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La baie d'Ambodivahibe, un projet d'aire marine protégée dans le nord de Madagascar

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par Jean-Xavier SAINT-GUILY
Université Bordeaux 3 - Master 1 Géographie 2009
  

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4.1 Littoraux et milieux marins, des richesses menacées sur l'île rouge

La grande île est actuellement reconnue comme un hotspot de la biodiversité mondiale. Appelée aussi l'île « continent », elle focalise toutes les attentions sur les particularités de ses milieux terrestres. Mais avec près de 5000km de côte et plus de 250 îlots périphériques, la dimension littorale et maritime est très présente dans l'environnement malgache. Elle constitue également un élément important de l'identité et de l'histoire du pays.

Figure 8 : Une composante marine importante associée à des milieux diversifiés
(Photo : Mungabay.com)

Les littoraux malgaches sont variés et présentent une grande diversité de milieux naturels (Vasseur, 2004). Avec prés de 2.000 km2 de récifs et plus de 32.700 km2 de mangroves (Cooke et al, 2004), Madagascar dispose encore de vastes superficies de milieux considérés comme sensibles et menacés à l'échelle mondiale. Insularité et tropicalité s'y conjuguent générant une biodiversité marquée par son endémisme et sa productivité. On y récence de nombreuses espèces emblématiques des milieux marins tropicaux (Lebigre, 1999).

Les littoraux et les milieux marins sont très importants pour le pays. Ces derniers représentent des ressources alimentaires (consommation locale de produits halieutiques) et économiques (pêche industrielle à la crevette, pêche traditionnelle et tourisme) à des niveaux tant locaux que nationaux (Chaboud, 2002. Lebigre, 2000).

Ces espaces marins et littoraux sont marqués par une évolution rapide sur les trente dernières années. Comme en témoigne l'importance prise par la pêche industrielle et les évolutions de la pèche traditionnelle, les pressions exercées sur les ressources naturelles sont croissantes. L'accroissement démographique et la paupérisation constante des populations y ont également contribué (Chaboud, 2006, 2007). Le développement de nouvelles activités (tourisme, industrie) et l'étalement urbain représentent des pressions croissantes sur les espaces (Vasseur, 2000). De nouvelles logiques de mise en valeur et d'exploitation de l'environnement marin sont à l'oeuvre (Chaboud, 2007). Elles semblent être guidées principalement par la précarité et la rentabilité dans un contexte d'aménagement et de développement insuffisamment cadré.

Concernant le sujet, un constat particulièrement alarmiste est dressé par les scientifiques et les acteurs de la conservation au niveau international. Erosion de la biodiversité, dégradations des habitats, déséquilibre des écosystèmes, les milieux littoraux et marins malgaches seraient gravement menacés et les conséquences à toutes les échelles devraient être considérées (Rapport COI, 2008).

4.2 Mégadiversité et pauvreté à l'origine d'un système d'acteurs complexe

Avec 72% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté (INSTAT, 2004), Madagascar fait partie d'après le PNUD du groupe des pays les moins avancés. Le pays qui présente également un fort taux d'endémisme spécifique de 87 % (CIRS, 2006) présente une biodiversité remarquable. La surmédiatisation de ces caractéristiques aboutit à une certaine dramatisation de la situation sur la scène internationale. Les enjeux liés à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles face à d'importantes pressions ont été largement mis en avant au travers d'une approche particulièrement néomalthusienne (Sarrasin, 2007). Cette situation alimente également une réflexion qui semble plus constructive à propos des enjeux d'un développement s'appuyant sur la valorisation de l'environnement (Méral, 2007).

Les politiques très actives du gouvernement en la matière pourraient laisser penser que le pays s'est clairement engagé dans cette voie comme en témoignent le Plan d'action environnementale, un dispositif précoce et ambitieux de planification sur 15 ans (Chaboud. 2007). L'état malgache s'est ainsi doté de nombreuses institutions centralisées et d'agences d'exécution responsables de la gestion de l'environnement sur le territoire. Le droit de l'environnement a été développé aboutissant à une charte et à un Code des Aires Protégés (COAP) en 2001. La protection de la nature et des ressources naturelles représente un domaine où l'état semble impliqué dans une approche qui lui est propre. Les problématiques du feu et de la déforestation en sont une bonne illustration. En effet on a observé à ce sujet des mesures de répression parfois démesurées associées à une propagande environnementale manichéenne et particulièrement simpliste (Bertrand, 2006). Plus récemment on a pu constater l'importance politique de l'environnement à Madagascar au travers de la vision « Madagascar naturellement » initiée par le président Ravalomanana pour « guider » le pays dans son développement.

Cette forte mobilisation étatique est en fait à mettre directement en relation avec les très forte injonctions environnementales des instances internationales (Banque mondiale, FAO) et des ONG de la conservation. On constate une influence et une implication importante de ces acteurs extérieurs dans la gestion de l'environnement de ce pays qui bénéficie de nombreux programmes d'aide au développement (Meral, 2006 ; Andriamahefazafi et Meral, 2004). Cette aide est clairement conditionnée par la considération et la préservation de l'environnement de la part du gouvernement. Ces instances ont donc un droit de regard et par extension un pouvoir d'orientation sur les politiques environnementales du pays (Sarrasin, 2007). Le PAE se base sur un diagnostic des experts de la Banque Mondiale et des grandes ONG de conservation auxquelles elle a fait appel. Il est directement inspiré des recommandations de ces derniers. En se posant comme référant technique, ces institutions imposent leurs concepts, leur point de vue, définissent les problèmes, les objectifs et les moyens d'action. (ibid)

Figure 9 : La gestion de l'environnement à Madagascar : système d'influence et de flux financiers
(D'après Sarrasin, 2007 ; Méral, 2006 ; Rokoto, 2002, 2008; Blanc-Pamard, 2007)

Les ONG de la conservation (WWF, CI, WCS) représentent également des acteurs moteurs de la conservation. Ce sont elles qui financent et le plus souvent supervisent la création ainsi que le fonctionnement de la majorité des AP du pays. Leur implication au niveau local est forte allant jusqu'à se positionner comme partenaires locaux auprès des communautés même si elles interviennent en principe par le biais de structures locales. Elles en tirent une légitimité et un réel pouvoir leur permettant de faire pression sur l'Etat malgache jusque dans la ratification des conventions internationales (Méral, 2006).

Considérant ces politiques publiques d'inspiration internationale particulièrement dépendantes de l'aide au développement, on peut se poser la question du degré de liberté dont le pays dispose quant à la définition de ses choix de développement et d'action publique. La durabilité et l'acceptabilité sociale de ces orientations décrétées au niveau international suscitent également quelques réflexions (Chaboud. 2007).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway