WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'union pour la méditerranée, quel avenir?

( Télécharger le fichier original )
par Khoudir Leguefche
Université Pierre Mendès-France de Grenoble - Master 2 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 2 :

Le plan Marshall, une expérience réussite de l'Aide au
développement

On évoque le plan Marshall à chaque fois qu'il est question de réaliser un programme de grande envergure en matière de politique publique. A titre d'exemple, la presse a parlé d'un plan Marshall pour la relance de l'économie algérienne33. Dans le cas du partenariat euro- méditerranéen, des voix se sont élevées pour réclamer des pays du Nord un plan au profit des pays du Sud qui soit à la hauteur du plan Marshall. Ils estiment que l'action de l'Europe aujourd'hui en direction des pays de son voisinage est faible par rapport à celle des Etats-Unis d'Amériques envers les pays de l'Europe occidentale après la deuxième guerre mondiale. Le succès de ce fameux plan dans le cas européen suscite une attention particulière. Pour en tirer les enseignements, spécialement ceux applicables dans le cas du partenariat euro- méditerranéen, il faudrait analyser le contenu de ce fameux plan et le volume de cette mythique aide et essayer de démontrer les points positifs de ce programme. Mais notre approche ne sera efficiente que si on évoque les efforts des pays développés en général et celui de l'Union européenne en particulier en faveur des pays en développement, particulièrement ceux de la rive sud de la Méditerranée. Cela implique forcement une discussion sur la problématique générale de l'aide publique au développement (APD) qui est le principal outil d'action en faveur du développement aujourd'hui.

I. Le Plan Marshall

Comme le confirme certains auteurs34, le plan Marshall est intervenu dans une période caractérisée par la détermination des Etats-Unis d'Amériques à ne pas refaire la même erreur commise après la première guerre mondiale. Il n'était pas imaginable qu'ils se retiraient des affaires européennes et laissaient réapparaître les forces extrémistes qui ont conduit à la 1ère guerre mondiale et qui ont récidivé à la fin des années trente causant une 2ème guerre mondiale. Cette période était marquée par la rivalité entre l'URSS communiste et les EtatsUnis d'Amériques capitalistes pour qui l'aide à la reconstruction de l'Europe est devenue un

33 Alternatives Economiques - n°174 - Octobre 1999.

34 Notamment, Volker R. Berghahn. « The Marshall Plan and the Recasting of Europe's Post-war Industrial Systems », in The Marshall Plan Lessons Learned for the 21st Century, OCDE, 2008

choix stratégique pour stopper l'expansion du model soviétique. Un auteur a bien décrit ce contexte en affirmant que << L'objectif était alors clairement politique. Il s'agissait pour les Etats- Unis, dans la perspective d'une confrontation avec l'Union soviétique, de reconstruire des pays qui seraient leurs alliés et, la croissance économique aidant, d'améliorer le sort de leurs populations pour les détourner du risque de céder aux sirènes du camp opposé35 ».

a) Le contenu du discours de G Marshall

Le discours du secrétaire d'état George Marshall prononcé le 5 Juin 1947 à l'occasion de la cérémonie de remise des diplômes de l'université Harvard a changé le monde36. Ce fameux discours est à l'origine de ce qui est convenu par la suite de nommer << Le plan Marshall »37.

La lecture de ce discours permet de remarquer l'insistance particulière sur la gravité de la situation en Europe : l'effondrement de l'Europe risquait d'entraîner des effets lourds de conséquences pour le reste du monde puisqu'elle aurait pu constituer une attaque aux fondement même du système économique international. La dévastation causée par la machine de guerre ne concernait pas uniquement les structures, elle a atténué le moral des européens qui ont été menacés de faim. L'enjeu était double, il s'agissait de relancer la machine productive européenne et redonner espoir et confiance aux européens. Cela n'était réalisable qu'à travers une aide massive qui nécessitait à son tour le soutien de la population américaine.

L'objectif de l'intervention américaine a été clairement annoncé, il s'agissait de subvenir aux besoins urgents de la population et financer un plan de redressement de l'appareil économique européenne. Justement ce plan devrait venir des pays européens eux même38. Ces derniers devraient coopérer pour identifier leurs besoins et établir un plan de relance collectif. Le discours de Marshall démontre une détermination sans égal à cet égard, << Toute aide que ce gouvernement pourra apporter à l'avenir devrait être un remède plutôt qu'un simple palliatif »39.

35 Jean-Bernard VÉRON, La délicate mais indispensable implication de l'aide dans les conflits, Afrique contemporaine, Printemps 2004.

36 http://www.america.gov/st/washfile-french/2007/May/20070522172302MVyelwarC0.4927179.html

37 Officiellement, << ERP » European Recovery Program.

38 Dans son discours, G Marshall affirme : << Il ne serait ni bon ni utile que ce gouvernement entreprenne d'établir de son côté un programme destiné à remettre l'économie de l'Europe sur pied. C'est là l'affaire des Européens. L'initiative, à mon avis, doit venir de l'Europe ».

39 Extrait du discours.

Le discours de Marshall a donné une idée précise sur ce que devrait être le « plan Marshall », il n'a avancé aucun chiffre sur le montant de l'aide, bien qu'il était clair qu'elle sera massive. Il a interpellé les américains autant que donateurs pour consentir à cette action et la soutenir. Il a insisté sur la coopération entre les pays européens pour identifier leurs besoins et proposer un plan de relance collectivement sur la base de quoi les fonds américains seront fournis.

b) Les éléments d'un plan réussi

Dans le cadre du plan Marshall, les 16 pays européens impliqués ont reçu 13 Milliards de dollars entre avril 1948 et Juin 1951. A la tête des pays bénéficiaires figurent le Royaume Uni, la France, l'Italie et l'Allemagne. Ce montant correspondait en 2006 à la somme de 108.3 milliards de dollars40.

Graphique N°1: Répartition de l'aide par pays (en millions de $ US)

pays

Montant

Royaume Uni

2826

France

2444,8

Italie

1315,7

Allemagne

1297,3

Pays bas

877,2

Autriche

560,8

Belgique et Lux

546,6

Grèce

515,1

UEP

350

Danemark

257,4

Norvège

236,7

Turquie

152,5

Irlande

146,2

Suède

118,5

Portugal

50,5

Trieste

32,5

Yougoslavie

29

Islande

23,7

 
 

Royaume Uni France

Italie

Allemagne

Pays bas Autriche Belgique et Lux Grece

UEP

Danmark Norvege Turquie Irlande Suede

 

Source : Bossuat G, op. Cite.

40 Bossuat G,. The Marshall Plan, history and legacy in the Marshall plan, lessons for the 21st century OCDE 2008.

Par simple calcul, on peut estimer que le Royaume uni a reçu dans le cadre du plan Marshall environ 23 milliards de $ US sur la période totale, ce qui correspond approximativement à 6 milliards par année.

En ce qui concerne la nature des produits importés par les pays européens dans le cadre de cette aide, on remarque (Graphique N°2) qu'il s'agit de produits alimentaires en majeure partie, mais aussi des produits de première nécessité. Les machines et engins sont aussi concernés, vraisemblablement, ils ont servi à la relance de la machine productive européenne.

Graphique N°2 : Distribution de l'aide par produit

Produits alimentaires et engrais

Energie

Cotton

Produits non transformés

Tabac

Machines et engins

Source : Bossuat G, Op. Cite

En ce qui concerne la répartition de l'aide par secteur41, le montant le plus important a été réservé au remboursement de la dette, suivi du secteur du transport et de la communication. L'agriculture et l'industrie arrivent en troisième position. Cette répartition de l'aide reflète la volonté de relancer les secteurs de base de l'économie européenne.

En parlant de l'impact positif du plan Marshall, on évoque souvent42, le soutien de la classe
politique américaine et surtout de l'opinion publique aux USA et en Europe comme résultat

41 Bossuat G,. The Marshall Plan, history and legacy in the Marshall plan, lessons for the 21st century OCDE 2008.

42 D'après les informations recueillies sur le site Internet du Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat : http://usinfo.state.gov/francais. Consulté le 24/04/2009.

du grand effort de sensibilisation. Le choix de laisser aux européens eux même de prendre l'initiative et de proposer un plan de redressement constitue la preuve du génie des conspirateurs du plan. A cela il faut ajouter que la création par le Congrès d'un organisme public fédéral chargé d'administrer le programme et d'aplanir les rivalités entre organismes publics, qui comprenait un petit nombre de gestionnaires, mais beaucoup de talent, est une idée innovante. Cela a pu empêcher l'apparition de phénomènes comme la corruption. Enfin, la transparence dont les pays européens eux même ont fait preuve en collaborant et en fournissant à l'administration du programme les informations relatives à l'exécution du programme sont des actes à prendre en considération pour les résultats positifs réalisés.

A cela il faut ajouter un détail très important, comme le souligne Svensson43, la réussite du plan Marshall est due aussi à l'existence d'un seul donateur, les Etats-Unis d'Amériques. L'hauteur explique ensuite en quoi le cas contraire peut affecter l'efficacité de l'aide, « Lorsqu'il y a de multiples donateurs, chacun se préoccupant du développement du pays receveur mais également de considérations d'ordre national, les donateurs individuels n'internalisent pas l'ensemble des coûts du projet d'aide alors qu'ils internalisent complètement les bénéfices de court terme, ou dans certains cas internalisent l'ensemble des coûts mais pas les bénéfices sociaux. Plus précisément, l'action d'un donateur peut, de manière directe ou indirecte, influencer l'efficacité des actions des autres donneurs. Cette externalité n'est absolument p as prise en considération. Le problème d'action collective peut nuire à l'efficacité de l'aide et, de manière plus générale, aux possibilités financières et à la capacité à gouverner des pays receveurs »44. A cet égard, on rapporte souvent le cas d'un pays africain bénéficiaire de l'aide qui devrait fournir un nombre important de rapport à plusieurs bailleurs de fonds.

Pour en tirer tous les aspects et enseignements que peut nous fournir le plan Marshall, il semble impératif d'adopter une démarche comparative entre le plan Marshall et les politiques d'aides au développement de nos jours. En particulier, il faut souligner le volume de l'aide que les pays en développement ont reçu en général, plus particulièrement les pays en voie de

d éveloppement du pourtour méditerranéen concernés par l'Union pour la méditerranée et le

43 Svensson J., Capacité d'absorption et contraintes de décaissement, Revue d'économie du développement, Vol. 20 2006/2-3.

44 Svensson J., Ibid.

partenariat euro- méditerranéen. Et aussi l'ampleur de la participation des pays de l'Union européenne.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus