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Philosophie et religion chez Hegel

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par Cyrille Tenejou
Grand Seinaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de philosphie 2009
  

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CHAPITRE I

PHILOSOPHIE ET RELIGION

« La philosophie et la religion embrassent toutes deux la totalité de la vie. Elles ont même contenu ; elles n'ont pas la même forme : l'une est pratique et l'autre théorique [...]. La philosophie, sans l'appui du vécu, ne serait que verbalisme. Le vécu, au contraire, porte en lui une lumière immanente, qui peut amener, dans l'ordre pratique [celui de la religion] une justification authentique, bien que non réflexive ».

Henry DUMERY, Critique et religion, Paris, SEDES, 1957, p. 231.

La philosophie de la religion6(*) soulève, entre autres, le problème des rapports entre la philosophie et la religion. Ce problème n'est pas des moindres, puisqu'il appelle à une réflexion sur la nature même de la philosophie, sur son droit légitime à fonder toute expérience humaine, y comprise l'expérience religieuse.

I.1. Généralités sur la philosophie 

I.1.1. Qu'est-ce que la philosophie ?

La question de savoir ce qu'est la philosophie est en elle-même une question qui appelle une réflexion philosophique. Elle absorbe toute l'énergie des philosophes et demeure une question très importante -que nous ne saurons occulter- pour la bonne compréhension du sujet que nous abordons.

Selon Joseph VIALATOUX, la philosophie se définit comme une intention, une certaine orientation de la pensée. Le terme philosophie dérive du grec philein qui signifie le sentiment d'un amour-désir, d'un appel, d'un effort orienté vers le bien. Ce bien vers lequel est orientée l'intention philosophique est la sagesse, sophia. La philosophie se présente donc sous le signe d'une intention et d'un effort de l'homme vers la sagesse. Laquelle sagesse se présente sous l'aspect pratique, par opposition à l'aspect spéculatif. La sagesse pratique se caractérise par une maîtrise révélant une transcendance, une activité révélant un engagement, une sérénité révélant un détachement, tandis que la sagesse spéculative s'applique à connaître, à expliquer et à comprendre. Tous les deux aspects participent de la sagesse vers laquelle s'oriente l'esprit7(*).

D'après l'Encyclopaedia universalis, la définition de la philosophie est, habituellement, d'abord étymologique ou historique. Cependant, aucune définition non philosophique de la philosophie n'est possible et que seule la philosophie permet de distinguer ce qui est philosophique de ce qui ne l'est pas. En outre, rien n'assure que la tradition qui attribue la paternité du mot à PYTHAGORE soit fondée : le mot lui-même n'apparaît que dans les oeuvres de PLATON. Il y a peu à tirer d'une formule comme amour - recherche - de la sagesse, tant que cette dernière n'est pas déterminée. Or, sophia, en grec, semble avoir désigné un savoir-faire, une habileté, une réussite. La sagesse ne s'expose pas forcément dans une argumentation rationnelle, mais également dans des paroles ou des proverbes. La liste des sept sages de la Grèce, qui comprend un tyran rendu célèbre par sa cruauté, n'est guère édifiante ! C'est justement à la philosophie de prendre en compte la diversité des sagesses selon les temps, les pays ou les circonstances : l'idée de sagesse dépend de celle de la philosophie et non l'inverse8(*).

On peut croire avoir échappé au cercle de la subjectivité en proposant une définition, mais elle porte la marque d'un style de philosophie. Ainsi écrira Karl JASPERS :

« Toute philosophie se définit elle-même par sa réalisation. Ce qu'elle est, on ne peut le savoir que par l'expérience ; alors on voit qu'elle est à la fois l'accomplissement de la pensée vivante et la réflexion sur cette pensée, ou l'action et le commentaire de l'action. Seule l'expérience personnelle permet de percevoir ce qu'on peut trouver de philosophie dans le monde »9(*).

La philosophie est donc inséparable de sa source -la découverte d'une réflexion théorique, systématique et dégagée de l'expérience- mais aussi de sa  fin, c'est- à- dire cette tâche infinie qui fut son projet et sa définition. De ce point de vue, il faut admettre, à la suite de HEGEL, qu'il y a une véritable unité de la philosophie au-delà de la diversité des philosophies. « L'histoire de la philosophie ne manifeste, dans les philosophies en apparences diverses, qu'une seule philosophie aux divers degrés de son développement et d'autre part, les principes particuliers, dont l'un sert de base à un système, sont simplement des ramifications d'une seule et même totalité »10(*). Bien que particulière par sa démarche et son approche, chaque philosophie renvoie par son contenu à la recherche de la vérité, à l'aspect universel de toute philosophie. Dès lors, récuser une philosophie particulière parce qu'elle n'est pas toute la philosophie ne serait pas aussi fondé que refuser une cerise ou une poire en prétendant qu'elle n'est pas un fruit.

Ce qui fait l'unité profonde de la philosophie, ce n'est ni un contenu de savoir, ni une méthode. C'est plutôt la forme même de l'existence traditionnelle. Indépendamment des discours sur la nature de la philosophie ou la distinction des types d'interventions philosophiques possibles, ce qui importe, c'est que des mêmes auteurs soient lus, repris, commentés, discutés, contredits ; que la formation philosophique passe par la familiarité avec un même fond textuel dont l'accroissement est normé par le sentiment que produit cette familiarité11(*). Pour Karl JASPERS, la philosophie a un rôle épistémologique qui constitue ce qu'elle est en elle-même. Il l'exprime par cette affirmation :

« L'essence de la philosophie, c'est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu'à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l'enseignement. Faire la philosophie, c'est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question »12(*).

Faute de pouvoir examiner chaque type de philosophie, nous avons tenté de définir la philosophie en général. Nous ne pouvons nous limiter à cette définition sans parler de l'objet et de la méthode de la philosophie.

* 6 L'expression a été accréditée par HEGEL dans son ouvrage Leçons sur la philosophie de la religion. Une longue période de tâtonnement aura été nécessaire pour que la philosophie de la religion se constitue en une discipline spécifique, pourvue d'un objet matériel et d'un objet formel nettement définis. Cependant, il y a une distinction à faire entre philosophie religieuse et philosophie des religions. La philosophie religieuse désigne toute philosophie qui présuppose la révélation qu'elle tient pour vraie et qu'elle traite philosophiquement ; elle peut être soumise à une théologie. On la retrouve chez des philosophes tels Saint Thomas d'Aquin, Averroès, Maimonide, Jacques Maritain, Gabriel Marcel, Teilhard de Chardin, Maurice Nédoncelle, etc. Cf. J.-L. VIEILLARD-BARON, loc. cit., p. 2464. La philosophie des religions, quant à elle, s'étend à toutes les religions et les étudie chacune d'une manière particulière en cherchant à savoir les réponses qu'elles apportent aux questions ultimes de l'homme.

* 7 Cf. J. VIALATOUX, L'intention philosophique, Paris, P.U.F., Coll. « SUP », 1973, pp. 5-22.

* 8 Cf. J. LEFRANC, « Philosophes et Philosophie », in Encyclopaedia universalis, Corpus 18, Paris, Encyclopaedia universalis, 1996, p. 69.

* 9 K. JASPERS, Introduction à la philosophie, Paris, Plon, 1950, p. 11.

* 10 G. W. F. HEGEL, Précis de l'encyclopédie des sciences philosophiques, in L. HANSEN-LOVE & F. KHODOSS (sous la dir.), Philosophie : Terminale ES, Paris, Hatier, 1999, p. 488.

* 11 Cf. Encyclopédie philosophique universelle, vol. II : Les Notions philosophiques, Paris, P.U.F., 1990, p. 1936.

* 12 K. JASPERS, op. cit. pp. 10-11.

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