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La pression de l'habitat sur le site maraicher de Lukunga dans la commmune de Ngaliema a Kinshasa: problématique de planification urbaine et pistes d'aménagement

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par Maspy YETA SUKISA
Université de Kinshasa -  2008
  

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4.3. Le site maraîcher de Lukunga

Il est situé entre la pente du versant des quartiers Kimbuala et Don Bosco et celui du quartier Lukunga de la commune de Ngaliema. Il est limité au Nord par l'avenue Makabi qui la sépare de l'usine de la Regideso ; au Sud par l'avenue Kikusa, à l'Est par l'avenue Mobutu Kongolo, à l'Ouest par la rivière Lukunga.

Le quartier Lukunga et son espace maraîcher

La figure n°9 montre le quartier Lukunga et son site maraîcher dans les années 1980 avant de commencer à subir une forte pression de l'habitat. Actuellement, cet espace agricole est menacé par le lotissement sauvage et le site assiste au recul des zones agricoles. La pression de l'habitat sur le site maraîcher de Lukunga est grande. Elle a engendré des bouleversements dans l'approvisionnement des quartiers environnants en légumes.

4.3.1. Caractéristiques sociales des maraîchers

Si 63% des maraîchers sont des femmes, il n'est pas étonnant de voir aussi  les hommes (37%). En milieu rural, le travail agricole a toujours été féminin. Cela a aussi été <importé> en milieu urbain. Les études de Lelo Nzuzi (2009) sur l'agriculture urbaine à Kinshasa confirme les faits : 75% des femmes participent activement aux activités maraîchères pourvoyeuses de l'emploi et des revenus dans les sites encadrés par le projet Horticulture Urbaine et Périphérique (HUP). Et ces maraîchers sont de tout âge. En gros, ce sont des personnes adultes et valides qui exploitent ces terres agricoles.

Tableau n°15 : Répartition en groupe d'âge des maraîchers

Groupe d'âge

Fréquence

Pourcentage (%)

20-30 ans

4

4

31-40 ans

6

6

41-50 ans

27

27

51-60 ans

38

38

61-70 ans

22

22

71-80 ans

2

2

81-90 ans

1

1

Total

100

100

Source : enquête sur le terrain (2009)

Le tableau n°15 montre 38 % des maraîchers sont âgés de 51 à 60 ans. C'est le groupe d'âge le plus important sur le site maraîcher. C'est le groupe d'âge le plus actif sur de la tranche d'âge de 41 à 50 ans. Beaucoup de maraîchers doivent être soit des retraités, soit des gens qui ont perdu leur emploi. On remarque sur le terrain l'arrivée des jeunes qui commencent à s'y intéresser mais la proportion est encore insignifiante (4%). De tous ces maraîchers 3% sont célibataires, 85% sont mariés, 6% sont divorcés et 6% sont des veufs.

Les enquêtes montrent qu'il y'a une large dominance des maraîchers mariés. Beaucoup de ces maraîchers résident à Ngaliema (85%) et 15% viennent de Mont Ngafula qui est la commune frontalière.

Il est vrai que les distances sont longues et les exploitants maraîchers sont majoritairement issus de la commune où se trouve l'espace maraîcher. Si le site était accessible au véhicule, il attirerait les maraîchers venus d'autres communes. Ces quartiers périphériques accueillent de nombreux migrants ruraux qui ont transposé les comportements ruraux en ville. Les enquêtes montrent que 53% des maraîchers sont nés au Bas-Congo, 37% au Bandundu, 7% au Kasaï Oriental et 3% seulement à Kinshasa. Les maraîchers nés à Kinshasa ne représentent qu'une faible proportion parce que le milieu rural, c'est-à-dire la province, a toujours été le milieu de l'agriculture. C'est comme cela qu'on retrouve facilement des maraîchers qui sont venus des provinces. Ces migrants ruraux qui viennent grossir les effectifs démographiques de la ville n'ont pas d'emploi et vivent souvent de l'informel pour entretenir leurs grosses familles. Les enquêtes montrent que 14% des maraîchers ont des familles de 1 et à 4 enfants, 73% entre 5 et 9 enfants, 12% entre 10 et 14 enfants, 1% entre 15 et plus. Le tableau n°20 montre que la plupart des maraîchers ont entre 5 et 9 enfants dans leur ménage. Ce sont donc de grosses familles à entretenir. La moyenne de la taille du ménage à Kinshasa est de 6,8 ; selon MICS2. La taille du ménage des maraîchers concordent donc avec les chiffres de MICS2.

4.3.2. Caractéristiques socio-économiques des maraîchers

Les enquêtes ont montré que l'agriculture urbaine est en train de prendre de l'ampleur à Lukunga depuis l'an 2000. Les enquêtes montrent que 56% sont sur ce site entre 2005 et 2010, 30% depuis la fin des années 90 ; 14% depuis 1995. On voit bien que depuis la deuxième moitié des années 90, les arrivées sur le site ne font que croître. Ceci est consécutif à la crise de l'emploi qui a contraint des hommes adultes valides à se convertir en maraîcher. Tous ne sont pas des illettrés. Les statistiques montrent qu'à peine 12% des maraîchers sont non scolarisés. Parmi les maraîchers, 20% ont le niveau primaire, 34% ont le niveau secondaire, 31% sont du niveau secondaire professionnel. Mais, ils n'avaient pas dit s'il s'agit de l'enseignement professionnel agricole ou autre. Il y a même des universitaires qui se sont convertis en maraîcher (3%). Cette activité produit non seulement des produits agricoles pour l'autoconsommation, mais aussi pour la vente. En effet, la crise qui frappe de plein fouet le Congo a accentué l'exode rural et ces migrants ruraux n'ont qu'un seul emploi : l'agriculture.

Tableau n°16 : Types de légumes cultivées

Légumes

cultivant

Non-cultivant

Total(%)

Amarante

88

12

100

Feuille de patate douce

99

1

100

Ciboule

2

98

100

Feuille de manioc

3

97

100

Aubergine

14

86

100

Tomate

2

98

100

Gombo

6

94

100

Source : enquête sur le terrain (2009)

Le tableau n°16 montre que 88% des maraîchers cultivent les amarantes et 99% les feuilles de patate douce. Ce sont les légumes qui coûtent moins cher pour les bourses des populations et dont la production ne prend pas trop de mois. Ce sont des cultures de cycle court. Ces ménages pauvres sont tellement démunis qu'ils ne peuvent pas se lancer dans des cultures à cycle long. C'est comme cela que ces légumes (feuille de patate douce et amarante) sont cultivés en grande quantité par rapport aux autres légumes comme les gombos, ciboulette, etc. La feuille des patates douces (le matembele) est d'ailleurs appelé le légume des pauvres. Les chiffres sur le nombre des plates bandes le prouvent, comme le montre ce tableau.

Tableau n° 17: Quantité des légumes nombre de plates bandes en %

Nombre des plates bandes

1à3 plates bandes

4à5 plates bandes

6à9 plates bandes

10à13 plates bandes

14 et plus

Total(%)

Amarante

44,2%

32,9%

12,4%

4,5%

6,0%

100,0%

Feuille de patate douce

3%

2%

8%

35%

52%

100%

Ciboule

100%

0%

0%

0%

0%

100%

Feuille de manioc

100%

0%

0%

0%

0%

100%

Aubergine

100%

0%

0%

0%

0%

100%

Tomate

100%

0%

0%

0%

0%

100%

Gombe

100%

0%

0%

0%

0%

100%

Autres légumes

(oseille, Pointe-Noire)

100%

0%

0%

0%

0%

100%

Source : Enquête sur le terrain (2009)

Le tableau n°17 indique que 44,2% des maraîchers qui cultivent l'amarante possèdent 1 à 3 plates bandes, 32,9% ont 4 à 5 plates bandes, 12,4% ont 6 à 9 plates bandes, 4,5% ont 10 à 13 plates bandes et 6,0% ont 14 et plus des plates bandes. De l'autre côté, ceux qui cultivent les feuilles de patate douce, 3% ont 1 à 3 plates bandes ; 2% ont 4 à 5 plates bandes ; 8% ont 6 à 9 plates bandes ; 35% ont 10 à 13 plates bandes et 52% ont 14 et plus des plates bandes. Par ailleurs, 100% des maraîchers qui cultivent le ciboule ont 1 à 3 plates bandes ; 100% des maraîchers cultivant le feuille de manioc ont 1 à 3 plates bandes ; 100% des maraîchers cultivant l'aubergine ont 1 à 3 plates bandes ; 100% des maraîchers cultivant la tomate ont 1 à 3 plates bandes ; 100% des maraîchers cultivant le gombo ont 1 à 3 plates bandes et 100% des maraîchers cultivant d'autres légumes (oseille et Pointe-Noire) ont 1 à 3 plates bandes.

Les maraîchers de Lukunga préfèrent cultiver les amarantes et les feuilles de patate douce parce qu'ils sont plus rentables et ont une croissance rapide par rapport à d'autres légumes.

Les enquêtes indiquent que la majorité des maraîchers pratique l'agriculture pendant toute l'année et considère cette activité comme un plein emploi ou encore comme principale source de revenu.

La plupart des maraîchers exploite entièrement leurs terres agricoles et la main d'oeuvre familiale est non rémunérée. Près des 75% des maraîchers vendent leurs produits agricoles auprès des grossistes pour éviter les multiples cas d'escroqueries et les multiples taxes de la part des agents communaux.

La fluctuation de vente des produits agricoles se fait en fonction des saisons. Durant la saison sèche, la production atteint le maximum et le minimum s'observe durant la saison de pluie en raison d'inondation fréquente au sein du site maraîcher. Pour leur production, plusieurs mécanismes d'arrosage sont employés en fonction de leur accessibilité. L'eau du rivière Lukunga est la plus utilisée. C'est ainsi que les résultats d'enquête on montré que 46% des maraîchers utilisent l'eau de la rivière Lukunga pour arroser et 25% des maraîchers utilisent l'eau de canal.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault