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La construction d'une carrière de fan: étude de cas chez les fans de Mika

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par Christina Chiron
Université Victor Segalen Bordeaux 2 - Licence sociologie 2010
  

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PARTIE III/ Se dire fan: une identité à la fois affirmée et mitigée31(*)

Lorsque le fan prend conscience de son statut, il va être confronté à différentes identités qui vont devoir cohabiter: à la fois celle de passionné, mais aussi toutes celles qui interviennent dans la vie quotidienne (professionnelle, familiale,...), et qui ne peuvent pas forcément entrer en interaction. Le fan reste ainsi surtout fan dans la sphère privé, même si ce statut peut ressortir dans la sphère publique, notamment lors des concerts. De même, si le fan peut vouloir s'investir de façon importante dans sa passion, nous verrons que le cadre dans lequel il vit le rappelle sans cesse à ses responsabilités, provoquant ainsi un paradoxe entre ce qu'il souhaite faire, et ce qu'il peut faire pour assouvir ses envies.

De même, nous verrons que le fan est confronté au regard d'autrui, qui ne comprend pas forcément le comportement adopté par celui-ci et qui peut le stigmatiser de façon plus ou moins forte. Mais nous remarquerons aussi que le fan lui-même stigmatise ceux qu'il considère comme davantage dans l'excès, tout en ayant conscience des siens, mais qu'il considère comme rationnels parce qu'il possède un certain recul sur ses activités. Ce qui apparaît comme contradictoire se révèle donc comme logique au vu des entretiens effectués, et comme le précise David Muggleton: « Affirmer, de l'extérieur, que les gens se définissent de façon contradictoire, c'est ignorer que les contradictions apparentes peuvent être perçues, de l'intérieur, comme parfaitement logiques »32(*).

Ainsi, nous pourrons voir que la difficulté de s'assumer en tant que fan vient presque davantage d'un problème de vocabulaire employé et de définition inhérente à celui-ci que du comportement réellement adopté.

Dans cette partie, nous verrons donc dans un premier temps que le statut de fan est assumé, du fait du comportement adopté, puis dans un second temps nous verrons que les fans se distancient de cette passion, afin de montrer que leur personne ne se résume pas qu'à une identité de fan, et vont ainsi chercher à se distinguer des fans jugés trop excessifs dans leur comportement. De plus, nous allons voir qu'être fan n'est pas toujours facile à assumer, car renvoyant à tous les stéréotypes qui lui sont associés, et enfermant de ce fait les individus dans des catégories.

A) Un statut que l'on affirme...

Say what you want to satisfy yourself

But you only want what everybody else says you should want

(Mika, Grace Kelly, Life in Cartoon Motion, 2007)

Un investissement plus important que la moyenne...

Dans un premier temps, du fait des comportements adoptés et de l'investissement pour Mika, les fans ne peuvent que confirmer leur statut et l'assumer, puisque indéniablement, ils reconnaissent s'investir davantage que les personnes qui aimeraient juste Mika.

Ces comportements adoptés les amènent à assumer ce statut, du fait que justement, ils se démarquent de ceux qui apprécient juste un artiste, en s'intéressant davantage à lui. Ainsi, j'ai choisi d'étudier plus précisément deux types de comportements qui confirment cela: la recherche et la connaissance d'informations sur l'artiste (biographie, actualité, signification des chansons,...), mais aussi tout ce qui est en lien avec les dépenses diverses, que ce soit d'argent - objets dérivés, albums, DVD de concerts, les concerts,... - ou de temps (passé à écouter la musique, sur internet,...). Dans l'ensemble des entretiens effectués, le constat est ainsi le même: l'investissement du fan est beaucoup plus important que celui de l'admirateur classique: « je suis consciente que je suis dans un certain extrême, je ne suis pas une admiratrice lambda » (Lucinda, 24 ans). Et comme le résume Sylvie (42 ans), « Disons que l'investissement est à la hauteur des qualités que je lui trouvais ».

Néanmoins, lors de tous mes entretiens, je n'ai pas rencontré les six formes légitimes et stigmatisées de la passion de Christian Le Bart33(*). En effet, cela s'est notamment ressenti lorsque j'ai demandé sur quoi portaient leurs différentes dépenses, dans tous mes entretiens j'ai obtenu des réponses similaires, à savoir très peu de dépenses de merchandising, l'argent étant dépensé dans l'essentiel: les albums et DVD, ainsi que dans les places de concerts, et tout ce qui y est annexe (hébergement, frais de déplacements,...). Ainsi, on ne retrouve pas la posture dominée du collectionneur, puisque peu achètent des objets dérivés, et d'autant plus qu'ils n'en voient pas l'utilité: « Je trouve que le merchandising n'a aucun intérêt » (Lucinda, 24 ans); « j'ai acheté le disque en or de We are golden, j'ai l'EP34(*), j'ai 2 fois le The boy who knew too much car il y avait la chanson bonus en plus. Non j'ai pas une très grande collection, mais c'est pareil, c'est pas un truc primordial pour moi » (Béatrice, 42 ans).

Nous pouvons donc voir dans une certaine mesure que, si l'on reprend ces six profils, la forme stigmatisée de la groupie est indirectement présente, même si le but ici n'est pas réellement la rencontre personnelle avec l'artiste (l'attachement de la groupie pour l'artiste chez Le Bart s'exprimant « à travers le désir intense de rencontrer celui-ci, de le rencontrer seul à seul, comme pour suspendre un moment la hiérarchie (à laquelle on adhère d'ailleurs) qui fait du musicien une star et de soi un anonyme obscur »35(*)), mais plutôt de voir de nombreuses fois ses prestations scéniques. Multiplier les concerts étant pour la plupart le plus important, la majorité dépense leur budget dans cette activité, et ainsi pas ou peu pour le merchandising: « Pour les objets dérivés, pas vraiment ! Je claque déjà assez pour les concerts. J'achète CD, DVD. Ensuite, j'ai toujours adoré son univers artistique, donc j'adore les affiches de concert, de promos de CD... donc ça oui. Mais le reste, non » (Déborah, 23 ans); « pour les concerts oui36(*) (car faut aussi compter les déplacements et hébergements) mais ensuite non, je ne suis pas du genre collectionneuse a acheter les produits dérivés etc, j'ai juste le minimum à savoir, DVD et CD et quelques posters souvenirs de concerts mais c'est tout » (Delphine, 29 ans); « je n'achète pas du tout de merchandising, à part les CD, EP, etc. Enfin ce qui concerne la musique quoi, et les concerts évidemment » (Lucinda, 24 ans); « Je n'achète pas d'objets dérivés, je dépense déjà suffisamment dans les concerts (c'est un sacré budget entre les places, les transports, les hôtels, la nourriture sur place....) » (Aurélie, 28 ans); « J'ai pas de trucs de merchandising, et que le premier album » (Elodie, 20 ans).

De la même façon, les concerts vont devenir quasiment indispensables pour la plupart d'entre elles, devenant presque une forme d'addiction. En effet, les fans, au fur et à mesure des concerts, vont multiplier les bons souvenirs non seulement de la prestation de Mika, mais aussi d'avec les membres du forum. Ainsi, comme nous l'avions vu dans la deuxième partie, le groupe de fans influence partiellement cette envie de retrouver la même ambiance, la même atmosphère, et beaucoup vont donc se retrouver à rechercher cela: « c'est dépaysant et très agréable, et c'est un cercle vicieux, parce que du coup, on a des super souvenirs ensemble et quand l'occasion se présente on veut recommencer pour revivre ça, c'est alors qu'on se refait des bon souvenirs et hop on a re-envie de recommencer! » (Lucinda, 24 ans), « c'est quelque chose de bien, qui fait que même si tu es morte de fatigue après le concert et transpirante de partout, tu as apprécié et tu en redemandes » (Elodie, 20 ans). De même, Delphine (29 ans), explique le fait que si elle souhaite assister à plusieurs concerts, c'est parce qu'au fond, chacun est vécu comme un moment unique: « ayant pu le rencontrer plein de fois et monter sur scène avec lui font que chaque aventure est vécue différemment et on vit toujours des moments incroyables ». D'ailleurs, l'affiliation avec les effets des usages de drogues n'est jamais bien loin: « J'ai comme une envie perpétuelle de retrouver cet état de bien être que j'expérimente » (Déborah, 23 ans); ou est tout simplement explicité chez Lucinda (24 ans): « c'est une sensation étrange, ça peut être comparé à quelque chose comme l'adrénaline. Quand on va à ses concerts pour la première fois, on se sent heureux, comme une bonne drogue », mais aussi chez Sylvie (42 ans): « ça a été comme une drogue en quelque sorte. Une drogue qui fait du bien, plaisir à voir et à entendre ».

Comme précisé au début, les personnes interrogées estiment être davantage investies que ce qui leur semble être ''normal''. Lucinda explique: « je fais partie des gens qui en plus d'admirer un artiste, ont besoin de le voir » (même si plus tard dans l'entretien, elle ne parlera plus de besoin, mais simplement d'une envie: « je sais uniquement que lorsque j'entends sa musique, lorsque j'ai des nouvelles de lui, je ressens une "envie très forte" plutôt qu'un besoin, parce que je peux m'en passer sans soucis. Et du coup si sur le moment, je peux me le permettre je le fais »). De même, lorsque j'ai demandé à Delphine ce qui la séparait d'un simple amateur de Mika, elle me répondit que c'était du à « l'implication dans le forum, le nombre de concert (et l'argent dépensé qui va avec ...), prendre des vacances pour pouvoir suivre la tournée par exemple ». Il en va de même pour Elodie (20 ans): « je suis depuis deux ans sur un forum de fans [...], suis son actu, m'intéresse à ce qu'il fait en dehors de la musique même si je n'aime pas tout le temps et j'ai assisté à 10 concerts en deux ans », mais aussi pour Aurélie: « je pense être très impliquée par le biais du forum et de mon rôle de modératrice entre autre, et je me considère fan aussi par rapport aux personnes qui sont extérieures à cette histoire, et qui ne comprennent pas toujours pourquoi je fais cela ».

Néanmoins, la distinction se fait aussi à un niveau plus ''symbolique'', comme le montre Béatrice (42 ans), qui constate elle-même l'attitude différente qu'elle a entre Mika et les autres artistes qu'elle apprécie: « J'aime bien De Palmas, j'ai quelques CD mais pas tous et je ne l'ai vu qu'une fois en concert...je ne me considère pas fan. Je ne vais pas chercher des infos sur le net sur lui, ni sur ses tournées. Ça revient aussi a ce que je disais tout à l'heure à savoir : une musique ou des paroles te touchent ou pas ». Ainsi, l'implication ne se compte pas seulement au nombre de concerts effectués, ou de CD achetés, mais aussi à la connaissance de l'artiste, de son actualité, l'écoute de sa musique,... Ainsi, pour Déborah (23 ans), qui est devenue l'une des modératrices du forum, son implication au sein de celui-ci la distingue, mais aussi « parce que j'écoute sa musique plus que la moyenne des autres artistes que j'aime ! Que j'ai fait la démarche de m'inscrire sur un forum de fan, sur lequel je suis très impliquée puisque je suis devenue modératrice grâce à mon assiduité !! Et parce que je me tiens à la pointe de ses actualités, et j'essaie de me rendre aux plus de concerts possibles ! Je pense qu'une personne qui apprécie juste sa musique ne ferait pas tout pour faire plusieurs dates de concerts, ne chercherait pas à s'informer de toutes les actus... Mais surtout je pense que ce qui fait que je me considère plus fan que quelqu'un qui apprécie juste sa musique c'est mon implication aussi bien sur le MWS que sur le fan club officiel... ». De la même manière, lorsque j'ai demandé à Delphine (29 ans), ce que signifiait pour elle être fan, elle me répondit: « Admirer un artiste au point de s'inscrire sur un (des) forums le concernant, économiser pour suivre l'artiste en concert, bref consacrer du temps (et de l'argent pour ceux qui le peuvent, qui ont un travail) à cet artiste, s'informer de tout et presque tout connaitre sur l'artiste en question ».

Le dernier point commun à tous est l'écoute de Mika, qui est ressentie et écoutée quasiment de la même façon, que ce soit lors d'une écoute volontaire ou non. Les personnes interrogées se sont aussi reconnues en partie comme fans, parce que la façon d'écouter les chansons de Mika sont différentes des autres individus, elles ont conscience que leur rapport à cette musique en particulier est différente des autres.

Ainsi, pour elles, il n'existe pas de moments particuliers pour écouter, tous les moments sont bons. Quelque soit l'instant, l'humeur ou le lieu, l'écoute se fait sans lassitude particulière: « j'écoute beaucoup Mika dans la voiture ou dans le train car je fais beaucoup de route!! Quand c'est en voiture, je chante, dans ma douche aussi! » (Déborah, 23 ans). Pour Béatrice (42 ans) aussi, tous les moments ou presque sont bons: « Mika c'est dans ma voiture (toujours), quand je suis sur l'ordi et que j'ai des choses pas trop importantes à faire et quand je suis seule (si mon mari bosse à côté je lui laisse mettre sa musique). Quand je bosse (je suis décoratrice sur bois) je mets toujours virgin17 je suis sûre de voir au moins un clip [...] sinon, quand on dort ailleurs qu'a la maison (hôtel, amis...) j'ai mon mp3, et aussi quand je fais le ménage (ça donne la pêche) »; « c'est soit quand je me balade avec mon mp3 ou sinon quand je suis sur le PC, que je surfe ou bosse » (Elodie, 20 ans); « la plupart du temps c'est soit en voiture, soit quand je suis devant l'ordinateur, et parfois avant de m'endormir, dans mon lit...même sous la douche » (Delphine, 29 ans); « Si je suis dans ma voiture, je chante assez fort! Sinon, je mets le CD pour prendre ma douche par exemple, histoire de démarrer la journée de bonne humeur. Si je l'entends à la radio, je monte le son » (Aurélie, 28 ans).

En effet, tout comme explique Antoine Hennion que le « goût ''dépend'' tout court [...], c'est d'abord un opportunisme du moment et des situations37(*) », l'écoute des chansons va dépendre de la même façon de tout un ensemble de situations diverses qui vont favoriser, ou une écoute attentive, ou une écoute plus distraite, qui accompagne le passionné: « je peux écouter attentivement ou non, ça dépend. Quand je veux me poser, j'écoute attentivement » (Déborah, 23 ans). De la même manière, le choix des chansons va dépendre de l'humeur du moment, de la situation vécue et des ressentis de la personne. Il s'agit d'une « quête du bon morceau au bon moment, de ce qui plaît dans cette situation, là, présente38(*) ». Pour Lucinda (24 ans), le choix des chansons vont aller de pair avec son humeur: « quand je me sens moyen, j'essaie de plutôt écouter des chansons gaies et quand j'ai le cafard c'est le contraire. Mais j'écoute très rarement un album entier ». Il s'agit de la même chose pour Béatrice (42 ans): « pour qu'une chanson me touche, il faut que la musique et que les paroles soient vraiment en symbiose avec ce que je pense à ce moment là ». Ainsi, les fans s'aperçoivent que quelque soit le moment de leur vie, Mika les accompagne, de façon presque inconsciente: « en général je fais d'autres choses en même temps, mais je peux aussi bien écouter attentivement quand je suis dans les transports par exemple ou le fredonner chez moi. Bref, il n'y a absolument aucune règle. Au contraire, sa musique m'accompagne tout le temps » (Lucinda, 24 ans); « je chante tout, par réflexe » (Elodie, 20 ans).

Et la joie associée à l'écoute non volontaire est la même pour tous, même si elle est vue par les fans comme peu rationnelle, et fait donc l'objet d'une auto-dérision, du fait que la norme veut que les réactions soient ''mesurées''. En effet, Déborah (23 ans), montre qu'elle est consciente que sa réaction est excessive par rapport à d'autre en plaisantant: « Et quand je le vois ou écoute par hasard, je suis excitée comme une puce ! C'est grave! », tout comme Béatrice (42 ans) qui se rend compte de l'irrationalité apparente de sa réaction: « c'est complètement bête, mais si je suis dans la voiture de mon mari, on écoute la radio et pouf, 9 fois sur 10 on entend Mika et là je suis super contente (alors que je l'écoute toujours sur le mp3 de ma voiture) »; « j'ai un sourire idiot sur le visage et je chante comme une gamine de 12 ans! » (Lucinda, 24 ans).

* 31 Le titre est repris à David Muggleton, dans son ouvrage cité ci-dessous, qui pose cette question: « Comment se fait-il qu'une identité de groupe puisse être, en même temps, affirmée et mitigée? ».

* 32 Muggleton David (2002), "Individualité distinctive et affiliation subculturelle", dans Glevarec Hervé, Macé Eric, Maigret Eric (dir.), Cultural studies. Anthologie, Paris, Armand Colin (232-250), p. 234

* 33 Il a établit dans son ouvrage Les fans des Beatles. Sociologie d'une passion (2000), trois formes stigmatisées de la passion: groupies, collectionneurs et imitateurs, et trois formes nobles: créateurs, érudits, et esthètes.

* 34 ''Extended Play''. Il s'agit d'un format entre l'album et le single, sorti courant 2009 en attendant la sortie de son deuxième album The Boy who knew too much, contenant un livret de 68 pages, et quatre chansons.

* 35 Le Bart (2000), op. Cit., p. 185. Nous pouvons d'ailleurs rattacher cela au besoin de reconnaissance vu dans la deuxième partie de cette recherche, où le fan essaie durant un instant d'être autre chose qu'un fan parmi tant d'autres.

* 36 Le nombre de concerts explique en effet le peu de dépenses concernant les objets dérivés, puisqu'à titre d'exemple, Delphine a déjà assisté à presque 30 concerts de Mika depuis 2007.

* 37 Hennion (2009), op. Cit., p.74.

* 38 Hennion (2009), op. Cit., p.74.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand