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Le green business comme moteur du développement en afrique

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par Mathieu Studer
Solvay Brussels School of Economics and Management - Master en gestion 2010
  

Disponible en mode multipage

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    FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES ET POLITIQUES/

    SOLVAY BRUSSELS SCHOOL OF
    ECONOMICS AND MANAGEMENT

    TFE

    Présenté en vue de l'obtention du Master Complémentaire
    de gestion technologique et industrielle

    Le Green Business comme moteur du

    développement en Afrique

    Par Mathieu Studer

    Directeur: Professeur Faska Khrouz Assesseur: Professeur Claudie Vermast

    Année académique 2009- 2010

    < Pill~e et marginalisee, l'Afrique est invitee par les maltres du monde a se penser
    pauvre, a se comporter en region pauvre. Les Etats du continent, surendettes et
    interpelles par une demande sociale forte, se voient contraints d'adopter et
    d'appliquer des remedes dont le coOt social et humain est exorbitant. Or l'Afrique est
    la seule a detenir les remedes a ses maux. Plus que de capitaux, de technologies et
    d'investisseurs strangers, elle a besoin de retrouver cette part d'elle-meme qui lui a
    ete derobee : son humanite. (

    Aminata Traoré Le Viol de l'Imaginaire, Actes Sud, Fayard, 2003.

    < La maladie ne se guerit point en pronongant le nom du medicament, mais en

    prenant le medicament. (

    Thomas Sankara

     
     

    Remerciements

    Je tiens tout d'abord à remercier le professeur Monsieur Faska Khrouz qui m'a accordé sa confiance dans la mise en oeuvre de ce sujet et pour m'avoir prodigué des conseils pratiques importants.

    Je tiens également à remercier toutes les personnes qui de près ou de loin m'ont aidé dans la quête d'informations, de compréhension et leurs relectures.

    J'aimerais également remercier ma famille de Bruxelles à Giseny et tout particulièrement mes parents pour m'avoir donné le goût d'apprendre et m'avoir soutenu dans ces longues années d'étude. Ma grand-mère Agnès qui m'a donné le goût de l'Afrique et sans qui je n'aurais surement jamais écrit ce travail.

    J'aimerais remercier tout particulièrement Eliane Chrysanthou qui pendant un an et demi a été ma principale source de motivation et qui a dû supporter mes plaintes et mes doutes.

    Je tiens également à remercier mes amis qui ont toujours été là pour moi, qui m'ont aidé à décompresser et qui ont toujours cru en moi.

     
     

    Table des matières

    1 Introduction 3

    2 La situation économique de l'Afrique 5

    2.1 L'exploration et la colonisation 5

    2.2 La décolonisation 5

    2.3 L'indépendance (le financement par la dette) 6

    2.4 Les PAS (Plans d'Ajustement Structurel) 7

    2.5 La situation actuelle 10

    3 Les conditions macroéconomiques du développement 13

    3.1 Cadrage et rappel 13

    3.2 L'importance du rôle de l'Etat dans le développement 13

    3.2.1 La bonne gouvernance 14

    3.3 Renationalisation des secteurs stratégiques 15

    3.3.1 Le secteur des services publics 15

    3.3.2 Les ressources stratégiques 16

    3.4 Investissements de capitaux 16

    3.4.1 Les différentes origines des capitaux 16

    3.4.2 L'importance d'une réglementation financière 17

    3.5 Le développement par le secteur industriel 18

    3.5.1 Le protectionnisme des industries naissantes 18

    3.5.2 L'importance de la recherche et du développement 19

    3.5.3 Les exportations et les substituts aux importations 19

    3.6 La diversification des clients 20

    3.7 Le développement des infrastructures et des techniques de communications 20

    3.7.1 Le développement des infrastructures de transports 20

    3.7.2 Le développement des infrastructures énergétiques 20

    3.7.3 Le développement des techniques de communications 21

    4 Le Green Business 22

    4.1 Définition 22

    4.2 La préoccupation environnementale 22

    4.3 Les conséquences du réchauffement en Afrique 23

    4.4 Nouvelle ère d'industrialisation 24

    4.4.1 Les différentes vagues d'industrialisation 24

    4.4.2 L'industrialisation et le green business 25

    4.5 Quelques exemples de green business 25

    4.5.1 Le projet « Desertec » 25

    4.5.2 L'île Maurice, comme précurseur en Afrique 26

    4.6 L'importance du Green Business pour les populations locales 27

    5 Le Green Business et le développement 29

    5.1 Le rôle de l'Etat et le Green Business 29

    5.1.1 Les lois imposées 29

    5.1.2 Le choix des investissements 29

    5.1.3 primes 29

    5.2 Les secteurs stratégiques et le Green Business 30

    5.3 Les capitaux privés et le Green Business 30

    5.4 L'industrialisation et le Green Business 31

    5.4.1 Le protectionnisme et le green business 31

    5.4.2 La recherche et le green business 31

    5.4.3 Les exportations, les substituts à l'importation et le green business 32

    5.5 La diversification des clients et le Green Business 32

    5.6 Le développement des infrastructures et des techniques de communication et le

    Green Business 32

    5.6.1 Le développement des infrastructures de transport et le green business 32

    5.6.2 Le développement des infrastructures énergétiques et le green business 33

    5.6.3 Le développement des techniques de communications et le green business
    33

    5.7 Tableau récapitulatif 34

    6 Conclusion 36

    Bibliographie 38

    Annexe 40

    1 Introduction

    La pauvreté, la famine ou bien encore l'accès à l'éducation sont autant de maux que connaît le continent africain. Beaucoup de moyens financiers, différentes méthodes ont déjà été tentées pour aider, pour leur permettre de se développer sans succès.

    La nouvelle vague écologique et son business en expansion pourrait-elle enfin permettre le développement de l'Afrique ?

    Les problématiques du continent africain sont connues depuis plusieurs dizaines d'années. Aujourd'hui, la situation ne s'est toujours pas améliorée malgré des efforts et des moyens importants.

    Comment le continent africain en est arrivé à une situation socio-économique aussi désastreuse ? Quelles sont les conditions macroéconomiques du développement ? Entrons-nous dans une nouvelle ère économique avec le green business ? Le green business peut-il contribuer au développement ?, autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre au travers de ce mémoire.

    De prime à bord, il semble difficile de résumer l'histoire de tout un continent ou de toute une région du monde sans faire de distinction entre les différents pays qui le constitue. Cependant, la situation politique et les choix macroéconomiques des différents pays africains ont été assez similaires. De plus, le président de la Commission de l'UA à récemment dit : « Je reste, en effet, fondamentalement convaincu que (l'Afrique) ne pourra résister aux défis de la globalisation qu'unie et solidaire. »

    Il semble important de préciser que la notion de développement sous tend aussi celle du développement durable qui comprend 3 dimensions :

    - Dimension économique

    - Dimension sociale

    - Dimension environnementale

    A l'heure actuelle, il paraît impensable de vouloir se limiter à une seule de ces 3 dimensions, l'ensemble du travail tiendra toujours compte ces différents aspects. Les dimensions économique et environnementale sont au coeur de ce travail. La dimension sociale ne sera pas développée outre mesure car il est difficile d'imaginer qu'un pays « pauvre » puisse offrir des avantages sociaux sans assurer dans un premier temps son développement économique.

    Dans ce travail, nous commencerons par expliquer l'histoire économique de l'Afrique afin de comprendre la situation actuelle.

    Ensuite, les conditions macroéconomiques du développement seront expliquées. Il est important de comprendre les différents mécanismes qui influencent l'amélioration du niveau de vie afin d'analyser si le green business peut avoir un rôle dans ce domaine.

    Par après, nous nous attarderons sur le green business pour expliquer et tenter de comprendre l'étendue de cette nouvelle économie.

    Par la suite, nous analyserons dans quelles mesures le green business peut influencer positivement sur le développement.

    Finalement, la conclusion apportera des éléments de réponses aux différentes questions posées.

    2 La situation économique de

    l'Afrique

    La situation économique actuelle de l'Afrique subsaharienne ne peut être comprise sans une analyse de son histoire et plus particulièrement de ses caractéristiques économiques.

    2.1 L'exploration et la colonisation

    Depuis le 15ème siècle, les portugais longeaient les côtes du continent africain, essentiellement pour contourner l'Afrique et ainsi trouver la route des Indes.

    La traite des esclaves noirs vers l'Amérique du Nord a commencé au 16ème jusqu'au 19ème siècle. Au début, il s'agissait de comptoirs commerciaux situés en bord de mer, la traite à l'intérieur des terres était effectuée par des populations indigènes attirées par l'appât du gain ou voulant juste se débarrasser de leurs ennemis. Les conséquences de cette traite dans l'histoire de l'Afrique sont importantes. L'historien Joseph Ki- Zerbo a montré que l'Afrique avait atteint un haut niveau de développement politique, social et culturel : « La traite des Noirs fut le point de départ d'une décélération, d'un piétinement, d'un arrêt de l'histoire africaine. Je ne dis pas de l'histoire en Afrique, mais d'une inversion, d'un retournement de l'histoire africaine. Si on ignore ce qui s'est passé au travers la traite des Noirs, on ne comprend rien à l'Afrique ».[15]

    A l'exception de la traite des Noirs, les peuples d'Afrique vivaient de cueillette, de la chasse et d'agriculture. Les liens avec le reste du monde étaient assez limités.

    La colonisation, et son lot de violence, a commencé au milieu du 19ème siècle. En 1885, sept pays européens (l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, l'Espagne, la France, l'Italie et le Portugal) se partageaient et opéraient un véritable pillage du continent africain. Après la défaite allemande de la première guerre mondiale, l'ensemble des territoires appartenant à l'Allemagne ont été redistribués aux vainqueurs.

    A part les exceptions du Liberia et de l'Ethiopie, dans les années 30, l'ensemble du continent est entièrement colonisé et spolié.

    2.2 La décolonisation

    Dès 1950, le début des mouvements de décolonisation firent leur apparition en Afrique du nord. En 1957, le Ghana devient le premier pays d'Afrique sub-saharienne à obtenir son indépendance. Au début des années 1960, une grande partie de l'Afrique est déjà décolonisée à l'exception de certains pays comme la guinée équatoriale (1968) et les différentes colonies portugaises (1973-1975).

    Pendant les colonies, les postes principaux étaient attribués aux européens. Peu d'usines
    avaient été implantées. La capacité et la diversité de production étaient donc faibles.
    « Quand avec Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral et les autres, nous nous battions pour

    l'indépendance africaine, on nous répliquait : «Vous ne pouvez même pas produire une aiguille, comment-voulez-vous être indépendant ? » Parce que, pendant cent ans de colonisation, on nous avait affecté à ce rôle précis : ne pas produire même une aiguille, mais des matières premières, c'est-à-dire dépouiller tout un continent. » Citation de Joseph Ki-Zerbo. [15]

    La bi polarisation du monde après la 2ème guerre mondiale (Est-Ouest) a poussé les anciennes métropoles exclusivement occidentales, qu'elles aient décidé d'accorder l'indépendance ou qu'elles en aient été contraintes, à chercher un moyen pour conserver un contrôle sur les anciennes colonies. Dans bien des cas, ils ont placé des hommes de confiance au pouvoir qui leur permettaient de servir leurs intérêts économiques et stratégiques. L'exemple de la France et toute la région de la francafrique est assez éloquent : le premier président de Côte-d'Ivoire, Felix Houphouët-Boigny, est un ancien ministre du gouvernement français, au Sénégal avec Léopold Sedar Senghor ou bien encore au Gabon avec Léon M'Ba qui a été rétabli par l'armée française lors du coup d'état de 1964.

    En 1955, lors de la conférence de Bandung, des pays se sont levés pour dépasser le clivage Est - Ouest et ainsi crée un troisième monde1. Ces dirigeants poussées par la liesse populaire avec de véritables idéologies d'autonomie ont vu le jour en Egypte avec Gamal Abdel Nasser, au Congo avec Patrice Lumumba, au Mali avec Modibo Keita, au Togo avec Sylvanus Olympio, en Guinée avec Sékou Touré, au Ghana avec Kwame Nkrumah, en Tanzanie avec Julius K. Nyerere ou bien encore en Zambie avec Kenneth Kaunda. Les différents pays représentés lors de la conférence de Bandung revendiquaient l'indépendance, le non-alignement sur les deux blocs, la paix et surtout le « trade but not help » prônant ainsi un commerce juste pour permettre de financer le développement des pays à l'aide de sources propres et indépendamment de l'influence de l'un des deux « blocs ». Ces valeurs seront à nouveau utilisées dans le consensus de Monterrey. Ces différentes tentatives, de courte durée, ont connus des fortunes diverses. Les anciennes métropoles sont souvent intervenues pour placer leur homme de confiance, comme au Congo avec l'assassinat de Patrice Lumumba, comme au Mali avec le coup d'état de 1968 qui renverse Keita pour instaurer la dictature de Moussa Traoré.

    De manière générale, on peut dire qu'après les premières années euphoriques de l'indépendance, très peu de pays sont réellement souverains politiquement et indépendants à la fin des années 1960.

    2.3 L'indépendance (le financement par la dette)

    Les anciennes métropoles ont toujours voulu garder un droit de regard politique et un contrôle stratégique sur les anciennes colonies qu'il est possible d'obtenir en contrôlant seulement l'économie et la finance des pays.

    Entre 1960 et 1970, les anciennes métropoles deviennent donc les créanciers des anciennes colonies et continuent donc à avoir la main mise sur les différents pays. Trois types de prêteurs différents existaient : les pays riches, les banques occidentales et les institutions internationales.

    1 La volonté de créer un troisième monde est à l'origine de la dénomination actuelle de pays du Tiers-Monde

    Les prêts accordés par les pays du Nord sont accordés dans la devise du pays créancier. Les taux variables, indexés sur les taux pratiqués aux Etats-Unis, étaient très faible souvent même en dessous du taux d'inflation, il était dès lors très tentant de contracter des prêts.

    L'argent de ces prêts a été essentiellement utilisé à mauvais escient et de trois manières différentes :

    Premièrement, la corruption importante des dirigeants régnait en Afrique avec l'aval des prêteurs. On oublie bien souvent que pour que la corruption existe, il faut d'une part un corrompu et corrupteur. Le corrupteur dans ce cas-ci était les prêteurs eux-mêmes. Cette corruption leur permettait de garder leurs hommes de main au pouvoir des différents pays et donc de continuer à exploiter les richesses de ces pays.

    Le meilleur exemple reste sans aucun doute le président du Zaïre. Dans le rapport établi par Erwin Blumenthal en 1979, représentant du FMI placé à la Banque centrale du Zaïre, il y dénonce la corruption du régime, la nature des corrupteurs et même les noms de certaines firmes étrangères en avertissant la communauté financière internationale. Malgré cela, les prêts ont continué à être consentis à cet état sans la moindre sanction et approuvant ainsi la politique mise en place dans le pays.

    Deuxièmement, les prêts ont généralement financés des mégas-projets énergétiques ou d'infrastructures (barrages, centrales, lignes à haute tension, oléoducs,...). Ces projets, surnommés les « éléphants blancs » étaient souvent inadaptés au besoin de la population locale, ils ont en réalité servi à faciliter l'extraction et le transport des richesses naturelles.

    Troisièmement, les prêts accordés par les pays riches servaient essentiellement à l'achat de matériel provenant exclusivement du pays prêteur. Les états ne pouvaient ni gérer le portefeuille, ni acheter aux autres pays proposant les produits à meilleur prix : l'argent ne faisait que transiter. Il s'agissait en fait, d'une aide à la production locale du pays riche afin de stimuler leur propre économie.

    2.4 Les PAS (Plans d'Ajustement Structurel)

    Le premier choc pétrolier plonge les Etats-Unis dans la crise. Pour remédier à ce problème, Le président Carter, dans un premier temps et le président Reagan par la suite, cherche à attirer des nouveaux capitaux internationaux pour relancer l'économie. Pour attirer les capitaux, il faut être attractif en leur proposant un taux d'intérêt élevé.

    Les taux d'intérêts des prêts accordés aux pays africains vont donc augmenter considérablement du jour au lendemain, il passe de -1.3% en 1975 à 1.4% en 1979 puis 8.6% en 1981 [16]. Les nouveaux prêts contractés le sont avec le nouveau taux et coutent donc très chers. De plus, les investisseurs privés quittent l'Afrique au profit des EtatsUnis qui ont un besoin important de capitaux qu'ils rémunèrent très généreusement et avec un risque moindre.

    Au début des années 1980, les premiers pays en défaut de paiement commencent à voir le
    jour. Si l'ensemble des pays endettés avaient arrêtés de payer leurs dettes, l'ensemble du

    système économique mondial, ce serait effondré. Les banques avaient prêtés des sommes considérables aux pays en voie de développement, sans ces remboursements, les banques n'auraient plus pu assurer leur rôle au sein de l'économie occidentale.

    Pour que les pays africains puissent continuer à rembourser, le FMI et la banque mondiale leur accordent des prêts à condition d'appliquer les PAS (Plan d'Ajustement Structurel).

    Certes certains dirigeants se sont opposés à ces mesures, dont Thomas Sankara, président du Burkina Faso, qui a tenu un discours très éloquent à ce sujet [voir Annexe 1]. D'autres dirigeants ont prônés des projets d'inspiration socialiste dans leur campagne mais, une fois élu, ils se sont totalement intégrés à la logique néolibérale des PAS. Par exemple, au Mozambique, arrivé au pouvoir en 1986, Joacquim Chissano, leadeur du front de libération du Mozambique, opte dès 1987 pour le libéralisme. Deux ans après, le parti abandonne toutes les références au marxisme-léninisme.

    La stratégie radicale des PAS consiste à prendre des mesures immédiates qui permettent d'attirer des capitaux étrangers, de trouver des ressources pour le remboursement de la dette et enfin de limiter les dépenses. L'application des PAS devait, d'après la Banque mondiale et le FMI permettre de rembourser la dette et de réduire la pauvreté dans les pays en voie de développement. Cependant entre 1981 et 2003, la population pauvre, vivant en dessous du seuil de pauvreté de 1$ par jour à doubler dans les pays où les PAS ont été appliqués, passant de 164 millions à 314 millions [15].

    Les principales mesures de ce plan sont les suivantes :

    1) L'austérité budgétaire :

    Les bailleurs de fonds ont imposé aux états de limiter de manière drastique leurs dépenses. Ces restrictions budgétaires ont été opérées dans les secteurs suivants :

    - Suppressions des subventions aux produits de base :

    En supprimant l'aide au carburant et aux produits de premières nécessités, les prix ont augmenté pour couvrir les coûts que les subsides n'assuraient plus. Les salaires de la population n'augmentaient pas et il devenait donc de plus en plus difficile d'acheter des produits de base. La suppression des subsides a également permis aux pays occidentaux d'être plus compétitifs sur le prix de ces produits car eux ont maintenu leurs aides. Les exportations des denrées alimentaires ont diminué et les importations ont quant à elles augmentées.

    - Réduction des budgets sociaux et d'éducation :

    Les soins de santé deviennent de plus en plus chers et inaccessibles pour la majorité des personnes. Les états licencient du personnel médical qu'ils n'arrivent plus à payer ou limitent, réduisent les salaires.

    L'éducation est limitée à l'enseignement primaire quand les enfants peuvent se rendre à l'école or elle possède un rôle prépondérant dans le développement.

    - Investissement limité dans les infrastructures :

    De bonnes infrastructures permettent d'exporter les richesses, les produits à
    un prix compétitif. En limitant les investissements dans ce domaine,

    l'Afrique n'a fait qu'accroître son retard dans le développement. La situation est assez catastrophique. En moyenne, l'Afrique possède 4km de route pour 100 km2 de superficie. Cela va de 0.02 km pour l'Ethiopie à 80 km pour l'île Maurice (le seul pays d'Afrique à posséder plus de 10 km de route pour 100 km2) [15]. A titre d'exemple, la densité des routes aux Etats-Unis est de 15 km/100km2 et en France elle est de 177 km/100km2.

    2) Le tout à l'exportation

    Les prêts contractés par les pays africains étaient en devises étrangères. Pour les rembourser, il fallait donc amasser des devises et la meilleure solution était l'exportation. Les pays africains, sous l'impulsion des bailleurs de fond, se sont donc concentrés sur l'exportation de matières premières ou agricoles. En peu de temps, les volumes d'exportation de matières premières et agricoles ont augmenté. Comme la demande ne suivait pas, le cours des prix des produits a fortement chuté. Les pays devaient exporter beaucoup plus pour les mêmes revenus que précédemment. De plus, la spécialisation des exportations (1 produit représente 60% des exportations de 20 pays africains, 3 produits représentent 80% des exportations pour 31 pays africains, ce chiffre monte à 95% pour 19 pays africains), montre la forte dépendance et leur sensibilité aux variations des cours de ce produits établi dans des places financières dans les ays riches.

    L'ensemble des mesures imposées par la Banque mondiale et le FMI pour l'obtention des prêts se retrouvent dans les 10 commandements du « Consensus de Washington »1 qui est un résumé des PAS fait par John Williamson, ex-économiste en chef de la banque mondiale.

    1. Austérité budgétaire : réduction des dépenses publiques

    2. Réforme fiscale : élargissement de l'assiette fiscale, diminution des taux élevés et généralisation de la TVA

    3. Politique monétaire orthodoxe : politique de taux d'intérêt réels positifs

    4. Taux de change compétitifs : dévaluations monétaires

    5. Libéralisation : réduction des barrières commerciales et libéralisation des comptes de capital

    6. Compétitivité : attraction des investissements directs étrangers (IDE) en leur garantissant une égalité des droits avec les investissements domestiques

    7. Privatisation : vente des actifs de l'Etat au secteur privé

    8. Réduction des subventions : élimination progressive des subventions agricoles et à la consommation et libéralisation des prix

    9. Déréglementation : élimination des règles freinant l'initiative économique et la libre concurrence

    10. Droits de propriété : renforcement des droits de propriété et de la garantie juridique des investissements privés

    1 Le nom « Consenus de Washingthon » s'explique par la présence des deux bailleurs de fonds, la Banque Mondiale et le FMI dans la ville de Washington

    2.5 La situation actuelle

    Fin des années 90, les PAS ont été supprimés et remplacés par les DSRP (Documents Stratégiques pour la Réduction de la Pauvreté). Ces documents doivent être réalisés par les états eux-mêmes avant d'être approuvés par les bailleurs de fond afin de responsabiliser davantage les états. Cependant, des limites importantes sont imposées aux Etats, comme les négociations sur le cadrage macroéconomique comme le dit Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef à la BM : « Le malaise monte dans les pays en développement vis-à-vis des nouveaux plans qui comprennent des évaluations participatives de la pauvreté, car les participants s'entendent dire que les choses sérieuses, tel le cadre macroéconomique, sont hors du champ de la discussion » [20].

    Cette conditionnalité limite donc les marges de manoeuvres des pays ce qui alourdit lourdement la charge administrative. Cependant, ces nouvelles mesures ont jeté les bases du consensus de Monterrey dont voici les principaux points, ils doivent permettre d'atteindre les 8 objectifs du millénaire :

    1. Mobiliser des ressources financières nationales au service du développement

    2. Mobiliser les ressources internationales au service du développement : investissements directs étrangers et autres flux financiers privés

    3. Utiliser le commerce international comme moteur de la croissance et du développement

    4. Renforcer la coopération financière et technique internationale pour le développement

    5. Lutter contre la dette extérieure

    6. Règlementer les problèmes systémiques : renforcement de la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux d'appui au développement

    Actuellement, l'Afrique est composée de 53 pays dont 48 pour l'Afrique subsaharienne. L'ensemble des PIB de l'Afrique subsaharienne équivaut à celui des Pays-Bas. Cette région représente 12% de la population mondiale pour 1,5% du PNB mondial. Les exportations représentent 1,3% des valeurs des exportations mondiales et moins de 1% de la valeur ajoutée mondiale [8]. L'analyse de l'état économique de l'Afrique doit être complétée par l'étude de différents indicateurs.

    Le PIB (Produit Intérieur Brut) par habitant :

    Le pays africain qui possède le PIB par habitant le plus important est la Guinée équatoriale avec 29 000 $/ habitant/an à l'inverse, le Zimbabwe possède lui un PIB par habitant de 200 $/habitant/an. A titre de comparaison, le Lichtenstein possède lui le PIB le plus élevé avec 118 000 $/habitant/an, la Belgique 36 200 dollars/habitant/an et les EtatsUnis, 46 300 $/habitant/an.

    Figure 2.1 : Valeur du PIB par habitant en 2009 [11]

    L'IDH (Indice du Développement Humain) [ www.pnud.org] :

    L'IDH est un indicateur compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent) qui résulte de la moyenne de trois indices, l'espérance de vie à la naissance, le taux d'alphabétisation et le logarithme du produit intérieur brut par habitant en parité du pouvoir d'achat. Cet indice permet d'estimer la qualité de vie au sein des différents pays.

    A l'exception faite de l'île Maurice qui possède un IDH élevé, tous les pays d'Afrique subsaharienne possèdent un IDH moyen et souvent faible, 31 des 33 dernières places sont occupés par des pays africains sur un total de 182 pays, l'Afghanistan et le Timor-Leste sont les deux autres pays qui terminent ce classement.

    Figure 2.2 : Indice du développement humain [17]

    Pauvreté (Pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté) :

    Le seuil de pauvreté est établi à 1$ par jour. Nous remarquons qu'une grande partie du continent africain et plus particulièrement l'Afrique subsaharienne est touché par cette estimation.

    Figure 2.3 : Indice de pauvreté [11]

    Conclusion

    Comme on a pu le voir, la situation actuelle économique et sociale de l'Afrique est assez inquiétante et cela malgré les différentes aides, politiques et autres plans mis en place : la situation s'est empirée depuis l'indépendance. L'esclavage et les colonies ensuite ont été les premières étapes de la soumission économique de l'Afrique. La période de l'indépendance a été nourrie d'espoir de courte durée. Les anciennes métropoles ont placé des hommes de main au pouvoir pour s'assurer le contrôle économique des pays et leurs ont prêté de l'argent. Ces prêts ont servi à l'enrichissement des dirigeants et à la réalisation de grands projets d'infrastructure pour pouvoir extraire plus facilement les richesses minières. Quand les pays n'ont plus pu rembourser, les bailleurs de fonds sont arrivés avec leur théorie. Ces plans qui devaient permettre d'aider les pays à vaincre la pauvreté a en réalité permis d'accroitre la dépendance des pays africains aux pays occidentaux. Encore aujourd'hui, des plans existent qui limitent les possibilités d'action de ces pays et les soumettent encore aux puissances occidentales. Seule une révision et une rupture des politiques macroéconomiques des pays africains, à l'instar des choix opérés dans certains pays d'Asie depuis une vingtaine d'années pourraient aider au développement de l'Afrique.

    3 Les conditions macroéconomiques

    du développement

    3.1 Cadrage et rappel

    Plusieurs théories et plans économiques concernant le développement ont existés et certains ont même déjà été appliqués avec plus ou moins de réussite. Le chapitre précédent a montré que certaines théories n'étaient pas adaptées pour le développement des pays africains. Avant de s'intéresser au green business, il semble important d'étudier quelles sont les conditions macroéconomiques du développement, en se basant à la fois sur des concepts théoriques et aussi des exemples réels qui ont eu lieu dans plusieurs états d'Asie dont notamment la Corée du Sud.

    Seules les conditions macroéconomiques dont les états ont l'entière responsabilité seront développées. Les problématiques concernant la dette extérieure ou bien la structure des institutions internationales et leurs règles de gouvernance ne seront pas développées ici.

    L'ensemble des théories économiques keynésiennes s'appuient sur la formule suivante :

    Y = Cp + I + G + Xbs - Xk - Mbs + Mk (3.1)

    Y =
    Cp =

    I = G = Xbs = Xm = Mbs = Mk =

    Revenus (dépend de la politique fiscale) Consommation

    Investissement

    Dépense de l'Etat

    Exportation de biens et services Exportation de capitaux

    Importation de biens et service Importation de capitaux

    Le développement comprend plusieurs dimensions : économique, sociale et environnementale. La question environnementale est omniprésente dans le sujet du travail, elle ne sera donc pas détaillée dans ce chapitre, tout comme la dimension sociale. La politique sociale ne pourra s'opérer qu'après avoir atteint un certain niveau de développement économique, de plus la théorie du ruissellement au sein d'un même pays peut permettre également un développement social.

    3.2 L'importance du rôle de l'Etat dans le développement

    Les différents plans mis en place par le passé (PAS) ont placé l'Etat dans un rôle de
    simple spectateur du développement. Celui-ci, à cause des conditionnalités, n'a plus été
    en mesure d'assurer les devoirs et les tâches qui sont les siennes. Le développement ne se

    limite pas aux seuls critères économiques, mais inclus également des aspects sociaux, de santé et d'éducation. Ces différents domaines ont été délaissés par l'Etat, à cause de l'austérité budgétaire prôné par les bailleurs de fond.

    L'Etat joue un rôle important au niveau des revenus d'un pays car ses investissements permettent d'augmenter directement les revenus de ses habitants (voir formule 3.1). Lors de la récente crise de 2008, dans les pays les plus libéralisées, l'Etat est intervenu afin de « relancer », de « stimuler » l'économie. En d'autres termes, il a investi pour permettre un développement ou plutôt le redéveloppement économique de la nation. Il serait dès lors indispensable que les pays en voie de développement, contrairement à ce qui a été prôné dans les différents plans, puissent choisir et déterminer eux-mêmes les politiques macroéconomiques. Ceci confirme le discours de J. Stiglitz lors d'une conférence à Tunis en janvier 2010, « une des grandes leçons de la crise financière est que l'Etat a un rôle crucial à jouer dans le développement économique».[1]

    Les plans ont également conduit à la suppression des différents subsides accordés aux matières de premières nécessités et aux secteurs primaires (voir paragraphe 2.4). Cependant, dans tous les pays industrialisés, les subsides existent pour l'agriculture. Cette disparité crée des situations paradoxales comme la crise du poulet : les aides accordées par les pays occidentaux à l'agriculture permettaient de vendre les parties dont les occidentaux ne voulaient pas (croupions, ailes, ....) à des prix défiants la concurrence locale. A noter qu'à cause des mauvaises installations des chaînes de froid, la viande était porteuse d'énormément de bactéries [12].

    Pour rappel, il est du rôle de l'Etat d'intervenir et de prendre les mesures nécessaires pour le développement de son pays (Voir ci-dessous), les plus importantes seront détaillées dans les paragraphes suivants. Il serait illusoire de croire que la seule logique du marché puisse assurer les besoins essentiels. Plus de 2.8 milliards de personnes vivent en dessous de 2$ par jour dans le monde [22] et ne disposent donc pas d'un pouvoir d'achat suffisant pour être attractif pour le marché.

    L'Article 8 section 1 de la Déclaration sur le droit au développement6 adoptée par l'Assemblée générale dans sa résolution 41/128 du 4 décembre 1986 :

    « Les Etats doivent prendre, sur le plan national, toutes les mesures nécessaires pour la réalisation du droit au développement et ils doivent assurer notamment l'égalité des chances de tous dans l'accès aux ressources de base, à l'éducation, aux services de santé, à l'alimentation, au logement, à l'emploi et à une répartition équitable du revenu. Des mesures efficaces doivent être prises pour assurer une participation active des femmes au processus de développement. Il faut procéder à des réformes économiques et sociales appropriées en vue d'éliminer toutes les injustices sociales. » [22].

    3.2.1 La bonne gouvernance

    La stabilité politique des Etats est également un élément important dans le développement. Les investisseurs étrangers riches en capitaux préfèrent investir dans des pays rentables, ce qui dépend de la stabilité du pays. La stabilité politique ne rime pas nécessairement avec démocratie. Le passé nous a déjà montré que l'émergence de plusieurs pays d'Asie s'est fait avec des régimes non-démocratiques, voir autoritaires mais qui restait stable dans la durée.

    L'importance est d'avoir un cadre légal bien défini et transparent. Le problème souvent pointé du doigt en Afrique reste la corruption. Celle-ci est rendue possible à cause du flou qui règne dans la législation et dans l'absence de séparation claire entre les pouvoirs et un manque de transparence et de communication sur les lois.

    3.3 Renationalisation des secteurs stratégiques

    Les PAS (voir paragraphe 2.4) ont prôné une libéralisation d'une majorité d'entreprises détenues par les Etats, cependant ces derniers possèdent le droit de renationaliser différents secteurs (voir ci-dessous). Il est dans leur intérêt d'utiliser ce droit en renationalisant totalement ou en partie les différents secteurs stratégiques.

    Article 2/2. « Chaque Etat a le droit de nationaliser, d'exproprier, ou de transférer la propriété des biens étrangers, auquel cas il devrait verser une indemnité adéquate, compte tenu de ses lois et règlements et de toutes les circonstances qu'il juge pertinentes. Dans tous les cas où la question de l'indemnisation donne lieu à différend, celui-ci sera réglé conformément à la législation interne de l'Etat qui prend des mesures de nationalisation et par les tribunaux de cet Etat... »

    ONU, Charte des droits et devoirs économiques des Etats, 1974 [22].

    Deux types de secteurs différents existent, le premier touche l'ensemble des services « publics » de l'Etat (Transport et livraison d'eau,...), le deuxième comprend les secteurs pourvoyeur de richesse propre à un état (Ressources pétrolières, minières,...).

    3.3.1 Le secteur des services publics

    L'ensemble des services publics se divisent en trois types différents :

    - Le service marchand de réseaux (transport, distribution d'énergie, acheminement de l'eau,...)

    - Le service marchand (éducation, soins de santé)

    - L'ensemble des services de sécurité sociale (pensions,...)

    La logique à laquelle obéissent les services publics est particulière car ils ne recherchent pas une rentabilité financière à tout prix. Ils doivent répondre aux besoins des populations même si les projets ne sont pas rentables et indépendamment du pouvoir d'achat des gens à qui ils sont destinés. Les tarifs en vigueur sont généralement en désharmonie avec la réalité du coût. Par exemple, les prix par litre d'eau sont les mêmes que l'eau proviennent d'une source à 500m ou à 100 km. En privatisant ces services, les autorités ont rétabli ce lien entre le coût et les tarifs. Le secteur privé cherche à faire du profit et n'investira pas dans des projets qui ne lui offriront pas une rentabilité nécessaire tandis que le secteur public doit quant à lui répondre à des besoins sociaux.

    Dans une logique de développement, l'offre des services publics de base aux populations est indispensable. L'Etat doit s'assurer que l'accès à ces services se fasse à un prix raisonnable. Si ces secteurs sont aux mains de sociétés privées, elle doit imposer le respect de leurs engagements ou les renationaliser. Récemment, au Gabon, le président a obligé la Société d'énergie et d'eau du Gabon (SEEG), filiale du groupe français Veolia d'assurer

    correctement les livraisons et l'approvisionnement en eau de plusieurs quartiers de la capitale, Libreville sous peine de rompre leur contrat et de renationaliser la société [12].

    3.3.2 Les ressources stratégiques

    La renationalisation partielle des secteurs stratégiques pourvoyeur de richesse est indispensable pour le développement économique d'un pays. Ces secteurs permettent une rentrée importante de capitaux qui peuvent être réinjectés dans des projets de développement. Une renationalisation totale des secteurs est déconseillée. Au Venezuela, par exemple, le président n'a nationalisé qu'une partie des secteurs pour assurer le contrôle de la société mais également profiter de l'expérience et du savoir-faire des professionnels du domaine que sont les grandes multinationales du pétrole. Il en retire donc plusieurs avantages : une extraction très rentable, une diffusion de la connaissance à des ingénieurs locaux, un retour en capital non négligeable. De même, la renationalisation permet de réglementer à nouveau le secteur et assurer des salaires plus décents car la quête de profit de l'Etat est différente que celle d'une société entièrement privée. Cette situation est analogue au période de crise : nous avons vu ces dernières années les Etats occidentaux réinvestir massivement dans les secteurs stratégiques de leurs économies (Banques, Assurances,...) pour assurer un contrôle et tenter de réglementer à nouveau ce secteur.

    La libéralisation a montré ces limites par le passé. L'exemple de l'Argentine est assez parlant, le pays avait été au-delà des programmes de libéralisation et tous les secteurs publics pourvoyeurs de richesse appartenaient aux secteurs privés. L'Etat ne possédait dès lors plus aucune rentrée et le pays a été mis en faillite. Le processus de libéralisation possède une limite : que se passe-t-il quand tout est libéralisé ? Il est à préciser que seuls les secteurs les plus rentables sont libéralisés.

    3.4 Investissements de capitaux

    L'Etat ne peut pas à lui seul fournir le besoin en capitaux nécessaire pour le développement, un apport doit venir du secteur privé. Il s'agit du terme I dans la formule (3.1). L'origine et la qualité de ces investissements sont importantes pour assurer un développement durable comme en témoigne la crise asiatique : une partie importante des investissements en capitaux dans les pays asiatiques provenait de pays occidentaux qui ont profité de la demande de l'OMC et du FMI de déréglementer les marchés financier. L'éclatement de la bulle financière en Thaïlande en 1997, a fait craindre le pire aux investisseurs qui ont retiré leurs épargnes subitement. Cette diminution de capitaux a fait chuter les revenus de ces pays. Seuls la Chine et la Malaisie ont été épargnés, la première car elle n'avait pas aboli les contrôles de mouvements de capitaux, la deuxième parce qu'elle avait rétabli un système de contrôle des capitaux dès le début de la crise.

    3.4.1 Les différentes origines des capitaux

    L'origine de ces ressources peut être classée en deux catégories. Les ressources nationales exceptées celles de l'Etat et les ressources internationales. Les revenus engendrés par le commerce seront traités dans un chapitre à part.

    - Les ressources nationales :

    Les banques nationales restent un instrument important dans le développement. Elles permettent l'octroi de prêts pour la réalisation de projet. Cependant, en Afrique, vu les faibles revenus de la population et le très faible taux d'épargnants (seuls 20% des africains possèdent un compte en banque [12]), les banques ne disposent pas de moyens importants pour aider à la réalisation de projet.

    Les taux d'intérêt proposés par les banques africaines sont très faibles, ce qui pousse les riches et les sociétés implantées en Afrique à déposer massivement leurs revenus à l'extérieur du continent, laissant s'échapper une part importante de capitaux.

    - Les ressources étrangères :

    Les ressources étrangères se divisent en trois parties distinctes : les entreprises privées, l'aide au développement et la diaspora.

    - Les entreprises privés qui investissent pour la création d'usine ou l'acquisition de sociétés locales.

    - L'aide au développement qui est l'ensemble des dons accordés par les pays développés à ceux du Tiers-Monde. Cet argent doit permettre la réalisation de projet de taille considérable. Par le passé, cet argent a souvent été utilisé à mauvais escient (voir paragraphe 2.3). Les montants de l'aide au développement ont atteint la somme de 105 milliards de dollar en 2006 [19]. Ces chiffres doivent être légèrement tempérés car ils comprennent les allégements de dette de l'Irak et du Nigeria.

    - La diaspora, appelée parfois la 6ème sous région d'Afrique, joue un rôle important. Les personnes d'origine africaine envoient des sommes d'argent aux membres de leurs familles ou les destinent au financement de projets locaux (constructions de maisons, d'entreprises,...). Les montants envoyés représentent plus de 220 milliards de dollar, ce qui constitue, aujourd'hui, plus de deux fois les montants de l'aide au développement [19].

    3.4.2 L'importance d'une réglementation financière

    Les origines diverses des capitaux peuvent laisser penser que les pays du Tiers-Monde possèderaient suffisamment de ressources pour financer leurs projets de développement. Cependant, après une analyse des flux de capitaux, on constate que pour l'ensemble des pays en voie de développement, la somme des flux entrants (Aide au développement, Investissements privés, Diaspora) représentent 857 milliards de dollar. La somme des flux sortant (Dettes, Fuites de capitaux, Fraude fiscale des entreprises étrangères) vaut 1 205 milliards de dollar. Il ressort clairement que les pays du Tiers-Monde financent les pays développés. La majeure partie des flux sortants proviennent des fuites de capitaux : l'argent des riches ou des entreprises implantés en Afrique qui est placé dans les banques du Nord. Ces capitaux seraient précieux pour le développement.

    Le secteur financier est surement le domaine où la libéralisation a été la plus efficace. En effet, la liberté des mouvements de capitaux permet de transférer sans problème des montants considérables et cela à tout moment.

    La mise en place d'un système de contrôle permettrait aux pays du Tiers-Monde de mieux
    contrôler les flux sortants, de profiter de l'argent généré par leurs pays et de leurs propres

    richesses. Le Venezuela par exemple, a mis en place un système de taux de change de la monnaie afin de contrôler la fuite des capitaux.

     

    Global ODA : Aide public au développement

    FDI : Investissement direct étranger

    Figure 3.1 : Flux de capitaux entre le Nord et le Sud [19]

     

    3.5 Le développement par le secteur industriel

    Les pays africains sont caractérisés par une économie de rente. L'essentiel des revenus provient de richesses fournies par la terre (agriculture, élevage, minerais, hydrocarbure,...). Ces ressources sont tributaires du climat (effet d'une sècheresse sur les récoltes,...) ou bien des réserves de ces pays (réserve en pétrole), il ne s'agit donc pas de revenus stable et durable. De plus, l'ensemble des matières premières possèdent des cours assez volatiles qui ont une influence directe sur les revenus d'un pays.

    Le passage à l'industrie légère et lourde permet par le biais des exportations d'augmenter les revenus des pays en voie de développement. La Corée du Sud, par exemple a petit à petit et avec l'aide de l'Etat investit dans les industries au lieu d'octroyer continuellement des subsides aux plantations de riz. Grâce à ce choix, la Corée du Sud n'est plus un pays en voie de développement, et est active dans des secteurs industriels de premiers plans (automobiles, électroménager,...) et récemment dans l'aéronautique.

    3.5.1 Le protectionnisme des industries naissantes

    La réussite de l'industrialisation de la Corée du Sud s'explique en grande partie par la mise en place par l'Etat de barrières protectionnistes sur les industries naissantes. L'idée est que l'avantage comparatif potentiel manufacturier que possède les pays en voie de développement ne serait pas suffisant pour faire face à la concurrence des industries, plus anciennes et mieux implantées des pays développés. Le temps que les industries puissent prendre pied dans leurs différents secteurs et qu'elles deviennent suffisamment compétitives, les Etats prennent des protections commerciales. Historiquement,

    l'ensemble des pays développés ont commencé leurs industrialisations par des mesures protectionnistes.

    Ces mesures ne seront néanmoins efficaces que si elles parviennent à renforcer la compétitivité. Il s'agit généralement de développer aujourd'hui des industries qui auront un avantage comparatif dans le futur. La réussite du développement d'industries lourdes, intensive en capital comme l'automobile pour la Corée du Sud n'est possible qu'à la suite d'un processus continu d'accumulation d'expériences et de connaissances.

    Dans le cas des imperfections de marché, ce qui est généralement le cas, ces mesures protectionnistes se justifient davantage. L'imperfection des systèmes financiers, l'absence de banques performantes dans les pays en voie de développements poussent les industries à autofinancer leurs croissances, ce qui souvent les restreint. La solution la plus approprié serait de développer un secteur financier fort, mais il s'agit d'un processus fort long. Dans ce cas, la protection des industries naissantes semblent être une bonne alternative.

    Les industries pionnières dans un secteur génèrent des bénéfices sociaux qui ne sont pas rémunérés : la formation du personnel, la création d'infrastructures spécifiques, les campagnes de publicités visant à changer le comportement des consommateurs,.... Par la suite, les nouvelles entreprises entrant dans ce secteur bénéficient d'un savoir, d'un environnement sans avoir à rétribuer l'entreprise pionnière. L'Etat pourrait donc intervenir pour subventionner ces investissements ou utiliser les mesures protectionnistes des industries naissantes.

    3.5.2 L'importance de la recherche et du développement

    Le processus d'industrialisation est long. Il est donc important de miser sur des technologies, sur des secteurs d'avenir. La connaissance actuelle dans ces domaines d'avenir n'est donc pas totalement maîtrisée. L'industrialisation d'un pays doit se faire en étroite collaboration avec la recherche et le développement. L'Etat doit pouvoir financer ces secteurs qui permettront des retombées économiques importantes. Pour qu'une entreprise puisse atteindre des sommets en termes de stratégie et y rester, l'innovation est un facteur important.

    3.5.3 Les exportations et les substituts aux importations

    Deux termes de la formule (3.1) n'ont pas encore développés : les exportations et les importations de biens et services (Xbs et Mbs). D'après les théories économiques, on constate clairement que l'augmentation des exportations de biens et services, entraine une augmentation des revenus. De même, une diminution des importations engendrent une augmentation des revenus.

    Le principe consiste à offrir des biens locaux au lieu de les importer. Chaque pays ne peut pas tout produire, il est toutefois possible de substituer certains biens à d'autres. Il s'agit de stimuler la demande des industries locales. Ainsi, l'argent reste au sein même du pays et il y a donc une augmentation de revenus. Cependant, il est impossible pour les entreprises d'écouler l'ensemble de leur production au niveau local, elles doivent donc exporter ces biens. Il s'agit d'une forme de protectionnisme car pour éviter ou limiter les importations de biens, il faut appliquer une taxe plus importante sur les biens concernés.

    3.6 La diversification des clients

    L'émergence de nouveaux pays peut être bénéfique pour les pays du Tiers-Monde. En effet, il sera possible d'exporter en plus grande quantité des biens et services. La multitude des acheteurs permettra de ne plus subir les impositions de prix de l'occident. Si la demande augmente et que l'offre reste la même, les prix vont augmenter.

    Depuis quelques années déjà, la Chine s'est implantée en Afrique pour y extraire des minerais nécessaire à son expansion. Les montants proposés par les chinois sont plus intéressants que les autres sans exiger de conditionnalités particulières.

    Cette concurrence débouche parfois sur des crises. Récemment au Congo, la Chine a proposé un prêt de 9 milliards de dollar pour l'aider dans différents domaine. Au même moment, le FMI a quant à lui proposer une réduction de dette pour ne pas accepter le prêt chinois.

    3.7 Le développement des infrastructures et des techniques de communications

    3.7.1 Le développement des infrastructures de transports

    Le développement des infrastructures de transport joue un rôle important dans le développement économique d'un pays car elles permettent aux personnes et aux marchandises d'accéder au marché. Le coût du transport intervient de manière non négligeable dans le prix de revient d'un produit. En développant les infrastructures, il est possible de réduire ce coût et de devenir concurrentiel sur le marché mondial.

    Nous avons vu au chapitre 2 l'état actuel des infrastructures routières. Ce problème peut largement être élargi à tous les moyens de transports (maritime, aérien, ferroviaire). Audelà d'un développement, il faut créer une connectivité entre les différents modes de transports et entre les Etats. Il est à noter que certains pays enclavés sont dépendants des infrastructures des pays voisins.

    3.7.2 Le développement des infrastructures énergétiques

    Aujourd'hui, il est presque impossible de vivre sans électricité. Les productions sont de plus en plus automatisées, informatisées. Cependant, en Afrique, 77% des ménages sont dépourvus d'électricité [10], ce qui les prive de différents services de base (exemple : la lumière). L'accès aux nouvelles technologies est rendu plus difficile ce qui freine le chemin de l'information et de la connaissance.

    A cela s'ajoute, les coupures à répétition qui constituent l'un des principaux obstacles à l'activité commerciale. Selon des estimations, les pannes d'électricité en Afrique se produisent en moyenne 56 jours par an causant une perte d'environ 5 à 6 %. Pour le secteur informel, les pertes sont estimées à environ 20% par an. Vu la demande croissante en énergie, cette situation ne devrait pas s'améliorer.

    On détermine à 20% la capacité de production du continent africain assurée par des énergies de secours (groupes électrogènes,...) à un coût extrêmement élevé. Ceci est dû à une production insuffisante et inappropriée.

    3.7.3 Le développement des techniques de communications

    L'accessibilité de transport de certaines régions isolées n'est pas envisageable dans un futur proche sans des investissements colossaux. Afin de palier ce manque, les nouvelles technologies de l'information permettent un accès vers le monde et le marché internationale. Certains pays, comme l'Inde se sont spécialisés dans l'exportation de service informatique ou de télécommunication.

    Ce développement est plus lié aux services qu'aux produits. Cependant, l'essor de l'ecommerce et l'importance d'un accès multimédia vers le monde peuvent également jouer un rôle dans le développement de certains produits.

    Conclusion

    Plusieurs théories et pensées concernant le développement ont déjà existé. Ce chapitre a voulu être un résumé des différents exemples de politiques qui ont permis à certains Etats de se développer.

    Un interventionnisme de l'Etat dans les secteurs stratégiques semble être inévitable pour relancer l'économie, les mesures prises lors de la récente crise financière vont dans ce sens. Malheureusement, il ne peut financer seul ce développement. Le besoin en capitaux constitue donc un problème majeur. Paradoxalement, ce sont les pays du Sud qui financent le Nord, une politique concernant la fuite des capitaux permettrait d'augmenter les montants disponibles. Le manque de confiance dans les institutions financière et le faible taux d'épargne ne permettent pas non plus aux banques de jouer pleinement leur rôle dans le développement. Plusieurs pays ont montré que l'essor doit passer par une phase d'industrialisation. Le lancement de cette phase doit être réglementé par l'Etat afin d'assurer une croissance possible de ces nouvelles industries face aux multinationales déjà bien implantées. Le développement ne peut se passer des moyens de communications, de transports et de technologies de l'information qui lui permet d'accéder au marché international.

    Des solutions existent et sont de plus en plus connues même si certains opposants prônent encore les mêmes mesures de libre-échange, de libéralisation qui ont mené les pays du Tiers-Monde à la situation actuelle.

    4 Le Green business

    4.1 Définition

    Le green business peut se définir comme étant l'ensemble des activités économiques qui permettent de produire des biens et des services qui contribuent à éviter, réduire ou supprimer des nuisances pour l'environnement.

    Les domaines tels que la gestion des ressources rares, les énergies renouvelables, le changement climatique, la prévention des risques ou encore la gestion des déchets se trouvent dans cette économie.

    L'objectif du chapitre n'est pas de faire une liste exhaustive des différents domaines que peut couvrir le green business car il s'agit d'un secteur en devenir où beaucoup de possibilités existent. Seuls certains exemples dans des domaines différents seront détaillés afin de montrer le potentiel de ce secteur.

    4.2 La préoccupation environnementale

    Depuis quelques années déjà, la problématique concernant le climat fait débat. Il est difficile à l'heure actuelle de nier l'existence d'un réchauffement climatique. Le GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) affirme qu'il y a plus de 90% de probabilité que cette hausse des températures soit due à l'activité humaines.

    Tout le monde a entendu parler des accords de Kyoto sur la limitation des gaz à effet de serre et de l'échec de la conférence de Copenhague en 2009. Cependant, il y a quelques années seulement cette problématique semblait assez marginale. Actuellement, il existe une véritable prise de conscience des enjeux climatiques. Les entreprises, les Etats sont de plus en plus sensibles aux problèmes et les intègrent dans leurs services, politiques et produits. À ce jour, on dénombre 502 accords multilatéraux relatifs à l'environnement, dont 323 à caractère régional. Quatre-vingt-seize pour cent des pays africains ont ratifié les conventions de Rio (Convention sur la diversité biologique [CDB], Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques [CCNUCC] et Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification [CNULD]) et pris les mesures nécessaires en vue de les mettre en oeuvre [2].

    Cet engouement pour l'environnement n'est pas près de s'estomper. D'après les spécialistes du GIEC, la température pourrait augmenter jusqu'à 6.4°C de moyenne sur la surface du globe pour le pire des scénarios, ce qui engendrerait une montée des eaux d'environ 0.6 m pour 2100.

    L'essentiel de la pollution provient des pays industrialisés et plus particulièrement de
    leurs industries et de leur mode de vie. Le développement des pays du Tiers-monde
    passent par une industrialisation (voir paragraphe 3.5) et une amélioration de leurs

    conditions de vie, ce qui dégagera également des gaz à effet de serre. Si l'on veut limiter de manière efficace le réchauffement, une politique importante doit être mise en oeuvre dans les pays du Tiers-Monde qui connaîtront, sauf changement de mentalité, des croissances en termes d'émission de gaz à effet de serre les plus importantes dans les années à venir afin de pouvoir assurer leur développement.

    4.3 Les conséquences du réchauffement en Afrique

    Bien que l'Afrique soit le continent qui dégage le moins de CO2 (voir Figure 4.1), il semblerait que les conséquences du réchauffement climatique seraient plus importantes dans cette région.

    Figure 4.1 : Emission de gaz à effet de serre par habitant, 2008 [11].

    Le surpâturage, notamment, cause la destruction des ressources et des écosystèmes naturels (ressources forestières, en eau, marines et côtières), l'érosion des sols et la pollution atmosphérique. L'Afrique perd environ 1,3 million d'hectares de forêts chaque année. Quelque 500 millions d'hectares ont été affectés par la dégradation des sols depuis 1950, y compris 65 % des terres agricoles du continent. Quatorze pays africains sont déjà confrontés au stress hydrique ou à des pénuries d'eau et onze autres pourraient connaître le même sort d'ici 2025.

    Les tendances actuelles suggèrent que de vastes régions africaines, notamment le Sahel et une partie de l'Afrique australe, pourraient subir un réchauffement de l'ordre de 3 à 6° Celsius d'ici à 2100. Les régimes pluviométriques seront touchés de plein fouet et pourraient accuser une baisse de plus de 20 % par rapport aux niveaux de 1990.

    Plus de 95 % de l'agriculture africaine est une agriculture sous pluie. La production agricole sera fortement compromise par le changement et la variabilité climatiques : les superficies de terres arables, la durée des saisons de culture et le rendement par hectare sont susceptibles de baisser, ce qui pourrait compromettre la sécurité alimentaire et accentuer la malnutrition.

    Les trois quarts des pays d'Afrique sont situés dans des zones où il suffirait d'une faible
    réduction des précipitations pour engendrer d'importantes diminutions de la disponibilité

    globale en eau. D'ici à 2020, on prévoit qu'entre 75 et 250 millions de personnes seront exposées à une augmentation des crises liées à l'eau.

    Comparée au niveau moyen de la mer en 1990, celui-ci pourrait s'élever d'environ 50 centimètres d'ici à 2100. Or plus d'un quart de la population africaine vit à moins de 100 kilomètres du littoral. Les projections montrent que le nombre de personnes exposées aux inondations côtières risque de passer de un million en 1990 à 70 millions en 2080.

    Si on compare, le nombre de décès attribué aux changements climatiques (voir figure 4.2) depuis 2000, on constate que l'Afrique est la zone la plus concernée. Si nous ne prennons pas des mesures importantes cela risque que d'empirer.

    Figure 4.2 : Mortalité attribuable aux changements climatiques depuis 2000 selon l'OMC [11]

    4.4 Nouvelle ère d'industrialisation

    4.4.1 Les différentes vagues d'industrialisation

    Les différentes vagues d'industrialisation ont permis à certains pays ou certaines régions de connaître un développement économique important dans des secteurs particuliers.

    La première industrialisation a commencé en Europe avec le développement des machines à vapeur dans les années 1780, d'abord en Grande-Bretagne et ensuite dans le reste du continent. Ces machines étaient alimentées par la houille et ensuite le charbon, une source d'énergie que l'on trouvait facilement en Europe. Les premières utilisations ont permis d'améliorer la rentabilité du travail existant en remplaçant des hommes par des machines plus efficaces. Pendant cette période, l'Europe était au sommet de la hiérarchie mondiale.

    Ces avancées ont permis des améliorations de la vie sociale qui se sont fait sentir petit à petit bien que les salaires aient doublé entre 1850 et 1914.

    La deuxième vague d'industrialisation s'est opérée aux Etats-Unis, sur la côte Est
    essentiellement. Le développement de l'électricité et des nouveaux matériaux comme
    l'acier ont permis le développement d'industrie lourde. De plus, une nouvelle vision de

    l'industrie commence à voir le jour avec la volonté de systématiser les processus. Ces découvertes donneront naissances à l'industrie automobile notamment et la première production en série la Ford T. Après la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis ont atteint le leadership au niveau mondial.

    La 3ème vague d'industrialisation s'est opéré à la fois dans l'ouest des Etats-Unis et en Asie. Il s'agit du développement de l'informatique et des techniques de communications. La Silicon Valley est le centre de plusieurs industries technologiques américaines. Cette région a connu un développement et un enrichissement de plusieurs de ses sociétés ce qui a permis la création d'emplois et de richesses dans la région et aux Etats-Unis de manière globale. Le constat est similaire en Asie, où des entreprises d'électronique ont été crées en Corée du Sud par exemple comme LG et Samsung.

    4.4.2 L'industrialisation et le green business

    Actuellement, le green business s'inscrit dans cette logique d'industrialisation. Il s'agit d'une nouvelle philosophie, tout comme la machine à vapeur, les industries lourdes et les nouvelles technologies à leurs époques respectives. Il s'agit d'une intégration écologique dans les produits et services offerts. Comme expliqué précédemment, l'opinion internationale est de plus en plus sensible à la problématique du réchauffement climatique. Cela permet de créer des produits et services pour cette nouvelle demande économique de la population. Cette prise de conscience gagne de plus en plus de terrain. Des produits et services intégrants ces désidératas sont développés et mis sur le marché tous les jours. On peut donc penser qu'une nouvelle révolution industrielle est en cours et qu'il s'agit effectivement du green business.

    4.5 Quelques exemples de green business

    4.5.1 Le projet « Desertec »

    Les projets énergétiques occupent une place particulière dans le green business comme étant un moyen de production d'énergies alternatives par rapport aux énergies fossiles. Ces nouvelles productions sont regroupées sous le terme d'énergie renouvelable.

    « Desertec » est un projet énergétique situé dans le Sahara. Il consiste en la production d'une centrale solaire de grande envergure. Chaque km2 du désert reçoit autant d'énergie que 1.5 millions de baril de pétrole.

    Le projet initié par un groupement industriel allemand pourrait produire 50% des besoins énergétiques de l'Europe d'ici 2050. Les avantages du projet sont multiples et pour toutes les parties (les concepteurs, les financiers, les pays concernés,...). Le développement de l'Afrique nécessite un besoin en énergie complémentaire. Les dirigeants africains ont tout intérêt à soutenir ce genre d'initiative qui permet de directement investir dans les énergies propres. De plus, ces centrales implantées dans des pays émergents, devraient créer de l'emploi, partager des connaissances au niveau local et une augmentation des revenus.

    La problématique souvent citée des énergies renouvelables est la place qu'elles occupent dans le paysage. Au milieu du désert, dans des zones totalement inhabitées, ce problème est moins important.

    Figure 4.3 : Plan d'implantation du projet « Desertec » [3]

    Néanmoins, ce projet ne comporte pas que des avantages pour l'Afrique, il a été initié par des européens et les bénéfices financiers de ces investissements seront rapatriés dans les pays d'origine de ces firmes alors que ces capitaux seraient nécessaires au développement.

    4.5.2 L'île Maurice, comme précurseur en Afrique

    L'île Maurice est une île de l'Océan Indien. De part ce fait, elle est très sensible et dépendante d'une part de l'importation de matières fossiles et de la problématique de la montée des eaux.

    En juin 2008, l'Etat Mauricien a décidé de mettre en place une initiative (Maurice Ile Durable) qui a pour objectif d'ici 2025 d'assurer la production de 65% des besoins énergétiques grâce à l'énergie renouvelable. L'Etat a investit dans l'installation de chauffe-eaux solaire pour plusieurs milliers de famille, dans une production d'énergie éolienne ou bien encore dans des systèmes de ventilation qui utilisent l'eau de mer.

    Le secteur bancaire de l'île a également suivi cette philosophie en mettant en place un plan d'actions vert dont les principaux sujets sont :

    - le financement d'une émission de télévision dédiée à la préservation de la nature suivie par plus de 600 000 personnes.

    - l'économie de papier en incitant les personnes à consulter les montants de leurs comptes par internet ou imprimer sur une page un certificat semestriel au lieu de 4 pages pour le relevé de compte trimestriel.

    - l'octroi de prêt à des taux avantageux pour la réalisation de projets concernant le développement durable.

    - la diminution des frais pour les importations de véhicules électriques ou hybrides,
    les climatiseurs solaires ou autres objets permettant des économies d'énergie.

    - chaque client peut recevoir une ampoule basse consommation à l'ouverture d'un nouveau compte et chaque membre du personnel s'est vu offrir une plante dépolluante.

    Le secteur hôtelier fait preuve d'initiatives afin d'avoir une image plus écologique. L'hôtellerie mauricienne vise essentiellement une clientèle aisée des pays développés. Les clients sont souvent donc déjà fortement sensibles à la problématique de l'environnement. En prenant donc ces mesures, les hôtels jouent sur le marketing pour toucher leur clientèle mais également permet de polluer moins. Par exemple, certains hôtels réutilisent les eaux sales pour arroser les espaces verts.

    4.6 L'importance du Green Business pour les populations locales

    Bien qu'une prise de conscience existe concernant la problématique du green business, on constate que celle-ci provient essentiellement des pays développés. Les pays émergent sont sensible à ce sujet mais ne veulent pas que cela limitent leur croissance.

    Dans les pays du Tiers Monde, une prise de conscience existe mais seulement auprès d'une certaine élite de la société. Les soucis environnementaux ne font pas partie des besoins physiologiques. La situation précaire de l'Afrique, son niveau de pauvreté et le niveau d'enseignement notamment font que les populations ne se sentent que peu préoccuper par la problématique du climat.

    Il est donc important d'éduquer les jeunes de ces pays afin de leur faire prendre conscience du problème et adopter dès leur plus jeune âge un comportement en adéquation avec ces nouvelles attentes.

    Conclusion

    Les problèmes et les conséquences concernant le réchauffement climatique sont de plus en plus à l'ordre du jour. Cette problématique a engendré un nouveau type de business : le green business. Les entreprises intègrent cette demande de la population dans leurs offres de produits et ou de services. Cependant, comme à chaque nouvelle ère d'industrialisation, les connaissances ne sont pas encore totalement acquises et maîtrisées. Les différentes régions occidentales et asiatiques ont chaque fois su profiter d'une phase d'industrialisation pour se développer. Cette nouvelle ère est donc une aubaine pour l'Afrique. Celle-ci ne doit pas chercher à rattraper un retard mais à prendre un nouveau train, un nouveau sujet en marche et surfer sur la vague du green business. Des projets existent, ils sont encore trop souvent mis en place par des occidentaux qui en tireront surement le plus gros profit. Mais la connaissance apprise aux contacts d'experts ne pourra être que bénéfique pour l'Afrique. Des initiatives plus locales, mises en place par l'Etat ou le secteur privé, voient aussi le jour et intègrent les demandes du consommateur. A l'heure actuelle, le monde bouge et il est occupé à prendre un autre chemin, à mettre en place une autre philosophie et une autre manière de vivre. L'Afrique ne doit plus être considérée comme sous développé au sens ou le président Truman le disait (en manque de technologie) car elle peut se développer dans un nouveau domaine en plein essor. Cependant, la question de l'écologie dans les pays du Tiers du Monde doit également être prise en compte. Comment peut-on demander à une personne de se soucier de l'environnement alors qu'elle ne sait souvent pas ce qu'elle va manger.

    5 Le Green business et le

    développement

    Après avoir étudié les conditions, les mesures à prendre concernant le développement (Chapitre 3) et après avoir expliqué les principales lignes du green business et ces enjeux à l'heure actuelle (Chapitre 4), il faut analyser la compatibilité de ces deux aspects.

    5.1 Le rôle de l'Etat et le Green Business

    5.1.1 Les lois imposées

    L'Etat a un important rôle à jouer dans le développement de part ses obligations vis-à-vis de la population. Concernant le green business, l'Etat a le pouvoir d'imposer des normes, des lois qui tiennent compte de la question écologique dans les différentes activités. Ces mesures prises par l'Etat conduisent à faire preuve d'originalité et de mettre en place des nouveaux produits soucieux de ces contraintes. Ces lois peuvent être de plusieurs natures :

    - Suppression de certains produits (et la mise en place de produits de substitution)

    - Limitation de certaines quantités et le développement technique nécessaire pour y arriver (Le nombre d'arbres abattus par km2 dans un forêt)

    Par exemple, à Kigali, au Rwanda, une loi est sortie interdisant l'utilisation des sacs plastiques jetables. Cette mesure a un réel impact sur les déchets et l'environnement. Elle permet aussi la création et le développement de mesures alternatives plus écologiques pour transporter les affaires.

    5.1.2 Le choix des investissements

    L'Etat peut intervenir en choisissant d'investir directement dans des projets de green business comme la construction de parcs éoliens au lieu de centrale au charbon ou une autre source d'énergie fossile. Afin d'assurer au mieux le développement d'un pays, il est préférable de financer les produits nationaux. Il est parfois nécessaire de mettre en place une procédure de protectionnisme dans le choix des investissements de l'Etat. Cette partie sera détaillée plus en détail au paragraphe 5.4.1.

    5.1.3 primes

    Le green business et l'importance de la responsabilité écologique génèrent des idées, des projets et des initiatives, souvent au niveau local au sein de la population. Chacun est plus ou moins sensible à la problématique de l'environnement et certains veulent mettre en oeuvre des mesures personnelles afin de diminuer leur empreinte écologique. Les incitants et les primes permettent d'aider et d'inciter les personnes dans cette voie. Comme par exemple, l'octroi de primes pour la mise en place de panneaux solaires.

    Cependant, en Afrique, vu le peu de moyens dont disposent les Etats et les soucis primaires de la population, la conscience écologique n'est pas pour le moment, le souci principal. Les primes et les incitants ne sont donc pas très courants. Les Etats préfèrent dès lors agir en imposant des lois ou en effectuant eux-mêmes des investissements dans le green business.

    5.2 Les secteurs stratégiques et le Green Business

    Le continent africain possède énormément de richesses dans son sous sol. Cependant, on oublie souvent que l'Afrique possède de très grandes forêts encore relativement préservées. La forêt du Bassin du Congo est le deuxième massif forestier après la forêt amazonienne.

    Aujourd'hui, il est facile d'estimer la valeur financière de ces bassins : en evaluant la quantité de CO2 qu'ils peuvent emmagasiner et fonction du prix de la tonne de CO2. De cette manière on a pu estimer la valeur de la forêt du Congo à 194 milliards d'euro par an.

    Ces ressources propres aux pays deviennent donc une source, une manne financière très importante. Une libéralisation de ces secteurs comme des ressources naturelles par le passé, créera une perte de revenus significative pour ces Etats. Il est important de ne pas commettre les mêmes erreurs et de garder un contrôle sur ces ressources naturelles stratégiques.

    Cependant, contrairement aux minerais, qui sont facilement exportables, il faut trouver un moyen de valoriser cette richesse pour en faire profiter les pays du Tiers-Monde. L'idée d'un marché du carbone peut sembler être une solution intéressante.

    5.3 Les capitaux privés et le Green Business

    Il est difficile pour un Etat de subvenir seul aux demandes de son pays. Cependant, il n'est pas permis d'obliger les détenteurs de capitaux d'investir de telle ou telle manière. Tout au plus, on peut les encourager à l'aide de primes, d'incitants ou d'avantages fiscaux.

    Au niveau national, les institutions financières peuvent mettre au point toute une série de mesures afin de développer l'aspect green business mais il s'agit là essentiellement d'actions propres aux entreprises qui décident d'utiliser ce nouvel atout marketing. Cependant, si les sociétés privées constatent une demande de plus en plus importante pour ce genre de produit, cela incitera d'autres sociétés à les suivre. Cela créera un effet boule de neige. L'exemple de la banque de l'île Maurice au paragraphe 4.5.2 illustre cela.

    Les investissements directs étrangers de la part des entreprises étrangères peuvent eux faire l'objet d'une réglementation visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre lors de la construction d'une nouvelle usine, même limiter voir empêcher la création de certaines usines nocives pour le climat.

    5.4 L'industrialisation et le Green Business

    L'industrialisation est un passage obligé pour le développement, il permet d'augmenter les exportations de biens et de services.

    Le chapitre précédent a permis de mettre en avant l'importance du green business dans le contexte économique actuelle et de montrer ses potentialités. La machine du green business est déjà en marche et est bien lancée dans certains pays. Le retard des pays africains dans ce secteur n'est pas encore trop important et une politique adéquate des pouvoirs publics permettrait de le résorber.

    5.4.1 Le protectionnisme et le green business

    Certaines sociétés occidentales de part leurs connaissances technologiques possèdent un avantage compétitif non-négligeable, même pour ces nouveaux secteurs.

    Par exemple, les sociétés qui construisent des éoliennes possèdent un avantage certains car elles travaillent depuis longtemps dans le secteur des moteurs, des transformateurs qui constituent la base de ces machines.

    Les différentes raisons et avantages de la mise en place de barrières protectionnistes ont été développés au paragraphe 3.5.1. Il a été notamment écrit que pour que ces mesures soient efficaces, il faut développer aujourd'hui des industries qui auront un avantage dans le futur. Or, comme expliqué dans le chapitre 4.4.2, le green business est un secteur en devenir dans un avenir assez proche. Les mesures protectionnistes semblent donc être importantes dans le cadre du développement pour le green business.

    5.4.2 La recherche et le green business

    L'intégration de la préoccupation écologique dans l'économie est assez récente. Cependant, il s'agit encore d'un secteur en devenir dans lequel il y a encore peu de recherches et de commercialisation des découvertes. Les potentialités du secteur sont donc importantes et pour les saisir pleinement, il est indispensable de miser sur la recherche. Etre un leadeur dans l'innovation a souvent permis de garder une longueur d'avance sur ces concurrents et d'augmenter les recettes.

    Cette démarche demande des moyens financiers importants que peu d'Etats africains possèdent. Il est peut être plus judicieux de commencer, tout comme l'état chinois l'a fait, par copier ce qui existe déjà sur le marché mais à un coût moindre. Lorsque les techniques seront maitrisées et les connaissances acquises, il sera plus facile de se tourner vers la recherche.

    5.4.3 Les exportations, les substituts à l'importation et le green business

    La notion de green business est également associée à celle de développement durable. Les consommateurs poussent leurs logiques de soucis environnementaux très loin en décidant de consommer, de favoriser les produits locaux. Ces derniers nécessitent moins de transports et donc moins de gaz à effet de serre. Il est vrai que pour l'instant cette pratique se limite aux produits agroalimentaires.

    Dans cette logique, quel est l'avenir des exportations issues du green business ? Cela s'inscrit dans les substituts aux importations.

    Si on analyse le cas particuliers des énergies renouvelables, nous constatons que contrairement aux énergies fossiles, nous ne pouvons pas les stocker et il faut donc la consommer directement, ce qui implique un réseau interconnecté. Par exemple, de l'électricité issue des éoliennes en Afrique, au Rwanda par exemple, un pays totalement enclavé, ne pourra jamais être utilisé en Chine ou bien aux Etats-Unis. La distance et le manque de connexion sont des limites importantes.

    Il est donc important d'investir et de miser sur une industrialisation réfléchie car tous les secteurs du green business ne permettent pas d'exporter facilement les biens et services. Cependant, ce business permettra de remplacer certaines importations et d'éviter la fuite d'argent.

    De plus, la limitation des demandes par rapport au monde extérieur, amènera les pays à être moins vulnérables. Par exemple, en limitant leur besoin en pétrole, les Etats deviendront moins tributaires de ce derniers et moins sensibles aux variations de prix.

    5.5 La diversification des clients et le Green Business

    L'Afrique subsaharienne est une des régions les plus pauvres du monde, les autres régions possèdent un pouvoir d'achat de plus en plus important. L'Afrique peut se permettre d'exporter à une grande partie du monde. La multitude des clients et de leurs demandes permet donc de faire jouer la loi d'offre et de demande et ainsi tirer un meilleur prix de l'ensemble de ces produits. Ceci est valable de manière général et également pour l'ensemble du green business.

    5.6 Le développement des infrastructures et des techniques de communication et le Green Business

    5.6.1 Le développement des infrastructures de transport et le green business

    Le développement des infrastructures est indispensable pour le commerce et les exportations. Cependant, la mise en place de ces routes ne rentre pas vraiment dans une logique de développement durable car elle implique la destruction de certains paysages voir de forêts. De plus et bien que des efforts importants soient faits à ce sujet, les

    composants nécessaires à la réalisation des routes ne sont pas actuellement des plus écologiques.

    5.6.2 Le développement des infrastructures énergétiques et le green business

    La demande en énergie en Afrique est très importante et ne cessera de croître. Afin de répondre à ces besoins et vu les potentiels énergétiques importants dont l'Afrique dispose, ce serait une erreur de ne pas miser sur les ressources d'énergies renouvelables.

    Les énergies renouvelables sont souvent moins coûteuses que les systèmes d'énergies traditionnelles, plus modulables, décentralisées et donc plus proche du consommateur. Elles peuvent être acheminées plus facilement même dans des régions plus isolées.

    Le potentiel africain en énergie renouvelable est important. La seule énergie hydroélectrique permettrait de couvrir l'ensemble des besoins de l'Afrique en électricité. Par exemple, la réalisation complète du barrage Inga, en République Démocratique du Congo permettrait la production de 5,2 GW, ce qui pourrait à lui seul alimenter une grande partie de l'Afrique. Toute une série d'opinions existe concernant le bien fondé des barrages de grande envergures, notamment à cause de leurs conséquences sociales (déplacements de population) et écologiques (création de micro climat).

    Le potentiel de l'énergie solaire a déjà été expliqué au paragraphe 4.5.1, concernant le projet « Desertec ».

    Le développement du continent passe par la création d'infrastructures électriques au vu du potentiel en énergie renouvelable et des avantages non négligeables, cela serait une erreur importante des pouvoirs publics de ne pas investir dans ce domaine.

    5.6.3 Le développement des techniques de communications et le green business

    Le développement des techniques de communication a permis à certains pays d'exporter des services plus facilement et ainsi augmenter leurs revenus. Par exemple, l'Inde exporte des services de consultance IT et dispose de centres de télémarketing.

    De prime à bord, il est difficile d'imaginer des services relatifs au green business qui peuvent être délocalisé et ne nécessiter qu'un service de consultance à distance.

    Le développement des techniques de communication est indispensable pour une croissance car il permet de partager des informations et d'avoir un contact sur le monde. Dans le cadre du green business, ce développement ne semble pas indispensable, si ce n'est de servir de vitrine vers le monde extérieur.

    5.7 Tableau récapitulatif

    Le tableau suivant permet d'analyser les interactions possibles entre le green business et le développement. La première colonne reprend l'ensemble des conditions macroéconomiques étudiées dans ce travail en y intégrant une ligne complémentaire pour le besoin, le souci des populations locales face à cette problématique (voir paragraphe 4.6).

    Il a été décidé de coter l'interaction de la manière suivante :

    + : l'intégration de ce sujet avec le green business est acceptable

    +/- : l'intégration de ce sujet avec le green business est incertaine, dépend essentiellement de l'évolution du marché.

    - : l'intégration de ce sujet avec le green business est difficilement réalisable

    Conclusion

    Les interactions entre le green business et le développement des Etats sont intéressants dans plusieurs domaines. On constate également que l'Etat a un rôle important à jouer en assurant le développement au niveau de l'éducation aux populations ou encore dans les investissements et les choix. Beaucoup d'inconnues persistent quant au réel potentiel de cette nouvelle économie et notamment sur les nouveaux produits disponibles. Cette question est importante dans la mesure où, le commerce et une bonne exportation sont nécessaires pour augmenter les revenus des pays. Il faut dès lors savoir si ces produits seront ou non facilement exportables. Certaines conditions macroéconomiques comme le développement des infrastructures sont nécessaires pour le commerce et également pour le green business. Le green business seul ne peut pas résoudre l'ensemble des problèmes liés au développement mais il offre une réponse à plusieurs problématiques.

    Les conditions macroéconomiques Intégration avec le green business Commentaires

    Le role de l'Etat

    les lois imposéées

    +

    La marge de manoeuvre est immense à ce niveau pour les Etats.

    le choix des investissements

    +

    La marge de manoeuvre est immense à ce niveau là pour les Etats.

    les primes

    +

    Les moyens des Etats du Tiers Monde sont limités surtout pour ce type de financement.

    Les secteurs stratégiques

     

    +/-

    La question se pose de savoir comment valoriser certains avoirs et que ceux-ci profitent aux populations des pays.

    les capitaux privés

     

    +/-

    Il est difficile de leur imposer des choix d'investissement.

    Lindustrialisation

    le portectionisme

    +

    Important pour la création de nouvelles industries.

    la recherche

    +

    Important car potentiel énorme dans ce nouveau secteur.

    les exportations et substituts aux imprtations

    +/-

    La marge de création des produits green n'est pas encore connu, il est donc difficile de se prononcer.

    La diversification des clients

     

    +

     

    Le développement des infrastructures

    les infrastructures de transport

    -

    La construction des routes ne peut se faire de manière très écologique.

    les infrastructures énergétiques

    +

    Le potentiel en énergie renouvelable de l'Afrique est important.

    les techniques de communication

    -

    Le green business peut se développer grâce aux techniques de communication et non l'inverse.

    Le souci des populations

     

    -

    Les besoins physiologiques sont une priorité pour ces populations.

    6 Conclusion

    La situation socio économique actuelle de l'Afrique est assez préoccupante. Elle et ses populations ont été marquées par les différents faits importants de l'histoire, comme la traite des esclaves ou bien encore la colonisation. Ses événements montrent le début de la soumission économique de l'Afrique par rapport aux pays occidentaux.

    La décolonisation n'a pas permis l'indépendance rêvée par les pays africains car les anciennes métropoles plaçaient et entretenaient leurs hommes de main au pouvoir. Il est vrai que des mécanismes d'aide ont été mis en place pour aider ces pays, sous certaines conditions. Ces contraintes macroéconomiques imposées par les bailleurs de fond internationaux et les Etats occidentaux n'ont fait qu'augmenter la dépendance économique des Etats africains. Les résultats de ces politiques économiques ont été désastreux : augmentation de la pauvreté, diminution du taux d'éducation, augmentation du taux de mortalité,.... Une révision des politiques de développement doit être effectuée au sein de ces pays afin de permettre leur épanouissement socio-économique cependant ces mesures s'opposent aux politiques de libre échange et de libéralisation.

    Ces mesures sont multiples et variées. Cependant, la récente crise nous a prouvé qu'il est impossible ni de nier ni de minimiser l'importance du rôle de l'Etat dans ce domaine. Celui-ci ne peut financer à lui seul l'ensemble des besoins du développement, particulièrement dans les pays africains ne disposant pas de véritables politiques fiscales. Le développement nécessite un besoin en capitaux important. Paradoxalement ce sont les pays du Tiers-Monde qui financent les pays occidentaux. La mise en place de mesure limitant la fuite des capitaux permettrait l'augmentation des revenus de façon significative. De plus, une (re)nationalisation des ressources stratégiques permettrait à ces pays d'accroitre leurs capacités financière.

    Par le passé, le développement de plusieurs pays a été assuré par des politiques d'industrialisation et de mesures protectionnistes vis-à-vis de ces industries. Le choix des secteurs a été primordial pour la réussite de la croissance économique. Il s'agissait de secteurs d'avenir avec un fort potentiel de développement et de demande future.

    Aujourd'hui, une nouvelle ère est occupée à voir le jour, une ère écologique. Il n'est plus envisageable aujourd'hui, du moins dans les pays occidentaux de mettre sur le marché un produit qui ne tient pas compte de l'environnement. Cette nouvelle offre vient de la prise de conscience des consommateurs des conséquences du réchauffement climatique. Ceci a permis la mise en place d'un nouveau type de business : le green business.

    S'agissant d'une nouvelle vague, l'Afrique et ses Etats ne doivent pas courir après ces nouvelles technologies mais prendre un nouveau train. Malheureusement, la question du réchauffement climatique et de ces conséquences sur le climat (qui sont plus dévastatrices pour l'Afrique) ne suscitent pas encore de grandes prises de conscience en Afrique. Les besoins physiologiques de base telle que boire, manger et dormir restent la principale inquiétude de ces populations.

    Dans le futur, les possibilités et les potentialités du green business restent relativement limitées. Nous ne pouvons pas encore réellement estimer quel peut être le réel apport de ce business sur le développement. Cependant, il est sûr que dans certains domaines, le green business peut contribuer au développement. Les investissements de l'Etat, la gestion des ressources stratégiques, l'industrialisation ou bien encore le développement des infrastructures d'énergie sont autant de domaines dans lequel le green business peut avoir un rôle non négligeable à jouer.

    Mais le green business n'est pas LA solution. Le développement passe par une augmentation des exportations, un substitut aux importations et par l'augmentation de l'offre de transport notamment. Ne sachant pas quels types de produits et/ou de services le green business permettra de développer dans le futur, il n'est pas possible de s'assurer que le commerce du green business assurera une rentrée d'argent suffisante pour la création et la croissance de ces nouvelles industries. L'augmentation et l'amélioration de l'offre de transports pour faciliter et rendre compétitif le commerce extérieur ne sont également pas compatibles avec le green business car ces mesures demandent des modifications du paysage et ont un impact négatif sur l'environnement qui sont à l'encontre des soucis du green business.

    Bien que ce nouveau secteur offre de belles perspectives, beaucoup de questions restent actuellement sans réponses telles que : « quels produits le green business est-il capable de créer ? » « Les Etats africains ont-ils enfin l'indépendance politique et économique nécessaires pour prendre en main leur destin ? » ... Sans les réponses à ces questions il est difficile de trancher de manière définitive sur le rôle que le green business peut jouer dans le développement.

    [1]

     
     

    Bibliographie

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    Annexe

    6.1 Annexe 1 : Discours de Thomas Sankara

    Monsieur le président, Messieurs les chefs des délégations,

    Je voudrais qu'à cet instant nous puissions parler de cette autre question qui nous tiraille : la question de la dette, la question de la situation économique de l'Afrique. Autant que la paix, elle est une condition importante de notre survie. Et c'est pourquoi j'ai cru devoir vous imposer quelques minutes supplémentaires pour que nous en parlions. Le Burkina Faso voudrait dire tout d'abord sa crainte. La crainte que nous avons c'est que les réunions de l'OUA se succèdent, se ressemblent mais qu'il y ait de moins en moins d'intérêt à ce que nous faisons.

    Monsieur le président, Combien sont-ils les chefs d'Etat qui sont ici présents alors qu'ils ont été dûment appelés à venir parler de l'Afrique en Afrique ?

    Monsieur le président, Combien de chefs d'Etats sont prêts à bondir à Paris, à Londres, à Washington lorsque là-bas on les appelle en réunion mais ne peuvent pas venir en réunion ici à Addis-Abeba en Afrique ? Ceci est très important. [Applaudissements] Je sais que certains ont des raisons valables de ne pas venir. C'est pourquoi je voudrais proposer, Monsieur le président, que nous établissions un barème de sanctions pour les chefs d'Etats qui ne répondent pas présents à l'appel. Faisons en sorte que par un ensemble de points de bonne conduite, ceux qui viennent régulièrement, comme nous par exemple, [Rires] puissent être soutenus dans certains de leurs efforts. Exemples : les projets que nous soumettons à la Banque africaine de développement (BAD) doivent être affectés d'un coefficient d'africanité. [Applaudissements] Les moins africains seront pénalisés. Comme cela tout le monde viendra aux réunions. Je voudrais vous dire, Monsieur le président, que la question de la dette est une question que nous ne saurions occulter. Vous-même vous en savez quelque chose dans votre pays où vous avez dû prendre des décisions courageuses, téméraires même. Des décisions qui ne semblent pas du tout être en rapport avec votre âge et vos cheveux blancs. [Rires] Son Excellence le président Habib Bourguiba qui n'a pas pu venir mais qui nous a fait délivrer un important message a donné cet autre exemple à l'Afrique, lorsque en Tunisie, pour des raisons économiques, sociales et politiques, il a dû lui aussi prendre des décisions courageuses. Mais, Monsieur le président, allons-nous continuer à laisser les chefs d'Etats chercher individuellement des solutions au problème de la dette avec le risque de créer chez eux des conflits sociaux qui pourraient mettre en péril leurs stabilités et même la construction de l'Unité

    africaine ? Ces exemples que j'ai cités - il y en a bien d'autres - méritent que les sommets de l'OUA apportent une réponse sécurisante à chacun de nous quant à la question de la dette. Nous estimons que la dette s'analyse d'abord de par son origine. Les origines de la

    dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l'argent, ce sont eux qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient nos Etats et nos économies. Ce sont les colonisateurs qui endettaient l'Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. Nous sommes étrangers à cette dette. Nous ne pouvons donc pas la payer. La dette c'est encore le néo-colonialisme ou les colonialistes qui se sont transformés en « assistants techniques ». En fait, nous devrions dire en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des

    « bailleurs de fonds ». Un terme que l'on emploie chaque jour comme s'il y avait des hommes dont le « bâillement » suffirait à créer le développement chez d'autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des dossiers et des montages financiers alléchants. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C'est-à-dire que l'on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus. La dette sous sa forme actuelle, est une reconquête savamment organisée de l'Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l'esclave financier, c'est-à-dire l'esclave tout court, de ceux qui ont eu l'opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l'obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n'est pas une question morale. Ce n'est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser.

    Monsieur le président, Nous avons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu'elle est intervenue ici même. Elle a dit, elle qui est européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. Je voudrais simplement la compléter et dire que la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d'abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre si nous payons, c'est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également. Ceux qui nous ont conduits à l'endettement ont joué comme au casino. Tant qu'ils gagnaient, il n'y avait point de débat. Maintenant qu'ils perdent au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président, ils ont joué, ils ont perdu, c'est la règle du jeu. Et la vie continue. [Applaudissements] Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n'avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu'au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c'est-à-dire la dette de sang. C'est notre sang qui a été versé. On parle du Plan Marshall qui a refait l'Europe économique. Mais l'on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l'Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacées, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé l'Europe ? C'est l'Afrique. On en parle très peu. On en parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louanges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l'Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme. La dette, c'est aussi la conséquence des affrontements. Lorsqu'aujourd'hui on nous parle de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n'est pas venue de façon subite. La crise existe de tout temps et elle ira en s'aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leurs droits face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd'hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l'étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l'Afrique. Il y a crise parce que face à ces richesses individuelles que l'on peut nommer,

    les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos et les bas-quartiers. Il y a crise parce que les peuples partout refusent d'être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l'exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s'inquiéter. On nous demande aujourd'hui d'être complices de la recherche d'un équilibre. Equilibre en faveur des tenants du pouvoir financier. Equilibre au détriment de nos masses populaires. Non ! Nous ne pouvons pas être complices. Non ! Nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples. Nous ne pouvons pas les accompagner dans leurs démarches assassines.

    Monsieur le président, Nous entendons parler de clubs - Club de Rome, Club de Paris, Club de Partout. Nous entendons parler du Groupe des Cinq, des Sept, du Groupe des Dix, peut-être du Groupe des Cent. Que sais-je encore ? Il est normal que nous ayons aussi notre club et notre groupe. Faisons en sorte que dès aujourd'hui Addis-Abeba devienne également le siège, le centre d'où partira le souffle nouveau du Club d'AddisAbeba. Nous avons le devoir aujourd'hui de créer le Front uni d'Addis-Abeba contre la dette. Ce n'est que de cette façon que nous pourrons dire aujourd'hui, qu'en refusant de payer, nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse mais au contraire dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Ceux qui veulent exploiter l'Afrique sont les mêmes qui exploitent l'Europe. Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d'Addis-Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saura être payée. Quand nous disons que la dette ne saura être payée ce n'est point que nous sommes

    contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Nous estimons que nous n'avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n'y a pas la même morale. La Bible, le Coran ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité. Il faudra qu'il y ait deux éditions de la Bible et deux éditions du Coran. [Applaudissements] Nous ne pouvons pas accepter leur morale. Nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle de dignité. Nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle du mérite de ceux qui paient et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne paieraient pas. Nous devons au contraire dire que c'est normal aujourd'hui que l'on préfère reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre quand il vole ne commet qu'un larcin, une peccadille tout juste pour survivre et par nécessité. Les riches, ce sont eux qui volent le fisc, les douanes. Ce sont eux qui exploitent le peuple.

    Monsieur le président, Ma proposition ne vise pas simplement à provoquer ou à faire du spectacle. Je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui, ici, ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée ? Celui qui ne le souhaite pas peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la Banque mondiale payer. [Applaudissements] Je ne voudrais pas que l'on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeunes sans maturité, sans expérience. Je ne voudrais pas non plus que l'on pense qu'il n'y a que les révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais que l'on admette que c'est simplement l'objectivité et l'obligation. Je peux citer dans les exemples de ceux qui ont dit de ne pas payer la dette, des révolutionnaires comme des non-révolutionnaires, des jeunes comme des vieux. Je citerai par exemple : Fidel Castro. Il a déjà dit de ne pas payer. Il n'a pas mon âge même s'il est révolutionnaire. Egalement François Mitterrand a dit que les pays africains ne peuvent pas payer, que les pays pauvres ne peuvent pas payer. Je citerai Madame le premier ministre de Norvège. Je ne connais pas son âge et je m'en voudrais de le lui demander. [Rires et applaudissements] Je voudrais citer également le président Félix Houphouët-Boigny. Il n'a pas mon âge. Cependant il a déclaré officiellement et publiquement qu'au moins pour

    ce qui concerne son pays, la dette ne pourra être payée. Or la Côte d'Ivoire est classée parmi les pays les plus aisés d'Afrique. Au moins d'Afrique francophone. C'est pourquoi, d'ailleurs, il est normal qu'elle paie plus sa contribution ici. [Applaudissements]

    Monsieur le président, Ce n'est donc pas de la provocation. Je voudrais que très sagement vous nous offriez des solutions. Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer la dette. Non pas dans un esprit belliqueux, belliciste. Ceci, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence ! Par contre, avec le soutien de tous, dont j'ai grand besoin, [Applaudissements] avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre développement. Et je voudrais terminer en disant que nous pouvons rassurer les pays auxquels nous disons que nous n'allons pas payer la dette, que ce qui sera économisé n'ira pas dans les dépenses de prestige. Nous n'en voulons plus. Ce qui sera économisé ira dans le développement. En particulier nous éviterons d'aller nous endetter pour nous armer car un pays africain qui achète des armes ne peut l'avoir fait que contre un autre pays africain. Quel pays africain ici peut s'armer pour se protéger de la bombe nucléaire ? Aucun pays n'est capable de le faire. Des plus équipés aux moins équipés. Chaque fois qu'un pays africain achète une arme c'est contre un Africain. Ce n'est pas contre un Européen. Ce n'est pas contre un pays asiatique. Par conséquent nous devons également dans la lancée de la résolution de la question de la dette trouver une solution au problème de l'armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais Monsieur le président, je voudrais que nous nous désarmions. Parce que moi je porte l'unique arme que je possède. D'autres ont camouflé les armes qu'ils ont. [Rires et applaudissements] Alors, chers frères, avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pourrons également utiliser ses immenses potentialités pour développer l'Afrique parce que notre sol et notre sous-sol sont riches. Nous avons suffisamment de quoi faire et nous avons un marché immense, très vaste du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Nous avons suffisamment de capacité intellectuelle pour créer ou tout au moins prendre la technologie et la science partout où nous pouvons les trouver.

    Monsieur le président, Faisons en sorte que nous mettions au point ce Front uni d'AddisAbeba contre la dette. Faisons en sorte que ce soit à partir d'Addis-Abeba que nous décidions de limiter la course aux armements entre pays faibles et pauvres. Les gourdins et les coutelas que nous achetons sont inutiles. Faisons en sorte également que le marché africain soit le marché des Africains. Produire en Afrique, transformer en Afrique, et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu de l'importer. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au Burkina Faso pour habiller les Burkinabè. Ma délégation et moi-même, nous sommes habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n'y a pas un seul fil qui vienne d'Europe ou d'Amérique. [Applaudissements] Je ne fais pas un défilé de mode mais je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C'est la seule façon de vivre libre et de vivre digne.

    Je vous remercie, Monsieur le président.

    La patrie ou la mort, nous vaincrons ! [Longs applaudissements]

    Source : « Oser inventer l'avenir », la parole de Sankara, Thomas Sankara, présenté par David Gakunzi, Pathfinder et l'Harmattan, 1999.

    Source http://www.groupesankara.be/spip.php?article475






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand