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Les limites de la décentralisation dans la gestion des quartiers précaires au Mali: le cas de Kapélékourou à  Sikasso

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par Aliou DEMBELE
Institut d'Urbanisme de Paris Créteil Paris 12 - Mastere Urbanisme et territoire 2006
  

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I.1- Les obstacles à l'amélioration du cadre de vie dans le quartier

Plusieurs obstacles s'opposent à l'amélioration des conditions de vie liées aux services dans ce quartier. Nous développerons ici deux principaux éléments qui sont : le statut des occupants et l'avènement de la décentralisation avec le transfert des compétences vers les collectivités locales qui en à découlé.

I.1.1- Le statut des occupants encore mal défini sur le plan juridique

L'ère des déguerpissements des habitants des quartiers précaires est révolue depuis plus d'une vingtaine d'années puisque « ce recours radical conduit à une réinstallation aussi illégale dans un autre endroit et entraîne des coûts16 ». La ville de Sikasso n'a pas fait exception à cette règle de déguerpissement vers les années 1980. Des quartiers spontanés à l'exemple de Bangôni situé au sud de la ville ont été démolis (cf. carte n°3) comme ce fut le cas de ce quartier. Mais les autorités se sont rendues compte que les opérations systématiques de « casse » ou « d'opération bulldozer » ne réglaient en rien cette histoire d'autant plus que celles-ci contribuent à accroître la pauvreté d'une population déjà marginalisée dans ses conditions de vie. C'est ainsi que les politiques de restructuration urbaine et de réhabilitation urbaine de l'habitat spontané ont vu le jour. Ces deux termes sont définis dans les textes de l'urbanisme au Mali : la première comme « une opération qui consiste à donner à un espace, urbain déjà occupé par des populations, mais de structure parcellaire irrégulière sur le plan physique et juridique, une nouvelle structure parcellaire sans apport d'équipement et/ ou d'infrastructure de service »17. Quant au second, il est défini comme une « opération urbaine qui consiste à donner à une zone, un espace urbain dégradé, insalubre et / ou d'occupation irrégulière sur le plan juridique et / ou physique, une nouvelle structure en améliorant le cadre de vie »18. Kapélékourou a fait l'objet d'une réhabilitation. Ce qui donne une certaine garantie aux occupants dudit quartier, le but étant de les mettre dans leur droit en leur attribuant un permis d'occuper des terrains qu'ils ont mis en valeur moyennant le paiement d'un prix fixé entre les représentants de l'Etat et du quartier. La fixation de ce prix pause encore des problèmes aujourd'hui du fait qu'il n' y a pas eu de commun accord entre les deux parties

16 Décentralisation et gestion des services dans les quartiers précaires d'Abidjan.

17 Article 51 du Décret N° 05-115/ PRM du 09 mars 2005 fixant les modalités des différents types d'opération d'urbanisme.

18 Article 73 du même décret.

au cours de la fixation des prix du m2 des terrains. Statué à 650 Fcfa le m2 (soit un euros environ), les représentants du quartier informèrent les habitants au cours d'une réunion et décidèrent de ne rien payer. Car le prix fixé au m2 était très élevé. Si on se réfère à la moyenne du nombre de m2 dont disposent les propriétaires (400m2 environ), chaque propriétaire devrait payer un montant de 260 000 Fcfa (396 euros). Ceci correspond à 4 mois de salaire pour un chef de ménage qui gagne 60 000 Fcfa par mois. Les parcelles qui ont été « viabilisées » pendant la même période dans la ville coûtaient 175 000 Fcfa (266 euros) pour une superficie de 300m2. Ce qui donne un montant de 583Fcfa soit 0,90 Euros le m2 de la parcelle « viabilisée ». Les propriétaires de Kapélékourou allaient payer 85 000 Fcfa (129 euros) de plus que les bénéficiaires des parcelles « viabilisées » dans la ville légale. On peut se poser la question de l'existence d'une réelle politique d'insertion ou d'intégration pour les habitants de ces quartiers précaires que les communes maliennes seront amenées à mettre en oeuvre dans un avenir proche. Ce cas montre une carence en la matière dans la mesure où les autorités n'ont pas tenu compte du contexte social et économique des habitants pour fixer le prix du m2 des terrains. A cause de ce blocage au niveau du montant à régler, l'obtention du permis d'occuper qui constitue une assise juridique pour les habitants n'est toujours pas acquise. Au cours de notre enquête sur le terrain de janvier à mars 2005, aucun propriétaire ne disposait d'un permis d'occuper ou d'autres titres pouvant servir de garantie de son statut d'occupation sur le plan juridique. N'ayant pas d'assise juridique, les propriétaires de Kapélékourou craignent de faire des investissements pour l'amélioration de leur cadre de vie (amélioration du bâti principalement). De plus, à cause du manque de justificatif juridique de leur statut d'occupation, les familles ne peuvent pas bénéficier de robinet dans leur concession alors que le quartier est connecté au réseau d'eau dont la ville a bénéficié dans les années 1990 avec le projet Dan Group (projet d'adduction d'eau de la ville de Sikasso). La condition sine qua non pour être connecté au réseau d'eau étant la présentation d'un justificatif de sa concession (permis d'occuper) que les propriétaires ne possèdent pas encore. Le projet Dan Group a fait des campagnes qui permettaient aux concessions de bénéficier de la connexion au réseau d'eau de la ville moyennant le paiement d'une somme de 30 000 Fcfa (50 €) payable en trois mensualités avec les factures d'eau. Cette campagne est maintenant finie. Le projet d'adduction d'eau est passé sous la gestion du service EDM (Energie du Mali), un secteur sous la responsabilité de l'Etat. Pour être connecté au réseau d'eau de la ville, il faut payer aujourd'hui plus de 100 000 Fcfa (150€). C'est là que le rôle

des collectivités apparaît pour engager des négociations avec l'Etat pour faire d'autres campagnes de promotion afin que les populations puissent bénéficier des services.

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