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Mutations financieres et financement de l'économie au Cameroun

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par Dieudonne Desire ELANGA
Universite de Douala Cameroun - DEA 2004
  

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II-1-2)- Action sur l'actif

Une banque en difficulté peut améliorer son portefeuille d'actif soit directement en échangeant ou en passant par pertes et profits des créances douteuses ou recouvrables, soit indirectement en aidant par exemple les entreprises débitrices à restructurer. Au Cameroun, l'amélioration du portefeuille d'actifs n'a pas été laissée à la seule initiative de la banque. En fait, l'Etat à travers la Société de Recouvrement des Créances (SRC) a repris le portefeuille non productif des banques sinistrées.

Les créances douteuses contentieuses et impayées (CDCI), reprises ainsi par la SRC sur l'ensemble des établissements financiers ont été importantes à tel point qu'en Décembre 1996, la SRC était devenue le premier établissement de crédit du pays avec 700 milliards de créances douteuses à recouvrir.

Vu l'ampleur de la crise financière observée au Cameroun, la restructuration des banques n'a été qu'un des éléments du programme de redressement qui devait comprendre également des mesures visant une mobilisation et une allocation efficace des ressources ; d'où les mesures sur les plans monétaire et juridico-institutionnel.

II-2 -LE CHANGEMENT DE POLITIQUE MONETAIRE

Les restructurations bancaires de la fin des années quatre-vingt ont été accompagnées d'une modification de la politique monétaire régionale. Les mesures monétaires entreprises devaient permettre de combattre les distorsions structurelles de l'économie. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'une libéralisation financière, aspect fondamental des programmes d'ajustement structurel du FMI. La politique monétaire d'inspiration Keynésienne appliquée avant 1990 a été remplacée par une politique fondée sur les théories de Mc Kinnon et Shaw (1973). Il ne s'agit plus d'impulser la collecte de l'épargne, étape préalable à l'investissement.

Ces mesures constituent l'ossature de la nouvelle politique monétaire de la BEAC et peuvent être regroupées en trois groupes. D'abord la programmation monétaire, ensuite la libéralisation des taux d'intérêt et, enfin la mise en place du marché monétaire.

II-2-1)- Adoption de la programmation monétaire et suppression du plafond de refinancement des crédits

L'adoption de la programmation monétaire aligne en effet la nouvelle politique sur la politique des normes de progression de la monnaie en fonction du taux de croissance de l'économie (Bekolo-Ebé, 2001, P16). Depuis Septembre 1991, la détermination des plafonds de réescompte n'est plus uniquement fondée sur les besoins prévisionnels des banques : elle procède de la programmation monétaire. Lors de la première phase de cette programmation, les autorités monétaires prévoient l'évolution du PIB, des finances publiques et de la balance des paiements. Dans une deuxième phase, elles établissent en fonction des agrégats précédents, les objectifs monétaires : masse monétaire, avoirs extérieurs, crédit intérieur et refinancement de la Banque Centrale. Les plafonds de réescompte des banques auprès de la BEAC ont été maintenus jusqu'à la création du marché monétaire en juillet 1994. Cependant, leurs seuils ont été abaissés pour qu'ils puissent jouer véritablement leur rôle. Le plafond de réescompte à court terme est passé de 258 milliards de FCFA en 1990 à 276 en 1991. Il a ensuite été abaissé à 71 milliards de FCFA en 1992 et 1993. Depuis 1994,le plafond de réescompte maximum a été remplacé par un objectif de refinancement . Ce dernier ne devient impératif que lorsque le taux de couverture extérieur des engagements à vue de la Banque Centrale est inférieur au minimum statutaire de 20%. Par ailleurs, un nouveau système d'accord de classement a été mis en place. Il ne fait plus l'objet de limites individuelles et permet à la BEAC de sélectionner les signatures sur la base d'un système de cotation.

II-2-2)- La libéralisation des taux

Depuis 1990, la politique des taux bas et différentiés a été abandonnée au profit d'une gestion plus souple et plus rationnelle. Le niveau des taux d'intérêt est désormais fixé de manière à maintenir un différentiel de taux favorable avec la France, afin d'éviter les sorties de capitaux. Le taux d'escompte préférentiel a été supprimé et le taux des avances au trésor a été relevé progressivement pour égaliser le TEN en 1993. Le gouverneur de la BEAC a désormais les compétences pour modifier les taux d'escompte. De ce fait, il n'y a pas unicité des taux d'intérêt dans la zone BEAC.

Au niveau des banques, les taux ont été libéralisés, seuls restent fixés un taux débiteur maximum et un taux créditeur minimum. Le taux créditeur minimum ne concerne que les petits épargnants : il s'applique uniquement aux dépôts d'épargne ou aux livrets dont le montant est inférieur à 5 millions de FCFA. Quant au taux débiteur maximum, depuis novembre 1995, il est égal au taux de pénalité des banques majoré d'une marge de 7%.

II-2-3)- La mise en place du marché monétaire.

L'instauration du marché monétaire en juillet 1994 constitue l'aboutissement des réformes de la politique monétaire. Les opérations sur ce marché sont les demandes de refinancement des crédits à court et à moyen terme. Ce marché est composé de deux compartiments ; le premier est un marché interbancaire, le second permet à la BEAC de ponctionner ou d'injecter les liquidités.

Les banques interviennent sur le premier compartiment pour échanger des liquidités à des conditions de montant, de taux et de durée librement définies. A partir des interventions sur le marché monétaire, la BEAC calcule quotidiennement le taux d'intervention moyen pondéré (TIMP). En raison du manque de confiance entre les banques, en1997, les montants échangés sur ce marché sont pratiquement nuls. Les banques possédant des liquidités excédentaires préfèrent les placer à la BEAC (en 1997, les dépôts spéciaux représentent en moyenne 45 milliards de FCFA par mois).

Le guichet A est le canal principal du deuxième compartiment du marché monétaire. Il est constitué d'appels d'offres à l'instigation de la BEAC et de prise en pension à la demande des banques. Pour les appels d'offres, la BEAC sert à la limite du volume de monnaie centrale tout une partie des demandes à un taux unique. Celui-ci est arrêté par le gouverneur de la Banque Centrale en fonction de la conjoncture interne et externe. Les prises en pension à l'instigation des banques concernent une période de deux à sept jours. Le taux d'intérêt des prises en pension (TIPP) est égal au TIAO majoré de 1.5 à 2 points. Le TIMP fluctue entre le TIAO et le TIPP. Aux appels d'offres et aux prises en pension, il convient d'ajouter les interventions ponctuelles de la BEAC. Celle-ci peut effectuer des avances lorsque les montants injectés sur le guichet A excédent l'objectif de refinancement maximum de ce guichet. Si une banque a des difficultés à rembourser les échéances sur le guichet A, si elle a enfreint la législation, la BEAC lui consent des avances au taux de pénalité.

Le guichet B se situe hors marché. Il a été maintenu pour le refinancement des anciens crédits à moyen terme (dits irrévocables), et pour les nouveaux crédits d'investissement du secteur productif, suivant la procédure de mobilisation en compte courant.

Afin de ponctionner la liquidité excédentaire des banques, des dépôts spéciaux avaient été instaurés en 1994. Ils étaient rémunérés et ouverts à la demande des banques. Ils ont été supprimés le 08/02/01996 et remplacés par les appels d'offres négatifs prenant la forme de placement à 7 ; 28 et 84 jours. Les trésors nationaux sont autorisés à soumissionner aux appels d'offres négatifs. Tout comme les établissements de crédit, ils, ne peuvent soumissionner que s'ils sont au préalable désendettés vis-à-vis de la BEAC. Les placements sont effectués sous la forme d'acquisition de certificats de placements qui sont négociables librement sur le marché interbancaire, mais uniquement entre les banques titulaires d'un compte à la BEAC. Le taux servi cherche à fixer les liquidités dans la zone BEAC sans gêner les placements sur le marché interbancaire.

Cependant, même dans le cas où les deux premières mesures parvenaient au redressement du système bancaire, il convient de se demander pourquoi les organismes de contrôle bancaire n'ont pas détecté les signes de détresse plus tôt. D'où les mesures juridico-institutionnelles qu'il convient d'étudier maintenant.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore