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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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Deuxième Partie : Corpus empirique

Il s'agit d'une illustration de l'ensemble des informations contenues dans chaque catégorie du corpus textuel par rapport à nos préoccupations. Chacune d'elles tentera de justifier nos trois hypothèses afin de comprendre le véritable problème. Chaque catégorie tentera de démontrer à des niveaux différents la perception, le rapport de la faune et de sa commercialisation. Notre objectif est de comprendre à partir des discours et des images le phénomène étudié. Il s'agira pour nous de comprendre d'une part les dynamiques qui sous-tendent dans la commercialisation et, d'autre part, la logique inhérente que nous retrouvons dans la gestion rationnelle prônée par l'Etat.

Chapitre I : Le corpus oral

Par sources orales, nous entendons l'ensemble des entretiens que nous avons eu avec des personnes ressources dans les villages où nous avons enquêté et à Libreville. Cet ensemble de sources constitue notre corpus oral de terrain. Il comprend les chasseurs, les revendeuses ou « bayames », les consommateurs, les agents des Eaux et Forêts et ceux du WCS.

1 - Les chasseurs

Récit 1

Entretien en français1(*) réalisé avec Ondo Edou Théophile sur la commercialisation du gibier au Gabon

1 - Je faisais la chasse et j'en fais toujours. Mais pour le moment je suis en vacances. Je m'occupe d'autres choses maintenant. Je n'avais pas de travail, j'ai donc décidé de pratiquer la chasse. J'avais un besoin d'argent afin de subvenir aux besoins. Avant je travaillais à l'entreprise Colas. J'ai aussi travaillé à Brossette. C'est après le licenciement que je me suis orienté vers la forêt pour me procurer de l'argent. Je creusais aussi l'or durant le temps que j'ai passé dans ce campement de chasse. J'étais un coupeur libre, c'est-à-dire que je travaillais pour moi. Mais je reversais quelque chose à l'Etat. C'est une activité qui me rapportait de l'argent. L'activité a pris fin parce que l'or est finit à cet endroit.

2 - Je faisais des pièges, je chassais aussi au fusil. Je faisais toujours la chasse du jour. Les animaux féroces me faisaient peur. Ils n'aiment pas la torche. C'est le cas par exemple de l'éléphant qui n'aime pas qu'on lui fixe la torche. La chasse de nuit est plus bénéfique que celle du jour. La nuit, on tue beaucoup plus par rapport au jour. Les animaux se baladent plus la nuit que le jour. Il n'y a peut-être que les singes que l'on peut avoir le jour. En général, les animaux qui marchent en groupe sont possibles d'être chassés le jour. La chasse du jour me rapporte trois ou quatre gibiers. La nuit, pour un autre chasseur, c'est plus que ça. Les pièges profitent plus par rapport au fusil. Un chasseur peut avoir plus de 150 pièges. La variation est donc possible dans la chasse. On peut avoir un chasseur ayant un fusil, pratiquant la chasse du jour, qu'il associe aux pièges ; un chasseur ayant un fusil, pratiquant la chasse de nuit, qu'il associe aux pièges ; un chasseur ayant juste les pièges ; un chasseur ayant un fusil et chassant le jour comme la nuit.

3 - Je chassais et tuais les animaux de genres et d'espèces confondus.

4 - Les clients provenaient de Libreville pour nous retrouver en brousse. J'étais à Edénya (après Oyan-gare vers Bangos). L'achat était exercé par les femmes. Ce sont elles qui viennent vendre à celles qui vendent dans les marchés et restaurants. Mes clients venaient deux fois par semaine. Elles laissent des congélateurs et des glaçons. Il m'arrivait d'avoir des recettes de 60000 francs. Mais quand on a tué le gros gibier, on sérieusement de l'argent. Et le prix dépend de la grandeur du gibier.

5 - Je travaillais pour moi-même. Mais d'autres chasseurs l'étaient aux comptes des particuliers.

6 - Je réalisais des projets avec cet argent. Si je ne pratiquais pas la chasse je n'aurais rien fait dans la vie.

7 - De fois je ne tue rien. On comprendra que ça ne paye pas tout le temps. Et contrairement, quand la chasse a payé, c'est le transport qui pose problème. Soulignons aussi l'effet de la sècheresse. En effet, en cette période là, les animaux sont rares. Ils se dirigent vers d'autres endroits humides. Le chasseur n'a pas de porteur. Il se contente lui-même de transporter le gibier chassé.

8 - Les chasseurs savent que la vente de gibier est interdite au Gabon. Ils savent cela à travers les saisies que les agents des Eaux et Forêts opèrent souvent. Ces derniers arrivent brusquement soit en cassant les portes soit au retour de la chasse. Les femmes qui venaient acheter le gibier nous amenaient en retour le manioc, le sucre, les dindons, bref tout ce qu'on n'avait pas et qu'on retrouvait en ville. On ne savait pas pourquoi on interdisait la vente. Les agents nous disaient seulement de ne pas trop chasser sinon les animaux disparaîtront.

9 - On disait aux agents que l'on ne peut pas laisser la chasse. Nous vivons de chasse. Nous ne pouvons pas venir croiser les bras à Libreville sans rien faire et en attendant que l'Etat nous donne quelque chose pour acheter de quoi manger.

10 - Quand le gibier se fait rare à un endroit, on change de campement de chasse. Les animaux fuient le bruit. Les chasseurs créent eux-mêmes les campements. J'ai habité un campement forestier. Mais les forestiers n'aiment pas la présence des chasseurs.

COMMENTAIRE

Ondo Edou Théophile est un gabonais âgé de 59 ans, originaire du Woleu- Ntem, fang, célibataire avec deux enfants, chômeur. Il habite le quartier Mont Bouet et est chasseur. Il fréquenta la forêt pendant huit années. L'informateur a chassé les animaux de toutes sortes soit aux pièges ou au fusil. Il chassait toujours le jour non pas la nuit. Selon lui, on peut avoir plusieurs types de chasseurs. Il y a des chasseurs qui associent le fusil aux pièges, préférant chasser le jour. D'autres ont les mêmes techniques mais chassant la nuit. Il y a une catégorie qui n'a que les pièges et une autre chassant nuit et jour ayant aussi les pièges. Ondo Edou était à son compte et avait des clients femmes qui provenaient de Libreville. Il nous dira au passage que certains chasseurs sont au service de cadres, de fonctionnaires ou autres personnes hautement placées ou non qui arment les chasseurs, les utilisent, leur donnent armes, munitions, lampes tempêtes et autres. Et ils sont approvisionnés toutes les semaines en denrées alimentaires. En contre partie, ils envoient toutes les semaines du gibier à leurs patrons.

Selon lui, les chasseurs ne sont pas suffisamment informés mais savent, par le biais des missions répressive des agents des Eaux et Forêts, que la vente du gibier est interdite au Gabon pour cause de disparition des espèces, leur dit-on. Quand les animaux se font rares à un endroit, le chasseur déplace son campement. Signalons enfin que ce monsieur a travaillé à Brossette et à Colas mais a été licencié. C'est à partir de là qu'il a pris l'initiative de pratiquer la chasse. A par la chasse, il cherchait aussi l'or, et pense qu'on ne devrait pas interdire la chasse car beaucoup vive de ça. Celle-ci était sa principale activité et sans elle, il n'aurait pas réalisé ses projets. Son rendement était fonction de sa production.

Ce texte nous permet de comprendre la configuration de la chasse actuellement avec les différentes classifications que l'on peut faire des chasseurs. Notre informateur fait partie de la catégorie des chasseurs qui ont eu à exercer déjà dans une entreprise gabonaise. Ce type de chasseur est soit retraité soit licencié. Ce cas précis trouve son origine dans la restructuration des entreprises. Il travaille pour son propre compte, ce qui le place dans la catégorie des chasseurs indépendants. L'activité qu'il pratique nous permettra de mettre en corrélation les techniques qu'il utilise et l'article censé statué sur les méthodes et techniques que l'administration recommande pour la chasse. Nous allons mesurer les niveaux de respect et de non respect du code de la forêt. Nous allons confronter la pratique actuelle de la chasse de sa théorie, de la réglementation pour juger de la réalité.

Récit 2

Entretien en français2(*) réalisé avec Ondo Ndong Ferdinand sur la commercialisation du gibier au Gabon

1 - Pour le moment je suis charcutier. Le charcutier est le fabriquant de jambon, saucisson, saucisse. Mais bien avant cela, j'ai travaillé dans un chantier forestier. Dans ce chantier, j'ai constaté que le travail de bille était moins rentable que la chasse que je pratiquais aussi. A la fermeture du chantier, je me suis focalisé sur la chasse. Le chantier se trouvait à Medouneu précisément à Assok. La fermeture du chantier m'a poussé à pratiquer la chasse. Je ne pouvais plus subvenir à mes besoins.

2 - J'utilisais beaucoup plus le piège. J'ai aussi utilisé le fusil, seulement quand je fais la chasse de nuit. Je peux entraîner le fusil la journée quand je vais regarder mes pièges. J'avais environ 60 pièges. La forêt était giboyeuse. Et avoir plus de 100 pièges, cela nous amenait un problème de transport. Quand je chasse, je ne peux faire la distinction entre le sexe, savoir si l'animal est enceinte. Je tire et le constat est fait après. La chasse de nuit est moins pénible que celle du jour.

3 - Je tuais beaucoup plus les antilopes, porc épics, gazelles, sangliers. Ces espèces sont les plus nombreuses dans la forêt. Leur reproduction est très rapide. Elles peuvent reproduire deux fois par an.

4 - Je vendais mon gibier auprès des commerçantes. Elles revenaient de Libreville et de la ville de Medouneu. Elles venaient deux fois par semaine. La semaine, je pouvais avoir entre 150000 et 300000 francs. Je visitais les pièges en l'espace de deux jours. Et le gibier était conservé dans les caisses contenant des glaçons. Le chantier n'était pas électrifié.

5 - Je travaillais pour moi-même. Et je transportais personnellement la marchandise. Mais quand la chasse a payé, j'étais aidé par d'autres chasseurs.

6 - Je nourrissais mes enfants, payais leur scolarité et j'ai également construis une maison avec cet argent.

7 - La difficulté première que je peux citer est celle de la coupure ou de la cassure du pont qui nous reliait de l'extérieur. Le pont, une fois cassé, va nous empêcher d'être en contact avec les clients. Cela a pour conséquences la dégradation du gibier, privation des vivres. Aussi, quand la saison bat le plein, les animaux se font rares. Avec ça on peut passer tout le temps sans tuer.

8 - Je savais que la vente de gibier était interdite au Gabon. Mais notre survie en dépendait. Les gendarmes venaient souvent dans des campements, s'ils vous trouvent en possession de viande de brousse, ils saisissent ou brûlent carrément le campement.

9 - L'Etat doit se contenter de protéger les réserves. Il doit laisser l'autre partie qui est non protégée pour la chasse. Toutes les actions que l'on mène contribuent à la satisfaction des besoins de tous. L'Etat ne doit pas seulement voir les entrées financières.

10 - Quand les animaux se font rares, nous quittons le campement. Nous pouvons habiter le campement durant 2 ans. Et quand il n'y a plus de viande nous changeons et allons à plus de 5 km de celui dans lequel nous étions. Nous pouvons revenir dans ce campement après 6 ans. Le chasseur est un nomade. Le déplacement des populations animales cause celui des chasseurs. L'animal se déplace quand il sent le bruit et la présence humaine.

COMMENTAIRE

Ondo Ndong Ferdinand est un gabonais âgé de 59 ans, originaire du Woleu- Ntem, fang, marié avec enfants. Il est charcutier et habite Mont Bouet. C'est un chasseur qui a décidé de s'occuper de la charcuterie en ce moment. Il a pratiqué la chasse durant 4 ans. Dans la pratique de la chasse, il a utilisé le piège et le fusil. Il utilisait ce dernier beaucoup plus la nuit. Ses chiffres d'affaire variaient et la clientèle était programmée deux fois par semaine. Il était à son propre compte afin de subvenir à ses propres besoins et ceux de sa famille. La dégradation du pont causait un manque à gagner pour lui parce que coupé de l'extérieur, entraînant ainsi la dégradation de la viande de brousse. A ces difficultés, l'action répressive des agents des eaux et forêts est à inclure. Dans sa chasse, les espèces les plus prise étaient l'athérure (porc épic), le céphalophe bleu (gazelle), le potamochère (sanglier). Ce gibier est conservé dans des caisses contenant des glaçons, en attendant l'arrivée des revendeuses. Il est conscient de l'interdit mais la survie passe avant tout. Il faut rappeler qu' Ondo Ndong Ferdinand exerçait dans un chantier forestier dans la province du Woleu-Ntem. C'est à la fermeture de celui-ci qu'il s'est orienté vers la forêt afin de pratiquer la chasse. Quand le gibier est rare à un endroit, il change de lieu de chasse.

Nous fournirons, à partir de ce que l'informateur nous dit, des données statistiques sur les chiffres d'affaire de quelques chasseurs nous permettant d'avoir une estimation de ce qu'un chasseur peut gagner après une partie de chasse, étudier les espèces récurrentes dans les parties de chasse, et nous ferrons une confrontation avec l'article qui distingue les espèces proscrites et celles qui sont prescrites. Les chasseurs alternent souvent entre pièges et fusil, nous pourrons peut-être estimer la moyenne des jours de chasse par semaine, la moyenne des pièges, nous pourrons affirmer si c'est une chasse professionnelle ou pas.

* 1 Entretien réalisé, le 21/03/2005 à 15h45 avec Ondo Edou Théophile chez lui à Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin

* 2 Entretien réalisé, le 24/03/2005 à 11h12 avec Ondo Ndong Ferdinand chez lui à Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery