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Analyse de la situation épidémiologique des piqàğres et des envenimations scorpioniques dans la province de Beni Mellal (2002-2007)

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par Nezha CHARRAB
Université Ibn Tofail - Kénitra - Doctorat National 2009
  

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IV- Le venin du scorpion

Le venin du scorpion est un mélange complexe de substance toxique (Tianbao et al., 2005 ; Schwartz et al.,2008). Il est utilisé par le scorpion pour se défendre contre les prédateurs en les paralysant (Jungo & Bairoch, 2005 ; Birgit et al., 2007).

1- Extraction de venin du scorpion

Le venin du scorpion peut être obtenu de trois façons (Oudidi, 1995):

n Attachement manuel en tapotant le dos ou les flancs de l'arthropode dont l'irritation libere une gouttelette limpide de venin.

n Stimulation électrique (Akihiko et al., 1999 ; Plessis, 2005).

n Broyage du telson préalablement amputé et desséché.

2- Pharmacocinétique du venin

D'après Krifi et ses collaborateurs (2005), le venin du scorpion est caractérisé par : - Une forte résorption

- Une distribution rapide avec une demi-vie de 4 à 7 min et un pic maximal à la 37ème minute après une injection intraveineuse, la concentration maximale est atteinte au bout de 15 min

- Une durée d'élimination longue, elle est de 4 à 21 heures, détectable par la radioactivité jusqu'à la 37ème heure après une injection

Le venin d' Androctonus crassicauda a une pharmacocinétique différente de tous les venins
des scorpions. C'est le venin qui a une élimination très lente de 24 heures (Ismail et al., 1994).

3- Propriétés physiques du venin

C'est un liquide visqueux et opalescent (Inceoglu et al., 2003), stable à pH acide, thermorésistant, miscible à l'eau et pouvant se conserver plusieurs années (Aliane, 2005). Sa toxicité ne disparaît qu'après un chauffage à 100 ° C pendant 90 min (Oudidi, 1995).

La quantité injectée du venin par un scorpion est très petite dans la gamme de 100-600 gg (Hutt & Houghton, 1998), alors que la quantité du venin dans un scorpion varie d'une espèce à l'autre : Androctonus mauretanicus : 8,24 mg et Buthus occitanus : 0,29 mg (Oudidi, 1995).

En plus la toxicité du venin varie selon :

- La taille

- L'âge

- La nutrition

- Les conditions climatiques du scorpion (Dittrich et al., 2002).

4- Propriétés chimiques du venin

Le venin du scorpion est composé de diverses substances telles que les protéines, les lipides, les sels, les enzymes, les amines biogènes notamment de la sérotonine (5-hydroxytryptamine), les nucleotides et les neurotoxines (Inceoglu et al., 2003 ; Frank et Jan, 2007 ; Florence, 2005 ; Matthew et al.,2002). Les composantes du venin sont complexes et spécifiques à chaque espèce (Gouge et al., 2001), celles de la famille des Buthidés étant les plus toxiques pour l'homme (Wudayagiri et al., 2001 ; Badher et al., 2007). Pour le venin des Chactidés, sa composition est comparable à celle des Buthidés, il possède en plus diverses activités enzymatiques (protéase, phospholipase et hémolysine).

La toxicité du venin des Buthidés est due à la présence de toxines qui sont des petites protéines basiques faiblement antigéniques, constituées par l'enchaînement d'une soixantaine de résidus d'acide aminé. Chaque venin contient plusieurs toxines en nombre variable selon l'espèce (jusqu'à 11 chez Buthus occitanus) (Broglio & Goyffon, 1980).

Ces toxines ont une action sélective vis-à-vis des insectes, mammifères et crustacés (Tourreilles, 2002) et plusieurs recherches montrent que leur poids moléculaire est de 7000 Da (Vatanpour, 2003 ; Devaux et al., 2004).

La technique de spectrométrie de masse se révèle être actuellement la technique analytique de choix pour l'étude de la biodiversité des toxines. Cette technique donne très rapidement les renseignements sur la nature des toxines présentes dans le venin (Auvin, 2002).

5- Toxines et mode d'action

Les toxines du scorpion présentent un motif structural commun composé d'une hélice a et d'un feuillet p (Figure 20). Ces structures sont reliées par trois ponts disulfures, des liaisons covalentes qui confèrent à l'ensemble du motif une stabilité remarquable. La structure reste ordonnée, même dans l'eau portée à ébullition ou après traitement par des agents dénaturants (Claudio, 1996).

Feuillet f3

Hélice a

Pont dissulfure

Figure 20: Structure d'une toxine de scorpion

Le venin du scorpion contient une diversité de neurotoxine composé de deux populations principales : les toxines à longue chaîne et à courte chaîne (Soudani et al., 2005).

Les toxines à longue chaîne comportant 60 à 70 résidus d'acide aminé réticulés par quatre ponts disulfure (Devaux & Rochat, 2002) sont spécifiques des canaux Na voltage dépendants des cellules excitables nerveuses ou musculaires. Elles induisent une prolongation du potentiel d'action en bloquant l'inactivation du canal sodique, qui se manifeste par une hyperexcitabilité du système nerveux suite à une augmentation de la perméabilité de Na et une libération accrue des neuromédiateurs (catécholamine, acétylcholine...) (Srairi et al., 2002). Ces toxines possèdent une action cardiotoxique directe d'une part et indirecte par effet des catécholamines sur le myocarde d'autre part (Rhalem et al., 1998). Alors que les toxines à courte chaîne affectent les canaux potassium comportant 31 à 39 résidus d'acide aminé réticulés par trois ponts disulfure (Srairi et al., 2002), les canaux chlore comportant 29 à 41 résidus d'acide aminé et les canaux calcium comportant 29 à 31 résidus d'acide aminé (Possani et al., 2000 et 2002).

6-La physiopathologie de l'envenimation scorpionique

Les venins des scorpions contiennent un certain nombre de principes actifs de structure polypeptidique (enzymes, sérotonines, histamines...). Ils ont tous une action neurotoxique et cardiotoxique. Le venin du genre Centruroïdes de l'Arizona et du Mexique est principalement neurotoxique. Il affecte les canaux sodiques et entraîne une prolongation du potentiel d'action et de la dépolarisation spontanée des nerfs du système autonome (Gonnetilleke et Harris, 2002).

Le venin des espèces du Buthus et Parabuthus de l'Inde et de l'Afrique possède une
phospholipase A qui entraîne des problèmes hématologiques, comme des hémorragies

digestives et pulmonaires ainsi qu'une coagulation intravasculaire disséminée (Gadwalkar et al., 2006). Quant au venin du genre Tityus, il peut entraîner une pancréatite (Gaudreault, 2000). Malgré la différence qui existe entre les nombreuses espèces scorpioniques, il y a une assimilation au niveau des effets toxiques de leurs venins, ce qui explique une grande similitude de réactions immunologiques (Rochat et al., 1979).

Les effets du venin de scorpion sur l'organisme sont illustrés par la figure 21:

Système nerveux Cardiovasculaire Poumons Appareil digestif Métabolisme

Symptômes:

- Agitation

- Tremblement

- Convulsion

- Hyperthermie

- Rigidité des muscles

- Mouvement anormaux

Symptômes:

- Tachycardie

- Bradycardie

- Hypotension

- Hypertension

Physiopathologie de
l'envenimation scorpionique

Symptômes: -OEdème pulmonaire

Symptômes:

- Vomissement -Nausée

- Diarrhée

- Pancréatite

- Hypersalivation

Symptômes:

- Hyperglycémie

- Troubles électrolytiques

- Augmentation du cholestérol

- Augmentation de l'acide urique

Figure 21: Schéma récapitulatif de l'effet de venin de scorpion

· :* Au niveau cellulaire

L'action du venin de scorpion s'exerce sur le métabolisme cellulaire du sodium en perturbant ses systèmes de transport transmembranaires et en créant de nouveaux courants sodiques. En effet le venin augmente la perméabilité de sodium au niveau de la membrane par l'ouverture des canaux sodiques sensible au voltage, qui est accompagné d'entrée de calcium (Christian et al., 2005). Les expériences de Gerardo et ses collaborateurs (2008) ont montré aussi que le venin bloque les courants de potassium des canaux voltage dépendants.

· :* Au niveau du système nerveux

L'injection expérimentale de venin purifié dans les ventricules cérébraux chez le chat, le lapin et le rat entraîne des manifestations très variés d'excitation du système nerveux : état d'agitation, tremblement, mouvement anormaux, convulsion, rigidité des muscles, hyperthermie et troubles respiratoires (Osman et al., 1973 ; sofer, 1995).

Le système nerveux autonome comporte deux parties : le système sympathique et le système para-sympathique.

La stimulation du système nerveux autonome sympathique engendre la libération massive des catécholamines dans le tissu (Ismail, 1996), alors que le système parasympathique est aussi mis en jeu par le biais de la libération de l'acétylcholine (Amitai, 1998).

· :* Au niveau cardiovasculaire

Le venin du scorpion stimule les deux branches du système nerveux autonome, et libère les catécholamines et la rénine qui ont un effet toxique direct sur les myocytes cardiaques conduisant à une diminution du myocarde. (Gueron et al., 2000 ; Meki et al., 2002 ; Cupo et al., 2007).

L'injection d'une dose faible de venin chez le rat produit une tachycardie sinusale due à l'activation des récepteurs bêta-adrénergiques dans le coeur par les catécholamines. Alors que l'injection d'une dose importante de venin entraine une bradycardie due à la libération d'acétylcholine par des actions de la toxine sur les terminaisons nerveuses post- ganglionnaires. En effet, l'hypertension est causée par la libération de catécholamines à partir de glandes surrénales et les terminaisons nerveuses postganglionnaires. Quant aux effets

hypotenseurs sont lies à la bradycardie sinusale (Freire et al., 1974).

· :* Au niveau pulmonaire

L'oedème pulmonaire du á l'envenimement scorpionique, représente une forme évolutive grave dont les mécanismes physiopathologiques restent débattus. Deux hypothèses sont évoquées : un oedème de surcharge confirmé par les études hémodynamiques ; cardiomyopathie ischémique secondaire à la décharge catécholaminergique ou à la défaillance biventriculaire évoquant une myocardite par toxicité directe du venin et un oedème lésionnel par atteinte de la microcirculation pulmonaire avec présence de nombreux médiateurs inflammatoires (Rebai et al., 2003).

Une étude histopathologique a été réalisée sur le foie, après envenimation des souris avec une dose sublétale (10ug / 20g souris) ou une dose létale 50 (17ug / 20g souris) de venin de scorpion d'Androctonus australis hector montre des modifications morphologiques et une désorganisation de la structure tissulaire.

L'examen histologique des coupes de poumon a montré un épaississement des parois alvéolaires et une infiltration de polynucléaires après injection d'une dose sublétale ou d'une DL50 de venin d' Androctonus australis hector (Bessalem, 2003).

Sofer et Gueron (1990) ont rapporté que l'hypertension artérielle aigue constitue un facteur important pour la survenue d'un oedème pulmonaire via une insuffisance ventriculaire gauche. Par ailleurs, les catécholamines favorisent la survenue de l'insuffisance cardiaque en perturbant le remplissage de ventricule gauche. L'oedème pulmonaire est aussi le résultat de l'augmentation de la perméabilité vasculaire pulmonaire secondaire dûe à la libération de la kinine.

v Atteintes digestives

Elles sont sous forme de nausées, vomissements et diarrhée. Au niveau gastrique, l'injection de venin chez l'animal provoque une diminution de pH de la muqueuse gastrique et une augmentation de la concentration du lactate ainsi qu'une libération importante d'adrénaline, de noradrénaline et de catécholamines (Sofer et al., 1997). Des études expérimentales ont montré que le venin de scorpion stimule la sécrétion de l'amylase pancréatique et altère la motilité du duodénum et de la vésicule biliaire. Ces changements contribuent à l'apparition de symptômes gastro-intestinaux associés aux premières phases de l'envenimation (Chen et al., 2004).

v Troubles métaboliques

Des études expérimentales effectuées sur le lapin envenimé montrent que le venin dépolarise les nerfs intra-muraux et libère les émetteurs qui sont à l'origine de sécrétion de chlorure (Hubel et al., 1983) et provoque des troubles électrolytiques sous forme d'hypokaliémie qui ont été décrits aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte (Osnaya et al., 2008).

Les modifications causées par le venin sont confirmées par une perturbation du taux des enzymes dans le sérum des rats. En effet, une diminution du taux des activités enzymatiques de l'aspartate aminotransférase et de l'alanine aminotransférase est observée dans tous les organes se traduisant par leur élévation dans le sérum. En plus de ces enzymes, il y a aussi une augmentation de glucose, de cholestérol et de l'acide urique dans le sérum (Ozkan et al., 2008).

L'étude de Goldstein et ses collaborateurs (1995) a montré que l'augmentation d'adrénaline a été associée à une augmentation de la production hépatique de glucose due à la glycogénolyse hépatique, avec une carence de la sécrétion d'insuline et une augmentation de la sécrétion de glucagon (Krishna, 2000 ; Krishna et Zare, 2002).

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