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Agbonou: dynamique d'un quartier périphérique d'Atakpamé

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par John Kodjo Gnimavor FAGBEDJI
Université de Kara - Mémoire de maà®trise 2009
  

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TROISIEME CHAPITRE

LA CONCENTRATION DES ACTIVITES ECONOMIQUES
AUTOUR DE LA NATIONALE N°1

Le transport demeure la pièce motrice de toute économie qui se veut

moderne. Il constitue un secteur clé dans le développement économique et social.

Toute la dynamique du quartier d'Agbonou s'organise autour de la Nationale N°1, dont le point focal se situe au carrefour. Il fait vivre toute une population, fait développer tout un quartier et constitue l'espoir des jeunes néo-citadins.

Dans ce chapitre, nous allons montrer comment ce carrefour d'Agbonou est un facteur de création et de développement des activités informelles. Deuxièmement, il sera question d'apprécier l'apport de ces activités à l'économie.

3.1. LA ROUTE, FACTEUR DE CREATION ET DE DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES INFORMELLES

La route est un lieu de prédilection des activités informelles. Elle favorise l'affluence d'un grand nombre de population et de ce fait un grand nombre de clients.

Le carrefour d'Agbonou (voir photo N°1) est de loin le plus grand et le plus dynamique carrefour de la ville d'Atakpamé parce que se situant sur la N°1 (cf. carte N°5). En fait, il est le fruit du croisement entre la RN°1 et la RN°8 (route Atakpamé-Kpalimé).

71

Carte N°5

Photo n°1 : Vue du carrefour d'Agbonou

Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

A Agbonou, après le marché qui est un lieu spécialisé de commerce, vient le carrefour autour duquel se créent et se développent les activités informelles, plus particulièrement le commerce qui joue un rôle déterminant dans l'animation du quartier. La gamme d'activités qu'on rencontre là est étendue et variée. « Le nombre de personnes qui tentent de le faire est élevé. Leurs échoppes et leurs guérites se succèdent sur la Nationale N°1. En mainte endroit, les commerçants occupent le trottoir toute la journée et ne plient bagages qu'à la nuit tombée, quand tout espoir de vente disparait. » (Vennetier P., 1996).

Leur prière la plus ardente est de voir le maximum de véhicules s'arrêter au carrefour parce que les personnes aux abords de ces véhicules collectifs ou personnels constituent leurs clients préférés. Avant d'aborder en détail le

commerce et l'artisanat qui sont les activités dominantes du carrefour, nous allons analyser le flux de véhicules qui transitent par ce carrefour.

3.1.1. Analyse du flux de véhicules

Le carrefour d'Agbonou serait sans vie, sans importance s'il n'y avait pas des passagers, des transporteurs, des moyens de transports, des réseaux de transports et des escales. Les escales effectuées constituent le soubassement de cette dynamique économique. C'est pourquoi dans un premier temps nous allons estimer le nombre de voitures faisant escale au carrefour et le nombre de nationalités qui y transitent, avant d'éclaircir les raisons de ces arrêts.

3.1.1.1. Estimation du nombre de véhicules faisant escale au

carrefour d'Agbonou

Nous avons effectué le comptage sur la Nationale N°1 durant trois jours: le mercredi, jour de marché d'Anié et d'Akparé ; le samedi, jour de marché d'Agbonou et d'Atakpamé ; et le dimanche, fin de semaine. Nos résultats sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau N°9: Trafic horaire des véhicules sur la route N°1 durant 3 jours

Types d'engins

7H- 9H

9H- 11H

11H- 13H

13H- 15H

15H- 17H

17H- 19H

Total Journalier

MERCREDI

Véhicules personnels

19

33

31

22

19

20

144

Véhicules Taxis

28

22

20

18

15

20

123

Minibus

12

35

51

47

20

24

189

Autobus

-

2

2

-

-

-

4

Lourds

8

11

25

4

2

22

72

TOTAL

67

103

129

91

56

86

532

SAMEDI

Véhicules Personnels

9

26

21

68

30

12

166

Véhicules Taxis

22

38

53

29

25

13

180

Minibus

8

22

47

39

11

19

146

Autobus

2

-

2

-

-

-

4

Lourds

2

11

36

17

1

2

71

TOTAL

43

97

159

153

67

46

567

DIMANCHE

Véhicules Personnels

21

53

44

31

29

21

199

Véhicules Taxis

14

23

11

9

7

4

68

Minibus

4

41

39

22

14

9

129

Autobus

-

2

2

-

-

1

5

Lourds

13

25

11

17

18

21

105

TOTAL

53

144

167

79

68

56

507

Source: nos enquêtes

Au regard de ce tableau, il ressort que : au moins 500 véhicules empruntent la RN°1 par jour. Ensuite, entre 11 h et 13 h de la journée, on enregistre un

maximum de trafic. Il y a là un élément d'explication à clarifier. Mais bien avant cela, signalons que ce sont les véhicules venant du Nord qui affluent souvent à ces heures. L'explication qui découle alors de ce constat est liée à deux facteurs : d'une part aux heures d'animation des marchés proches de cette localité à savoir le marché d'Akparé, de Gléi, d'Anié, d'Adougbélan, etc. Tous ces marchés, bien qu'ils aient différents jours d'animation, s'animent intensément vers 11 heures de la journée, ce qui justifie l'affluence de nombreux véhicules notamment les taxis brousses durant ces moments au carrefour. D'autre part, la plupart des chauffeurs venant du Nord (les plus nombreux entre 11h et 13h) veulent arriver à destination en l'occurrence Lomé dans la journée, donc ils font tout pour être au carrefour d'Agbonou à ces heures. Le graphique suivant regroupant les heures d'arrivée des différents types de véhicules durant les trois jours de notre enquête illustre bien ce constat.

Figure N°8:

Courbe d'évolution du trafic des véhicules suivant les heures d'arrivées au

carrefour d'Agbonou sur la RN°1

Source: nos enquêtes

Lors des comptages routiers, nous avons aussi constaté que les taxis surtout, puis les véhicules personnels dominaient largement la catégorie des véhicules légers (4 à 5 places). Les véhicules de « luxe » (les grosses cylindrées,...) inclus dans cette catégorie de quatre à cinq places apparaissent à compte-goutte. Il en est de même pour les véhicules bâchés.

Les mercredis et samedis, on enregistre un maximum de taxis (123 le mercredi et 180 le samedi) à cause des marchés qui s'animent ces jours. Le dimanche, les taxis sont rares (68 voitures) car ce n'est pas un jour de marché mais de fêtes, de cultes ou de repos pour les moins religieux d'où la prépondérance des véhicules personnels (199 au total).

La catégorie bus et minibus est dominée par les mini bus de neuf et quinze places. Ils assurent en grande partie le transport interurbain de Lomé vers Sokodé, Kara ou Dapaong et les autres villes secondaires.

Les quelques autobus observés sont des bus des compagnies L.K. (Lomé- Kara), RAKIETA, et d'ADJI-TRANSPORT qui relient Kara-Lomé-Kara.

Il y a d'autres bus internationaux qui relient Lomé-Ouagadougou-Lomé. Ils arrivent souvent à Atakpamé aux alentours de 20h30 en venant de Lomé ou du Burkina Faso. Nous avons entre autres SKV (Société Kossouka Voyage), STMB (Société de Transport Mixte Bangrin) et TCV (Transport Confort Voyageurs), pour ne citer que ces trois là.

Les remorques estimées à 15,4% du total, sont des gros véhicules dont la charge en marchandises varie entre 30 et 60 tonnes. Elles ravitaillent la région sahélienne en produits manufacturés venant du Port Autonome de Lomé. Elles sont plus nombreuses les dimanches car il n'y a pas de contrôle douanier sur la route N°1 en ces jours.

Le résultat du comptage routier de trois jours, nous a permis de déterminer le trafic moyen journalier sur la Nationale aux latitudes d'Agbonou (tableau N°10 et figure N°7).

Tableau N°11 : Trafic horaire journalier moyen au carrefour d'Agbonou

Engin

EFF. MOY

Personnels

Taxis

Minibus

autobus

lourd

TOT.JOURNAL.

Par journée

170

124

155

4

83

536

Pourcentage (%)

31,7

23,1

29

0,8

15,4

100

Source : nos enquêtes

Source : nos enquêtes

Ce qu'il faut remarquer à la lecture de ce tableau, est que les véhicules légers (personnels et taxis) et les minibus empruntent plus la RN°1. Ils font respectivement 54,8% et 29 % du total. Ceci montre l'importance du trafic interurbain dû au commerce surtout. A côté de ces automobiles à quatre roues,

on enregistre une multitude de deux roues qui relient le centre-ville à Agbonou. C'est un de leurs endroits de prédilection à cause du relatif bon état de la route et d'un grand nombre de clients (Sonokpon, op. cit.). Ils assurent la liaison entre le centre-ville et la périphérie.

3.1.1.2. Estimation du nombre de nationalités

L'estimation du nombre de nationalité qui transite par le carrefour d'Agbonou nous échappe parce que nous ne pouvons contrôler l'identité des voyageurs. Ce que nous avons pu enregistrer et qui est intéressant est le nombre de véhicules « étrangers » qui ont emprunté la RN°1 lors de nos trois jours d'investigation. Pour faire une analyse comparative entre les nationalités, nous avons effectué la moyenne des trois jours et les avons regroupées dans le tableau suivant :

Tableau N°12: Nombre de véhicules étrangers passant à Agbonou

NATIONALITE

BURKINABE

MALIENS

NIGERIENS

TOTAL

Effectifs

27

11

15

53

pourcentage (%)

50,9

20,8

28,3

100

Source : nos enquêtes

Fig. N°10: Proportion de véhicules étrangers passant à Agbonou

Source: nos enquêtes

Force est de constater que les véhicules burkinabés (50,9%) empruntent plus la voie N°1 que les véhicules maliens (20,8%) et nigériens (28,3%). Cette situation se justifie par le fait que le Burkina est un pays limitrophe du Togo ; tel n'est pas le cas pour les autres nations enclavées qui sont aussi bien représentées 49,2% au total.

La plupart des véhicules enregistrés sont des semi-remorques ou des remorques transportant des tonnes de sucres, de ciments, de fers et autres produits provenant des autres régions du monde via Lomé, la capitale togolaise.

Par ailleurs, on note une multitude de véhicules d'occasion en direction de Ouagadougou.

Ils sont des clients potentiels des commerçants du carrefour lors de leurs stationnements pour des raisons diverses.

3.1.1.3. Raisons des escales

Les raisons des escales sont multiples et diversifiées. Elles sont historiques, stratégiques voire religieuses. En effet, depuis l'époque coloniale, après la construction des rails, et même bien avant, Agbonou était un carrefour, un marché, donc un lieu d'escale. C'était un carrefour où viennent se rencontrer les marchands de sels venant de Kéta au Ghana actuel et les Ifê d'Atakpamé (Gayibor, op. cit.). Au temps colonial, le marché s'est élargi aux autres peuples voisins notamment les Kabyè. Ils avaient occupé la plaine du Mono où ils travaillaient comme métayers. De là ils venaient à Agbonou pour échanger leurs produits agricoles contre le sel et autres produits.

Dans les années 40, la ligne du centre a commencé à être utilisée comme moyen de transport en commun des passagers « noirs ». Ainsi, Agbonou est devenu un lieu d'escales important après celui d'Anié où le train est obligé de s'arrêter pour charger les voyageurs et permettre aux passagers à bord de payer

à manger. En effet auparavant Anié était la plus grande escale, en venant ou en allant au nord à cause de « la notoriété de son marché, étape de ravitailement obligée pour tous les transporteurs et passagers de la nationale N°1. » (Tayeleke P., 2007). Ces escales se sont quelque peu assombries avec l'abandon des rails en 1998.

De nos jours, avec la déviation de la RN°1 qui passe dorénavant par Agbonou et l'installation des commerçants ambulants autour de ce carrefour, le quartier est devenu incontournable en matière d'escales. C'est là oü l'on trouve les repas, des fruits, des boissons, des poissons, etc. Brefs, tout ce dont pouvait besoin un passager. C'est pourquoi d'ailleurs presque tous les chauffeurs s'arrêtent là pour que les passagers puissent payer et trouver sans perdre trop de temps leurs nourritures et autres produits vivriers.

Aujourd'hui encore, à part les raisons classiques de décharge et/ou du chargement des passagers, on peut ajouter une raison pas des moindres liée au respect du temps de prière observé par les chauffeurs musulmans. Cette raison est souvent évoquée par les conducteurs de remorques et de voitures personnelles qui s'arrêtent souvent près de l'hôtel « le Sahélien » comme le montre la photo suivante.

Photo n°2 : Arrêt d'une voiture d'occasion en transit

Cliché : K. G. FAGBEDJI, 2009.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle