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Enjeux économique des accord de partenariat ACP/UE pour Haiti

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par Dymck PETIT HOMME
Institut d'études européennes Paris VIII - Master pro études européennes et internationales option enjeux et dynamique de l'intégration européenne 2008
  

Disponible en mode multipage

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INSTITUT D'ETUDES EUROPEENNES

MASTER PROFESSIONNEL ETUDES EUROPEENNES ET INTERNATIONALES 

OPTION : ENJEUX ET DYNAMIQUE DE L'INTEGRATION EUROPEENNE

SPECIALITE : CONSTRUCTION EUROPEENNE

ENJEUX ECONOMIQUE DES ACCORD DE PARTENARIAT

ECONOMIQUES (APE) POUR HAITI

Soutenu par : PETIT HOMME Dymck

Sous la direction de M. le Professeur : Gilles RAVEAUD

SOMMAIRE

Introduction................................................................................................ 2

Problématique de travail................................................................................ 4

Objectif de la recherche.................................................................................. 5

I. Libre échange et matières premières............................................................... 6

I.1- La doctrine du libre-échange................ ...................................................... 7

I.2- Les matières premières dans le commerce conventionnel ou international................... 8

II. Le partenariat économique entre l'Union Européenne et les pays ACP................. 10

II.1- Historique............................................................................................ 14

II.2- Bilan et remise en cause des accords précédents .............................................. 16

III. La généralisation du libre échange............................................................. 18

III.1- La critique de l'Organisation Mondiale du Commerce face aux accords commerciaux entre l'Union Européenne et les Etats ACP........................................................... 19

III.2- L'accord de Cotonou............................................................................. 21

III.3- Les accords de partenariat économique......................................................... 24

IV. Haïti et les accords de partenariat économique.............................................. 26

IV.1- La situation économique et industrielle d'Haïti............................................... 27

IV.2- La libéralisation agricole en Haïti.............................................................. 28

IV.3- Haïti doit-elle signer les accords de partenariat économique ?............................. 29

V. Analyse des APE à travers le Positionnement de la PAPDA et d'OXFAM............. 31

V.1- Les APE : quelles solutions pour Haïti ?........................................................ 33

V.2- Le commerce équitable et ses limites face au commerce conventionnel.................... 35

V.3- Quel partenariat économique entre l'Union Européenne et les Etats ACP ?............... 38

Conclusion et perspectives............................................................................. 39

Orientations bibliographiques........................................................................... 41

INTRODUCTION

Dans un Rapport rédigé par l'organe d'examens des politiques commerciales de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) daté du 7 octobre 2003 on peut lire ceci : « Les réformes entreprises par Haïti dès 1986 font aujourd'hui de son économie l'une des plus libérales d'Amérique Latine et de la Caraïbe. Ces réformes ont créé un environnement qui aurait permis à Haïti d'améliorer ses performances économiques. Son PIB réel a crû au taux annuel moyen d'environ 2,5 pour cent entre 1995 et 2000, après s'être contracté de près de 20 pour cent entre 1991 et 1994... Depuis 2001, son économie est à nouveau en récession. Une importante partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint près de 60 pour cent. » Aujourd'hui encore, tout comme en 2001, l'économie haïtienne ne connaît pas une évolution considérable. Le pays connaît une croissance encore très faible, soit 2,5 pour cent. L'observation de l'OMC en 2003 est encore pertinente et valable pour aujourd'hui. Mais curieusement l'Union européenne a jugé bon que les pays ACP, dont Haïti, libéralisent leur marché encore plus, afin de se conformer aux normes de l'OMC. L'Union européenne a proposé un partenariat économique qui, semble-t-il, n'a pas tenu compte du rapport rédigé par l'OMC en 2003 à propos d'Haïti.

Dans les pages qui vont suivre, vous trouverez une réflexion repartie principalement en six points afin d'éclairer notre problématique et nos analyses sur les accords de partenariat économique signés entre les Etats de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique d'une part, et l'Union Européenne d'autre part.

Aujourd'hui, on ne peut pas parler du commerce international - qui suit la trace du libre échange par sa volonté de déréglementation -, sans parler du commerce équitable, qui se veut une alternative au commerce international ou du moins une réponse au libéralisme commercial. En abordant la question du commerce international, nous nous sommes demandé aussi de quoi il s'agit dans ce commerce. C'est-à-dire des matières premières, qui constituent une source de revenu essentielle pour les pays en développement.

Dans le deuxième point de notre recherche nous avons mis l'accent sur l'histoire de la coopération commerciale entre l'Union européenne et les Etats ACP, tout en nous efforçant de présenter un bilan de cette coopération.

Le libre-échange n'a pas cessé de faire des victimes chez les petits producteurs des pays en développement encore moins armés pour affronter la concurrence des grandes firmes internationales et des producteurs subventionnés des pays industrialisés. Ainsi, la troisième partie de notre travail est consacrée à la généralisation du libre échange, et aux exigences de mise en conformité avec les règles de l'OMC. Nous en avons profité aussi pour faire ressortir les points essentiels des accords de Cotonou et des accords de partenariat économique.

Comme dans tous les pays ACP, les accords de partenariat économique (APE) ne sont pas les bienvenus. Ils sont contestés et font l'objet de grands débats publics impliquant la société civile et les organisations non gouvernementales. En Haïti, la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement (PAPDA) a mis sur pied un mouvement anti-APE à travers la « coalition Barré APE » regroupant une dizaine d'organisations haïtiennes hostiles à la signature des APE.

Enfin, les trois derniers points de notre travail mettront l'accent sur le comportement d'Haïti face aux APE. Nous nous demanderons si le pays a intérêt à signer les APE qui ne sont rien d'autre qu'un accord de libéralisation des commerces et des services. La fin du travail sera consacrée à une alternative haïtienne face aux accords de partenariat économique.

PROBLEMATIQUE DE TRAVAIL

Les Européens importent, par exemple, des produits électroniques de Corée, des vêtements de Chine, du boeuf d'Argentine et du vin des Etats-Unis. Des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays dits ACP), ils importent principalement du pétrole, des minéraux et d'autres produits de base de faible valeur. Certains de ces produits, comme la banane et le sucre, ne sont attrayants pour les acheteurs européens que dans la mesure où ils font l'objet de droits de douanes inférieurs à ceux appliqués à d'autres fournisseurs plus compétitifs. En effet, les relations commerciales entre les pays ACP et l'UE au cours de ces trois dernières décennies ne prennent sens qu'en rapport avec les résultats des préférences commerciales. Les pays ACP les moins avancés bénéficient des préférences commerciales les plus étendues avec l'initiative dite « Tout sauf les armes » (TSA). Cette initiative a été adoptée par le conseil des affaires générales de l'UE le 26 février 2001. Elle consiste à libéraliser l'ensemble des importations de produits en provenance des pays moins avancés (PMA), à l'exception des armes et des munitions. Cette initiative donne aux PMA le libre accès au marché européen sans droits de douanes ni contingentements. Les préférences commerciales accordées aux pays ACP ont sans doute stabilisé des économies comme celles des Caraïbes en période de baisse des prix mondiaux des produits de base. Mais elles n'ont pas favorisé la production dans les pays ACP, ni les exportations et la diversification de la production. Même l'initiative TSA n'a pas été suffisante pour renforcer la production dans les pays ACP classés PMA. Paradoxalement, d'autres pays émergents bénéficiant de moins de préférences ont connu une croissance rapide, tandis que les économies des pays ACP ont stagné.

Les APE en cours de négociation seraient-ils une réponse à la stagnation économique et aux difficultés des producteurs des pays ACP ? Dans les accords qui ont précédés les APE, les pays ACP avaient accès aux marchés européens, sans être tenus d'ouvrir leur marché aux produits européens. Il est un fait que les pays ACP sont incapables de concurrencer les producteurs européens bénéficiant de lourdes subventions à travers la politique agricole commune, et d'une technologie de pointe.

En quoi la libéralisation des marchés des pays ACP est-elle une réponse efficace à la stagnation économique, à l'augmentation et la diversification de la production des pays ACP, ainsi qu'à l'intégration régionale ?

OBJECTIF DE LA RECHERCHE

Notre objectif est de chercher à faire ressortir les avantages et les risques encourus par les Etats CAP par la signature des APE. Nous focaliserons notre travail sur Haïti et plus précisément le secteur agricole, en présentant les faiblesses de ce secteur et ses difficultés actuelles suite à la libéralisation de son marché, qui a conduit à ses dépendances en matière de produits alimentaires. Nous avons utilisé pour nos travaux documentaires les données et analyses de l'Union européenne, des organisations non gouvernementales, et des sociétés des Etats ACP et de l'Union Européenne. Nous avons également réalisé deux entretiens avec des personnes travaillant dans des organisations non gouvernementales militant contre la signature des accords de partenariat économique.

I. Libre-échange et matières premières

Hervé Kempf, dans un livre intitulé Comment les riches détruisent la planète1(*), a soutenu en 2007 que « la mise en concurrence sur le marché mondial d'agriculteurs du nord - suréquipés et pouvant produire à bas coût près de cent tonnes de céréales par actif et par an - et d'agriculteurs dénués de moyens suffisants et produisant moins d'une tonne aboutit à l'appauvrissement, à la faillite et à l'exode de ceux-ci. » L'agronome Marc Dufumier, cité par Hervé Kemp, affirme que « ce que certains appellent le libre-échange n'est rien d'autre que la mise en concurrence d'agriculteurs dont les conditions de productivité sont extrêmement inégales ».

L'agriculture est le secteur le plus important dans les pays ACP. En Haïti, ce secteur emploie plus de 46 % de la population. Le pays a un potentiel de production considérable, avec un tiers de son territoire couvert de plaines arables. En Haïti on cultive principalement du  maïs, du millet, des haricots, du riz, des mangues et surtout un café d'une qualité supérieure. Haïti est l'un des premiers producteurs de mangues des Caraïbes et de l'Amérique centrale. Le pays cultive aussi le cacao et les huiles essentielles. Les mangues dénommées « franciques » sont une variété unique ; c'est le produit vedette de l'exportation haïtienne. Ces produits s'exportent surtout aux Etats-Unis au Canada. Les mangues franciques sont très appréciées pour leur goût, leur texture et leur arôme.

Haïti connaît un climat varié qui rend possible le développement des cultures comme par exemples des légumes hors saison pour les marchés tempérés : concombres, laitues, courgettes, tomates, haricots, carottes, choux, artichauts, etc. Le climat tempéré de ses nombreuses montagnes, qui couvrent près de deux tiers de son territoire, favorise la culture d'une variété de fleurs ornementales.

Il va sans dire que les matières premières sont une source de revenus très importante pour les pays en voie de développement : « En côte d'Ivoire, comme tous les ans... le mois de septembre 2002 venait de marquer le coup d'envoi de la récolte de cacao, principale ressource du pays2(*). » Même si les matières premières restent les principales ressources de ces pays, les prix sont définis par les cours mondiaux et lorsque les prix sont trop bas, les agriculteurs ne peuvent plus vivre de leur travail. Ainsi certains producteurs ont eu recours au commerce équitable en vendant leur produit à un prix fixé à l'avance, et qui se veut équitable.

I.1- La doctrine du libre-échange

Le libre échange peut être défini comme un système de commerce international qui repose sur l'absence de barrières douanières et non douanières à la circulation des biens et des services. Dans la théorie du libre échange, la libéralisation du commerce entre deux régions est facteur de croissance, puisque la baisse des tarifs douaniers donne accès à chacun à un plus large marché. Elle permet également de re-localiser les productions en fonction des avantages comparatifs de chaque pays, de réaliser des économies d'échelle, d'être plus compétitifs et d'attirer les investisseurs.

Cependant, ces dernières années cette théorie a fait l'objet d'une remise en cause des gains liés à la libéralisation, y compris par la Banque mondiale. Selon M. Chekitan Servansing, coordonnateur du groupe ACP à Genève, « La logique en vertu de laquelle l'accès aux marchés favoriserait le développement a vécu (poussée par la Banque mondiale et le FMI depuis des décennies). La libéralisation n'est pas la clé. Certains pays l'ont fait : la situation s'est aggravée. Les ouvertures doivent être graduées. Il faut des périodes de transition les plus longues possibles et préserver des zones de protection »3(*). Le coordonnateur rajoute qu'on ne libéralise « quand on se sent fort et capable ».

L'affirmation selon laquelle le libre échange serait nécessaire à la croissance mondiale s'appuie sur l'observation de l'évolution du commerce mondial qui était évalué à 30% du PIB mondial dans les années 1970 et est passé à plus de 50% dans les années 1990. Joseph E. Stiglitz4(*) nous dit : « Ce qui fonde cette attitude, c'est la foi dans la liberté totale des marchés, idée souvent attribuée à Adam Smith, père de la science économique moderne ». En effet, l'idée développée par Adam Smith dans La richesse des nations en 1776 est que le marché mène à l'efficacité économique comme si une main invisible le guidait. La doctrine du libre échange basée sur l'élimination des barrières commerciales et l'absence de l'Etat dans le système économique n'est pas une solution à la problématique de la pauvreté et au marasme économique que connaissent les pays en développement.

I.2- Les matières premières dans le commerce conventionnel ou international

L'organisation non gouvernementale OXFAM dans un rapport publié en 20025(*), a remarqué que « Le commerce international est un véritable paradoxe. D'un côté, il représente en effet l'une des forces les plus puissantes qui régissent nos vies, une source sans précédent de croissance des richesses. De l'autre, ce sont des millions de personnes parmi les plus pauvres du monde qui sont laissés pour compte. » Il faut souligner que parmi ces personnes, nombre d'entre elles sont des agriculteurs, des producteurs de matières premières.

On peut en effet penser que le commerce des matières premières est aujourd'hui livré à un libéralisme excessif. Les conséquences se font surtout sentir chez des millions de paysans du Sud ruinés par les pratiques commerciales libérales. Ainsi, pour la CNUCED6(*), « à lui seul, le café représente 60% à 80% des revenus de l'exportation des revenus de l'exportation des revenus de l'Ethiopie et du Burundi. Le coton à lui seul représente la moitié des revenus d'exportation du Burkina Faso et le cacao près d'un quart de ceux de Ghana. Les matières premières représentent plus de la moitié des revenus à l'exportation de trente sept des pays classés par le fonds monétaire international et la banque mondiale comme pays pauvres très endettés (PPTE). Pour quinze pays de ce groupe, les matières premières représentent plus de 90% de leurs revenus d'exportation. Les pays très endettés produisent plus de la moitié du cacao mondial et plus d'un quart du café mondial. » Selon les Nations Unies, plus d'un milliard d'individus dans le monde dépendent de la production de matières premières pour subvenir à leurs besoins. La plupart sont de petits exploitants agricoles.

Les producteurs de matières premières sont confrontés à de multiples problèmes lorsque leur produit pénètre les marchés mondiaux. Tout d'abord, ils font face à une surcapacité structurelle. Car dans de nombreux marchés, la production croit plus rapidement que la demande, ce qui implique des stocks importants et une baisse des prix. De plus les producteurs ne reçoivent qu'une petite part de la valeur finale de leur production, car les matières premières, tout au long du parcours qui les mène de la ferme aux rayons des supermarchés, passent à travers les exportations, les transformations et les systèmes de vente au détail.

II. Le partenariat économique entre l'Union européenne et les pays ACP

La coopération entre l'UE et les pays ACP a débuté à la fin des années soixante. Ce sont pour la plupart des pays liés à l'Europe par la colonisation. En effet, dès la naissance du Marché commun en 1957, les anciennes colonies de la France, de la Belgique et de la Grande Bretagne ont été au coeur de la politique de coopération menée par la Communauté européenne. En accédant à l'indépendance, ces territoires ont négocié sur des bases contractuelles leurs relations avec la Communauté européenne. Ainsi, le Traité de Rome instituait un régime d'association des pays et territoires d'outre-mer pour conserver les relations particulières entre l'Europe naissante et ses anciennes colonies.

La politique communautaire de coopération entre l'UE et les pays ACP a longtemps été considérée comme un modèle de partenariat entre le Nord et le Sud. Mise en place par les Conventions de Yaoundé (1963 et 1969) et de Lomé (1975, 1979, 1984 et 1989, révisée en 1995), elle créait un cadre institutionnel permanent et paritaire accompagné par des mécanismes d'échanges spécifiques. Mais cette coopération ne s'est pas révélée bénéfique pour certains pays ACP. Ceci s'explique par un manque d'investissements, une faible capacité productive liée au manque de maîtrise des techniques de production, etc.

Dans le contexte actuel de développement, la libéralisation semble être incontournable pour garantir la croissance économique. Dans le rapport mondial sur le développement humain établi par le Programme des Nations Unies pour le Développement en 1999, on a analysé les conséquences de la mondialisation. Pour le PNUD, « elle représente plus que des mouvements de capitaux ou de marchandises. C'est l'interdépendance croissante des habitants du monde. C'est un processus qui ne concerne pas uniquement l'économie, mais aussi la culture, la technologie et la «gouvernance». Pour le PNUD, la mondialisation est porteuse de nouvelles opportunités pour des millions de personnes dans le monde et elle alimente le progrès de l'humanité... »

Le premier partenariat entre l'UE et les Etats ACP est la convention de Yaoundé qui suivra la convention de Lomé. La convention de Lomé a permis aux pays de la zone ACP de bénéficier d'un accès préférentiel unilatéral aux marchés de l'Union européenne. Bien que les pays ACP figurent parmi les membres les plus vulnérables du système commercial international, les conventions successives n'en violaient pas moins les règles du GATT en établissant une forme de discrimination à l'import entre les pays en développement. De ce fait, une mise en conformité était par conséquent inévitable. L'accord de Cotonou datant de 2000 a ouvert la voie vers un nouveau régime commercial fondé sur des préférences réciproques. Sur cette base, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) avait accordé en 2001 à l'Union européenne une dérogation permettant de prolonger le régime de préférences unilatérales jusqu'en 2007.

En vertu de l'accord de Cotonou, des accords intérimaires de partenariat économique établis entre les pays de l'UE et les Etats ACP au premier janvier 2008 doivent mettre la politique européenne en conformité avec les règles multilatérales de l'OMC, et plus particulièrement l'article XXIV de l'accord général sur le tarif douanier et le commerce (GATT) signé en octobre 1947 à Genève par 23 pays.

Ces accords répondent à la critique concernant l'accès au marché des biens et services, et ils devront être élargis dans le courant de l'année 2008 aux autres domaines non couverts. Au cours de l'année 2007, sept « Accords Intermédiaires » ont été négociés, ainsi que l'APE Caraïbes. Tous ont conduit à la mise en place, entre l'UE et divers pays ACP, de zones de libre échange compatibles avec les exigences de l'article XXIV du GATT, et, dans le cas de l'APE Caraïbes, à un accord sur les services conforme à l'article V du GATT. Au total, 35 pays ACP ont conclu les négociations avec l'Union européenne, parmi lesquels 9 Pays Moins Avancés (PMA). Parmi les pays ACP restants, 32 sont des PMA qui bénéficient donc d'exonérations de droits et de quotas pour l'accès au marché européen, dans le cadre de l'arrangement préférentiel « Tout Sauf les Armes », tandis que 10 autres pays sont non PMA.

Sept pays sont des îles du Pacifique avec des échanges limités vers l'Europe, et les trois restants sont des pays africains qui ont refusé de négocier des Accords Intermédiaires. Les négociations se sont poursuivies en 2008 avec comme objectif la signature d'APE régionaux couvrant la totalité du commerce des biens et services, ainsi que certains sujets liés au commerce, afin de remplacer les Accords Intermédiaires.

Dans le cadre des négociations démarrées en septembre 2002, les pays ACP ont été répartis en six groupes régionaux fondés sur les institutions régionales en place : Afrique de l'Ouest, Afrique Centrale, Afrique Australe et Orientale, Communauté de Développement de l'Afrique du Sud, Caraïbes et Pacifique.

Les APE soulèvent plusieurs inquiétudes dans les pays de la zone ACP. Tout d'abord, les pays ACP craignent de voir leurs producteurs mis en difficulté par la concurrence accrue qu'implique l'ouverture de leurs marchés aux produits européens, en vertu de la clause de réciprocité. La baisse des droits de douane devrait également entraîner une perte significative de recettes budgétaires, ce qui constitue un deuxième sujet d'inquiétude pour la continuité de leurs politiques publiques. Troisièmement, les pays se sont plaints de ce que le calendrier de négociation est extrêmement serré face au nombre de points techniques qui doivent être précisément définis. Par exemple, quels doivent être le périmètre et l'ampleur de la libéralisation ? Quels produits doivent être classés « sensibles » pour chaque région ACP et, de sorte, être exclus de la libéralisation ? Comment l'intégration au sein de chacune des régions doit-elle se faire ?

Il est primordial de garder à l'esprit la profonde asymétrie entre les deux partenaires commerciaux. Les pays de la zone ACP sont très dépendants des marchés européens, principalement pour des raisons historiques. En revanche, pour l'Union européenne, le commerce avec la zone ACP constitue un enjeu économique beaucoup plus modeste, et compte pour une part infirme des flux échangés avec de fortes disparités.

Les pays ACP sont pour la plupart spécialisés dans un petit nombre de produits clés. Cette forte concentration provient principalement de l'abondance de certaines ressources naturelles dans de nombreux pays d'Afrique (pétrole, or, diamant, uranium et éléments radioactifs). Elle s'explique également par la forte dépendance à quelques produits primaires agricoles, tels que le coton ou le café. Une telle concentration rend ces pays particulièrement sensibles à la volatilité des prix sur ces marchés. En ce qui concerne les niveaux de protection, les pays de la zone ACP appliquent des droits de douanes hétérogènes aux exportations de l'Union.

Dans les relations commerciales entre l'UE et les pays ACP, certaines règles de l'OMC n'ont pas été respectées. Pendant plus de 30 ans, l'Union européenne a accordé aux pays ACP le système de préférences commerciales asymétrique et non réciproque le plus avantageux octroyé à des pays tiers, pour encourager le développement des secteurs productifs à l'abri de la concurrence internationale, concurrence que ces secteurs ne pouvaient raisonnablement pas soutenir. Force a été de constater que ce modèle n'a pas apporté les résultats escomptés. Les pays ACP n'en sont pas sortis bénéficiaires. Depuis trente ans, les Etats ACP continuent à produire et exporter principalement des matières premières, sans véritable incitation à la diversification ou à la transformation. En effet, ce privilège accordé aux pays ACP dans le cadre des accords de Lomé et de Cotonou discrimine certains pays comme ceux de l'Amérique latine. L'OMC a exigé le démantèlement de ces relations préférentielles, ou alors leur remplacement par des agréments commerciaux fondés sur la réciprocité. Selon l'OMC, c'est le seul moyen de régulariser le mode de traitement commercial réservé aux Etats ACP.

Au stade actuel, beaucoup d'Etats ACP ont déjà signé l'APE, mais toutes les préoccupations et les questions n'ont pas été abordées de manière appropriée. Ces pays déplorent le caractère extrêmement serré de l'échéance, compte tenu du nombre de modalités qui doivent encore faire l'objet de précisions, comme par exemple l'étendue et le rythme de la libéralisation ; le choix des produits sensibles à exclure de la libéralisation ; l'articulation de cette nouvelle politique avec l'intégration régionale ; les politiques d'accompagnement ; etc.

Dans cet ordre d'idée quels sont les enjeux économiques et politiques de ces accords ? Comment des pays économiquement vulnérables, avec des systèmes de production archaïques peuvent-ils faire face au libéralisme économique ? Quels seront les vrais bénéficiaires de ces accords ? Comment les dirigeants des pays ACP peuvent-ils jouer ce jeu de manière à ne pas être des grands perdants ?

II.1- Historique

La convention de Yaoundé signé le 20 juillet 1963 a été la première forme de coopération économique établie entre la communauté économique européenne - celle qui sera plus tard l'Union Européenne - qui comprend alors six membres, et les pays ACP et Madagascar. La convention de Yaoundé sera renouvelée en 1963, et sera suivie par la signature de l'accord de Lomé I et ses différentes modifications. Les accords de Lomé marquent un changement significatif des relations entre les pays européens et les pays de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Ces anciennes colonies françaises et belges sont devenues de nouveaux Etats indépendants. L'enjeu pour l'Europe à cette époque est d'éviter que ces pays ne tombent dans le giron de l'URSS. Par la signature de cet accord, le passé colonial sera réinterprété, et on parlera de « liens historiques » pour expliquer cette relation particulière qui fait passer ces Etats du statut de colonies à celui de partenaires. La convention de Yaoundé reprend à son compte le Fonds européen de développement, dont le premier a été institué dès 1958 pour financer les projets d'infrastructures dans les pays et territoires d'Outre-mer des Etats membres, alors que ceux-ci n'avaient pas acquis leur indépendance. La convention de Yaoundé va aussi prendre appui sur des institutions conjointes au niveau ministériel et parlementaire. Cette innovation majeure dans les relations Nord/Sud reste un des traits caractéristiques des relations entre l'Union européenne et les pays ACP.

Sur le plan commercial, la coopération permet aux produits tropicaux ACP de conserver un débouché européen, à de meilleures conditions de prix que celles offertes sur le marché mondial. C'est ici le début des préférences commerciales qui accordent un meilleur accès au marché européen pour les produits de base des nouveaux pays indépendants. Elle permet aussi aux anciennes métropoles coloniales de sécuriser leur approvisionnement et aux exportateurs spécialisés de s'affranchir des fluctuations des prix sur les marchés mondiaux. Mais dans bien des cas les entreprises d'exportations sont à capitaux ou sous management européens, français pour l'essentiel.

Suite à l'adhésion de la Grande Bretagne à la CEE en 1973, un nouvel accord prendra naissance plus tard au Togo. Il sera signé le 28 février 1975 à Lomé (Togo) entre les neuf pays de la communauté économique européenne (CEE) et les Etats ACP plus Madagascar, et entrera en vigueur en 1976. C'est un accord de coopération commerciale qui suivra tout un parcours avant d'être remplacé par les accords de Cotonou en 2000. Il englobe certains pays du Commonwealth qui sont des anciennes colonies du Royaume Uni. Il sera renouvelé à plusieurs reprises : en 1979, en 1984 et en 1990.

Après son indépendance en 1960, le Togo a mené une politique internationale active et ouverte. Le choix de la capitale du Togo pour la signature de cet accord n'est pas anodin. C'est le plus petit et le plus pauvre pays d'Afrique de l'Ouest à l'époque, tout juste sorti d'une guerre. La signature de l'accord à Lomé est le signe de la volonté de réconciliation et de recherche de paix des dirigeants togolais. La coopération entre les pays de la CEE et de l'ACP à Lomé a aussi pour objectif l'instauration d'un nouvel ordre économique, et l'adaptation des pays ACP à l'approche économique de la banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD).

Deux innovations majeures figurent dans la dimension commerciale de cet accord : l'abandon de la réciprocité de la préférence commerciale et la création d'un fonds de stabilisation des recettes d'exportations. Désormais, les pays ACP ne seront pas tenus d'ouvrir leurs marchés aux exportations européennes. Ce qui concrétise le principe dit de « l'inégalité compensatrice ». Le système de stabilisation des prix est mis en place pour 48 produits agricoles de base, ce qui compense le déficit des produits à l'exportation supporté par tous les pays ACP. Ce système du nom de Stabex7(*) est mis en place par le fonds européen de développement (FED). Il a notamment pour objectif de limiter les effets de la fluctuation des prix. Le Stabex fonctionne comme une assurance garantissant un minimum de recettes aux pays bénéficiaires, si le produit représente une part importante des recettes d'exportation, et si la chute des recettes est significative.

II.2- Bilan et remise en cause des accords précédents

L'UE entretient une relation commerciale ancienne avec les Etats ACP. De la convention Yaoundé aux accords de Cotonou, les pays ACP ont jouit de privilèges qu'ils n'ont pas pu exploiter de manière efficace. Cette incapacité à exploiter ces privilèges est justifiée par la faiblesse technique et scientifique de ces pays. Il faut aussi ajouter à cela le marasme économique dans lequel se trouvent ces pays.

Durant plus de 25 ans, les conventions de Lomé ont défini les relations d'aide au développement et au commerce entre l'UE et les Etats ACP. Certains pays ont su tirer profit des opportunités offerts par les préférences commerciales, mais la majeure partie des pays ACP ont été marginalisés. La part des importations d'autres pays vers l'UE a décru du fait de la relation de solidarité qui n'a pas généré de stratégie offensive de commerce. Les exportations en provenance des pays ACP ne répondaient pas aux normes européennes de qualité, de quantité et de compétitivité. De plus, la Communauté européenne a commencé à accorder de plus en plus de préférences à d'autres régions en développement en gardant les préférences sous formes de quotas, pour des produits ACP sensibles comme les bananes, le sucre, le rhum, les produits de la pêche etc. Enfin et surtout, dans le contexte de mondialisation, le régime préférentiel devait être mis en conformité avec les règles de l'OMC.

L'article 37 de l'accord de Cotonou prévoit la négociation d'Accords de Partenariat Economique. Les accords de partenariat économique sont des accords de libre échange par lesquels chaque partie s'engage à supprimer les restrictions aux importations en provenance de l'autre partie. Les négociations ont commencé à Bruxelles le 27 septembre 2002. La première phase de la négociation, pour la région Caraïbes, a débuté le 16 avril 2004. Le calendrier prévoyait en décembre 2004 une réunion à la Jamaïque sur la question de l'accès au marché. La réunion a continué à Antigua en avril 2005 ; cette fois-ci, les discussions se sont portées sur les services et l'investissement. A l'heure actuelle, les négociations continuent et certains pays tardent à signer définitivement les APE.

III. La généralisation du libre échange

Si la crise actuelle est mondiale, c'est parce que le libre échange est général. Aujourd'hui si on peut dire que le libre échange n'est pas le principal responsable de la crise financière actuelle, il a quand même joué une part active. On peut dans ce cas penser que ce modèle économique est un échec. Les délocalisations affectent tous les pays sans exception. Des centaines de milliers d'emploi ont été détruits, des services publics démantelés, des garanties sociales anéanties et des Etats sont entrés en récession à cause du libéralisme. L'UE a été construite sur une base libérale mais partout dans le monde, des pays ou des groupes régionaux se défendent contre ce système de développement devenu dangereux surtout pour les pays en développement. Les pays ACP ne veulent pas de ce système offert par les accords de partenariat économique.

Ainsi que le remarque le parti socialiste français, deux points sont indiscutables : «  D'abord, historiquement, la croissance mondiale a été plus forte dans les périodes d'échanges équilibrés (1880-1914 puis 1945-1988) que dans les périodes où le libre-échange a dominé. Force est de constater que ces périodes ont toujours correspondu à celles où les progrès sociaux ont été les plus importants. Enfin, un calcul honnête des différentes mesures impulsées par l'OMC ne montre aucun gain du libre échange. En réalité, seuls les pays qui conservent de fortes barrières protectrices explicites ou implicites profitent des déréglementations organisées par l'OMC. Ainsi, les grands perdants sont ceux qui jouent le jeu en respectant les règles, en l'occurrence les pays en développement. Le libre échange implique comme corollaire un affrontement économique acharné entre les pays, les entreprises et les populations. Protéger la croissance économique des uns et des autres, c'est faire le choix de la coopération. Il est nécessaire de mettre en place l'échange social et écologique et pas seulement l'échange commercial... » 8(*).

Benoit Hamon, porte parole du PS, a désigné le libéralisme comme l'une des cause des baisses de salaires en France : « Le libre-échange n'est pas étranger à la pression exercée à la baisse sur les salaires. C'est pourquoi le débat sur les restrictions au libre-échange, porté par Obama aux Etats-Unis, est plus actuel que jamais si la gauche entend favoriser les conditions d'une harmonisation vers le haut des normes sociales dans le cadre d'une coopération internationale. On le verra dans les prochains mois, lorsque des acteurs importants de l'industrie mondiale, par exemple dans le secteur automobile, connaîtront des difficultés considérables à cause des distorsions de concurrence. La `préférence communautaire' doit être au coeur de la politique industrielle de l'Europe, pas dans un but de protectionnisme étroit, mais pour faire payer aux producteurs `moins disant' le coût de leur `dumping social' »9(*).

III.1- La critique de l'Organisation Mondiale du Commerce face aux accords commerciaux entre l'Union européenne et les Etats ACP

Les APE portent sur un large éventail de sujets, mais ce qui justifie la signature de ces accords, ce sont les contradictions entre la coopération UE-ACP et les règles de l'OMC. Dans Le Monde diplomatique du mois de février 2005, Raoul Marc JENNAR, chercheur auprès d'Oxfam, a écrit que « L'Union a choisi d'imposer les règles de l'OMC aux pays ACP plutôt que de s'associer à eux pour les rendre plus équitables. Elle a choisi de faire perdre aux pays les moins avancés (PMA) de la zone ACP (40 sur 77) les dérogations que leur accordent les règles de l'OMC lorsqu'ils ne signent pas d'accords de libre-échange. Les préférences tarifaires non réciproques doivent disparaître. Elles ne sont en effet pas compatibles avec les règles de l'OMC qui imposent la réciprocité : les pays ACP doivent s'ouvrir aux produits européens de la même manière que le marché communautaire s'ouvre aux produits ACP. Le Stabex et le Sysmin sont supprimés. » 10(*)

L'UE propose de mettre en place une zone de libre échange entre les 27 pays de l'UE et chacune des six régions ACP qui porte le nom de partenariat économique. Mais certaines analyses montrent que ce sont des accords de libre échange. Raoul Marc JENNAR a soutenu en ce sens : « La Commission européenne manifeste de grands talents dans la maîtrise des subtilités sémantiques : pour désigner son objectif prioritaire de politique étrangère, elle ne parle plus de `zones de libre-échange', comme elle le faisait au moment de l'accord avec l'Afrique du Sud. Elle a imposé la formule, plus équivoque mais plus alléchante, de `partenariat économique' ».

Les discussions sur l'accès au marché constituent un blocage majeur des négociations. En pratique, l'UE supprimerait toutes les barrières restantes sur les produits en provenance des pays ACP dès 2008. D'une manière réciproque mais asymétrique, les pays ACP devront ouvrir leurs frontières aux produits européens. L'asymétrie serait double : les pays ACP pourraient maintenir leurs droits de douanes sur un sous-ensemble de produits (clause relative aux produits sensibles) représentant jusqu'à 20% de leurs importations en provenance de l'Europe et bénéficieraient d'un plus long délai (jusqu'à 20 ans) pour mettre en oeuvre l'accord. Pour renforcer l'intégration régionale, les six groupes des pays ACP11(*) devraient mettre en place des zones de libre échange ou des unions douanières sous-régionales, basées sur des institutions internationales déjà en place.

Les Etats ACP figurent parmi les membres les plus vulnérables du système commercial international. Mais les préférences commerciales dont ils bénéficient au titre des accords précédents étaient une discrimination à l'import entre les pays en voie de développement. L'accord de Cotonou signé en 2000 a ouvert la voie vers un nouveau régime commercial fondé sur des préférences réciproques. Sur cette base l'OMC avait accordé en 2001 à l'UE une dérogation permettant de prolonger le régime de préférences unilatérales jusqu'au 1er janvier 2008. En vertu de l'accord de Cotonou, des accords intérimaires de Partenariat Economique établis entre les pays de l'UE et les pays ACP au premier janvier 2008 mettraient la coopération UE-ACP en conformité avec les règles multilatérales de l'OMC, et plus particulièrement avec l'article XXIV du GATT. Ainsi ils répondent à la critique concernant l'accès au marché des biens et services, et ils devront être élargis dans le courant de l'année 2008 aux autres domaines non couverts. Au cours de l'année 2007, sept accords intermédiaires ont été négociés ainsi que l'APE Caraïbes. Tous ont conduit à la mise en place, entre l'UE et divers pays ACP, des zones de libre échange compatibles avec les exigences de l'article V du GATT. Trente-cinq des pays ACP - pour la plupart des PMA - ont déjà conclu les négociations avec l'UE.

III.2- L'accord de Cotonou

En juin 2000, l'accord de Cotonou a remplacé celui de Lomé et ses différentes versions. Il sera signé entre les 27 et les 77 Etats ACP et le Madagascar. Cet accord établit un cadre de coopération particulièrement importante pour la politique européenne de développement.

L'accord de Cotonou associe la dimension politique, le commerce, le développement et la participation de la société civile. Il a aussi pour objectif la réduction de la pauvreté et à terme son éradication. L'accord de Cotonou a été signé dans un contexte nouveau. Désormais, le partenariat ne sera pas porté par les seuls gouvernements des Etats ACP. Il sera l'affaire de multiples acteurs de la société civile et du secteur privé. L'accord de Cotonou sera révisé cinq ans après sa signature, en 2005. Cet accord est le résultat d'une coopération basée sur trente ans d'expérience. Il vise à promouvoir le développement économique, social et culturel des pays ACP. Il doit contribuer aussi à la paix et à la sécurité, et à la promotion d'un environnement politique stable et démocratique. L'article 95 de l'accord de Cotonou prévoit une révision tous les cinq ans, à l'exception des dispositifs concernant la coopération économique et commerciale. Cet accord marque une nouvelle phase dans la coopération entre les pays ACP et l'UE. Il prévoit la fin des préférences commerciales. Raoul Marc JENNAR12(*) s'exprimant sur le sujet nous dit : « Cotonou traduit une évolution radicale : on passe du respect de la souveraineté au dogme de la croissance que favoriserait un marché `libéré' des obstacles à la concurrence. La primauté des règles internationales du commerce et de la finance est confirmée. Ainsi, l'article 36 impose la compatibilité de tout accord avec les dérégulations voulues par l'OMC ; l'article 41 impose la règle de la libéralisation des services dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) ; l'article 46, celle de l'application des dispositions sur les brevets contenues dans l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC) de l'OMC ; l'article 67, celle du respect des plans d'ajustement structurel du FMI... ».

La dimension politique de l'accord de Cotonou consiste à assurer une nouvelle flexibilité et à accorder plus de responsabilités aux Etats ACP. C'est un partenariat basé sur cinq piliers interdépendants qui prévoit :

· Le renforcement de la dimension politique des relations UE-ACP.

· La promotion des approches participatives, l'ouverture à la société civile, aux secteurs privés et aux acteurs non étatiques.

· Des stratégies de développement et une concentration sur l'objectif de la réduction de la pauvreté.

· L'établissement d'un nouveau cadre de coopération économique et commerciale.

· Une réforme de la coopération financière.

Toutefois, l'accord de Cotonou traduit des inégalités entre l'UE et les pays ACP. L'UE possède des ressources institutionnelles et économiques très supérieures aux Etats ACP, qui lui ont permis de peser beaucoup pour obtenir un accord à sa convenance. L'accord de Cotonou traduit une évolution radicale. On passe ainsi de la notion de développement durable à la croissance par la concurrence. Les règles de la finance et du commerce internationaux sont imposées aux pays ACP. L'article 41 de l'accord Cotonou prévoit l'obligation de mettre en oeuvre l'accord général sur le commerce et le service (AGCS). L'article 46 prévoit une obligation de mettre en oeuvre l'ADPIC13(*). L'article 67 prévoit un respect des plans d'ajustement structurel du FMI. Le vrai bilan du partenariat des pays ACP-UE est observable. La part des pays ACP dans les importations européennes est passée de 6,7% en 1976 à 3% en 199814(*). Le découpage arbitraire ou incertain des territoires ACP ne correspond pas nécessairement aux organisations régionales existantes dans les pays ACP.

Le 7 juillet 2001 à Bruxelles, lors de l'ouverture d'une conférence entre 140 organisations non gouvernementales en provenance de les tous pays ACP et de l'UE dans le cadre de l'accord de Cotonou, Nancy Kachingwe du Zimbabwe, s'exprimant au nom des 140 ONG présentes a déclaré : « Nous sommes profondément meurtris par la manière dont l'Etat a été affaibli par les politiques d'ajustement structurel. Notre intention n'a jamais été d'affaiblir l'Etat, mais plutôt de le renforcer en le rendant responsable et en demandant qu'il écoute et intègre les voix et les demandes des citoyens ordinaires. » Et elle rajoute : « il y a une tension parce que nous ne sommes pas d'accord avec les objectifs de l'Accord  visant à intégrer les pays en développement dans l'économie globale. Nous voyons cet objectif comme un moyen d'utiliser l'Accord de Cotonou, qui en principe est un cadre pour la coopération au développement, pour insérer un paradigme néo-libéral global qui est au plus haut point défavorable pour les pays ACP. »

III.3- Les accords de partenariat économique

La dérogation qui a été accordée pour la mise en conformité des APE avec les règles de l'OMC a pris fin le 31 décembre 2007. Au second sommet EU-Afrique qui s'est tenu à Lisbonne à la fin de l'année 2007, la question des APE a été vivement débattue. L'UE a été critiquée pour la méthode utilisée dans les négociations avec les pays africains. A la fin du sommet, la commission a finalement accepté de poursuivre les négociations jusqu'en 2008. Comme l'a souligné Séverine Rugumamu, professeur à l'Université Dar es Salam en Tanzanie, « du fait qu'elle possède des ressources institutionnelles et économiques intrinsèquement supérieures, l'Union européenne est en mesure de peser sur l'ordre du jour de la négociation et de définir les critères de coopération au sens où elle l'entend... » 15(*)

Les APE portent sur des sujets qui vont beaucoup plus loin que la demande de conformité aux règles de l'OMC. Ils ont l'ambition de renforcer la croissance des pays ACP, par une dimension commerciale particulièrement importante. Ils impliquent l'ouverture réciproque du marché des biens et des services des deux partenaires. Selon Raoul Marc JENNAR, « Pour parvenir à ses fins, l'Union européenne a imposé la division des pays ACP - trop enclins à faire bloc dans les négociations internationales - en zones avec lesquelles elle négociera séparément un accord de libre-échange baptisé `accord de partenariat économique régional' (APER), compatible avec les accords de l'OMC. L'Union financera des programmes dans trois secteurs : l'appui aux plans d'ajustement structurel, l'appui au dialogue social et l'intégration régionale au sein des zones créées pour les accords de partenariat ». Pour les pays ACP, les APE représentent un vrai danger pour leur économie encore fragile et vulnérable. Le président guyanais a demandé de ne pas signer les accords de partenariat économique qui mettraient à mal les productions locales des pays ACP en les livrant à une concurrence déloyale avec les grands producteurs de l'UE. Mais pour l'Union ces accords sont nécessaires pour le développement économique et l'intégration régionale des pays ACP. Dans une brochure publiée par la Commission européenne sur les APE en mars 2006 on peut lire ceci : « Il ira au-delà des dispositions commerciales actuelles dont bénéficient les marchandises des Caraïbes exportées vers l'UE. Grâce à l'APE, l'Europe pourra aider les pays des Caraïbes à améliorer leur compétitivité, à diversifier leurs exportations et à mettre en place des marchés régionaux. Les deux parties auront leur rôle à jouer. Elles relèveront ainsi ensemble les défis de la mondialisation et du développement. »16(*)

Mais pour les Etats ACP, les APE sont des accords de libre échange qui viendront nuire aux efforts des pays en développement pour sortir de la dépendance alimentaire, pour améliorer la production nationale et le développement économique et régional.

IV. Haïti et les accords de partenariat économique

Haïti a initié les APE le 16 décembre 2007. Jusqu'à aujourd'hui, il n'a pas encore signé d'accords complets. Les dirigeants et les sociétés civiles du pays ont fait ressortir de multiples raisons pour ne signer les APE. Certains estiment que Haïti n'est pas encore en mesure d'éliminer ses droits de douanes, non seulement parce qu'il a le droit de douane le plus faible des Caraïbes, mais plus encore parce qu'Haïti n'est pas encore en mesure d'entrer dans une concurrence qui mettrait à mal sa production nationale. Dans un rapport sur le commerce en Haïti, l'OMC écrit que « Haïti a exécuté des réformes qui ont substantiellement libéralisé son économie et en ont fait l'une des plus ouvertes d'Amérique Latine et des Caraïbes. Toutefois, la mise en oeuvre de la composante structurelle des réformes demeure hésitante, ce qui affecte négativement la performance de l'économie, étant donné que la plupart des entreprises publiques en difficultés fournissent des services de base nécessaires à la production... » 17(*).

Dans un atelier organisé le 18 juillet 2007 en Haïti par des organisations haïtiennes militant contre la signature des APE, on peut lire sur le document final qu'en 2003 Haïti a importé de l'UE des produits pour un montant de 90 millions d'euros. 40% de ces importations sont constitués de produits alimentaires : des céréales pour 13% (avec une augmentation de 3,5 points en 2006), de l'alcool pour 10%, et 8% de produits laitiers. En refusant de signer les APE, Haïti ne veut plus continuer à détruire sa production nationale. Car en ouvrant son marché aux produits européens, Haïti perdra toutes recettes douanières et le budget de l'Etat haïtien en sera considérablement réduit. La production haïtienne, déjà en constante baisse, sera mise en concurrence avec de grandes firmes multinationales, de grandes compagnies agroalimentaires, la dépendance alimentaire s'aggravera et les maigres efforts d'industrialisation du pays seront anéantis.

IV.1- La situation économique et industrielle d'Haïti

Partageant l'île d'Hispaniola avec la République Dominicaine, la République d'Haïti occupe la partie occidentale de l'île avec une superficie de 27 700 km2 et une population d'environ 8,3 millions d'habitants. L'île a accueilli en 1492 ses premiers étrangers amenés par Christophe Colomb, qui a exterminé et réduit en esclavage la population autochtone. Elle devient le premier territoire américain colonisé par les Espagnols. Elle a été cédée en 1697 à la France, et est devenue dès la fin du XVIII siècle - par sa production de cacao, de sucre, de café et de coton -, l'une des plus riches colonies françaises.

L'économie de la République d'Haïti repose actuellement presque exclusivement sur l'agriculture. Ce secteur emploie à lui seul presque la moitié de la population active. Si la République d'Haïti est presque essentiellement agricole, l'agriculture qui y est pratiquée est une agriculture de subsistance répartie sur des parcelles de terre. Il faut noter que les méthodes de culture utilisées sont encore rudimentaires et archaïques. Ce qui fait que le pays est dans l'incapacité de nourrir ses habitants. Le pays est le plus gros importateur de produits alimentaires des Caraïbes.

En Haïti, le secteur industriel est encore à l'état embryonnaire. Les usines existantes se concentrent à Port au prince, la capitale du pays. Les années 1960 ont été dominées par l'implantation d'un nombre significatif d'industries de sous-traitance motivées sans nul doute par des avantages fiscaux - franchises douanières, exemptions fiscales, liberté de transférer librement des fonds etc. -, et une main d'oeuvre bon marché. Après avoir connu une croissance moyenne annuelle de 2, 3% au cours des années 1970, le PIB a baissé d'environ 2,4% par an au cours des années 1980. Suite à l'embargo imposé à Haïti par les Nations Unies en 1991 pour forcer le retour à l'ordre constitutionnel, le pays a vu sa situation économique se dégrader de manière considérable. Cette dégradation s'explique par la délocalisation d'importantes industries de sous-traitance, la dépréciation de la monnaie locale, le déficit public, l'inflation et le recul considérable du PIB. Les émeutes répétées au cours de l'année 2004 et au début de l'année 2005, ajoutées aux catastrophes naturelles (cyclones Ivan et Jeanne) ont eu des conséquences fâcheuses sur l'économie. Les dégâts causés aux secteurs publics et privés sont estimés, selon la Banque de la République d'Haïti (BRH), à 5,5% du PIB. En effet, ces événements malheureux ont réduit le taux de croissance du PIB, déjà faible de 0,5%, à un taux de croissance négatif de -3,8%. Il faut signaler que pour la même époque la population a connu un taux de croissance de 2,8%. Le secteur primaire a subi une diminution de 5,6% de valeur ajoutée contre une progression de 0,5% en 2003. Le secteur secondaire a enregistré une contraction de 1,47% dû aux manifestations répétées et aux dommages causés par l'insécurité. Le secteur tertiaire s'est contracté de 4,3%. Cette situation économique s'expliquerait aussi par l'insécurité qui a entraîné la réduction du taux de fréquentation des hôtels et restaurants.

IV.2- La libéralisation agricole en Haïti

Les institutions internationales de financement ne cessent de croire à l'efficacité de la libéralisation comme unique option pour les pays en développement. Mais force est de constater que nombreux sont les pays - confrontés aux exigences des institutions internationales de financement comme le FMI et la Banque Mondiale - qui ont libéralisé leur marché et sont toujours exposés aux problèmes économiques de plus en plus en graves. Mais se conformer aux règles des institutions internationales de financement est une condition sine qua non pour recevoir l'aide internationale, ainsi que le relève l'ONG Christian Aid : « Non seulement on encourage ces pays à libéraliser leurs échanges, mais cette mesure constituait en général une condition essentielle à l'octroi de l'aide... » 18(*).

C'est dans le cadre de l'accord signé entre Haïti, le FMI et la Banque Mondiale que la libéralisation du commerce a été mentionnée. La libéralisation des échanges en Haïti est un succès pour les institutions internationales, mais c'est un échec pour l'économie du pays qui s'est dégradée de manière considérable, et en particulier le secteur agricole haïtien qui a subi une baisse significative. Cette situation économique liée à la libéralisation provoque des pertes supportées principalement par la population rurale, dont 82% des personnes vivent dans la pauvreté. Selon Oxfam19(*) : « Dans les pays ACP plus de 30% de la population souffre de malnutrition, l'agriculture représente 30% du PIB et 70% des emplois. En comparaison, en France, le poids de l'activité agricole (y compris des industries agroalimentaires) représentait 3, 4% du PIB en 2004 ; et 3,8% de la population active totale... ».

IV.3- Haïti doit-elle signer les accords de partenariat économique ?

Le CARIFORUM est un forum qui regroupe 16 pays des Caraïbes. Et, sur les seize, seulement deux d'entre eux ont refusé de signer l'APE lors de la réunion des chefs d'Etat de la région des Caraïbes qui s'est tenue à Barbade le 10 septembre 2008. Ces deux pays, ce sont la République d'Haïti et la Guyane. Selon le Président de la Guyane, ces accords sont préjudiciables au processus d'intégration régionale et au renforcement des structures nationales de production et d'investissement. Les raisons pour lesquelles Haïti ne doit pas signer les APE sont nombreuses. Haïti doit privilégier la préférence nationale et ne pas ouvrir son marché aux produits européens. Si le pays décide de libéraliser son commerce, il doit protéger certains produits sensibles.

Pour la coalition haïtienne contre les APE, l'ouverture du marché prévue dans le cadre de la signature des APE est déloyale et désavantageuse pour les Etats ACP : « L'aide au développement n'a jamais impulsé un processus réel de développement dans les pays pauvres, il va sans dire que les APE viendraient compliquer la situation. Non seulement les pays ACP vont faire face à une libéralisation déloyale et très désavantageuse qui occasionnera des pertes énormes de ressources par la libéralisation de secteurs clés de leurs économies mais aussi par le fait que l'UE se montre très intransigeante, estimant que `l'aide' accordée dans le FED est déjà suffisante. Les prévisions du FED pour Haïti pour la période 2008-2013 s'estiment à 304,6 millions d'euros alors que les pertes par rapport à cette libéralisation d'échange pour la même période avoisineraient 500 à 600 millions d'euros, soit presque le double du FED pour Haïti. »20(*)

Selon la coalition haïtienne, le pays n'a aucune raison de signer les APE : « L'une des raisons pour lesquelles Haïti n'a aucune raison de signer les APE et qui n'est pas mentionnée dans les rapports officiels est que le pays est classé dans la catégorie PMA et de ce fait il a déjà un accès libre et non-réciproque sur le marché européen sur la base de l'initiative « Tout Sauf les Armes »; alors que les APE exigent un régime commercial réciproque. Cependant, nous croyons que le gouvernement haïtien ne peut en aucune façon considérer que le pays devra demeurer dans ce groupe en définissant des politiques publiques visant à émanciper le pays et qu'il joue son rôle proactif dans le processus d'intégration et d'échanges commerciaux tant au niveau régional qu'international. »21(*)

La signature des APE est un choix et non une nécessité. L'OMC a des règles spécifiques pour les accords entre pays développés et pays en développement. Pour le commerce des marchandises, les règles de l'OMC prévoient deux grandes options. Soit des préférences unilatérales ou des préférences réciproques. L'UE a insisté sur la dernière option, qui lui offre des opportunités commerciales considérables.

V.- Analyse des APE à travers le Positionnement de la PAPDA et d'OXFAM

Nous avons réalisé deux entretiens avec des responsables d'ONG. Le premier entretien a été réalisé avec un responsable de l'ONG Oxfam. Notre interviewer travaille à Oxfam depuis trois ans sur les relations entre les pays UE et les pays ACP, et plus particulièrement sur les APE. Nous avons aussi réalisé un entretien avec un responsable d'une ONG dénommée PAPDA22(*) qui milite contre la signature des APE en Haïti. Les données recueillies dans le cadre de ces collectes seront analysées de manière à faire ressortir les conséquences que les APE auront sur les pays ACP, et plus particulièrement sur Haïti, en particulier sur ses secteurs agricoles.

La Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA)

La PAPDA a été fondée en novembre 1995. Elle regroupe un ensemble d'organisations et collabore avec de nombreux réseaux d'organisations internationales. Les programmes de la PAPDA s'articulent autour de trois axes. Chaque axe englobe des enjeux particuliers structurés sous forme de plaidoyer. Le premier axe comprend un plaidoyer pour une intégration régionale alternative. Ici le principal enjeu est la lutte contre les accords de partenariat économique. Car pour la PAPDA ces accords nuiraient à un pays pauvre comme Haïti. Le deuxième axe autour duquel s'articulent les actions de la PAPDA est le plaidoyer pour la sécurité alimentaire en Haïti. Selon la PAPDA 60% de la population vit encore dans les campagnes. Ainsi tout laisse croire que la question agraire occupe une place importante dans la vie de cette population. Le troisième plaidoyer de la PAPDA met l'accent sur la démocratie participative. Haïti ayant connu un passé parsemé de violences et de troubles politiques, la démocratie participative est un enjeu incontournable pour le pays.

L'Organisation Non Gouvernementale OXFAM

Oxfam a été fondée en 1995 par un groupement d'organisations non gouvernementales indépendantes. Cette union avait pour objectif principal la convergence des forces sur la scène internationale afin de rendre plus efficace leurs actions visant à réduire la pauvreté et l'injustice. Le bureau central d'Oxfam se trouve en Grande Bretagne. Le nom « Oxfam » vient de « Oxford Committee For Relief Famine », une organisation fondée en Angleterre en 1942. Pendant la Seconde Guerre Mondiale cette organisation milita pour que des vivres soient envoyés, malgré le blocus naval des alliés, aux femmes et enfants qui mouraient de faim en Grèce. Oxfam mène des luttes dans divers domaines comme la lutte contre le changement climatique, la santé et l'éducation pour tous, la campagne sur l'agriculture, le commerce des armes, etc.

Après avoir exposé ses parcours et ses motivations, la personne rencontrée nous a dit qu'il travaille sur les APE depuis trois ans. Il a beaucoup de correspondance en Afrique. Il reçoit une centaine de courriels par jour sur les événements et les manifestations organisées contre les APE en Afrique. Il nous a fourni des documents : rapports de conférences, dossiers de presse, brochures etc. sur la problématique des APE. A la question de savoir quels sont les avantages que les pays ACP pourraient tirer en signant les APE, la personne interrogée nous dit: « Il y a en aucun, les Etats ACP n'ont aucun intérêt à signer les APE ». Il ajoute que les raisons évoquées pour justifier la signature des APE ne sont pas convaincantes. Il rejoint Raoul Marc JENNAR, selon qui « Il convient dès lors de soumettre à un examen critique les avantages invoqués par l'UE dont bénéficieraient les pays ACP suite à la création des accords de partenariat économique régionaux (APER) » 23(*).

L'UE soutient que les APE favoriseraient une intégration régionale. Toutefois, rien ne justifie que les APE favoriseront l'intégration régionale des Etats ACP. Pour Raoul Marc JENNAR, la libéralisation qui est en jeu dans ces accords contribuerait à affaiblir les efforts des pays ACP dans le domaine de l'industrie, de l'agroalimentaire, de l'agriculture etc. : « ...S'il est manifeste que les APER vont favoriser les exportations européennes vers les pays ACP, les produits européens n'étant plus soumis à des barrières tarifaires et étant plus compétitifs que les produits ACP équivalents, rien n'indique que les APER vont favoriser une augmentation des exportations des pays ACP vers le marché européen... » 24(*).

Pour la PAPDA, l'idée d'une liste nationale de produits à ne pas libéraliser est insuffisante pour protéger la production nationale. L'objectif de la détermination de la liste nationale de ces produits est d'éviter de mettre en péril certains pans de l'appareil productif et de permettre de bâtir une stratégie crédible de défense et de sauvegarde des intérêts vitaux des pays ACP. Le Gouvernement haïtien a fait part aux autres pays du CARIFORUM des anomalies qui existent au niveau de la région eu égard aux droits de douane. Haïti dispose du droit de douane moyen le plus bas des Caraïbes, soit 2,9%, alors que la moyenne pour toute la zone oscille entre 15 et 25%,. Haïti est donc le pays le plus libéral des Caraïbes ! Pourtant, les APE exigent toujours plus de libéralisation, ce qui contribuera forcément à déstructurer et à décapitaliser encore plus une économie déjà en proie à de graves difficultés.

V.1- Les APE : quelles solutions pour Haïti ?

La majorité des pays ACP contestent les accords de partenariat économique. Les APE sont souvent critiqués pour leur caractère libéral et nuisible au développement des pays ACP. Lors d'une réunion informelle le 21 et 22 septembre 2007 consacrée à des questions essentielles du partenariat entre l'UE et les Etats ACP, les ministres de l'UE responsables du développement et du commerce ont été invités à faire un rapport sur l'état d'avancement de la négociation. Devant le conseil de développement de Funchal, le Commissaire au commerce, M. Peter Mandelson, a dressé un sombre bilan des négociations des APE avec les régions ACP. Selon lui, « Les difficultés rencontrées avec la majorité d'entre elles, effarouchées par la libéralisation des échanges, sont énormes - l'Afrique occidentale et l'Afrique orientale étant les plus en retard, les Caraïbes et le Pacifique les plus avancées, l'Afrique australe, soudainement en panne - aucune d'entre elles n'ayant encore soumis à l'UE d'offre d'ouverture de son marché aux produits de l'UE. Le Commissaire a rappelé qu'en l'absence d'APE, aucun des 36 pays ACP les plus développés ne pourra espérer compter sur autre chose que le système de préférences généralisées, accessible à tous les pays en développement et nettement moins avantageux que l'accès à droit nul et sans quotas pour la quasi-totalité des produits (exception faite du riz et du sucre) offert dès le 1er janvier 2008 aux ACP signant un APE » 25(*).

Trouver un équilibre pour la signature d'un accord qui tienne compte des difficultés économiques, de la faible capacité de production et d'industrialisation des Etats ACP, tel doit être l'objectif des dirigeants des Etats ACP. Haïti doit continuer à bénéficier des préférences commerciales pour mettre son économie, son industrialisation, son marché aux normes avant de pouvoir entrer en concurrence avec les pays industrialisés. Des mesures doivent être prises sur le mode des traitements réservés aux futurs entrants dans l'Union. Une sorte de mise à niveau doit être réalisée dans certains secteurs clés, tels que le secteur agricole, l'industrie, les infrastructures etc. La coalition haïtienne demande à l'UE d'abandonner son objectif de libéralisation commerciale réciproque à l'égard des économies plus faibles du Sud. Elle demande que l'UE mette l'accent sur la coopération pour le développement, plutôt que sur la dimension commerciale de l'APE. La coalition demande à ce qu'on examine les possibilités de régimes commerciaux alternatifs comme une question d'urgence. Ceux-ci doivent prendre en compte les impératifs de développement des pays ACP et leurs besoins prioritaires.

Selon nous, L'UE devrait changer sa stratégie en matière de négociation en collaborant avec les Etats ACP pour obtenir davantage de flexibilité à l'OMC, ainsi qu'une réforme en profondeur de cette institution, pour la mettre au service du développement du commerce international, au lieu d'être le cheval de Troie de la libéralisation. Nous estimons que l'UE, première puissance économique mondiale avec 29% du PIB mondial devrait consacrer des ressources additionnelles pour renforcer les capacités de production des pays ACP, renforcer leur compétitivité et diversifier leurs économies. L'UE devrait libérer davantage de moyens financiers et technologiques pour le développement durable et l'éradication de la pauvreté. Pour cela, elle peut agir en augmentant l'aide au développement, en supprimant immédiatement les dettes réclamées aux pays ACP, et en explorant des sources innovatrices de fonds de développement. C'est aux pays de définir les types d'accord qu'ils sont prêts à signer: « La libéralisation commerciale a montré ses limites et son incapacité à répondre aux besoins réels de développement des pays du Sud. Seul un processus défini depuis l'intérieur est capable d'insuffler une nouvelle vitalité aux secteurs dynamiques au niveau national. Ainsi, tous les secteurs de la vie nationale ont besoin de montrer leur capacité à se rallier derrière un objectif commun, qui est de lutter contre les APE, et mettre le gouvernement, l'Etat haïtien devant ses responsabilités d'élaborer des politiques nationales en fonction des revendications fondamentales de la population haïtienne... » 26(*). Haïti doit s'efforcer dans les négociations d'obtenir des mesures permettant de protéger son secteur agricole et de minimiser les pertes de ses recettes de droits de douane.

V.2- Le commerce équitable et ses limites face au commerce conventionnel

Le fonctionnement actuel de l'économie mondiale souffre de déséquilibres de plus en plus flagrants qui affectent surtout les producteurs des produits agricoles. Les prix et les conditions d'achat leur sont imposés sans négociation, et le plus souvent ces prix ne peuvent pas couvrir les coûts de production. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, sur les 840 millions de personnes qui souffrent de la faim en 2005, 800 millions sont des agriculteurs.

Lancé dans les années 1960 par des milieux proches de l'église catholique, le mouvement dit « équitable » ou « solidaire » a commencé en diffusant l'artisanat des pays du tiers-monde pour aider les artisans des pays comme la Palestine, Haïti etc. Ce mouvement n'émerge réellement qu'au cours des années 1980. Depuis, il n'a pas cessé de prendre de l'ampleur. Selon Jean-Pierre Boris, « le principe du commerce équitable est limpide : demander au consommateur de payer plus cher son paquet de café ou sa plaquette de chocolat de manière à mieux rémunérer le paysan qui se trouve au bout de la chaîne de production. Celui-ci peut ainsi vivre décemment...»27(*). Ainsi, le commerce équitable a permis à certains producteurs d'échapper aux variations des coûts sur le marché. Pour Jean-Pierre Boris « La différence avec les cours du marché mondial n'est pas mince. Alors que les cours du café à la bourse de New York oscillait en 2004 autour de 70 cents la livre, au Nicaragua ou au Guatemala, comme dans toute l'Amérique latine, ici et là, des associations américaines ou européennes enlevaient le café de quelques coopératives ou communautés paysannes à des prix deux fois supérieurs, permettant à ces groupes de population de vivre confortablement, de développer leurs réseaux de transport, leurs entrepôts, de construire écoles et dispensaires, d'installer électricité ou eau courante. » 28(*).

En Haïti, où la production du café a chuté considérablement, neuf coopératives de la région du Cap-Haïtien réussissent à exporter tous les ans, par le biais du commerce équitable, quelques conteneurs d'un arabica lavé que les connaisseurs décrivent comme étant de grande qualité. Les fonds générés par ces ventes ont permis aux villageois de construire un pont, quelques salles de classe dans une école, etc.

Le commerce équitable se veut une alternative au commerce conventionnel, mais il y a lieu de se demander s'il peut y parvenir, étant donné les rapports de force en vigueur aujourd'hui. Nous sommes dans un monde où la course aux prix les plus bas ne connaît pas de limites, les centres « hard discount » grandissant chaque jour. Pour reprendre Jean-Pierre Boris : « Dans cette ruée vers le bon marché, comment imaginer que les produits équitables, plus chers, soient promis à un brillant avenir ? C'est oublier que l'économie internationale est une guerre, une bataille de tranchées dans laquelle tous les coups sont permis. » 29(*)

Malgré sa bonne cote, le commerce équitable suscite de nombreuses interrogations pour la poursuite de son développement ou de sa croissance. L'une de ces questions concerne les effets de ce commerce sur les producteurs du sud. On peut dire qu'après plus de 30 années d'expériences, on constate, certes, une réelle amélioration des conditions de vie pour les producteurs concernés par le circuit équitable. Mais deux questions demeurent toujours sans réponses : tout d'abord, n'est-on pas en train de créer des petits groupes de privilégiés sans impact sur le développement et la croissance régionale ? De plus, le circuit équitable n'entraîne t-il pas des dépendances reflétant plus un sursis pour les petits producteurs qu'un réel développement durable intégré à l'économie locale ? Nous pouvons soutenir que l'utilité du commerce équitable se mesure beaucoup plus en termes de prise de conscience et de capacité de changement des mentalités qu'en parts de marché. Toutefois, s'il ne peut contrebalancer de manière significative les injustices du commerce conventionnel à l'encontre des petits producteurs du Sud, le commerce équitable a un impact éducatif et politique important.

V.3- Quel partenariat économique entre l'Union européenne et les Etats ACP ?

Sous couvert d'un accord de « partenariat économique », l'UE veut imposer aux pays ACP un accord de libre échange. Pour Joseph E. Stiglitz, « L'important, c'est que les pays développés ouvrent leurs marchés aux pays pauvres. Mais si les pays en développement n'ont ni routes ni ports pour faire parvenir leurs produits jusqu'à ces marchés, à quoi bon ? Quand la production de l'agriculture est si faible que les paysans n'ont pas grand-chose à vendre, les ports et les routes ne changent pas grand chose. Le développement est un processus qui concerne tous les aspects de la société, et exige les efforts de tous : des marchés, des Etats, des ONG, des coopératives, des institutions à but non lucratif. Un pays en développement qui se contente de s'ouvrir au monde extérieur ne récoltera pas nécessairement les fruits de la mondialisation... »30(*). Le pays doit signer un accord qui tienne compte de sa situation particulière, de ses problèmes économiques dont la libéralisation est en partie responsable.

Pour la coalition haïtienne, « le Gouvernement haïtien devrait s'engager au plus vite dans un processus de définition d'une stratégie nationale de relèvement et de développement dans le cadre d'une large et réelle participation de tous les secteurs de la vie nationale. C'est seulement sur la base de cette stratégie que nous serons en mesure de définir une voie d'intégration régionale au niveau des Caraïbes et des éléments cohérents dans le cadre de nos échanges avec l'extérieur... »31(*) . Le gouvernement haïtien ne doit pas céder aux pressions de l'UE. Le pays doit réclamer un moratoire permettant de développer un processus de consultations participatif. Le pays doit négocier pour continuer à bénéficier des préférences dont jouissent les PMA, mais aussi du tarif extérieur commun (TEC) en application au sein de la CARICOM en vue de protéger sélectivement les filières de production à forte potentialité comme par exemple les tubercules, le café, le cacao, la pêche, l'artisanat d'art, l'artisanat utilitaire, etc.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Nous n'avons rencontré plusieurs difficultés dans la réalisation de ce travail. Les premières sont notamment liées à un manque de ressources documentaires sur le sujet. Il n'existe pas beaucoup de documentations sur les accords de partenariat économique. Nous avons surtout trouvés des dossiers de presse, des rapports de réunions, de manifestations.

En ce qui concerne Haïti, les informations sont de plus en plus rares et difficiles à obtenir. Pour connaître la position particulière d'Haïti par rapport à la signature des APE, aucun document du gouvernement, des parlementaires n'est disponible ou accessible. Seule la PAPDA dispose de ressources documentaires sur les APE.

Il est par contre très intéressant de travailler sur un sujet d'actualité et animés de débats controversés. Les débats s'enchaînent, les discussions fusent, des contradictions se font jour à chaque étape de la négociation. Les Etats ACP n'en veulent pas mais pour l'Union c'est une occasion en or.

Malgré le découpage des Pays ACP en différentes régions pour des accords de partenariat économique régional (APER), les régions jouent la carte de la prudence. Pas question d'entrer dans une bataille sans issue. Ils le disent. Ils ne sont pas encore prêts à entrer dans la concurrence avec des producteurs européens subventionnés, et ce malgré les avantages promis par l'UE tels qu'une intégration régionale et à terme une intégration des Etats ACP dans l'économie mondiale, et une aide au développement pour les pays signataires. En effet, si, pour l'UE, ces accords sont une opportunité offerte aux pays ACP pour un développement économique durable, pour les pays ACP, ces accords sont une menace certaine pour leur développement.

Nous terminerons avec Raoul Marc JENNAR, selon qui « Les accords actuels privent les pays ACP des outils qui leur sont nécessaires pour se développer, et que les pays à travers le monde, dont de nombreux pays d'Europe, ont utilisé pour renforcer leurs propres économies. Ils exigent des agriculteurs et des entreprises des pays ACP qu'ils entrent en concurrence avec les producteurs européens sur des bases identiques, sans s'attaquer sérieusement aux nombreuses contraintes auxquelles ces pays sont confrontés pour améliorer leur compétitivité. Ils lient les mains des gouvernements ACP, en leur interdisant de recourir à la diversité de mesures en matière de commerce et d'investissement dont ils ont besoin pour mettre la libéralisation au service de la création d'emplois et de moyens d'existence décents... » 32(*).

ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

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Jean Pierre BORIS, Le roman noir des matières premières, Hachette Littérature, Paris, 2007.

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Patrick GUILLAUMONT & Sylviane GUILLAUMONT, Ajustement et développement : l'expérience des pays ACP Afrique, Caraïbes, Pacifique, Economica, Paris, 1994.

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OXFAM, « Deux poids, deux mesures: commerce, globalisation et lutte contre la pauvreté », février 2002.

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Jean-Pierre RICOT, « Pourquoi lutter contre les APE », Coalition haïtienne, octobre 2008.

Joseph Eugène STIGLITZ, 2003, Quand le capitalisme perd la tête, Fayard, Paris, 2003.

* 1 Hervé KEMPF, Comment les riches détruisent la planète, Seuil, Paris, 2007, p. 33.

* 2 Jean-Pierre BORIS, Le roman noir des matières premières, Paris, Hachette Littérature, 2005, p.13.

* 3 Chekitan SERVANSING, « La libéralisation des marchés n'est pas la clé », 5 avril 2007.

* 4 Joseph Eugène STIGLITZ, 2003, Quand le capitalisme perd la tête, Paris, Fayard. 2003, p. 47.

* 5 OXFAM, « Deux poids, deux mesures : commerce, globalisation et lutte contre la pauvreté », février 2002.

* 6 OXFAM, op. cit., pp. 172, 173.

* 7 Système de compensation du déficit des recettes d'exportation, suite à la fluctuation des prix sur les marchés mondiaux.

* 8 PARTI SOCIALISTE, « Un monde d'avance. Reconstruire l'espoir à gauche : Motion pour le Congrès de Reims du Parti Socialiste », 2008.

* 9 PARTI SOCIALISTE, op. cit.

* 10 Raoul Marc JENNAR, « Ces accords que Bruxelles impose à l'Afrique », Le Monde diplomatique, février 2005.

* 11 L'Afrique australe (SADC), l'Afrique orientale (ESA/COMESA), l'Afrique occidentale (CEDEAO), l'Afrique centrale (CEMAC et une partie de la CEEAC), les Caraïbes (CARIFORUM) et le Pacifique.

* 12 Raoul Marc JENNAR, op. cit.

* 13 Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.

* 14 Emilie BACONNIER, « Les Accords de Cotonou », Inter-réseau Grain de sel, no 24, Nord/Sud le point, septembre 2000.

* 15 Professeur Séverine Rugumamu cité par Raoul Marc JENNAR, op. cit.

* 16 COMMISSION EUROPÉENNE, Direction générale du Commerce et Direction générale de développement, « Le commerce pour le développement, Union européenne - Caraïbes, APE ».

* 17 OMC, « Examens des politiques commerciales, Haïti, rapport du secrétariat », 7 octobre 2007.

* 18 CHRISTIAN AID, « Libération agricole en Haïti », mars 2006.

* 19 OXFAM FRANCE, « Accords de partenariat économique : Quelles conséquences pour les pays du Sud », 11 mars 2006.

* 20 Jean-Pierre RICOT, « Pourquoi lutter contre les APE », Coalition haïtienne, octobre 2008.

* 21 Jean-Pierre RICOT, op. cit.

* 22 Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour Développement Alternatif.

* 23 Raoul Marc JENNAR, op. cit.

* 24 Raoul Marc JENNAR, février 2005, op. cit.

* 25 Courrier ACP-UE no III (N-S), novembre-décembre 2007.

* 26 Jean-Pierre RICOT, op. cit.

* 27 Jean-Pierre BORIS, 2005, op. cit., p. 172.

* 28 Jean-Pierre BORIS, 2005, op. cit., p. 172.

* 29 Jean-Pierre BORIS, 2005, op. cit., p. 176.

* 30 Joseph Eugène STIGLITZ, Un autre monde : contre le fantasme du marché, Paris, Fayard, 2006, pp. 60, 61.

* 31Jean-Pierre RICOT, op. cit.

* 32 Raoul Marc JENNAR, op. cit.






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