à la conquête des provinces serbes d'Autriche-Hongrie, message qu'on peut qualifier d'appel aux armes puisqu'il qualifie l'Empire des Habsbourg de Nouvelle Turquie (Annexe 1, n°1, p.161). Il énumère les mesures d'organisation économique, administrative ou religieuse qui doivent être mis en oeuvre dans les nouveaux territoires conquis par la Serbie en 1913. Il considère qu'il faut entreprendre la conquête démographique de Trieste et Fiume. Il demande à la presse de se consacrer davantage aux éléments de rapprochement de toutes les nations slaves du sud et moins à ceux qui alimentent les divisions intestines entre croates et serbes. Il dénonce le régime répressif des journaux en Bosnie-Herzégovine alors occupée par L'Autriche-Hongrie. Il présente même un véritable programme de guerre culturelle qui sera en partie réalisé et qui est dirigé contre l'influence autrichienne en Serbie : création d'écoles et de lycées français, prospectus, affiches, fondation d'une librairie exclusivement française, agent sur place qui orienterait les étudiants vers les universités françaises...etc..

C'est un militant de la cause serbe et tout laisse penser qu'il se fait journaliste et géopoliticien en grande partie pour les besoins de la cause.

Pour lui, il y a une alliance de nature entre les yougoslaves et les français, ce qui lui fait dire qu'avec un tel programme culturel et face au danger de l'expansion germanique, nous serons mieux armés pour cette lutte commune (Annexe 1, n° 14)

Il paye de sa personne puisque son travail de rapprochement intellectuel entre la Serbie et la France trouve son point d'aboutissement dans certaines réalisations : fondation en 1911 avec l'appui de Monsieur Descos, ministre de France à Belgrade, d'une société littéraire française qui organise des cours en français et qui crée des filiales dans plusieurs villes serbes, recrutement de conférenciers (dont René Pinon) venus de France, envoi de jeunes étudiants serbes dans les universités françaises. Percevant le danger, l'Autriche-Hongrie a même tenté de l'acheter.

Reprenant les propos de Claire Gravier dans une longue lettre qu'elle lui a adressée datée du 18 octobre 1915, voilà ce qu'écrit Albert Demangeon dans la notice nécrologique qu'il a consacré à Gaston Gravier :

De cette ambition l'Autriche avait si bien le sentiment qu'en 1913 elle lui avait fait offrir, avec des émoluments triples de ceux qu'il recevait à Belgrade, un poste dans l'une des universités de la monarchie. A ses yeux, accepter eût été trahir.(Demangeon, 1915, p.457).

Le degré de confiance et d'engagement est tel que le gouvernement serbe accepte qu'il travaille sur des archives secrètes pour son ouvrage les frontières historiques de la Serbie

de même qu'il demande au gouvernement français par l'intermédiaire d'Albert Demangeon de le faire revenir en Serbie alors qu'il est sur le front en France (Wolff, 2005 p. 528 et correspondance Claire Gravier/Albert Demangeon).

Chaque article géopolitique ou d'actualité qu'il écrit peut donc être vu à travers le prisme des intérêts de son pays d'adoption mais aussi à travers les jeux d'influence et les particularités géopolitiques européennes de l'avant-guerre. Gaston Gravier n'échappe évidemment ni à son époque, ni au lieu qu'il étudie et dans lequel il vit. Son nationalisme est vraisemblablement un nationalisme de transfert ou de communion.

Né en Lorraine, non loin de la frontière allemande et des « provinces perdues » dans un milieu d'instituteurs qui est celui des « hussards noirs de la République » à une époque où l'enseignement en général et celui de la géographie en particulier est destiné à fortifier le patriotisme des écoliers, il a lié son nationalisme originel à celui, plus intellectuel, qu'il a pu développer pour sa patrie d'adoption dans une même hostilité à l'égard de l'ennemi germanique :

Il pensait que la France aurait un jour à se battre pour la Serbie ; il associait ces deux patries l'une à l'autre, et il préparait peut-être son esprit à cette idée que, si jamais il mourrait dans la guerre qu'il prévoyait, il tomberait en les défendant toutes deux. (Demangeon, 1915, p. 457).

Le 29 octobre 1914, Gaston Gravier écrit à Albert Demangeon :

C'est d'une tranchée en 1ere de ligne que je vous écris à l'adresse que me communique ma femme. Après la campagne de Lorraine, c'est depuis un mois la campagne du Nord. Vous pensez comme je suis heureux de pouvoir ainsi défendre tour à tour mon pays d'origine et mon pays d'adoption.

4. La serbophilie des géographes français.

Les relations historiques étroites entre la Serbie et la France constituent bien évidemment une explication à la serbophilie ou à la yougoslavophilie des géographes français. Sans remonter loin dans le temps et sans entrer dans des développements conséquents, rappelons simplement qu'en 1878 au congrès de Berlin, l'extension vers le sud de la Serbie est obtenue avec l'appui de la France. C'est Gaston Gravier lui même qui cite une phrase de Ristic, délégué serbe au congrès de Berlin :

Si mes faibles tentatives procurent quelques avantages à la Serbie, celle-ci les devra au noble appui que la France a toujours, et dans cette circonstance également, prêté à mon pays. (Annexe 1, n° 19 p. 420)

Rappelons également que l'anti-germanisme virulent qui caractérise la France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle pousse les gouvernements à entretenir des relations avec les Russes et avec leurs protégés que sont les Serbes. Les deux systèmes d'alliances que sont la Triple Entente et la Triplice se mettent en place. La Serbie est naturellement conduite à être l'alliée de la France, à recevoir des armes françaises pour équiper son armée (elle choisit le canon de 75 en 1907) sans pour autant qu'il y ait d'alliance militaire entre les deux pays. Pierre 1er de Serbie est francophile, ardent partisan de l'alliance avec la Russie et la France.

Du point de vue financier les relations sont fortes entre les deux pays surtout à partir du moment où l'Autriche-Hongrie organise une guerre économique envers la Serbie (« guerre des cochons » de 1906-1911). De grands emprunts sont émis en France et la banque franco-serbe accroît son importance au détriment des intérêts autrichiens (Poidevin, 1964).

Du point de vue intellectuel, il y a de forts liens d'universités à universités et on assiste à un éveil des sentiments pro-serbes notamment à l'occasion des guerres balkaniques, sentiments qui touchent une grande partie des universitaires historiens et géographes tels Jean Brunhes, Ernest Denis, Emmanuel de Martonne, Emile Haumant.

Mais c'est surtout la grande guerre qui fait naître un véritable engouement pour la Serbie (Bariety, 2000, p.308). Les combats héroïques des Serbes au début du conflit, leurs malheurs par la suite, la lutte commune à partir de l'intervention de l'armée d'Orient, tout cela explique la publication d'un certain nombre d'écrits très favorables à la Serbie parmi lesquels on peut citer l'ouvrage d'Ernest Denis intitulé La Grande Serbie publié en 1915 ou la longue préface de Jean Brunhes au précis d'histoire serbe publié en 1917 (Brunhes, 1917), préface qu'il signe « un vieil ami de la Nation Serbe ».

Jean Jacques Becker rappelle à cette occasion qu'en dehors des Belges, les seuls étrangers à qui furent dédiées des journées de quêtes nationales furent les serbes.(Becker, 2001, p.7)

Le royaume des Serbes, Croates et Slovènes puis la Yougoslavie à partir de 1929 continuent d'être le point d'appui de la politique balkanique de la France après la guerre.

L'influence de Jovan Cvijic dans la serbophilie des géographes français est également fondamental. Ses rapports sont profonds avec la France. Contraint de fuir son pays en 1915, il donne, en pleine guerre, des conférences à la Sorbonne en 1917-1918 à l'instigation de Vidal de la Blache et du recteur Louis Liard. Il fait partie de la délégation officielle des Serbes, Croates et Slovènes à la conférence de la paix, il y côtoie Emmanuel de Martonne et se lie d'une amitié particulière avec Ernest Denis (qui fut le professeur d'Yves Châtaigneau) avec qui il fonde l'institut d'études slaves à Paris en 1924. Il enseigne de nouveau en France en 1924-1925.

Son ouvrage principal La péninsule balkanique, étude de géographie humaine est publié en français avant de l'être en serbe, nombreux sont ses articles publiés en français (ce qui ne l'empêche pas aussi d'écrire en allemand) et certains de ses ouvrages sont repris ou résumés notamment dans les Annales de Géographie par Lucien Gallois et Emile Haumant. D'abord spécialiste de géomorphologie, il s'oriente à partir de 1902 vers la géographie humaine puis s'engage dans des écrits d'ordre plus politique lorsqu'en 1908 l'Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzégovine.

Par son action et surtout par ses écrits, il soutient la cause serbe, entreprend une véritable croisade contre les prétentions autrichiennes en Serbie et élabore une conception unitaire d'un futur Etat des Slaves du sud centré sur sa partie orientale c'est à dire essentiellement sur la dépression moravo-vardarienne. Il est donc un des instigateurs d'une Yougoslavie où l'élément serbe est appelé à dominer.

Cvijic a été un conseiller très écouté lors de la conférence de la paix lorsqu'il s'est agi de tracer les frontières des nouveaux Etats en Europe.

Les géographes français adoptent à la fois les conclusions scientifiques de Cvijic (par exemple les « types psychiques des populations ou les mouvements métanastasiques) mais ils adoptent aussi son « projet politique ».

Voici ce que peut écrire Gaston Gravier dans son article sur la région de la Choumadia :

Le pays par sa position, de même que par son histoire et son peuplement, constitue le coeur de la Serbie actuelle. Là convergent, se renforcent les traits les plus caractéristiques de la nature du pays, tous les éléments divers, toutes les faces vivantes du peuple serbe. Après avoir joué le rôle de creuset élaborateur de la nationalité, cette région, expression la plus vivante de la conscience nationale et du royaume, influe au loin dans tous les sens. Dans la langue du pays, « sumadinac » représente le serbe le plus pur ; c'est presque un titre de noblesse parmi tous les autres membres de la race. (Annexe 1, n° 11, p. 272)

Dans plusieurs de ces articles de presse, Gaston Gravier espère manifestement des serbes qu'ils soient les artisans de l'unité yougoslave en considérant que le haut degré de civilisation qu'ils ont atteint ainsi que la conscience plus élevée qu'ils peuvent avoir de l'unité nationale les prédestinent non seulement à délivrer leurs frères de race mais également à être l'élément moteur de cette réalisation.

Yves Châtaigneau, pour sa part, reprend l'idée que la Serbie a été pour la Yougoslavie ce que le Piémont a été pour l'unité italienne et rajoute qu'elle était prête à combattre tandis que les croates négociaient et que les slovènes tiraient le meilleur parti d'une situation de fait. (Annexe 2, n° 2, p.98).

On retrouve ici l'idée, fréquemment évoquée par Cvijic, que la légitimité d'une position dominante accordée aux serbes dans la construction d'un Etat des slaves du sud vient de ce qu'ils ont accédé à leur propre indépendance pendant que les autres peuples slaves s'accommodaient plus ou moins du joug étranger.

On pourrait également citer des écrits de Jean Brunhes allant dans le même sens notamment dans la préface du Précis d'Histoire Serbe (Brunhes, 1917).

Concernant la question macédonienne, il est intéressant de noter que la position de Gaston Gravier est plus serbophile que la position de Cvijic lui même. Tout en penchant pour un rattachement de la Macédoine à la Serbie, la probité scientifique de Cvijic, l'analyse rigoureuse et objective qu'il développe lui fait prendre une position modérée en la matière. Sa « création » d'une catégorie ethnique regroupant les slaves macédoniens (qui selon lui pouvaient s'assimiler aussi bien à la Serbie qu'à la Bulgarie) le prouve et est vraisemblablement guidée par un souci de neutralité lié à sa propre nationalité. On peut ainsi comprendre que le citoyen français qu'est Gaston Gravier, dégagé de ces scrupules, ait pu prendre une position plus tranchée.

La yougoslavophilie de l'après guerre est moins prégnante que la serbophilie des années de guerre et d'avant guerre. On peut néanmoins la percevoir à travers le compte rendu d'une excursion interuniversitaire organisée en Yougoslavie en 1929, dans lequel sont mis en avant les réalisations modernes de la colonisation yougoslave au Kosovo. (Larnaude, 1930 et Sivignon, 2005).

5. L'engagement diplomatique et politique d'Yves Châtaigneau

L'année 1924 marque en tournant dans la carrière d'Yves Châtaigneau. Il quitte le milieu universitaire et n'y reviendra plus. Sans que l'on puisse dire si les deux articles géopolitiques écrits pour la revue « la Vie des Peuples » sont des rapports recyclés (rien n'a été trouvé en ce sens), il est probable que ces productions ont eu une incidence sur la volonté du Quai d'Orsay de s'attacher ses services.

Toujours est-il qu'Yves Châtaigneau est appelé au ministère des Affaires Etrangères en tant que chef de section au Service des OEuvres Françaises à l'Etranger (SOFE), service qui naît en janvier 1920 de la réorganisation de la Propagande Française à l'issue de la première guerre mondiale. Yves Châtaigneau s'y consacre aux questions cinématographiques, à la radiodiffusion, aux relations culturelles entre la France et l'étranger. Dans les dix années qui suivent, il écrit pourtant encore quatre articles de géographie, il participe à la Géographie Universelle et livre même en 1938 un compte-rendu d'ouvrage pour les Annales de Géographie. Tout semble donc indiquer qu'il ait eu une activité de géographe parallèlement à son travail de haut fonctionnaire.

En 1936, sa carrière s'élargit : il est associé à la politique gouvernementale en étant appelé auprès de Léon Blum, lequel cherche un chargé de mission issu du Quai d'Orsay pour l'analyse des questions internationales. Il est donc intégré à « l'Equipe » du Secrétariat Général du Gouvernement que dirige Jules Moch. Il signe sous son nom dans ces années 1936-1938 des conventions internationales sous l'égide de la Société des Nations concernant l'emploi de la radiodiffusion dans l'intérêt de la paix (23 septembre 1936 à Genève) et sur la circulation internationale des films ayant un caractère éducatif (12 septembre 1938).

En 1937, il succède à Jules Moch comme Secrétaire Général à la présidence du Conseil. C'est un poste important et récent puisque le Secrétariat Général a été créé par P. E. Flandin en 1935 et qu'il s'agit d'assurer la coordination des ministres, de donner au président du Conseil la documentation nécessaire à la prise de décision et de suivre les travaux législatifs. Le Secrétaire Général assiste aux conseils de cabinet et aux conseil des ministres. Dans cette fonction, Yves Châtaigneau participe à d'importantes réformes.

Son engagement politique date de cette période du Front Populaire. Jules Moch indique qu'il est homme de gauche mais non socialiste (Moch, 1976) mais qu'il le devient au contact du plus gauchiste de « l'Equipe » du Secrétariat Général : Marceau Pivert.6

En effet, Yves Châtaigneau adhère au parti socialiste SFIO en 1937. Il participe à la revue orientée à gauche L'Homme Réel dont le sous-titre est Revue Mensuelle du Syndicalisme et de L'Humanisme sans pourtant y formuler aucune de ses convictions politiques. Le seul texte qui témoigne de cet engagement est une intervention au cours du colloque sur Léon Blum chef de gouvernement organisé par la fondation nationale des sciences politiques sous la direction de René Rémond et Pierre Renouvin en 1965. Voici comment il raconte certains de ses souvenirs :

Pendant les grèves de juin 1936, je m'arrêtais régulièrement devant le chantier du musée d'art moderne qui était en construction à ce moment là, et je parlais avec les grévistes. Les deux tiers de mes interlocuteurs n'étaient pas syndiqués, mais les uns comme les autres me disaient : « ce qu'il y a de changé, c'est que nous avons un gouvernement avec lequel nous pouvons causer, et nous savons que ce gouvernement ne prendra pas de mesures de répression contre les grévistes ».

6. Marceau Pivert (1895-1958) est le principal dirigeant du courant révolutionnaire au sein de la SFIO dans les années 30. Il représente le courant marxiste dans la tradition du Guesdisme. Il crée la Gauche Révolutionnaire (GR) en 1935 qui regroupe les militants de la SFIO les plus à gauche. Exclu du parti en 1938, il fonde le Parti Socialiste Ouvrier et Paysan (P.S.O.P.). Il s'est toujours intéressé aux méthodes de propagande cinématographiques et a supervisé la production de plusieurs films militants.

Je trouve ce détail essentiel parce que c'est une marque de confiance envers le gouvernement, avec lequel on discutera d'ailleurs, mais marque de confiance absolue, il n'y a pas d'esprit révolutionnaire, c'est plutôt un esprit socialiste. Lénine disait que pour faire une révolution il faut la complicité de la classe paysanne : il n'y avait pas de complicité de la classe paysanne pour faire une révolution en France ; et d'autre part Lénine disait qu'il faut une volonté agissante pour qu'une révolution impose ses formes : il n'y avait pas non plus de volonté agissante prête à entamer une révolution. (Rémond, 1967, p. 102-103).

S' il est possible d'établir un lien, aussi ténu soit-il, entre l'expérience d'Yves Châtaigneau dans les Balkans et son orientation professionnelle vers la diplomatie, il est clair qu'en revanche son engagement politique en est complètement séparé. D'autres raisons y concourent que ce soit l'origine familiale, le vécu de la guerre ou les rencontres de circonstances.

L'attachement d'Yves Châtaigneau à cette zone de l'Europe ne se traduit par la suite que par quelques compte-rendus d'ouvrages (Annexe 2, n° 25), des articles sur la littérature yougoslave (Annexe 2, n° 18 et n° 21), des textes introductifs à des romans ou à des ouvrages touristiques (Annexe 2, n° 17 et n° 32) ou à un glossaire assez bref de termes géographiques (Annexe 2, n° 11).

Il est vrai que sa brillante carrière diplomatique l'éloigne de cette région de même qu'elle le conduit à renforcer son engagement politique à mesure des postes de plus en plus importants qu'on lui confie. En 1942, il démissionne de son poste de ministre plénipotentiaire en Afghanistan, intègre les Forces Françaises Libres en 1943 puis devient Gouverneur Général de l'Algérie (1944-1948) et enfin ambassadeur de France à Moscou (1948-1952). Son action, surtout en Algérie, y est aussi importante que controversée.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius