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Le panafricanisme d'intégration comme réponse aux problèmes sécuritaires africains.

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par Cheikh GUEYE
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master Relations Internationales Sécurité Internationale et Défense. 2009
  

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II. UNE COMMUNAUTE DE SECURITE EST-ELLE POSSIBLE ?

1) L'Etat africain et l'échec du rôle de régulateur.

A. L'ETAT INADAPTE

B. LA PROBLEMATIQUE DES FORCES ARMEES EN AFRIQUE.

2) Pour une autre vision de la sécurité.

A. L'INTRICATION DES DILEMMES DE SECURITE

B. LA SECURITE HUMAINE AU COEUR DE LA PROBLEMATIQUE

SECURITAIRE.

III. LA CEDEAO COMME EXEMPLE DE LA MISE EN PLACE D'UNE

COMMUNAUTE DE SECURITE EN AFRIQUE DE L'OUEST.

1) Pourquoi l'Afrique de l'Ouest ?

A. UNE HISTOIRE DANS L'HISTOIRE.

B. L'AFRIQUE DE L'OUEST : UNE REGION CRISOGENE

2) L'ECOMOG : Le franchissement d'un palier nécessaire.

A. DU PNA A L'ECOMOG.

B. UN BILAN MITIGE

3) Une initiative encourageante pour une région et pour tout un continent.

A. LES MECANISMES DE PREVENTION, DE GESTION ET DE

REGLEMENTS DE CONFLIT

B. VERS LES FORCES AFRICAINES EN ATTENTE (F.A.A)

IV. UNE VOLONTE DES ELITES ET DES MASSES.

1) Le « panafricanisation » des masses.

A. DEPASSER LES DIFFERENCES IDENTITAIRES.

B. STIMULER UNE AFRIQUE DES PEUPLES.

2) L'Afrique des peuples comme complément de l'Afrique des Etats.

A. LE CLIVAGE AFRIQUE NOIRE-AFRIQUE BLANCHE.

B. LES AIRE REGIONALES COMME RAMPE DE LANCEMENT

3) Afrique des Etats ou Etats-Unis d'Afrique ?

A. SUPRA-GOUVERNANCE ET QUERELLES DE LEADERSHIP

B. LE FEDERALISME : VOEU PIEUX ?

INTRODUCTION

Conflit du Kivu persistant en 2009, coup d'Etat en Guinée en décembre 2008 et réveil des tensions en Guinée-Bissau qui ont conduit à l'assassinat du Président Vieira, l'Afrique a encore été le théâtre de conflits armés et de troubles qui mettent en danger la stabilité des Etats et du continent.

Depuis les indépendances des années 60, l'Afrique est plongée dans le cercle vicieux de la violence et a du mal à sortir de cette spirale. Et pourtant l'indépendance fut une longue quête et un Graal difficile à obtenir. Sur sa route le mouvement indépendantiste africain a croisé à plusieurs reprises la route d'un autre mouvement : le panafricanisme.

Le panafricanisme fait aujourd'hui partie du vocabulaire politique africain mais le chemin vers cette reconnaissance a été long et semé d'embûches car le panafricanisme contrairement à ce que son nom indique n'est pas né en Afrique. Venu des Etats-Unis et des Antilles britanniques, il s'est forgé au contact du mouvement d'émancipation des noirs. Entre son départ des Etats-Unis et son arrivée en Afrique le mouvement aura mûri passant d'une revendication intellectuelle à un militantisme politique, d'un mouvement localisé à une dynamique mondialisé. Au contact des différents hommes qui ont fait son histoire, le panafricanisme a connu plusieurs courants ; signe de la vitalité d'un concept qui a accompagné les pays africains vers l'indépendance.

Mais avant d'être un mouvement politique, le panafricanisme est une aventure intellectuelle menée par des hommes qui rêvaient d'un monde meilleur et pour qui l'Afrique était le lieu de réalisation de ce rêve. L'Afrique, berceau de l'humanité, devait être le lieu de renaissance de toutes ses populations enchaînées par l'esclavage puis par la colonisation. La recherche de liberté dépassait le simple cadre politique de l'indépendance, le but était de retrouver une identité, la leur. L'aspiration identitaire a donc appelé à l'aspiration politique. Mais alors peut-on parler de l'Afrique comme d'une entité culturelle ? Non pas vraiment car l'Afrique, si elle est une entité par les lois de la géographie, ne représente pas un bloc culturel mais plutôt un formidable espace en

perpétuelle mutation et empreint d'une vitalité marquée par l'entrecroisement des civilisations et des dynamiques migratoires, culturelles et politiques. L'Afrique de l'âge d'or n'a jamais existé, l'Afrique une et indivisible non plus.

Mais force est de constater que malgré l'accession aux indépendances, l'idée a du mal à s'imposer aux Africains alors qu'elle fut une évidence pour ses concepteurs. Bien entendu il est plus facile de concevoir un plan que de lui donner corps et les obstacles à la réalisation de cette unité sont nombreux. Comme nous le disions précédemment l'Afrique n'a jamais connu l'unité et ce même avant la colonisation. L'histoire du continent est cependant marquée par ses constructions politiques vastes qu'on oublie souvent de mentionner car l'Afrique est le berceau de l'Egypte antique, de la Nubie et de grands empires qui se sont étendues sur de grands espaces. Les Empires Songhaï, Kongo, Zoulou, du Ghana, du Kanem, du Mali sont autant d'illustrations de la richesse d'une Afrique qui n'a jamais cessé de marquer l'histoire et l'universel. La fabrique historico-sociale africaine n'a ainsi jamais cessé de fonctionner.

Fort de toutes ces constatations, il nous apparaissait important de nous pencher sur l'histoire du panafricanisme et de son évolution car le panafricanisme vise l'unité de l'Afrique. Une unité multidimensionnelle qui doit permettre au continent et à ses fils de gagner la place qui leur revient de droit dans la communauté internationale. L'unité passe donc par plusieurs niveaux et au vu des conflits qui se sont multipliés depuis les indépendances l'aspect sécuritaire est un volet indispensable à la réalisation de l'unité africaine. En effet comment des Etats qui ne se sentent pas en sécurité dans leur environnement peuvent-ils s'engager dans une union qui réclame une confiance mutuelle et un engagement total ? Comment des Etats peuvent-ils penser à bâtir une union s'ils sont incapables d'assurer leur propre sécurité ? Comment peuvent-ils garantir leur sécurité individuelle ? Comment créer un climat de confiance pour bâtir cette union ? Le panafricanisme est à notre avis la réponse à toutes ces questions.

Depuis sa naissance, le panafricanisme est à la recherche de l'unité du continent, unité des
peuples africains et unité territoriale brisant les frontières nées de la Conférence de Berlin
de 1885. Cette recherche d'unité a conduit les dirigeants africains à se réunir à la

conférence d'Addis-Abeba de 1963 pour donner naissance à l'Organisation de l'Unité Africaine (QUA), la première organisation panafricaine regroupant tous les Etats africains indépendants. 40 ans plus tard l'OUA est remplacée par l'Union Africaine (UA) car son bilan loin d'être positif a montré les limites du panafricanisme actuel et notamment dans le domaine sécuritaire.

Au cours de notre exposé, nous nous intéresserons donc au panafricanisme comme réponse aux problèmes sécuritaires africains à travers toutes les initiatives qui ont existé et qui continuent d'exister. Dans un premier temps nous reviendrons sur l'histoire du panafricanisme en Afrique car comme je le disais précédemment le panafricanisme, né d'un désir ressenti hors du continent, a été développé aux Etats-Unis et aux Antilles britanniques et a été porté par des hommes comme DuBois, Blyden ou encore Garvey. En traversant l'Atlantique, nous verrons que ce panafricanisme intellectuel a entrepris sa mue pour passer d'un militantisme intellectuel et scientifique à un militantisme politique. Cette phase se caractérisa notamment par l'émergence d'une nouvelle génération de panafricanistes comme Nkrumah, Padmore, Kenyatta très engagés politiquement et réclamant plus fortement que jamais l'indépendance.

Nous verrons que tout comme le panafricanisme des débuts qui s'exprimait selon les tendances duBoisiste (panafricanisme par les élites) et garveyiste (panafricanisme par les masses) ; le panafricanisme politique, qui s'impose et permet l'indépendance des pays africains, est lui aussi tiraillé entre 2 sensibilités : d'un côté les partisans d'un panafricanisme minimaliste misant sur la coopération des Etats et de l'autre les partisans d'un panafricanisme maximaliste et prônant l'intégration des Etats dans une fédération africaine. Une fois de plus la synergie des sensibilités n'a pu être faite et nous verrons que tout comme le panafricanisme duBoisiste avait triomphé, le panafricanisme minimaliste s'imposa à Addis-Abeba et à travers une QUA dont l'idée était enchanteresse mais dont la concrétisation s'opéra dans un total désenchantement.

Dans une seconde partie nous nous pencherons sur l'une des idées principales du
panafricanisme d'intégration : l'émergence d'une fédération africaine et la constitution
d'une armée africaine. Ces 2 éléments devant permettre l'érection d'une communauté de

sécurité synonyme d'une Afrique unifiée et pacifiée. La conférence d'Addis-Abeba en consacrant un panafricanisme de coopération a enterré l'idée d'une communauté de sécurité. De plus l'OUA (qui tentera d'exister autant que faire se peut) avait face à elle un obstacle : l'Etat africain. Nous verrons que cet Etat africain est en échec dans son rôle de régulateur de la société et que cet échec à assumer son rôle dans la société et la nation l'empêche de se consacrer à bâtir une sécurité collective. Néanmoins au vu de la dimension identitaire des conflits africains et de l'inadéquation des espaces identitaires avec les espaces institutionnels, les Etats africains gagneraient à s'unir car les conflits qu'ils traversent sont hybrides n'étant ni complètement interétatique ni exclusivement intraétatique.

Dans une troisième partie nous étudierons l'alternative qui s'est imposé à un continent incapable de réaliser son union : le sous-régionalisme. Nous verrons par le biais de la CEDEAO, l'expérience des pays de l'Afrique de l'ouest. L'Afrique de l'ouest pour 2 raisons : tout d'abord parce que cette région est minée par des conflits depuis les indépendances, ensuite parce que l'histoire de la région est marquée par l'existence de grands espaces politiques, culturels avant la colonisation et leur rémanence à travers la nouvelle organisation institutionnelle. De plus nous montrerons qu'il n'y a pas forcément incompatibilité entre les Etats africains et l'idée d'une communauté de sécurité ; et ce à travers l'exemple de la CEDEAO qui s'est distinguée par une réelle volonté de construire un espace sûr pour la concrétisation de cet objectif. Nous verrons que la réussite des sous- régionalismes est une alternative crédible et viable et qu'elle permet de ressusciter l'idée de la communauté dé sécurité si chère aux panafricanistes convaincus.

Enfin dans une dernière partie nous insisterons sur l'importance de joindre les masses au projet panafricain car ce dernier repose bien entendu sur la volonté des élites dirigeantes, mais si cette volonté n'est pas sous-tendue par l'implication des masses, elle n'a que peu de chances de se concrétiser. Le panafricanisme ne reposant par seulement sur une conception politico-politique ; il est important de réaliser l'Afrique des peuples car sans l'Afrique des peuples, l'Afrique des Etats n'a pas lieu d'être. Si les peuples ne peuvent

dépasser les différences identitaires pour se retrouver autour d'une identité africaine transcendantale, l'échec est plus que probable.

I. UNE BREVE HISTOIRE DU PANAFRICANISME EN AFRIQUE.

« Mouvement d'unité africaine. » 1

« Doctrine qui tend à développer l'unité et la solidarité africaines. » 2

« Mouvement politique et culturel qui considère l'Afrique, les Africains et les descendants d'Africains hors d'Afrique comme un seul ensemble visant à régénérer et unifier l'Afrique ainsi qu'à encourager un sentiment de solidarité entre les populations du monde africain. Le panafricanisme glorifie le passé de l'Afrique et inculque la fierté par les valeurs africaines. » 3

Les définitions du panafricanisme sont nombreuses et l'évolution des définitions est intéressante à analyser pour saisir son sens, ses origines et son cheminement à travers l'histoire. C'est ce que nous allons tenter de faire tout au long de ce premier chapitre car si le panafricanisme met l'Afrique au centre de ses préoccupations il n'en est pas moins important de savoir d'où il vient car comprendre d'où vient le panafricanisme c'est aussi expliquer où il est allé et où il se dirige.

1) Un désir né hors d'Afrique.

A. DE BLYDEN A GARVEY

Pour trouver les premiers chantres du panafricanisme, il faut se tourner non pas vers l'Afrique mais plutôt de l'autre côté de l'Atlantique : les Etats-Unis d'Amérique et les Antilles Britanniques.

1 P. DECRAENE, Le Panafricanisme, Paris, P.U.F., n° 847

2 J. REY-DEBOVE, A. REY (dir.), Le Nouveau Petit Robert de la langue française, Le Robert, 2006, 2837 p.

3 Wikipédia.

Dans la littérature classique du panafricanisme, on retrouve cette importance des Etats-Unis et des Antilles Britanniques à travers des hommes comme William Edward Burghardt DuBois ou encore Marcus Garvey.

Le premier est souvent considéré comme le père du Panafricanisme car il en fut le premier théoricien véritable. Ralliant la cause des noirs Américains à celle du panafricanisme, il acquit une certaine popularité ; aussi sa pensée qui n'envisageait qu'une amélioration aux Etats-Unis s'élargit avec le temps. Il incita les noirs Américains à renouer avec leurs origines africaines.

De DuBois il faut donc retenir 2 idées principales :

À Les Noirs Américains doivent « unir » leur destin à celui de l'Afrique. À L'Afrique peut se développer en tant qu'Afrique.

On retrouve ces 2 idées majeurs chez un homme né 36 ans avant DuBois, il s'agit de Edward Wilmot Blyden, noir Américain qui participa à l'aventure libérienne4. Il eut une influence importante au Libéria et en Sierra Leone et on retiendra de lui notamment son oeuvre Christianity, Islam and The Negro Race où il souligne le caractère unificateur de l'Islam en Afrique subsaharienne comparé à celui démoralisateur du christianisme importé par les colons. Ce n'est pas tant l'analyse que le cadre et l'objet d'étude qui interpellent. De ses écrits germent les premières conceptions panafricanistes appelant les noirs à s'engager pour le développement de l'Afrique noire. Cet engagement ferait de Blyden le vrai père du panafricanisme. Dans la lignée des Blyden et DuBois on peut aussi citer Henry Sylvester-Williams, avocat britannique qui avait noué de solides rapports avec les noirs africains de Grande-Bretagne, conseillé des chefs bantous d'Afrique méridionale. De Londres à Washington, le panafricanisme comme volonté d'une élite noire de prendre ne charge le destin d'une race et de sa terre d'Afrique se développe : le panafricanisme est né. Du moins un panafricanisme.

4 En 1822, le Libéria est fondé par une société américaine de colonisation la Société Nationale Américaine de Colonisation pour y installer des esclaves noirs libérés.

Pendant ce temps, aux Antilles Britanniques et précisément en Jamaïque Marcus Garvey voit le jour en 1887. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, Garvey deviendra l'autre grande figure du panafricanisme. Mais contrairement à DuBois qui prônait un panafricanisme de et par les élites, Garvey se distingue par son panafricanisme des masses et par les masses. Il s'opposa au « guidage » blanc qui était prévu par DuBois à travers notamment l'Association Nationale pour l'Avancement des Gens de Couleur5 qui regroupait blancs libéraux et noirs. Contrairement à DuBois dont les écrits et la praxis s'adressaient à une élite, Garvey se heurta tout de suite à l'hostilité des intellectuels et bourgeois noirs y compris DuBois qui lui reprochèrent de diaboliser l'homme blanc.

Cependant on retrouve aussi chez Garvey l'idée du rapprochement des noirs Américains d'avec l'Afrique même si pour Garvey la solution est radicale : les Noirs devaient retourner en Afrique, leur « mère patrie ».

Même si la conception de Garvey fut des plus violentes, elle partageait avec les autres l'idée d'une union politique africaine ; Garvey en 1920 lors de sa fameuse « Déclaration des Droits des Peuples Nègres du Monde » en 54 points ne s'autoproclama-t-il pas président des Etats-Unis d'Afrique ?

Il faut donc parler DES panafricanismes plus que d'un, avec des visions diverses selon les figures de proue, avec une grande mosaïque de discours mais avec un même but.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway