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L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006

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par Corneille YAMBU -A- NGOYI
Université de Kinshasa - DES 2005
  

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2) La crise constitutionnelle.

L'impasse constitutionnelle provoquée par la révocation de Lumumba, au dire de nombreux auteurs, n'était qu'un aspect du problème constitutionnel du Congo. Depuis la Table ronde de Bruxelles en 1959, le Congo s'est trouvé toujours en quête d'une constitution capable de réconcilier d'une part les pouvoirs au sommet et d'autre part les pouvoirs entre le sommet et la base; ainsi entre unitaristes, fédéralistes et confédéralistes la bataille a toujours fait rage, de même entre les tenants d'un régime parlementaire et d'un régime présidentiel.

Il est fait grief à la loi fondamentale d'avoir été une copie de la constitution belge basée ni sur les traditions politiques établies ni sur celles des anciens colonisateurs280(*). Comme le dit Young, le défaut capital de la loi fondamentale fut de n'avoir prévu aucun moyen de sortir des équivoques constitutionnelles éventuelles. Le même auteur explique le premier coup d'Etat de Mobutu par la nécessité d'une intervention d'un élément extérieur du cadre constitutionnel pour trouver une issue à la paralysie du système constitutionnel281(*). cette analyse est d'autant exacte que les institutions politiques régies par la loi fondamentale se trouvèrent incapables de fonctionner normalement.

3.Aspect institutionnel de la crise.

J. Buchmann observe que les institutions politiques constituent le moyen central du système politique. Il explique qu'elles peuvent avoir un triple objet :

- Le mode de désignation des gouvernants (le régime électoral) ;

- Les techniques de limitation de gouvernants (le régime constitutionnel) ;

- Les rapports entre les « pouvoirs » ou « le régime gouvernemental » qualifié de régime politique stricto sensu.

Dans ce dernier cas, dit-il, « le régime politique se réduit à l'un des éléments structurels du système : l'élément « institutionnel »282(*). Sous cet aspect, le lien avec notre sujet est l'intérêt que présente la relation entre la constitution au sommet d'un pouvoir exécutif effectif, impulsant sur l'ensemble des organes du pouvoir et, l'émergence ainsi que la formation et la stabilité de l'Etat. Entre 1960 et 1965, la crise institutionnelle fut remarquable, en 1960 sous la loi fondamentale comme en 1964 sous la constitution de Luluabourg par la difficulté de fonctionnement d'un exécutif bicéphale.

En 1960, deux mois seulement après l'entrée en vigueur de la loi fondamentale comme nous l'avons vu, l'antagonisme entre les deux têtes de l'exécutif a abouti à la crise dont nous avons parlé.

De même, en 1964, la même situation se présenta : le Chef de l'Etat révoque le Premier Ministre Tshombe, mais ne put le remplacer par un autre Chef de gouvernement jouissant de la confiance du gouvernement, et comme la dit Mpinga Kasenda, tout se termina comme en 1960 par l'intervention de Mobutu283(*), cette fois, le colonel devenu général ne restitue plus le Pouvoir ni à l'un ni à l'autre. Nul ne put penser qu'il n'en sortirait que par la force tel que nous le verrons, après Trente - deux ans de règne sans partage.

Sur le plan institutionnel, Mpinga Kasenda fait une observation pertinente, lorsqu'il affirme que « de 1960 à 1965, le Congo n'a connu que des pouvoirs exécutifs faibles et conteste les relations entre ces gouvernements privés de la plupart de leur moyens d'action et les autres branches du pouvoir de l'Etat profondément modifiés »3(*)34.

Nous pourrons anticiper pour constater que depuis 1990, la même situation s'est répétée jusqu'à la date où nous rédigions ces lignes.

Quant au Pouvoir législatif, le constat de C. Young est des plus significatifs : la faiblesse du Parlement congolais sous la loi fondamentale et les difficultés de son fonctionnement. Il explique cette faiblesse par trois causes essentielles :

- L'absence d'une majorité confortable en faveur d'un parti susceptible d'imprimer son action et ses orientations politiques aux autres. Cela est du à la composition hétéroclite du parlement ;

- Le manque de préparation des hommes politiques à la vie parlementaire. La plupart des parlementaires, exceptés ceux qui furent membres des conseils communaux, n'avaient jamais eu à connaître des problèmes de portée nationale ;

- Le caractère corporatif du Parlement congolais.

C. Young, note avec une justesse, vérifiable également à ce jour, qu'un trait constant de ce parlement fut le sens de la solidarité que les députés manifestaient lorsqu'il s'agissait de leur mandat ». L'auteur cite des traits relatifs à la recherche des intérêts pécuniaires et des avantages personnels et de solidarité dans le mal, qui rappelle curieusement les incidents qui ont émaillé le parcours des autres Parlements du Congo, tel que le Parlement sous la constitution de la transition du 9 avril 2003, avec ce qu'on a appelé « Affaire Kamitatu-Bemba ». Il montre que le Parlement sous la loi fondamentale s'était tellement discrédité que le prestige de l'institution en fut au plus bas et que le terme député fut synonyme de politicien corrompu ; « le titre de député était devenu l'objet de la dérision publique, et que c'était le terme qu'on utilisait maintenant pour désigner un voyou et un vaurien284(*).

* 280 C. Young, op.cit, p. 306.

* 281 C. Young, op.cit, p. 174.

* 282 Buchmann, (J.), l'Afrique noire indépendante, Paris, L.G.D.J., 1964, p. 7.

* 283 Mpinga, K., op.cit, p. 34.

* 3

* 284 Rapporté dans Présence congolaise, le 3 novembre 1962, cité par C. Young, op.cit, p. 203.

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