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Quelles strategies de communication pour la promotion de l'axe diplomatique Senegal-Roumanie?

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par Cheikh Ahmadou Bamba NDAO
Ecole Nationale d'Etudes Politiques et Administratives de Bucarest - Licence 2009
  

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VIII) Les quatre erreurs roumaines à éviter au Sénégal ?

Il existe de plus en plus de pays africains qui choisissent la démocratie et les élections libres comme mécanisme de légitimation du pouvoir politique et l'ouverture de leurs marchés à la concurrence. La Roumanie a commencé une transition similaire il y a presque deux décennies, lorsque Nicolae Ceausescu, l'ancien dictateur communiste, a été chassé du pouvoir. Dans ce processus complexe, il est souvent plus difficile d'identifier les bonnes décisions que d'éviter les mauvaises. Les barrières à l'encontre des exilés ont privé la Roumanie de ressources considérables en termes de capital financier, humain, relationnel et d'image à l'étranger.

Ø « Le quasi-monopole public de l'information » 

Malgré le caractère anti-communiste du soulèvement populaire de 1989, les premières élections « libres » de 1990 et 1992 ont été gagnées par les anciens détenteurs du pouvoir (le second échelon du parti communiste). Cela a été possible par le contrôle étatique de la télévision et de la radio publiques, les seules ayant une couverture nationale, y compris dans les régions rurales où vivait environ 50% de la population. Les chaînes TV et les radios privées étaient inexistantes, au début, et trop faibles, ensuite, pour contrebalancer la propagande officielle qui présentait les partis réformateurs comme des traîtres à la solde de l'étranger. La presse écrite bénéficiait d'une liberté absolue quant au contenu, mais le pouvoir contrôlait les fabriques de papier, les imprimeries et les circuits de diffusion. La première vraie alternance du pouvoir - en 1996 - a été possible seulement après le développement de chaînes TV par câble et de radios privées, ainsi que de circuits alternatifs de diffusion de journaux. L'impact a été visible, surtout dans les milieux urbains, tandis que la population rurale était victime de la même désinformation.

Donc de ce point de vue le Sénégal éviterait de monopoliser l'information publique qui effectivement pourrait entrer dans le cadre d'une bonne promotion dans les échanges bilatéraux entre les deux pays. Les structures de communication présentes au deux niveaux doivent jouir d'une totale autonomie pour assurer leurs rôles. La communication de ce point de vue jouant un rôle assez déterminant devrait être un vecteur de consolidation des atouts communs et non pas de source de conflits

Ø « L'échec d'une réforme morale inachevée »

Il est difficile de dire si cette erreur est la cause ou la conséquence des erreurs précédentes. Quoi qu'il en soit, ses effets sur la société roumaine sont sous-estimés. Les anciens « poètes de cour » de Ceausescu sont sénateurs. Certains de ses anciens ministres, députés, hauts fonctionnaires et les membres de la Securitate sont devenus propriétaires des entreprises étatiques lors de privatisations louches. Les noms des collaborateurs de la « Securitate » (les « informateurs ») sont rendus publics, de manière sélective, lorsqu'ils gênent le pouvoir, tandis que les autres subissent un chantage indirect. Selon une loi boiteuse, ils n'ont pas le droit d'occuper certaines fonctions publiques, mais cette interdiction ne s'applique pas à leurs anciens supérieurs directs (les officiers de la Securitate) ou indirects (les hauts responsables du parti communiste). Les retraites de ces anciens privilégiés du régime sont 10 à 20 fois supérieures aux retraites des anciens prisonniers politiques. L'échec de la réforme morale transparaît même dans le langage : on parle « d'anciens propriétaires » et non de « propriétaires de droit » lorsque l'on se réfère à ceux qui ont vu leurs avoirs confisqués par les communistes. Cela est symptomatique également pour l'erreur suivante.

La corrélation mise à ce niveau est soutenue par l'idée mise en garde des autorités Sénégalaises sur la menace que peut constituer ce problème au niveau du changement des comportements et points de vue pour une meilleure perception des relations entre le peuples roumains et sénégalais. Une des principales stratégies de communication développées dans ce document est une campagne de relations publiques dans un contexte international pour créer un rapprochement entre les deux publics. Ceci permettra de mieux se connaitre du point de vue culturel, politique et, engendrera en même temps un regain d'intérêts pour les investisseurs et acteurs diplomatiques à mieux se cantonner sur de bonnes relations.

Ø « Le non-respect des droits de propriété »

Avant la deuxième guerre mondiale, la Roumanie était un pays prospère, avec un taux de croissance élevé et un revenu par habitant proche de la moyenne européenne. Les communistes ont nationalisé (confisqué) les entreprises et collectivisé les terres. Après l'effondrement de la planification centralisée, tout naturellement, certaines propriétés auraient pu et dû être restituées à leurs titulaires de droit. Après une opposition farouche au début, puis maintes tergiversations, ce processus n'est toujours pas achevé. De même, la privatisation des entreprises fondées par l'Etat a été retardée, ce qui a généré d'autres pertes. Certains directeurs de ces entreprises vendaient leur production à bas prix vers des entreprises privées (qu'ils détenaient directement ou par personnes interposées) et la revendaient ensuite au prix réel de marché. L'exemple le plus connu est celui du « combinat » sidérurgique de Galati, qui enregistrait des pertes d'environ 1 million de dollars par jour avant la privatisation, mais a fait un profit de 1 million de dollars par jour dès la première année après la privatisation. Une ouverture plus rapide de l'économie aurait évité le gaspillage de dizaines de milliards de dollars.
La Roumanie a été hésitante dans la restitution, la définition et le respect uniforme des droits de propriété. Les entrepreneurs roumains et les investisseurs étrangers ont été découragés : pourquoi faire des efforts et assumer des risques si l'ont n'est pas certain d'en bénéficier ? Quelle confiance peut-on avoir dans un Etat qui refuse de corriger les injustices passées ? Un tel environnement engendre la passivité, la mauvaise gestion voire la destruction des ressources. Comme le remarquait Hernando de Soto, l'incertitude concernant les droits de propriété transforme les ressources existantes en « capital mort » et empêche la création de richesses supplémentaires. Cette erreur est une des plus graves, car, outre les destructions matérielles, elle a retardé la reconstruction économique et morale du pays.

Ainsi, dans le but de rapprocher le Sénégal et la Roumanie dans un dialogue ouvert permettant l'éclosion d'opportunités d'affaires, le droit de propriété joue un rôle majeur dans l'établissement d'une confiance réciproque entre les deux pays. Aussi bien dans le système diplomatique qu'économique, les deux parties sont appelées à gérer des propriétés étrangères. C'est le cas d'un investisseur roumain au Sénégal ou inversement. Le non respect des propriétés ne contribue certainement pas à une bonne relation entre ces deux pays et sera effectivement une source de conflits qui peut tenir d'une manière radicale l'image et les relations d'entente entre les deux pays.

Ø « L'inflation et le contrôle des prix »

Les prix, dans l'économie communiste, n'avaient aucune signification : pour avoir un vrai prix, il faut des droits de propriété et un marché libre, choses impensables dans le système de l'époque. Le contrôle des prix par les autorités communistes avait pour conséquence des magasins littéralement vides. Après 1989, les prix ont été libéralisés, mais pas tous et pas immédiatement. Sous prétexte de « protection sociale », certains prix ont été contrôlés, subventionnés, etc. Les prix ont continué d'envoyer des signaux erronés aux entrepreneurs et aux consommateurs roumains, sans pour autant aider les plus démunis. Au lieu de s'attaquer aux vraies causes de l'inflation - l'émission excédentaire de monnaie - les autorités ont préféré en combattre les symptômes. La solution du conseil monétaire (pratiquée avec succès par l'Estonie et la Bulgarie, par exemple), ou l'utilisation d'une monnaie extérieure stable, ont été rejetées par les autorités. Résultat : la Roumanie a mis 10 à 15 ans de plus que les autres pays de l'Europe centrale et orientale pour résoudre, au moins partiellement, le problème de la stabilité monétaire. Cela fait 10 à 15 ans de souffrances pour les plus vulnérables et pour la classe moyenne, qui ont vu leurs revenus et leurs économies anéantis par l'inflation. Certaines de ces erreurs ont été corrigées en partie par la suite, mais leurs conséquences sont irréparables : le temps perdu ne reviendra pas. Cela est évident dans le décalage qui sépare encore la Roumanie des autres pays ex-communistes qui ont évité beaucoup de ces erreurs et ont choisi la voie de la transition rapide par des réformes radicales. Les réformes récentes - privatisation du système bancaire et de presque toutes les grandes entreprises d'Etat, l'introduction en 2005 d'un impôt unique sur le revenu de 16% et la réduction de l'impôt sur le profit de 25% à 16%, la privatisation partielle des retraites, etc. - vont dans la bonne direction. Avec beaucoup d'efforts, les Roumains pourront un jour récupérer les décalages existants, mais rien ne peut effacer les souffrances inutiles infligées à la population par une classe politique qui n'a pas tenu compte des lois économiques élémentaires.
Si les réformateurs africains en tiraient les quelques enseignements, ces souffrances n'auront pas été complètement vaines.

« Radu Nechita Maître de Conférences en sciences économiques à l'université de Cluj-Napoca en Roumanie. Avec la collaboration de www.UnMondeLibre.org 

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