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La problématique de la gouvernance locale dans la région de l'est-Cameroun: une analyse de la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua

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par Bertille Arlette JIOKENG NDOUNTIO
Universite Catholique d'Afrique Centrale - Master en Gouvernance et Politiques publiques 2010
  

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    UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE

    INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE

    FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION

    Thème

    LA PROBLEMATIQUE DE LA GOUVERNANCE LOCALE DANS LA REGION DE L'EST CAMEROUN : UNE ANALYSE DE LA PERCEPTION DU MAIRE PAR LES POPULATIONS

    DE LA VILLE DE BERTOUA

    Mémoire présenté en vue de l'obtention

    du Master en Gouvernance et Politiques Publiques par 

    JIOKENG NDOUNTIO Bertille Arlette

    Licenciée en Sciences Juridiques et Politiques

    Sous la direction du 

    Dr. Claude- Ernest KIAMBA

    Chargé de cours

    À l'Université Catholique d'Afrique Centrale

    Juin 2010UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE

    INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE

    FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION

    Thème

    LA PROBLEMATIQUE DE LA GOUVERNANCE LOCALE DANS LA REGION DE L'EST CAMEROUN : UNE ANALYSE DE LA PERCEPTION DU MAIRE PAR LES POPULATIONS

    DE LA VILLE DE BERTOUA

    Mémoire présenté en vue de l'obtention

    du Master en Gouvernance et Politiques Publiques par 

    JIOKENG NDOUNTIO Bertille Arlette

    Licenciée en Sciences Juridiques et Politiques

    Sous la direction du 

    Dr. Claude- Ernest KIAMBA

    Chargé de cours

    À l'Université Catholique d'Afrique Centrale

    Juin 2010

    DEDICACE

    A ma famille

    REMERCIEMENTS

    Nous tenons à remercier le Seigneur Dieu pour Sa présence, Son amour et Sa protection dans notre vie.

    Nous remercions notre directeur de mémoire, le Dr Claude-Ernest KIAMBA qui a accepté de diriger cette recherche malgré ses multiples occupations. Sa disponibilité, ses conseils et ses orientations intellectuelles nous ont été très bénéfiques.

    A travers lui, nous adressons nos remerciements à tous les enseignants de la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion de l'Université Catholique d'Afrique Centrale pour la rigueur avec laquelle ils nous ont encadrés.

    Nos remerciements s'adressent aussi à nos camarades et amis qui ont accepté de lire et de corriger ce travail.

    Que notre famille trouve ici l'expression de notre profonde gratitude pour son dévouement et son soutien inconditionnel.

    LISTE DES SIGLES

    ASC : Association sportive et culturelle

    BM : Banque Mondiale

    CMR : Commune Mixte Rurale

    CMRADR : Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural

    CODESRIA : Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique

    CPE : Commune de Plein Exercice

    CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées

    CUB : Communauté Urbaine de Bertoua

    DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi

    DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

    FMI : Fonds Monétaire International

    MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

    MINEPAT : Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire

    MINUH : Ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.

    PPTE : Pays Pauvre Très Endetté

    LISTE DES GRAPHIQUES

    Graphique 1 : Connaissance du maire par les populations de Bertoua ..........................24

    Graphique 2 : Attributs souhaités d'un maire .......................................................30

    Graphique 3 : Sentiment d'implication des populations ..........................................36

    Graphique 4 : Perception de la proximité du maire par les populations de la ville de Bertoua..................................................................................................50

    Graphique 5 : Répartition des populations en fonction de leur « amour » du maire .........57

    Graphique 6 : Satisfaction des populations vis-à-vis du travail du maire......................63

    Graphique 7 : Perception de l'importance du maire...............................................64

    SOMMAIRE

    DEDICACE I

    REMERCIEMENTS II

    LISTE DES SIGLES III

    LISTE DES GRAPHIQUES IV

    SOMMAIRE V

    INTRODUCTION GENERALE 1

    PREMIERE PARTIE : PROXIMITE DU MAIRE ET ADHESION DES POPULATIONS A L'ACTION LOCALE 16

    CHAPITRE 1 : CONNAISSANCE DU MAIRE ET DE SES ATTRIBUTIONS PAR LES POPULATIONS 17

    Section 1 : Des attributions consacrées par les textes 17

    Section 2 : Le maire à Bertoua : une autorité méconnue des populations 23

    CHAPITRE 2 : IMAGE DU MAIRE ET GESTION PARTICIPATIVE DE L'ACTION PUBLIQUE LOCALE 28

    Section 1 : L'appréciation de l'action du maire comme facteur d'adhésion à ses décisions 29

    Section 2 : L'insatisfaction des populations : résultat d'un sentiment de non-implication 35

    SECONDE PARTIE : COMMUNICATION ET PARTICIPATION DES POPULATIONS A L'ACTION PUBLIQUE LOCALE: LES DONNEES D'UNE LEGITIMITE QUESTIONNEE 41

    CHAPITRE 3 : RELATIONS MAIRE-POPULATIONS A BERTOUA: LE PARADOXE D'UNE EXPERIENCE FEDERATRICE 42

    Section 1 : La « communication » entre le maire et les populations : une persistance des schèmes stato-centrés 42

    Section 2 : Les implications des stratégies « communicatives » sur la dimension participative de l'action locale 48

    CHAPITRE 4 : FIGURE DU MAIRE ET « IMAGINAIRE » POPULAIRE : VERS UNE NOUVELLE LEGITIMITE DU MAIRE A BERTOUA ? 54

    Section 1 : La figure du maire à Bertoua : un acteur local délégitimé 54

    Section 2 : La place du maire dans l'imaginaire populaire : une importance relativisée 61

    CONCLUSION GENERALE 69

    BIBLIOGRAPHIE 72

    ANNEXES A

    RESUME

    La gouvernance locale est considérée comme une alternative véritable aux problèmes de développement que rencontrent les Etats africains, en général, et le Cameroun en particulier. En réalité, les populations se voient, désormais, placées au coeur de l'élaboration des politiques visant à affecter leurs destins. Afin de mettre en oeuvre sa politique de développement sur le plan local, l'Etat prend appui sur des élus locaux, notamment, le maire. Ce dernier est présenté comme un acteur principal voire incontournable de l'élaboration et de la gestion des affaires locales. Aussi, sa fonction, ses attributions tout autant que sa personne, se voient impliquées d'une manière ou d'une autre dans la mise en oeuvre de ladite gouvernance locale. Seulement, pour agir, le maire requiert un minimum de légitimité tandis que l'adhésion des populations aux politiques élaborées n'est pas automatique. Le succès ou l'échec d'une politique locale dépend, généralement, de l'idée que s'en font les populations. Aussi, la perception qu'elles ont du maire détermine, par conséquent, leurs pratiques et comportements qu'elles tenteront d'adapter aux diverses situations qui se présentent à elles.

    Mots clés : Gouvernance locale, perception, maire, action publique, intérêt général, participation des citoyens, élu local, décentralisation, développement local, Cameroun.

    ABSTRACT

    Local governance is seen as a genuine alternative to development problems faced by African countries in general and Cameroon in particular. In reality, populations are now placed at the heart of policies aiming to affect their lives. To implement its development policy on a local plan, the State bases itself on local politicians including the mayor. This latter is presented as a major, or even, essential player for the development and management of local affairs. Also, its function, as much as his person, are involved in one way or another in the implementation of aforementioned local governance. But to act, the mayor requires a minimum of legitimacy while public support for policy-making is not automatic. The success or failure of a local policy generally depends on the idea that people have of it. Also, the perception they have of the mayor determines, therefore, their practices and behaviors that they try to adapt to various situations presented to them.

    Keywords: Local governance, perception, mayor, public action, general interest, participation of citizens, local politicians, decentralization, local development, Cameroon.

    INTRODUCTION GENERALE

    La gouvernance locale offre la possibilité de rapprocher les services publics des populations. Elle permet le transfert de pouvoirs, de compétences, de biens et de ressources du niveau central aux niveaux régional et local ; le renforcement des capacités des collectivités locales concernées et le développement des initiatives de proximité. Les enjeux d'une gouvernance locale sont multiples et sont principalement d'ordre politique et socioéconomique.

    Au plan politique, la gouvernance locale constitue une exigence du processus démocratique1(*), car au-delà du pluralisme politique et de la transparence elle autorise, sinon favorise, l'initiative et le contrôle populaire2(*). Elle encourage la participation et est porteuse de beaucoup d'espoirs pour les populations, notamment, l'émergence d'une vie politique locale active.

    Au plan socio-économique, la gouvernance locale apparaît comme un instrument privilégié du développement3(*), car elle favorise l'émergence des initiatives de base en matière d'élaboration et de vote de plans/programmes de développement pouvant être considérés comme les choix des populations elles-mêmes. Les pouvoirs publics en attendent une meilleure mobilisation des ressources locales pour impulser la dynamique de lutte contre la pauvreté. La gouvernance locale peut permettre le renforcement de l'efficacité de l'aide. Elle transfère aux collectivités les prérogatives de programmation des actions et de gestion des infrastructures dans les domaines de la santé, de l'éducation, du sport, des arts et de la culture. Un des axes majeurs de la politique de gouvernance locale sera l'élargissement de l'accès aux équipements de base tels que les points d'eau potable, les infrastructures sanitaires, scolaires et culturelles. A cela, il faut ajouter l'accès des communes et de leurs populations à l'énergie et aux technologies de l'information qui participent du bien-être des populations.

    En réalité, les populations se voient, désormais, placées au coeur de l'élaboration des politiques visant à affecter leurs destins. Leur adhésion aux politiques élaborées se traduit généralement par l'adoption de pratiques et comportements adaptés aux diverses situations qui se présentent à elles. Afin de traduire dans les faits la politique de la gouvernance locale, l'Etat doit prendre appui sur les élus locaux et à cet effet, le maire passe le plus souvent pour l'un des acteurs, sinon l'acteur principal de l'élaboration des politiques locales. Aussi, sa fonction, ses attributions tout autant que sa personne se voient impliquées d'une manière ou d'une autre dans la mise en oeuvre de ladite gouvernance locale. Pour mieux rendre compte de cet état des choses, il convient de replacer notre étude dans le contexte qui est le sien.

    I. Contexte de l'étude

    Notre étude s'inscrit dans le contexte d'une Afrique en pleine transition sur les plans politique et social. Les États organisent la décentralisation pour atteindre les objectifs politiques que sont la légitimation de l'État de droit et la participation populaire aux processus de prise de décision4(*). De façon générale, les gouvernements centralisés ont initié un processus de réformes qui a pour objet le transfert de certaines compétences, tâches et ressources aux niveaux local et périphérique du gouvernement. Le but est de rapprocher les pouvoirs publics du peuple de manière à améliorer ses besoins essentiels. Faisant partie du chantier de la gouvernance locale, les autorités locales constituent le moyen législatif, institutionnel et financier pour les gouvernements d'opérer et de rendre les services essentiels aux populations tant urbaines que rurales5(*).

    Au Cameroun, la dynamique de dévolution définitive des pouvoirs aux maires constitue une partie du cadre de la politique nationale de démocratisation entamée dans les années 90. Le chantier de la gouvernance locale au Cameroun est vaste et comporte non seulement des potentialités et opportunités mais aussi des contraintes en capacités humaines, matérielles et financières. Il implique de pouvoir gérer les collectivités locales dans toute leur complexité et en tenant compte de l'environnement organisationnel, institutionnel et politique qui prévaut.

    Les communes et leurs élus, déjà institués, sont invités à s'associer au processus de préparation du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE)6(*), au même titre que tous les groupes d'acteurs. Mais le mécanisme d'ensemble reste bien piloté et guidé depuis le « haut », et dans les faits l'association des élus et collectivités à la définition des stratégies nationales est le plus souvent marginal et incident.

    II. Délimitation de l'étude

    L'étude de la gouvernance locale, sous l'angle des relations qu'entretiennent les populations et le maire dans la ville de Bertoua nécessite une délimitation du cadre opératoire. Il s'agit d'une délimitation spatiale, temporelle et matérielle.

    1. Délimitation spatiale

    Comme l'indique l'intitulé de notre étude, notre travail se focalisera sur l'analyse du cas précis de la Région de l'Est-Cameroun et, plus précisément, de la ville de Bertoua. Nous avons choisi la ville de Bertoua pour une double raison. D'abord, celle-ci est le chef lieu d'une région souvent qualifiée de sous-développée. « La province de l'Est reste une région en retard, alors qu'elle recèle d'importantes potentialités forestières et minières7(*)». Ensuite, de nombreux écrits, comme ceux de ANGO MENGUE et François BART8(*), s'accordent pour qualifier la région de l'Est comme celle qui connait les plus grands problèmes de développement. Cet état des choses a attiré notre curiosité et nous a confortée dans le choix de l'espace.

    2. Délimitation temporelle

    Pour mener à bien cette étude, nous avons choisi la période qui va de 2004, année de la promulgation de la loi d'orientation de la décentralisation au Cameroun9(*), à 2010, précisément le 1er janvier, date de référence de ce qui a été appelé l'option 2010. Cette date représente celle à laquelle ont eu lieu les premiers transferts de compétences et de ressources aux communes et communautés urbaines. Il s'agit, en effet, sur cette période de cinq ans, d'entrevoir l'évolution de l'action des maires dans la ville de Bertoua et de voir également comment se construit la perception des populations en rapport avec l'action desdits maires.

    3. Délimitation matérielle

    La diversité des questions de gouvernance locale appelle à des analyses méticuleuses. Aussi, la perception du maire dans la ville de Bertoua peut être analysée sous plusieurs angles et à l'aide de divers outils scientifiques. Nous nous proposons de traiter notre sujet dans une analyse pluridisciplinaire qui associera à la fois la sociologie de l'action publique, les politiques publiques et dans une certaine mesure, la psychologie. En ce qui concerne la sociologie de l'action publique, ce travail rend compte de la gouvernance locale en tant que mode de régulation, par le maire, des interactions sociales dans un contexte marqué par la pauvreté. Elle nous sert également à saisir l'incidence des diverses politiques déjà implémentées sur les représentations des populations. Les politiques publiques nous aident à mieux saisir la dynamique des décisions prises au niveau des communes de la ville de Bertoua. Nous verrons dans quelle mesure ces politiques rendent compte de la proximité qui leur est présumée et quelles idées ces populations se font de ces politiques mises en oeuvre. Puis, la psychologie, dont nous reconnaissons ne pas maitriser les contours, nous aide à analyser les facettes qui s'offrent de la perception des populations. Elle nous permet de voir comment se font et se défont les représentations et dans quelles mesures ces représentations influencent leurs agissements.

    Ces outils nous permettent ainsi d'entreprendre une approche transversale, mais plus intégrale, de notre sujet. Cela passe d'abord par une meilleure appréhension des termes constituant notre sujet de réflexion. Dans cette mesure, il convient de définir les concepts clés de ce travail sur la gouvernance locale dans la ville de Bertoua.

    III. Définition des concepts

    Cette opération a pour objectif principal de replacer ces divers concepts dans le contexte spécifique de notre étude. Il s'agit notamment de : gouvernance locale, perception et maire.

    La gouvernance locale est une branche de la gouvernance. Ensemble des procédures institutionnelles, des rapports de pouvoir et des modes de gestion publics ou privés formels aussi bien qu'informels qui régissent l'action politique10(*), la gouvernance, devenue également un concept de la science politique, se définit dans ce cas, selon Patrick LE GALES, comme un « processus de coordination d'acteurs publics et privés, de groupes sociaux, d'institutions [destinés] à atteindre des buts propres discutés et définis collectivement dans des environnements fragmentés, incertains ». Abolissant la distinction public/privé dans la logique d'une relation horizontale et non plus hiérarchique ou verticale entre les « décideurs », cette perspective suppose, par conséquent, que les instances politiques reconnues, telles que l'Etat ou les organisations intergouvernementales, ne détiennent plus le monopole de la conduite des affaires publiques11(*). Dans le même ordre d'idées, STOCKER affirme que « la gouvernance fait intervenir un ensemble complexe d'acteurs et d'institutions qui n'appartiennent pas tous à la sphère du gouvernement; elle traduit une interdépendance entre les pouvoirs et les institutions associées à l'action collective. La gouvernance fait intervenir des réseaux d'acteurs autonomes et part du principe qu'il est possible d'agir sans se remettre au pouvoir de l'État »12(*).

    L'économiste Bernard PECQUEUR, dans ses travaux sur le développement local, définit, quant à lui, la gouvernance locale comme « un processus institutionnel et organisationnel de construction d'une mise en compatibilité des différents modes de coordination entre acteurs géographiquement proches, en vue de résoudre les problèmes productifs inédits posés aux territoires13(*) ». Le concept de gouvernance locale apparaît alors comme une forme de régulation territoriale et d'interdépendance dynamique entre agents notamment productifs et institutions locales. Dans cette approche, le territoire contribue à réduire les coûts de transaction entre les firmes et constitue de ce fait un niveau pertinent pour coordonner les actions collectives. Au- delà de la seule efficacité comptable, est alors mis en évidence le fait que les institutions non économiques peuvent faciliter la coordination entre agents, sont donc acteurs à part entière des coordination et décision, des coalitions et négociations14(*).

    Il s'agit ainsi d'un ensemble de moyens par lesquels les individus et les institutions publiques et privées, gèrent leurs affaires locales. L'idée d'une gouvernance locale repose sur les capacités des communautés à maîtriser leur territoire et à gérer leurs ressources. Elle implique que les populations ne sont pas seulement l'objet d'une décision ou d'une solution en bout de piste, mais sont partie intégrante de la décision et de la solution.

    Tel est le contenu conféré au concept de gouvernance locale qui sera retenu dans le cadre de cette étude. Cette définition est celle qui sied le plus à notre étude car elle a le mérite de mettre l'accent sur un processus plus participatif et d'entrevoir l'action locale comme étant plus proche des populations, paramètre essentiel au développement local.

    La perception : Etymologiquement, le mot percevoir signifie : se saisir de. Il a donc un sens actif et s'apparente à une activité mentale par laquelle une connaissance personnelle donne un sens à la réalité. Nous percevons les stimulations auxquelles nous attribuons des significations. Quelquefois, la perception est confondue à la représentation mais Jean PIAGET précise que « la représentation se distingue de la perception. Quand cette dernière est une connaissance des objets résultant d'un contact avec eux, la première consiste soit à évoquer les objets en leur absence, soit qu'elle double la perception en leur présence, à compléter leur connaissance perceptive en ce référant à d'autres objets non actuellement perçus. Ces deux fonctions d'évocation s'expriment toujours dans un rapport « signifié / signifiant », c'est-à-dire dans un rapport de correspondance établi entre ce que l'on veut exprimer (signifié) et le moyen d'expression que l'on utilise à cette attention (signifiant)15(*) ».

    De plus, la perception a un caractère subjectif. Une situation sociale n'est jamais identique pour tous les individus. Chacun organise et interprète l'information qu'il reçoit en fonction de son cadre de référence, résultant de ses expériences antérieures, de ses centres d'intérêts, de ses habitudes et de ses motivations qui s'inscrivent dans la configuration unique et régulière constituant sa personnalité. La perception apparaît donc comme une « action de saisir par l'esprit, connaissance » ou un « acte par lequel le sujet se forme la représentation d'un objet appréhendé par les sens »16(*).

    Dans notre étude, la perception sera considérée comme la façon pour un individu de se voir et de voir les autres. Cette définition, somme toute simple, nous permettra de comprendre comment l'image que l'on peut avoir de l'autre, en l'occurrence, l'image que peuvent avoir les populations d'un maire, conditionne leur adhésion aux décisions qu'il prend et détermine leurs agissements.

    Le maire représente l'autorité municipale. Son rôle et ses attributs sont variables selon les villes ou pays concernés. Au Cameroun, il est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours au cours de la première réunion du conseil municipal qui doit se tenir durant la première semaine après l'élection du conseil suivant les élections municipales ou après la démission du maire précédent17(*). Il remplit ainsi des fonctions administratives comme, par exemple, la publication des lois et règlements ou l'organisation des élections. Il est chargé, sous l'autorité du « représentant » de l'État dans le département, de l'exécution des mesures de sûreté générale et des fonctions spéciales qui lui sont attribuées par les lois. Il est l'ordonnateur des dépenses et des recettes de la commune. Le maire concourt par son pouvoir de police18(*) à l'exercice des missions de sécurité publique et dispose d'une large compétence en matière de police municipale. Il est notamment chargé d'assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques, la liberté de la voie publique, la prévention et l'organisation des secours contre les catastrophes19(*).

    Dans notre étude, nous verrons le maire d'abord en tant que personnalité dont les attributs et rôles sont définis par la loi, et ensuite, comme personne humaine. Aussi, le maire est une personnalité politique issue d'une population avec laquelle il partage la même histoire, les mêmes valeurs et intérêts, et qui constitue sa base électorale. Dans cette perspective, le maire arbore deux visages qui ne sont pas toujours compatibles. La gestion de ses différentes « casquettes » pour promouvoir sa personne et son action constituent donc des points déterminants pour notre étude. Cela dit, il apparaît opportun de préciser l'intérêt de cette étude.

    IV. Intérêt de l'étude

    Notre étude revêt un double intérêt : social et scientifique.

    1. Intérêt social

    L'intérêt de notre étude est de faire ressortir la place qu'occupe le maire en tant que « garant du développement ». Aussi est-il question de déceler les mesures prises afin de favoriser un épanouissement des populations dans une optique d'amélioration de leur niveau de vie. Le succès ou l'échec d'une politique locale dépend en grande partie de l'image que s'en font les populations. Pour cela, l'intérêt de l'étude du rapport existant entre gouvernance locale et perception « populaire » ne se limite, cependant, pas à rappeler le discours que tient le gouvernement camerounais au sujet des bienfaits d'une gestion administrative de proximité, mais s'attelle davantage à en dégager la portée par rapport au bien-être des populations.

    2. Intérêt scientifique

    Les travaux20(*) sur la gouvernance en Afrique et au Cameroun sont légion et s'attèlent en grande partie à en présenter les avantages quant à la gestion des affaires publiques. Seulement, peu d'études se sont véritablement penchées sur l'action spécifique du maire et ont analysé la perception qu'ont les populations de cette « fonction ». Nous avons souligné que nous dégagerons la portée de la gouvernance locale par rapport au bien-être des populations locales. Mais, au delà, cette étude a pour intérêt d'aider à une meilleure compréhension du lien qui existe entre gouvernance locale et développement participatif. Le présent travail constitue donc une contribution en matière de gestion concertée du développement local dans un contexte de pauvreté répandue.

    Il vise à analyser l'action locale « par le bas »21(*). Il s'agit de voir, à travers la perception de la population, objet presque délaissé de la science politique, comment peuvent se greffer les dynamiques du « haut » et celles du « bas », autrement dit, comment la logique du haut peut prendre corps à partir de la connaissance par les populations de la réalité qu'est le maire. Il ambitionne d'aider les communes du Cameroun, notamment, les communes de Bertoua à mieux structurer les décisions publiques. Sans avoir la prétention d'ignorer les réflexions déjà menées, les résultats de cette étude servent non seulement d'outils d'aide à la décision mais aussi et surtout d'instruments de suivi-évaluation des politiques en faveur des collectivités territoriales décentralisées tant en matière de participation des populations que de développement local. Il importe à présent de nous pencher sur les écrits qui se sont intéressés à la question traitée.

    V. Revue de littérature

    La gouvernance appelle de nombreux débats qui s'appliquent généralement à en énoncer une définition. Après de nombreuses interrogations au sujet de la meilleure forme de gouvernement, mieux, de gouvernance possible, l'intérêt de la question se trouve recentré autour de son but. Tout aussi important que la manière, le but de la gouvernance a fait couler beaucoup d'encre. Ainsi, ne suffit-il pas de savoir comment gouverner, encore faut-il savoir pourquoi le faire. C'est notamment à cette préoccupation que Hartmut SCHNEIDER tente de répondre lorsqu'il affirme qu'au delà de la gouvernance « classique », « la gouvernance participative (...) débouche potentiellement sur une plus grande efficacité au niveau de la prise des décisions et des résultats »22(*). Angel SALDOMANDO, dans ses interrogations sur la gouvernance23(*), met quant à lui l'accent sur l'aide de la gouvernance en matière de régulation sociale tandis que Pranab BARDHAN affirme que :

    La décentralisation a une signification différente selon les personnes qui ont des raisons multiples de la soutenir (...). Les avantages de la décentralisation, définie comme un transfert de pouvoir, seront tout d'abord énumérés(...). Outre qu'elles permettent une meilleure adaptation aux préférences locales, les informations locales permettent souvent de trouver des manières moins couteuses et plus appropriées de fournir des services publics24(*).

    Toutefois, le but de la gouvernance, ou du moins, de la gouvernance locale, ne se cantonne pas à la régulation des rapports sociaux. C'est pourquoi le PNUD, dans son rapport sur le développement humain de Janvier 1999, estime que « la bonne gouvernance peut aider à la lutte contre la pauvreté en Afrique en général et au Cameroun en particulier25(*) ». La décentralisation est érigée au rang de condition essentielle au développement humain durable. La gouvernance accompagnée d'une obligation de rendre des comptes à l'échelon local améliore le fonctionnement des services publics. Cette gestion décentralisée des affaires publiques peut également contribuer à résoudre des problèmes d'action collective dans la gestion des ressources patrimoniales communes et, ainsi, éviter ce que l'on appelle la tragédie des biens communaux ruraux. Les moyens de subsistance quotidiens des pauvres, en particulier en milieu rural, dépendent de manière vitale des ressources de l'environnement local26(*).

    La question de la bonne gouvernance locale est toute aussi importante que ses implications sont grandes. Il faut croire qu'elle implique de passer des affaires publiques centrales aux affaires locales. Ce passage suppose donc que l'Etat, autrefois unique acteur, se dessaisisse de certaines de ses attributions pour les transférer à des collectivités territoriales décentralisées. C'est sans doute l'une des raisons qui justifie tout le succès, du moins dans les discours, que l'on reconnaît à la décentralisation aujourd'hui. C'est ce que semble soutenir Giorgio BLUNDO quand il affirme que « plus que d'un retrait pur et simple de l'Etat, il est sans doute question d'une réorganisation des techniques de gouvernement, par le transfert de compétences de régulation jadis étatiques vers des acteurs non-étatiques, individuels ou collectifs, auxquels on confère des qualités de responsabilité et de rationalité27(*) ».

    Reconsidérer la problématique du rôle de l'Etat implique donc de tenir compte des divers autres acteurs pouvant l'aider dans les processus de prise de décisions. L'une des préoccupations majeures d'un Etat réside dans son propre développement tout en veillant au bien-être de ses populations. Le développement dont il est question ne sera donc plus l'apanage seul de l'Etat central. Cet état des choses s'apparente à ce que John Clayton THOMAS a appelé le « nouvel engagement des citoyens28(*) »

    Toutefois, la promotion du développement au travers de la gouvernance locale rencontre de nombreux écueils parmi lesquels la pauvreté. BARDHAN propose de rester prudent vis-à-vis des dynamiques de la décentralisation en affirmant que :

    D'une manière générale, il convient de résister à la tentation d'une vision trop romantique de la valeur du développement participatif décentralisé, attitude courante parmi les « anarcho-communautaires ». Cette forme en dépit de ses multiples et indéniables avantages, est impuissante à résoudre certains problèmes fondamentaux d'équité et d'efficience, dans les situations où les structures locales de gouvernement sont dominées par une élite, en particulier, les retombées positives sur les franges les plus défavorisées de la population seront tardives et incertaines29(*).

    En réalité, la gouvernance au niveau local semble poser de nombreuses conditions à sa mise en oeuvre. En effet, l'homme naît et vit dans des groupes. Son histoire est par conséquent indissociable de la vie sociale. Aujourd'hui, les sciences sociales permettent une compréhension plus claire de cette imbrication de la personne et de la société. Des théories rendent compte de ce qui se passe quand les sujets vivent ensemble et des phénomènes d'interaction qui se produisent entre l'homme et le groupe : c'est la psychologie sociale. Le sujet situé face aux attentes, exigences et influences de son environnement humain tisse des relations. « La communication entre les personnes est conditionnée dans une large mesure par la perception d'autrui, et d'une manière globale de tout notre environnement. Il est donc utile de mieux connaître les processus perceptifs »30(*).

    C'est sans doute ce qu'a voulu dire Pranab BARDHAN en affirmant que les conditions qui doivent être satisfaites pour obtenir ce résultat sont beaucoup trop strictes, en particulier pour les pays pauvres. Pour lui, l'hypothèse cruciale de mobilité de la population (c'est-à-dire des citoyens totalement informés et capables, de choisir librement) qui permet aux gouvernements de surmonter le problème consistant à amener les citoyens à révéler leurs préférences en matière de biens collectifs, est rarement opératoire dans les pays pauvres31(*).

    Par ailleurs, l'ignorance des contours subtils de la fonction de maire et de son importance dans la gouvernance locale, semble déterminante à cet égard. En réalité, « c'est le rôle d'une personne, tel qu'il est perçu par un individu qui occupe une position déterminée à un certain moment, la manière dont il croit qu'il doit jouer son rôle. Cette perception peut être différente des attentes précédentes. D'une façon générale, l'imprécision de la définition d'un rôle est susceptible d'engendrer des difficultés dans les rapports d'un sujet avec son entourage »32(*).

    L'impact positif de la gouvernance décentralisée n'est donc pas organiquement constitutif des stratégies de développement nationales établies dans la mouvance du DSCE. Pour la plupart des partenaires de coopération, c'est la réflexion sur la transformation des modalités de gouvernance locale qui va contribuer à établir le lien : la gouvernance locale apparaît comme un outil parmi d'autres d'empowerment33(*) des pauvres. L'argument majeur repose sur la proximité géographique qui garantit un niveau élevé d'information et de mobilisation des leaders politiques et des populations sur les réalités et les besoins locaux, et facilite ainsi l'obtention de résultats visibles.

    En définitive, est-il intéressant de rappeler que toute cette littérature soulève un certain nombre de préoccupations. A cet égard, il nous incombe de préciser l'interrogation qui constitue le centre des articulations du travail ici présenté.

    VI. Problématique

    Le champ sémantique de la gouvernance locale renvoie à une participation politique accrue de divers acteurs à la construction et la gestion plus effective de la cité. Cette gouvernance renforce les capacités de l'Etat en matière de développement local et révèle la nécessité de placer l'appréhension qu'ont les populations, à la fois du maire et de son action, au coeur de ces politiques pour en accroître l'efficacité.

    La gouvernance locale est présentée comme une alternative véritable pour l'avenir des Etats africains. Celle-ci se trouve, en effet, inscrite au coeur de nombreuses politiques de développement local. Les implications positives de ladite gouvernance, notamment une gestion saine des affaires, semblent faire l'unanimité des chercheurs, et des modalités ou principes divers sont assortis à l'instauration du processus de décentralisation.

    Conscients de l'importance d'une telle entreprise, et du rôle que doit jouer le maire au sein de cette dynamique, des programmes de développement local ont été mis en oeuvre en zones urbaines et rurales. Ils ont été, principalement, orientés vers l'intervention sur les infrastructures de base et l'amélioration des conditions de production ou de commerce local, sans inclure explicitement une réflexion sur le renforcement des pouvoirs municipaux. Tous ces développements font naître une interrogation : comment la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua favorise-t-elle leur adhésion à l'action publique locale ?

    En considérant cette question posée, des tentatives de réponse apparaissent et feront l'objet du point suivant.

    VII. Hypothèses

    Pour répondre à la problématique ci-dessus formulée, nous émettons une hypothèse principale et deux hypothèses secondaires.

    Hypothèse principale

    L'adhésion et la participation des populations de la ville de Bertoua à l'action publique locale dépendent fortement de la perception qu'elles ont du maire.

    Hypothèses secondaires

    § Plus le maire est un personnage proche des populations, plus celles-ci adhèrent à son action en s'attachant, notamment, à ses qualités personnelles.

    § Plus l'action de la commune touche les réalités des populations, plus elles se sentent poussées à s'impliquer.

    Il sied, à présent, de définir le cadre méthodologique à partir duquel sera analysée la perception des populations au sujet du maire et de son action à Bertoua.

    VIII. Cadre méthodologique

    L'aboutissement de cette étude exige d'une part, l'utilisation d'un ensemble de méthodes d'analyse et d'autre part, l'utilisation de techniques de recherche pour la collecte des données pertinentes.

    1. Grilles d'analyse des données

    Pour analyser les données recueillies sur le terrain, nous avons fait le choix de l'interactionnisme symbolique et de la théorie des représentations sociales.

    L'interactionnisme symbolique est une grille d'analyse qui postule que l'accès cognitif au sens des phénomènes, tant subjectifs qu'objectifs, découle inévitablement d'une interprétation et que la formation du cadre interprétatif découle des processus dynamiques d'interaction interindividuelle. Ainsi, selon ce cadre théorique développé à l'aide de recherches en ethnologie, l'interaction symbolique (communication verbale et non-verbale) entre les individus humains ou animaux détermine le sens que ces derniers accordent au monde et à leurs propres états mentaux34(*). Pour le sociologue Erving GOFFMAN, la vie sociale est une sorte de théâtre35(*), où les individus sont des acteurs qui endossent des rôles, différents selon les lieux ou ils se trouvent. Le but du jeu est de faire bonne figure et de permettre à chacun de garder la face36(*). La communication est alors, d'après lui, faite d'un ensemble de « rituels d'interaction », de gestes, de mimiques et d'expressions verbales. L'interactionnisme symbolique repose sur trois principes :

    § Les humains agissent à l'égard des choses en fonction du sens interprétatif que ces choses ont pour eux. L'action se fonde à partir du sens, ce dernier émerge à travers les interactions interpersonnelles situationnelles grâce à une réalité intersubjective reposant sur des symboles langagiers partagés

    § Ce sens est dérivé ou provient des interactions que chacun a avec autrui. L'univers des significations émerge d'un processus de coopération et d'adaptation mutuelle au sein du groupe social.

    § C'est dans un processus d'interprétation mis en oeuvre par chacun dans le traitement des objets rencontrés que ce sens est manipulé et modifié. C'est ce processus herméneutique qui crée un sens nouveau pour chaque individu transformant sans cesse les significations des objets : l'individu contrôle ses actions en agissant sur lui-même et le tout selon les circonstances et le contexte.

    Cette méthode permettra d'analyser la relation qui se développe entre le maire et les populations. L'aspect théâtral est important car le jeu de rôle participe également à la symbolique et contribue, par des « pirouettes » à attirer la sympathie des populations. Elle explique également la dimension politique du maire, acteur opportuniste. Mais, surtout, l'interactionnisme servira à mesurer l'impact que peut avoir la relation sur l'adhésion des populations à l'action publique locale.

    La théorie des représentations sociales, quant à elle, précise que le sujet et l'objet ne sont pas distincts, le sujet participant à la construction de l'objet en fonction de ses insertions sociales. Il n'y a pas de coupure entre l'univers extérieur et intérieur de l'individu (ou du groupe). L'objet est donc construit, non pas selon ses propriétés objectives, mais en fonction des caractéristiques des sujets sociaux qui se l'approprient au travers des communications qu'ils développent à son propos. Les groupes sont définis sur la base de leur communauté de représentations. Denise JODELET définit le concept de représentation sociale comme :

    Une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, il désigne une forme de pensée sociale. Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéal. En tant que telles, elles présentent des caractères spécifiques au plan de l'organisation des contenus, des opérations mentales et de la logique. Le marquage social des contenus ou des processus de représentation est à référer aux conditions et aux contextes dans lesquels émergent les représentations, aux communications par lesquelles elles circulent, aux fonctions qu'elles servent dans l'interaction avec le monde et les autres37(*).

    Pour cette étude, la théorie des représentations sociales servira à analyser trois éléments importants à savoir le code de communication entre maires et populations, la façon avec laquelle les populations de Bertoua définissent ensemble les différents aspects d'un vécu quotidien. Elle aidera à saisir comment elles se positionnent dans leur environnement afin de le maîtriser. Cette théorie servira, par ailleurs, à dégager le code commun qui permet de définir l'identité du groupe et guide les comportements et pratiques de celui-ci.

    2. Techniques de collecte de données et échantillon

    La démarche choisie est focalisée sur le recueil, par voie d'entretiens semi-directifs, des informations auprès des personnes directement concernées par la question.

    Nous accordons une importance particulière aux points de vue respectifs des populations locales et des autorités administratives. Dès lors, un échantillon représentatif de cent cinquante personnes est choisi. Avec l'entretien semi-directif, on laisse l'enquêté, autant que possible, s'exprimer dans les termes qu'il souhaite employer38(*) et on ne fait que recentrer l'entretien sur les objectifs chaque fois que l'interlocuteur s'en écarte. La technique convient lorsqu'elle a pour objectif, entre autres, l'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux événements auxquels ils sont confrontés. Ces derniers peuvent correspondre à leurs systèmes de valeurs, leurs repères normatifs, leurs interprétations des situations conflictuelles ou non et leurs propres expériences. Cette méthode a pour principaux avantages, le degré de profondeur des éléments d'analyse obtenus, la souplesse et la faible directivité du dispositif qui permet de récolter le témoignage des enquêtés en respectant leur cadre de référence39(*).

    PREMIERE PARTIE :

    PROXIMITE DU MAIRE ET ADHESION DES POPULATIONS A L'ACTION LOCALE

    En tant qu'élu local, le maire se veut être une autorité issue de la volonté du peuple et donc proche de celui-ci. La qualité des rapports qu'il entretient avec ses électeurs a une influence sur leur adhésion à son action au sein de la commune. En réalité, la relation entre la proximité du maire et l'adhésion des populations à l'action locale peut s'analyser sous deux angles majeurs. D'une part, le niveau de connaissance qu'ont les populations de leur maire et de ses attributions (chapitre 1) permettent de comprendre la logique qui existe entre les attributions textuellement dévolues au maire et l'appropriation que s'en font les populations. D'autre part, l'image que le maire renvoie semble déterminer la participation de la population à l'action locale (chapitre 2) sus évoquée.

    CHAPITRE 1

    CONNAISSANCE DU MAIRE ET DE SES ATTRIBUTIONS PAR LES POPULATIONS

    Il est encore fréquent de rencontrer, généralement parmi les couches les plus défavorisées de la population, des personnes qui n'ont jamais entendu parler de la décentralisation ou qui n'en connaissent que le nom...40(*)

    Les populations de Bertoua ont peu de contacts avec leurs administrations locales et l'idée qu'elles se font de leurs fonctions se réduit aux raisons pour lesquelles elles interagissent avec elles. « L'action publique locale dont ils sont les principaux acteurs se comprend moins en terme d'intentions politiques qu'en terme de gestion de ressources et de contraintes. Le maire est en effet soumis à un ensemble d'obligations tenant tout autant aux attentes exprimées par les électeurs qu'aux cadres juridiques et institutionnels qui imposent une certaine conduite et des modes d'action préétablis41(*) ». Il apparait ainsi intéressant d'analyser le rôle dévolu par les textes juridiques (section 1) à cet acteur incontournable de la gouvernance locale, notamment, sur l'effectivité de l'exercice de ses missions avant de nous appesantir sur le degré de connaissance qu'en ont les populations (section 2).

    Section 1 : Des attributions consacrées par les textes

    Au Cameroun, les attributions du maire sont consacrées par des textes juridiques spécifiques. Il s'agit des lois d'orientation de la décentralisation qui lui accordent une place prépondérante au sein de ce processus compte tenu de sa proximité avec les « administrés » (paragraphe 2). Mais, avant la « nouvelle décentralisation », le maire a vu ses attributions définies par d'autres textes de lois (Paragraphe 1).

    Paragraphe 1. Consécration textuelle avant la décentralisation

    L'administration municipale au Cameroun remonte à de bien lointaines années. En effet, après 1884, les Allemands optent pour le renforcement de leur implantation au Cameroun. Aussi, le Baron VON SODEN, premier gouverneur allemand au Cameroun crée-t-il deux circonscriptions administratives : Victoria et Kribi. A la tête de chacune, il place un chef de circonscription assisté d'un conseil municipal de six membres. En 1963, il existe trois types de communes à savoir les communes de plein exercice, les communes de moyen exercice et les communes mixtes rurales. La distinction entre les trois catégories se fait selon deux critères: le mode de désignation du maire et le degré de développement économique et social de la commune.

    Les communes de plein exercice (CPE) sont le type vers lequel doivent tendre les autres communes puisqu'elles ont un développement suffisant pour pouvoir disposer des ressources propres nécessaires a l'équilibre de leur budget. Ces communes (Yaoundé, Douala, Nkongsamba), sont régies de façon particulière. Les communes de moyen exercice (CME) se divisent en communes rurales et communes urbaines de moyen exercice et ont été créées, presque exclusivement, dans le Nord par la loi du 31 Décembre 1960. La principale différence avec le statut des CPE vient du mode de désignation du maire : il est nommé par le secrétaire d'Etat à l'Intérieur.

    Les communes mixtes rurales (CMR) sont les plus nombreuses, tandis que les communes mixtes urbaines ont disparu depuis 1962. Elles sont dites mixtes, car elles possèdent un caractère à la fois autoritaire par les modalités de désignation du maire et démocratique par le mode de désignation du conseil municipal. En réalité, la Loi No 62/2/COR du 1er mars 1967, précise que le maire sera désormais nommé par décret pris en conseil de cabinet et les adjoints par arrêté du secrétaire d'Etat a l'Intérieur. Les maires et adjoints des trois types de communes sont donc nommés par le gouvernement, ce qui simplifie bien sûr le régime communal mais n'a pas résolu pour autant le problème de manque de compétence des administrateurs locaux42(*).

    Pour ce qui est des attributions du maire, le maire administre la commune, mais suivant le type de commune, ses prérogatives sont très différentes, étendues dans le cas des communes de plein exercice, limitativement énumérées dans le cas des communes mixtes rurales. Cependant, le maire également représentant de 1' Etat, détient certains pouvoirs, ses « pouvoirs propres », dont il n'a pas à rendre compte au conseil municipal et ne peut être destitué par ce même conseil. Valette ALAIN43(*) a analysé l'organisation communale de cette époque et ses conclusions sont les suivantes : le maire jouit de plusieurs attributions dont les principales sont les suivantes :

    § attributions budgétaires: préparation et exécution du budget, établissement de plan de campagne pour les travaux publics et l'hygiène ;

    § attributions de gestion et d'entretien des biens de la commune, gestion des revenus et surveillance de la comptabilité, adjudications communales et souscriptions des baux et marchés (sous réserve de 1'approbation du Secrétaire d'Etat à l'Intérieur), réparation des immeubles occupés par la municipalité, entretien de la voirie, conservation et administration des propriétés communales. Il administre le personnel communal : tous les agents municipaux sont nommés, licenciés ou révoqués par lui.

    § attributions réglementaires: les arrêtés du maire portant règlement permanent ne sont exécutoires qu'après approbation du Ministre de l'Intérieur. Aucun maire n'est officier de police judiciaire, le maire d'une CMR n'est pas chargé de l'exécution des mesures de sécurité générale (qui sont du ressort du préfet), il n'a pas la disposition des agents de la force publique, ni pouvoir de réquisition sur leurs chefs. Il ne peut autoriser les manifestations sur la voie publique.

    Depuis cette époque, des avancées ont été enregistrées. En 1972, intervient une grande réforme appelée Révolution Pacifique du 20 Mai. Il s'agit du mouvement qui consacrera la République Unie du Cameroun et tous les textes postérieurs à cette date et jusqu'en 1996, ont été conçus dans un contexte sociopolitique où un accent particulier était mis sur la forme unitaire de l'Etat. Tout était centralisé et la tutelle administrative sur les communes renforcée pour éviter toute aspiration à tendance centrifuge.

    L'on se rend donc compte que le maire était une autorité aux attributions, certes textuellement définies, mais très réduites. Avec l'« avènement » de la « nouvelle décentralisation », le maire se verra confier des attributions bien plus importantes au point que son rôle se trouve presque « sacralisé » dans ce processus.

    Paragraphe 2. Décentralisation et reconfiguration juridique de l'autorité du maire

    Avec le processus de décentralisation, le rôle du maire se trouve accru. Ses attributions sont définies par des textes juridiques, notamment, la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes. En effet, aux termes de l'article 71 de ladite loi, le maire représente la commune dans les actes de la vie civile et en justice44(*). A ce titre, il est chargé, sous le contrôle du conseil municipal:

    - De conserver, d'entretenir et d'administrer les propriétés et les biens de la commune et d'accomplir tous les actes conservatoires de ces droits ;

    - De gérer les revenus, de surveiller les services communaux et la comptabilité communale ;

    - De délivrer les permis de bâtir et de démolir, ainsi que les autorisations d'occupation des sols;

    - De préparer et de proposer le budget, d'ordonnancer les dépenses et de prescrire l'exécution des recettes ;

    - De diriger les travaux communaux ;

    - De veiller à l'exécution des programmes de développement financés par la commune ou réalisés avec sa participation;

    - De pourvoir aux mesures relatives à la voirie municipale;

    - De souscrire les marchés, de passer les baux et les adjudications des travaux communaux, conformément à la réglementation en vigueur;

    - De passer, selon les mêmes règles, les actes de vente, d'échange, de partage, d'acceptation de dons ou legs, d'acquisition, de transaction, lorsque ces actes ont été autorisés par le conseil municipal;

    - De prendre, à défaut des propriétaires ou des détenteurs du droit de chasse préalablement mis en demeure, toutes les mesures nécessaires à la destruction d'animaux déclarés nuisibles, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur, et éventuellement, de requérir les habitants avec armes et chiens propres à la chasse de ces animaux, de surveiller et d'assurer l'exécution de ces mesures et d'en dresser procès-verbal ;

    - De veiller à la protection de l'environnement, de prendre, en conséquence, les mesures propres à empêcher ou à supprimer la pollution et les nuisances, à assurer la protection des espaces verts et à contribuer à l'embellissement de la commune ;

    - De nommer aux emplois communaux et d'une manière générale, d'exécuter les délibérations du conseil municipal45(*).

    Il est également l'ordonnateur du budget de la commune46(*). Le maire est donc le premier responsable de la commune et doit veiller au bien-être de ses « administrés ». Partant de ce principe, il est chargé, de drainer le maximum de projets de développement vers sa commune. Le maire apparait, de ce fait, comme un agent de développement et il collabore avec des institutions de développement, l'Etat et le gouvernement tout en s'ouvrant également à des collectivités extérieures à travers des opérations de jumelage avec des communes du monde entier.

    C'est en cela qu'on peut définir les maires comme des « courtiers en développement » dans le sens où l'utilisent OLIVIER DE SARDAN et BIERSCHENK47(*), à savoir « des acteurs sociaux implantés dans une arène locale qui servent d'intermédiaires pour drainer (vers l'espace social correspondant à cette arène) des ressources extérieures relevant de ce que l'on appelle communément l'aide au développement»48(*). En réalité, on peut noter, avec OLIVIER DE SARDAN et BIERSCHENK que, de par leur position dans la société, ils sont par définition, des intermédiaires entre une population et l'Etat. Leurs activités de courtage sont ainsi étroitement mêlées à leurs activités ou fonctions classiques d'hommes politiques (fonctions de maires) avec lesquelles elles se confondent souvent.

    Toutes les actions du maire semblent avoir pour but de récolter des fonds financiers, matériels, techniques et même humains pour développer « sa » cité. Ses actions lui permettent également de tisser ou de renforcer des réseaux de relations, d'avoir une certaine notoriété, une certaine influence, un certain pouvoir vis-à-vis de la population pour laquelle il travaille. « Mais comme le maire est l'élu de référence que chacun connaît, l'on n'hésite pas à lui imputer ce qui ne relève pas vraiment de sa responsabilité, ou au moins à l'interpeller car il est l'élu de proximité, celui que l'on a « sous la main », celui dont on pense qu'il peut toujours agir, intervenir... 49(*)».

    Cependant, à travers la tension entre les différentes dimensions d'un rôle de gestionnaire de services et de représentant d'une communauté, maire et conseillers municipaux apparaissent de plus en plus comme les médiateurs d'une action publique au service du « vivre ensemble ». Cette transformation ne va pas de soi. Elle engendre des résistances. Nous assistons à des crispations sécuritaires, insistant sur les fonctions régaliennes du politique, à un durcissement républicain. Mais elle épouse aussi un mouvement de fond. Comme le remarque Marcel GAUCHET, le politique quitte sa position hégémonique pour reconnaître davantage la société civile, les associations, les acteurs économiques et les citoyens. Ces deux mouvements apparaissent en un sens presque l'un comme l'envers de l'autre50(*).

    Outre les attributions clairement définies par les textes juridiques, le maire subit très souvent des pressions de la part des autorités dites déconcentrées. En dehors de la tutelle conventionnelle du Préfet, du Gouverneur et du Ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation, les interventions du contrôleur provincial des finances dans les budgets communaux, le centre provincial de la comptabilité matières, de l'agence de régulation des marchés publics dans les affaires communales peuvent être assimilées à une forme de surveillance. Ces différentes « ingérences » dans les fonctions du maire à Bertoua jettent un voile sur les attributions dudit maire et posent même la question des raisons du dysfonctionnement constaté dans les communes de Bertoua.

    Toutefois, la définition des attributions du maire par les textes juridiques semble ne pas être suffisante pour permettre aux populations de connaitre leurs maires. Il existe, en effet, un écart significatif entre ce que dit le texte et ce que savent ou croient les populations. Le maire à Bertoua apparaît encore effectivement comme une autorité méconnue des populations.

    Section 2 : Le maire à Bertoua : une autorité méconnue des populations

    Nous avons exposé, dans les paragraphes précédents, les attributions du maire telles qu'organisées par les textes régissant la décentralisation au Cameroun. Institution politique et administrative de proximité, la commune reste aujourd'hui un niveau de représentation et de gestion indispensable pour plusieurs raisons. La première est sa popularité. De tous les acteurs publics, le maire est le plus connu et le mieux apprécié, échappant à la disgrâce qui frappe le reste du personnel politique. Connu (surtout dans les communes petites ou moyennes) de tous les citoyens, il est à la fois le représentant et le médiateur social (jusqu'au clientélisme) et sa popularité personnelle transcende les clivages partisans51(*).

    Mais, au delà, il importe de se pencher véritablement sur ce que pensent les principaux bénéficiaires de ladite décentralisation du maire, acteur dit incontournable de ce processus. En effet, au terme de nos lectures et enquêtes, il apparaît que le maire est une personnalité méconnue des populations. Cette méconnaissance se trouve justifiée par de nombreuses raisons. La notoriété du maire souffre d'une entorse frappante (paragraphe 1) tout autant que son rôle est marqué par un effacement prégnant que les populations n'arrivent généralement pas à percer (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. Une personnalité publique dépourvue de notoriété

    « Le maire c'est qui ?52(*) », « Je ne connais pas le maire53(*) ». De tels propos, aussi banals soient-ils, permettent de constater qu'au delà des discours sur les avantages de la proximité du maire il reste, néanmoins, une autorité publique inconnue d'une grande partie des populations. Nos enquêtes ont ainsi révélé que de nombreuses personnes ne connaissent pas les attributions d'un maire et quelquefois ne savent pas ce qu'est un maire. En effet, deux personnes sur trois à Bertoua disent ne pas savoir ce qu'est un maire.

    Graphique 1 : Connaissance du maire par les populations de Bertoua

    Source : Notre enquête de mars 2010

    Ce graphique fait ressortir la « notoriété » du maire selon qu'il est une autorité connue ou non des populations. Il permet de se rendre compte que soixante dix pour cent (70%) de la population de Bertoua ne connait pas le maire. Ces chiffres attirent l'attention quand on sait que l'un des mérites les plus reconnus à la gouvernance c'est la proximité de l'autorité locale des populations ; proximité qui suppose une connaissance préalable des différents acteurs de la scène. Or, à Bertoua, la grande majorité de la population ne connait pas le maire. Ce qui signifie que ce dernier a un effort à fournir pour espérer tenir une place centrale de façon légitime dans la dynamique de développement local. En parlant justement de la notoriété des personnalités publiques, Philippe BRAUD affirme que :

    La notoriété du maire, du député, du ministre leur assure, par rapport aux citoyens ordinaires, de bien meilleures chances d'accès à la presse locale, voire nationale ; elle leur confère une place centrale sur la scène sociale à l'occasion des inaugurations officielles et des festivités publiques, dans les réunions de militants ou les rencontres avec les milieux professionnels (...) La notoriété fait littéralement exploser les réseaux relationnels de l'élu ; ses « amis » se multiplient, les contacts se révèlent d'une surprenante facilité avec des personnalités des mondes économique, culturel, sportif, associatif... 54(*).

    Les enjeux de la question de la notoriété du maire se comprennent d'ailleurs aisément si l'on admet avec Philippe BRAUD qu'«en faisant carrière en politique, un individu abdique une grande part de sa liberté personnelle : il lui faut se montrer dans certains lieux, surveiller son langage, calculer ses réponses, manifester des émotions convenues, s'abstenir d'afficher tout haut ce qu'il pense réellement tout bas.55(*)». Il nous permet ainsi de relever que la notoriété d'une personnalité publique telle que le maire est une entreprise constituée d'une recherche et d'un travail sans cesse renouvelés. Le maire est certes le médecin généraliste de l'action publique, le premier référent des citoyens dans la sphère de l'action publique56(*). Il est aussi l'animateur d'une équipe d'élus dont beaucoup ont des responsabilités dans un quartier de la ville57(*), mais tout le monde ne le connaît pas à Bertoua, contrairement à ce que confiait Jean Pierre SUEUR58(*) à la revue Projet lors d'un entretien.

    Dans tous les cas, c'est le besoin d'obtenir la délivrance ou la signature d'un document précis qui pousse généralement la grande majorité des populations à rechercher la personne et les compétences du maire. Ce sont pourtant des démarches auxquelles elles se résolvent rarement, en raison d'une obligation ou d'un intérêt à intégrer la sphère « formelle » de l'État. Ce sera notamment le cas de l'opérateur économique qui veut se soustraire aux risques du secteur informel ou d'un réparateur de deux roues qui décide d'intégrer la sphère de l'économie formelle en déclarant son activité commerciale auprès de la circonscription urbaine, en payant les taxes liées à cette existence officielle dans le but d'éviter que les agents de cette dernière ne fassent saisir les véhicules qui ne sont pas en règle dans son atelier.

    Paragraphe 2. Une personnalité publique à rôle diffus

    Le maire, élu local et acteur de proximité du développement local, est une personnalité que les populations de la ville de Bertoua n'arrivent toujours pas à « connaitre » véritablement. Cela est dû au fait que son rôle, bien que précisé dans les lois camerounaises sur la décentralisation, ne soit pas rendu opérationnel auprès desdites populations. En réalité, ces populations ne maitrisent pas les contours de la fonction de maire en ce qui concerne son rôle et son action. « Il faut reconnaître ici que les acteurs sociaux sont engagés dans des pratiques plurielles que reflète leur multi-appartenance institutionnelle et leur identité fragmentée. Dans leurs rapports aux institutions ils expérimentent une ambivalence et des ambiguïtés que les macroanalyses traditionnelles ne parviennent pas à saisir. D'où l'importance de mieux appréhender le contexte de l'action de même que les rapports sociaux et politiques engagés dans sa définition59(*) ». La décentralisation implique une coordination des échelles de pouvoir. Elle doit intégrer dans les faits une structure de négociation, une interface entre les pouvoirs locaux institutionnels et les pouvoirs locaux classiques ou émergeants60(*) (Associations sportives et culturelles (ASC), groupements féminins, pouvoir coutumier, délégués de quartier...). Pour ce faire, il est nécessaire de « mieux jauger ces pouvoirs à la lumière de leur efficacité dans l'encadrement des populations et appréhender les articulations tendues entre des pouvoirs de natures et d'ambitions différentes61(*) ».

    Il existe, par ailleurs, une « complexité» dans la définition des compétences des différents acteurs locaux comme le maire, le délégué du gouvernement voire le gouverneur. Les relations entre ces intervenants sont souvent marquées de conflits de compétence qui embrouillent les populations. « On ne sait pas si c'est le maire ou le délégué représentant le ministre du développement urbain et de l'habitat qui doit s'occuper des poubelles dans la ville », nous confiait un enquêté. Fort de ce constat, ces mêmes populations affirment « ne pas être au courant des activités des mairies. »62(*).

    De plus, lorsqu'on parle de l'importance du maire dans le processus de décentralisation, les populations de Bertoua sont confuses, sinon « perdues ». Les débats politiques suscités par la discussion sur la décentralisation proprement dite ont porté un écho médiatique notable. Il en a résulté une certaine « popularisation » voire une vulgarisation du terme décentralisation mais aussi, pour beaucoup, une incompréhension du concept.

    En effet, un nombre non négligeable d'habitants de Bertoua qui sont à même de lui donner un contenu en ont une compréhension erronée ou confuse. Le plus souvent, ils assimilent à la décentralisation les autres aspects de la réforme territoriale. Elle est ainsi régulièrement confondue avec le découpage territorial suite à la publicité faite, sous l'intitulé de la décentralisation, aux aspects les plus épineux de cette question. C'est sans doute la raison pour laquelle ils assimilent le maire à une personne qui perpétue des façons de penser traditionnelles et non pas la nouveauté ou la modernité qu'inspire à leur avis la décentralisation.

    « Certes, l'Etat moderne a pris en charge ou socialisé bien des fonctions qui appartenaient à la sphère privée. Mais il le fait pour une large part par le biais des communes alors même que nombre des besoins des populations, notamment l'éclairage public, l'acheminement de l'énergie, la fourniture d'eau potable, l'évacuation des eaux usées ou des ordures, les transports publics, ont été socialisés. Chacun d'entre nous est devenu ainsi davantage dépendant des municipalités »63(*). La fonction de maire semble s'être démultipliée entrainant ainsi une nécessaire professionnalisation. Mais aussi l'image que reflète le maire est une donnée sensible dans la fédération des populations au profit de l'élaboration et de la mise en oeuvre de son action publique. Les « nouvelles écharpes pour le maire64(*) » posent donc la question de la figure du maire et de l'image qu'en ont les populations.

    *

    * *

    Au terme de ce chapitre, l'on comprend que le maire est une autorité dont les attributions sont définies par des textes juridiques. Avant la décentralisation, ces textes lui confèrent, notamment, un rôle de rassemblement des administrés sur « son » territoire mais son action est très contrôlée par l'Etat central. Avec la décentralisation, les attributions du maire sont reconfigurées sur le plan juridique. Il acquiert plus d'autonomie et se voit ainsi confier une mission de promotion du développement dans sa circonscription.

    Au delà de ces prérogatives, le maire est une autorité qui vit dans une commune et partant, est censé être connu de ses administrés. Seulement, nos enquêtes révèlent que le maire est une autorité méconnue des populations de la ville de Bertoua. Il apparait comme une autorité dépourvue de notoriété et comme une personnalité publique aux rôles diffus. Ainsi, près de soixante-dix pour cent (70%) de la population de Bertoua ne connait pas le maire, la plupart d'entre elle ne sachant même pas ce que c'est qu'un maire. Les enquêtés disent ne pas connaitre le maire parce qu'il n'est pas proche d'eux. De cette méconnaissance du maire, naît une certaine image qui détermine la participation des populations à l'action publique locale.

    CHAPITRE 2

    IMAGE DU MAIRE ET GESTION PARTICIPATIVE DE L'ACTION PUBLIQUE LOCALE

    Les fonctionnaires territoriaux sont au contact immédiat de tous les publics de leur territoire (...) Ils ont pour mission directe de contribuer à renforcer la possibilité et la volonté de vivre ensemble, au quotidien, sur un territoire donné. Leur identité tient à cette proximité et impose une grande réactivité.65(*)

    Dans sa dynamique d'impulsion du développement local, le maire est censé faire participer « tout le monde » à la prise de décision. Mais, cette participation des populations semble être étroitement liée à l'image qu'elles ont de leur maire. Compte tenu de cet état des choses, le maire trouve le moyen d'utiliser les ressources qui sont à sa disposition pour « entrainer » un maximum d'adhérents à sa « cause » et promouvoir ainsi l'épanouissement et le développement local. C'est sans doute la raison pour laquelle Olivier LEBRAUD affirmait que :

    Pour composer avec ces contraintes environnementales et contextuelles, le maire dispose de ressources qui lui permettent de s'ajuster à ce rôle et à le personnifier de façon légitime. Ces ressources sont principalement d'ordre historique (légitimité conférée par le suffrage universel), fonctionnel (pouvoir politique et budgétaire) et social (mise en place de réseaux d'influence). En revanche, leur mobilisation ne peut se faire que sous contrainte : il convient que le maire les inscrive dans l'exécution des missions légitimes d'action, de rassemblement et de développement communal.66(*)

    En réalité, l'appréciation de l'action du maire détermine l'adhésion à ses décisions (section1) tout autant que le degré de satisfaction, mieux l'insatisfaction que peut éprouver la population, résulte généralement d'un sentiment de non implication (section 2).

    Section 1 : L'appréciation de l'action du maire comme facteur d'adhésion à ses décisions

    Le « jugement » que posent les populations sur l'action du maire semble influencer en grande partie leur adhésion aux différentes décisions qu'il prend. En réalité, la notion de satisfaction entre en jeu à ce niveau et permet d'appréhender l'utilité de l'établissement d'un lien entre appréciation de l'action et adhésion aux décisions. A cet effet, nous considérerons comme objectif primaire des collectivités locales la satisfaction des citoyens qui implique celle de toutes les autres parties prenantes à la performance des collectivités locales notamment les « bureaucrates », les prestataires de service, le personnel municipal et les agents municipaux qui sont en contact direct avec les citoyens locaux.

    Dans leurs conclusions relatives à une étude comparative sur la perception de l'administration publique par les citoyens camerounais et maliens, FOUDA ONGODO, CISSE et CAPIEZ faisaient remarquer que la participation à la vie de la cité par les élus est plus prononcée dans les collectivités locales camerounaises que dans les collectivités locales maliennes. De la même manière, il apparaît que le degré de tolérance et d'intégration est plus fort au Cameroun qu'au Mali. Pour améliorer la perception de leurs performances, les mairies locales doivent porter plus d'attention sur les composantes pour lesquelles les perceptions sont négatives ou nuancées67(*).

    Toutefois, cette affirmation semble sonner le glas d'une quelconque émission d'avis sur la question évoquée. Il importe cependant de nous appesantir sur les déterminants de l'appréciation de l'action du maire par les populations (paragraphe 1) avant de nous pencher sur la question de la mobilisation des forces locales par le maire à travers le capital sympathie (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. Les déterminants de l'appréciation de l'action du maire

    Interroger l'appréciation qu'a une personne de l'action d'un maire revient à questionner des raisons qui peuvent parfois s'avérer être très personnelles. Lors de nos entretiens, de nombreuses personnes nous ont confié que leur évaluation de l'action du maire dépendait de plusieurs éléments notamment la proximité ou non avec le maire et l'appartenance politique. En ce qui concerne la proximité, il est ressorti des qualificatifs ou des attributs qu'un « bon » maire, selon la population de Bertoua devrait avoir. Ainsi, entre un maire ferme, autoritaire et un maire « gentil », le choix semble évident. Le graphique suivant fait ressortir les tendances des souhaits à l'égard des attributs sus-évoquées.

    Graphique 2: Attributs souhaités d'un maire

    Source : Notre enquête de mars 2010

    Nos enquêtes ont révélé que toutes les personnes qui disaient être « satisfaites » de l'action du maire étaient des personnes très proches du maire, ayant ainsi l'opportunité de le rencontrer à n'importe quel moment pour lui poser telle ou telle autre doléance. L'analyse de ce graphique montre que plus de la moitie des personnes interrogées veut un maire « gentil et à l'écoute » et, partant, plus proche de la population. Lorsqu'une personne se sent « proche » du maire, soit par le biais de sa profession ou de son ethnie, cela semble influencer fortement le jugement qu'il pose sur l'action du maire.

    Aussi, les personnes qui ont qualifié le maire de personnalité « distante », ont quant à elles, toutes émis un « jugement » négatif sur la pertinence, l'utilité ou encore l'efficacité de l'action du maire dans la ville de Bertoua. Cela signifie que leurs propos laissaient transparaître une espèce de frustration et de « ras-le-bol » qui trouve sans doute sa justification dans la non-prise en considération de leurs intérêts propres.

    Le maire est très souvent sollicité pour régler les conflits les plus divers. Qu'il s'agisse d'un conflit matrimonial ou d'une affaire de vol, on attend de lui qu'il agisse à la fois en tant qu'agent de l'État et en tant qu'homme de la cité. Ainsi, il est attendu de lui qu'il fasse prévaloir une gestion des conflits répondant aux normes locales et tenant spécialement compte de sa proximité sociale avec les personnes concernées. De plus, le maire doit agir de manière à satisfaire, d'un côté, l'exigence d'une justice conforme à ses standards et, de l'autre, la demande populaire d'un règlement du conflit qui garantisse les liens sociaux saufs et qui ne porte guère atteinte à l'unité de la cité.

    Mais, il convient de dire que les principes qui motivent généralement le choix d'un maire par la communauté sont essentiellement déterminés par les rôles que celle-ci voudrait le voir assumer. De ce fait, les populations de Bertoua semblent faire très souvent fi des exigences légales voire sociales du maire pour exprimer leur besoin d'être écoutées. Il est vrai que le maire se doit d'associer les populations à la prise des décisions mais ces mêmes populations en ont une compréhension quelquefois erronée. Elles estiment, ou du moins, croient qu'associer à la décision signifie résoudre les problèmes de la cite au cas par cas et donner ainsi satisfaction à tous et à chacun. Elles ont donc quelquefois du mal à cerner la notion d'intérêt général, préconisant à défaut une approche plus personnalisante que collective.

    Par ailleurs, l'appartenance politique semble jouer un rôle prépondérant dans l'appréciation du maire par les populations. Ici, le parti politique apparaît comme un espace de conflit qui déteint généralement sur les relations entre le maire et la population. Le traitement des données relatives à l'obédience politique de nos enquêtés nous a permis de comprendre à quel point cet élément pouvait être déterminant. Il en ressort effectivement que les populations qui ne sont pas de la même obédience politique que le maire, arborent une posture d'emblée défensive voire négative à tous points de vue. « La commune constitue le niveau de base de la vie politique. Les partis sont organisés d'abord au niveau communal (la section) et le conseil municipal constitue le prolongement naturel d'un engagement politique local (souvent les élus locaux constituent l'ossature de base du parti)68(*) ». Il en va de même de la vie associative : nombre de conseillers municipaux ne sont pas adhérents d'un parti mais d'associations (parents d'élèves, associations de quartiers, représentants de groupes d'intérêt) qui n'ont d'existence qu'au niveau local même si elles appartiennent à des mouvements nationaux. Pour toutes ces formes d'engagement, la commune représente l'horizon indépassable69(*).

    Il semble donc que les « différends politiques » soient transposés sur la scène « administrative », entrainant ainsi des conséquences indéniables. Aussi, certains enquêtés, politiquement proches des maires à Bertoua, nous ont avoué qu'ils ne pouvaient en aucune occasion porter un jugement négatif sur l'action, non plus de leur maire, mais de leur « camarade » au sens politique du terme. Une telle affirmation jette évidemment le discrédit sur l'objectivité de l'analyse des catégories représentationnelles du maire dans la ville de Bertoua.

    A la question posée de savoir pour quelles raisons, la population adhère-t-elle aux décisions du maire, de nombreuses personnes ont répondu « J'adhère parce que c'est le maire et je n'ai pas vraiment le choix vu que c'est nous qui l'avons voté ». Ce genre de déclarations aide à se rendre compte que quelque part encore, les populations gardent en vue la nature « élective » du maire. A ce moment, c'est l'autorité plus que le pouvoir qui se dessine en fond de toile et qui « impose » une certaine conduite.

    Quelquefois, l'appartenance ethnique nous a semblé déterminante dans l'analyse de l'image que pouvaient avoir les populations de Bertoua de leur maire. Car en réalité, les entretiens ont laissé transparaître quelques éléments permettant d'entrevoir que les populations de Bertoua sont très sensibles à la question de l'appartenance ethnique des représentants locaux. Ainsi, en ce qui concerne les mérites du maire, les populations soulignent, outre sa mobilisation pour le développement local, son enracinement dans la communauté. Cette « qualité » semblait importante aux yeux de la population car pour être son intermédiaire et son « défenseur70(*) », il faudrait que le maire sache non seulement communiquer efficacement mais aussi qu'il sache être un porte-parole fidèle des aspirations de la communauté. L'enracinement local du maire apparaît donc ainsi comme un gage de proximité et donne en retour un quitus valable à la population pour lui demander des comptes. Seulement, il faudrait relativiser cette analyse à cause du caractère cosmopolite de la ville de Bertoua.

    Au delà de ces éléments, non moins importants, qui déterminent somme toute l'adhésion des populations à l'action publique locale du maire, ce dernier doit en plus mobiliser son capital sympathie et les forces locales pour promouvoir un changement social.

    Paragraphe 2. Du capital sympathie à la mobilisation des forces locales

    Sentiment d'appréciation partagé par les membres d'une communauté donnée qui résulte des efforts soutenus et à long terme pour bâtir et entretenir des relations de confiance avec ses publics internes et externes, le capital sympathie est un concept propre a la science du marketing. Cette démarche moderne s'appuie notamment sur un packaging qui joue la carte de la marque qui se veut très proche des clients pour se faire connaitre et se construire. Ce sentiment d'appréciation, voire de complicité, peut aider une organisation à mieux manoeuvrer face à ses concurrents et à traverser des périodes difficiles et même des crises. Rendue à notre étude, la notion de capital sympathie du maire sera apparentée à l'opinion de la population vis-à-vis de ce dernier et qui nécessite pour lui de tisser des liens avec les « administrés », garantir une présence rassurante, conviviale et veiller à la préservation et à la promotion de son image pour permettre une adhésion des populations a ses décisions.

    En évoquant, justement, la question de l'image de l'élu local, Alain FAURE affirme que : « le bilan sur l'évolution des travaux de recherche concernant les élus locaux montre que la rupture avec la connaissance spontanée permet sans doute, plus que par le passé, une mise à distance avec certains poncifs sociopolitiques sur la personnalisation du pouvoir, la politique politicienne, la corruption clientéliste et les querelles clochemerlesques.71(*)». Ce qui permet de comprendre qu'au delà de son statut d' « homme d'Etat » et de sa posture publique, le maire, élu local, est également un homme qui doit manager son image et les clichés qui y sont attachés.

    En effet, Alain FAURE souligne ainsi la nécessité de considérer de façon véritable la catégorie analytique que peuvent représenter les maires dans la dynamique de la gouvernance territoriale. Cela découle effectivement du constat selon lequel « on s'aperçoit (...) que les élus locaux ne sont pas étudiés en tant que catégorie d'analyse mais parce qu'ils constituent des terrains féconds pour renouveler les travaux sur l'agencement des trois « i » (les institutions, les idées, les intérêts) et de bien d'autres encore (les idéologies, les identités, les instruments...)»72(*). Dans le même ordre d'idées, un questionnement survient sur l'opportunité de s'intéresser de façon spécifique à l'élite locale dans la décentralisation. C'est sans doute ce qui pousse Alain FAURE à s'interroger en ces termes :

    La décentralisation entraîne-t-elle, en profondeur, une modi?cation des registres d'action publique et concourt-elle à ce que certaines élites des grandes collectivités locales imposent progressivement une représentation spéci?que des problèmes collectifs et de leur traitement public ? Peut-on identi?er des systèmes d'acteurs métropolitains ou régionaux qui codi?ent le triangle entre la con?ance politique, le lien social et l'efficacité publique ?73(*)

    Pour que la population adhère donc véritablement aux initiatives du maire, il doit être à même de créer une dynamique de développement local. Pour ce faire, il doit savoir interagir tant avec les instances supérieures de l'État et les organisations internationales de développement qu'avec les populations elles-mêmes. Il est attendu de lui qu'il soit véritablement un « courtier local en développement » au sens de Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN74(*). Il importe donc que le maire soit une personne capable de rassembler et de mettre en oeuvre toutes les forces de la cité qui sont à sa disposition. Il doit de ce fait mobiliser les autres acteurs pour, avec eux, impulser une véritable dynamique de développement. L'on comprend dès lors pourquoi Jean-Baptiste LEGAVRE affirmait que :

    Pour autant, ces maires, portant le même titre, disposant des mêmes pouvoirs et appartenant à l'univers distinctif des représentants de l'univers politique, exercent ce qu'il convient d'appeler un « métier » dont toutes les facettes ne sont pas identiques mais qui implique un socle commun. Appris « sur le tas », unissant des savoirs et savoir-faire divers et difficilement formalisables, sortes de « bricolages » qui dépassent les clivages apparents, ce métier a un fondement essentiel : la capacité à gérer chaque jour des publics très hétérogènes, des militants aux chefs d'entreprise, des membres des associations aux responsables des écoles, des électeurs aux étrangers, de sa propre majorité politique à son opposition, de son personnel communal aux représentants de l'Etat, etc.75(*)

    La mobilisation des forces locales par le maire n'est pas un luxe mais se pose comme une nécessité car elle emporte avec elle de nombreuses conséquences plus importantes les unes que les autres. En effet, responsabiliser l'usager, c'est assurer une régulation contractuelle de la relation à celui-ci et développer une relation participative fondée sur une citoyenneté pragmatique. Les responsables locaux participent ainsi à la mise en oeuvre d'une citoyenneté territorialisée appelée à prendre le relais de la citoyenneté sociale et professionnelle émanant du projet d'intégration universaliste porté par l'État-Providence76(*).

    On note, au passage, que la participation pragmatique de l'usager se nourrit de son appartenance à un territoire et à une microsociété. On voit ainsi se dessiner une citoyenneté concrète, reposant sur la capacité d'engagement subjectif dans la construction du lien social. Cette expression citoyenne s'écarte de la vision classique, fondant la citoyenneté sur la capacité de l'individu à s'affranchir de sa dimension privée. Selon cette conception de la citoyenneté, « l'individu est invité à oublier ce qu'il est et d'où il vient pour pouvoir accomplir sa condition humaine de citoyen77(*). »

    Par ailleurs, lors d'un entretien avec un maire de la ville de Bertoua, il est apparu qu'au delà des préjugés, le maire semble avoir conscience de tous les enjeux et challenges que pose la fonction de maire au sein d'une collectivité. Le souci de satisfaire la population semble à cet effet marquer les grandes lignes de sa politique. Cependant, les populations ne semblent pas voir les efforts fournis par le maire à Bertoua pour les satisfaire.

    Section 2 : L'insatisfaction des populations : résultat d'un sentiment de non-implication

    Comme nous l'avons souligné plus haut, les populations de Bertoua ne semblent pas satisfaites de l'action du maire. En réalité, en plus de ne pas « voir » des réalisations porteuses de changement social, elles estiment ne pas être impliquées dans les décisions que prend le maire. Pourtant, «  l'institutionnalisation de l'action collective correspond à un monde dans lequel la régulation ne relève plus d'une solution unique et stabilisable, et où l'intégration par le haut se fait mal ou peu alors qu'elle s'opère de plus en plus par le bas78(*)». Les revendications au sujet de la prise en compte du point de vue des populations de Bertoua sont légion (paragraphe1). Le maire se trouve ainsi plus ou moins en difficulté car il est à l'interface de l'affirmation de son autorité et des aspirations des populations locales (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. Des revendications des populations à la prise en compte de leur point de

    vue.

    « Comment adhérer à une décision alors qu'on ne nous a même pas demandé notre avis avant de la prendre ? » nous répondait une enquêtée. Il va sans dire qu'une partie de la population de Bertoua se sent véritablement mise à l'écart en ce qui concerne la gestion de leur cité. De cette impression, naît un sentiment de frustration, voire de colère à l'endroit de l'autorité municipale. Cette insatisfaction pourrait également se voir justifiée à l'occasion d'autres raisons mais, seulement, lors de nos enquêtes, l'absence d'implication des populations aux décisions est la raison qui nous a été le plus souvent donnée pour justifier cela. Jean-Baptiste LEGAVRE souligne à cet effet qu' « une (...) énigme concerne le rapport des élus locaux à leur électorat et la façon dont cette relation in?ue (ou non) sur l'organisation des systèmes politiques locaux et sur les prises de décision79(*) ». Trouver la solution à cette énigme exige du maire qu'il sache faire jouer chaque partition pour produire une mélodie du développement agréable à « toutes les oreilles ».

    Graphique 3: Sentiment d'implication des populations

    Source : Notre enquête de mars 2010 à Bertoua

    Le sentiment de non implication des populations est encore renforcé par l'apparence arbitraire des décisions du chef de l'exécutif communal, qui ne semble chercher ni à construire ni à s'appuyer sur un consensus local. Il semble pourtant inimaginable, pour les maires que nous avons rencontrés, d'imposer une quelconque décision à leurs « administrés ». Ils semblent en effet bien conscients du fait que leur autorité relève de la volonté populaire et que les attentes de la population sont grandes tout autant que les incompréhensions sont faciles. A s'y tenir, l'on pourrait affirmer avec Christophe ANTHOINE que « le maire (...), par contre, veille, dans la mesure du possible, à prendre des décisions consensuelles. Cela est dû à [sa] situation, notamment à [son] profond enracinement local et au fait qu'il est issu d'un choix collectif et public relevant lui-même d'une volonté de consensus »80(*). Cela dit, les différentes plaintes enregistrées des populations au sujet de leur désolation face à leur non-implication, « nous permettent de mieux comprendre pourquoi la population place de nombreux espoirs en ses maires, qui, par leur proximité sociale, relèvent de son contrôle, et guère dans la circonscription qui lui échappe totalement »81(*).

    De plus, la place prépondérante qu'occupent les maires dans la dynamique de la décentralisation pose une nécessité de responsabilité de leur part. Ils doivent en effet faire preuve d'une capacité à conceptualiser et surtout à reformuler les problèmes des populations afin de les inscrire dans leur agenda. C'est ainsi que Alain FAURE estime que : « le constat d'une démocratie qui serait plus « différentielle82(*) » avec la montée en puissance de la décentralisation revient à faire l'hypothèse que les leaders politiques locaux possèdent dorénavant une place privilégiée dans la mise sur agenda des problèmes et même dans l'énoncé des principes démocratiques qui codi?ent la production du bien commun.83(*)».

    Cette situation dans laquelle se trouve le maire est en partie due à la reconfiguration de son rôle et de sa fonction. Bertrand CASSAIGNE affirme à ce propos que, nouvelles, les écharpes le sont puisqu'un nouveau mandat commence : les équipes en place ont changé, parfois totalement, parfois seulement dans leur composition et dans leur équilibre84(*). Les responsabilités sont réparties différemment. Mais, surtout, c'est à une évolution dans le rôle des élus que l'on assiste, une évolution des rapports entre les habitants et leurs mandants. Il se trouve en rapport avec des catégories d'acteurs très divers de sa commune : habitants des quartiers, associations, « communautés » étrangères, commerçants et entrepreneurs, enseignants et parents d'élèves, services municipaux, etc. Il négocie ou se concerte avec les représentants de l'Etat, les responsables économiques, ceux des communes voisines ou du département. En tout cela, il est chargé de représenter la commune, dans son unité et sa diversité. Le maire a toujours été un médiateur, proche des gens, de leurs attentes, chargé de faire remonter leurs problèmes aux échelons supérieurs. Or son rôle de gestionnaire s'accroît et il devient plus lointain. La demande insistante exprime une démocratie renouvelée, plus participative, souhaitant que les débats autour des grands projets ne soient pas réservés aux techniciens et aux experts85(*).

    Il faut dire que la communauté est conçue dans le cursus politique comme le moyen de renforcer le leadership du maire86(*). Pour ce faire, il faut qu'il soit une personnalité apte à rassembler et à écouter ce que la population pense des projets « forts » porteurs de développement de la cité. Par ailleurs, l'autorité municipale peut sans doute être à l'écoute de tout le monde mais elle ne saurait donner satisfaction à toutes les revendications de ses « administrés » surtout si elle décide de faire jouer son autorité dans la prise des décisions.

    Paragraphe 2. L'action du maire à l'interface de l'affirmation de son autorité et des

    aspirations des populations locales

    Comme nous l'avons précisé aux paragraphes précédents, la maire se trouve à califourchon entre l'exercice de son autorité et la considération des avis de tous ses administrés. Impliquer ou ne pas impliquer la population, telle est la question. Il faut dire que les élus ne se pressent généralement pas vers leurs administrés, notamment vers la population jeune sinon que pour requérir leurs suffrages87(*). Entre ce qui est et ce qui doit être, le fossé ne cesse d'être entretenu par ceux qui sont mandatés par les citoyens et ces derniers le constatent chaque jour. En particulier les jeunes qui semblent définitivement fâchés avec les élus. A moins que ces derniers se ressaisissent et s'occupent de cette catégorie de la population qui représente l'avenir du pays88(*).

    Dans de multiples domaines, les maires mettent les choses en relation, ils fédèrent des partenaires. Cette fonction est devenue tellement centrale qu'il ne faut pas s'étonner si beaucoup d'élus hésitent à se représenter. Les responsabilités sont considérables et les garanties juridiques relativement faibles. Il faut réfléchir à une meilleure séparation des pouvoirs et surtout à une meilleure répartition des responsabilités entre les différents niveaux de fonctions électives, et donc de collectivités locales89(*).

    Mais, seulement, à ce côté « intégriste » de la représentation locale, qui affranchit potentiellement les maires du contrôle démocratique, leur immersion dans la population peut être présentée comme un phénomène compensatoire. Certaines décisions échappent évidemment et sans gêne à tout contrôle des citoyens, si tant est que participation soit synonyme de contrôle.

    L'appel à la participation, plus, à l'implication des populations à l'action publique du maire semble donc ne pas constituer une obligation pour certains magistrats municipaux et pour certaines décisions relevant du secret d'Etat. « Entre consultation et concertation, cette forme d'appel à la participation vise d'abord l'efficacité90(*) ». Cela signifie sans doute que la visée principale, sinon première de la « consultation » des populations pour parler de leur implication à la prise des décisions serait l'amélioration de l'efficacité de ladite action. Aussi, cela voudrait dire qu'en l'absence d'un tel objectif, impliquer les populations reviendrait à procéder à une opération vaine.

    *

    * *

    Ce chapitre a permis de saisir la relation qui existe entre l'image que se fait un individu du maire et sa participation à l'action dudit maire. Plus qu'un lien direct entre représentations et pratiques, l'on se rend compte que l'appréciation de l'action du maire est un facteur déterminant de l'adhésion à ses décisions. Cette appréciation, qu'elle soit positive ou négative, fait appel au capital sympathie du maire et à sa capacité à mobiliser les forces locales. Mais en plus, la présence ou non de réalisations visibles susceptibles d'opérer un changement dans la vie des populations est également importante.

    Ce chapitre a aussi permis de voir comment les populations sont insatisfaites car elles estiment ne pas être impliquées à la prise des décisions. Il n'est cependant pas évident pour un maire de tenir compte de toutes les revendications des populations. Il se retrouve quelquefois à devoir choisir entre les plaintes et revendications des populations et l'affirmation de son autorité. C'est sans doute cette situation que Patrice DURAN évoquait lorsqu'il parlait du « gestionnaire confronté à une situation de choix difficile91(*) ». Toutefois, pour que le maire arrive à gérer ce genre de situation, il faudrait qu'au préalable, il existe un cadre réel de communication entre l'administration municipale et les populations. Les relations entre ces deux entités s'avèrent donc déterminantes et intéressantes à porter à l'analyse afin de dégager les implications véritables de la légitimité reconnue au maire, acteur de proximité.

    SECONDE PARTIE :

    COMMUNICATION ET PARTICIPATION DES POPULATIONS A L'ACTION PUBLIQUE LOCALE: LES DONNEES D'UNE LEGITIMITE QUESTIONNEE

    Pour être mise en oeuvre, la gouvernance locale suppose la participation des populations à la prise des décisions. Le dialogue entre le « haut » et le « bas », tout autant que l'implication des populations aux procédures de délibération, se présentent comme des données fondant la légitimité du maire, qui se veut désormais mise en question dans la ville de Bertoua. En tant que garant du développement dans sa commune, le maire est censé jouer un rôle de rassembleur et de fédérateur. Néanmoins, les relations qu'il entretien avec les populations à Bertoua, permettent d'observer un paradoxe (chapitre 3). Ainsi, les populations assimilent l'autorité municipale, actrice centrale de la décentralisation, à une autorité déconcentrée servant plus les intérêts du gouvernement que ceux des populations. Cette situation a des répercussions sur l'acceptation de ladite autorité et de son action publique. Dès lors, les populations deviennent de plus en plus méfiantes vis-à-vis du maire, ce qui entraine une crise de sa légitimité. Leur perception de la fonction de maire semble conférer une nouvelle légitimité du maire à Bertoua (chapitre 4).

    CHAPITRE 3

    RELATIONS MAIRE-POPULATIONS A BERTOUA : LE

    PARADOXE D'UNE EXPERIENCE FEDERATRICE

    Le rôle de l'élu local est celui d'un intermédiaire ou d'un médiateur qui établit une communication dans son sens le plus large, entre différents segments ou réseaux de la société locale.92(*)

    L'analyse des modes d'interaction des populations de Bertoua avec leur administration locale sous sa forme actuelle et de l'appréhension qu'elles en ont nous instruit sur le contexte dans lequel s'insère la gouvernance locale au quotidien. En effet, les relations qui existent entre le maire et les populations sont très déterminantes dans un contexte de décentralisation. Aussi, la question des relations maire-populations à Bertoua présente le paradoxe d'une expérience censée être fédératrice et qui s'avère cependant séparatrice. En effet, il existe une persistance des schèmes stato-centrés dans la façon de concevoir la communication entre le maire et ses populations (section 1) et les implications du manque de communication à proprement parler sont grandes (section 2).

    Section 1 : La « communication » entre le maire et les populations : une persistance des

    schèmes stato-centrés

    Action ou fait de communiquer, d'établir une relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu'un, ensemble des moyens et techniques permettant la diffusion d'un message auprès d'une audience plus ou moins vaste et hétérogène, action pour quelqu'un, une entreprise d'informer et de promouvoir son activité auprès du public, d'entretenir son image, par tout procédé médiatique93(*), la communication est tout un processus, un circuit mais plus un enjeu pour les administrations. FALZON94(*) souligne à cet égard que « les sujets, non seulement dialoguent pour coopérer (dans une tâche), mais aussi qu'ils coopèrent pour dialoguer », surtout qu'au-delà de la diversité des communes, au-delà d'un rapport différent à leur mandat en fonction ou non d'une stratégie de cumul, de l'inscription temporaire ou professionnelle dans l'univers politique, ce qui unit tous les maires, c'est leur capacité à dire le groupe dont ils sont issus et leurs efforts pour maintenir cette capacité. L'objectif prioritaire des élus est de conquérir ou de conserver le pouvoir politique95(*). Dans la mesure où le maire, en ville surtout, est à la tête d'une administration municipale, il est en position de convertir les demandes sociales en produits de l'action municipale, d'assurer l'articulation entre ces deux univers. La politique municipale fonctionne bien plus à « l'accommodation » par rapport aux demandes individuelles que la politique gouvernementale et l'on peut trouver dans cette proximité l'explication de l'adaptabilité du gouvernement local96(*).

    À cet égard, plutôt que l'établissement de relations dans une optique de dépassement de l'Etat centralisateur, les populations assimilent le maire à une autorité déconcentrée aux attributs de puissance publique (paragraphe 1) de même qu'il semble confiné à un rôle très bureaucratique (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. Assimilation du maire à une autorité déconcentrée aux attributs de

    puissance publique

    En tant qu'élu local, le maire est un acteur de développement de proximité dans le processus de décentralisation. Toutefois, les populations de la ville de Bertoua l'assimilent à une autorité déconcentrée qui sert plus les intérêts du gouvernement que ceux des populations. Ces dernières le perçoivent, en effet, comme un prolongement de l'Etat qui « agit pour le compte du chef de l'Etat97(*) ». C'est sans doute la raison pour laquelle, Pierre Yves LE MEUR soulignait à cet effet que ce projet potentiel de reconstruction de l'État, qui est peut-être tout d'abord un projet de relégitimation, peut engendrer des perceptions diverses informées par des mémoires historiques différentes et dont aucune n'est plus « vraie » que les autres. Ainsi, vu du village, c'est une forme de recentralisation qui semble se profiler, source de dépossession de parcelles de pouvoir autant que d'une possible instrumentalisation politique des arènes villageoises. En particulier, la définition de l'échelon communal, souvent très - trop? - vaste, pose problème98(*).

    En réalité, cette inclinaison des populations se fonde sur de nombreux éléments notamment l'existence de la tutelle99(*) de l'Etat sur les collectivités locales et la difficile autonomie financière desdites collectivités. Dans le principe, la tutelle de l'Etat sur les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) appartient au Ministre de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD), mais de larges prérogatives sont dévolues dans ce domaine aux autorités déconcentrées, dans l'esprit des dispositions de la loi du 18 Janvier 1996, une intervention du président de la République est toujours possible. Les pouvoirs de tutelle sont exercés par le MINATD et, sous son contrôle, par les gouverneurs et les préfets. A cet effet, tout acte pris par les gouverneurs ou les préfets dans le cadre de l'exercice de la tutelle est immédiatement adressé au MINATD. Celui-ci dispose, à l'échelle centrale, pour l'assister dans l'exercice de cette mission, d'une direction des CTD. Les autorités de tutelle sont généralement investies en plus d'une mission permanente d'assistance, de coordination, d'information et de contrôle auprès des CTD et établissements communaux.

    D'une manière générale, la tutelle porte en même temps sur les personnes et sur les actes. A l'égard des personnes, les autorités de tutelle disposent réellement d'un pouvoir de sanction sur les magistrats municipaux. Le MINATD constate l'élection du conseil municipal, du maire et de ses adjoints. Il détient, en outre, le pouvoir d'annuler une élection en cas d'irrégularité dans le déroulement du scrutin et de désigner un intérimaire, parmi les cinq conseillers les plus âgés jusqu'à l'élection du nouveau maire. La tutelle sur les actes consiste, quant à elle, en l'approbation préalable, la substitution ou l'annulation des actes des magistrats et des conseils municipaux suivant un régime également déterminé par la loi.

    Les populations se plaignent de la prégnance du « gouvernement » et de son ingérence poussée dans la gestion des affaires locales. En effet, la loi n°90 /057 du 19 décembre 1990 modifiant et complétant les dispositions de la loi n°74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale dispose à son article 90 que l'ensemble de la comptabilité des communes est tenue à la disposition des organismes de contrôle de l'Etat. Ces contrôles revêtent plusieurs formes entre autres, le contrôle des commissaires aux comptes, le contrôle des audits indépendants, les contrôles réciproques de l'ordonnateur comptable, les contrôles juridictionnels.

    Toutefois, de nombreux actes des organes de la commune subissent un contrôle a priori ou a posteriori des différentes administrations. L'« hégémonie » de l'autorité administrative continue à trop se faire ressentir. Nous avons, par exemple, les interventions du Ministère du Développement urbain et de l'habitat (MINDUH), les autorisations préalables à obtenir du Ministère du Domaine et des Affaires Foncières (MINDAF) avant toute aliénation du domaine privé communal et l'utilisation du domaine public communal, les contrôles des administrations chargées des forêts sur les initiatives des municipalités pour se doter d'un patrimoine forestier. Adopter un pareil raisonnement, c'est faire fi des autres aspects de la question reformulés en interrogations par Jean Pierre Oliver DE SARDAN en ces termes :

    Quelles fonctions étatiques seront assurées par les nouvelles collectivités locales, et comment ? Pourront-elles mieux contrôler la violence et arbitrer les conflits ? Seront-elles à même de produire des normes et régulations locales légitimes et reconnues dans la pratique par la majorité des acteurs ? Les classes politiques locales reproduiront-elles au niveau des villages ou des quartiers, grâce à la décentralisation, la culture politique nationale, en la diffusant "en bas" (partidisme, néo-patrimonialisme, corruption, etc.), ou s'en démarqueront-elles ?100(*)

    Plus qu'un simple agent de l'Etat, le maire est considéré comme une « puissance publique » et pour cause, certains actes et activités précis que le maire peut accomplir au quotidien dans le cadre de ses fonctions. Plus généralement, les populations évoquent la question des croix de saint André101(*), les interdictions d'emplacement, la délivrance des permis de bâtir ou encore les constructions d'infrastructures, tous accompagnés d'attributs de puissance publique. Au final, le régime actuel détermine considérablement l'autonomie des CTD et ne cadre pas toujours avec l'esprit de libre-administration et d'autonomie financière consacré par les textes. La publication de nouvelles lois sur la décentralisation permet bel et bien de clarifier la chose. Il s'est agi, pour le législateur, de donner une vision plus claire du processus de décentralisation territoriale en votant un ensemble de textes qui définissent ce qui est appelé la « nouvelle décentralisation » au Cameroun. A cause de cette empreinte quasi indélébile, la tutelle marque une dimension fortement politique de la mairie. Mais au delà, le maire semble confiné à un rôle très bureaucratique.

    Paragraphe 2. Dimension politique de la mairie et confinement du maire à un rôle

    bureaucratique

    Parce qu'il existe toutes ces interférences entre le maire et le gouvernement, le travail du maire prend une coloration très politique que les populations ne comprennent et n'apprécient généralement pas. Pourtant, « les collectivités locales créées ou en cours de création n'apparaissent pas sur des terrains neutres, mais dans des arènes de pouvoir marquées par différentes dynamiques organisationnelles102(*)». Cette dimension a priori « conflictuelle » met en lumière une superposition des différentes sphères de la société si bien que Marion PAOLETTI soutient que :

    La représentation politique locale est peu conforme aux standards qui permettent de qualifier un régime de démocratique. Non seulement on y voit la confusion des pouvoirs exécutif et délibératif sur la personne du maire, la monopolisation de pouvoirs importants, la position d'infériorité, qualitative et quantitative, faite aux oppositions, mais force est de constater que les tentatives pour institutionnaliser la participation des habitants sont restées fortement neutralisées103(*).

    Nombreuses sont les personnes qui nous ont confié lors des entretiens que le maire est une personne externe au groupe. « Il passe son temps à faire les discours. Il ne connaît pas les réalités des populations » disent-elles. Cette situation trouve une justification dans la prépondérance des tâches administratives attribuées au maire, notamment la signature des actes et copies d'actes de naissance, de mariage, de décès, l'établissement des permis de bâtir, la rédaction de rapports aux autorités de tutelle. Le maire doit, en effet, gérer les « affaires de la cité » et n'a pas, de ce fait, toujours le temps de se faire des amis au sein de la population. Cette dernière voudrait, en effet, que le maire passe constamment dans les quartiers pour surveiller par lui-même l'évolution de tel ou tel autre chantier ou encore pour s'enquérir de la situation de chacun de ses administrés. Cette tâche n'est pas aisée quand elle n'est tout simplement pas possible.

    En outre, le maire est une personnalité qui jouit de plusieurs casquettes qui lui imposent d'être en alerte en ce qui concerne les usages qui peuvent être faits du contexte par le régime en place. On peut donc affirmer avec BAKO-ARIFARI que :

    L'articulation du global et du local en passant par le national et le régional (à la fois comme échelles géographiques et instances de pouvoir) procède par des paradoxes (des trajectoires particularistes, centrifuges à priori, identitaires, ethniques, religieuses, etc.) et exclut tout apriorisme catégorique et toute perspective unilatérale. Il existe plusieurs voies possibles et tout dépend des contextes, des enjeux du moment et des stratégies d'acteurs. Ces analyses macrosociologiques parfois éloignées de la thématique de la décentralisation permettent d'entrevoir néanmoins certains des usages des politiques de décentralisation par les différents régimes au pouvoir.104(*).

    Mais, au-delà, c'est surtout l'absence de communication entre le maire et les populations qui les pousse à avoir une telle vision des choses. Les gens ont l'impression que leur destin se décide dans les bureaux sans qu'ils en soient informés. Il n'en demeure pas moins qu'un effort reste à faire pour fournir aux populations une information qui soit à la fois complète, détaillée et accessible, c'est- à-dire compréhensible par l'ensemble de la population. De ce point de vue, il sera peut-être nécessaire de partager une information plus personnalisée, qui tiendra compte, d'une part, des réalités propres au public auquel elles s'adressent et, d'autre part, des modes d'intelligibilité et des schémas interprétatifs avec lesquels il les recevra105(*). Quoiqu'il en soit, l'absence d'un plan de communication bien établi et respecté a des implications sur le degré de participation des populations à l'action publique locale du maire à Bertoua.

    Section 2 : Les implications des stratégies « communicatives » sur la dimension

    participative de l'action locale

    Les implications des stratégies de communication sur la dimension participative de l'action locale, si tant est qu'il en existe, s'apprécient au regard d'une absence de plateforme d'échange avec les populations (paragraphe 1) et de la « distance » qui caractérise les relations entre le maire et sa base électorale (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. L'absence de plateformes d'expression et d'échange avec les populations :

    un frein à la participation

    Dans une dynamique de décentralisation, la participation des citoyens à la vie communale peut être appréciée comme un droit de citoyen en termes de droit de regard sur la vie communale parce qu'il n'y a pas de démocratie si le citoyen à la base ne peut jouir de sa liberté de pensée et de participation. La communication permet au citoyen de la commune d'apprécier ses élus sur leur manière de gérer le patrimoine communal, de connaître le niveau d'évolution de la commune, de connaître les actions quotidiennes menées par les élus, de participer et de contribuer au développement de la commune connaissant les atouts et les faiblesses de leur commune.

    En tant que telle, la communication constitue pour l'individu, une excellente motivation en ce sens qu'elle suscite chez lui un sentiment d'appartenance, d'être aimé, d'être écouté, d'être compris et de faire partie d'un groupe, celui de la communauté ou de la collectivité. La communication nourrit chez l'individu l'égo et lui donne le sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur. Comme l'affirme Michel le NET, la communication sur le plan local a deux valeurs : d'abord, elle s'intéresse au citoyen en l'entretenant des faits et projets, en lui rendant compte et ou en sollicitant son avis ; ensuite, elle associe le citoyen aux prises de décisions. Sa participation à l'élaboration de tous les projets impliquant la cité est un impératif fonctionnel.

    On peut dire que la communication stimule et favorise la participation. En offrant le sentiment d'appartenir à un cercle dans lequel l'information circule librement, le citoyen se sent plus en confiance et plus a même d'émettre des idées voire de faire des suggestions. En ce qui concerne par exemple la recherche d'une solution ou d'un compromis pour remédier à une situation précise, il faut procéder à une concertation qui entraîne la participation de tous. Or, à Bertoua, les populations disent avoir la volonté de collaborer avec l'autorité municipale mais ne disposent pas des moyens adéquats pour le faire. En l'absence de plateforme permettant un échange d'idées entre maire et population, il y a un risque de rejet ou, pour le moins d'indifférence. Le rôle de la communication est de promouvoir les projets, de rendre simples et lisibles les processus de décisions et de réalisations extrêmement complexes, tout en organisant une écoute active qui permet d'entendre les questions, de les reformuler et de donner les moyens d'associer les citoyens. Lorsqu'il n'existe pas de moyen d'expression, soit pour le maire, soit pour la population, ou que le maire se trouve être distant de sa base électorale, l'accompagnement de l'évolution du rapport des citoyens avec la commune ne suit pas.

    Paragraphe 2. Une autorité élue distante de sa base électorale

    Le maire est une autorité élue. Pour accéder à son poste, il entreprend une campagne électorale visant à faire adhérer le maximum de personnes au projet de société qu'il présente. Pendant cette campagne, il présente les grandes lignes dudit projet entraînant ainsi promesses et engagements. Une fois élu, le maire se doit de prendre en main le développement de la localité en tenant compte des différences, voire des divergences qu'il rencontre au sein de la population car l'élu local (...) est un médiateur, à la fois un arbitre et un intermédiaire. Au sein de communes rurales, où l'interconnaissance entre les habitants est le plus sûr fondement d'une démocratie communautaire, des élus, non professionnels, jouissent de la disponibilité et de la confiance de chacun106(*).

    Seulement, pour mener à bien ses missions, il doit être proche de ses « administrés » afin de les faire participer à son action locale. On sait que « l'idée de participation n'est jamais très éloignée d'une autre question très actuelle dans nos démocraties qui est celle d'une nécessaire proximité entre l'élu et le citoyen. Ce terme de proximité, connoté positivement, rarement défini mais grâce auquel les vertus redécouvertes du local permettraient de renouer avec la pureté d'un modèle démocratique original ou originel, alimente fréquemment un discours d'autolégitimation de l'élu» 107(*) Cependant, cette organisation démocratique et cette proximité dans l'action avec les personnes qui y vivent sont rendues possibles par la dimension modeste du territoire formé par la communauté de communes et ne sont pas forcément envisageables à une échelle plus large108(*) tant il est que la participation permet d'avoir plus de richesse et de diversité dans les idées, et plus de moyens d'agir109(*).

    Nous avons recueilli les « impressions » des populations de Bertoua au sujet de la proximité qui existe entre leur autorité municipale et elles. Le traitement de cette donnée nous a permis de constater que le maire est perçu comme étant très distant de sa base électorale. Nombreux sont ceux qui estiment que le maire devrait toujours se référer à ceux qui l'ont promu à ce poste pour prendre des décisions et satisfaire aux engagements issus des promesses de la période de campagne. La représentation graphique qui suit présente la perception de la proximité du maire par les populations de la ville de Bertoua.

    Graphique 4: Perception de la proximité du maire par les populations de la ville de Bertoua

    Source : Notre enquête de mars 2010.

    Si la communication est un facteur de participation citoyenne alors que cette dernière est une condition importante à la gouvernance au niveau local, on peut donc dire que la communication est un véritable élément sans lequel le développement ne saurait être réel. La Charte des paysans élaborée lors de la Conférence Mondiale sur la réforme agraire et le Développement qui s'est tenue à Rome en 1979 précise notamment que  la compréhension et la prise en compte des problèmes et des potentialités du monde rural, l'amélioration des interactions entre les agents de développement et la population à travers un système de communication performant, voilà les conditions préalables à la réussite de toute stratégie de développement rural110(*). En outre, les objectifs de développement, les modalités et le rythme de sa mise en oeuvre, ses chances de durabilité seront essentiellement déterminés par le niveau d'engagement et de participation de la population ainsi que sa capacité à acquérir et à mettre en pratique des compétences ou des savoirs nouveaux.

    Dès lors, les élus n'ont de cesse de créer les conditions d'un sentiment d'appartenance, sentiment qui permet à la population de se sentir solidaire vis-à-vis de l'action du maire en ce qui concerne l'amélioration des conditions de vie.

    « Ils ne s'emploient pas seulement à répondre aux préoccupations quotidiennes des habitants mais aussi à nouer des contacts avec eux et à trouver un « liant » qui permette à la fois d'exister entre soi et de manifester au-dehors que (qui) l'on est. C'est dans la participation de ses habitants à des actions porteuses d'une dimension symbolique (patrimoniales ou culturelles) que les élus cherchent à enclencher un processus d'identification, une appropriation de l'espace commun dont le capital symbolique originel est faible111(*). »

    Devant l'imagination dont les élus font quelquefois preuve pour oeuvrer à une transformation sociale, faut-il être résolument optimiste, avec Alain FAURE, et penser que la structure même de l'intercommunalité changera les manières de faire ? Ou bien rester prudent, avec François POULLE et Yves GORGEU, les auteurs de l'Essai sur l'urbanité rurale, et penser que les aspirations à plus de démocratie au niveau local comme au niveau national seront toujours le fait d'une minorité ?112(*)

    Quoiqu'il en soit, la volonté de traiter l'usager comme un partenaire apparaît comme le point d'aboutissement de la professionnalisation de la relation à l'usager. On en attend pas moins qu'il se comporte en partenaire, c'est-à-dire en consommateur responsable, conformément d'ailleurs à l'éthique défendue par le consumérisme. On voit ainsi germer l'idée de remplacer ou de compléter la relation réglementaire usager/service public par une relation de type contractuel, c'est-à-dire une relation reposant sur un engagement mutuel113(*).

    En suggérant la contractualisation114(*) de la relation avec l'usager, on convoque ce que Jean-Pierre GAUDIN115(*) appelle l'imaginaire politique du contrat, reposant sur la croyance d'un accord fondé sur la volonté et le libre engagement des parties. Le contrat aurait plus de légitimité à fonder l'action publique qu'un principe transcendant, car portant en lui la promesse d'un rapport plus juste. Selon cette vision idéalisante et désincarnée, le glissement vers une forme de relation contractuelle serait par ailleurs source de liberté. C'est oublier la force contraignante du contrat. D'abord, parce que l'usager est souvent invité à y adhérer sans avoir participé à son écriture. Ensuite, et plus largement, parce que l'objectif du contrat, qu'il ait une valeur juridique ou simplement symbolique, est de créer un lien qui engage les partenaires pour rétablir la confiance116(*).

    Pareille situation pousse à penser à la mise sur pied d'un nouveau modèle de participation qui serait plus réaliste. L'usager se veut un partenaire d'une relation donnée comme équilibrée. Mais, cet usager l'est également simplement en vertu de son statut de citoyen. Parallèlement, la relation partenariale établie avec l'usager semble prendre un tour plus ouvert avec l'apparition d'une participation pragmatique, largement suscitée et organisée par les responsables locaux. Les élus ne peuvent plus faire passer leurs projets d'aménagement tout seuls, il est essentiel que la population puisse se les approprier117(*). On attribue ainsi à la participation pragmatique la vertu de désamorcer la critique publique.

    *

    * *

    Ancrage des relations entre le maire et les populations, la communication nécessite quelques prérequis pour s'installer. Il semble cependant se profiler une persistance des schèmes stato-centrés. En effet, les populations de Bertoua assimilent le maire à une autorité déconcentrée aux attributs de puissance publique et le confinent à un rôle essentiellement « bureaucratique ». Pour elles, la dimension politique que revêt la fonction de maire prend le pas sur sa vocation sociale voire humaine. Ainsi, la proximité qui est censée être la caractéristique principale du maire est mise à mal dans la mesure où les populations considèrent que le maire « est toujours dans ses bureaux à travailler, non pas pour le peuple, mais pour l'Etat ».

    Dans le même ordre d'idées, cette absence de communication semble avoir des conséquences notables sur la participation des populations. Ces dernières se plaignent notamment de l'absence de plateformes d'expression et d'échange pouvant permettre l'exposé des besoins et la concertation. Il convient de préciser à cet égard que le maire est élu sur la base de sa proximité et son sentiment d'appartenance, mais durant son mandat ces éléments ne constituent plus forcement une ligne de conduite. Le maire est, de ce fait, considéré comme une autorité distante de sa base électorale, ce d'autant plus que plus de la moitie118(*) des personnes enquêtées ont affirmé que le maire à Bertoua est distant de sa population. Cet état des choses jette le discrédit sur la figure du maire dont la légitimité tend à s'effriter. Au final, l'on se rend compte que la communication est un aspect essentiel sur lequel il faudrait sans aucun doute que l'administration municipale mette un accent particulier pour rassurer sa légitimité. Mais cela suffit-il à enrayer la crise de confiance qui se profile à l'horizon ?

    CHAPITRE 4

    FIGURE DU MAIRE ET « IMAGINAIRE » POPULAIRE : VERS UNE NOUVELLE LEGITIMITE DU MAIRE A BERTOUA ?

    La légitimité de la gouvernance [locale] (...) renvoie au sentiment de la population que le pouvoir politique et administratif est exercé par les bonnes personnes, (...). Cette adhésion profonde de la population (...) à la manière dont elle est gouvernée est une dimension essentielle de la gouvernance. Pour durer celle-ci ne peut jamais, quelque soit l'autoritarisme d'un régime et l'importance des moyens répressifs à sa disposition, s'imposer par la contrainte ; elle doit rencontrer dans le coeur de la société un minimum d'écho et d'adhésion.119(*)

    La légitimité du maire se fonde dans la reconnaissance des populations qui l'ont porté à cette fonction. L'univers municipal, nous l'avons vu, s'est professionnalisé, l'action publique se recompose et de nouveaux acteurs pénètrent la scène municipale. Néanmoins, la méconnaissance du maire par les populations de la ville de Bertoua et leurs plaintes au sujet de la prise en compte de leurs points de vue conduisent à la naissance d'une crise de la confiance. Dans un contexte relatif de désenchantement à l'égard du personnel politique, le maire à Bertoua apparaît comme un acteur local délégitimé (section 1). De ce fait, la place qu'il occupe et son importance dans l' «imaginaire populaire» s'en trouvent considérablement relativisées voire réduites (section 2).

    Section 1 : La figure du maire à Bertoua : un acteur local délégitimé

    Bien que les attributions du maire soient définies par une loi, il reste une autorité élue. Par conséquent, il tient son autorité et sa légitimité d'action de la reconnaissance et de l'acceptation des populations. Cela suppose donc l'établissement d'une relation de confiance dans laquelle chacun donne du sien. Chantal BELOMO120(*) ne dit pas le contraire en précisant que «  la non allégeance, l'indifférence, ou la revanche citoyenne, à l'égard de l'Etat impriment sa banalisation tandis que sa légitimité et sa souveraineté tendent à s'effriter 121(*)». L'analyse des propos des enquêtés laisse penser qu'il se profile une crise de la participation et de la confiance des populations en la personne du maire à Bertoua (paragraphe 1) entrainant de fait une compromission de la légitimité du maire (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. De la crise de la participation des populations à une crise de confiance

    en la personne du maire

    La gouvernance locale, entendue comme partage du pouvoir, suppose une participation de tous à la prise de décisions. Dans le cadre de l'action du maire pour promouvoir le développement de « sa » cité, la participation des populations revêt une importance capitale car elle permet de créer un climat de dialogue et de négociation. Seulement, la courbe de la « cote de popularité » du maire à Bertoua est décroissante. Les populations se plaignent et revendiquent d'être entendues.

    Parce ce qu'elles se sentent exclues de toute initiative, les populations font de moins en moins confiance au maire. « Je ne vois pas à quoi sert le maire dans cette ville », « On ne reconnait pas le maire qu'on a élu. Nous votons mais une fois élu, le maire travaille seul sans collaboration avec les populations », nous confiaient des enquêtées. Cela entraine un manque de participation des citoyens aux décisions sur lesquelles ils ont l'impression de n'avoir aucune prise. La participation, et l'impression de pouvoir exercer une influence quelconque, ne surviennent que ponctuellement, principalement à l'occasion des élections municipales. Entre les promesses alléchantes et l'état actuel des choses, les désillusions sont notables et les populations sont confuses.

    Le maire est censé être élu de manière libre et transparente. Cependant il en existe qui usent de voies et moyens peu démocratiques voire frauduleuses soit pour accéder à cette fonction soit pour s'y maintenir. Ce qui crée un certain malaise au sein de la population. On pourrait dès lors analyser l'ampleur des dysfonctionnements institutionnels en les replaçant dans la crise globale de la légitimité du pouvoir. Dans le même ordre d'idées, la crise de confiance en la personne du maire et la crise de la participation des populations sont liées. La gouvernance locale implique la participation active des citoyens qui peut prendre différentes formes. Les citoyens participent au processus de désignation des représentants élus durant les périodes électorales. Même s'il n'est pas question que tout le monde donne son point de vue par rapport à une question donnée, il est tout de même souhaitable que les personnes concernées par une politique soient associées à son élaboration. La participation ne se confine pas uniquement aux processus de désignation des dirigeants mais suppose également une certaine adhésion.

    Effectivement, Claude-Ernest KIAMBA122(*) montre que le problème est celui des difficiles rapports entre la capacité de l'élite dirigeante à pouvoir recourir à l'ingénierie institutionnelle, c'est-à-dire la possibilité qu'elle a de développer à de degrés divers toute une série de technologies susceptibles de résoudre les conflits nés de la complexité sociale et la manière dont ces actions sont perçues par les populations. La légitimité des élites politiques au pouvoir est fonction de leur capacité à amener les populations civiles à adhérer à leurs pratiques de gestion des affaires publiques ainsi que des initiatives en matière de développement.

    Ce qui épuise largement le contenu de la notion de légalité comme l'indique le rapport dressé par la Fondation Charles Léopold Mayer sur les principes de gouvernance au 21ème siècle123(*) car, si la légalité a un contenu objectif, la légitimité, elle, relève plus de la subjectivité en tant qu'elle connote un sentiment personnel d'adhésion à quelque chose. Par ailleurs, Olivier LEBRAUD affirme, en parlant des figures du maire, que :

    Il convient de remarquer que l'attraction vers le « métier » de maire - à tous égards si particulier - ne se distribue pas aléatoirement mais selon les caractéristiques sociales des individus. Bien que l'on puisse reconnaître dans les faits une multitude de parcours, l'aspiration à exercer ce type de fonctions n'est considérée comme légitime que si l'intéressé dispose de ressources mobilisables à cet effet (notoriété, implantation familiale ou dans les affaires locales, etc.). Ainsi, l'analyse sociologique permet de déconstruire l'image imposée par le droit d'une possibilité d'égal accès de tous à la fonction de maire, remettant par là même en question l'idéal de démocratie locale qu'elle incarne124(*).

    « On parle de lutte contre la pauvreté mais je crois que les maires à Bertoua aggravent plutôt cette pauvreté là ». Cette affirmation d'un jeune homme que nous avons interrogé est porteuse d'un sens caché profond qui traduit effectivement l'état d'esprit des populations de Bertoua vis-à-vis de l'action du maire. Aussi, ces mêmes personnes estiment que les maires dans cette ville se préoccupent plus de la perception des impôts que des infrastructures. Mais en plus, si les populations se sentent « abusées », c'est parce qu'elles ont l'impression que l'autorité municipale s'enrichit sur leur dos en s'accaparant, à titre personnel, les ressources qui sont censées aller à destination des populations.

    Nous avons posé aux enquêtés la question de savoir s'ils aimaient leur maire, non pas forcement pour savoir quel type d'affection sentimentale ils éprouvaient à son égard, mais pour comprendre les logiques dans lesquelles ils se situent. Une personne qui nous a dit qu'il n'aime pas son maire, nous a permis de comprendre, à l'analyse de ses motivations, qu'elle se situait dans une logique de prudence voire de méfiance vis-à-vis de l'autorité municipale. Le recensement et le traitement des différentes réponses obtenues pour cette question nous a permis de comprendre qu'en définitive, le maire semble ne pas être, ou du moins, plus, accepté des populations. Le graphique ci-dessous nous donne un aperçu général des proportions de l'état d'esprit de la population en ce qui concerne le maire et nous permet ainsi de comprendre l'adhésion de la population à l'action locale à travers la catégorie discursive « j'aime le maire/je n'aime pas le maire »

    Graphique 5: Répartition des populations en fonction de leur « amour » du maire

    Source : Notre enquête de mars 2010

    La lecture de ce graphique fait ressortir un paradoxe. Compte tenu des multiples plaintes enregistrées, l'on s'attendrait à ce que la proportion de personnes qui « n'aiment pas » le maire soit supérieure à celle qui dit l'« aimer ». Mais, c'est le constat inverse qui est frappant. Dans un contexte de pauvreté ambiante, les gens ont finalement, non plus seulement envie, mais besoin de s'appuyer sur une personnalité haute qui portera leurs revendications.

    Il est vrai qu'en poussant la discussion avec ces mêmes personnes, l'on se rend vite compte qu'elles « n'ont pas le choix » parce qu'elles ont peur. Une gérante de call box affirmait d'ailleurs : « Est-ce que le maire c'est mon mari pour que je l'aime ou pas ? S'il fait bien son travail, j'apprécierai sinon je n'apprécierai pas. Et puis même, est-ce que j'ai vraiment le choix ? Si je manifeste, le maire peut me faire chasser de cette place donc j'accepte aussi ». Cette déclaration, à la tournure linguistique très familière, nous renseigne pourtant à ce propos. Effectivement, à la question posée de savoir pourquoi les populations adhèrent-elles aux décisions et suivent-elles les recommandations du maire, nous avons entendu des réponses telles que : «parce que la loi c'est la loi. Tu obéis, tu es libre, tu n'obéis pas tu es en prison » ou encore « tout simplement parce que ses décisions et recommandations sont obligatoires ». Il semblerait donc que le sentiment de contrainte, d'obligation ait pris le pas sur l'adhésion volontaire.

    Une indication est donnée à ce sujet par Chantal BELOMO qui affirme que « les crises de légitimité et de confiance du citoyen à l'égard de l'Etat découlent de l'incapacité de celui-ci à assurer normalement ses fonctions (...), ceci amène le citoyen à en avoir une certaine perception, d'où la remise en cause de l'autorité établie125(*) ». En établissant un parallèle avec l'échelon local, l'on se doute bien que l'effritement de la légitimité du maire à Bertoua provient d'une absence de réalisations ou d'un changement dans la vie des citoyens qui, pourtant, ont « placé leurs espoirs en lui » par l'acte de vote. Il faut dire que cette crise de confiance qui s'installe entre le maire et ses administrés n'est pas « innocente » et la légitimité du maire se trouve souvent compromise à cause de ses propres agissements.

    Paragraphe 2. La compromission de la légitimité du maire

    La légitimité du maire se trouve aujourd'hui compromise alors même qu'il est un élu local et qu'en tant que tel, il a besoin de se savoir reconnu et surtout accepté des populations. De cette acceptation, découle le fondement même de son action visant à promouvoir un développement sur le plan local.

    Cependant, la perte de légitimité est liée à une incapacité à mettre en place de véritables dispositifs susceptibles de contribuer à la bonne gouvernance des affaires publiques126(*). Il est, désormais, requis qu'un pouvoir, pour peu qu'il soit légitime, devrait d'abord justifier de sa capacité à bien gérer les affaires publiques dans l'intérêt général comme l'indique une fois de plus le Rapport de la Fondation Mayer en ces termes :

    L'efficacité de la gouvernance et sa légitimité se renforcent ou se dégradent mutuellement. (...), [l'autorité] n'est pas respectée si [elle] apparaît inefficace ou corrompu[e]. Comment défendre l'idée d'une action publique renforcée si celle qui existe est jugée inefficace, conduite dans l'intérêt d'une minorité sans réel souci du bien commun ou si l'État impose des réponses à des questions qu'il n'a pas comprises. Comment plaider pour l'action publique si l'administration est perçue comme peuplée de fonctionnaires au mieux bornés, au pire paresseux, incompétents et corrompus ?127(*)

    La gouvernance, vue sous cet angle, aide à comprendre la « perte » de légitimité des gouvernements africains au début des années 90 qui a été mise à mal à cause des pratiques de gestion conduisant à la criminalisation de l'État ou à sa privatisation128(*). Il s'agit de pratiques de gouvernement qui démontrent de la gestion scabreuse et hasardeuse des affaires publiques notamment la corruption et le clientélisme qui leur avait été reprochées par les populations civiles et les bailleurs de fonds tant nationaux qu'étrangers. De même, à Bertoua, ces pratiques jettent le discrédit sur la « qualité » de l'action du maire au sein de la « communauté ». Fait social avéré, échange de bons procédés et de positions sociales, promesses, offres et dons pour obtenir des faveurs ou avantages, la corruption revêt un caractère particulier et complexe sur le plan local en ceci qu'elle trouve, dans une certaine mesure, son fondement dans les pratiques de dons et de remerciements qui avaient cours dans l'Afrique traditionnelle. Un parallèle établi entre la notion de corruption et celle de gestion de la chose publique permet de comprendre de quelle manière cette pratique entache la légitimité du maire à Bertoua.

    Il faut également rappeler que « le néo-patrimonialisme est un sous-produit d'une conjoncture historique spécifique qui aboutit à une combinaison particulière de normes bureaucratiques et patrimoniales contradictoires129(*) ». Selon Jean François MEDARD130(*), l'absence de distinction entre les domaines public et privé entraîne deux conséquences à savoir : la personnalisation du pouvoir et un mode particulier d'accumulation des ressources qui intéresse particulièrement notre analyse. Le maire apparait comme une personnalité à la fois politique et économique. De cette indifférenciation, il résulte que les ressources économiques de la commune sont transformées en ressources politiques, et les ressources politiques en ressources économiques.

    Par ailleurs, les pratiques de corruption ou encore de « politique du ventre » au sens de Jean François BAYART131(*) impliquent une construction de réseaux se structurant dans l'inégalité. Ainsi, les maires sont considérés comme des personnalités qui s'enrichissent par le biais de l'accumulation des richesses « sur le dos » de la commune. Les populations de la ville de Bertoua vont jusqu'à préciser qu'il vaudrait mieux que ce soient des riches hommes d'affaires qui soient « promus » à la fonction de maire. La justification de ce souhait est que ceux-ci ne seront pas tentés de puiser dans les ressources de la commune mais pourraient, à l'inverse, se servir de leurs ressources privées pour servir la commune.

    Au delà, la question du favoritisme est très marquante dans l'administration communale et dans les propos des populations de la ville de Bertoua. En effet, il est reproché aux maires de recruter leurs proches pour des postes clés dans l'administration communale. Il en résulte un manque de professionnalisme voire une incompétence de la part des agents. C'est, sans doute, ce constat qui a poussé FOUDA ONGODO, CISSE et CAPIEZ à affirmer que « si les autorités décentralisées n'incarnent pas, par leur comportement, un pouvoir local crédible (légitime), si elles n'adoptent pas des comportements éthiques à la base du fonctionnement du service public, s'il n'y a pas transparence au niveau de la gestion des collectivités locales, si l'accès reste limité à l'information dans les communes, si la pratique de la corruption est de règle dans les mairies urbaines et si les élus locaux sont moins impliqués dans les activités locales et la recherche du bien-être des populations, il y a de forts risques d'assister à des blocages insurmontables pouvant conduire à l'échec de la décentralisation132(*). ». Le débat sur la décentralisation s'en trouve donc enrichi.

    Certes, la décentralisation, concept historiquement et géographiquement situé, peut rester un pur produit d'importation, greffon rejeté par la société réceptrice, mais on sait bien que les phénomènes d'hybridation, d'appropriation de toute intervention exogène sont quasi instantanément activés (...). Elle peut aussi n'être qu'une technologie institutionnelle de bonne gouvernance, mais là encore, le milieu d'accueil n'est pas inerte et la politique fait rapidement son chemin (...). En résumé, le problème n'est pas tant de décentraliser un État centralisé que de reconstruire sur des bases démocratiques et décentralisées, un Etat profondément affaibli par son héritage néopatrimonial et l'entreprise de destruction néolibérale133(*).

    En plus de la « délégitimation » enclenchée et progressive du maire dans la ville de Bertoua, de nouveaux acteurs entrent en scène et questionnent, par ricochet, la place ou l'importance du maire pour le développement local qui semble relativisée.

    Section 2 : La place du maire dans l'imaginaire populaire : une importance relativisée

    Avec le processus de « rejet » du maire par les populations, sa place se trouve rapidement mise en difficulté. Dans le cadre de la mise en oeuvre de projets de développement territoriaux, l'essentiel des interactions se base sur le partage du pouvoir. Si d'un point de vue généraliste et abstrait, ce système relationnel engage des acteurs vers une action formellement identique, celle du développement socio-économique, cela ne signifie pas pour autant que les possibilités d'action sont les mêmes pour tous, ni même que les choix stratégiques et les actions effectives seront identiques ou collectivement cohérentes134(*).

    En plus du fait que les populations ne se reconnaissent plus dans leur maire, elles ne voient également pas des réalisations susceptibles de contenter leur satisfaction. Alors, elles remettent en question la valeur même du maire pour le développement de la cité. Aurélie SIERRA et Nathalie LEWIS pensent, ainsi, qu'« il importe de revenir à l'importance de la notion d'espace/temps dans la conception que l'on doit avoir de tout système (la gouvernance en tant que système politique, le territoire en tant que système d'action concret)135(*)». Le recours au maire par les populations se veut donc, désormais, très ponctuel (paragraphe 1) alors même que l'entreprise individuelle se trouve dynamisée (paragraphe 2).

    Paragraphe 1. Vers un recours ponctuel des populations au maire

    Nous avons vu comment se mettaient en oeuvre les relations entre le maire et les populations et il a, ainsi, été donné de constater qu'au milieu de ses multiples occupations, l'un des moments où le citoyen ordinaire rencontre quasi aisément le maire, c'est lors d'un besoin de signature rapide.

    Il faut reconnaitre que :

    « Les élus locaux doivent concilier des rôles et des contraintes plus hétérogènes. [Mais] doit-on dans ce cas admettre l'avènement de nouvelles figures d'élus, comme semble en témoigner une succession d'expressions utilisées depuis quelques années («l'élu animateur», «l'élu entrepreneur», «l'élu manager»)? Peut-on distinguer clairement des pratiques « passées » et « récentes » ? Ne doit-on pas imaginer une actualisation de registres d'action?136(*) ».

    En réalité, les populations de la ville de Bertoua évitent de plus en plus d'avoir à faire aux maires. Les données que nous avons recueillies sur le terrain nous ont permis de dresser le graphique suivant qui nous donne une lecture du niveau de satisfaction des populations à l'endroit du travail du maire.

    Graphique 6: Satisfaction des populations vis-à -vis du travail du maire

    Source : Notre enquête de mars 2010.

    Les déclarations des populations jettent le discrédit sur le rôle et la place, presque magnifiés, du maire dans la gouvernance locale. Ce graphique présente l'état, mieux, le degré de satisfaction des populations de Bertoua par rapport au travail global du maire. Il permet de se rendre compte que la grande majorité de ces populations est insatisfaite du travail du maire. Les raisons évoquées sont presque identiques et la plus récurrente est qu' « on ne voit pas ce que le maire fait. Il sait seulement poursuivre les gens en route pour payer les taxes mais il fait quoi avec ?137(*) ». C'est en ces termes que s'exprimait un quadragénaire que nous avons interrogé. Ces déclarations sont, à certains égards, semblables à ce que les enquêtés de Chantal BELOMO lui ont rapporté et qu'elle a retranscrit en écrivant « une paysanne nous répond avec véhémence « ils sont là ils construisent les gratte-ciels pendant que nous mangeons nos intestins138(*) »

    Le maire semble ne plus être à même de jouer de façon pleine son rôle de rassembleur en tant qu'élu de proximité. C'est sans doute la raison pour laquelle Sylvie MALSAN affirme qu'« entre recherche de rééquilibrage des politiques publiques et constitution de territoires de proximité, (...) on pourrait dire que l' élu local ne représente plus idéalement la totalité indivisible du territoire national139(*)». Tout ceci traduit en quelque sorte « l'injustice et l'inégalité qui ne peuvent fonder la démocratie et la viabilité d'une société selon la pensée de Rousseau140(*) ».

    Mais, à coté de ces personnes qui sont insatisfaites du maire à Bertoua, il en existe qui se disent satisfaites, voire fières, du travail du maire dans la ville. Pour ces personnes, rien ne peut être parfait et il importe de ne regarder que le bon coté des choses. Un jeune commerçant ambulant déclare « les gens bavardent et sabotent le maire ici dehors mais ils ne voient pas qu'il n'a pas tous les moyens qu'il devrait avoir » et son « collègue » d'ajouter « qu'est ce qui prouve même qu'il a tout l'argent qu'il demande ? ». Cela signifie que la population, du moins une partie de celle-ci, est capable de mettre ses besoins entre parenthèses pour s'interroger un instant sur les moyens dont dispose le maire. Cette question fait l'objet de nombreuses polémiques et il serait impertinent d'arriver directement à la conclusion d'après laquelle le maire n'est pas important à Bertoua car la majorité de la population n'est pas satisfaite de son travail.

    Au sujet de l'importance du maire, nous avons posé la question aux populations de Bertoua de savoir si elles pensaient pouvoir vivre sans maire (voir annexe 1). Les réponses ont été, souvent, surprenantes mais intéressantes à l'analyse. Nous avons répertorié et classé les réponses dans deux catégories, à savoir « important » et « pas important » dont le graphique ci-dessous nous donne lecture.

    Graphique 7: Perception de l'importance du maire

    Source : Notre enquête de mars 2010.

    La lecture de ce graphique sur l'importance du maire aide à saisir la place véritable que les populations accordent au final au maire à Bertoua. A la question posée de savoir s'il était possible de vivre sans maire, plus de la moitie de la population, soit 69% a répondu par la négative. Cet état des choses semble pour le moins paradoxal dans la mesure où ces mêmes populations continuent à se plaindre en disant, notamment, que le maire ne faisait rien de visible, sinon que s'enrichir sur le dos des pauvres gens. Les raisons évoquées pour justifier leurs réponses sont nombreuses. A l'analyse, l'on se rend compte que, mêmes si elles se plaignent, les populations de Bertoua savent reconnaitre que le maire a sa partition à jouer. Il est vrai que certaines personnes nous ont confié que « le chef de quartier est mieux que le maire », mais par la suite ces mêmes personnes reconnaissent que le maire incarne la loi et l'autorité dans la ville. « On ne peut pas vivre sans ordre et il est à ce poste parce que nous l'y avons porté » reconnaissait une enquêtée en parlant du maire.

    Toutefois, il importe de considérer que de nombreuses personnes à Bertoua estiment que la gestion serait meilleure si le maire travaillait en collaboration avec tous les autres acteurs émergeants tout en favorisant et en encourageant l'entreprise individuelle.

    Paragraphe 2. Le dynamisme de l'entreprise individuelle en dehors de toute initiative du

    maire ou « l'ouverture du jeu collectif141(*) »

    La fonction de maire, nous l'avons vu, se trouve aux confins de nombreuses exigences et sollicitations. De fait, le maire est une personnalité qui gère des pressions venant de toute part et qui doit, dans le même temps, promouvoir le développement de sa commune. Mais il faut dire que la fonction de maire se complexifie et se professionnalise de plus en plus. L'on parle même déjà du « métier » de maire car il requiert de plus en plus des compétences non plus uniquement de conciliateur, mais aussi de gestionnaire, de manager. D'une façon plus générale, le détachement progressif de l'intervention presque exclusive du maire dans la gouvernance locale traduit une ouverture de l'Etat à d'autres sphères d'action, ce qui lui permet, non seulement, de diversifier ses champs d'intervention, mais aussi, d'innover dans la façon de penser l'action publique locale. Patrice DURAN ne disait pas le contraire en affirmant que «  l'Etat n'est plus conçu comme une entité homogène et monolithique mais apparaît constitué comme « une pluralité d'agences et de niveaux d'action, (...) un univers fragmenté en de multiples systèmes d'action dont les modalités d'intégration partielles et locales rendent difficilement pensable une quelconque régulation centralisée142(*) ». Eu égard au contexte local de la gestion des affaires publiques, l'on comprend que le maire doive partager son pouvoir avec des acteurs autres.

    Pour ce faire, il doit composer avec d'autres acteurs pour satisfaire aux exigences de la gouvernance locale. Le maire représente une instance d'écoute et de facilitation du dialogue avec toutes les composantes de la commune. L'on comprend ainsi que les transformations de la fonction de l'élu rencontrent un mouvement de fond qui traverse les collectivités locales. Trois dimensions, en particulier, sont significatives et susceptibles de façonner un autre visage des politiques, plus encore un « médiateur » du vivre ensemble : la création d'instances de concertation et de débat parmi les habitants, l'inscription des communes dans un maillage local et régional, l'élargissement des relations entre le politique et les autres instances de la société civile143(*).

    Le développement local n'est pas le monopole exclusif du maire. Des initiatives privées permettent de poursuivre les mêmes objectifs. Un enquêté nous a d'ailleurs déclaré qu' «il existe d'autres structures telles que les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui font très bien le travail du maire ». Le maire se trouve à devoir, et souvent, à vouloir, travailler avec les acteurs de la société civile pour assurer un développement plus à même de répondre aux besoins de la population. C'est la raison pour laquelle Djribril DIOP écrit que :

    Il est indispensable aujourd'hui, pour mieux cadrer avec cette dynamique où personne ne se semble responsable de rien et pour rendre la gestion des collectivités locales plus saine, de revoir le statut de l'élu local en matière de responsabilisation. En effet, au moment où l'on note de plus en plus d'intervenants et la montée d'une certaine « société civile » locale, il devient fondamental que cet acteur important dans le processus décentralisation puisse jouir d'une reconnaissance et une circonscription de ses responsabilités plus conforme à son rôle et à sa mission.144(*) 

    En tenant compte de ces nouvelles exigences qui poussent le maire à se réinventer chaque jour, il importe désormais de repenser véritablement la figure du maire. A travers ces diverses évolutions se dessine un nouveau visage de l'élu : bon gestionnaire ou organisateur, il n'est plus tout puissant, il dialogue et devient homme ou femme de relations : impliqué dans de multiples instances et dossiers, il connaît les personnes, il suscite les rencontres, il fédère les habitants, parvient à rendre compte de l'avancée des projets et à communiquer. Sa figure se détache ainsi de celle du « magistrat » pour se rapprocher de celle du « médiateur »145(*). Ces différentes casquettes que porte le maire dans la ville de Bertoua le poussent à reconsidérer l'image qu'il reflète auprès, non seulement de ses électeurs, mais aussi de ses collaborateurs.

    La professionnalisation semble devenir une exigence qui pourra servir à lutter contre le favoritisme décrié par les populations. Les agents municipaux confrontés à l'émergence de ces nouvelles contraintes développent un modèle nouveau de gestion des affaires de la commune. L'acceptation du partage de pouvoir avec d'autres entités est d'autant plus important qu'a côté de la rigidité et de la fragmentation de la construction étatique, la fonction publique territoriale a su construire un modèle d'une plus grande souplesse. On voit ainsi apparaître une fonction publique de métiers correspondant à une professionnalisation renforcée et à une meilleure adaptation aux missions de service public146(*).

    Désormais, la viabilité et le réalisme d'un projet municipal ne se mesurent plus seulement à l'échelle de la commune. Ils impliquent la prise en compte des territoires voisins et une vision plus globale, dont la région apparaît comme la bonne mesure. La tâche n'en est pas simplifiée. L'option prise pour l'intercommunalité (plutôt que la réduction du nombre des communes) peut conduire à une superposition de structures, si ce n'est à une opacité et une moindre participation des habitants. Ceci implique de la part de l'élu un élargissement du regard, une capacité à fédérer ou à relayer des initiatives dont certaines ont pu trouver leur origine en dehors du territoire de la commune147(*).

    *

    * *

    A l'issue de ce chapitre, on peut comprendre que la légitimité du maire à Bertoua est en pleine refondation. De la crise de la participation des populations à une crise de confiance en la personne de l'élu local, la légitimité du maire est compromise. Bien que le maire soit une autorité élue, et partant, issue de la volonté du peuple, les populations ne se reconnaissent plus en lui. Sa place et son importance en prennent un coup car un minimum de 39% de la population pense qu'on peut vivre sans maire car il n'est « finalement pas si important que ça ». Néanmoins, un paradoxe est à noter. Même si les populations de Bertoua se disent insatisfaites du travail du maire et que quelques unes d'entre elles n'en veuillent plus, la majorité d'entre ces populations (61%) reconnaissent que le maire représente l'ordre et la loi dont a besoin toute organisation sociale et que le maire ne peut ne pas être. Les plus humbles réussissent d'ailleurs à avouer que « c'est nous-mêmes qui l'avons porté à ce poste », reconnaissant ainsi leur part de responsabilité dans la gestion du maire. Un accent particulier est cependant mis sur la nécessité, pour le maire, de collaborer avec la population et d'encourager l'entreprise individuelle. Considérer l'autre comme un partenaire et un atout plutôt que comme un ennemi à détruire à tout prix semble donc être le mot d'ordre des populations à l'endroit des maires.

    CONCLUSION GENERALE

    La présente étude ambitionnait la compréhension de la problématique de la gouvernance locale dans la Région de l'Est-Cameroun à travers l'analyse de la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua. Cette région est, en effet, considérée comme l'une des plus sous-développées, à cause de son enclavement et de la mauvaise gestion des ressources qui la caractérisent. Dans le même temps, le maire est considéré comme l'acteur central, voire incontournable de la gouvernance locale compte tenu de sa proximité avec la population. Cependant, au delà de la littérature sur la participation de la population a la gestion des affaires locales, l'on ne s'est pas beaucoup intéressé à ce que pense ladite population de l'autorité locale qu'est le maire et de son action publique locale. La question centrale était de voir, comment la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua favorise-t-elle leur adhésion à l'action publique locale ?

    Pour répondre à une telle interrogation, une hypothèse principale et deux hypothèses secondaires nous ont paru nécessaires. Ainsi, l'adhésion et la participation des populations de la ville de Bertoua à l'action publique locale dépendent fortement de la perception qu'elles ont du maire. Subséquemment, plus le maire est un personnage proche des populations, plus celles-ci adhèrent à son action en s'attachant, notamment, à ses qualités personnelles, mais aussi, plus l'action de la commune touche les réalités des populations, plus elles se sentent poussées à s'y impliquer.

    Ce travail, conçu sous l'estampille de l'interactionnisme symbolique et de la théorie des représentations sociales, a permis d'examiner la relation qui se développe entre le maire et les populations pour comprendre, au final, l'impact qu'elle pouvait avoir sur l'adhésion des populations à l'action publique locale. L'étude a également permis de saisir des éléments tels que le code de communication entre maires et populations, la façon avec laquelle les populations de Bertoua définissent ensemble les différents aspects d'un vécu quotidien et, surtout, comment elles se positionnent dans leur environnement afin de le maîtriser.

    Pour ce faire, il a été démontré, dans une partie première, que le maire est une autorité dont les attributions sont définies par des textes juridiques. Cette définition pré et post- décentralisation effective, a dévoilé une reconfiguration juridique des attributions du maire. Ainsi, il acquiert plus d'autonomie et se voit confier une mission de promotion du développement dans sa circonscription. La première partie a, de ce fait, permis de comprendre que la proximité du maire semble se limiter à une proximité purement géographique puisque les populations ne connaissent pas le maire et considèrent qu'il n'est pas proche d'elles. Aussi, plus qu'un lien direct et logique entre représentations et pratiques, l'appréciation de l'action du maire est apparue comme un facteur déterminant de l'adhésion à ses décisions. Cette appréciation, positive ou non, fait appel au capital sympathie du maire et à sa capacité à mobiliser les forces locales. Comprendre la dyade maire-population a donc supposé de considérer la satisfaction des populations en ce qui concerne leur implication, mieux, leur participation à la prise des décisions. Cela suppose également de pouvoir prendre en considération les contraintes qu'imposent les diverses facettes de la fonction de maire. En effet, il n'est pas toujours aisé, pour un maire, de tenir compte de toutes les revendications des populations. Le « choix difficile148(*) » prend tout son sens lorsqu'il est, désormais, question d'intérêt général et c'est la raison pour laquelle penser et établir un cadre de communication suffisamment intégratif entre l'administration municipale et les populations se pose comme une nécessité.

    A cet effet, la seconde partie de l'étude a permis de saisir la communication et l'implication des citoyens à l'action publique locale comme des données d'une légitimité questionnée. L'analyse de la communication entre maire et population, a laissé se profiler une persistance des schèmes stato-centrés. En effet, le maire à Bertoua est assimilé à une autorité déconcentrée aux attributs de puissance publique et la dimension politique du maire enjoint une attitude de « rejet » de l'autorité municipale par les populations. Dans le même ordre d'idées, cet état des choses entraine des effets sur l'adhésion voire la reconnaissance de l'action publique locale. Les populations qui se plaignent principalement, de l'absence de plateformes d'expression et de concertation, considèrent le maire comme une autorité distante de « sa » base, base qui l'a pourtant porté à cette fonction par l'expression de son vote. Par ailleurs, cette partie de l'étude a permis d'envisager les populations dans une situation, sinon de philosophie de la méfiance, tout au moins de crise de la confiance en l'élu local qu'est le maire. La légitimité de ce dernier s'est trouvée être en pleine refondation. Bien que le maire soit une autorité élue et, partant, issue de la volonté du peuple, les populations semblent ne plus se reconnaitre en lui.

    Cet état de fait aura permis de confirmer les hypothèses de travail que nous avons émises au début de cette recherche. On serait tenté dès à présent de penser que la faute revient entièrement au maire qui n'associe pas la population au processus de décision et d'opter illico pour la conclusion selon laquelle le maire n'est pas important puisque les populations ne font que s'en plaindre. Il reste, toutefois, comme le souligne Chantal BELOMO en analysant la perception de l'Etat camerounais par le citoyen, que « quelque soit la perception que le citoyen (fut-il vendeur ou paysan) peut avoir à son [l'Etat] égard, elle ne peut altérer en rien le fait qu'il demeure une constance irremplaçable et irréductible de la société...149(*)». Ceci pour dire que, malgré les reproches qui lui sont faits, le maire est une autorité dont a besoin la population car elle est, ne serait-ce que de façon supposée, la mieux placée pour entendre et gérer les besoins des populations. Il reste qu'un accent particulier est à mettre sur la nécessité, pour le maire, de collaborer avec la population et d'encourager l'entreprise des autres acteurs du développement.

    Au terme de nos recherches nous ne saurions, toutefois, prétendre avoir exploré toutes les questions que pose la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua. La place du Délégué du Gouvernement, super-maire, le rôle des autorités déconcentrées, les stratégies du maire en tant qu'acteur politique ou même la psychologie de l'acteur municipal, sont autant de questions qui n'intéressent, certes, pas notre objet d'étude de façon directe, mais qui pourraient faire l'objet de travaux futurs. Nous espérons que cette étude, malgré ses imperfections ou à cause d'elles, inspirera à d'autres le désir d'explorer ces pistes de recherche.

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    R. MERKOUCHE, « L'indifférence - une caractéristique des relations entre les élus et la population juvénile », mis en ligne le 20 mars 2010, disponible sur http://terredislam.bloguez.com/terredislam/1005012/L-indiff-rence-une-caract-ristique-des-relations-entre-les-lus-et-la-population-juv-nile-Le-foss-ne-cesse-d-tre-entretenu-par-les-autorit-s-locales.

    S. MANSOUR TALL, «La Décentralisation et le Destin des Délégués de Quartier à Dakar (Sénégal)», Le bulletin de l'APAD, N° 15, Les dimensions sociales et économiques du développement local et la décentralisation en Afrique au Sud du Sahara, mis en ligne le : 20 décembre 2006, disponible sur http://apad.revues.org/document567.html.

    S. MALSAN « La nécessité de la participation est-elle toujours argumentée par un besoin de plus de démocratie ? », Revue du MAUSS 2/2005 (no 26), pp. 231-248.

    V.ALAIN, « L'organisation communale au Cameroun oriental », Bulletin Officiel des Communes, 1967, (10-11), publié en ligne sur http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_04-05/03878.pdf, 9 pages.

    V. WAECHTER-LARRONDO, « Quel modèle de relation entre l'organisation municipale et l'usager-citoyen depuis la décentralisation ? », Flux 2/2002, N° 48-49, pp. 7-19.

    Y. COLMOU, « Les collectivités locales : un autre modèle », Pouvoirs 2/2006, N° 117, 10 pages.

    IV. Etudes et Rapports

    B. TCHOUMBA, DSRP au Cameroun : état des lieux et portes d'entrée pour la prise en compte des préoccupations des Peuples indigènes et tribaux, Rapport final, Projet PRO 169, 2007, 60 pages.

    Equipe du système des Nations Unies en RCA, Bilan commun de pays (CCA), la République centrafricaine face aux défis de la pauvreté, de la bonne gouvernance et de la démocratie, BBA, Bangui, 2001, 80 pages.

    P. BARDHAN, La gestion des affaires publiques au service du développement. Une approche par l'économie politique, Etudes du Centre de développement de l'OCDE, Paris, 1997, 106 pages.

    PNUD, Cameroun, Rapport sur le développement humain 1998, Yaoundé, Cameroun, Janvier 1999, IX-100 pages.

    PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2002, « Approfondir la démocratie dans un monde fragmenté », De Boeck Université, Bruxelles, 2002, 277 pages.

    T. AYEVA, B. JEAN (Sous la dir. de), « Gouvernance locale et renforcement des capacités. Quelques pistes de réflexion pour un développement territorial durable des collectivités rurales », Rapport de recherche No 3, Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT), 2003, 49 pages.

    V. Thèses, mémoires et cours

    C. BELOMO, cours de Corruption, Etat et développement, Master 1 Gouvernance et Politiques publiques, Université Catholique d'Afrique Centrale, 2008-2009, 18 pages.

    C. E. KIAMBA, cours de Politique africaine, Master 1 Gouvernance et Politiques publiques, Université Catholique d'Afrique Centrale, 2008-2009, 54 pages.

    J. R. KEUDJEU DE KEUDJEU, « La problématique du contrôle de l'Etat sur les collectivités territoriales décentralisées au regard de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 », mémoire de DEA, Université de Douala Cameroun, 2008, disponible sur http://www.memoireonline.com/08/09/2490/La-problematique-du-contrle-de-lEtat-sur-les-collectivites-territoriales-decentralisees-au-re.html.

    S. ANGO MENGUE, L'Est-Cameroun : une géographie de sous-peuplement et de marginalisation, thèse de Doctorat 3e cycle en géographie, université de Bordeaux III, 1982, 626 pages.

    VI. Textes juridiques

    § Constitution de la République du Cameroun du 18 Janvier 1996.

    § Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation au Cameroun

    § Loi n° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions

    § Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes

    § Loi No 62/2/COR du 1er mars 1967 portant organisation communale du Cameroun

    ANNEXES

    Annexe no 1 : Guide d'entretien des populations

    Etude portant sur la perception de la fonction de maire par les populations de la ville de Bertoua.

    Identification

    Age

    Sexe

    Profession

    Ethnie

    Niveau d'études 

    Parti politique 

    I. Connaissance du maire

    1. Combien de mairies ya t-il a Bertoua ?

    2. Connaissez-vous les maires de la ville de Bertoua ?

    3. D'après vous, qu'est-ce qu'un maire doit faire ?

    II. Perception des actions menées par les maires

    4. Pensez vous qu'on peut facilement aborder les maires de Bertoua?

    5. Est-ce qu'ils entretiennent de bonnes relations avec les populations ?

    6. Si oui, quels types de relation ?

    a. Amitié ?

    b. Famille ?

    c. Profession ?

    d. Aucune ?

    1. A votre avis, les maires de Bertoua font-ils bien leur travail ? Pourquoi ?

    2. Quels sont, d'après vous, les aspects délaissés?

    3. A votre avis, ont-ils le droit d'être à ces postes ou doivent-ils être remplacés ? Pourquoi ?

    4. Etes-vous toujours d'accord avec les décisions prises par les maires ? Pourquoi ?

    5. Pensez-vous que les maires de Bertoua connaissent les réalités des populations ?

    6. A votre avis, les populations sont-elles impliquées dans la prise de décisions les concernant ?

    7. Si oui, par quels moyens ?

    8. A votre avis, comment doit être un maire ? Gentil et à l'écoute des problèmes de tout le monde ou alors ferme et autoritaire ?

    9. Aimez-vous votre maire ?

    10. Si vous n'aimez pas un maire, allez-vous mettre en pratique ses décisions ?

    11. Pourquoi suivez-vous les recommandations des maires ?

    12. Pensez vous qu'on pourrait vivre sans maire ? Pourquoi ?

    13. Êtes-vous satisfaits du travail que font les maires de Bertoua ?

    14. Quelles sont vos propositions et suggestions pou améliorer le travail des maires ?

    15. Si vous étiez à la place des maires de Bertoua, que feriez-vous ? Pourquoi ?

    TABLE DES MATIERES

    DEDICACE I

    REMERCIEMENTS II

    LISTE DES SIGLES III

    LISTE DES GRAPHIQUES IV

    SOMMAIRE V

    INTRODUCTION GENERALE 5

    I. Contexte de l'étude 5

    II. Délimitation de l'étude 5

    1. Délimitation spatiale 5

    2. Délimitation temporelle 5

    3. Délimitation matérielle 5

    III. Définition des concepts 5

    IV. Intérêt de l'étude 5

    1. Intérêt social 5

    2. Intérêt scientifique 5

    V. Revue de littérature 5

    VI. Problématique 5

    VII. Hypothèses 5

    VIII. Cadre méthodologique 5

    1. Grilles d'analyse des données 5

    2. Techniques de collecte de données et échantillon 5

    PREMIERE PARTIE : PROXIMITE DU MAIRE ET ADHESION DES POPULATIONS A L'ACTION LOCALE 5

    CHAPITRE 1 : CONNAISSANCE DU MAIRE ET DE SES ATTRIBUTIONS PAR LES POPULATIONS 5

    Section 1 : Des attributions consacrées par les textes 5

    Paragraphe 1. Consécration textuelle avant la décentralisation 5

    Paragraphe 2. Décentralisation et reconfiguration juridique de l'autorité du maire 5

    Section 2 : Le maire à Bertoua : une autorité méconnue des populations 5

    Paragraphe 1. Une personnalité publique dépourvue de notoriété 5

    Paragraphe 2. Une personnalité publique à rôle diffus 5

    CHAPITRE 2 : IMAGE DU MAIRE ET GESTION PARTICIPATIVE DE L'ACTION PUBLIQUE LOCALE 5

    Section 1 : L'appréciation de l'action du maire comme facteur d'adhésion à ses décisions 5

    Paragraphe 1. Les déterminants de l'appréciation de l'action du maire 5

    Paragraphe 2. Du capital sympathie à la mobilisation des forces locales 5

    Section 2 : L'insatisfaction des populations : résultat d'un sentiment de non-implication 5

    Paragraphe 1. Des revendications des populations à la prise en compte 5

    de leur point de vue 5

    Paragraphe 2. L'action du maire à l'interface de l'affirmation de son autorité et des 5

    aspirations des populations locales 5

    SECONDE PARTIE : COMMUNICATION ET PARTICIPATION DES POPULATIONS A L'ACTION PUBLIQUE LOCALE: LES DONNEES D'UNE LEGITIMITE QUESTIONNEE 5

    CHAPITRE 3 : RELATIONS MAIRE-POPULATIONS A BERTOUA: LE PARADOXE D'UNE EXPERIENCE FEDERATRICE 5

    Section 1 : La « communication » entre le maire et les populations : une persistance des 5

    schèmes stato-centrés 5

    Paragraphe 1. Assimilation du maire à une autorité déconcentrée aux attributs de 5

    puissance publique 5

    Paragraphe 2. Dimension politique de la mairie et confinement du maire à un rôle 5

    bureaucratique 5

    Section 2 : Les implications des stratégies « communicatives » sur la dimension 5

    participative de l'action locale 5

    Paragraphe 1. L'absence de plateformes d'expression et d'échange avec les populations : un frein à la participation 5

    Paragraphe 2. Une autorité élue distante de sa base électorale 5

    CHAPITRE 4 : FIGURE DU MAIRE ET « IMAGINAIRE » POPULAIRE : VERS UNE NOUVELLE LEGITIMITE DU MAIRE A BERTOUA ? 5

    Section 1 : La figure du maire à Bertoua : un acteur local délégitimé 5

    Paragraphe 1. De la crise de la participation des populations à une crise de confiance en la personne du maire 5

    Paragraphe 2. La compromission de la légitimité du maire 5

    Section 2 : La place du maire dans l'imaginaire populaire : une importance relativisée 5

    Paragraphe 1. Vers un recours ponctuel des populations au maire 5

    Paragraphe 2. Le dynamisme de l'entreprise individuelle en dehors de toute initiative du maire ou « l'ouverture du jeu collectif » 5

    CONCLUSION GENERALE 5

    BIBLIOGRAPHIE 5

    I. Recueils et dictionnaires 5

    II. Ouvrages 5

    III. Articles 5

    IV. Etudes et Rapports 5

    V. Thèses, mémoires et cours 5

    VI. Textes juridiques 5

    ANNEXES E

    * 1 A. KONARE, Éditorial. Décentralisation, Journal d'information et de réflexion sur la décentralisation, Bamako, 1994, p.1, cité par B. BÉRIDOGO, « Processus de décentralisation et pluralité de logiques des acteurs au Mali », in Décentralisation et pouvoirs en Afrique, ouvrage issu du colloque international Pouvoir et décentralisations en Afrique et en Europe, Bamako, 11-13 novembre 2002, IRD éditions, collection Colloques et séminaires, Paris, 2006, p.212.

    * 2 P. LONCLE et A. ROUYER, « La participation des usagers : un enjeu de l'action publique locale », in Revue Française des Affaires sociales 4/2004, N° 4, pp. 133-154.

    * 3 T. AYEVA, B. JEAN (Sous la dir. de), « Gouvernance locale et renforcement des capacités. Quelques pistes de réflexion pour un développement territorial durable des collectivités rurales », Rapport de recherche No 3, Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT), 2003, p.18.

    * 4 J. FELIX, « L'élaboration de la politique de décentralisation au Mali : des logiques plurielles », in Bulletin de l'APAD, No 11, 1998, p. 140.

    * 5 C. CHEKA, « Etat des lieux du processus de la Décentralisation au Cameroun », disponible sur http://www.dschangshuss.net/etat_des_lieux/lieu.htm, consulté le 18 janvier 2010, à 11h15 min.

    * 6 En remplacement du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) adopté en 2003, et qui tablait sur un taux de croissance annuel moyen de 5,5% sur la période 2003-2007 pour réduire la pauvreté dans le pays, le DSCE définit le cadre global et sectoriel des actions gouvernementales pour les dix prochaines années (2010-2020). D'après le Ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire (MINEPAT), le DSCE se distingue du DSRP par son intégration dans une perspective globale de développement.

    * 7 S. ANGO MENGUE, sous la dir. de François BART, La province de l'Est du Cameroun : étude de géographie humaine, s.n., Bordeaux, 2004, p.23.

    * 8 Ibid.

    * 9 Il s'agit en effet de la Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation.

    * 10 G. HERMET (sous la dir. de), et al., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, 6e édition, 2005, Armand Colin, pp. 138-139.

    * 11 G. HERMET (sous la dir. de) et al.,op. cit., p.139.

    * 12 G. STOKER., « Cinq propositions pour une théorie de la gouvernance », in Revue internationale des Sciences Sociales, N°155, UNESCO/érès, Paris, 1998.

    * 13 B. PECQUEUR, Le développement local, Syros, 2e édition revue et augmentée, 2000.

    * 14 F. LELOUP et al., « La gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordination territoriale ? », in Géographie, économie, société 4/2005 (Volume 7), pp. 321-332.

    * 15 J. PIAGET, La représentation du monde chez l'enfant, Quadrige, Presses Universitaires de France, 2003, p. 14.

    * 16 Dictionnaire de l'Académie française, neuvième édition, version informatisée, disponible sur http://atilf.atilf.fr/academie9.htm, consulté le 19 janvier 2010, à 20h.

    * 17 Article 60, alinéa 2 de la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.

    * 18 Article 86, alinéa 1 de la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.

    * 19 Article 87 de la Loi No 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.

    * 20 De nombreux travaux, traduits en ouvrages ont été consacrés à la question de la gouvernance en Afrique de façon générale et au Cameroun de façon spécifique. Nous avons notamment les travaux de Pierre-Yves LEMEUR, Georges COURADE, Lucien AYISSI et les publications du CODESRIA.

    * 21 Au sens de Jean François BAYART, Achille MBEMBE et Comi M. TOULABOR dans leur ouvrage Le Politique par le bas en Afrique noire. Contributions à une problématique de la démocratie, Paris, Karthala, Coll. Les Afriques, 1992.

    * 22 H. SCHNEIDER, Gouvernance participative : le chaînon manquant dans la lutte contre la pauvreté, Paris : OECD, Coll. Cahier de politique économique, 1999, p.8.

    * 23 COLLECTIF, Les non-dits de la gouvernance : pour un débat politique sur la pauvreté et la gouvernance, Paris, Karthala, Coll. Coopération internationale, 2001, p.98.

    * 24 P. BARDHAN, La gestion des affaires publiques au service du développement. Une approche par l'économie politique, Centre de développement de l'OCDE, Paris, 1997, p.51.

    * 25 PNUD, Cameroun, Rapport sur le développement humain 1998, Yaoundé, Cameroun, Janvier 1999, p.51

    * 26 PNUD, op. cit.,p.54.

    * 27 G. BLUNDO, « La gouvernance, entre technique de gouvernement et outil d'exploration empirique », in La gouvernance au quotidien en Afrique : les services publics et collectifs et leurs usagers, Bulletin No 23-24, Juin-Décembre. 2002.

    * 28 J.C THOMAS, Action publique et participation des citoyens : pour une gestion démocratique revitalisée, Paris, Nouveaux Horizons, 1995, p.1.

    * 29 P. BARDHAN, op.cit, p.74.

    * 30 P. BADIN, La psychologie de la vie sociale. Aspects psychosociaux de la personnalité, Socio guides, Ed. Le Centurion formation, 1977, p. 40.

    * 31 G. BLUNDO, op. cit., p. 74.

    * 32 P. BADIN, op. cit, p.41.

    * 33 L'empowerment est un terme anglais traduit par « autonomisation » ou « capacitation » qui désigne la prise en charge de l'individu par lui-même, de sa destinée économique, professionnelle, familiale et sociale. C'est donc, comme son nom l'indique, le processus d'acquisition d'un « pouvoir » (power), le pouvoir de travailler, de gagner son pain, de décider de son destin de vie sociale en respectant les besoins et termes de la société.

    * 34 « Interactionnisme symbolique », disponible sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Interactionnisme, consulté le 29 juin 2009.

    * 35 E. GOFFMAN, « Chapitre 1. Les représentations », in La mise en scène de la vie quotidienne, 1. La présentation de soi, Les éditions de Minuit, Paris 1973, pp. 25-49.

    * 36 E. GOFFMAN, « Perdre la face ou faire bonne figure », in Les rites d'interaction, Les éditions de Minuit, Paris, 1974, pp.7-42.

    * 37 D. JODELET, « Représentations sociales : phénomènes, concepts et théorie », in S. MOSCOVICI (sous la dir. de.), Psychologie sociale. Paris, PUF, 1984, pp. 357-378.

    * 38 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1993, p. 578.

    * 39 P. FABER, « L'entretien approfondi comme technique qualitative de recueil de données », in Protocole méthodologique : pour une approche renouvelée de la motivation du dirigeant, 1999, disponible sur http://www.e-rh.eu/index.php/documents-rh/evaluation/217-Importation_148, p.25, consulté le 13 décembre 2009, à 16h.

    * 40 Christophe ANTHOINE, «Pratiques et Perceptions d'un Appareil Étatique en Voie de Décentralisation : le Cas du Bénin», in Le bulletin de l'APAD, N° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux, disponible sur http://apad.revues.org/document534.html, consulté le 3 avril 2010, à 21h40 min.

    * 41 O. LEBRAUD, « Les figures multiples du maire », in Pouvoirs Locaux, N°60, mars 2004, publié sur internet par la rédaction d'EspacesTemps.net, http://espacestemps.net/document616.html, mis en ligne le jeudi 24 juin 2004, consulté le 10 mars 2010, à 10h.

    * 42 V. ALAIN, « L'organisation communale au Cameroun oriental », in Bulletin Officiel des Communes, 1967, (10-11), disponible sur http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_04-05/03878.pdf, p.5, consulté le 4 mars 2010, à 16h 52 min.

    * 43 V. ALAIN, op. cit., pp.5-6.

    * 44 Article 71, alinéa 1.

    * 45 Ibid.

    * 46 Article 71, alinéa 2.

    * 47G. DOMINIQUE. Th. BIERSCHENK, J.-P. Chauveau et J.-P. OLIVIER DE SARDAN (sous la dir. de), « Courtiers en développement. Les villages africains en quête de projet », in Tiers-Monde, 2002, vol. 43, n° 172, pp. 945-948, disponible sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_172_1670_t1_0945_0000_2, consulté le 11 mai 2010, à 18h.

    * 48 Il faut préciser qu'on ne parle pas ici des maires en tant que notables mais, on les définit simplement comme courtiers dans ce contexte précis. On définit leur légitimité, de manière concrète, car il est important de faire une différenciation entre le mode d'action de ces acteurs et leur fonction de courtage.

    * 49 « Elu de proximité », Entretien avec Jean-Pierre SUEUR, Ceras, in Projet N° 265, mars 2001, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.

    * 50 P. MARTINOT-LAGARDE, « Conclusions », Ceras, in Projet N° 265, mars 2001, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 11h40 min.

    * 51 H. PORTELLI « La commune, une identité en mutation », in Projet 1/2001, N° 265, pp. 35-42.

    * 52 Il s'agit de réponses données par certains enquêtés à la question de savoir s'ils connaissent le maire.

    * 53 Ibid.

    * 54 P. BRAUD, « A la recherche de notoriété », disponible sur http://www.scienceshumaines.com/a-la-recherche-de-notoriete_fr_2664.html, article publié le 1er octobre 2002, consulté le 22 avril 2010, à 18h 15 min.

    * 55 P. BRAUD, disponible sur http://www.scienceshumaines.com/a-la-recherche-de-notoriete_fr_2664.html.

    * 56 « Elu de proximité », Entretien avec Jean-Pierre SUEUR, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.

    * 57 Ibid.

    * 58 Ibid.

    * 59 P. HAMEL, « La gouvernance une perspective valable afin de repenser la coopération et les conflits ? », in Cardinal L. et C. Andrew sous la dir., La démocratie à l'épreuve de la gouvernance, Ottawa, 2001, Les Presses de l'Université d'Ottawa, p. 87-99.

    * 60 S. MANSOUR TALL, «La Décentralisation et le Destin des Délégués de Quartier à Dakar (Sénégal)», in Le bulletin de l'APAD, N° 15, Les dimensions sociales et économiques du développement local et la décentralisation en Afrique au Sud du Sahara, mis en ligne le 20 décembre 2006, disponible sur http://apad.revues.org/document567.html, consulté le 19 mai 2010 à 10h30 min.

    * 61 J.-L PIERMAY, « Dynamismes et pouvoirs locaux en Afrique centrale : une chance pour l'encadrement urbain ? », in: Jaglin, S. & A Dubresson, 1993, p. 285.

    * 62 F. ONGODO, B. CISSE A. Et A. CAPIEZ, « Gouvernance urbaine en Afrique : une étude comparative de la perception de la qualité du management urbain et de la performance des collectivités locales maliennes et camerounaises », communication pour la Revue francophone de Gestion, 2006, disponible sur http: www.cidegef.refer.org/douala/Fouda_capiez_cisse.doc, consulté le 12 avril 2010, à 8h44 min.

    * 63 P. MARTINOT-LAGARDE, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 16h.

    * 64 Ibid.

    * 65 Yves COLMOU, « Les collectivités locales : un autre modèle », in Pouvoirs 2/2006, N° 117, p. 27-37.

    * 66 O. LEBRAUD, disponible sur http://espacestemps.net/document616.html.

    * 67 F. ONGODO, et al., disponible sur http:www.cidegef.refer.org/douala/Fouda_capiez_cisse.doc, consulté le 12 avril 2010, à 8h44 min.

    * 68 H. PORTELLI, op. cit., p. 40.

    * 69 Ibid.

    * 70 Selon les termes d'une enquêtée.

    * 71 A. FAURE, « Les élus locaux changent-ils la politique ? Méthode, controverses, énigmes », disponible sur http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/38/56/83/PDF/EElulocalAF.pdf, consulté le 22 mars 2010, à 13h.

    * 72 Ibid.

    * 73 Ibid.

    * 74 J.-P. OLIVIER DE SARDAN, disponible sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_172_1670_t1_0945_0000_2, consulté le 11 mai 2010, à 18h.

    * 75 J. B. LEGAVRE, « Des maires en représentation », in Projet, 2001/1, N° 265, pp. 43-51.

    * 76 B. JOBERT, B .THERET, (sous la direction de), Le tournant néo-libéral en Europe, L'Harmattan, Paris, 1994, cité par Virginie WAECHTER-LARRONDO, « Quel modèle de relation entre l'organisation municipale et l'usager-citoyen depuis la décentralisation ? », in Flux 2/2002, N° 48-49, pp. 7-19.

    * 77 V. BRIANT, Y. PALAU, La médiation. Définition, pratiques et perspectives, Paris, Nathan, 1999, p. 108.

    * 78 P. DURAN, J.C THOENIG, « L'État et la gestion publique territoriale », in Revue française de science politique, volume 46, No 4, 1996, p. 582.

    * 79 J. B. LEGAVRE, op. cit., p. 45.

    * 80 C. ANTHOINE, «Pratiques et Perceptions d'un Appareil Étatique en Voie de Décentralisation : le Cas du Bénin», in Le bulletin de l'APAD, n° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux, mis en ligne le 6 octobre 2006, disponible sur http://apad.revues.org/document534.html, consulté le 3 avril 2010, à 21h40 min.

    * 81 Ibid.

    * 82 A. FAURE, « Politiques publiques et gouvernements urbains : le temps venu de la démocratie différentielle ?», in Télescope - Revue d'analyse comparée en administration publique, ENAP, Université du Québec, N° 3, printemps 2007.

    * 83 A. FAURE, op.cit., disponible sur http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/38/56/83/PDF/EElulocalAF.pdf, consulté le 22 mars 2010, à 13h.

    * 84 B. CASSAIGNE, « Introduction », Ceras - in Projet n°265, Mars 2001, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 22 mars 2010, à 14h.

    * 85 Idem, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 22 mars 2010, à 14h.

    * 86 H. PORTELLI, op.cit., pp. 35-42

    * 87 R. MERKOUCHE, « L'indifférence, une caractéristique des relations entre les élus et la population juvénile », Article mis en ligne le 20 mars 2010, disponible sur http://terredislam.bloguez.com/terredislam/1005012/L-indiff-rence-une-caract-ristique-des-relations-entre-les-lus-et-la-population-juv-nile-Le-foss-ne-cesse-d-tre-entretenu-par-les-autorit-s-locales, consulté le 8 mai 2010, à 9h30.

    * 88 Ibid.

    * 89 « Elu de proximité », disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010, à 11h20 min.

    * 90 S. MALSAN « La nécessité de la participation est-elle toujours argumentée par un besoin de plus de démocratie ? », in Revue du MAUSS 2/2005 (no 26), pp. 231-248.

    * 91 P. DURAN, « Homère relu par Patrice Duran. Sociologue Ulysse et les sirènes ou de l'intelligence d'un acteur », disponible sur disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 13 mai 2010, à 19h.

    * 92 Philippe GARRAUD, « Le métier d'élu local : les contraintes d'un rôle », in J. Fontaine et C. Le Bart (dir.), Le métier d'élu local, L'Harmattan, coll. Logiques politiques, 1994, p. 40.

    * 93 « Communication », disponible sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Communication#Communication_de_groupe, consulté le 26 février 2010, à 13h.

    * 94 P. FALZON, « Dialogues fonctionnels et activité collective », in Le Travail Humain, 57 (4), 1994, p. 312.

    * 95 M. PAOLETTI, « Renouvellement de l'élu médiateur », Ceras, in Projet n°265, Mars 2001, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010.

    * 96 D. LORRAIN, « De l'administration républicaine au gouvernement urbain », Sociologie du travail, 4, 1991, cité par M. PAOLETTI, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956, consulté le 29 mai 2010.

    * 97 Propos d'un enquêté.

    * 98 P.Y LE MEUR, «Décentralisation et développement local - Espace public, légitimité et contrôle des ressources», in Le bulletin de l'APAD, N° 17, Anthropologie de la santé, mis en ligne le 4 octobre 2006, disponible sur http://apad.revues.org/document496.html, consulté le 3 avril 2010, à 22h20.

    * 99 La tutelle est une appellation utilisée au Cameroun pour désigner l'ensemble des contrôles exercés par les représentants de l'Etat sur les organes et les actes des collectivités territoriales décentralisées (CTD) en vue de faire respecter la légalité, préserver l'intérêt de l'Etat face aux intérêts particuliers ou locaux et d'éviter les abus de toute sorte.

    * 100 J.P OLIVIER DE SARDAN, «Quelques réflexions autour de la décentralisation comme objet de recherche», in Le bulletin de l'APAD, N° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux, mis en ligne le : 15 novembre 2006, disponible sur http://apad.revues.org/document547.html, consulté le 3 avril 2010.

    * 101 En référence à la crucifixion d'André le saint sur une croix transverse, les croix de Saint André désignent des symboles en forme de X utilisés par les agents communaux pour signifier qu'un bâtiment est situé à un mauvais emplacement.

    * 102 N. BAKO-ARIFARI, «Décentralisation et rapport global-local : formes du politiques, intermédiation et mode de représentation locale (Atelier 1)», in Le bulletin de l'APAD, N° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux, mis en ligne le 15 novembre 2006, disponible sur http://apad.revues.org/document541.html, consulté le 27 mars 2010, à 23h.

    * 103 M. PAOLETTI, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956.

    * 104 N. BAKO-ARIFARI, disponible sur http://apad.revues.org/document541.html, consulté le 27 mars 2010, à 23h.

    * 105 C. ANTHOINE, disponible sur http://apad.revues.org/document534.html, consulté le 3 avril 2010, à 21h40 min.

    * 106 M. PAOLETTI, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956

    * 107 Communication orale de Rémi LEFEBVRE, chercheur au CNRS-CERAPS, lors d'une journée d'étude sur la proximité à l'université de Lille le 18 septembre 2003, citée par Sylvie MALSAN « La nécessité de la participation est-elle toujours argumentée par un besoin de plus de démocratie ? », in Revue du MAUSS 2/2005, No 26, p. 231-248.

    * 108 S. MALSAN, op. cit., pp. 231-248.

    * 109 Ibid.

    * 110 La charte des paysans, Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural (CMRADR), Déclaration de principes, FAO, Rome, 1979, disponible sur http://www.fao.org/docrep/t1815f/t1815f00.HTM, consulté le 14 mai 2010.

    * 111 M. ABELES, Jours tranquilles en 1989, Paris, Odile Jacob. berTho Catherine, 1980, « L'invention de la Bretagne », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 35, cité par Sylvie MALSAN « La nécessité de la participation est-elle toujours argumentée par un besoin de plus de démocratie ? », in Revue du MAUSS 2/2005 (no 26), p. 231-248.

    * 112 S. MALSAN, op. cit., pp. 231-248

    * 113 R. LEFEBVRE, « Rapprocher l'élu et le citoyen. La « proximité » dans le débat sur la limitation du cumul des mandats (1998-2000) », in Mots. Les langages du politique, n° 77, Proximité, mars 2005, mis en ligne le 31 janvier 2008. URL : http://mots.revues.org/index127.html, consulté le 18 mai 2010, à 22h30 min.

    * 114 Cette notion est définie, par Patrice DURAN, comme un mode institutionnel et gestionnaire largement répandu dans la structuration des échanges entre collectivités publiques. Elle constitue une des clés de voûte de la gestion territoriale. Pour lui, les rapports de force plus ou moins permanents et plus ou moins visibles entre les protagonistes de l'action publique expliquent l'importance de la formalisation. Non seulement la pratique contractuelle entérine l'existence de rapports de pouvoir plus explicites, mais d'une certaine manière on ne peut plus dire que le contrat mette en scène des acteurs abstraits. Il ne présuppose pas l'égalité de fait des contractants. Il vise à structurer de manière plus ou moins durable et spécifique des modes d'échanges et à articuler ainsi des positions diverses dans un contexte d'interdépendance entre des problèmes, des acteurs et des intérêts.

    * 115 J-P GAUDIN., 1999, Gouverner par contrat : l'action publique en question, Paris, PFNSP, cité par R. LEFEBVRE, op. cit., disponible sur http://mots.revues.org/index127.html.

    * 116 R. LEFEBVRE, disponible sur http://mots.revues.org/index127.html, consulté le 18 mai 2010, à 22h30 min.

    * 117 Ibid.

    * 118 Voir graphiques présentés précédemment

    * 119 Principes de la gouvernance mondiale, p.27, Rapport de la Fondation Léopold Mayer, p.27, cité par C.E.KIAMBA, Politique africaine, pp.23-24, disponible sur www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0, consulté le 22 mai 2010, à 15h.

    * 120 C. BELOMO, « La perception de l'Etat par le citoyen camerounais : le cas des vendeurs à la sauvette de la poste centrale et les paysans de Nkolbisson », in Cahier africain des droits de l'homme, No 8, juin 2002, p.200.

    * 121 C. BELOMO analyse la perception de l'Etat au travers de ses fonctions, par le biais de ses attributions politiques et de ses attributions socio-économiques.

    * 122 C.E.KIAMBA, disponible sur http://www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0, consulté le 22 mai 2010, à 15h.

    * 123 Principes de la gouvernance, Rapport de la Fondation Leopold Mayer, p.27, cité par C.E.KIAMBA, op. cit., url : http://www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0, consulté le 22 mai 2010, à 15h.

    * 124O. LEBRAUD, op. cit., disponible sur http://espacestemps.net/document616.html, consulté le 10 mars 2010.

    * 125 C. BELOMO, op. cit., p. 200.

    * 126 P. QUANTIN, « L'Afrique Centrale dans la guerre: Les Etats-Fantômes ne meurent jamais », in African Journal of Political Science Vol.4 (2) 1999: 106-125.

    * 127 Principes de la gouvernance, Rapport de la Fondation Leopold Mayer, p.27, cité par C.E.KIAMBA, op. cit., http://www.memoireonline.com/05/10/3464/m_Droits-de-lhomme-et-action-humanitaire0.html#toc0, consulté le 22 mai 2010, à 15h.

    * 128 J. F. BAYART, S. ELLIS, B. HIBOU, La criminalisation de l'Etat en Afrique, Paris, Complexe, 1997.

    * 129 C. BELOMO, Corruption, Etat et développement, cours, Université Catholique d'Afrique Centrale, 2008-2009, p.8.

    * 130 J.F. MÉDARD, « L'Etat néo patrimonial en Afrique noire », in Jean-François MÉDARD (dir.) Etats d'Afrique noire : formation, mécanismes et crise, Paris, Khartala, 1991, cité par C. BELOMO, op. cit., p.8.

    * 131 Jean-François BAYART développe la « politique du ventre » dans son ouvrage L'Etat en Afrique : La politique du ventre, publié aux éditions Fayard en 2006. Pour lui, la politique du ventre représente la manière dont ont évolué les états d'Afrique nouvellement indépendants. La caractéristique principale de cette « politique du ventre » est que ceux qui exercent une fonction politique, exercent cette fonction pour en retirer certains avantages personnels (en particulier, ils veulent manger).

    * 132 FOUDA ONGODO, et al., disponible sur http: www.cidegef.refer.org/douala/Fouda_capiez_cisse.doc, consulté le 12 avril 2010, à 8h44 min.

    * 133 Pierre Yves LE MEUR, op. cit., disponible sur http://apad.revues.org/document496.html, consulté le 3 avril 2010, à 22h20.

    * 134 Aurélie SIERRA et Nathalie LEWIS, « Gouvernance sur le territoire. Un regard attentif à la configuration du pouvoir. », in VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Hors série 6 | 2009, mis en ligne le 14 décembre 2009, disponible sur http://vertigo.revues.org/9328, consulté le 18 mai 2010, à 17h12 min.

    * 135Ibid.

    * 136 « Élu local : changements ou continuité ? », Actes de colloque, in Calenda, publié le jeudi 20 décembre 2007, disponible sur http://calenda.revues.org/nouvelle9583.html, consulté le 18 mai 2010, à 18h.

    * 137 Il s'agit là des propos d'un de nos enquêtés.

    * 138 Propos d'une paysanne rapportés par Chantal BELOMO, op. cit., p. 210

    * 139 S. MALSAN, op. cit., pp. 231-248

    * 140 Chantal BELOMO, op. cit., p. 210

    * 141 Expression qui explique comment le dispositif de pilotage centralisé par l'Etat perd largement de sa prééminence sinon est en voie de disparition. Il lui succède progressivement un autre mode de gouvernance et de pilotage, pluraliste, ouvert et différencié, dont l'épicentre se trouve autour du traitement territorialisé des problèmes. Nous l'empruntons à Patrice DURAN et Jean-Claude THOENIG qui l'ont développée dans « L'État et la gestion publique territoriale », in Revue française de science politique, volume 46, No 4, 1996, p. 590.

    * 142 P. DURAN, Penser l'action publique, Paris, LGDJ, coll. « Droit et Société. Série politique », 1999, p. 13

    * 143 P. MARTINOT-LAGARDE, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956

    * 144D. DIOP, « Etre élu local au Sénégal, c'est quoi ? », disponible sur http ://www.sendeveloppementlocal.com/Etre-elu-local-au-Senegal-c-est-quoi_a1077.html, consulté 12 mai 2010, à 12h50 min.

    * 145 P. MARTINOT-LAGARDE, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956

    * 146 Y. COLMOU « Les collectivités locales : un autre modèle », in Pouvoirs 2/2006, N° 117, p. 27-37.

    * 147 P. MARTINOT-LAGARDE, disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956

    * 148 P. DURAN, disponible sur disponible sur http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1956.

    * 149 C. BELOMO, op. cit., p. 218.






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