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Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni (Sud est du Bénin)

( Télécharger le fichier original )
par Gabriel ASSOGBA
Université d'Abomey Calavi - Maitrise en géographie 2008
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE D 'ABOMEY-CALAVI
Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH)
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ET AMENAGEMENT DU

TERRITOIRE (DGAT)

Campus de Porto-Novo
Mémoire de maîtrise

OPTION : Géographie humaine et économique

THEME :

STRUCTURATION SPATIALE ET IMPACTS DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL DANS LA COMMUNE D'IFANGNI

Présenté par :

Gabriel ASSOGBA

Sous la direction de
Noukpo AGOSSOU (Ph. D.)

Maître-assistant
(D GA T/FLASH/UA C)

ANNEE ACADEMIQUE: 2007-2008

SOMMAIRE

DEDICACE . 3

REMERCIEMENTS 4

DEFINITION DES SIGLES ET ACRONYMES 6

INTRODUCTION 7

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE .. 9

Chapitre 1 : Problématique et aperçu des connaissances sur le sujet 10

Chapitre 2 : Elément méthodologique .. 20

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D'IFANGNI ET

DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE EN PLACE 26

Chapitre 3 : Commune d'Ifangni : un espace favorable .. 27

Chapitre 4 : Structures et acteurs financiers en place : typologie et

organisation spatiale . 42

TROISIEME PARTIE : SYSTEMES FINANCIERS ET DYNAMIQUES

SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFANGNI .. ......... 58

Chapitre 5 : Dynamiques des structures financières . 59

Chapitre 6 : Institutions de micro finance et développement local .. 71

CONCLUSION 86

BIBLIOGRAPHIE . 88

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET PHOTOS 93

ANNEXE 95

TABLE DES MATIERES 98

DEDICACE

En mémoire de Lazare et Sonia.

A mon père Assogba et à ma mère Ahitèmè.

A vous tous, qui avez construit et ma personne et

cette oeuvre.

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire a été entièrement réalisé grâce au support informatique du Laboratoire d'Aménagement Régional et Développement du Centre Universitaire de Porto-Novo. Il n'aurait aboutit sans le soutien moral, matériel, intellectuel et spirituel de nombreuses personnes auxquelles j'aimerais exprimer ici mes très sincères remerciements.

Mes remerciements vont d'abord à mon directeur de recherche, Monsieur Noukpo Agossou (Ph.D.), Maître-assistant à l'Université d'Abomey-Calavi, guide éclairé dont la science, l'intelligence et le discernement ont été des instruments de choix dans la réalisation de ce travail. Recevez ma profonde gratitude pour votre disponibilité et pour votre paternel et fécond accompagnement tout au long de ma formation universitaire. Trouvez ici mon profond et indéfectible attachement.

Je tiens à remercier les professeurs François José Quenum, Eric Tchibozo, Emmanuel Djoi et Moussa Gibigaye qui m'ont toujours accordé de leurs temps pour orienter mes idées et me faire des suggestions.

Mes remerciements vont également à l'endroit de Messieurs d'Assomption Michodjehoun et Bachirou Saka pour le soutien tant matériel que moral qu'ils m'ont apporté tout au long de ma formation universitaire et de la finalisation du présent travail.

Dans le cadre de mon stage et de mes enquêtes de terrain, que le Délégué Technique Régional de l'UR-CLCAM Ouémé-Plateau Monsieur Calixte Afognon et toute l'équipe de la CLCAM d'Ifangni en particulier Messieurs Pascal Monlandjo et Victorien Otolorin, Madame Roukayath Akplogan de la CREP de Banigbé et Monsieur Herman Kayode du PAPME de Tchaada retrouvent ici mes sincères remerciements.

Les travaux de terrain ont pu se dérouler grâce à la grande disponibilité et à l'aide de Louis Baba, Joseph Houenou, Razack Chamoussi, Marcellin Houssou et Franck Okpeicha. Que les différents acteurs impliqués dans ces enquêtes et entretiens de terrain trouvent également ici, l'expression de mes profondes salutations.

Que Mademoiselle Charlène Vigan et Messieurs Victor Ogouhola, Janvier Guédénon; Athanase A. Zoungnèmè-Alidjinou, Séraphin Kponou et tout le personnel enseignant du collège d'enseignement général de Daagbé, trouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance pour les multiples soutiens qu'ils m'ont apportés lors des différentes phases de mes recherches.

Mes remerciements et ma profonde gratitude vont à l'endroit de mes oncles et tantes qui n'ont cessé de me soutenir tout au long de mon cursus scolaire et universitaire.

Ma sincère reconnaissance et gratitude à Mademoiselle Florence K. Honvo pour son assistance et surtout pour la patience dont elle ne cesse de faire preuve.

Je remercie mes amis Donatien Assogba, Bérénice Godonou, Prosper Akakpo, Cosme Koumakpayi, Thomas kouwayè, Pascal Arouwa, Constantin Michodjèhoun et Pélagie Hounsinou pour leur disponibilité lors de mes multiples sollicitations.

Je ne saurai jamais cesser de dire merci à mes chers parents, pour l'amour, les conseils et surtout pour le courage qu'ils ne cessent de me donner.

A tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail, retrouvez dans l'anonymat, l'expression de ma profonde gratitude.

SIGLES ET ACRONYMES

1. AFD : Association Française de Développement

2. AREC : Association Rotative d'Epargne et de Crédit

3. CCPA : Centre Communal pour la Promotion Agricole

4. CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole

5. CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel

6. CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de Prêt

7. DGAT : Département de Géographie et Aménagement du Territoire

8. DSCRP : Document de Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

9. DTR : Direction Technique Régionale

1 0. FECECAM : Fédération des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuel 11 . FENACREP : Fédération des Caisses Rurales d'Epargne et de Prêt

12. FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines

13. IMF : Institution de micro finance

14. INSAE : Institut National de Statistiques et d'Analyses Economiques

15. MAEP : Mécanisme Africain d'Evaluation des Pairs

16. OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

17. OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

18. PADME : Projet d'Appui aux Petites et Moyennes Entreprises

1 9. PAPME : Agence pour la Promotion et l'Appui aux Petites et Moyennes Entreprises

20. RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitation

21 . SBEE : Société Béninoise d'Energie Electrique

22. Soneb : Société Nationale des Eaux du Bénin

23 . UAC : Université d'Abomey-Calavi

24. UNB : Université National du Bénin

25. URCLCAM : Union Régionale des Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel.

INTRODUCTION

Les crises des économies africaines dans les années quatre vingt ont été à l'origine de nombreuses mutations qui ont affecté les organisations sociales, politiques, économiques et administratives de la sous-région ouest africaine. Parmi les réformes préconisées pour juguler les crises qui frappent ces économies africaines figurent : les politiques d'ajustement structurels qui militent pour une diminution de l'intervention de l'Etat dans certains secteurs de la vie politique, économique et sociale. Ces nouvelles mesures ont conduit à un désengagement de plus en plus accentué de l'Etat mais aussi, plus tard, à une promotion et à une mise en oeuvre des politiques dites de décentralisation (Igué et Soulé, 1992 ; Diallo,

2006 ; Hounmènou, 2006).

Le désengagement de l'Etat a conduit au développement des initiatives locales au niveau des populations. Ainsi, à l'échelle des pays africains, autant dans les quartiers urbains que dans les villes d'importance moyenne et dans les régions périphériques, des symptômes d'un dynamisme nouveau se manifestent à travers la mise en valeur des ressources humaines et naturelles des collectivités. Ceci reste l'un des facteurs ayant contribué du développement du secteur informel. (Igué et Soulé, op.cit)

Dans le cadre du présent mémoire de maîtrise, notre intérêt s'est porté sur les structures de micro finance dans une localité frontalière. En effet, diverses procédures méthodologiques et thèmes d'analyse peuvent être abordés et développés afin de mettre en évidence les dynamiques et formes spatiales d'un espace donné. Il est ainsi possible de se fixer différents axes d'études pour comprendre quelles influences modèlent, développent et participent au façonnement des territoires (Martinez, 2003). Ainsi, les activités économiques, les mutations paysagères mais également les évolutions de l'environnement social sont des indicateurs précieux pour démontrer scientifiquement et expliquer la dynamique frontalière. D'où l'intérêt de cette étude intitulée : Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

Le présent travail met en évidence la dynamique d'un espace frontalier à travers

les institutions de micro finance formelles et officieux d'une part, et des impacts des pratiques financières sur la vie socio-économique des populations d'autre part. Des résultats issus des travaux de recherche, il ressort que l'espace frontalier constitue un secteur de dynamisme des structures et acteurs financiers. Le développement notable des points de change de monnaies constitue sans doute une illustration de ce dynamisme qu'impulse la frontière sur les activités économiques.

Le développement local est accepté comme un ensemble de stratégies dont la finalité est l'amélioration de la situation socio-économique des populations dans un espace géographique donné. Par leurs initiatives, les populations de façon individuelle ou collective innovent en développant de nouvelles pratiques pour améliorer leurs quotidiens. D'après Prod'homme (1996) cité par Hounmènou, (2006 : 4) : "Il n 'y aurait pas de développement local sans une volonté populaire et une démarche collective sur et pour un espace. Cette volonté consciente ou latente correspond à la capacité de l'ensemble des habitants, quels que soient leur position sociale et leur degré de responsabilité, à élaborer et à mettre en oeuvre un projet collectif en rapport direct avec leurs aspirations, leurs besoins et les ressources locales".

Ce travail s'organise autour de trois parties. La première partie vise principalement à présenter le cadre théorique et méthodologique dans lequel est effectué ce travail. Elle traite des grandes lignes de la problématique et des techniques de collecte et de traitement des informations. La deuxième partie présente d'abord le cadre d'intervention des structures et acteurs financiers en place et l'organisation et le fonctionnement de ces derniers. A ce niveau, une distinction est faite entre les institutions de micro finance formelles et celles informelles à travers leur statut et leur mode de fonctionnement.

La troisième partie traite des impacts des pratiques issues de la présence de ces acteurs et structures financiers sur la diversité des activités économiques et sur l'amélioration de la situation socio-économiques des populations.

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIGUE

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE ET APERCU DES CONNAISSANCES
SUR LE SUJET

Ce chapitre s'articule autour de deux axes majeurs : la problématique et la revue de littératures. La problématique fait ressortir le problème, les objectifs et les hypothèses de cette recherche. La revue de la littérature est une brève aperçue de quelques travaux scientifiques effectués sur la problématique du développement local et de la micro finance.

1.1. LA PROBLEMATIQUE

1.1.1. Le problème

Le fait de pouvoir accéder rapidement à une somme d'argent dans les cas d'urgence et la possibilité d'avoir accès à un crédit « régulier » constitue une priorité pour la plupart des gens au Bénin (Tovo, 1995). Ainsi, la disponibilité du capital financier constitue un élément important dans le développement des initiatives des populations à la base.

Les besoins en matière de financement du développement local peuvent être répartis en deux catégories : le financement des infrastructures économiques et sociales, et le financement des unités économiques tels que les ménages, les micro- entreprises, les organisations ayant des activités économiques qui dégagent des rentabilités directes.

En effet, depuis plusieurs années, le financement des initiatives des populations est considéré comme un moyen puissant de lutte contre la pauvreté. Selon le PEESI/BEN 87/023 cité par J. Guédénon, 2007 : p 44 " le financement des activités d'une entreprise est un élément essentiel qui conditionne son développement." La connaissance acquise sur le fonctionnement des unités économiques montre que les besoins en matière de financement varient d'une unité économique à une autre : capital de démarrage pour les unes, de relance ou d'accompagnement pour d'autres.

Autrement dit, les secteurs d'activités économiques ne peuvent s'inscrire dans la dynamique du développement local sans l'accès au facteur capital.

A cet effet, le secteur financier apparaît comme un secteur prépondérant dans le développement local. La micro finance apparaît de nos jours un maillon important du secteur financier national. Il constitue le meilleur canal de drainage des fonds vers toutes les couches de la société (Azokli et Adjibi, 2007). Le secteur de la micro fiance au Bénin est animé par divers acteurs dont les principaux sont les mutuelles et coopératives d'épargne et de crédits, les institutions de crédits directs, les projets et organisations non gouvernementales à volets micro finance. Leur principale activité est la centralisation des ressources financières disponibles pour le financement des activités économiques.

La micro finance est fondée sur des motivations telles que celles d'affranchir les populations d'un système informel contraignant, de contribuer à l'émancipation des couches défavorisées (femmes, jeunes), et de fournir des services financiers indispensables à la réussite des programmes plus larges. Le secteur de la micro finance s'est structuré et inséré dans l'ambition plus vaste d'être un outil efficace pour la lutte contre la pauvreté (Forestier, 2005).

La présomption générale, qui est parfois admise sans fondement, attribue une large part du mérite de lutte contre la pauvreté à ce mode de financement. Toutefois, la complexité méthodologique fait que les points de vue sont partagés au niveau de la communauté scientifique. Cependant, sur le plan scientifique, et avec la masse des informations accumulées depuis lors, il est tout à fait naturel de s'interroger sur l'efficacité réelle de ce type de financement comme un instrument de lutte contre la pauvreté et donc de développement à la base.

Les institutions de la micro finance occupent dans la commune d'Ifangni une place marginale de par leur importance dans le financement des activités socio- économiques des populations. Localité fortement rurale, elle jouit d'une position favorable pour le développement des activités économiques. Cet espace frontalier est marqué par l'absence de structures bancaires classiques formelles. Les institutions de micro finance paraissent aujourd'hui indispensable eu égard à leur contribution dans la mobilisation de l'épargne et de la distribution des crédits aux

couches à revenus modestes.

Mais, la question cruciale est de savoir en quoi les stratégies d'intervention des structures de micro finance contribuent-elles au développement local. Il s'agira d'identifier les facteurs qui influencent le développement et l'organisation spatiale des structures de micro finance.

La présente étude qui porte sur le thème « Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni » vise à apporter des essais de réponses à ces différentes questions. Cette réflexion sera consacrée d'une part, à l'analyse des facteurs de dynamisme des structures financières et, d'autre part, aux impacts des pratiques financières en cours sur le développement local. C'est dans cette optique que des hypothèses formulées seront vérifiées à travers les objectifs fixés.

1.1.2. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE

1.1.2.1. Objectifs de la recherche

L'objectif général de cette étude est d'analyser la dynamique spatiale et économique impulsée par les institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

Spécifiquement, il s'agira de :

· faire l'état des lieux des structures financières présentes dans la commune d'Ifangni;

· identifier les pratiques financières en cours dans cet espace géographique ;

· analyser les impacts des structures financières sur la vie sociale et économique des populations dans la commune d'Ifangni.

Pour atteindre ces objectifs, des hypothèses ci-après ont été émises.

1.2.2 Hypothèses de recherche

Trois hypothèses sont émises dans le cadre de la présente étude sur les impacts des institutions de la micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

1. Le secteur financier local est composé d'acteurs informels en majorité et d'institution de micro finance.

2. Les institutions de micro finance interviennent plus dans le financement des activités commerciales qu'agricoles.

3. La multiplicité et la proximité des structures financières ont des effets positifs sur la situation socio-économique des populations à la base.

La conduite de la présente étude a nécessité de notre part la consultation des travaux scientifiques effectués sur le développement local et sur le secteur de la micro finance.

1.2. Aperçu de la littérature sur le sujet

Il existe de nos jours une multitude de travaux scientifiques sur les différentes composantes du secteur financier et sur la problématique du développement local. En interrogeant cette littérature existante, il ressort que ces différents concepts ont été abordés par divers acteurs issus de différentes disciplines. Seules quelques études sur ces deux thématiques ont suscité de notre part, préoccupations et intérêts.

Le développement local est un concept qui est apparu, premièrement, dans les pays occidentaux. Il est considéré comme faisant partie des nouveaux paradigmes, cadres d'analyses et d'interventions pour venir à la rescousse des économies européennes en proie à des difficultés. Le développement local s'exerce sur un espace déjà constitué ou à constituer donc sur un territoire réduit (Diaolo, 2006).

Si le concept de région ne cesse de semer la confusion et de perpétuer les débats parmi les économistes et les géographes, on imagine les ambiguïtés liées à un cadre spatial qui, tantôt prend la forme d'un quartier d'une grande ville, d'une ville de petite ou moyenne dimension, ou d'un ensemble de villages autour d'une petite ville

(Joyal : 2006). La référence à une ère géographique composée d'un certain nombre d'administrations locales qui bénéficient d'une base économique commune, permet de comprendre que les termes "régional" et "local" puissent s'utiliser indifféremment par certains auteurs. Ainsi, Blakeley (1989) tend à confondre les deux termes en considérant les possibilités pour les résidents d'une région de se déplacer aisément pour atteindre leurs lieux de travail, d'achats et de loisir.

Quant à l'OCDE (Joyal : 2006), le "local" est comme un espace ayant une identité, une dynamique propre, des spécificités qui entretiennent des relations d'interdépendance avec des espaces plus vastes (régional, national, mondial) dans lesquels il s'insère. En conséquence, nous retenons la dimension sous-régionale, même si, comme c'est souvent le cas, les découpages administratifs ne respectent pas toujours les éléments à l'origine d'un sentiment d'intérêt commun à l'intérieur d'un territoire donné. Au substantif "local", est associé le développement.

Principal enjeu économique de la décentralisation dans les pays en développement, le développement local constitue de nos jours une véritable préoccupation de taille tant pour les autorités politico-administratives que pour les populations. D'après Merlin et Choay (2000), le développement local est compris comme un " processus de diffusion, à l'échelon local, des effets de la croissance, des innovations et des acquis culturels, accompagné d'une transformation, à partir des potentialités locales, des structures économiques, sociales et culturelles". Il est perçu comme une dynamique économique et sociale, voire culturelle, plus ou moins concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur un territoire donné. Il suppose une volonté collective ou individuelle des acteurs d'un espace donné de mobiliser les ressources locales, qu'elles soient naturelles, humaines, économiques ou culturelles, pour créer des activités et construire un territoire homogène

Au Bénin, il est accepté comme "une volonté politique des acteurs de promouvoir le développement du territoire sur lequel ils vivent en vue d'améliorer la situation sociale et économique des populations ". Le guide du maire (2005 : p 57). A cet effet, le développement local se confond aux processus de la décentralisation. Cette dernière repose sur la mise en place ou l'extension des pouvoirs attribués aux institutions publiques dont la compétence est définie par des

lois. En soutenant les points de vue de Agossou (2007 : p 4), le développement est effectif "lorsque certains paramètres enregistrent des augmentations non seulement quantitatives, mais aussi et surtout peut-être des améliorations qualitatives de manière à favoriser le mieux être de l'ensemble ou du plus grand nombre des membres de la communauté".

De tout ce qui précède, le développement local peut être accepté comme un mouvement ascendant. C'et-à-dire d'un mouvement qui repose sur les dynamiques des acteurs sociaux et économiques pour contribuer à l'émergence d'un espace : le territoire. Les acteurs ne sont rien d'autre que les individus d'une communauté, d'un espace géographique donné. Par leurs initiatives ces acteurs cherchent à développer de nouvelles pratiques pour l'amélioration de leur vie quotidienne. Ainsi, la dimension territoriale, à savoir l'espace géographiquement limité et déterminé, constitue-t-elle une référence forte pour le développement local. Comme cela est noté plus haut, le développement local nécessite la disponibilité des moyens financiers. Ce qui explique le rôle capital du secteur financier.

Pour l'économiste Brana (2003 :5), un secteur financier regroupe "l'ensemble des institutions, instruments et mécanismes par lesquels les agents disposant de capacités de financement vont pouvoir couvrir les besoins de financement d'autres agents". Selon cet auteur, dans une économie, "il existe des agents qui sont traditionnellement en besoin de financement, telles que les entreprises ou les administrations, et des agents à capacité de financement qui cherchent à placer leurs ressources, tels que les ménages". Ainsi le système financier assure l'interface entre agents à besoin et agents à capacité de financement. Il est constitué de plusieurs structures et acteurs dont le statut varie du formel à l'informel. (Martinez, 2003 ; Lélart, 1998)

La micro finance est de manière consensuelle définie comme "la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tout ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel"(Forestier 2005). Elle est de nos jours l'une des composantes les plus dynamiques du secteur financier nationales. La fin de 2002, on comptait 1.192 institutions de micro finance au Bénin, dont seulement 36 officiellement reconnues. Cependant leur taux de pénétration est encore relativement

faible, puisque 15 % seulement de la population active ont accès à ces services. En 2007, le nombre d'institutions de micro finance enregistrées à la cellule de micro finance identifiées est 169 (Rapport du MAEP, 2008 ; Azokli et Adjibi, 2007).

Dans son travail sur l'espace financier dans la ville de Porto-Novo, Martinez (2003) a mis l'accent sur le fonctionnement des acteurs financiers et l'évolution des différents types de pratiques financières des populations. A travers cette étude, l'auteur a comparé des phénomènes, pour la plupart évolutifs, illustrant les dynamiques spatiales qui influent sur les mutations de certains espaces dont la péri - urbanisation. Ainsi il a présenté les différents acteurs financiers présents dans la ville de Porto-Novo et de sa proche périphérie. On peut distinguer les acteurs du secteur officiel de ceux du secteur officieux. Les banques et les diverses institutions de micro finance ont tout d'abord été présentées pour la composante officielle du secteur, puis les banquiers ambulants, les tontines mutuelles et les cambistes informels pour la composante officieuse.

Au-delà de cette classification des acteurs et structures financières en place dans une région en pleine urbanisation comme celle de la ville de Porto-Novo et de ces périphéries, le travail de Martinez (2003), a le mérite d'avoir abordé la question financière en mettant en exergue "l'analyse territoriale des évolutions et des mutations des pratiques financières dans des milieux géographiques différents". Mais en dehors de la complexité et de la diversité des structures financières dans un espace géographique, le véritable problème reste l'accès aux différents produits financiers. Si l'accès au secteur de la micro finance devient de plus en plus à la portée de toutes les couches de la société, l'accès au système bancaire reste de nos jours très limité. Cette situation se trouve à la base du développement de secteur financier informel.

Dans une autre optique, Leila et Findler (1995 : p 14), soutiennent que "les entrepreneurs du secteur informel dépendent de multiples sources d'aide financière, allant des moins formelles, comme la famille, aux plus formelles et aussi moins accessibles, les banques". Et l'économiste Lelart (1990 : p 32) de renchérir en soutenant que, "la structure bancaire, performante dans le financement de l'activité

publique et parapublique, est réputée être inadaptée dans ses procédures au financement de l'activité informelle. Les règles de la production informelle et sa répartition étant si particulière, il en résulte des besoins de financement spécifique, en volume, durée, risque et garanties offertes, rendant impossible tout rapprochement avec le système bancaire".

Le secteur de la micro finance est animé par des acteurs financiers qui reposent sur des formes juridiques particulières. Leurs objectifs en matière de lutte contre la pauvreté, visent à atteindre le plus grand nombre de pauvres. On reconnaît généralement que ces institutions peuvent aider à réduire la pauvreté car elles agissent dans deux directions. "Le premier canal est direct puisque par le financement d'activités ces institutions favorisent l'activité de production des ménages ou de la petite et micro entreprise. Le deuxième canal est indirecte et provient principalement des revenus et des emplois créés, en particulier grâce à l'accès au crédit et services par les micros et petites entreprises" http// www.idrc.ca/fr/ev.

A côté du système financier institutionnel qui ne concerne que les grandes organisations et les agents les plus solvables, s'est développé une finance informelle qui permet à l'ensemble de la population non bancarisée d'avoir accès au crédit et donc de remplacer la finance formelle. Cette finance informelle se caractérise essentiellement par une grande souplesse au niveau organisationnel, de faibles coûts, et repose sur des formes traditionnelles très anciennes. Mais c'est aussi une inadéquation des systèmes financiers formels face aux exigences du développement qui a favorisé le développement de ces pratiques. www.grdc.org

Parmi les travaux sur le secteur financier informel au Bénin, on peut citer ceux de Adéchoubou et Tomety (1992), Guédègbé (2005), Guédénon (2007), Lelart (1997). En parcourant cette littérature, il se révèle que les systèmes de tontines occupent une place très importante dans le secteur financier informel béninois. La tontine constitue une forme de service financier très répandue au Bénin. Les résultats des travaux de ces chercheurs ont montré que les tontines sont "la principale source de financement des activités économiques informelles. Elles sont à

la base de la dynamique du commerce informel". L'intérêt grandissant que l'on porte à ce dernier secteur vient non seulement de la faillite du système bancaire classique mais aussi de son potentiel (Adéchoubou et Tomety, 1992 : p 3). La commune d'Ifangni, localité frontalière fortement rurale bénéficie de tels atouts pour le développement des tontines. Elle a en outre souffert pendant un bon moment de l'absence de structures financières formelles.

La place du secteur financier informel n'est pas négligeable. Pour Lautier cité par Guédénon (2007 : p 12), "au-delà de son activité financière, la tontine est un lieu de socialisation et de solidarité : règles de fonctionnement strictes fondées sur la confiance, le parrainage, repas pris en commun, aide aux membres en difficulté en font d'elle beaucoup plus qu'un mode de financement des activités informelles".

Ainsi, après un bref aperçu des différentes composantes du système financier béninois, l'on est tenté de se demander ce que le présent mémoire, peut apporter en guise de contributions des structures financières au développement local. La quantité et la qualité non négligeable de documentation existante sur ces différents systèmes financiers ne doivent pas se traduire par l'inexistence de champs non encore explorés.

"En recherche scientifique, le plus important est le regard porté par chaque chercheur sur des réalités données" Vigan (2007 : p 17). Il sera mis en exergue la dimension spatiale des structures financières et leurs impacts sur la vie socio- économique des populations dans la commune d'Ifangni. Il s'agit d'évaluer la dynamique du développement local à travers les dynamismes des structures et les différentes pratiques financières. L'espace géographique, constitue-t-il une source de développement des structures et pratiques financières ?

Ce qui est pertinent dans les autres recherches par rapport à ce travail, est que les structures financières sont d'une importance capitale en ce sens qu'elles constituent la base du développement des initiatives individuelles et collectives des populations à la base. Notre travail ne remet pas en cause les recherches antérieures, mais veut aborder le sujet sous un angle beaucoup plus géographique.

Ce secteur d'étude n'a pas encore fait l'objet d'une étude spécifique sur la

situation socio-économique des populations et encore moins sur les structures financières. Mais il est couvert par quelques travaux scientifiques importants qui ont été exploités. Ces travaux ont mis au coeur de leur problématique la question de la dynamique frontalière et surtout le rapport entre l'espace frontalier et le développement des activités commerciales : Igué (1984), Ogouchi (1979), Soares (1984), Sodoloufo (1992), Tidjani (2000), Tohozin (1986). Le but de notre étude est de rechercher les facteurs qui participent à l'organisation spatiale et l'influence des structures financières sur la vie sociale et économique des populations.

Conclusion partielle

La question du développement social et économique des populations à la base reste une préoccupation de taille tant pour les populations que pour les autorités politico administratives et les partenaires au développement.

Le secteur de la micro finance s'est révélé depuis son avènement comme un outil efficace de lutte contre la pauvreté, le chômage dans les milieux rural et urbain. La réflexion sur les impacts des institutions de la micro finance sur le développement local nécessite de notre part une démarche scientifique.

Chapitre 2 : ELEMENT METHODOLOGIQUE

La démarche méthodologique utilisée se résume à trois principales étapes : l'échantillonnage, la technique de collecte des données, le traitement et analyse des données.

2.1. ECHANTILLONNAGE

Il a été opéré un échantillonnage à trois niveaux : le niveau des lieux d'enquête, le niveau des organisations financières et celui des personnes enquêtées.

2.1.1 Choix des lieux d'enquête

Ce travail s'est porté sur la commune d'Ifangni. Pour mieux apprécier les dynamiques des structures et cerner les pratiques financières en cours dans cet espace géographique, les enquêtes ont été effectuées dans la commune à travers des secteurs.

- l'axe routier Kétoukpè-Igolo : autour de cet axe s'exercent un nombre important d'activités économiques. Il s'agit des services marchands, des marchés locaux (Kétoukpè, Kitigbo, Tchaada), des structures financières dont les institutions de micro finance, les tontines et les postes de change.

- Les quartiers Odofin et Igolo : ils constituent deux secteurs urbains très dynamiques. Le premier abrite le grand marché et les services administratifs et les institutions de micro finance de la commune d'Ifangni. Igolo est un pôle économique par excellence grâce à sa proximité avec le Nigeria.

- En dehors de ces secteurs qui sont de véritables pôles économiques, une partie des investigations est effectuée dans le village de Djégou-Nagot. Comme les autres secteurs, ce choix effectué de façon aléatoire, a tenu compte de la localité la plus distante du chef-lieu de commune. Ce choix permet d'effectuer une comparaison entre les phénomènes observés dans les secteurs en urbanisation et dans le milieu encore rural.

2.1.2 La sélection des enquêtés

En absence de données sur le nombre des clients au niveau des institutions de micro finance et sur l'ampleur de leurs activités, la constitution de l'échantillon s'est faite sur une base aléatoire. Plus que la taille de l'échantillon, c'est sur sa structure et sa composition qui ont été privilégiée dans ce contexte.

Les enquêtes de terrains ont été orientées vers les individus exerçant une activité génératrice de revenu et pouvant faire recours aux services des structures financières en place. A cet effet, nous avons privilégié la qualité des enquêtés plutôt que le nombre. Les informations qui ont fait l'objet de la présente analyse ont été recueillies auprès des personnes suivantes : agriculteurs, artisans, commerçants, conducteurs de taxi, les groupes de tontines traditionnelles, les tontiniers ambulants, et les responsables des institutions de micro finance.

Toutes ces personnes et structures accessibles à divers niveaux ont été rapprochées en tenant compte de la nature des informations recherchées. C'est donc sur la base de ces critères que les enquêtes ont été menées sur le terrain en vue de la collecte de données. Le tableau n° I présente la composition de l'échantillon d'enquête.

Tableau I: Composition de l'échantillon d'enquête.

Activités principales

Représentation au sein de
l'échantillon

Effectif

Pourcentage

Agriculteurs

10

07,41 %

Artisans (menuiserie, soudure, couture,

coiffure, réparation,)

25

18,52 %

Commerçants (commerce de détail, de moto
d'occasion, d'essence « Kpayo », d'huile de
palme, tissu, maïs, quincaillerie, restauration,)

72

53,34 %

Conducteurs (taxi-moto « zemijan »)

13

09,63 %

Tontiniers

07

05,18 %

Cambistes

04

02,96 %

Employés des IMF en place

04

02,96 %

Total

135

100 %

Source : Auteur, 2008.

Même si les enquêtés ont été pris à tout hasard, leur choix est entouré de

précautions nécessaires en vue d'obtenir un échantillon le plus proche que possible des réalités du milieu. Il faut noter que la commune d'Ifangni est une localité rurale. Dans cette localité, plusieurs activités économiques sont pratiquées et souvent de façon combinée : les activités du secteur primaire, l'artisanat à l'échelle de l'individu ou de l'entreprise de taille variable, le commerce et les services. Le tableau ci-dessous renseigne sur la composition de l'échantillon d'enquête.

2.2 COLLECTE DES DONNEES

Elle regroupe les outils de collecte, la période de l'enquête et le nombre de personnes enquêtées.

2.2.1 Outils de collecte

> Le guide d'entretien

Ce guide a permis de collecter des informations générales et celles spécifiques au fonctionnement, à la répartition spatiale des structures et acteurs financiers dans la commune d'Ifangni. A cet effet, nous avons collecté des informations relatives à la localisation et l'identification de l'institution financière, aux caractéristiques des clients et aux caractéristiques des différents produits financiers offerts aux usagers. L'utilisation de ce guide au cours de l'enquête était nécessaire pour une compréhension plus profonde des informations qu'un questionnaire serait trop rigide pour permettre d'obtenir.

> Le questionnaire

Le questionnaire a constitué la pièce maîtresse de l'enquête de terrain. Nous avons élaboré un questionnaire type en tenant compte des informations manquantes après la recherche documentaire et de quelques aspects spécifiques des pratiques financières dans notre secteur d'étude.

Le questionnaire a surtout permis de collecter des informations spécifiques majeures auprès de la population. Ici, la priorité a été donné aux informations telles

que : les principales caractéristiques de l'enquêté, le recours aux services financiers, l'utilisation et les sources de remboursement du crédit, les pratiques financières en cours dans cet espace géographique.

> L'observation

Elle a occupé une place importante dans le processus de collecte des données. L'observation directe a permis de recenser cinq (5) structures de micro finance formelles et de relever quarante et un (41) postes de change de monnaie informels. Elle a également permis d'apprécier la répartition spatiale des services marchands dans la commune d'Ifangni.

Par contre l'observation indirecte a consisté aux travaux de recherches documentaires. Elle a été effectuée à travers les centres de documentation et les bibliothèques. Les documents consultés varient des rapports et mémoires sur le secteur d'étude aux ouvrages sur le développement local et sur les différentes composantes du secteur financier.

2.2.2 Période et différentes phases des travaux de terrain

Les enquêtes ont été menées entre décembre 2007 et mai 2008 en trois phases :

- la première phase a consisté à recenser d'une part les structures financières formelles dans toute la commune, les cambistes, et d'autre part les tontiniers dans nos secteurs d'enquête. Cette première phase s'est révélée plus difficile que prévue à cause de la prédominance des acteurs financiers informels.

- La deuxième phase a consisté à interroger les usagers et les particuliers financiers pour identifier d'une part, les pratiques financières en cours dans cet espace frontalier, et d'autre part pour analyser l'impact de ces dernières sur la dynamique de l'économie locale. Un questionnaire type est administré à toutes les catégories socio professionnelles. Les entretiens ont permis de collecter des informations au niveau structures financières.

- Au cours de la troisième phase, nous avons effectué un stage à la CLCAM d'Ifangni. Ce stage débuté le 05 mai 2008 a pris fin le 04 juin de la même année. Il a

permis d'apprécier les flux financiers et d'être plus en contact avec les différents acteurs de cette structure.

2.3 TRAITEMENT, ANALYSE DES DONNEES ET LIMITES

2.3.1 Traitement et analyse des données

Le traitement et l'analyse des données ont suivi aussitôt l'étape de la collecte. L'élément ayant servi de support pour le traitement et l'analyse des données est l'outil informatique.

A l'issue des observations, des entretiens et enquêtes, nous avons procédé au dépouillement des informations et des données collectées en séparant et en classant les données selon des variables et des modalités prédéfinies. Dans ce cadre, nous avons utilisé plusieurs logiciels informatiques. Les graphiques et les tableaux ont été réalisés à partir du logiciel Excel. Le logiciel Word a permis de faire la saisie et le traitement des textes. Les cartes ont été réalisées à partir du logiciel MapInfo 8.0. Enfin, la combinaison des analyses quantitatives et qualitatives a permis de donner un sens et une signification à ces chiffres, graphique et tableaux. Les résultats issus de ce traitement ont fait l'objet d'analyse et d'explication.

2.3.2. Les difficultés et limites du travail

Le présent travail a été laborieux dans sa phase de démarrage. La méfiance de certains enquêtés par rapport à un certain point des questionnaires a été l'un des problèmes auxquels nous étions confrontés. La principale insuffisance que l'on pourrait trouver à cette étude serait relative d'une part à la taille de l'échantillon, et d'autre part au fait que les enquêtés n'ont pas voulu répondre à toutes les questions. Les réponses étaient données parfois avec beaucoup de réserves lorsque les personnes enquêtées n'arrivent pas à saisir au premier coup l'objectif de cette étude. Le résultat de cette étude est essentiellement lié au crédit, varié, que les gens accordent à nos propos. Nous avons tenu compte de ces carences dans le traitement et l'analyse des informations.

En dehors de ces insuffisances, des difficultés telles que l'indisponibilité ou le refus catégorique des agents des structures de micro finance, le refus de mettre à disposition les données statistiques ont été rencontrées. Il s'agit des difficultés majeures qui en limitent quelque peu la portée de ce travail. Cela ne permet pas de mieux appréhender la dynamique des services financiers octroyés aux populations. C'est le cas du PADME.

Toutefois, nous avons profité de quelques facilités qu'il convient de mentionner ici. En particulier, nous avons bénéficié de l'assistance de certains amis et parents qui nous ont aidé à briser la chaîne de rétention de l'information dans la commune. Ceux-ci n'ont ménagé aucun effort pour répondre à nos préoccupations.

Conclusion partielle

Au total, l'étude du cadre théorique et méthodologique a permis de cerner le sujet, d'avoir une vue globale de l'opinion scientifique à travers la revue de littérature de quelques auteurs et de faire ressortir l'intérêt de ce sujet de recherche pour la communauté scientifique. Elle a permis d'expliquer la méthode de travail utilisée pour la collecte et l'analyse des données.

 

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D'IFANGNI ET DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE EN PLACE

 
 

Chapitre 3 : COMMUNE D'IFANGNI : UN ESPACE FAVORABLE A
L'IMPLANTATION DES STRUCTURES FINANCIERES

La commune d'Ifangni est située au sud est du Bénin dans le département du Plateau (figure 1). Elle est subdivisée en six arrondissements et quarante et un

villages et quartiers de ville. Elle couvre une superficie de 242 km2.

Avec une population de 71. 606 habitants en 2002 (INSAE/RGPH3), la commune d'Ifangni jouit d'une position géographique favorable au développement des activités économiques. Plusieurs activités économiques sont pratiquées et souvent de façon combinée : les activités du secteur primaire (agriculture et élevage surtout), l'artisanat à l'échelle de l'individu ou de l'entreprise de taille variable, le commerce et les services.

3.1. FACTEURS GEOGRAPHIQUES ET SOCIOCULTURELS

3.1.1. Milieu naturel

La commune d'Ifangni est située sur le rebord sud-est du plateau de PobèSakété. Elle est marquée par une faible altitude dont la moyenne est de 100 m. Elle a un relief peu accidenté entaillé par de petites et moyennes dépressions aux pentes très peu marquées. Les points les plus élevés de ce plateau d'allure monotone, faiblement incliné au sud, apparaissent autour des localités de Gbaojo et de Gbokutu.

Le plateau est dominé à l'est par le cours d'eau igidi (communément appelé Aguidi) qui forme la branche principale recevant de part et d'autre des affluents. Cette vallée est occupée par des forêts marécageuses de palmiers raphia, de joncs, et d'autres essences utiles. Elles sont utilisées pour la production des cultures de contre saison, le maraîchage et l'installation des pépinières d'espèces diversifiées. Tout cet ensemble subit un climat subéquatorial avec deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches.

Figure 1 : Situation administrative de la commune d'Ifangni

On retrouve dans la commune d'Ifangni trois types de sols. On note en outre les sols de bas-fonds ou sols hydromorphes, argileux riches en matières organiques. Ils sont situés dans les zones humides. On note la présence des sols de coloration brun clair à texture sableuse et faciles à travailler; ils se retrouvent dans les dépressions fermées et en bordure des bas-fonds et marécages. Les sols des plateaux ou sols ferralitiques de couleur rouge et à texture sablo-argileux couvrent la presque totalité de la commune. Cette diversité de sols constitue un véritable atout pour les activités agricoles.

Les formations végétales sont constituées de reliques de forêts sacrées, de fourrés arbustifs où dominent l'Elaïs guineensis et graminées. Le système de culture est caractérisé par la pratique de deux saisons culturales annuelles liées au régime de pluies.

En dehors de son importance pour les pratiques agricoles, le milieu naturel constitue un facteur très déterminant dans le développement de la contrebande dans la commune. Elle est limitée à l'est par le prolongement nord de la dépression d'Aguidi. Cette dépression est occupée par d'innombrables chenaux et marigots dont quelques-uns sont navigables.

3. 1. 2. Peuplement et données démographiques

3.1.2.1 Peuplement de la commune d'Ifangni

D'après Tohozin A. Y. (1986), deux courants migratoires sont à la base de la mise en place des groupes socio-culturels rencontrés dans le secteur d'étude objet de ce mémoire. La commune d'Ifangni dans son ensemble est peuplé d'un mélange

complexe d'origine Ajà-Tado et Yoruba.

Le groupe Yoruba composé des Anagonu et Ifonyin, constitue le plus ancien dans la commune d'Ifangni. Les Anagonu se sont installés dans cette région suite aux migrations engendrées par la dislocation des groupes d'Ifå et d'oyo. Quant au Ifonyin, ils ont quitté Idere dans le sud de l'ancien empire d'oyo pour fonder le

royaume d'Ifangni après avoir transité par Kétou entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Mais plus tard, la capitale du royaume d'Ifangni, Ifinyin -Ile sera transférée à Ifinyin -ådo en territoire nigérian en raison des manoeuvres et des abus des colons français. Cette situation a été à l'origine de l'éparpillement des Ifinyin entre la localité d'Ifangni au Bénin et celle de Ifinyin -Tådo au Nigeria. En dehors

des activités agricoles, ces deux sous groupes s'adonnent surtout aux activités commerciales. On les retrouve dans les villages et quartiers frontaliers: Ifangni (Odofin), Igolo, Ita-Soumba, Banigbé,

Le groupe Ajà-Tado numériquement plus important, est composé de Gunnu et de Tilinu en majorité. Les Gunnu qui se sont éparpillés dans la commune y sont

arrivés soit pour mettre en valeur les terres soit pour pratiquer le commerce clandestin des produits pétroliers. L'installation des Goun dans cette région est assez récente. En fait, leur base se trouve à Xigbonu (Porto-Novo).

Les Tilinu qui sont venus du plateau d'Allada se sont installés dans la

palmeraie de Porto-Novo depuis le XIXème siècle sous le règne de Toffa 1er (1874- 1908). Ils ont émigré d'Avrankou et d'Adjarra pour s'installer dans la commune d'Ifangni pour des raisons diverses: recherche de travail, problèmes familiaux, relations familiales difficiles, relations amicales et conjugales. Ils sont en majorité agriculteurs, contrairement aux Yoruba qui sont dans le commerce.

Ce fait explique bien la perméabilité de la frontière artificielle béninonigériane. Même pour maintenir les liens ancestraux, il existe encore aujourd'hui un roi qui représente celui de la partie nigériane au palais d'Ifangni en république du Bénin.

3.1.2.2 Evolution et répartition spatiale de la population

Les données démographiques utilisées sont celles issues des recensements de la population de 1979, de 1992 et de 2002. Ainsi, entre le premier recensement de 1979 et celui de 1992, la population de la commune d'Ifangni est passée de 44 216 habitants à 67 021 habitants, soit un taux d'accroissement intercensitaire de 3,25. Au

troisième recensement de 2002, elle a été évaluée à 71 606 habitants.

De l'analyse de la figure 2 il se révèle que la commune d'Ifangni a connu une évolution démographique différenciée entre 1979 et 1992. De 1992 à 2002, la population de la commune a connu une faible évolution. Le taux d'accroissement intercensitaire entre ces deux recensements est de 0,64 contre 3,25 entre 1979 et 1992 (INSAE). Ainsi la population de la commune est en constante augmentation. Cette croissance de la population s'est accompagnée de l'augmentation du nombre de ménages, soit 12 058 en 1992 et 12 832 en 2002. La densité de la population est de 271 habitants par km2 avec un taux d'exploitation des terres de 80 %. Ce qui témoigne l'importance des activités agricoles et de la réduction croissante des terres cultivables.

Figure 2 : Evolution de la population totale de 1979 à 2002 Source : INSAE : RGPH de1979, 1992 et de 2002.

Par rapport à la répartition spatiale de la population dans la commune d'Ifangni, les arrondissements d'Ifangni et de Banigbé sont les plus peuplés avec une population respective de 20 524 habitants et 16 080 habitants, soit 28,66 % et 22,46 % de la population totale de la commune. Cette situation s'explique surtout par les fonctions économiques et administratives de l'arrondissement d'Ifangni.

L'arrondissement de Daagbé totalise une population de 9.498 habitants soit 13,26 % de la population totale. Les arrondissements de Ko-Koumolou, Lagbè et de Tchaada sont les moins peuplés. Ainsi la population est inégalement répartie dans la commune.

Le tableau II présente l'évolution, la répartition et le taux d'accroissement de la population de la commune entre 1979 et 2002. En dehors des disparités spatiales en ce qui concerne la répartition de la population, le présent tableau montre que la commune d'Ifangni a régulièrement évoluée. De l'analyse de ce tableau, il ressort que la population de l'arrondissement d'Ifangni a connu un accroissement important entre 1979 et 1992 (85 %).

Tableau II : Evolution et répartition spatiale de la population

Arrondissements

Populations

Taux d'accroissement en %

1979

1992

2002

1979-1992

1992-2002

Banigbé

10 143

16 082

16 421

58,55

2,1

Daagbé

6 311

9 498

9 697

50,49

2,1

Ifangni

11 092

20 524

20 959

85,03

2,1

Ko-Koumolou

5 472

9 030

9 222

65,02

2,1

Lagbè

6 656

8 138

9 330

22,26

14,6

Tchaada

4 542

7 286

7 422

60,41

2,8

Source : INSAE : RGPH de1979, de 1992 et de 2002.

3.1.2.3 Structure socio-économique de la population

Selon les données issues du troisième recensement général de la population et l'habitat de 2002, la population d'Ifangni est de 71 606 habitants dont 38 174 femmes et 33 432 hommes avec plus de 70 % de ruraux. La population est dans son ensemble jeune. En effet la tranche d'âge des 0 à 14 ans et celle des 15 ans à 59 ans représentent respectivement 45,74 % et 47,56 % de la population totale.

Par contre celle de 60 ans et plus ne fait que 6,69 %. Cette jeunesse de la population influence largement le dynamisme des activités économiques qui se déroulent dans cette localité.

Les principaux groupes socioculturels qui peuplent la commune d'Ifangni sont les Gunnu (sous groupe des Ajà-Tado) et apparentés qui représentent 64,7% de la population et les Anagonu (sous groupe des Yoruba) et les apparentés qui ne font

que 32,3 %. Cette disparité entre ces groupes socio-culturels reste l'un des particularités de la commune d'Ifangni par rapport aux autres communes du département du Plateau auquel elle appartient administrativement.

3.2 ECONOMIE LOCALE DANS LA COMMUNE D'IFANGNI

L'émergence des espaces frontaliers ou transfrontaliers suscite de nombreuses analyses qui ont cherché à mettre en exergue les mécanismes qui les régissent, leurs modes de fonctionnement, ainsi que leurs fonctionnalités. Leur érection en un lieu entraîne une série de changements dans la perception et les relations à l'espace des sociétés ou groupes humains directement concernés.

Le tracé d'une frontière influence de façon positive ou négative, légère ou accentuée l'organisation de l'espace ou des espaces qui lui sont contiguës. Ainsi, autours des lignes ou zones frontalières naissent et se développent des espaces caractéristiques de la dynamique des frontières. La frontière revêt un aspect multidimensionnel qui lui permet de jouer plusieurs rôles. Cette démultiplication des fonctions et des rôles de la frontière vient du fait qu'elle est un puissant catalyseur d'énergies.

En effet, la frontière a la capacité de faire émerger des pôles d'attraction qui exercent un effet magnétique sur les hommes et sur leurs activités. L'existence d'une frontière ne semble point être un obstacle encore moins un frein qui les empêche de se tourner les unes vers les autres. Cette ouverture a favorisé l'existence de relations plus ou moins intenses dans divers domaines. On les observe également dans les domaines socioculturels et commerciaux. Les échanges commerciaux sont, sans conteste, les plus prépondérants. Ils concernent essentiellement les produits et marchandises, les denrées de première nécessité, des matériels divers: appareils électroniques et électroménagers (Diallo, 2006).

3.2.1. Les activités commerciales

La plupart des travaux scientifiques effectués sur l'espace frontalier béninonigérian dans sa partie méridionale ont montré que la présence des espaces de démarcation entre ces deux États constitue de véritables sources de dynamiques économiques et surtout commerciales (Igué et Soulé, Tohozin).

Les échanges transfrontaliers conditionnent une part importante des activités économiques qui se déroulent dans les localités qu'elles concernent directement et même au-delà. Pour les Etats et les collectivités locales, ils sont une source de recettes même si la plus part du temps « ils reposent sur la fraude » et les activités de contrebande. C'est d'ailleurs ce qui témoigne de la présence de quatre postes de douanes dans la commune d'Ifangni (Gbaojo, Igolo, Gblogblo et Jégu-Nago).

En effet, dans la commune d'Ifangni, le commerce est de loin le secteur qui emploie le plus d'actifs dans la commune d'Ifangni avec 36,41 % de la population active selon les données de l'INSAE. Les activités commerciales concernent la vente des produits agricoles d'une part et des produits manufacturés d'autre part. Mais plus remarquable est le caractère informel de ces activités. Le commerce informel est bien développé dans la commune d'Ifangni.

Si la majorité des hommes, en plus de production végétale et animale s'adonnent aux activités artisanales, les femmes quant à elles s'occupent surtout des activités domestiques et de la commercialisation de la distribution des produits agricoles et manufacturiers. Elles constituent les acteurs de ravitaillement des marchés locaux. L'un des produits le plus porteur dans cet espace est l'huile de palme qui est surtout écoulée sur les marchés nigérians.

3.2.2 Les activités agricoles

Selon les données de l'INSAE, population active exerçant dans ce secteur est de 24,59 %. Mais ce chiffre ne traduit pas la réalité du milieu. Sur les 12 832 ménages que compte la commune d'Ifangni en 2OO2, 5 050 sont des ménages agricoles soit près de 40 % pour une population agricole de 33 350 habitants (INSAE, 2003).

L'agriculture est la principale source de revenu pour les populations rurales.

Elle est essentiellement pratiquée par les hommes. Elle participe à la gestion de l'espace et est au coeur des relations entre les hommes, produits, territoire. Il s'agit d'une agriculture familiale de type extensif caractérisée par des rendements culturaux faibles tributaires des aléas climatiques, de la faible utilisation des techniques modernes de production, mais également de l'exode rurale. A cela s'ajoute l'épineux problème de l'accès au foncier. Les principales cultures sont le maïs, le manioc, l'arachide, la banane, le niébé, le taro, la patate douce et le palmier à huile.

En matière de production végétale, le maïs occupe une place très importante au niveau des céréales. La moyenne de la production en cinq ans représente 15 551 tonnes pour une valeur en F CFA de 1 192 223 006. Cette production est inférieure à celle du manioc qui s'élève à 67 363 tonnes pour une valeur en F CFA de 2 121 918 750. Si la majeure partie des céréales est destinée à l'autoconsommation, il faut noter que le manioc après récolte est transformé en gari et commercialisé sur les marchés locaux et ceux des autres communes limitrophes et du Nigeria.

En dehors de la production végétale, les populations pratiquent l'élevage et la transformation des produits agricole. Les espèces élevées sont les bovins, ovins, caprins, volailles, porcins, lapins et aulacodes. La pratique du petit élevage est très répandue.

La disponibilité de terres cultivables ainsi que des produits forestiers non ligneuses constituent des atouts pour la population. Mais, ils font de nos jours objets d'une de mauvaise gestion.

Il existe une forte population de transformation de produits agricoles. Les principaux produits transformés sont le manioc, le maïs et les noix de palme. Le faible niveau d'équipement des groupements féminins et aussi des transformatrices explique la faiblesse de la qualité de certains produits issus des transformations notamment les dérivés du manioc et du palmier à huile. Cet état de chose limite l'exploitation du potentiel des marchés d'écoulement des produits locaux. Dans les marécages se développent de plus en plus le maraîchage. Ces secteurs constituent des potentialités pouvant servir de base pour l'intervention des structures de micro finance.

Le tableau III montre que le maïs et le manioc restent les cultures les plus dominantes. Au-delà de l'agriculture, l'élevage occupe une place non négligeable dans le revenu des populations.

Tableau III : Moyenne de la production végétale et animale sur cinq ans

 

Production en tonnes et nombre de têtes

Valeur en FCFA

Production
végétale

Maïs

15 551

1 192 223 006

Manioc

67 363

2 121 918 750

Patate douce

590

23 874 750

Niébé

308

60 567 400

Arachide

2 587

540 827 058

Coton

4

676 000

Tomates

214

35 682 333

Production
animale

Bovins

4 300

473 000 000

Ovins

2 000

27 000 000

Caprins

1 1100

147 630 000

Porcins

1 2000

180 000 000

Source : IGUE (dir.), 2001 in Problématique de l'intercommunalité dans le fonctionnement des communes béninoise, p 201.

3.2.3 L'artisanat et les services

Le secteur industriel est quasi absent dans notre secteur d'étude. On y retrouve quelques boulangeries, scieries, et une unité moderne de production de l'huile de palme appartenant à un grand exploitant agricole. Toutefois, il est à noter la présence d'un nombre important de petites unités de transformation des produits agricoles tels que le manioc, les noix de palme. Le faible niveau d'équipement explique la faible qualité de certains produits issus des transformations notamment les dérivés du manioc. La grande partie de ces produits est écoulée sur les marchés locaux et nigérians.

En dehors de la production, de la transformation et de la commercialisation des

produits agricoles, une bonne partie de la population s'adonne aux petits métiers. Les transports et les autres services occupent respectivement 8,71 % et 12,99 %de la population active de la commune d'Ifangni. En effet, le transport constitue un élément très important dans la circulation des biens et des personnes et dans la

structuration de l'espace. Les deux roues communément appelés «zemijan »

constituent le moyen de transport le plus utilisé et une importante source de revenus pour les jeunes enquête d'emploi. La grande partie des acteurs de ce secteur intervient dans la ville de Porto-Novo. On les retrouve également au niveau des parcs automobiles.

3.2.4. Les infrastructures économiques

Le développement des activités économiques, qu'elles soient du secteur informel ou formel, s'appuient toujours sur de bons supports. Les infrastructures de communication et les marchés jouent un rôle primordial dans le développement des échanges dans la commune d'Ifangni.

Les contacts entre les populations seraient impossibles sans l'existence des voies de passage. La route se présente comme l'un des premiers moyens traditionnel de communication entre les hommes. La longueur des principales routes et pistes de desserte dans la commune d'Ifangni est d'environ 200 km, mais la plupart sont en mauvais état.

La figure 3 met en exergue la répartition spatiale des infrastructures économiques dans la commune d'Ifangni. Il s'agit des marchés, des gares routières, des parcs de gros porteurs et de regroupement des véhicules d'occasions. A ces équipements s'ajoutent les pistes dont l'importance dans le développement des activités économiques et surtout du développement local n'est plus à démontrer.

Figure 3 : Structuration spatiale des infrastructures économique dans la
commune d'Ifangni

En analysant la cette figure 3, on observe que cet espace est structuré par des axes de communication et une multitude de pistes secondaires. Le principal axe relie la ville de Porto-Novo à la frontière nigériane à Igolo. C'est l'axe sur laquelle se fait la part la plus importante de la circulation des hommes et des marchandises. Dans un second niveau de hiérarchie, se trouvent des pistes secondaires plus ou moins entretenues. Leur accessibilité est assez facile pour les automobiles en période sèche. En dehors du réseau routier, coexistent dans le marécage, un grand nombre de canaux. Ces canaux jouent un rôle exceptionnel dans le trafic des produits frauduleux.

On dénombre dans cet espace frontalier cinq (5) gares routières situées dans les localités suivantes : Kétoukpè, Banigbé, Ayétèdjou, Ifangni et Igolo. Elles permettent d'organiser le trafic des biens et des personnes par les véhicules et les

«zemijan ». Le développement des activités de transit ont favorisé l'installation des

parcs de gros porteur et des véhicules d'occasion communément appelés «Venus de France».

Le marché est le lieu où s'effectue l'essentiel des échanges commerciaux. C'est là que les produits sont échangés contre l'argent liquide et converti en biens et services de production et de commercialisation. Les échanges commerciaux constituent des éléments fondamentaux de l'organisation de l'espace. En effet, l'installation des activités marchandes suit un principe de rentabilisation qui pousse les acteurs de ces initiatives à implanter dans des espaces susceptibles de garantir une fréquentation importante. Les marchés sont les lieux par excellence des échanges frontaliers.

Les enquêtes ont permis de recenser sept (7) marchés répartis dans cinq (5) arrondissements. Ils jouent un rôle primordial dans la collecte et la distribution des produits agricoles d'une part, des produits manufacturiers d'autre part. En dehors du marché d'Ifangni qui est le plus grand et qui s'anime le plus, les marchés de Kitigbo et de Kétoukpè (photo n° 1) suivent par l'ampleur de leur fréquentation. Du point de vue localisation spatiale, ces marchés sont implantés au niveau des axes de communication. La présence de ces infrastructures favorise le développement des

activités économiques.

Photo 1 : Le marché de Kétoukpè en pleine animation. Cliché : ASSOGBA G., mai 2008.

3.3. LES SERVICES SOCIO-COMMUNAUTAIRES DE BASE

La commune d'Ifangni dispose de quelques équipements administratifs et socio-communautaires qui témoignent le souci de l'Etat d'améliorer la situation socio-économique des populations et de favoriser le minimum de conditions nécessaires au trafic frontalier. Il s'agit des locaux abritant les bureaux de la mairie, du CCPA, d'une brigade territoriale, d'une recette perception, d'un bureau local des postes et des télécommunications, d'une division de la SBEE et de la Soneb, des postes de la douane et de la police frontalière, des écoles, collèges et centres de santé.

Selon le Rapport de mise en cohérence des indicateurs du plan de développement communal avec ceux des OMD et du DSCRP, la situation scolaire de la commune d'Ifangni se caractérise par une faible couverture en infrastructures scolaires. L'effectif moyen d'élèves par classe est de 50 élèves, 38 % des salles de classes sont en matériaux précaires ou délabrés. Le déficit en enseignants qualifiés demeure un problème crucial, 60 % des enseignants sont des communautaires ou des contractuels.

Le réseau d'adduction d'eau de la Soneb qui compte 240 abonnés en 2007,

deux adductions d'eau villageoise et 121 points d'eau approvisionnent les populations de la commune d'Ifangni en eau potable. Toutefois la couverture en eau potable de la commune reste moins de 50 %. La couverture électrique est encore très faible et moins de la moitié des villages (15 sur 41 soit 36 %) sont desservis par le réseau de la SBEE.

La couverture des infrastructures sanitaires est acceptable. Tous les arrondissements disposent de centre de santé. A tout cela s'ajoute le centre communal de santé, les centres de santé de Doké, d'Ita-Soumba, d'Iguillanhoun et de Djégou-Djèdje. Mais malgré toutes ces performances, le taux de fréquentation des centres de santé reste faible (33,69 % en 2005 et 32,57 % en 2006). Ceci s'explique par le fait que certains villages sont très éloignés des centres de santé et que la médecine traditionnelle et l'automédication sont très développées.

Conclusion partielle

De tout ce qui précède, il ressort que la commune d'Ifangni est un cadre géographique favorable au développement des structures financières. Après la détermination des facteurs qui impulsent le développement local dans la commune d'Ifangni, il convient de s'intéresser à la typologie, au fonctionnement et à l'organisation spatiale des structures et acteurs financiers en place.

Chapitre 4 : INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE EN PLACE :
TYPOLOGIE ET ORGANISATION SPATIALE

En tenant compte du statut, on peut noter que le secteur financier local est constitué de structures et d'acteurs financiers formels et informels. Les structures financières sont regroupées en trois grandes catégories : les institutions de micro finance, les systèmes de tontines, les marchés de change (cambistes). La première fait partie des structures formelles car elles sont régies par des lois.

Le principal intérêt de ce sous chapitre a été de faire l'état de lieu des structures financières en place.

4.1 DIVERSITE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE

4.1.1. Cadre juridique d'intervention

Longtemps, les institutions de micro finance ou systèmes de financement décentralisés avaient évolué dans un vide juridique, organisationnel et institutionnel caractérisé, entre autres, par l'absence d'une réglementation appropriée, d'une structure de suivi et de contrôle, d'un cadre politique référentiel pour l'organisation du secteur.

En matière financière et bancaire, les huit (08) pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) appliquent une réglementation communautaire dont l'objectif est d'assurer la solvabilité, la liquidité et l'équilibre de la structure financière des acteurs du système financier. Ainsi, à l'instar des autres pays de l'UEMOA, le Bénin s'est doté d'un cadre juridique de la micro finance à travers la loi 97-027 du 08 août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit (loi PAMERC). Cette loi s'inspire fortement de la loi bancaire n° 90-018 du 27 juillet 1990 qui régit les banques et établissements financiers dans l'espace UEMOA. Après ratification par

le Bénin, elle a été complétée par le décret d'application n° 98-60 du 09 février 1998. Cette loi couvre essentiellement les institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit. Elle détermine les conditions d'exercice des activités, les modalités de reconnaissance de ces structures ou organisations, les règles de leur fonctionnement et les modalités de leur contrôle. Mais elle place les associations non mutualistes ou non coopératives sous le régime de conventions spécifiques transitoires à signer avec le Ministère des Finances.

Les systèmes de financement décentralisés sont tenus de solliciter auprès de la Cellule de micro finance leur agrément (ou autorisation d'exercice) et leur inscription avant d'exercer leurs activités.

La nomenclature choisie dans le cadre du présent travail vise simplement à donner une cohérence à la classification des institutions de micro finance. Elle est par conséquent très simplifiée et ne distingue que les structures mutualistes des structures non mutualistes. Il s'agit de spécifier le plus précisément possible le statut et le mode de financement de chacune de ces structures permettant d'appréhender leurs principes de fonctionnement.

4.1.2 Les institutions de micro finance formelles

Selon la Cellule de Micro finance du Ministère des Finance et de l'Economie d'alors, les IMF peuvent être classées en cinq catégories : les Mutuelles et Coopératives d'Epargne et de Crédit, les Associations et ONG à volet Micro finance, les Sociétés, les Projets à volet Micro finance et les Groupements d'Epargne et de Crédit. Le tableau IV présente la répartition des IMF dans le département du Plateau et dans la commune d'Ifangni par catégorie en 2005.

L'analyse du tableau IV révèle d'une part que les Groupements d'Epargne et de Crédit (GEC) représentent 50 % des IMF intervenant dans la commune d'Ifangni contre 46,15 % pour tout le département du Plateau. D'autre part, les Mutuelles et coopératives d'épargne et de Crédit moins dominantes que les groupements, représentent 40 % et 32,21 % respectivement pour la commune d'Ifangni et pour le département du Plateau.

De cette analyse, il ressort que les groupements d'épargne et de crédit restent les structures les plus représentatives tant dans le département du Plateau que dans la commune d'Ifangni. Mais lors de nos travaux de terrain, nous n'avons pas retrouvé d'ONG à volet micro finance en activité.

Tableau IV : Répartitions des IMF par catégorie

Catégorie d'institution

IFANGNI

PLATEAU

Nombre structures

%

Nombre structures

%

Mutuelles et coopératives

d'épargne et de Crédit

04

40

21

32,31

Associations et ONG

01

10

11

16,92

Sociétés

00

00

00

00

Projets gouvernementaux à volet à micro finance

00

00

03

04,62

Groupement d'Epargne et de

Crédit

05

50

30

46,15

Total

10

100

65

100

Source : Cellule de Micro finance, Ministère des Finances et de l'Economie, 2005.

Le tableau ci-dessous est un tableau comparatif du taux de couverture des institutions de micro finance dans les communes du Plateau et celle de Porto-Novo. Ce taux est le rapport entre le nombre d'institutions de micro finance présentes et l'effectif total de la population de la commune en 2002.

D'une façon générale, il faut noter que le taux de couverture des IMF formelles reste largement faible. Le tableau V montre que dans le département du Plateau, la commune de Kétou a un taux de couverture d'IMF le plus élevé soit 0,023 8 % contre 0,0070 % pour la commune de Sakété, 0,0 139 % pour la commune d'Ifangni.

Tableau V : Comparaison des taux de couverture des IMF par habitant dans les Communes du Plateau et la ville de Porto-

Novo

Catégorie d'institutions

Adja-Ouèrè

Ifangni

Kétou

Pobè

Sakété

Porto-Novo

Nbre

T.C.

%

Nbre

T.C.

%

Nbre

T.C.

%

Nbre

T.C.

%

Nbre

T.C.

%

Nbre

T.C.

%

Mutuelles et COOPEC

02

0,0024

04

0,0055

11

0,0109

02

0,0024

02

0,0028

06

0,0040

Associations et ONG

00

00

01

0,0013

03

0,0029

07

0,0084

00

00

14

0,0093

Sociétés

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

02

0,0013

Projets à volet à micro finance

02

0,0024

00

00

00

00

01

0,0012

00

00

02

0,0013

GEC

09

0,0110

05

0,0070

10

0,0100

03

0,0036

3

0,0042

05

0,0033

Total

13

0,0159

10

0,0139

24

0,0238

13

0,0156

05

0,0070

29

0,019

Source : Cellule de Micro finance, Ministère des Finances et de l'Economie, 2005
Nbre =Nombre ; T.C.= Taux de couverture

4.1.2.1 Structures mutualistes

Les modalités de fonctionnement des structures de micro finance mutualistes s'inspirent très largement des systèmes de tontines : les tontines traditionnelles et les banquiers ambulants (Martinez, 2003).

Le fonctionnement peut reposer sur une base mutualiste consistant à collecter l'épargne des individus avant de la redistribuer sous forme de crédits. Ces choix de fonctionnement visent en premier lieu à attirer un maximum de populations vers le circuit formel. Les organes de fonctionnement sont le Conseil d'Administration, le Comité de Crédit, le Conseil de Surveillance. Ils émanent de l'Assemblée Générale et s'y rapportent. Ils assurent l'orientation la direction et le contrôle de la structure.

De plus les organismes de micro finance mutualistes espèrent viabiliser leur situation, en s'assurant notamment de bons taux de remboursements, car ils proposent des services plus ou moins familiers aux personnes déjà intégrées à une ou plusieurs structures financières informelles. "Ces techniques reposent sur une bonne connaissance des mécanismes sociaux. Une idée est que la pression sociale peut remplacer la garantie matérielle, pour garantir un bon remboursement des prêts ; par exemple, dans des groupes de cautions solidaires, chaque emprunteur se porte garant pour les autres emprunteurs de son groupe, et si l'un ne rembourse pas, il le fera à sa place". Martinez (2003 : p 30)

Dans la commune d'Ifangni, il existe deux structures de micro finance formelles mutualistes : la CLCAM et les CREP.

> La CLCAM

La CLCAM d'Ifangni est une association coopérative de droit privé à personnes et capital variables. Située dans l'arrondissement d'Ifangni Centre (quartier Odofin) non loin du marché d'Ifangni. Elle est actuellement régie par la loi n°97-027 du 08 août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit au Bénin. Elle a été créée le 06 août 1996 suite à une assemblée générale constitutive. Son mode de fonctionnement est interne. En effet l'épargne collectée constitue la principale source qui alimente la distribution

des crédits. Sa gestion est assurée par un conseil d'administration composé de sept (07) membres sociétaires, un comité de crédit de trois (03) membres et un conseil de surveillance de trois (03) membres également. Ces organes de gestion et de contrôle sont appuyés par une équipe technique composée de cinq (05) salariés exerçant sous la responsabilité d'un Gérant. A la date du 31 décembre 2007, ses dépôts s'élèvent à 197 982 596 FCFA et un capital social à 16 640 000 FCFA pour 2 881 sociétaires. Son portefeuille de prêts, y compris les crédits en souffrance et les créances rattachées, est évalué à 120 133 170 FCFA pour 437 sociétaires emprunteurs.

> Les CREP

Il existe dans la commune d'Ifangni deux caisses rurales de crédits et d'épargnes en activité. Il s'agit de la CREP Féminine de Banigbé et de la CREP d'Igolo. Ces caisses rurales d'épargne et de crédit ont été mises en place en 1998. D'après le CCPA de la commune d'Ifangni, on dénombre respectivement au niveau de la CREP d'Igolo 556 sociétaires dont 427 hommes et 129 femmes répartis dans toute la commune. Quant à la CREP de Banigbé (photo n°2), le nombre de sociétaires était évalué à 200 uniquement des femmes. A la différence de la CREP d'Igolo, la majorité des sociétaires de la CREP de Banigbé se trouve dans les villages alentours.

Photo n°2 : Enseigne de la CREP de Banigbé. Cliché : ASSOGBA G., octobre 2008.

La particularité de ces caisses est qu'elles sont créées avec la collaboration des organisations paysannes. Ainsi, la population cible de ces différentes caisses d'épargne et de prêts est composée d'agriculteurs individuels, de groupements villageois de producteurs agricoles ou d'éleveurs, les groupements de femmes.

4.1.2.2 Les structures non mutualistes

Parmi les structures de micro finance dont le fonctionnement ne se repose pas sur une base mutualiste, on distingue le PADME et le PAPME. Leur mode de fonctionnement repose sur une base non mutualiste nécessitant un financement des crédits sur fonds propres ou par le biais de fonds externes à l'organisme. Ces structures offrent des services de crédit sans une épargne au préalable. Cette situation est à la base de la dynamique financière que connaissent ces IMF.

> Le PADME

L'agence mère du PADME qui couvre les départements de l'Ouémé et du Plateau est située dans la ville de Porto-Novo. Le bureau d'Ifangni est un guichet qui dépend de l'agence de Porto-Novo. D'après les informations obtenues auprès des clients des cette structure, le guichet d'Ifangni est créé en 2003. L'objectif visé est de se rapprocher beaucoup plus des ces usagers se trouvant dans cette localité. Le PADME propose différents services financiers exclusivement liés aux microcrédits (individuels ou de groupe). Les montants octroyés varient de 20.000 FCFA à 10.000.000 FCFA pour les crédits individuels et de 20.000 FCFA à 5.000.000 FCFA pour les crédits de groupe.

La différence entre ces deux formes de crédit se situe au niveau de la garantie. En effet, le micro crédit individuel est accordé aux personnes physiques ou morales ayant une activité génératrice de revenus et qui apportent des garanties réelles. Le micro crédit de groupe ou solidaire est accordé au groupement de cinq (5) personnes au minimum avec pour garantie la caution solidaire des membres. C'est une association dont le mode de financement est externe et dont les principaux bailleurs sont l'Etat, la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) et l'AFD

(Association Française de Développement).

> Le PAPME

Le seul bureau de cette structure dans le département du Plateau se trouve dans la ville de Pobè. Le guichet d'Ifangni se trouve dans l'arrondissement de Tchaada. Selon le chargé des crédits, cette implantation s'explique par le fait que la majorité des dossiers provient des arrondissements de Tchaada, Banigbé, Daagbé, KoKoumolou et surtout d'Igolo.

Le PAPME propose des services de crédit individuel ou de groupe au même titre que le PADME. Il reçoit en moyenne quinze (15) dossiers par mois. En septembre 2007, le volume de crédit est de 62 507 937 FCFA pour 147 bénéficiaires. Son mode de financement est externe par le biais de prêts bancaires et de bailleurs tels que la Banque.

4.2. LE SECTEUR FINANCIER INFORMEL

Le secteur financier informel englobe l'ensemble des transactions financières qui s'effectuent en dehors des réglementations imposées à l'activité du secteur financier formel en matière de taux d'intérêt et d'allocation, du crédit, de réserves obligatoires et d'autres mesures analogues (Mayoukou, 1993).

On peut caractériser le secteur informel par la souplesse des opérations et des conditions de prêt, ce qui lui confère un certain nombre d'avantages comparatifs économiques sur le secteur financier formel. Comme composantes de ce secteur nous avons identifié deux pratiques financières : les systèmes de tontines et les activités de change monnaie. Loin d'être une présentation exhaustive de ces acteurs financiers, ce sous chapitre met en exergue les différents acteurs qui y interviennent et leurs modes de fonctionnement

4.2.1 Les systèmes de tontine

Longtemps ignorées, ces pratiques tontinières existent pourtant depuis des décennies, et elles constituent un réservoir d'épargne important pour les pays en

développement. Ces tontines se caractérisent par des relations personnelles très étroites entre les membres, et leurs mécanismes sont d'une réelle originalité et d'une grande souplesse. Elles se sont développées, ont évolué pour s'adapter à leur environnement et leur rôle est d'autant plus important aujourd'hui qu'elles semblent avoir réussi là où les banques ont échoué, à savoir mobiliser l'épargne domestique.

Les systèmes de tontine sont très répandus dans notre secteur d'étude. Selon Mayoukou (1993) cité par Guèdègbé (2005 : p 24) "les tontines sont des associations regroupant les membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des particuliers qui décident de mettre en commun des biens ou services au bénéfice de tout un chacun et cela à tout de rôle". On parle souvent d'A.R.E.C., c'est-à-dire "associations rotatives d'épargne et de crédit".

De cette définition il ressort que les tontines sont largement une inspiration découlant des habitudes communautaires, parties intégrantes de la société traditionnelle, et sont des structures d'entraide qui interviennent dans les aspects de la vie sociale et économique. D'après les informations recueillies lors de nos enquêtes de terrain, on peut classer les tontines en deux catégories : les tontines mutuelles et les tontines commerciales.

4.2.1.1 Les groupes de tontine mutuelle

La tontine mutuelle peut se définir comme une « association de personnes qui, unies par des liens familiaux, d'amitiés, de profession, de clan ou de région, se retrouvent à des périodes d'intervalles plus ou moins variables afin de mettre en commun leur épargne, cette dernière profitant à tour de rôle à chacun des membres du groupe ». Lelart (1990), Mayoukou (1993) et Igue (1999)

En effet, même si l'appellation de tontinier est très fréquente au Bénin en ce qui concerne les banquiers ambulants, elle ne doit pas masquer le caractère individuel et rémunérateur de cette activité économique. Les personnes qui participent à une tontine mutuelle tirent un bénéfice de leur appartenance au groupe à tour de rôle, mais celui-ci ne comporte pas de coût financier puisque chacun est censé percevoir

autant qu'il a versé. Il en résulte au sein de ces groupements une dimension sociale particulière. C'est cette dimension qui est selon Martinez (2003 :), "un vecteur de sociabilité dans des espaces progressivement marqués par l'individualisme".

La confiance que s'accordent entre eux les membres d'une tontine demeure le facteur prédominant pour son bon fonctionnement. Ce dernier repose sur une base contractuelle et nécessite un respect mutuel des modalités de versement par chacun des membres afin qu'aucun d'eux ne puissent être lésé. La connaissance mutuelle des membres d'une tontine est le second facteur important car elle influe sur le paramètre confiance. Selon les espaces géographiques et les environnements sociaux qui y existent, les liens et relations qu'entretiennent les individus appartenant à une tontine sont variables.

Les tontines mutuelles se constituent en groupe de commerçants, d'artisans ou entre amis avec une prédominance de tontine au sein des confessions religieuses. Le principe général de fonctionnement est identique d'une tontine mutuelle à l'autre. Seules les modalités de participation diffèrent : la fréquence à laquelle se retrouvent les membres d'un groupe, la détermination de l'ordre de perception des levées et la fixation du montant que chacun doit verser.

La fréquence de regroupement est le plus souvent hebdomadaire parfois bihebdomadaire et moins couramment mensuelle. L'ordre des levées est soit établi en fonction des besoins de chaque membre soit par un tirage au sort. La première solution semble privilégiée. Le tableau ci-dessus présente les différentes tontines rencontrées sur le terrain selon les fréquences et le montant le plus élevés des cotisations. Sur les vingt huit (28) tontines renseignées, 42,9 % se regroupent tous les sept (7) jours et surtout dans les week-ends contre 28,56 % tous les cinq (5) jours qui n'est rien d'autre que la périodicité d'animation des marchés locaux. Les montants élevés de mise qui varient entre 100F et 500F représentent 32,13 %.

Tableau VI : Répartition des tontines selon le montant élevé et la fréquence des cotisations

Fréquence des cotisations

Montants élevés de cotisations

Tous les 5 jours

Tous les 7j ours

Tous les 15

jours

Tous les1 mois

Total

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

[100 f-500 f [

03

11

06

21,4

01

03,57

00

00

10

32,13

[500 f-1000 f [

03

11

03

10,71

01

03,57

00

00

07

24,99

[1000 f -1500 f [

02

07,1

01

03,57

01

03,57

00

00

04

14,28

[1500 f -2000 f [

00

00

01

03,57

01

03,57

00

00

02

07,14

[2000 f -2500 f [

00

00

01

03,57

01

03,57

01

03,57

03

10,72

2500 f et plus

00

00

00

00

00

00

02

07,14

02

07,14

Total

8

28,56

12

42,9

05

17,86

03

10,71

28

100

Sources : Enquête de terrain, janvier 2008

Nbre = Nombre

La fixation du montant à verser est quant à elle fortement variable. Elle dépend de l'origine sociale et des objectifs que se fixent les membres de la tontine. Ce système rend l'intégration plus accessible et mieux adaptée aux besoins et capacité de chacun. On peut noter que la durée de vie d'une tontine est également un paramètre préétabli par le groupe. Elle ne s'échelonne généralement pas sur plus d'une année mais peut être reconduite si son fonctionnement est jugé satisfaisant par l'ensemble des adhérents. La fin de cycle d'une tontine donne lieu, dans la plupart des cas, à une cérémonie de clôture qui se traduit par une fête à laquelle tous les adhérents sont conviés. Ces fêtes illustrent bien la sociabilité qui existe au sein de ces groupements.

4.2.1.2 La tontine commerciale

A la différence des groupes de tontine mutuelle, la tontines commerciale émane d'une initiative individuelle. L'adhésion à une tontine commerciale s'accompagne d'un intérêt. Mais cet intérêt est un intérêt négatif puisque c'est le client qui le paye pour que son argent soit en sécurité. La créance est matérialisée par la carte, émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client et dont il coche une case à chaque

versement. Elle est un titre de créance dont la validité a déjà été reconnue en justice.

La dette du tontinier et la créance de ses clients progressent parallèlement jusqu'au remboursement. L'accumulation est temporaire, mais elle est régulière car les versements s'échelonnent selon un échéancier prévu d'avance. Ainsi, la détermination de la valeur de ces créances et de ces dettes est plus facile car très souvent, les clients qui viennent d'être remboursés reprennent aussitôt leurs versements. Lors des enquêtes de terrains, on a pu identifier dans l'arrondissement de Daagbé trois (03) tontiniers ambulants dont deux sont en activité et 02 (deux) dans l'arrondissement Banigbé.

4.2.2 Autres acteurs financiers en place : les cambistes

La commune d'Ifangni à l'instar des localités telles que Porto-Novo, Cotonou et Klaké dans la partie méridionale du Bénin, est un pôle important en ce qui concerne les activités de change. Elles sont assurées par des hommes et des femmes communément appelés les cambistes ou monnayeurs. Selon Igué et Soulé (1992), ce marché, c'est-à-dire le change de monnaie est particulièrement dynamique entre le Bénin et le Nigeria et son fonctionnement favorise une bonne circulation du naira sur le marché béninois. Le tableau VII présente la répartition des cambistes dans nos secteurs d'enquêtes selon le sexe. De son analyse, il ressort que les femmes occupent une place importante dans les activités de change de monnaies dans la commune d'Ifangni.

Ils favorisent la convertibilité du naïra et jouent un rôle important dans les transactions financières. En absence de toutes statistiques, il est difficile d'évaluer le flux de financiers de ces acteurs. Les acteurs économiques qui interviennent dans les activités de change dans la commune d'Ifangni sont nombreux et d'origine diverse. Ils proviennent de différents groupes socioculturels. Dans ces deux quartiers de l'arrondissement d'Ifangni, on dénombre respectivement 17 et 13 bureaux. Cela est surtout dû à la proximité de la frontière qui constitue un facteur de dynamisme des flux de marchandises et des personnes dans ces localités limitrophes au Nigeria.

Tableau VII: Répartition des cambistes rencontrés dans la commune d'Ifangni

Marchés de
change

Nombre de
postes

Nombre d'acteurs

Hommes

Femmes

Total

Kétoukpè

2

1

3

4

Tchaada

5

0

9

9

Banigbé

4

1

6

7

Ayétèdjou

13

5

16

21

Igolo

17

3

22

25

Total

41

10

56

66

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

4.3 ORGANISATION SPATIALE DES STRUCTURES ET ACTEURS
FINANCIERS

La localisation des acteurs financiers dans la commune d'Ifangni est moins signifiante dans l'espace. Il apparaît que l'installation de ces acteurs financiers se justifie par la possibilité d'avoir une fréquentation. Ainsi, ces différents acteurs financiers se sont-ils implantés dans des espaces susceptibles de garantir une fréquentation importante.

La figure illustre la répartition spatiale des structures financières dans la commune d'Ifangni. Elle est établie grâce aux observations de terrain. Cette figure montre que la majorité des institutions de micro finance sont implantées au niveau de l'arrondissement d'Ifangni. Les institutions de micro finance tels PADME et la CLCAM, la CREP mixte se trouvent dans cette localité.

Au niveau de la commune d'Ifangni, la taille de la population varie d'un arrondissement à un autre. Il en est de même pour la répartition des institutions de micro finance. A cet effet, la figure 4 est une représentation expressive du phénomène.

Figure 4 : Taille de la population par arrondissement et répartition spatiale des structures et acteurs financiers dans la commune d'Ifangni.

En effet, la mise en place de la frontière entre le Bénin et le Nigeria constitue un élément très important dans l'évolution des pratiques financières relatives au change des monnaies. Il s'agit d'une catégorie de commerçants présents dans les espaces frontaliers et transfrontaliers mais aussi au niveau des grandes villes (Cotonou, Porto-Novo et Parakou).

Dans la commune d'Ifangni, nous avons pu y noter la présence de cinq principales places où les cambistes se sont installés. Les gares routières sont les points stratégiques de regroupement pour les cambistes. Elles sont des lieux de départs et d'arrivées pour un certain nombre de commerçants. Les cambistes sont fortement concentrés dans les quartiers d'Igolo et d'Ayétèdjou. La photo n° 3 montre les hangars qu'occupent les cambistes à Ayétèdjou.

Photo n°3 : Les hangars du marché de change d'Ayétèdjou. Cliché : ASSOGBA G.,

mai 2008.

Conclusion partielle

La dynamique des activités économiques constitue l'un des facteurs de la diversité de ces structures dans cet espace. On retient également que la commune

d'Ifangni, bénéficie d'un environnement favorable aux activités financières avec une variété de structures et d'acteurs financiers. Les institutions de micro finance, bien qu'étant minoritaires jouent un rôle important dans le développement des activités économiques et sociales des populations à la base.

TROISIEME PARTIE : INSTITUTIONS DE MICRO FINACE ET
DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFAGNI

Chapitre 5 : DYNAMIQUES DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE
DANS LA COMMUNE D'IFANGNI

La diversité des institutions de micro finance dans la commune d'Ifangni constitue un grand atout pour le développement des initiatives individuelles et collectives des populations. L'accès aux structures financières en présence constitue un facteur qui explique la nature des pratiques financières en cours dans un espace géographique. A travers ce chapitre, l'accent est mis sur les dynamiques et pratiques financières en cours dans la commune d'Ifangni.

5.1 PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE : CAS DE
LA CLCAM - IFANGNI

La CLCAM d'Ifangni fait partie des structures financières qui concourent au financement des initiatives des populations. Elle offre des services de la micro finance (épargne et crédit) aux différentes couches de la population. La CLCAM est une structure financière mutualiste. Elle collecte au sein de la population l'épargne en permettant l'ouverture des comptes. On distingue : le compte sur livret et le compte courante. Elle permet aux artisans, aux groupements de producteurs agricoles et de femmes, aux directeurs des établissements d'enseignement et autre personnes physiques et morale de domicilier les subventions. Ces différents types de dépôts constituent une partie des ressources transformées en crédit. Les différents types de crédits sont : le tout petit crédit aux femmes, le crédit à court terme, le crédit à court terme allongé, le crédit à moyen terme, le crédit virage marché.

5.1.1 Etat des activités financière de la CLCAM

Selon les données obtenues au près de cette caisse, les dépôts et les crédits sont en pleine évolution ces deux dernières années avec une augmentation respective de 9 % et 35 % au 31 décembre 2007. La figure 5 présente les grandes tendances de l'évolution de cette caisse. Entre 2004 et 2007, les opérations de dépôts au niveau de

la CLCAM sont en pleine croissance. Par contre entre 2004 et 2006, le volume de crédits octroyés a chuté. Cette situation s'explique par les crises internes de la caisse au cours de cette période. En effet, compte tenu des impayés enregistrés en 2004, le conseil de crédit avait décidé de réduire considérablement les déboursements, ce qui a engendré la chute du volume de crédits octroyés.

Source : CLCAM Ifangni, 2008.

Figure 5 : Evolution des dépôts et des crédits de 2004 à 2007

La figure 6 relative à l'évolution des opérations courantes (ouverture de compte, sociétariat, de demande de crédit, distribution de crédits) selon le sexe permet de noter qu'il existe des disparités au niveau des montants épargnés selon le sexe. La remarque faite est que les femmes sont plus représentées que les hommes et les personnes morales au sein des sociétaires de la caisse. Ce qui explique la première place qu'elles occupent par rapport à l'opération de dépôt au niveau de la caisse. Mais bien qu'étant majoritaires au sein de la caisse, elles représentent une faible proportion de bénéficiaire de crédit.

Source : CLCAM Ifangni, 2008.

Figure 6 : Evolution des opérations courantes de la CLCAM d'Ifangni selon les effectifs en 2007

La figure 7 met en exergue l'évolution des opérations courantes selon le volume des montants par sexe. A l'opposé de la figure n° 6 relative à l'évolution des opérations courantes (ouverture de compte, sociétariat, de demande de crédit, distribution de crédits) selon le sexe, la figure 7 montre qu'en matière de volume de fond ce sont les hommes qui occupent la première place. Ainsi, A la CLCAM, les hommes épargnent et obtiennent plus de crédits que les femmes. Ces différents éléments montrent l'importance de cette caisse dans les transactions financières dans la commune d'Ifangni.

Selon les informations obtenues auprès des acteurs du guichet de PADME d'Ifangni, cette structure de micro finance enregistre un fort taux de bénéficiaires de crédits. Les crédits sont octroyés sans l'exigence d'une ouverture de compte épargne préalable contrairement à la CLCAM et les CREP. Ces dernières exigent avant l'octroi du crédit une ouverture de compte d'épargne.

Source : CLCAM Ifangni, 2008.

Figure 7 : Evolution des opérations courantes selon le volume financier en 2007

5.1.2. Caractéristiques des clients des IMF en place

Les usagers des institutions de micro finance intervenant dans la commune d'Ifangni, sont répartis dans les trois secteurs d'activités de l'économie. Le tableau VIII présente la répartition des adhérents de la CLCAM Ifangni en 2007 selon le type d'activité. Mais de tous les usagers, on note la prépondérance du secteur tertiaire qui représente près de 80,41 %.

Tableau VIII : Répartitions selon les professions déclarées des sociétaires de la
CLCAM d'Ifangni en 2007

Secteurs d'activités

Professions
déclarées

Effectifs

Pourcentages

Primaire

Agriculteurs

10

05,15 %

Secondaire

Artisanat de
production

28

14,43 %

Tertiaire

Commerçants
et services
marchands

156

80,41 %

Total

194

100,00%

Source : CLCAM Ifangni, 2008.

D'après la figure 8, la moyenne d'âge des bénéficiaires de crédit est de 39 ans. La classe d'âge la plus représentée est celle comprise entre 25 et 35 ans soit 35 %, suivie de celle comprise entre 35 et 45 ans soit 29 %. Ces deux tranches d'âge représentent plus de 60% de la clientèle totale. La classe d'âge des 18 et 25 ans est moins représentée (10%).

Figure 9 : Aire d'attraction des institutions de micro finance

5.2 PRATIQUES FINANCIERES EN COURS

Les pratiques financières sont cernées à partir du recours aux différentes structures financières. Les analyses ont porté sur les systèmes de micro financement que sont les tontines et les IMF.

5.2.1 Dominance des pratiques communautaires

La commune d'Ifangni est marquée par une nette prédominance du secteur officieux. Instrument d'épargne, système de crédit, rassemblement d'amis pour des échanges d'idées, clubs de rencontres, réseau d'influence sociale, lieu de partage des joies familiales, groupe de soutien pour les moments difficiles et notamment pour les deuils, la tontine est tout cela à la fois. En fait, chaque membre y trouve des avantages qui lui sont propres. On peut signaler tout de même que pour les jeunes, la tontine est d'abord un instrument économique, alors que pour les plus anciens, elle permet avant tout la solidarité collective. Le tableau ci-dessous nous renseigne sur le recours au système de tontine.

Tableau IX: Accès aux tontines selon le sexe

 

Hommes

Femmes

Total

Faites-vous la

tontine ?

Effectifs

%

Effectif s

%

Effectifs

%

Oui

38

80,85

66

90,41

104

86,67

Non

09

19,15

07

09,59

16

13,33

Total

47

100

73

100

120

100

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

De l'analyse de ce tableau, il ressort que 86,67% des personnes enquêtées font recourt aux systèmes de tontines dont 90,4 1% des femmes contre 80,85% des hommes sur l'effectif total des usagers enquêtés. Cette situation s'explique par le fait que les systèmes de tontines constituent les formes d'épargne les plus accessibles à la population en milieu rural. Elles sont des initiatives socioculturelles basées sur la confiance et qui trouvent leur développement dans un cadre géographique où règne une pauvreté accrue.

La figure ci-dessous présente les différentes formes de tontine dont les populations ont recours dans cet espace géographique. Ainsi, la forme de tontine cumulative représente 43 % contre 37 % et 20 % pour les tontines rotatives et commerciales. Notons tout de même que les tontines cumulative et rotative sont des formes de tontines mutuelles ou traditionnelles.

Elles sont très répandues dans les milieux ruraux. Elles permettent de répondre à des besoins primaires, familiaux. Le succès de ces tontines repose sur le principe de la stricte égalité, la confiance et le contrôle non hiérarchique.

Tableau X : Répartition des enquêtés selon le montant maximum versé

 

Hommes

Femmes

Total

Montant

Effectifs

Fréquence

Effectifs

Fréquence

Effectifs

Fréquence

[200-1000[

3

7,89 %

31

46,97 %

34

32,69 %

[1000-2000[

9

23,68 %

16

24,24 %

25

24,04 %

[2000-3000[

10

26,32 %

13

19,70 %

23

22,12 %

[3000-4000[

5

13,16 %

4

6,06 %

9

8,65 %

[5000 et + [

11

28,95 %

2

3,03 %

13

12,50 %

Total

38

100,00 %

66

100,00 %

104

100,00 %

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Les personnes qui participent à une tontine mutuelle tirent un bénéfice de leur appartenance au groupe à tour de rôle. Chacun est censé percevoir autant qu'il a versé. Il en résulte au sein de ces groupements une dimension sociale particulière. Ainsi la figure 12 renseigne sur le montant des levés au niveau des différents groupes de tontines rencontrés au cours des travaux de terrains.

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Figure 12 : Répartition des groupes de tontines selon le montant des levés

La tontine est une sorte de caisse de prévoyance à laquelle chacun des membres adhère en prévision des difficultés qui peuvent survenir dans sa vie quotidienne. En effet, le besoin de sécurité face aux différents risques sociaux a rendu nécessaire le recours aux tontines, celles-ci devenant de puissants moyens de couverture sociale. Ces derniers indicateurs de l'usage des tontines montrent l'importance de ce système dans l'augmentation du patrimoine.

Les tontines mobilisent une importante masse monétaire. Si l'on compare les formalités à remplir pour devenir membre d'une tontine à celles qui sont exigées pour acquérir un crédit dans une institution financière formelle, on ne peut soutenir que les systèmes de tontines jouent un rôle économique et social en milieu rural.

5.2.2 Recours aux institutions de micro finance

L'accès au crédit est un élément important dans le financement des initiatives économiques. En dehors des systèmes de tontines, les populations font également recours aux institutions de micro finance en place. Sur les 120 personnes enquêtées dans la commune d'Ifangni, 50,83 % ont répondu avoir obtenu une fois de crédit auprès de ces structures financières.

Tableau XI : Accès aux institutions de micro finance

Avez-vous bénéficié
d'un crédit une fois ?

Hommes

%

Femmes

%

Total

%

Oui

32

68,09

29

39,73

61

50,83

Non

15

31,91

44

60,27

59

49,17

Total

47

100,00

73

100,00

120

100,00

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Comme l'indique le tableau XI, on note un faible taux de femmes ayant recours aux services financiers des IMF. Elles représentent 39,73 % contre 68,09 % des hommes. Cette situation s'explique par le fait qu'il est beaucoup plus facile aux hommes de posséder des garanties pour pouvoir obtenir des crédits. Ainsi, cela témoigne de l'existence d'un certain nombre de barrières qui réduisent l'accès des femmes aux services financiers.

Au regard des informations recueillies lors de nos recherches de terrain, il ressort que la CLCAM et le PADME sont les structures les plus fréquentées dans la commune d'Ifangni. Ainsi de l'analyse de la figure 13 ci-dessous, les femmes enquêtées sont pour la grande partie des bénéficiaires des services financiers du PADME. Mais ces réponses doivent être prises avec beaucoup de réserves. Les individus pour des raisons non définies font recours à plusieurs structures de micro finance à la fois.

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Figure 13 : Recours aux institutions de micro finance en place

De l'analyse du tableau XII, il ressort que la majorité des femmes ayant accepté fournir des informations sur leurs crédits ont obtenu des montants inférieurs compris entre 50 000 F CFA et 100 000 F CFA. Il faut mettre dans cette catégorie, les bénéficiaires des plus petits crédits au plus pauvres du gouvernement béninois. Ce tableau fait apparaître des inégalités entre les montants obtenus et le sexe. Mais de façon générale, plus 60 % des enquêtés ont obtenu des crédits dont les montants sont supérieurs à 200 000 F CFA.

Tableau XII : Répartition des enquêtés selon montants de crédits obtenus

 

Hommes

Femmes

Total

Montants des levés

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

[50 000f-100 000f [

00

00,00

07

29,17

07

13,46

[100 000f-150 000f [

01

03,57

03

12,50

04

07,69

[150 000f-200 000f [

01

03,57

01

04,17

02

03,85

[200 000f-250 000f [

07

25,00

04

16,67

11

21,15

[250 000f-300 000f [

08

28,57

05

20,83

13

25,00

300 000f et plus

11

39,29

04

16,67

15

28,85

Total

28

100,00

24

100,00

52

100,00

Source : Enquête de terrain, janvier 2008.

Conclusion partielle

De toutes ces analyses, les groupes de tontines et principalement les institutions

de micro finance sont les principales sources de financement des activités génératrice de revenus et d'emploi dans la commune d'Ifangni.

La présence de ces différents acteurs financiers dans cet espace frontalier influence les pratiques financières en cours. Le financement des initiatives des populations par ces acteurs financiers constitue un véritable atout pour le développement à la base.

Chapitre 6 : INSTITUTION DE MICRO FINANCE ET
DEVELOPPEMENT LOCAL

Les effets de la diversité des structures et acteurs financiers peuvent être perçus à travers les pratiques financières dans l'espace. Ces pratiques influencent énormément la vie socio-économique des populations. Les impacts des structures financières sur le développement local peuvent être de deux ordres : socio- économique et spatial.

Pour mieux cerner l'impact des structures et acteurs financiers sur le développement local, l'analyse est portée sur l'utilisation faite des tontines et crédits. Elle met en exergue le rôle des systèmes de tontines et des institutions de micro finance dans la vie quotidienne des populations.

6. 1. IMPACTS DES STRUCTURES FINANCIERES SUR LES ACTIVITES
GENERATRICES DE REVENUS

6.1.1. Effets des institutions de micro finance sur les activités commerciales

Des résultats issus des collectes d'informations et de données, les crédits octroyés par les institutions de micro finance servent majoritairement à financer des activités commerciales (61 %). En deuxième position de l'utilisation du crédit, viennent les autres activités, qui regroupent principalement les artisans et les conducteurs de taxi moto. Cette catégorie représente 27 % de l'utilisation des crédits. L'agriculture ne représente que 12 % des crédits, ce qui est relativement faible par rapport à la proportion des ménages ruraux (Figure 14).

La place prédominante du commerce dans le financement par le crédit peut s'expliquer en partie par le fait que des produits offerts sont plus adaptés à des activités commerciales qu'à l'agriculture. La moyenne de la durée du crédit, est pour l'ensemble des clients interrogés de 12 mois, avec un différé moyen de 60 jours. Or ces délais ne semblent pas correspondre aux besoins des agriculteurs qui ont besoin de plus de temps pour rentabiliser leurs investissements.

Source : Enquête de terrain, janvier 2008.

Figure 14 : Répartition des enquêtés bénéficiaires de crédit selon le type

d'activité financée

Les crédits octroyés aux populations dans la commune d'Ifangni, sont plus orientés aux activités commerciales qu'agricoles. Les agriculteurs exerçant une activité commerciale préfèrent investir leur crédit dans le commerce plutôt que dans leur production agricole. L'activité dominante dans ce secteur rural reste la production et la commercialisation de l'huile de palme.

Le secteur du commerce dans la commune est un des poumons forts de l'économie locale. C'est un secteur très dynamique qui mobilise toutes les couches de la population particulièrement les femmes et les jeunes. Ce dynamisme commercial est illustré par le nombre important des infrastructures marchandes et leurs fortes concentrations autours des axes routiers et à Igolo. Ainsi les institutions de micro finance constituent un véritable support pour le développement des échanges dans cet espace frontalier.

Il faut souligner également la présence et l'importance des organisations communautaires de base. Celles-ci constituent une frange non négligeable des acteurs du développement local. Les organisations des producteurs et les groupements de femmes sont omniprésents et prennent une part active dans les échanges frontaliers. Dans la commune, de nombreux groupements s'activent dans des activités de commerce ou dans l'artisanat.

La figure n° 15 renseigne plus sur l'utilisation du crédit selon le sexe. Près de 70 % des femmes utilisent leurs crédits dans les activités commerciales contre environ 20 % des hommes. Par contre, les hommes investissent plus dans les activités artisanales, l'achat de moto pour faire taxi et surtout dans la production de l'huile de palme.

Photo 4 : Atelier d'un client de la CLCAM et du PADME Cliché : ASSOGBA G., mai 2008.

La photo ci-dessus présente l'atelier d'un menuisier rencontré lors des enquêtes de terrain. Ce dernier a obtenu au cours du mois de mars 2008 deux crédits de 300 000f CFA l'un auprès de la CLCAM et l'autre auprès du PADME. Les crédits ont été demandés pour d'une part renforcer sa production et d'autre part pour achat et stockage d'huile de palme. De ces dits, les crédits lui ont permis d'acheter une moto qu'il a mise en circulant comme Zemijan et prendre quelques bidons d'huile rouge. Généralement le conducteur lui paye 8 000 f CFA par semaine et ceci pour un contrat de dix huit (18) mois soit soixante-douze semaines (72).

Les calculs ont révélé qu'au terme du contrat le propriétaire reste largement bénéficiaire. Ce client a avoué qu'avec la seule moto en circulation, il rembourse régulièrement le crédit et participe au groupe de tontines. Aussi, grâce à ces prêts, il renforce son atelier. Cette stratégie qui consiste à acheter des motos pour le Zemijan reste rentable lorsque le conducteur respecte le contrat ce qui n'est pas toujours le cas. Cette pratique est très répandue dans notre secteur d'étude.

Un tiers des recettes issues des crédits est utilisé à des fins de consommation (31 %) sont destinés à l'achat d'équipement tels que les motos ou les terrains, 19 %

à des dépenses de santé, 14 % pour des frais de scolarité et 14 % pour des dépenses de cérémonies. 19 % sont utilisés pour des dépenses courantes en alimentation et 12 % dans la construction de l'habitat. L'utilisation du crédit dans la consommation ne peut être considérée comme un investissement non productif. Il permet aux ménages de dégager une partie de leur revenu à des fins directement productives et de répondre à des besoins urgents, leur permettant ainsi de surmonter des périodes creuses.

6.1.2 Rôle des tontines dans la vie socio-économique

Les tontines sont des associations financières informelles auxquelles des personnes souscrivent régulièrement. Sur les 86,97 % des enquêtés qui participent à un groupe de tontine, 31 % d'entre eux utilisent les fonds pour les cérémonies, 27 % dans les dépenses familiales courantes (scolarisation des enfants, consommation, santé), 23 % dans la construction et la réfection de l'habitation.

Seulement 12 % ont reconnu avoir investi les fonds dans une activité génératrice de revenu. Par contre 5 % et 2 % des enquêtés disent utiliser respectivement les fonds pour une mise en gage (palmeraie ou terre cultivable), et d'achat de moyens de déplacement.

~ 75 ~

La figure 16 présente l'utilisation faite des fonds ramassés au niveau des groupes de tontine.

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Figure 16 : Utilisations faites des tontines

La tontine mutuelle a une part importante dans le financement de la vie sociale et économique des populations. De plus elle est représentée sur l'ensemble du territoire national ce qui permet d'envisager ses fortes potentialités en matière de mobilisation de l'épargne collective. Le rôle joué par le secteur informel dans la mobilisation des ressources est très important. En effet, les intervenants de ce secteur peuvent stimuler l'épargne en offrant aux épargnants une rémunération supérieure à celle proposée par les institutions financières formelles. Cela tient à plusieurs raisons: des coûts d'intermédiation plus faibles, une plus grande confiance du public dans les institutions informelles, une plus grande facilité d'accès.

De nos différentes observations, nous avons pu constater que les tontines ont avant tout deux grandes vocations : la vocation sociale et la vocation économique. Elles ne sont que l'une des innombrables formes d'associations existantes, à côté des associations de jeunes, des groupements de femmes ou les groupements villageois qui fleurissent dans les villages et dans les quartiers de villes. Elles permettent aux populations d'exprimer leur sens de solidarité. La tontine privilégie le groupe par rapport à l'individu dont le comportement était régi par les principes de vie communautaire imposés par les moeurs et les coutumes.

Le ramassage s'effectue également lors des cérémonies de baptême ou de décès. A titre d'exemple lorsqu'un adhérent perd un proche parent, il obtient un soutien financier qui l'aide à faire face aux dépenses d'obsèques. Le flux financier généré par les tontines est matérialisé comme suit :

Revenu à

Bénéfice

épargner

Cérémonie

Source de financement des tontines Destination des fonds issus des tontines

Commerce

Tontine

Besoin

- Renouvellem ment capital nt capital

Fonds de commerce

Investissement

Source : Auteur, 2008

Figure 17 : Flux financier des tontines

Cette figure montre le flux financier des tontines. Il lie les tontines à leurs usages et leurs différentes sources de constitution. Ces tontines sont essentiellement l'argent qui échappe aux banques.

Le flux financier est vraiment important pour le commerce informel. Il s'agit du capital du commerce constitué des tontines d'une part et d'autre part du fonds de leur renouvellement. Le commerce une fois entrepris, sert également à donner de la tontine. Ces tontines ne sont rien d'autres que le bénéfice des revendeurs et le revenu des artisans. Il est donc réversible. C'est ce qui justifie le double sens des flèches et l'importance de la masse monétaire. La flèche peut-être également en double sens avec la réalisation de certains investissements. On peut citer l'exemple d'un prêt consenti pour la construction d'une maison mise en location et dont la rente sera placée dans une tontine. Cette tontine une fois ramassée, servira au remboursement de l'argent investi. Cette pratique reste souvent secrète mais est très

fréquente.

Les cambistes sont un maillon fort dans le dispositif global des échanges frontaliers. Ils évoluent dans le commerce de l'argent : une activité apparemment lucrative. Mais leur caractère illégal annihile toute volonté de se structurer et de formaliser le secteur qui échappe, quasiment, au contrôle du fisc et de la taxation municipale. Malgré le dynamisme incontestable dont il se prévaut, c'est un secteur qui ne profite qu'aux agents qui s'y activent.

6.2. EFFETS POSITIFS DES PRODUITS FINANCIERS

6.2.1 Effets sur le niveau de vie des bénéficiaires

Parmi les enquêtés ayant accepté de nous fournir des informations sur les effets du crédit sur leurs revenus, 72 % (figure 18) estiment que le crédit leur a permis d'augmenter leur revenu. Par contre 21 % des clients n'ont pas ressenti de changement de leur revenu après avoir bénéficié du crédit. Mais 7 % disent avoir connu de baisse de revenu. Selon ces derniers, cette situation est due à la nature de l'activité financée et surtout à des imprévus dont les cérémonies ou les cas de maladie grave. Toutefois, en se basant sur les informations obtenues lors des enquêtes, on peut affirmer que les effets des crédits sur la situation socio- économique sont largement positifs.

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Figure 18 : le crédit dans les dépenses des ménages

D'après les informations obtenues lors de l'enquête (voir figure n° 19), la première source de remboursement du crédit avancée par les enquêtés, est l'activité financée par ce crédit (64 % des réponses obtenues). Il s'agit de l'utilisation des recettes issues de l'activité financée. 18 % d'entre eux ont comme première source de remboursement une autre activité, cela concerne en particulier le revenu des artisans. 13 % disent avoir remboursé principalement à partir des systèmes de tontines et 5 % à partir des prêts auprès d'une proche.

L'utilisation du crédit dans la consommation permet à certains bénéficiaires de crédit de dégager une part de leur revenu pour des activités génératrices de revenu, mais également de faire face à des situations difficiles (problèmes de santé) ou à des dépenses ponctuelles de grande ampleur (cérémonies, frais de scolarité).

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Figure 19 : Effets des crédits sur le revenu

Les crédits ont assez d'effets sur le développement de leurs activités génératrices de revenus. Une grande majorité des enquêtés estime que le crédit leur a permis de faire davantage de dépenses sociales pour leur famille. L'obtention de ces crédits a aidé ces personnes à subvenir aux dépenses d'alimentation, d'éducation, de santé, ceci pour plus de la moitié d'entre eux. Il s'avère que plus les clients prennent de crédits, plus ils peuvent faire de dépenses pour leur famille. Le crédit participe non seulement à l'amélioration des conditions de vie des ménages à travers les dépenses familiales courantes, mais aussi à travers des dépenses d'amélioration de l'habitat.

Les structures financières et particulièrement les institutions de micro finance ont non seulement un impact positif au niveau individuel pour les clients et leur famille, mais également sur la communauté villageoise toute entière. Les crédits permettent de créer de nouvelles activités économiques dans les villages créant des richesses supplémentaires.

6.2.2. Les IMF et la polarisation financière dans la commune d'Ifangni

Sur le plan socio-spatial, les impacts des structures financières se traduisent par la polarisation des localités. En effet, de par sa fonction de chef-lieu de commune, la ville d'Ifangni attire les populations des villages et hameaux les plus éloignés. Ce phénomène de polarisation est renforcé par l'existence de nombreuses structures financières dont les institutions de micro finance et les marchés de change. La dynamique des échanges frontaliers constitue le véritable facteur de dynamisme des institutions de micro finance en place. Cet espace frontalier fonctionne exclusivement grâce aux échanges frontaliers. La figure 20 ci-dessous présente la polarisation issue de la présence des structures financières dans la commune d'Ifangni. Cette figure est élaborée à partir des observations directes effectuées sur le terrain.

De son analyse, il ressort que dans cet espace géographique, il existe des localités qui constituent des centres polarisant. Elles sont marquées par l'absence de structures de micro finance. Cette situation oblige les populations à s'orienter vers les localités où elles pourront bénéficier des services financiers de ces structures financières. Ainsi les localités telles que : Ifangni, Tchaada et Banigbé sont les centres polarisés.

Figure 20 : polarisation financières dans la commune d'Ifangni

6.3. Problèmes

6.3.1. Faiblesses du secteur financier local

Les structures financières, quelles soient du secteur formel ou informel, réalisent des performances très remarquables dans la commune d'Ifangni. Mais plusieurs problèmes minent le secteur financier local. Les méthodes de gestion des structures informelles ne permettent pas d'apprécier efficacement leurs contributions au développement local.

Les tontines et les banques informelles de change fonctionnent dans un vide juridique. Pour les économistes, les systèmes de tontines constituent une réponse efficace au problème de pauvreté auquel font face les populations exclues des structures financières formelles. Par contre, ils ne parviennent pas à satisfaire les besoins de financement des activités économiques. Les fonds sont plus utilisés dans les dépenses familiales que dans les activités génératrices de revenus.

Les marchés de changes favorisent considérablement les activités d'échanges commerciaux dans l'espace frontalier. L'un des plus grands problèmes qui sévit dans ce sous secteur financier est l'insécurité. Les cambriolages sont très fréquents. Les marchés de changes sont soumis à la variation des taux de changes entre le Naïra et le franc CFA. De façon formelle, il n'y a pas de partenariat entre les acteurs du secteur financier informel et les autres institutions de micro finance. Toutefois les structures mutualistes constituent des banques de dépôts. C'est le cas de la CLCAM qui abrite un nombre important de compte d'épargne des groupes de tontines et des tontiniers.

Les institutions de micro finance qui interviennent dans notre secteur d'étude, sont très peu impliquées dans le financement de l'agriculture. Elles financent principalement les activités commerciales et de plus, la majorité des crédits octroyés par ces structures est orientée vers le commerce. Ces structures financières sont en principe celles qui devraient être les mieux adaptées pour répondre aux besoins financiers des populations exclues des systèmes financiers classiques. Selon les acteurs du secteur de la micro finance, plusieurs facteurs sont à la base de la faible implication des institutions de micro finance dans le financement des activités

agricoles.

En dehors de ces problèmes, d'autres reproches sont adressées à ces structures financières : les différés inadaptés au cycle des activités soumises au financement et la réduction des montants sollicités, le manque de suivi des activités des clients. Pour bon nombre des enquêtés, les montants accordés par les IMF sont faibles. Les institutions de micro finance se limitent à un soutien financier et n'apportent pas l'accompagnement, le conseil, l'information voire la formation susceptible d'aider à la réussite des initiatives. La frange de la population la plus pauvre est exclue des services d'épargne et de crédit. En effet, bien que les IMF affichent des objectifs d'accessibilité élargie des pauvres aux services financiers, aucune d'entre elle à notre avis ne mène des politiques de ciblages volontaristes en faveur de cette catégorie.

6.3.2. Difficultés rencontrées par les populations

Les activités économiques et spécifiquement celles des initiatives locales telles que l'agriculture présentent des risques importants, divers (climatique, économique) souvent difficiles à maîtriser. A titre d'exemple, on peut citer :

- le capital humain rural est souvent faiblement développé : analphabétisme, faible niveau de scolarisation, manque de capacité de gestion économique.

- Le détournement du crédit vers des objectifs autres que ceux pour lesquels il est octroyé. Cette situation réduit les possibilités de remboursement des prêts ce qui se trouve à la base des impayés enregistrés au niveau des caisses.

- La grande méfiance des populations vis-à-vis des institutions de la micro finance. En effet 97,69 % des producteurs agricoles ont une préférence pour les tontines tournantes, 21 % ont peur de s'endetter et 15 % d'entre eux ont jugé les taux d'intérêt élevés.

- L'éloignement des institutions de micro finance, la majorité est concentrée au niveau du chef lieu de commune ce qui limite l'accès de toutes les couches sociales aux services financiers.

Les difficultés imputables aux populations sont liées aux spécificités

caractérisant les conditions de vie de ces dernières. L'absence ou insuffisance de garanties réelles est un facteur qui limite l'accès aux services financiers. Généralement les bénéficiaires de crédit n'ont pas de garanties réelles formelles et satisfaisantes pour leur dossier de crédit. Ils éprouvent d'énormes difficultés à fournir les garanties financières et matérielles exigées. Ces difficultés sont dues à la complexité du régime foncier en milieu rural et à l'extrême pauvreté.

Même si beaucoup de personnes reconnaissent l'importance des prêts obtenus auprès des IMF dans la rentabilité de leurs activités, ils sont nombreux à avoir de difficultés pour rembourser les crédits. La figure 21 présente les sources de remboursements des prêts. Elle montre que la majorité des crédits sont remboursés grâce à l'activité qu'ils financent (56 %). Une part d'entre eux est remboursée grâce aux activités secondaires. Le recours aux groupes de tontines et proche surtout en période de difficultés est très importante (39 %).

Source : Enquête de terrain, janvier 2008

Figure 21 : Les sources de remboursements des prêts

D'une façon générale, les problèmes qui se posent en matière de financement du développement local sont certes multiples et complexes, mais ils ne sont ni inéluctables, ni insurmontables. Si les principes d'accès au financement des structures bancaires posent de sérieux problèmes à la majeure partie de la population, les systèmes financiers décentralisés représentent un segment dans le secteur financier local.

CONCLUSION

Le présent mémoire de maîtrise est l'aboutissement d'une recherche qui se veut avant tout une étude géographique et une contribution à l'évaluation des effets des structures financières sur le développement des initiatives socio-économiques dans la commune d'Ifangni. Au terme de cette étude, il convient de mentionner que cette localité est un espace géographique favorable à l'implantation et au développement des structures financières en générale et des IMF en particulier. La diversité des composantes du secteur financier local constitue un atout pour le développement local. Aussi l'accès aux services financiers illustre-t-il d'importantes inégalités territoriales. A titre d'exemple la majorité des bénéficiaires de crédit se trouve résident ou exerçant leurs professions dans le secteur Ifangni-Igolo d'une part, et Kétoukpè-Banigbé d'autre part. de ce fait, la distance constitue un handicap à l'accès aux institutions de micro finance en place. Cette situation ne favorise pas l'amélioration de la situation socio-économique des paysans.

Cependant, avec la mise en place des institutions de micro finance, la plupart des populations ont accès à un système formel d'épargne et de crédit. On reconnaît généralement que ces institutions peuvent aider à réduire la pauvreté. Le premier canal est direct puisque par le financement d'activités, ces institutions favorisent les activités de production (ou parfois des activités mixtes de production ou de consommation) des ménages ou de la petite et micro entreprise. Le deuxième canal est indirect et provient principalement des revenus et des emplois créés, en particulier grâce à l'accès au crédit et aux autres services par ces petites et micro entreprises. Mais, la participation des IMF au financement de projet en faveur de la communauté villageoise, tels que des projets d'adduction d'eau, la rénovation d'écoles ou de dispensaires, est inexistante.

Compte tenu des différentes difficultés qui entravent le développement des populations à la base, il paraît important de faire des suggestions dans le sens de l'amélioration des prestations des structures et acteurs financiers en place et de la gestion des services financiers octroyés. A cet effet, il faut d'abord un réel partenariat entre les différents acteurs financiers afin d'éviter surtout les

cambriolages. Les institutions de micro finance doivent inciter les acteurs du secteur financier informel à faire des ouvertures de comptes afin de sécuriser leurs fonds.

Ces dispositions qui concourent au renforcement des IMF en terme de capacité de financement auront comme avantage de toucher un plus grand nombre de personnes. Il faut également rapprocher les IMF des populations. A cet effet les IMF doivent accorder une importance capitale à l'analyse des dossiers de demande de prêts afin de limiter les risques de non remboursement. Aussi faut-il des mécanismes de contrôle et d'évaluation de l'incidence économique et sociale des crédits octroyés pour mieux apprécier l'impact des interventions. Pour promouvoir l'accès de toutes les couches aux services financiers des IMF, il faut que l'Etat aide les IMF à réduire la complexité des formalités à remplir pour l'obtention d'un prêt.

Pour le gouvernement béninois, le micro crédit est considéré comme un levier important pour la réduction de la pauvreté. Ainsi il est mis en place un projet dénommé « Accès au crédit » qui vise l'amélioration durable des IMF au financement de l'économie à travers une réduction substantielle du coût de crédit, et une diversification des services financiers. C'est dans cette perspective qu'est créé le fonds national de la micro finance par le décret n° 2006-301du 27 juin 2006. Il a pour objectifs d'une part, le refinancement et la mise en place de lignes de crédits au profit des IMF intervenant en faveur des couches démunies. Et, d'autre part de garantir les prêts et la bonification des intérêts au profit des populations cibles, dont les jeunes et les femmes. Si les objectifs du fonds sont fortement louables, on désapprouve sa « politisation », ce qui à cours sûr obstruera les résultats attendus.

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LISTE DES FIGURES

Figure n° 1 Situation géographique de la commune 28

Figure n° 2 Evolution de la population totale de 1979 à 2002 . 31

Figure n° 3 Structuration spatiale des infrastructures économiques . 38

Figure n° 4 Taille de la population et répartition spatiale des structures et acteurs

financiers 54

Figure n° 5 Evolution des dépôts et des crédits de 2004 à 2007 . 59

Figure n° 6 Evolution des opérations courantes de la CLCAM d'Ifangni selon les effectifs en 2007 60
Figure n° 7 Evolution des opérations courantes selon le volume financier par en

2007 61

Figure n° 8 Classe d'âge des bénéficiaires de crédit 62

Figure n° 9 Aire d'attraction des institutions de micro finance 63

Figure n° 10 Répartition des enquêtés selon le type de tontines pratiquées 65

Figure n° 11 Répartition des enquêtés selon la périodicité des souscriptions 66

Figure n° 12 Répartition des groupes de tontines selon le montant des levés 67

Figure n° 13 Recours aux institutions de micro finance en place .. 69

Figure n° 14 Répartition des enquêtés selon l'activité financée par le crédit 72

Figure n° 15 Destination des crédits selon le sexe . 73

Figure n° 16 Utilisation faite des tontines . 76

Figure n° 17 Flux financier des tontines 77

Figure n° 18 le crédit dans les dépenses des ménages 79

Figure n° 19 Effets des crédits sur le revenu .. 80

Figure n° 20 Polarisation financière dans la commune d'Ifangni .. 81

Figure n° 21 Les sources de remboursements des prêts 85

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I Composition de l'échantillon d'enquête 21

Tableau II: Evolution et répartition spatiale de la population 31

Tableau III : Moyenne de la production végétale et animale sur cinq ans 36

Tableau IV : Répartitions des IMF selon la catégorie . 44

Tableau V : Comparaison des taux de couverture des IMF par habitant dans les

Communes du Plateau et la ville de Porto-

Novo 45

Tableau VI : Répartition des tontines selon le

montant élevé et la fréquence des cotisations . 52

Tableau VII : Répartition des cambistes rencontrés dans la commune d'Ifangni .... 54

Tableau VIII : Répartitions selon les professions déclarées

des sociétaires de la CLCAM d'Ifangni en 2007 61

Tableau IX: Accès aux tontines selon le sexe . 64

Tableau X I: Répartition des enquêtés selon le montant maximum versé .. 67

Tableau XII Accès aux institutions de micro finance . 68

Tableau XIII : Répartition des enquêtés selon montants de crédits obtenus . 75
LISTE DES PHOTOS

Photo n°1 Le marché de Kétoukpè en pleine animation 39

Photo n°2 Enseigne de la CREP de Banigbé . 46

Photo n°3 Les hangars du marché de change d'Ayétèdjou . 57

Photo n°4 Atelier d'un client de la CLCAM et du PADME .. 74

Fiche d'enquête n°1

La présente fiche d'enquête s'inscrit dans le cadre des recherches de terrain d'un étudiant en Année de Maîtrise en Géographie à l'Université d'Abomey-Calavi. Elle lui assurera un support géographique et statistique pour la rédaction de son mémoire de maîtrise sur le thème : Structuration spatiale et impacts des institutions de micro finance sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

1-IDENTIFICATION

1.1 Age 1.2 Sexe : M /__/ F /__/ 1.3 Profession

1.4. Niveau d'étude :

-Aucun /__/ -Primaire /__/ -Secondaire /__/ -Supérieur/__/

1.5. Savez-vous lire et écrire dans une langue locale ? Non /__/ Oui/__/:

laquelle .

1.6. Etes-vous marié ? Oui/ __/ Non /__/

Si Oui, il y a combien de personnes dans votre ménage

 

Masculin

Féminin

total

Enfant(s)

 
 
 

Adulte(s)

 
 
 

Total

 
 
 

1.7 Où habitez-vous ? (Remplir le tableau ci-dessous)

Commune

Arrondissement

Village/quartier

1.9. Quelle (s) activité (s) exercez-vous?

1.10. Quelle est l'activité qui constitue votre principale source de revenu ?

1.11. Depuis combien de temps exercez-vous cette

activité ?

1.12 Où exercez-vous cette activité ? (Remplir le tableau ci-dessous)

 

Localisation

date de
création

Activité
principa
le

nbre
d'em-
ployés

Infrastructure

Enseigne

Arrond

village/quar
tier

Plein
aire

Apatam

Baraque

boutique

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1.13 .Quelle (s) source(s) de financement -Autofinancement/__/ -Prêt /__/ -Système de tontine /__/ -Crédit auprès d'une IMF/__/

-Projet et ONG/__/ -Mise en gage de parcelle/__/

2-A CCES AU SYSTEMES FINANCIERS INFORMEL

2.0 Faites-vous la tontine ? Oui /__/ Non /__/ Si oui, répondez aux questions 2.1 à 2.6

2.1 Depuis combien de temps faites-vous la tontine?

2.2 Quelle(s) tontine(s) faites-vous?

Mutuelle/__/ Commerciale /__/ Ambulante/__/

2.3 Pourquoi faites-vous la tontine?

-Epargner de l'argent/__/ -Avoir un fond de renforcement de votre activité /__/

-Avoir un fond pour préparer les fêtes ou cérémonies /__/ -Avoir de l'argent en cas

imprévu /__/

-Autre raison

2.4 Quel(s) montant(s) avez-vous versé ? Montant maxi Montant mini

2.5 Quelle est la fréquence de votre souscription ?

-Tous les jours /__/ -Tous les 3jours /__/ -Tous les 5jours /__/ -Tous les 8jours /__/ -Tous les 15jours /__/ -Tous les 1mois /__/ 2.6 Pour votre dernier ramassage, qu'avez-vous fait avec les fonds

-achat d'un moyen de déplacement /__/ -achat de terrain, /__/

-construction de maison, /__/ -cérémonies /__/

-scolarisation des enfants, /__/ -prise d'une mise en gage /__/

-imprévus /__/ (Préciser)

3-ACCES AUX INSTITUTIONS DE MICROFINANCE

3.0 Avez-vous bénéficié d'un crédit une fois ? Oui /__/ Non /__/ Sinon, pourquoi ?

- Manque d'information /__/

- Manque de garantie /__/

- Honte de s'endetter /__/

-Autre raison

Si oui, répondez aux questions à

3.2 Depuis combien de temps bénéficiez-vous des crédits ? -Plus de 5 ans /__/ -5 ans /__/ - 4 ans /__/

-3 ans /__/ - 2 ans /__/ - 1 an /__/ - moins d'un 1 an/__/

3.3 Dans la commune à quelle(s) structure avez-vous recours ? CLCAM/__/ PADME /__/

PAPME/__/ CREP/__/ ONG/__/ Laquelle

Autre /__/ (Préciser)
3.4 Pourquoi avez-vous choisi cette structure ?

-Le coût du crédit très important /__/

-Condition très acceptable /__/

-Proximité de la structure/__/

-Autre raison /__/ (Préciser)

3.5 Pour votre dernier crédit obtenu

Montant demandé

Montant reçu

Durée du prêt

Modalité de remboursement

 
 
 
 

3.6 Pourquoi avez-vous demandé à obtenir un crédit ? -Investir dans votre activité principale /__/

-Entreprendre une nouvelle activité /__/

-Pour les besoin de famille

-Autre /__/ Préciser

3.7 Qu'avez-vous fait avec le prêt

-Achat d'une moto pour faire zemijan /__/ -Commerce de divers /__/

-Transformation et commerce des produits agricoles /__/ -Production agricole /__/ -Commerce de moto d'occasion /__/

-Autre à préciser
3.8 Combien vos activités vous rapportent par mois ?

-Moins de 20.000 / / -de 40.000 à 60.000 / /

__

-De20000 à 40.000 /__/ -de 60.000 à 100.000 /__/

-Plus de 100.000/__/

3.9 Quelle est votre source de remboursement du prêt ?

-Revenu de l'activité financée /__/ -Revenu issu d'une autre activité /__/

-Ramassage de tontine Mise en gage /__/ -Prêt auprès d'une tierce personne /__/ -Autre source de remboursement/__/ laquelle 3.11 Quelle est évolution de votre revenu ?

Stagnation /__/ Augmentation /__/ Baisse /__/

3.12 Qu'avez-vous fait des revenus obtenus ?

-achat d'un moyen de déplacement /__/ -achat de terrain, /__/

-construction de maison, /__/

-scolarisation des enfants, /__/ -prise d'une mise en gage /__/

-imprévus /__/ (Préciser)

3.13 Quelle(s) utilisation (s) avez-vous fait du crédit dans la consommation au sein de votre ménage ?

Alimentation /__/ Accès au soin de santé /__/

Achat d'équipement dans le ménage /__/ _ Organisation de cérémonies /__/

Education des enfants /__/ autre utilisation /__/ Préciser

3.14 Le crédit vous a-t-il permis d'épargner? Oui Non

3.15 Où gardez-vous votre épargne ?

- Maison /__/

- Tontinier /__/

- Coopérative ou mutuelle d'épargne et de crédit /__/

3.16 Pourquoi avez-vous préféré cette option ?

3.17 Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le remboursement des crédits ?

3.18 Quelles sont les solutions que vous préconisez ?

Nom et prénom de l'enquêté .

Nom et prénom de l'enquête

Fiche N° : / __/ __/ __/ __/

Date de l'enquête : /__/__/ /__/__/ /__/__/
Lieu de l'enquête

micro finance en place 26

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE.................................................................. 2

DEDICACE . 3

REMERCIEMENT .. 4

DEFINITION DES SIGLES ET ACRONYMES 6 INTRODUCTION 7 PREMIERE PARTIE : CADRES THEORIQUE ET

METHODOLOGIQUE... 9

Chapitre 1 : Problématique et aperçu des connaissances sur le sujet 10

1.1. La problématique 10

1.1.1. Le problème 10

1.1.2 Objectifs et hypothèses de recherche 12

1.1.2.1. Objectifs 12

1.1.2.2 Hypothèses de recherche 13

1.2 Aperçu de la littérature sur le sujet 13

Chapitre 2 : Elément méthodologique .. 20

2.1. Echantillonnage 20

2.1.1 Choix des lieux d'enquête 20

2.1.1 Sélection des enquêtés 21

2.2 Collecte des données 22
2.2.1 Outils de collecte 22

2.2.2 Période et différentes phases des travaux de terrain . 23

2.3 Traitement, analyse des données et limites du travail 24

2.3.1 Traitement et analyse des données 24 2.3.2 Difficultés et limites du travail . 24 DEUXIEME PARTIE : Présentation de la commune d'Ifangni et des institutions de

Chapitre 3 : Commune d'Ifangni : un espace favorable 27

3.1. Les facteurs géographiques et socioculturels 27

3.1.1. Milieu naturel 27

3. 1. 2. Peuplement et données démographiques .. 29

3.1.2.1 Peuplement de la commune d'Ifangni .. 30

3.1.2.2 Evolution et répartition spatiale de la population 30

3.1.2.3 Structure socio-économique de la population 32

3.2 L'économie locale dans la commune d'Ifangni 33

3.2.1 Les activités commerciales 34

3.2.2. Les activités agricoles 34

3.2.3 L'artisanat et les services 36

3.2.4. Les infrastructures économiques 37 3.3. Services socio communautaires de base .. 40 Chapitre 4 : Structures et acteurs financiers en place : typologie et

organisation spatiale 42
4.1 Diversité des institutions de micro finance 42

4.1 .1. Cadre juridique d'intervention des IMF 42

4.1.2 Institutions de micro finance formelle .. 43

4.1 .2.1 Structures mutualistes ... 46

4.1.2.2 structures non mutualistes . 48

4. 2. Le secteur financier informel 49

4. 2. 1. Les systèmes de tontine 49

4.2.1.1 Les groupes de tontine mutuelle. 50

4.2.1.12 La tontine commerciale 52

4.2.2 Autres acteurs financiers en place : les cambistes 53 4.3 Organisation spatiale des structures et acteurs financiers 55
TROISIEME PARTIE : SYSTEMES FINANCIERS ET DYNAMIQUES

SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFANGNI .. 58
Chapitre 5 : Dynamiques des structures financières 58

5.1 Performances des IMF : Cas de la CLCAM 58

5.1.1 Etat des activités financières de la CLACM .. 58

5.1.2 Caractéristiques des clients des IMF en place . 61

5.2 Pratiques financières en cours dans la commune d'Ifangni .. 64

5.2.1. Dominance des pratiques communautaires 64

5.2.2 Recours aux institutions de micro finance 68

Chapitre 6 : Les structures financières : de véritables

acteurs du développement local 71

6. 1. Impacts des structures financières sur les

activités génératrices de revenus . 71

6.1 .1 Effets des institutions de micro finance sur les

activités commerciales ... 71

6.1.2. Rôle des tontines dans la vie socio-économique . 75

6.2 Effets positifs des produits financiers 78

6.2.1 Effets sur le niveau de vie des bénéficiaires . 78

6.2.2. Les structures financières et la polarisation interne .. 80

6.3. Problèmes . 82

6.3.1. Faiblesses du secteur financier local . 82

6.3.2 Difficultés rencontrées par les populations 83

CONCLUSION 86

BIBLIOGRAPHIE . 88

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET PHOTOS 92

RESUME

L'accès aux ressources financières au niveau local par toutes les couches de la société constitue un outil majeur de développement à la base. La présente étude vise à analyser la dynamique spatiale et économique impulsée par les structures et pratiques financières sur le développement local dans la commune d'Ifangni.

Les enquêtes de terrains pour la collecte des informations ont été effectuées auprès des structures et acteurs financiers sans escomptés leurs usagers. La présence de ces structures constitue un facteur déterminant des pratiques financières encours dans cet espace géographique. Ces pratiques influencent la vie sociale et économique des populations tout en contribuant au développement de la commune d'Ifangni.

Cette étude nous permet de conclure que les structures et acteurs financiers représentent un dispositif très important dans le développement socio-économique.

Mots clés : Secteur financier local - Développement local - Espace frontalier- Institution de Micro finance.

AB STRAT

The access to the financial resources at the local level by all the layers of the society constitutes an important tool for development at the base. The present study aims at analyzing space and economic dynamics impelled by the structures and financial practices on local development in the Ifangni district.

The investigations on the field for the collection of information were made with the financial organisation actors without ignoring their users. The presence of these structures constitutes a decisive factor of the financial practices which are going on in this geographical area. These practices influence the social and economic life of the populations while contributing to the development of the Ifangni district. This study enables us to conclude that the financial structures and actors represent a very important device in the socio-economic development.

Key words: Local financial sector- local Development -Frontier space- Institution of Micro finance.






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille