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La cooperation commerciale entre la Chine populaire et le Tchad: enjeux et perspectives

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par Deli laika Kalchekbe Innocent
Université de Yaoundé II - DESS en politique et négociations commerciales multilaterales 2010
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALECONTEXTE DE L'ETUDE

Le monde connait des changements importants et profonds dans les relations internationales dont les plus marquants sont les relations sino-africaines. En tant que force montante tant sur le plan politique que sur le plan économique, la Chine ne cesse de renforcer et d'élargir ses relations d'amitié et de coopération avec les pays africains. Ceci implique des effets non négligeables dans l'évolution de l'ordre international. Très tôt, la Chine a manifesté un grand intérêt pour l'Afrique lors de la conférence de BANDOENG en 1955. C'est avec l'avènement des indépendances que les Etats africains ont commencé à établir des relations diplomatiques avec ce géant d'Asie.

Les dirigeants africains se sentent compris par les Chinois et les prennent comme partenaires économiques attrayants.   La Chine est devenue le deuxième plus grand récepteur d'investissements étrangers au monde et le deuxième investisseur sur le continent africain. Depuis les années 90 l'économie chinoise s'est de plus en plus internationalisée avec le commerce extérieur et les investissements comme facteurs significatifs de la croissance rapide de l'économie. Depuis lors le commerce sino-africain a connu une évolution fulgurante. Estimés à 10 milliards de dollars en 2000 les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont atteint en 2008 le chiffre de 106,8 milliards de dollars dépassant ainsi l'objectif fixé avant 2010 (de 100 milliards).

L'Afrique constitue une source d'approvisionnement en matières premières pour la Chine (cuivre, chrome, en bois et surtout en pétrole...). Les matières premières que la Chine importés du continent noir sont estimées à 25% de l'ensemble en 2004. En retour, les africains importent des produits manufacturés chinois, notamment des produits textiles, des machines, des biens électroniques etc.

Par ailleurs le Tchad, pays enclavé de l'Afrique centrale, est l'un des pays les plus pauvres et les moins stables d'Afrique à cause des troubles politiques récurrents et souvent violents depuis son indépendance en 1960. Bien que doté de nombreuses ressources minières, l'économie du Tchad est basée sur la culture du coton, la gomme arabique et l'élevage jusqu'en 2000. Ce n'est qu'à partir de cette date que la Banque Mondiale a décidé de financer à hauteur de 4,2 milliards de dollars (Américain) l'exploitation du pétrole du bassin de Doba (au sud du pays). Cet investissement a nécessité la construction d'un oléoduc de 1 070 Kilomètres qui débouche au port Camerounais de Kribi sur la côte de l'océan atlantique. Depuis la fin de cette construction en 2003, le Tchad a vu son taux de croissance faire un bond spectaculaire passant de - 0,9% en 2000 à 33,6% en 2004 et 7,9% en 20051(*). En 2004 la contribution du secteur pétrolier à la croissance du PIB s'élève déjà à 33,4%. Malheureusement, le poids croissant du pétrole dans l'économie tchadienne ne se traduit pas encore dans le quotidien de la population Tchadienne. La majorité des Tchadiens (54%) continuent de vivre en dessous du seuil de la pauvreté2(*).

La Chine quant à elle, est considérée aujourd'hui comme une grande puissance mondiale sur le plan économique. L'un des aspects les plus marquants de l'évolution de l'économie chinoise, est l'ouverture internationale. En réalité, la Chine fonctionnait pratiquement en autarcie jusqu'en 1979. Depuis, elle a connu une large vague de réforme sous la direction de Deng Xiaoping et sous son mot d'ordre : « enrichissez-vous! ». La Chine croit depuis la fin des années 1990 dans les échanges commerciaux. En fait,  depuis la fin des années 1970 la Chine a mis la modernisation de son économie au premier rang des priorités et elle a tout fait pour y parvenir : elle a abandonné progressivement le plan pour le marché, elle a mobilisé ses immenses ressources en main d'oeuvre et a ouvertement tiré parti de la mondialisation en devenant l'usine du monde.

Les relations diplomatiques entre le Tchad et la Chine qui datent de 1972 ont été marquées par une période de rupture en 1997 à cause de la reconnaissance de Taiwan par N'Djamena. En juillet 2006, les circonstances politiques (les menaces de la rébellion à l'Est) ou économique (exportation du pétrole Tchadien) ont conduit le Tchad à renouer avec la Chine populaire en rompant avec Taiwan. Ce réchauffement s'inscrit dans le cadre de la politique lancée en janvier 2006 par le gouvernement chinois et qui est précisé dans le livre blanc sur la politique africaine de la Chine : « la Chine oeuvre à établir et développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant -gagnant sur le plan économique ». Cette nouvelle relation lui permettra de diversifier ses partenariats commerciaux.

Les flux commerciaux entre la Chine et le Tchad concernent principalement les importations. Selon les services de statistiques du commerce extérieur tchadien, la Chine ne figure pas parmi les pays de destination des exportations du Tchad. Les principaux pays de destination des produits tchadiens hors pétrole en 2005 sont le Nigeria (39%), la France (28%) et le Soudan (18%), le pétrole étant supposé être exporté exclusivement à destination des Etats-Unis. Selon Chaponnière (2006), 21% des exportations du Tchad ont été faites à destination de la Chine en 2004. Mais cette information issue des données miroirs du Département des Statistiques du Commerce du Fonds Monétaire International (IMF/DOTS) ne peut s'expliquer que par l'existence de réexportations de produits tchadiens. Selon les données disponibles fournies par l'INSEED (2006 et 2007), les importations d'origine chinoise ont doublé en un an passant de 6 045 711 dollars en 2004 à 12 574 333 dollars en 2005.

Le 12 janvier 2007est une date importante dans la nouvelle relation économique entre le Tchad et la Chine. Cette dernière a en effet racheté par l'entremise de China National Petroleum Corporation (CNPC) le permis d'exploitation pétrolière détenu par la société Canadienne ENCANA. Ce permis couvre une superficie d'environ 220 000 Km2 et englobe les bassins ci-après : Le bassin des Erdis, une partie du bassin du lac Tchad, le bassin de Madiago, le bassin de Bongor, le bassin à l'ouest de Moundou, le bassin de Pala à la frontière du Cameroun, une partie du bassin à la frontière de la République Centrafricaine et tout le bassin de Salamat.

Depuis cette date, la coopération économique entre la Chine et le Tchad s'est intensifié, donnant la possibilité à cette dernière de trouver de nouveaux financements. L'aide chinoise en faveur du Tchad est estimée à plus de 100 millions de dollars depuis cette date. La Chine, cherchant à sécuriser par tous les moyens ses approvisionnements en pétrole pour ne pas freiner une économie en pleine croissance, a accru le montant de ses investissements dans les secteurs stratégiques de l'économie tchadienne tels que les télécommunications; la cimenterie de Baoaré et la raffinerie à 50 km au nord de N'Djamena.

A côté de ces apports positifs, on note aussi des risques potentiels de la coopération économique chinoise sur l'économie tchadienne. On peut citer par exemple la structure inégale des échanges (matières premières tchadiennes contre produits manufacturés chinois) le risque de désindustrialisation parce que les industries locales n'ont pas la capacité nécessaire pour faire face à la concurrence chinoise, et le risque de surendettement. Certains pays pauvres très endettés, notamment africains, ayant été désendettés par la communauté internationale, se ré-endettent auprès de la Chine. D'où l'intérêt de faire une étude sur   La coopération commerciale entre la Chine populaire et le Tchad : enjeux et perspectives. 

PROBLEMATIQUE

La Chine et le Tchad ont décidé de renouer les relations diplomatiques après une rupture de 9 ans (1997- 2006). Cette reprise s'est accompagnée de retombées économiques, parmi lesquelles la construction d'un des deux plus grands hôpitaux qui existe au Tchad, la construction du palais du peuple (actuel Palais du 15 janvier) et d'un stade Omnisport dans la capitale Ndjamena ainsi que l'encadrement des casiers rizicoles A et B dans le Sud-ouest du pays.

La Chine représente 20% de la population mondiale et constitue un marché potentiel de plus d'un milliard d'acheteurs. L'aide Chinoise au Tchad peut donc constituer un atout important qu'il se doit de capitaliser en vue d'en maximiser les effets et de lutter efficacement pour la réduction de la pauvreté.

C'est ainsi que dans le cadre de la présente recherche, on se propose d'étudier : l'impact de la coopération renouvelée entre la Chine et le Tchad sur le commerce extérieur du Tchad. Cette problématique suscite en effet cette question principale : la coopération commerciale entre la Chine et le Tchad peut-elle changer le mode d'insertion de ce dernier dans le commerce international ?

OBJECTIF DE LA RECHERCHE

L'objectif de cette recherche est d'analyser les enjeux et perspectives de la coopération commerciale sino-tchadienne.

De manière plus spécifique elle vise à présenter :

- le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans l'économie internationale ;

- évaluer l'impact de la coopération renouvelée avec la chine sur le développement économique du Tchad.

REVUE DE LA LITTERATURE

Notre étude arrive à la suite de plusieurs recherches menées par des spécialistes, chercheurs et universitaires africains et occidentaux sur les problèmes de coopération commerciale Sino-africaine. Pour le juriste français POTIER (1932)3(*), la coopération est « la situation dans laquelle deux ou plusieurs nations dialoguent, échangent et construisent une oeuvre commune qui leur profite»

Plus généralement,  les médiocres performances globales de l'Afrique peuvent être attribuées en grande partie à des facteurs bien connus (baisse du prix des matières premières, problèmes macro-économiques, etc.) GROS J-B (et al 2002), ceci n'explique pas pourquoi certains pays arrivent à accroître leurs exportations et d'autres non (le Tchad). Les sources potentielles de croissance du Tchad en dehors du secteur pétrolier sont le coton et le bétail. Après avoir été le pays africain exportateur de coton jusqu' au milieu des années 70, le pays aurait la capacité de produire le coton en plus grande quantité et de meilleure qualité si les conditions locales de production s'amélioraient4(*). Bien que l'intégration du Tchad dans les marchés régionaux et mondiaux souffre principalement des contraintes pesant sur l'augmentation de la production des biens et services, beaucoup reste à faire pour soutenir le commerce extérieur à travers la diversification des exportations.

L'Afrique, la Chine ont une longue tradition de commerce vieille de plusieurs décennies. L'échelle et le rythme de développement des flux d'échange et d'investissement entre le géant asiatique et l'Afrique se sont nettement améliorés. Ainsi certaines études récentes telles que celle de Harry Broadman (2006) ont analysé les flux d'échanges commerciaux entre ces deux partenaires indiquant que les exportations de l'Afrique vers l'Asie ont triplé ces cinq dernières années, faisant de celle-ci le troisième partenaire commercial des pays africains (avec une part de 27 %) derrière l'Union européenne (32 %) et les États-Unis (29 %). Les apports d'investissement direct étranger de l'Inde et de la Chine ont également progressé : ceux en provenance de Chine s'élevaient ainsi à 1,18 milliard de dollars au milieu de 2006, indique l'étude.

Une autre étude récente de Sanjev Gupta et Yang Yongzheng (2005) a montré que la part des exportations africaines aux pays en développement a plus que doublé depuis 1990. A mesure que l'Asie s'industrialise, sa demande de ressources naturelles augmente et l'Afrique a saisi cette occasion. L'Asie reçoit aujourd'hui 25% des exportations africaines. La Chine et l'Inde qui procèdent à d'importants investissements sur le continent africain, absorbent à elles deux 10% des importations et exportations des pays subsahariens, soit 25% de plus que la part de ces deux pays dans les échanges mondiaux.

La progression des échanges entre les géants asiatiques et l'Afrique s'accompagne d'une offensive diplomatique. Les visites ministérielles se multiplient : le Président chinois a été accueilli au Nigéria en avril 2006 et les chefs d'Etat africains ont participé à un sommet à Pékin au cours de la même année (Chaponnière, 2006). Au début de l'année 2006, le gouvernement Chinois a publié un document sur sa politique africaine qui met l'accent sur l'égalité, la souveraineté et la non-ingérence. Le « consensus de Pékin » (Ramo, 2004) propose une alternative au « consensus de Washington » : car si les priorités chinoises (stabilité, développement et réforme) sont les mêmes, elles se conjuguent selon un ordre différent, Pékin donnant la priorité à la stabilité et Washington aux réformes. C'est dans ce contexte que les entreprises chinoises opèrent en Afrique. Les plus grandes entretiennent directement ou indirectement des liens avec l'Etat, elles s'engagent dans des pays à risque où elles poursuivent des stratégies à long terme.

Ces leaders asiatiques, et plus particulièrement la Chine, en modifiant leur comportement vis-à-vis du continent Africain auront un impact croissant sur la façon d'agir des grandes institutions internationales. En effet, alors que la Banque Mondiale assortit ses prêts de conditions de bonne gouvernance (mise en place de lutte contre la corruption, réglementations...), la Chine n'impose aucune contrainte aux pays qu'elle aide : on parle de « dumping démocratique ». En plus, la Chine est le second partenaire commercial de l'Afrique. En 2002/2003, le commerce entre la Chine et l'Afrique a augmenté de 50%. En 2004, l'augmentation était de 60%. Concernant le Tchad, les exportations vers la Chine sont passées de 0 % en 2000 à 21 % en 2004 et les importations de 0 % en 2000 et 1 % en 2004 (J R Chaponnière, 2006).

L'intensification des relations commerciales entre la Chine et l'Afrique sub-saharienne a coïncidé avec une accélération de la croissance africaine. En contribuant au redressement des cours des matières premières, l'appétit chinois a été plus efficace que les projets de stabilisation. L'analyse d'Eichengreen (2005) sur les conséquences de la croissance chinoise montre que les pays spécialisés dans la production et l'exportation de composants, de biens d'équipement et de matières premières en bénéficient alors que ceux qui sont engagés dans la production de biens de consommation subissent les effets de la concurrence chinoise. Ces conclusions rejoignent celles de Laal (2004, 2005) qui a analysé l'impact des exportations chinoises sur l'Asie et l'Amérique latine. Ces résultats suggèrent que les pays africains bénéficient de l'émergence chinoise. Selon les statistiques du FMI (DOTS), une dizaine dégage un surplus dans leurs échanges avec la Chine (l'Angola et le Soudan étant les principaux bénéficiaires) alors que pour les 20 autres pays, ces échanges sont déficitaires. L'impact est important pour les pays miniers mais beaucoup moins pour les pays exportateurs de produits agricoles. Les conséquences de l'émergence de la Chine sur l'Afrique peuvent être appréciées du côté de la demande et du côté de l'offre (J R Chaponnière, 2006). La forte demande de matière première peut pousser les prix à la hausse, alors que l'accroissement des exportations peut faire baisser 5(*) les prix.

La forte demande d'énergie et de minerais par la Chine et l'Inde a poussé à la hausse les prix internationaux des matières premières, ainsi que le volume et la valeur des exportations africaines (Andrea Goldstein, Nicolas Pinaud et Helmut Reisen, 2006). La Chine notamment est devenue le partenaire principal de plusieurs pays africains: elle leur fournit des produits manufacturés bon marché et réduit leur dépendance à l'égard de leurs partenaires commerciaux traditionnels. En devenant des importateurs importants des produits primaires, la Chine et l'Inde ont permis d'améliorer les termes de l'échange profitable aux pays d'Afrique sub-saharienne grands exportateurs de matières premières. Par contre, l'exploitation abusive des ressources naturelles de l'Afrique peut à la longue aboutir aux « syndrome hollandais ». En effet, si l'exploitation abusive des ressources naturelles peut permettre d'accroître le revenu national des pays, à l'opposé, elle entraine moins de création d'emploi. Aussi, toute stratégie de développement fondé sur ce principe peut avoir à la longue des effets négatifs sur les économies des pays en développement. L'intervention chinoise réduit à la baisse le coût de l'investissement (transport, agriculture, travaux publics). L'inconvénient est que l'investissement est souvent réalisé avec la main d'oeuvre chinoise. Ce qui annule l'impact de l'investissement sur la création d'emploi. Dans beaucoup de pays africains, la présence chinoise occasionne une concurrence rude qui entraîne la disparition d'entreprises locales (Chaponnière, 2006).

On peut relever d'autres effets négatifs de l'émergence de la Chine et de l'Inde. Selon, Gumisai Mutume (2006), la libéralisation de la filière textile après 30 ans de protection au profit des pays africains pauvres a occasionné des pertes d'emploi estimée à 250 000 avec l'avènement de l'entrée de la Chine à l'OMC. Selon la Fédération internationale des travailleurs des industries du textile, de l'habillement et du cuir (FITTHC), la plupart des emplois ont été supprimés au Lesotho, en Afrique du Sud, au Swaziland, au Nigéria, au Ghana, à Maurice, en Zambie, à Madagascar, en Tanzanie, au Malawi, en Namibie, au Kenya et au Tchad. L'ancien régime des quotas, connu sous le nom d'Arrangement multifibres (AMF), limitait les exportations de textiles et de vêtements vers les plus grands marchés du monde Etats-Unis, Canada et Union européenne (UE) dans le but de protéger les producteurs des pays industrialisés de leurs concurrents plus performants d'Asie. Ce faisant, ce régime a involontairement avantagé les petits exportateurs de textiles des pays en développement, moins gênés par les restrictions ou bénéficiant d'accès préférentiels aux marchés de l'UE ou des Etats-Unis. Leurs exportations vers les principaux pays industriels ont prospéré. L'abandon des quotas risque de chasser des grands marchés ces fabricants, incapables de rivaliser avec la concurrence effrénée de pays comme la Chine ou l'Inde.

Ensuite, bien que favorisant à court terme l'accroissement des revenus de gouvernements africains, le renforcement de la présence chinoise en Afrique pourrait contribuer à perpétuer des gouvernances politique et économique ayant constitué un frein majeur à la croissance durable de ce continent (OCDE, 2006). De même, s'il est communément admis que la croissance de la Chine et de l'Inde constitue un défi et une source d'opportunités pour les pays développés, son impact sur les pays en développement et les politiques appropriées qui peuvent être mises en place pour y faire face demeurent beaucoup plus incertains car les conséquences pour les économies africaines de l'intégration des géants asiatiques au sein de l'économie mondiale ont en particulier été très peu explorées.

Enfin, selon Broadman (op cit), même si la progression des flux d'échanges et d'investissements de l'Asie incite à l'optimisme, il existe des asymétries majeures au niveau des relations économiques entre les deux régions. Les droits comparativement élevés que la Chine et l'Inde appliquent aux produits d'exportation de pointe de l'Afrique, ceux d'une valeur maximum, empêchent les pays africains d'exploiter totalement leurs marchés. C'est ainsi que les exportations de l'Afrique ne représentent que 1,6 % de celles que l'Asie reçoit du reste du monde.

HYPOTHESES DE LA RECHERCHE

Pour asseoir notre problématique, les hypothèses ci-dessous sont formulées :

- H-1. Le mode d'insertion traditionnelle du Tchad dans le commerce international ne favorise pas l'économie Tchadienne.

- H-2. La nouvelle coopération Sino-tchadienne exerce un impact positif sur le commerce international du Tchad.

INTERET DE LA RECHERCHE

La coopération commerciale est la situation dans laquelle deux ou plusieurs nations dialoguent, échangent et construisent une oeuvre commune qui leur profite. De ce fait, une étude orientée sur ce mécanisme comporte sans doute un intérêt à la fois théorique et pratique.

Sur le plan théorique, une telle recherche au Tchad viendra tout d'abord en complément d'autres travaux déjà menés dans le domaine et surtout pourra constituer un point de départ important pour les études avenir, car elle consiste à analyser l'impact de la coopération renouvelée sur le commerce extérieur.

Sur le plan pratique, Elle permettra aussi au gouvernement Tchadien de savoir si le commerce avec la Chine est susceptible de lui garantir des avantages en terme économique. Il sera précisé si à travers cette coopération, le Tchad pourrait accumuler les fonds nécessaires pour financer son processus de développement ; de savoir si véritablement la coopération chinoise est une solution de rechange après un demi-siècle de coopération infructueuse avec l'Europe ou si par contre il s'agit d'une autre forme de domination économique qui ne permet pas d'espérer.

DEMARCHE METHODOLOGIQUE

La méthodologie d'analyse de la présente étude s'est appuyée sur la collecte documentaire, sur internet  et la collecte de données sur le commerce entre le Tchad et la Chine auprès des institutions spécialisées, par la suite nous les avons traités en se servant de l'outil statistique descriptible (pour calculer les moyennes et les pourcentages) pour apprécier cette relation commerciale.

Il s'agit dans une première étape de déterminer les effets de la coopération commerciale du Tchad avec ses partenaires traditionnels. Dans une deuxième phase, des investigations ont été menées pour récolter toute la documentation sur l'intervention des deux pays. La collecte a pris en compte tant la documentation administrative, les conventions et partenariats publics et privés au niveau des différents secteurs d'intervention. Ces différentes informations ont été collectés dans les différents Ministères et autres structures de coordination.

Au niveau des dons et prêts à faible taux, les informations statistiques ont été collectées au Ministère de l'Economie et des Finances. Enfin, les données sur la structure du commerce internationale ont été collectées à la Direction de L' INSEED.

PLAN ADOPTE

D'une manière générale, pour la rédaction notre travail de recherche nous suivrons un plan qui comporte deux parties : la première partie nous permettra de faire la présentation des effets de la coopération commerciale du Tchad avec ses partenaires traditionnels. Dans cette partie, nous aurons deux chapitres pouvant nous donner les éléments essentiels à la compréhension des spécificités du commerce extérieur du Tchad ; la deuxième partie quant à elle, nous permettra de voir l'impact potentiel de la coopération Sino-tchadienne et ses perspectives. Egalement dans cette partie, nous aurons deux chapitres précisant d'une part les opportunités offertes par la coopération commerciale Sino-tchadienne et d'autre part d'analyser l'impact de la coopération chinoise sur le développement économique Tchadien.

PREMIERE PARTIE :

LES EFFETS DE LA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS

Désavantagé par l'absence de littoral et son enclavement, le Tchad est un pays sahélien pauvre. Il est localisé en Afrique centrale avec un accès insuffisant aux principaux marchés d'exportation ainsi qu'à ses principales sources d'approvisionnement. Son intégration dans les marchés mondiaux doit passer par l'accroissement de la production et la promotion des exportations des produits traditionnels et non traditionnels. Son mode d'insertion traditionnelle dans le commerce internationale souffre de plus en plus du fait de sa structure commerciale.

Dans cette première partie du travail, nous allons analyser les effets sur la structure du commerce extérieur du Tchad (chapitre 1). Notamment en identifiant les limites de la coopération commerciale du Tchad avec ses partenaires traditionnels (chapitre 2).

CHAPITRE I :

LES EFFETS SUR LA STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU TCHAD.

Traditionnellement, le Tchad est un pays essentiellement importateur car ses besoins alimentaires et énergétiques, et certains de ses produits manufacturés proviennent de l'extérieur. Le Tchad exporte des matières premières (le coton fibre et le bétail) et certains produits à l'état brut ou semi-finis, en particulier la gomme arabique, l'arachide, le sésame, le poisson etc.

En effet, pour étudier l'impact potentiel de la coopération commerciale sino-tchadienne, il nous est judicieux d'une part de connaitre la structure du commerce extérieur du Tchad (section I) et d'autre part les effets sur le développement économique du Tchad (section II).

SECTION I : STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU TCHAD

Le commerce extérieur regroupe l'ensemble des agents économiques résidents à l'étranger ayant des relations avec l'économie nationale (notamment au niveau des importations et des exportations).

Afin de mieux cerner la structure du commerce extérieur du Tchad, il est important pour nous de la situer dans le temps et de comprendre ses évolutions récentes.

A- Structure du commerce extérieur du Tchad de 1972-2005

Malgré son isolement géographique, l'économie tchadienne s'ouvre de plus en plus vers l'extérieur.

1. Nature des produits échangés

Depuis l'indépendance, la nature des produits échangés est essentiellement agro-pastorale avec une consommation dépendant fortement de l'extérieur.

1.3 Nature des produits exportés

- Les produits agricoles : Le Tchad dispose de sources potentielles de croissance dans le domaine agro-pastoral (exportations traditionnelles et non traditionnelles). Après avoir été premier pays africain exportateur de coton jusqu'au milieu des années 70, le coton constitue avec la canne à sucre et le tabac les seules cultures industrielles du pays. Il représente en ce moment le produit dont l'achat et le prix sont garantis aux producteurs et dont la culture bénéficie d'un effort d'intensification. Parmi ces trois cultures, seul le coton est exporté vers l'extérieur en cette période. Compte tenu de nombreuses contraintes liées à la filière, la production à l'exportation fluctue. la moyenne était de 120 000 tonnes en mauvaises périodes et 255 000 tonnes en période d'euphorie. La part du coton dans les produits d'exportation était estimée à environ 45% des exportations tchadiennes.

- Filière spiruline ou Algue Bleue est connue des populations du lac-Tchad et du Kamen depuis des années 70. Sa production est estimée à 80% soit 100 tonnes par an dont une partie est vendue dans la sous région (1000 à 2000Fcfa/kg) procurant des revenus substantiels, notamment aux femmes rurales de ces zones.

- Concernant l'élevage, le Tchad est un pays agro-pastoral caractérisé par un climat évoluant du nord vers le sud en fonction de la pluviométrie. Les espèces exportées sont les bovins, ovins et les porcins.

- La gomme arabique : Le marché mondial est principalement approvisionné par les Etats de l'Afrique centrale, orientale et australe. La plupart des exportations mondiales proviennent de trois pays (Soudan, Tchad et Nigeria), en raison des caractéristiques tropicales de la plante à partir de laquelle la gomme arabique est extraite. En 1995, 56% de gomme arabique a été exporté vers le Soudan contre 29% vers le Tchad et du Nigeria 10%. D'autres pays tels que le Burkina Faso, la Mauritanie, le Cameroun et l'Erythrée produisent également de petites quantités (l'INSEED, 2004). On peut aussi citer les arachides décortiquées (plus 5000 tonnes selon le BNF) et le haricot (niébé) qui sont généralement exportés vers les pays voisins.

En 2003 l'économie tchadienne bénéficie des effets d'entraînement des investissements pétroliers nécessaires à la mise en exploitation des champs de Komé, Miandoum et Bolobo (les effets « Doba »). Avant que ces travaux ne commencent, beaucoup d'opérateurs camerounais et tchadiens ont cru que ce projet allait stimuler leurs économies respectives, et que beaucoup de marchés seraient à prendre soit directement soit indirectement par des effets d'entraînement (développement de la sous-traitance).

Les exportations du Tchad sont restées autour de la moyenne de 132 milliards FCFA jusqu'en 2003. C'est à partir de 2003, et notamment avec la production pétrolière que le niveau des exportations a doublé en 2003 et triplé en 2004 et 2005

Tableau 1 : Exportations des biens et services et du pétrole du Tchad entre 1970 et 2005 (en milliards)

Années

1970-1975

1976-1980

1981-1986

1987-1998

1989

1990

1991

1992

1993

1994

Exportations des biens et services (en milliards FCFA)

19,4

23,6

36

37 ,9

49,56

52,7

54,6

48,25

43

75,2

Exportation du pétrole brut (milliards FCFA)

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED

Années

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Exportations des biens et services (en milliards FCFA)

168

152

182

212

172

197

240

242

402

1177

1690

Exportation du pétrole brut (milliards FCFA)

-

-

-

-

-

-

-

-

115

584,4

588,5

Source : INSEED

L'évolution des importations et des exportations du Tchad nous permet d'observer que le solde de la balance commerciale passant d'un déficit de 800 milliards de FCFA (1 379,7 millions de dollars) dans les années 70 à un excédent de 260,4 milliards de FCFA (492 millions de dollars) à l'ère pétrolière. Ainsi le pétrole devient le premier poste d'exportation, comptant désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. Les exportations pétrolières sont ainsi passées de 8,6 millions de barils en 2003 à 61,3 millions de barils en 2004, correspondant à un bond exceptionnel des ventes, qui décollent de 115 milliards FCFA (224,2 millions de dollars) en 2003 à 588, 5 milliards FCFA en 20056(*).

Le niveau des exportations est vite relevé par l'introduction des exportations pétrolières dans le schéma traditionnel du circuit économique.

On comprend ainsi l'importance de la faiblesse des exportations tchadiennes influencées par le secteur agro-pastorale avant le pétrole et l'importance des exportations pétrolières dans la nouvelle structuration. Le pétrole a donc permis une augmentation considérable du niveau des exportations du Tchad. Les années 2004 et 2005 sont celles qui ont changé véritablement le comportement des exportations (atteignant 1690 milliards FCFA en 2005)7(*).

C'est pourquoi, les exportations occupent une place très importante dans la structure économique du pays même si elles ne lui permettent pas de sortir de l'auberge de la pauvreté. L'injection de la rente pétrolière a provoqué une très forte croissance du PIB.

1.2- Nature des produits importés

Elles comprennent l'ensemble des biens et services fournis par les non résidents à des résidents. Les importations regroupent la valeur de l'ensemble de biens et services destinés à l'étranger. Cette donnée inclut la valeur des marchandises, du fret, des assurances, transports, etc. En effet, la division internationale du travail implique qu'une partie des biens de consommation finale et d'équipement fasse l'objet d'importations et d'exportations. Et il en va naturellement de même pour les consommations intermédiaires. Dès lors, l'accroissement du produit et du revenu total se traduit en général par une croissance des importations. Au Tchad, avec l'implantation des sociétés pétrolières et sous traitantes, une attention mérite bien d'être prêtée aux importations.

Dépourvue d'industrie de transformation et enclavé de surcroît, c'est vers les pays voisins que le Tchad va chercher une bonne partie des produits nécessaires à la satisfaction des besoins les plus élémentaires de sa population. En effet, 43% des importations tchadiennes sont constituées de biens de consommations courants contre 17% seulement de biens d'investissement. La mauvaise répartition des importations par rapport aux produits se double d'une répartition très inégale au niveau des sources d'approvisionnement.

Depuis les années 70 jusqu'en 2005, les produits pétroliers sont les produits les plus importés en volume tout comme en valeur. Toujours en quantité, en seconde place se trouvent la farine, le ciment, les engrais, les céréales et le sucre. Ensuite viennent les machines et appareils mécaniques, les véhicules, les produits du papier et les produits pharmaceutiques.

Parmi les biens de consommation courante des ménages, il faut citer les produits alimentaires divers, qui sont pour la plupart des produits manufacturés, les boissons, le tabac, dont une partie entre dans la fabrication des cigarettes (MCT) et le textile. Les biens d'équipement entrés sur le territoire, en dehors des admissions temporaires, ont également un poids important dans les importations (15%).

Le Nigeria fournit à lui seul les 80,22 % du carburant consommé au Tchad8(*). Il est évident que si le Tchad avait la possibilité d'acheter son carburant à plusieurs autres fournisseurs que le Nigeria, le problème se poserait avec beaucoup moins d'acuité. Un autre exemple concerne les matériaux de construction dont le ciment qui est fourni exclusivement par le voisin camerounais. Le prix pratiqué sur le marché n'est ni plus ni moins qu'un prix de monopole.

Tableau 2 : Importation des biens et services 1972 et 2005 du Tchad (en milliards de Fcfa)

Années

1970-1975

1976-1980

1981-1986

1987-1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

Importations des biens et services (en milliards FCFA)

24

32

48

67,96

70,45

64,32

58,24

117,7

114,5

131,1

Source : INSEED et rapport de banque de France pour la zone franc.

Années

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Importations des biens et services (en milliards FCFA)

270

307

341

379

375

421

637

901

778

744

825

Source : INSEED

Les importations ont chuté d'environ 20% en passant de 900 milliards FCFA à 778 milliards FCFA pour 2003. Cette baisse coïncide avec la fin du projet pétrolier et le retrait des investisseurs, (le secteur pétrolier constituant à lui seul 63 % du total des importations)

Les données en volume du commerce extérieur, recueillies auprès des entreprises enquêtées et de l'administration, font ressortir une évolution mitigée des exportations et des importations des biens et services en fin décembre 2005, par rapport à la même période de l'année 2006. En ce qui concerne les importations, celles des hydrocarbures, des biens de consommation alimentaires et des matériaux de construction ont baissé respectivement de 4,1%, de 6,6% et de 3%. Parallèlement, celles des équipements industriels et de transport chutent de 47,8%. En revanche les entrées des autres produits ont progressé.

Les importations devraient également croître de 3,6%, en termes réels, en liaison avec la hausse des dépenses publiques.

2. Orientation géographique des échanges du Tchad de 1972-2005

Il est question de voir les clients et les fournisseurs du Tchad.

2.1- Clients du Tchad

Le Tchad, tout comme une grande partie des pays de la zone franc à des degrés divers, entretient des relations commerciales non négligeables avec la sous région et le reste du monde. Deux types de déterminants se dégagent et peuvent jouer ensemble. Le premier, plus immuable dans le temps, concerne la spatialisation naturelle de zones géographiques, qui constitue d'ailleurs, la base du commerce précolonial de longue distance.

Le second type de déterminants repose sur des différentiels de prix induits par l'adoption de politiques économiques différentes de chaque coté des frontières. Par exemple, les restrictions commerciales imposées par le gouvernement nigérian au cours des années 1980 ont eu pour effet de développer le commerce informel avec les pays voisins au lieu de diminuer les importations de biens.

Les principaux pays partenaires à l'exportation du Tchad sont d'abord les pays frontaliers que sont le Cameroun, le Nigeria, le Soudan, la Libye et le Niger. Les autres pays sont la France, la Belgique - Luxembourg, les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume Uni et la Chine populaire. Pour les hydrocarbures par exemple, le Tchad n'entretient de relations qu'avec ses voisins les plus proches.

En somme, les années 1972-2005 n'étaient pas favorables pour le commerce extérieur du Tchad en termes de la balance commerciale, dans la mesure où son importation est plus intéressant que son exportation du fait de la diversification de ses produits (on ne peut citer que le coton et le bétail dans les années 80).

2.2- Fournisseurs du Tchad

La part des importations de la CEMAC et du reste des pays de l'Afrique Sub-saharienne est supérieure à celle des exportations du reste monde, soit respectivement 7% et 15%. Les importations formelles de la CEMAC englobent essentiellement les produits alimentaires, notamment les légumes. Plus de la moitié des importations du Tchad viennent de l'Europe. Ce taux est croissant avec le projet de Doba, tout comme les importations en provenance des Etats-Unis. La France est la plus grande source des importations, suivie des pays voisins (Nigeria, Cameroun) et les Etats-Unis. Les autres partenaires commerciaux sont: l'Allemagne, la Belgique, l'Arabie Saoudite, et la Russie.

Graphique 1 : les principaux fournisseurs du Tchad.

En somme dans les années 1972-1997, la France, le Cameroun et le Nigeria sont des gros fournisseurs du Tchad avec la moyenne respective 44%, 17% et 13%. La tendance est la même jusqu'en 2005.

B- La structure du commerce extérieur du Tchad depuis 2006

La structure reste inchangée jusqu'à nos jours, ses exportations se basent toujours sur trois (3) produits primaires : le pétrole (85,7% des exportations nationales), le bétail (7,4 % des exportations nationales), le coton fibre (2%) et dans une moindre mesure la gomme arabique et les autres produits agricoles dans la sous-région et le reste du monde. Bref sa consommation dépend de plus en plus de l'extérieur.

1. Nature des produits échangés

Il s'agit dans cette partie de voir la nature des produits importés et les produits exportés.

1.1- Nature des produits exportés

Pays essentiellement importateur de par son enclavement géographique, le Tchad regorge pourtant d'un potentiel indéniable à l' exportation. Les principaux produits à l'exportation susceptibles de connaître un potentiel accroissement sont notamment la gomme arabique et le bétail. En ce qui concerne la gomme arabique dont le Tchad figure en deuxième position des pays producteurs derrière le Soudan, les perspectives sont réjouissantes.

Aujourd'hui, le Tchad continue à exporter du bétail en raison des vastes pâturages dont bénéficie exceptionnellement ce pays, ainsi que d'autres produits tel que les peaux, du niébé, les oignons. Le tableau ci-dessous nous montre l'évolution des exportations du Tchad de 2006-2008.

Tableau 3 : Evolution des exportations du Tchad de (2006-2008).

Années(en milliards de FCEA

2006

2007

2008

Bétail

267

264

272

Coton

44

36

41

Gomme arabique

14

15

15

Autres

51

56

63

Total des exportations hors pétrole

376

371

391

Tableau 4 : Evaluation des exportations en pourcentage % (2006-2008)

 

 

2006

2007

2008

Bétail

71

71

70

Coton

11

10

10

Gomme arabique

4

4

4

Autres

14

15

16

Total

100

100

100

Source: Autorités tchadiennes, base de données des Perspectives de l'économie mondiale du FMI. Rapport février 2009 :

Les volumes d'exportations ont progressé pendant quelques années mais ont ensuite reculé (voir Tableau 5&6). En termes de PIB, les exportations non pétrolières atteignaient environ le niveau de 20% en 1994 et 19% en 2008. Le bétail et le coton sont les principaux produits d'exportation non pétroliers du Tchad. L'importance relative du coton est en baisse alors que celle de la gomme arabique est en net progression.

Quant au bétail dont le Tchad peut se targuer d'être le premier producteur dans la sous région CEMAC, il suffirait de maîtriser le circuit de commercialisation qui échappe, pour l'heure, en grande partie aux statistiques commerciales. Qu'à cela ne tienne selon notre analyse, le secteur de l'élevage a un fort potentiel d'exportation dans l'avenir. A ces produits d'exportations s'ajoutent aussi l'arachide, les peaux de bête et la cigarette.

Il convient aussi de ne pas perdre de vue que depuis octobre 2003, le Tchad a fait son entrée dans le cercle des pays exportateurs du pétrole. Sa production qui d'après les experts durera environ 30 ans, est estimée à 80 millions de barils par an à partir de 2009. L'exportation commerciale des gisements pétroliers de Doba dans le sud du pays à partir des années 2003 a un impact profond sur la vie économique.

Les activités commerciales sont supposées endogènes et fortement déterminées par la conjoncture générale, qui dépend essentiellement de la production agricole et des prix payés aux producteurs du coton. Le coton constitue une source marginale de revenu pour l'Etat, dans la mesure où les coûts de transport vers le port de Douala sont assez élevés réduisant fortement la compétitivité du coton tchadien. Une taxe trop importante à l'exportation mettrait en péril l'équilibre de la filière. La filière du coton est en repli (-50% de la production en deux ans) ; elle pourrait être mieux soutenue, notamment en raison du facteur d'équilibre social qu'elle représente dans le sud du pays.

2.1- Nature des produits importés

Comme dans les années 2004 et 2005, les importations en combustibles minéraux, huiles minérales constituent la part la plus importante du total des importations. Elles représentent 13 % de l'ensemble des importations en 2006-2008 en moyenne et sont évaluées à plus de 70 milliards de Fcfa dont 64% concernent le seul produit gaz oïl dont la facture s'est élevée à plus de 44 milliards de FCFA.

Les produits sucriers secondent l'énergie avec une part de 11% de l'ensemble des importations en 2006, soit environ 60 milliards de FCFA.

Viennent ensuite par ordre d'importance les Machines, appareils et matériels électriques (9%), les Réacteurs nucléaires, chaudières, machines (9%), les automobiles, tracteurs, cycles et autres véhicules (4%), les Matières plastiques et ouvrages en ces matières (3%), la navigation aérienne ou spatiale (2%), les produits pharmaceutiques (2%).

Source : INSEED

Graphique 2 : Principaux groupes de produits importés de 2006 à 2008

Une analyse détaillée des importations révèle que les produits gaz oïl, sucre raffiné, matériels, médicaments, farine de froment sont les plus importants à avoir été importés entre 2006 à 2008 en moyenne.

La grosse facture que présentent les importations en sucre peut en effet susciter quelques inquiétudes par rapport à la capacité de la production locale en sucre par la Compagnie sucrière du Tchad (CST) pour répondre à la demande locale ou au niveau des prix pratiqués qui pousseraient les consommateurs vers des sucres d'origine étrangère.

Par contre, la future réalisation d'un projet de raffinerie pétrolière et la cimenterie au Tchad pourraient contribuer significativement à alléger la charge afférente aux importations en produits énergétiques et en ciment.

2- Orientation géographique des échanges du Tchad depuis 2006

Il est question de voir les clients et les fournisseurs du Tchad.

2.1- Clients du Tchad (voir annexe 1 tableau 1)

Comme en 2005, les principaux pays destinataires des produits d'exportation hors pétrole du Tchad sont par ordre d'importance la France (37%), le Nigeria (31%) et le Soudan (15%) en moyenne dans les années 2006-2008.

Le Nigeria achète principalement le bétail (80% de l'ensemble de ses achats au Tchad), le coton (10%) tandis que la France importe du Tchad le coton (71% de ses importations du Tchad), les moyens roulants (9%) et la gomme arabique (3%). Le Tchad alimente le Soudan qui est le troisième plus grand importateur des produits tchadiens en produits alimentaires. En effet, la farine de maïs constitue environ 100% de l'ensemble des importations soudanaises du Tchad.

Le Cameroun qui est le premier pays fournisseur du Tchad en 2006 ne se trouve qu'au septième rang des pays destinataires des produits tchadiens. Il en est de même pour les Etats-Unis, premier pays producteur des produits d'origine importés au Tchad qui se trouve au sixième rang des pays destinataires des produits tchadiens hors pétrole. Ce déséquilibre commercial appelle une réflexion pour en comprendre les déterminants.

Le Cameroun achète essentiellement au Tchad les arachides (33%), le bétail (5%) et les gommes arabiques (4%).Le pétrole brut est exporté exclusivement vers les Etats-Unis.

En termes de balance commerciale c'est grâce à l'exploitation du pétrole que le Tchad comptabilise une balance commerciale positive. Mais s'il ne faut tenir compte que des produits hors pétrole, sa balance commerciale est nettement déficitaire, ce qui veut dire qu'il dépend toujours du monde extérieur jusqu'à nos jours.

2.2-Fournisseurs du Tchad

Le Cameroun et les Etats Unis continuent d'être en tête des pays qui alimentent le Tchad depuis 2006. Le Tchad a importé de ces deux pays pour plus de 210 milliards de FCFA Ils sont suivis par la France (80 milliards de FCFA) et le Nigeria (68 milliards de FCFA) (voir graphique 3).

Les principaux continents d'où viennent les importations du Tchad sont par ordre d'importance l'Afrique (179 milliards de FCFA), l'Amérique (178 milliards de FCFA), l'Europe (135 milliards FCFA) (voir graphique 3). Toutefois, en soustrayant les importations du sucre et des hydrocarbures, les importations du Tchad du continent africain deviennent insignifiantes et le continent ne viendra qu'au troisième rang après l'Amériques et l'Europe.

source : INSEED du Tchad et autorité tchadienne.

Graphique 3 : Origine des importations depuis 2006

source : INSEED du Tchad et l'autorité tchadienne

Graphique 4 : Continents d'origine des importations depuis 2006

L'analyse des importations par pays d'origine indique que le Cameroun alimente le Tchad essentiellement en sucre raffinés (33%), Gazoles (16%), ciments (8%) et savons (6%). Ces trois produits représentent plus de 60% de l'ensemble des importations des produits d'origine camerounaise vers le Tchad depuis 2006.

Les importations des produits d'origine américaine depuis 2006 portent essentiellement sur les matériels d'équipements et précisément, les outils d'exploration pétrolière ou de forage. Ces produits représentent plus de 30 % de l'ensemble des importations d'origine américaine en moyenne entre 2006-2008.

Les importations des produits d'origine françaises depuis 2006 ont porté essentiellement sur la farine de froment (13%), avions ou hélicoptères (12%), véhicules (4%), Médicaments (3%).

Quant au Nigeria, plus de 50% des produits importés (en valeur) concernent les hydrocarbures, montrant à quel niveau le Tchad est dépendant de ce pays en matière énergétique.

Sous l'angle des regroupements économiques, l'Union Européenne (100 milliards de FCFA) alimente le Tchad plus que la zone CEMAC (87 milliards de FCFA). Elle alimente le Tchad principalement en produits agro-alimentaires dont la farine de froment, les produits électroménagers tandis que la CEMAC alimente le Tchad en sucre, savons, boissons et autres (voir annexe 1 graphique 1).

Tableau 5 : la balance commerciale du Tchad de 1970-2005 (en milliards de Fcfa)

Années

1970-1975

1976-1980

1981-1986

1987-1988

1989

1990

1991

1992

1993

 

1994

Exportations

19

24

36

38

50

53

55

48

43

 

75

Importations

24

32

48

67,96

70,45

64,32

58,24

117,7

114,5

 

131,1

Balance commerciale

-5

-8

-12

-29,96

-20,45

-11,32

-3,24

-69,7

-71,5

 

-56,1

Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED

 

De l'année 1995 à 2005

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

X

168

152

182

212

172

197

240

242

517

1761,4

2278,5

312,52

270

307

341

379

375

421

637

901

778

744

825

319,35

-102

-155

-159

-167

-203

-224

-397

-659

-261

1017,4

1453,5

-6,83

Source : rapport de banque de France pour la zone franc de 1980, 1985, 1990, 2005 et INSEED ; X= moyenne

En somme on constate la dépendance du Tchad de ses importations par rapport à ses exportations ce qui entraine un déficit de sa balance commerciale de 1972-2003. C'est avec l'exploitation du pétrole que sa balance commerciale devient positive, sa structure commerciale se dégrade au fur et à mesure du fait de manque d'une politique d'industrialisation. Mais le Tchad est toujours dépendant des importations.

SECTION II : LES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU TCHAD

Les théories du commerce considèrent le commerce international comme facteur important dans la croissance économique d'un pays. Dans cette section, nous allons montrer le fondement (A) et les avantages de modes d'insertion du Tchad (B).

A- FONDEMENT DU COMMERCE DU TCHAD

Le Tchad comme la plupart des autres pays africains exportent principalement les matières premières. Certains pays comme le Tchad sont fortement tributaire d'un nombre restreint de produits d'exportation qui sont généralement retravaillés à l'étranger (tel que le coton, la gomme arabique, pétrole brute...), si bien que la valeur ajoutée locale reste faible ainsi la faible part de l'Afrique dans le commerce mondial est due à la structure et la nature des biens qu'elle exporte. C'est essentiellement des matières premières issues de l'industrie extractive et des produits agricoles qui ne peuvent pousser que sous le climat tropical humide comme le café, le cacao, huile de palme, la canne à sucre et le coton.

B- AVANTAGES DES PAYS DANS LA SPÉCIALISATION DU COMMERCE DE PRODUITS PRIMAIRES

La croissance fondée sur les produits primaires offre trois (3) catégories d'avantages, en améliorant l'emploi des facteurs de production disponible, en étendant les dotations de facteurs et en assurant des effets de liaison.

1- Amélioration de l'emploi des facteurs

Le modèle statique portant sur les apports des échanges partent d'un pays fermé au commerce international et montrent les effets de son ouverture commerciale. Les échanges assurent une exploitation plus intensive du facteur de production abondant. Le pays qui, à l'inverse possède des ressources inexploitées avant son ouverture commerciale peut tirer des profits encore plus substantiels des échanges et ses échanges pourront stimuler l'économie de manière à assurer le plein emploi de tous les facteurs de production. De ce fait, le pays, opte pour l'accroissement de la production de l'un et l'autre bien. (Michael Roemer et al, 1998)

L'économiste Briman Hla Myin en 1959 a observé que les régions d'Afrique et d'Asie soumises à la colonisation européenne ont pu grâce à l'expansion du commerce international qui en résulte, assurer un emploi plus intensif de leur sol ou de leur actif pour produire des produits alimentaires (le riz, le cacao et l'huile de palme) pour les exportations. Myint (1959) applique à ces exemples l'expression d'Adam Smith, le potentiel de surplus de production, notion qui implique qu'une partie du sol ou d'actif sont oisifs avant les échanges et que ceux-ci permettent aux pays concernés d'exploiter plus intensivement leurs terres et leurs actifs.

2- Expansion des dotations des facteurs

Une fois mis en évidence, le potentiel de rentabilité de l'agriculture tropicale ou des ressources naturelles, les investisseurs étrangers s'intéresseront probablement au pays d'abord pour exploiter l'avantage comparatif et pour s'implanter peut-être en fin de compte dans d'autres secteurs.

L'afflux des investisseurs étrangers a constitué un processus classique dans les industries exportatrices des produits minéraux et dans beaucoup de secteurs de production tropicale où l'agriculture de plantation était la norme : ESSO au Tchad, CONOCO n'offrent que quelques-uns des cas les plus visibles sur une masse d'exemples.

L'apparition de nouveaux secteurs d'exportation aura également des chances d'ouvrir, dans les activités exportatrices ou dans des industries connexes, de nouveaux créneaux d'investissement rentables que les capitaux étrangers n'occuperont pas intégralement. Ces créneaux représentent une ouverture vers l'extérieur de la demande de financement internes et ils doivent encourager un développement de l'offre et par la suite des investissements dans l'économie.

C'est dire que l'expansion des créneaux commerciaux des produits primaires peut entraîner l'accroissement de l'offre d'investissement étrangers et le financement interne de main d'oeuvre ainsi que du personnel qualifié. Ces investissements permettront de compléter les facteurs de production fixés (terre et ressources naturelle) Roemer (1998)

Outre cette aide économique progressive vers sa limite de production il s'en suit que les échanges peuvent également élargir la frontière vers l'extérieur et permettra à l'économie de produire tous les biens en plus grande quantité qu'avant.

3- Les effets de liaison

La notion d'une croissance fondée sur l'exportation suppose en effet une stimulation pour d'autres secteurs d'activités apparemment stagnants. En occurrence, l'industrie textile peut permettre d'illustrer dans le cas sa création d'une demande suffisante pour un facteur de production (coton ou colorant). Ce qui permettra de stimuler la production nationale de celle-ci. Hirschman (1958) nomme cet effet de stimulation par l'expression « liaison en amont »

Les liaisons en amont sont particulièrement efficaces quand le secteur d'activité bénéficiaire atteint une dimension telle que les industries qui l'approvisionnent peuvent réaliser leurs propres économies d'échelle. Cela permettra de réduire leurs coûts de production et d'augmenter leur compétitivité sur le marché interne, voire à l'exportation. Trois conditions peuvent favoriser ce type de liaison :

- La production devra, au départ, s'effectuer dans de petites unités faisant appel à des techniques simples, ce qui donnera à l'industrie d'équipement naissante la possibilité de maîtriser les techniques de fabrications et d'apprendre le métier par production répétitive ;

- L'industrie exportatrice devra connaitre une croissance régulière au fil des années, ce qui ouvrira à ses fournisseurs les perspectives d'un marché constant ;

- De plus, elle devra posséder une dimension suffisante pour permettre aux fabricants de matériel de réaliser en fin de compte des économies d'échelle.

Ces conditions peuvent l'être dans plusieurs activités agricoles mais ce n'est généralement pas le cas du secteur minier.

Les secteurs d'exportations des produits primaires peuvent également encourager dans le pays, l'essor des entreprises et du personnel qualifié. La liaison peut être aussi fiscale.

La liaison fiscale offre de meilleur exemple dans les secteurs pétrolier (cas du Tchad) et minier ainsi que pour certaines cultures agricoles traditionnelles. Les pouvoirs publics peuvent s'accaparer sous forme de taxes ou dividendes, une proportion important de rente tirée de ces exportations et affecter les recettes au financement du développement d'autres secteurs.

A l'évidence, le gouvernement qui bénéficie de ce type de revenus est en meilleure posture que celui qui n'en a pas. Mais l'efficacité avec laquelle ces recettes stimulent un développement autonome du reste de l'économie dépend, au plus haut point des types de programme et d'intervention entrepris par les pouvoirs publics (Baldwin, 1966).

Mais tous ses effets positifs citer ci-dessus ne se fait pas sentir au niveau des principaux indicateurs de croissance économique du Tchad. Le PIB du Tchad n'a augmenté que de 0,2% en 2008 en raison de la performance médiocre du secteur pétrolier et des conflits persistants entre les forces gouvernementales et les groupes de rebelles. Le fléchissement de la demande et des cours mondiaux de pétrole ont conduit à une récession en 2009 qui pourrait se résorber en 2010.

Le Tchad a engagé un processus de privatisation afin d'améliorer l'ensemble de son économie. Ainsi en 2008, le Tchad a adopté avec le FMI une nouvelle Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SNRP II), établissant un programme de réformes structurelles pour 2008-11. L'accent est mis sur une politique fiscale soutenable et une dépense raisonnée des revenus pétroliers pour promouvoir la diversification économique.

Le Tchad est un des pays les plus pauvres du monde. L'espérance de vie à la naissance est de 51 ans seulement, la malnutrition touche un tiers des enfants de moins de 5 ans, le niveau d'éducation est faible. Aux trois-quarts rural, supportant de fortes disparités de développement entre les villes et les campagnes, le Tchad est un pays aux déficiences structurelles réelles. La faiblesse de son PIB par habitant et de son IDH (170ème/179) vérifie l'hypothèse d'une économie fragile.

Tableau 6 : Les indicateurs de la croissance du Tchad

Indicateurs de croissance

2008

2009

2010

2011

2012

PIB (milliards USD)

8,39

6,85

7,98e

8,47

9,11e

PIB (croissance annuelle en %, prix constant)

-0,4

-1,6e

4,4

3,9e

5,5e

PIB par habitant (USD)

862

687e

780

809

848

Taux d'inflation (%)

8,3

10,1

6,0

3,0e

3,0e

Balance des transactions courantes (en % du PIB)

-13,7e

-32,5

-29,7e

-26,3

-7,4e

Source : FMI - World Economic Outlook Database (pour plus de détail voir annexe 7)

Note : (e) Donnée estimé

Il était question pour nous dans ce chapitre de présenter les effets de la coopération du Tchad avec ses partenaires. Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au Tchad, il en résulte qu'il est soumis traditionnellement à la logique de la répartition sectorielle des branches d'activité où le secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière de l'économie tchadienne dont l'exportation a changé ce schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole acquiert une primauté dans les postes d'exportation, comptant désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. De plus, les importations ont vu leur rythme évoluer surtout pendant la phase d'installation sur le sol tchadien des sociétés pétrolières et des différents partenaires. Il est vrai que le pétrole tchadien a contribué à adopter une nouvelle lecture du commerce extérieur, mais ne perdons pas surtout de vue le fait que le commerce extérieur tchadien rencontre des difficultés depuis quelques années. Il s'avère primordial d'adapter des politiques tant préventives que curatives de part et d'autre part voir les limites de cette politique basée sur l'exportation des produits primaires.

CHAPITRE II :

LIMITES DELA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD

AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS

Le commerce est une activité économique au cours de laquelle s'effectuent des opérations de vente et/ou d'achat d'une marchandise. Quant au commerce international c'est l'ensemble des échanges internationaux de biens et services.

Tout pays commerce avec le reste du monde. La nature de ces échanges et le type de marchandise qu'un pays exporte vers les autres jouent un rôle capital dans la détermination du caractère du développement.

Dans ce chapitre nous allons analyser les limites relatives à la production et à l'exportation des matières premières (section I) et par la suite nous nous intéresserons aux limites spécifiques liées à la production et l'exportation pétrolière (section II).

SECTION I : LIMITES LIEES A LA PRODUCTION ET A L'EXPORTATION DES MATIERES PREMIERES

Dans cette section nous verrons les limites liées à la croissance fondée sur l'exploitation des produits primaires d'une part et la dépendance du Tchad vis-à-vis de certains pays d'autre part.

A- LIMITES LIEES A LA CROISSANCE FONDEE SUR L'EXPORTATION DES PRODUITS PRIMAIRES

Les variations des prix des produits exportés et importés ainsi que celles du volume et de la composition des échanges ont des incidences sur les gains qu'un pays peut tirer du commerce international.

Dans la présente partie, nous allons mettre en évidence les effets de la détérioration des termes de l'échange, la croissance léthargique de la demande et la fluctuation des recettes d'exploitation.

1- Détérioration des termes de l'échange

En économie internationale, les termes de l'échange représentent le rapport de l'indice des prix à l'exportation à l'indice des prix à l'importation. L'importance de la notion de terme de l'échange est admise depuis longtemps dans la théorie du commerce international (Benham, 1940). Au départ, dans le cas des pays en développement, il s'agissait essentiellement d'étudier les variations des prix des produits primaires à ceux des produits manufacturés.

Ainsi, Samuel Longfield indique en 1835 comment les termes de l'échange peuvent varier en fonction de la demande des importations d'un pays. James Pennington (1840) montre que le domaine de variation des termes de l'échange est borné par les rapports entre les coûts relatifs de production, qui servent à calculer l'avantage comparatif. Les travaux de Prebish (1950, 1952) et Singer (1950) ont élargi le débat. Ils ont été appuyés par des recherches empiriques qui ont débouché sur ce qu'on appelle couramment la thèse de Prebish et Singer (1950) du déclin séculaire des termes de l'échange des produits primaires par rapport aux produits manufacturés (dégradation des termes de l'échange).

La dégradation des termes de l'échange est une thèse employée pour exprimer des situations de baisse inéluctable des prix des produits des pays du sud face à ceux des pays du nord, ou plus objectivement et précisément entre les produits industrialisés et les produits des pays du tiers-monde.

La dégradation des termes de l'échange des produits primaires bousculait également l'idée des classiques que sur le long terme, le prix de ces biens avait tendance à monter relativement à celui des biens industriels à cause de la rareté naturelle des ressources du sol. Un grand nombre de PVD et PMA particulièrement ceux d'Afrique, sont encore très tributaires de l'exportation de produits primaires et leurs termes de l'échange sont toujours étroitement liés aux prix relatifs des produits primaires et des produits manufacturés (CNUCED, 2003).

Pour Raoul Prebish (1950) et Hans Singer (1950), les effets du progrès technique sont dissemblables dans les pays industriels et dans les PVD et PMA sur le prix des produits à cause du mode de détermination de prix des facteurs : dans les premiers, les structures de marché sont moins concurrentielles que dans les seconds, si bien que les prix ne baissent pas dans la même proportion.

Singer (1950, 312p) ajoute des explications sur la demande en soulignant la faible-élasticité-revenu des produits primaires : la demande des produits alimentaires augmente moins vite que le revenu ; avec le progrès technique, l'absorption de matières premières par unité de produits industriel tend à se réduire. La détérioration des termes de l'échange a été aggravée par la protection du secteur primaire dans les pays développés (cas des termes de l'échange des exportations de coton des pays tels que le Benin, le Tchad et le Burkina Faso)9(*).

D'autre part, la croissance des pays en développement dépend en grande partie de mesure de l'importation des produits manufacturés (essentiellement des biens d'équipement) nécessaires à la création ou l'expansion des capacités de production et des infrastructures. Si de nombreux pays en développement ayant des ressources naturelles similaires cherchent simultanément à accroître leurs exportations de produits primaires pour financer l'importation de produits manufacturés, cela tend à faire baisser les prix des produits primaires (CNUCED, 2002).

Le déclin du prix des produits manufacturés à faible intensité de compétences est généralement accompagné d'une forte croissance du volume des exportations, alors que dans le cas des produits primaires le volume des exportations stagne parce que l'élasticité-prix de la demande est très faible.

La dégradation des termes de l'échange est affaire de produits. Par ailleurs les produits de base souffrent d'une infériorité fondamentale par rapport aux biens manufacturés au regard de la demande. Côté offre, les producteurs peuvent réagir à la baisse des prix en augmentant les volumes des produits pour maintenir leur revenu, ce qui tend à déprimer les cours.

Au XXe siècle, cette dégradation était devenue de plus en plus défavorable pour les pays du sud. Cette thèse est liée à la théorie de la dépendance.

2- Croissance léthargique de la demande

Dans un monde à la croissance équilibrée, les exportations de produits primaires pourraient s'attendre à ce que leurs ventes à l'étranger croissent au même rythme que les revenus nationaux des importateurs de ces produits et à ce qu'il en aille de même pour leurs propres revenus. L'accélération de la croissance des revenus des exportations de produits primaires impliquerait des évolutions structurelles, telle la substitution des importations. Toutefois, le monde ne connaît pas un équilibre de ce type, et les économistes peu convaincus du potentiel des exportations de produits primaires ont fait état de mutations structurelles dans le monde industriel qui semblent condamner les exportations de produits primaires à une croissance plus lente que celle des revenus du monde industriel. En outre, l'évolution technique dans l'industrie manufacturière va à l'encontre de la consommation de matières premières, les producteurs s'attachant à réduire leurs coûts en élevant le rendement des produits finis obtenus à partir d'un apport en matières premières donné. Exemples : les métiers à tisser modernes gaspillent moins de filets de coton et utilisent davantage de fibres synthétiques, les tuyaux en plastique remplacent les tubes de fer ou de cuivre etc. l'innovation technologique ou les fortes élasticités de la demande par rapport au revenu-facteurs précisément invoqués à l'encontre des exportations de matières premières ont donné une forte impulsion à la demande de pétrole, de caoutchouc, de cuivre, d'aluminium, de l'huile végétales etc.

3- Fluctuation des recettes

Il est couramment admis que l'instabilité des recettes d'exportation qui se transmet à l'économie intérieure, provoque l'instabilité de la demande interne et augmente les risques de l'investissement. Dés lors, les fluctuations de la demande interne, associées à un approvisionnement incertain en matériaux importés, décourageront les investisseurs et réduiront la croissance économique. Les variations des exportations risquent également de brouiller les signaux envoyés par les prix relatifs, ce qui met les investisseurs dans l'incapacité de choisir les implantations les plus rentables. Ce brouillage des signaux élève le rapport capital-production et diminue le taux de croissance pour tout niveau donné d'investissement.

B- DÉPENDANCE COMMERCIALE VIS-À-VIS DE QUELQUE PAYS

La théorie de la dépendance est une théorie du champ des sciences sociales ( sociologie, histoire, économie et science politique ) qui soutient que la pauvreté, l'instabilité politique et le sous-développement des pays du Sud est la conséquence de processus historiques mis en place par les pays du Nord ayant comme résultat la dépendance économique des pays du Sud (Yotopoulos, 1966). Cette théorie avance que les pays les plus riches ont besoin des plus pauvres afin de s'assurer de la continuité de leur croissance.

Conçue dans les années 1950, lors d'une phase de radicalisation de la compréhension des rapports internationaux et du développement, cette théorie s'oppose alors à la théorie de la modernisation ou de l'industrialisation qui prétend que les pays sont à un stade inférieur de leur développement ou que ces pays ne sont pas intégrés dans l'économie globale. Pour la théorie de la dépendance, ces pays sont intégrés mais sont structurellement mis en état de dépendance continue en appliquant, par exemple, l'interdiction de la production nationale de produits devant être achetés auprès des compagnies coloniales.

La dépendance des pays du Sud s'explique historiquement par la colonisation ( Asie, Afrique, Amérique latine par exemple) et par les échanges commerciaux inégaux (par les compagnies comme la Compagnie néerlandaise des Indes orientales ou encore la Compagnie anglaise des Indes orientales). Pour l'économiste argentin Raúl Prebisch (1950), l'enrichissement des pays développés est inversement proportionnel à celui des pays pauvres. Pour les théoriciens de la dépendance, il est actuellement impossible que les pays du Sud se développent sans se libérer des liens de dépendance entretenus avec le Nord puisque le développement des pays du Nord repose sur le sous-développement de ceux du Sud. Prenons l'exemple du commerce dont les firmes multinationales sont souvent contrôlées par l'étranger et les décisions sont prises à l'extérieur du pays. Les PVD sont dépendants de la conjoncture des pays développés, puisque leurs recettes d'exportation dépendent de ces derniers. Certains pays (le Tchad) ne peuvent produire suffisamment d'aliments pour les besoins de leurs populations. Ils importent massivement des biens agricoles (céréales) et dépendent des grands producteurs (USA, Union européenne).

Les pays Africains du fait de leur insuffisance de moyens financiers se retrouvent dépendants de l'aide financière des pays développés, des organismes internationaux et des prêts des grandes banques internationales. Cette aide et ces prêts sont souvent assortis de conditions économiques et politiques, accentuant ainsi la dépendance. Les pays du sud sont aussi dépendants de la technologie des pays du centre.

Quant au Tchad, il est tributaire des exportations de produits de base. La diversification de ses produits d'exportation est extrêmement faible. La forte dépendance à l'égard du commerce extérieur résultant de la structure des exportations rend défavorable les conditions de la croissance du pays et menace de manière permanente sa stabilité monétaire et financière. Car, la réduction du pouvoir d'achat extérieur contraint à rechercher une source de financement extérieur si l'on ne veut pas réduire les investissements et les dépenses productives.

Malgré le fait que la part des produits de base dans le commerce international baisse sans cesse, le Tchad est fortement dépendant des matières premières à l'exportation (coton, gomme arabique, pétrole et les bétails).

Pour la théorie de dépendance, le commerce international maintient les écarts entre pays pauvres et pays riche, par la dégradation des termes de l'échange inégal, par le rapatriement des profits des firmes multinationales dont le mode de consommation des classes favorisées est calqué sur les pays du centre et imposé par les firmes multinationales, ce qui implique une concentration extrême du revenu.

C- FAIBLE DIVERSIFICATION DE L'ÉCONOMIE DES PAYS EXPORTATEURS DES PRODUITS PRIMAIRES

La structure sectorielle des exportations est un handicap pour la grande majorité des pays (PVD et PMA) : elle est fortement concentrée autour de produits primaires dont la demande augmente moins vite que celle des autres biens. En outre, les fluctuations observées sur les cours des marchés des produits primaires rendent extrêmement vulnérables les gains à l'exportation.

Une diversification des exportations ne se traduit pas nécessairement par un recul de la part des produits primaires ou de simples transformations dans le total. Certes, il s'agit à priori de développer des activités dont les flux marchands sont en pleine expansion. Néanmoins, un autre objectif peut être poursuivi : rendre la valeur des exportations moins vulnérables aux fluctuations des prix des matières premières et réduire leur volatilité en se positionnant sur différents marchés, même s'il s'agit toujours de biens primaires.

De manière générale, la diversification semble s'enclencher difficilement dans la plupart des économies africaines. Pour certaines d'entre elles, on assiste même à un mouvement inverse de concentration à la fin des années quatre-vingt-dix. Il est vrai que le processus de diversification est souvent fragile.

SECTION II : LIMITES SPECIFIQUES LIEES A LA PRODUCTION ET L'EXPORTATION PETROLIERE

Dans cette section nous allons présenter le syndrome hollandais (A) et la liaison inefficace des pays exportateurs de produits de base (B).

A- MALADIE HOLLANDAISE

La maladie hollandaise inspirée du cas des Pays-Bas des années 1960 (ou mal hollandais, ou syndrome hollandais) désigne la malédiction qui serait attachée pour une économie nationale à la découverte de ressources naturelles. Elle est aussi un phénomène économique qui relie l'exploitation de ressources naturelles et le déclin de l' industrie manufacturière locale. Le terme "maladie hollandaise" est utilisé par extension pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation significative des exportations de ressources naturelles par un pays (Corden et al, 1982).

Les économistes se sont mis à réaliser que la maladie hollandaise constituait peut être un phénomène très général, subi par tous les pays bénéficiant d'une forte hausse de leur exportations de produits primaires (Near et al, 1985).

Le syndrome hollandais peut se déclarer dans une économie dont les recettes tirées de loyers, par exemple des ressources minérales ou d'autres sources extérieures telles que l'aide étrangère, s'emballent soudainement. Dans la mesure où la demande agrégée accrue n'est pas orientée dans sa totalité vers un accroissement des importations, on assiste à un surenchérissement des biens non échangeables par rapport aux biens échangeables, qui peuvent être importés. La production privilégie alors les biens non échangeables plutôt que les biens échangeables, ce qui est préjudiciable au secteur des exportations.

Il est difficile d'évaluer les effets au Tchad du syndrome hollandais car les données sont insuffisantes mais aussi parce que le secteur non pétrolier est sous-développé. Avant le pétrole, le secteur économique le plus important était l'agriculture, le coton et le bétail (les principales exportations).

Le risque de syndrome hollandais cause une augmentation des prix des biens non échangeables (matériaux locaux de construction, services, production alimentaire pour la consommation locale) qui pourrait évincer les biens échangeables clés et potentiels, privant ainsi l'économie d'une importante source d'emplois et de changements technologiques. La priorité d'une économie non pétrolière doit être d'éliminer les obstacles à la croissance pour améliorer le climat des affaires dans lequel évolue le secteur privé. Même avant le démarrage de la production pétrolière, le coton était enlisé dans des problèmes qui n'ont pas été aggravés par le pétrole. Toutefois, il est possible que les redevances pétrolières aient modéré les incitations à lancer la réforme de la filière coton.

À l'examen des prix des biens non échangeables, on ne constate aucun signe de syndrome hollandais. La seule variable qui pourrait jouer est l'augmentation de la masse salariale, qui est passée de 5 % du PIB non pétrolier en 2000 à 9¼% en 2008; la moitié de cette augmentation s'explique par le relèvement de la solde des militaires. Le nombre total d'emplois de la fonction publique est passé de 57 000 en 2001 à 117 000 en 2008 et le salaire moyen en termes réels a progressé d'environ 47 % (voir annexe 4 tableau 2). Bien que la production pétrolière constitue une économie enclavée qui n'a que peu d'effets sur les mouvements de main-d'oeuvre, l'augmentation des dépenses de l'État pendant l'expansion pétrolière, qui a alimenté la hausse de la masse salariale, pourrait se traduire par un mouvement de la main-d'oeuvre des autres secteurs vers le secteur public. Rien ne prouve, néanmoins, que ces ressources proviennent de secteurs non pétroliers actifs plutôt que d'un vivier de main-d'oeuvre précédemment inactive.

Même si la qualité des investissements n'est pas optimale, le risque du syndrome hollandais est neutralisé par le recours aux ressources pétrolières pour construire les infrastructures nécessaires et investir dans l'éducation et la santé, ce qui contribue à renforcer le secteur non pétrolier. Il semble que la disponibilité et les coûts de la main-d'oeuvre dans les secteurs agricoles, notamment l'élevage, n'aient pas été touchés par l'émergence d'un secteur pétrolier ni par l'élargissement de la fonction publique. L'augmentation des dépenses de l'État a au contraire aidé l'agriculture en fournissant des infrastructures essentielles.

B- LIAISONS INEFFICACES

La relative lenteur dans la croissance économique des pays exportateurs de produits de base peut s'expliquer par un autre facteur, à savoir le non fonctionnement de liaison avec le reste de l'économie. Par exemple, l'industrie pétrolière et avec de rares exceptions, l'industrie minière, demeurent généralement des enclaves éloignées des autres centres de production et peu adaptées à des liaisons avec le reste de l'économie (Roemer, 1998). La liaison en amont avec les fournitures de matériaux et d'équipement de production n'ont pas plus de chance de fonctionner que les liaisons de consommation. Dans certains cas, les chemins de fer et les ports construits pour les mines apportent un soutien à d'autres secteurs d'activité en abaissant les coûts et en stimulant l'investissement, mais on peut également trouver des exemples d'infrastructures lointaines ou spécialisées.

En fin de compte, nous avons constaté que les limites de l'exportation des produits primaires pour les États du Sud non encore industrialisés, les termes de l'échange se dégradent donc progressivement, ce qui correspond à une réduction du pouvoir d'achat national en termes de produits étrangers. En effet, pour une même quantité de matière première produite et vendue aux "États du Nord", ils ne peuvent acheter qu'une quantité de plus en plus réduite de produits manufacturés. Le Tchad dont l'économie repose essentiellement sur l'agriculture, peut également craindre les possibles conséquences des Accords du Cycle d'Uruguay sur l'évolution des prix agricoles étant donné qu'il est un petit acteur sur la scène international, il ne peut que subir les fluctuations des cours mondiaux.

Enfin, en tant qu'importateur net de produits alimentaires, le Tchad peut légitimement craindre un renchérissement des prix des denrées agricoles importées (céréales, lait etc.). Notamment les pays moins avancés (exemple du Tchad) devraient diversifier leur économie et diminuer leur dépendance aux exportations en développant leur propre industrie manufacturière. Aussi nombreuses soient-elles, les limites liées au commerce extérieur du pays sont d'origines diverses

Conclusion de la première partie

Parvenus au terme de la première partie de notre étude dans laquelle nous avons présenté les effets sur la structure du commerce extérieur du Tchad qui est dominé par l'évolution du secteur agro-pastoral (1970-2003) et le pétrole depuis l'année 2003. La balance commerciale est vulnérable aux effets de la structure économique du pays dont la confirmation de l'hypothèse (H1). La diversification économique est la solution à la fois aux problèmes de l'importation et aux défis à long terme que présente l'épuisement progressif des ressources actuelles de pétrole.

Nous nous proposons dans la deuxième partie de présenter les impacts et les perspectives de la coopération commerciale Sino-tchadienne sur le développement économique.

DEUXIEME PARTIE :

IMACTS ET PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU TCHAD

La précédente partie nous a permis de passer en revue le mode d'insertion traditionnelle du Tchad dans le commerce internationale et ses limites.

Afin de lever les équivoques sur les différentes hypothèses formulées, les développements qui vont suivre seront principalement axés sur la présentation de l'ensemble de coopération commerciale Sino-tchadienne. Enfin, s'en suivra la présentation des impacts de la coopération Sino-tchadienne sur le développement économiques.

En clair, la présente et dernière partie est constituée de deux grands ensembles. Le premier sera axé sur les opportunités offertes par la coopération commerciale Sino-tchadienne (chapitre III). Le second sera consacré à l'impact de la coopération chinoise sur le développement économique du Tchad et ses perspectives (chapitre IV).

CHAPITRE III :

OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR LA COOPÉRATION COMMERCIALE ENTRE LA CHINE ET LE TCHAD

Pour soutenir la croissance quasi- exponentielle de son économie qui est boulimique en matières premières, la Chine a besoin de l'Afrique. C'est dans la même logique que le Tchad est devenu un pays stratégique pour la Chine.

Dans ce chapitre, il est nécessaire et même profitable de présenter les gains potentiels pour le Tchad dans sa coopération avec la Chine d'une part et d'autre part les expériences de la coopération chinoise vécues par les autres pays africains.

SECTION I : GAINS POTENTIELS POUR LE TCHAD DANS LA COOPERATION AVEC LA CHINE

Afin de mieux cerner les gains potentiels que tire le Tchad dans sa coopération avec la Chine, il est important pour nous de faire ressortir les fondements de cette coopération (A) et les différents gains potentiels auquel elle peut bénéficier (B).

A- FONDEMENTS DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE

Il est question ici de présenter d'abord les principes fondamentaux de la coopération sino-tchadienne et ensuite les différents axes de la coopération Sino-tchadienne.

1- Principes fondamentaux de la coopération Sino-tchadienne

Depuis 1953, la Chine fonde ses relations extérieures sur cinq principes qualifiés de « principes de la coexistence pacifique »10(*) qui sont le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, la non agression mutuelle, la non ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, l'égalité et la réciprocité des avantages et la coexistence pacifique. Parmi ces principes, il ressort que trois (3) sont les plus fréquemment évoqués dans les relations sino-tchadiennes : il s'agit notamment des principes de la non ingérence ; le respect mutuel de la souveraineté ainsi que le principe de l'égalité et des avantages réciproques.

1.1 Les principes de la non ingérence

Ce qui caractérise la coopération sino-tchadienne et la distingue des autres axes de coopération, est la non intervention dans les affaires intérieures des Etats. La Chine n'a jamais tenté d'imposer sa vision politique, sociale ou idéologique, contrairement aux pays occidentaux qui posent de multiples conditions dont entre autres, la bonne gouvernance et la démocratie depuis la disparition du bloc de l'Est. Pour Jiang Zemin, ex-Président de la RPC « aucun pays n'a le droit d'imposer aux autres son système social et son idéologie et encore moins, de les accuser à tord et à travers pour ce qui est de leurs affaires intérieures »11(*).

1.2 Le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale

Dans ses relations avec le Tchad, la Chine respecte la particularité de chaque pays, les aidants à aller vers le développement sans pour autant leur indiquer ou leur imposer une voie à suivre. Elle laisse ainsi à ses partenaires la liberté de définir leurs priorités en fonction de leurs besoins et de leurs réalités sociales12(*). Elle s'est toujours opposée, dans les arènes multilatérales, à toute forme d'ingérence dans les affaires intérieures des pays pauvres.

Pour la Chine, la souveraineté est sacrée et elle n'hésite pas à placer son respect comme l'un des paradigmes dominants de son rapport avec le Tchad. Les principes de la souveraineté et de la non ingérence sont le prolongement d'un autre principe, celui de l'égalité et des avantages réciproques.

1.3 Le principe de l'égalité et des avantages réciproques

Le respect de ce principe d'égalité par la Chine dans ses rapports avec le Tchad, tranche avec l'orthodoxie habituelle des relations internationales. Pour la Chine « le nouvel ordre politique et économique international doit garantir aux divers pays le droit de participer, sur un pied d'égalité, aux affaires internationales »13(*).

Le respect par la Chine du principe d'égalité dans sa coopération avec le Tchad donne à celui-ci le sentiment que la Chine est beaucoup plus sincère. En effet, la Chine s'inscrit dans une approche `'gagnant gagnant'' ou `'win-win'' qui permet d'escompter des avantages mutuels et réciproques.

Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine publié par le Gouvernement chinois au mois de Janvier 2006 le précise. Cette approche favorise le développement rapide de la coopération sino-africaine. Ainsi, « La Chine oeuvre à établir et à développer un nouveau type de partenariat stratégique avec l'Afrique, marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique ».

2- Les grands axes de la coopération Sino-tchadienne

Dans le souci du renforcement de l'amitié traditionnelle et de la solidarité entre les deux pays en développement, la République populaire de Chine, avec ses ambitions clairement affichées de devenir collaborateur du développement du Tchad, n'hésite pas un seul instant à établir des accords spécifiques.

Ainsi, animés du désir de promouvoir une coopération multiforme sino-tchadienne, de développer et d'intensifier les relations amicales entre eux, le Gouvernement de la République du Tchad et le gouvernement de la République populaire de Chine ont signé des accords d'une importance capitale qui vont servir de cadre juridique dans la relance de leurs relations diplomatiques stratégiques.

Le 06 août 2006 à Beijing, est convenu de reprendre à compter de cette date du rétablissement de leur relation diplomatique, tous les accords signés avant la suspension des relations diplomatiques et de relancer leur partenariat dans tous les domaines notamment :

- l'éducation et la formation des ressources humaines ;

- les échanges culturels ;

- la santé ;

- l'industrie et le commerce ;

- l'agriculture ;

- les ressources naturelles et énergétiques ;

- les affaires militaires ;

- les autres secteurs de développement économique et social.

Les dispositions de l'article 2 dudit Protocole d'Accord apportent une précision en ce sens que « pour donner corps à leur coopération les deux parties (le Tchad et la Chine) mettront l'accent sur la réalisation des projets d'infrastructures dans les secteurs économique et social définis par le présent Accord » (voir annexe 6). C'est dans cette logique que les deux pays se sont engagés à développer leur coopération sur le plan commercial en signant un Protocole d'Accord cadre à Ndjamena le 04 janvier 2007.

Cependant, il n'est pas inutile de supposer que le Tchad n'aura pas d'opportunité dans cette coopération.

B- DIFFERENTS GAINS POTENTIELS DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE

Dans le cadre de la coopération sino-tchadienne, les deux (2) Etats ont des intérêts partagés. Si la Chine gagne beaucoup de cette coopération, le Tchad n'en attend pas moins. Cette coopération lui offre l'avantage d'avoir des ressources additionnelles pour financer son développement. Elle permet également le contournement des circuits commerciaux traditionnels.

1- Contournement des circuits commerciaux traditionnels

L'indépendance du Tchad en 1960 devrait lui permettre de discuter d'égal à égal avec ses partenaires sur la scène internationale et beaucoup plus sur le marché international.

Tel n'est cependant pas le cas. Le Tchad se retrouve dans un schéma de fidélisation du colonisateur d'hier devenu aujourd'hui son client privilégié (ceci explique le fait qu'en 2004 la France est le deuxième pays dans les importations du Tchad avec 55 335,8 millions de FCFA et occupe le premier rang dans les exportations avec 47 342 millions de FCFA pour les produits hors pétrole)14(*). Certes, il est souvent reproché à l'Afrique et particulièrement au Tchad de n'exporter que des matières premières sans réelle valeur ajoutée mais la vente de ces matières aurait pu être rentable s'il lui était donné de discuter librement les cours sur le marché international et de les vendre à qui il voudrait.

Il s'est au contraire instauré des circuits commerciaux qui lient chacun des pays africains à son ancienne puissance colonisatrice ; ce qui n'est pas à l'avantage de ces pays. La France par exemple est le premier partenaire commercial du Tchad. Non pas que le Tchad n'a pas la volonté d'essayer d'autres partenaires mais il pèse sur lui une sorte d'épée de Damoclès qui menace la stabilité des régimes en place.

L'arrivée de la Chine au Tchad offre au pays la possibilité de choisir ses partenaires et de contourner ainsi ces circuits commerciaux traditionnels qui ne sont libéraux que de façade. Ceci est plus ou moins profitable pour le Tchad que de vendre son coton à un pays comme la France qui dicte elle-même son prix d'achat (plus de 71% de coton du Tchad est vendu à la France et aussi la gomme arabique). Avant l'arrivée du dragon asiatique sur le continent noir, le Tchad n'avait d'autres choix que ceux offerts par les occidentaux qui ont en réalité un véritable monopole sur le commerce africain. Ces derniers achètent les matières premières telles que : le coton, la gomme arabique... au prix qu'ils arrêtent eux-mêmes. Aujourd'hui, l'entrée de la Chine15(*) sur le marché tchadien permet au Tchad de pouvoir comparer les offres (puisqu'ils continuent à nous dicter les termes du commerce et de la

«Coopération»). Comme cela se dit vulgairement, "c'est dans la multiplicité que le choix est possible". Cette situation contribue à la réelle indépendance économique des pays africains.

Le commerce sino-tchadien a eu pour conséquence majeure d'entraîner une hausse sensible des prix des matières premières et offre la chance aux ménages tchadiens de s'offrir certaines marchandises qu'ils ne pourraient avoir même s'ils accumulaient les économies de toute une vie de travail.

Pour le Tchad, la Chine constitue une nouvelle destination pour les matières premières dont la hausse des coûts est liée à la forte demande de l'économie chinoise. Aujourd'hui, la Chine figure parmi les premiers partenaires commerciaux du Tchad.

On peut illustrer ses propos par des contrats signés entre le Tchad et les sociétés chinoises dans le cadre du pétrole. Dés le 12 janvier 2007, la Chine s'est intéressée au pétrole tchadien et rachète par l'intermédiaire de la China National Petroleum Corporation (CNPC), l'ensemble des permis d'exploitation pétrolière de la société canadienne ENCANA. Ce permis couvre une superficie de 220 000 km² et compte une partie du bassin du lac Tchad, le bassin de Madiago, le bassin de Bongor, une partie du bassin à la frontière de la République centrafricaine et aussi tout le bassin du Salamat.

Outre le pétrole, la Chine peut acheter également d'autres matières premières à savoir le cuivre, le cobalt, l'uranium, la bauxite, le fer, l'or etc. Ce que la France avait refusé d'exploiter. Mentionnons aussi les effets induits de l'appétit de la Chine pour les matières premières tchadiennes, ce qui tire leurs prix à la hausse. La Chine se pose de surcroît en prêteur de premier ressort pour leur exploitation, notamment le cas du Gabon où elle a misé entre 4 et 8 milliards de dollars pour le gisement de fer de Belinga, en RDC où elle a investi plus de 5 milliards de dollars dans le domaine minier.

2- Apport de ressources additionnelles pouvant financer le développement

Depuis son accession à l'indépendance, le Tchad cherche des pistes pour amorcer son processus de développement mais les résultats obtenus jusque là sont décevants, du moins pas très concluants. L'aide publique au développement octroyée par les pays occidentaux et qui a été présentée comme devant apporter au pays les ressources financières indispensables à sa relance économique n'ont accouché que d'une souris. Elle a été insuffisante ou dans certains cas, tellement liée et accompagnée de conditionnalités qu'elle n'a près que pas profité aux pays bénéficiaires. Selon Antoine Glaser, Directeur du journal la Lettre du continent : « jusqu'en 2000, sur 100 francs français donnés à un pays africain, 61 reviennent dans l'hexagone sous forme de commande »16(*).

La percée chinoise est aussi perceptible dans le secteur financier. Par l'entremise de certaines de ses institutions financières, pour la plupart nées en 1994 dans la foulée de la réforme du système bancaire, la Chine s'est imposée dans le financement d'importants besoins tchadiens. C'est ainsi qu'en 2005, la banque d'export import Exim a financé pour 15 milliards de dollars de projets, soit plus de trente fois que ses partenaires occidentaux, ont pu offrir. D'ici l'an 2011 la même institution s'engage à investir 20 milliards de dollars dans des infrastructures africaines. La Banque de développement de Chine, elle aussi née il y a moins de quinze ans dispose avec 440 milliards de dollars de plus d'actifs que la banque mondiale et la banque asiatique réunies.

Dans ce contexte, l'aide chinoise est la bienvenue au Tchad qui du reste, est en rupture de paiement vis-à-vis des institutions financières internationales. En effet, les investissements de la Chine au Tchad s'accroissent de façon régulière et les champs de la coopération sino-tchadienne ne cessent de s'élargir. Durant les six premiers mois de l'année 2007, quelques investissements ont été lancés.

Producteur du brut depuis 2003, le Tchad produit actuellement environ 8 millions de tonnes de pétrole chaque année. Faute de raffinerie, ce pays de l'Afrique centrale dépend de l'importation de produits pétroliers. Ainsi, la Chine souhaitant exploiter le pétrole tchadien, construit actuellement une raffinerie ( dont un créancier commercial qu'elle a financé à un prêt de 232 millions d'euros au taux du LIBOR majoré de 3 %, avec un différé de 5 ans et une échéance de 10 ans.) qui se trouve à 40 kilomètres de N'Djamena (Djarmaya). Cette raffinerie sera la propriété de la CNPC à 60% et de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) à 40%. Elle sera alimentée par la production des gisements de Sédigui  et du Mayo-Kebbi en phase d'exploration par la CNPC.

Cette raffinerie doit permettre d'intégrer sur le marché local des produits finis à bas prix, de favoriser la consommation domestique de butane (souvent importé du Cameroun et du Nigeria) et d'électricité à des tarifs susceptibles de les substituer au bois de chauffe dont l'exploitation intense accroît les problèmes de désertification, et aussi de réduire substantiellement le prix du kWh d'électricité. Elle est une avancée pour le développement de ce pays. Elle sera équipée d'une centrale électrique autonome, qui pourra satisfaire non seulement sa propre consommation, mais aussi de distribuer environ 20 mégawatts pour la ville de N'djamena qui est souvent dans le noir.

Tableau 7 : Estimation moyenne par an de gain potentiel de la coopération sino-tchadienne (cas de la construction de la raffinerie) en 2006.

 

Importations

Production nationale future

 

Tonnes

valeur en millions FCFA

Tonnes

valeur en millions FCFA

Essence, Gaz oïl

126 266

52 777

700 000

280 000

Pétrole lampant

1 492

554

20 000

7 400

TOTAL

127 758

53 331

720 000

287 400

Source : INSEED du Tchad

Le tableau ci-dessus nous permet d'explorer les importations totales de carburant consommé au Tchad, soit 127 758 tonnes/an avec une valeur de 53 331 000 FCFA/an estimé en moyenne. La capacité de la production nationale est estimé à 720 000 tonnes/an soit 287 400 000 FCFA. Une partie de cette production sera exportée soit une estimation de 592 242 tonnes/an et rapportera des revenus supplémentaires pour le développement du pays.

La cimenterie, récipiendaire d'un investissement de la China CAMC Engineering Ltd, dispose d'un atout majeur dans la perspective économique actuelle. En effet, le gouvernement tchadien a retenu, entre autres, de renforcer le cadre macroéconomique par la diversification de l'économie et surtout l'intensification des investissements dans les secteurs porteurs de la croissance. Le développement des infrastructures de base (routes, habitats, écoles, centres de santé, aménagements hydro-agricoles...) est donc fortement recherché, ce qui constitue un atout majeur pour la future cimenterie. Le démarrage officiel des travaux de construction de cette usine a eu lieu le 17 décembre 2007. Nous pouvons illustrer ses propos par tonnes de ciments importés en moyennes à 175 999 tonnes/an et la production nationale qui est estimée à 200 000 tonnes/an pour le futur. Le Tchad peut déjà escompter plus de 24 000 tonnes/an pour les exporter etc.

Le Fonds de Développement Chine-Afrique, qui est devenu opérationnel depuis juin 2007, vise à encourager les entreprises chinoises performantes et crédibles à investir au Tchad et à s'engager dans les projets permettant d'élever son niveau technologique, de créer des emplois et de promouvoir le développement socio-économique de ce dernier (dont un créancier officiel à un prêt de 300 millions de dollars EU lui a été accordé en 2009 à titre d'appui budgétaire, comportant un élément don de 15 % environ, avec un différé d'amortissement de 2½ ans et une échéance de 6 ans)17(*). Le gouvernement chinois a mis à la disposition de ce fonds 5 milliards de dollars.

Pour ce qui est de l'aide publique au développement, il y a lieu de mentionner que le gouvernement de la RPC a fait des dons considérables au Tchad (dons estimé à 433,39 millions de dollars). Toutes ces aides constituent des moyens avec lesquelles le Tchad pourrait se servir pour relancer son économie et amorcer son développement.

Le risque de surendettement du Tchad reste modéré, pour autant que les autorités alignent l'orientation budgétaire sur la baisse de la production de pétrole. Un tel scénario de référence ne provoque pas de dépassement des seuils d'endettement. Mais si les politiques actuelles sont maintenues, la trajectoire de la dette monterait en flèche, aboutissant à un niveau de dette et de service de la dette non viable. Si le risque de surendettement reste modéré, l'augmentation des ratios d'endettement plus rapide que celle des projections de la précédente est préoccupante.

SECTION II : QUELQUES EXEMPLES UTILES POUR LE TCHAD DE LA COOPERATION CHINOISE

Il est question dans cette section de montrer les gains de la coopération chinoise dont quelques pays africains ont eu à bénéficier. Ces gains seront illustrés par les flux commerciaux (A) et les IDE (B).

A- LES FLUX COMMERCIAUX

En 1978, les réformes économiques et sociales menées par Deng Xiaoping engagent la Chine sur le chemin de la mondialisation. Le pays tire aujourd'hui sa croissance (10 % par an en moyenne depuis plus de 20 ans) des exportations de marchandises à bas prix. La compétitivité de ses produits à l'exportation et ses besoins en matières premières modifient les paramètres de l'économie mondiale. Même si elle ne représente pas un enjeu essentiel pour l'économie chinoise, les pays africains tirent bénéficie de ces bouleversements.

Prenons l'exemple de quelques pays d'Afrique de l'Ouest, la quasi-totalité des exportations vers la Chine sont constituées de pétrole et de coton. Ces deux produits n'ont cependant pas le même statut : le coton est une source d'approvisionnement stratégique pour l'industrie textile chinoise alors que le pétrole ouest-africain occupe une place marginale dans les sources d'approvisionnement de la Chine. Depuis 2002, c'est entre 15 et 20 % des importations chinoises de coton qui sont originaires des pays de l'Afrique de l'Ouest. Les exportations de coton de l'Afrique de l'Ouest s'orientent naturellement vers les zones industrielles les plus dynamiques. Du point de vue Ouest-africain, on estime qu'en 2004 près de la moitié du coton de la région était exportée en Chine. En 2004, plus de 50 % du coton du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo était exporté vers ce pays. Par ailleurs, près d'un tiers du coton du Cameroun, du Mali était acheté par la Chine et seulement 10 % pour le coton sénégalais et nigérian. La demande chinoise a donc contribué à réorganiser les flux de commerce de coton. Au-delà de la réorganisation des flux internationaux, la demande chinoise a tiré les exportations ouest-africaines de coton à la hausse (ce qui serait le cas pour les autres produits primaires). Au niveau régional, on estime qu'entre 2002 et 2004, les importations chinoises de coton ont contribué à 41 % au taux de croissance des exportations agricoles de l'ensemble des pays producteurs. Plus largement, elles ont aussi contribué à 2,5 % au taux de croissance des exportations totales et à 1,1 % au taux de croissance économique des pays cotonniers. Au niveau des pays, les impacts macro-économiques les plus visibles sont au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo. En effet, les importations chinoises de coton ont contribué à 7 % au taux de croissance économique de ces quatre pays.

Dans le domaine du pétrole, la Chine est toutefois confrontée à un problème à ne pas sous-estimer en Afrique, la majorité des gisements prolifiques sont dans les mains des sociétés occidentales. Il ne reste souvent que les seconds choix. Face à ce problème Pékin utilise trois méthodes :

- veiller à ce que les pays africains renégocient les contrats déjà attribués en faveur des Chinois ;

- obtenir la majorité des parts des sociétés minières africaines (cas du RDC) ;

- enfin racheter des entreprises occidentales pour pénétrer les marchés africains.

Quelques exemples illustrent ces propos. Le groupe Forrest International, investisseur et employeur privé important en RDC conclut en février 2008, un accord de rétrocession à la société congolaise Gécamines (propriétaire du sous-sol congolais et partenaire obligé des sociétés occidentales). Les deux gisements de minerais de la province du Katanga (Machamba et Kikuluwe), qui ne devaient pas être exploités avant 2020. En échange, Katanga Mining (propriété à hauteur de 24,5% du groupe Forrest) recevra, au plus tard en 2015, soit des gisements de cuivre et de cobalt soit un versement de 825 millions de dollars. L'exploitation des deux gisements en question est confiée à des entreprises chinoises, qui en échangent s'engageront dans des travaux publics. Des sociétés chinoises, telles qu'Anhua Mining Investment, Titan Mining ou Covec ont conclu des joint-ventures avec des sociétés locales congolaises, en particulier dans la région du Katanga.

B- FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS

Dans de nombreux pays africains, la Chine finance par ailleurs des travaux publics (routes, stades, palais, etc.) par le biais entre autres de la société Bejing Urban Construction Groupe. En Algérie, ce sont les entreprises chinoises qui construisent des immeubles de logement et l'aéroport Boumediene. En RDC, la réfection de l'axe routier qui relie la capitale du Katanga à la Zambie et qui se prolonge vers l'Afrique du Sud et la Tanzanie est également construite par les Chinois. La société CNCCTPC est fortement ancrée en RDC et construit de nombreuses routes : Béni/ Komanda, Béni/Kisangani, aéroport de N'Djili-Kinshasa, etc. La Chine finance encore la ligne ferroviaire de 1300 km, qui relie l'Est à l'Ouest de l'Angola. Elle y construit l'aéroport de Luanda, des hôpitaux, des infrastructures électriques et télécommunications. A Brazzaville, elle est dans la construction des routes, des voies ferrées, les infrastructures et les immeubles.

Depuis longtemps, les entreprises chinoises investissent également les secteurs prometteurs : secteur de la télécommunication (installation de la fibre optique au Nigeria, Mali et même en projet au Tchad) et aussi le secteur bancaire (le cas de l'Afrique du Sud). A cela, il faut ajouter que la Chine a consenti un prêt à taux préférentiel de 260 millions de dollars pour l'extension de l'aéroport à l'île Maurice. On relèvera aussi les 5 ou 6 milliards de dollars investis par la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC) pour acquérir 20% des actions de la banque Sud africaine Standard Chartered, soit le plus gros investissement extérieur jamais réalisé en Afrique du Sud. Pour Philippe Richer « ICBC détient désormais un nouveau canal d'intervention et une expertise locale qui lui faciliteront d'une part l'accès aux matières premières et d'autre part le développement d'activités bancaires (assurances, marché des actions,...) »18(*).

En somme, la présence chinoise au Tchad peut être un moteur de croissance au développement. Le premier constat pourrait inciter à adopter une vision optimiste. La croissance économique de la Chine s'est traduite notamment par une hausse de la demande de matières premières et donc de leur prix de vente. Les relations sino-tchadiennes préoccupent nombre d'analystes qui planchent sur ses impacts et les perspectives qu'elles réservent pour le Tchad notamment en termes de développement.

CHAPITRE IV : L'IMPACT DE LA COOPÉRATION CHINOISE SUR E DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU TCHAD.

Dans ce chapitre, nous allons présenter nos principaux résultats. Il s'agit plus précisément de vérifier les hypothèses formulées pour cette recherche. Pour ce faire, aucune prospection du futur ne saurait cependant être faite si on ne dressait un impact de la coopération sino-tchadienne (Section I). Il faut s'assurer du présent avant de se projeter dans l'avenir. Ceci dit, une radioscopie de la coopération sino-tchadienne révèle que si elle a de nombreux atouts ou forces, elle recèle aussi plusieurs faiblesses et insuffisances qui peuvent l'empêcher d'avoir des perspectives prometteuses (Section II).

SECTION I : EVALUATION DE LA COOPERATION CHINOISE SUR LE BIEN ÊTRE ECONOMIQUE

Le nouveau dynamisme de la coopération sino-tchadienne suscite des réactions contrastées. Certains analystes y voient un créneau favorable pour le développement économique du Tchad. D'autres mettent en avant ces multiples insuffisances ou faiblesses pour conclure qu'elle est purement pernicieuse.

Dans un premier temps il sera question pour nous d'examiner la place de la Chine dans les flux des investissements et commerciaux (A) et dans un second temps montrer l'impact sur le mode d'insertion traditionnelle du Tchad dans le commerce international (B).

A-   ANALYSE DES RELATIONS COMMERCILES ET DES INVESTISSEMENTS DE LA CHINE ET DU TCHAD

Il est question ici pour nous d'examiner le commerce Sino-tchadien et évaluer les investissements et les aides chinoises.

1- Relations commerciales de la Chine et du Tchad

Il est question ici d'examiner les flux commerciaux entre le Tchad et la Chine en termes d'exportations et des importations.

1.1- Les exportations 

Les exportations du Tchad vers la Chines sont essentiellements nulles. Selon les services de statistiques du commerce extérieur tchadien, la Chine ne figure pas parmi les pays de destination des exportations du Tchad. Depuis 2006 le potentiels acheteurs des produits tchadiens mis à part le pétrole sont : la France (37,02%), le Nigeria (31,73%) et le Soudan (15,76%), le pétrole étant supposé être exporté exclusivement à destination des Etats- Unis.

Cette situation se justifie par deux raisons principales :

- La première raison est que le Tchad offre pratiquement très peu de produits au marché mondial ( le coton fibre, le bétail, la gomme arabique) et depuis 2003, le pétrole brut. Les trois premiers produits intéressent très peu le Géant chinois en raison soit des coûts d'acquisition, soit de la production locale suffisante ;

- La deuxième raison découle de la rupture des relations diplomatiques avec le Tchad en 1997 qui a eu des effets négatifs sur les flux commerciaux. En effet, n'eut été cette rupture, la Chine populaire déjà présente au Soudan voisin dans l'exploitation de l'or noir aurait été fortement intéressée par le projet pétrole de Doba qui aujourd'hui est exporté vers les Etats-Unis environ, 200 000 barils de pétrole par jour.

Toutefois, selon Chaponnière (2006), 21% des exportations du Tchad ont été faites à destination de la Chine en 2004. Mais cette information issue des données miroirs du Département des Statistiques du Commerce du Fonds Monétaire International (IMF/DOTS) ne peut s'expliquer que par l'existence de réexportations de produits tchadiens, ce qui ne peut être mesuré sur place au Tchad (voir annexe 5 tableau 5). Nous estimons que l'existence de telles réexportations ne concernerent que le pétrole parce qu'en réalité le consortium pétrolier produisant sur le Bassin de Doba achemine le produit hors du territoire tchadien (à Kribi, au Cameroun) pour le vendre, ce qui échappe à toute vérification de la destination à partir du Tchad. En outre, la base de données de Farooki (2007) qui est une compilation de plusieurs sources ne fait ressortir aucun produit tchadien exporté à destination de la Chine, ce qui renforce notre argument du fait que cette base de données prend toutes les matières premières en compte hormis le pétrole.

1.2- Les importations 

En 2004, les importations d'origine chinoise concernent principalement les produits alimentaires (avec 47% du total des importations d'origine chinoise) et les machines et matériels de transport (avec 39%). Il faut relever que les produits alimentaires et animaux dont il est question renferment essentiellement le thé et les céréales (riz). Quant aux machines et matériels de transport, il s'agit essentiellement des motocyclettes. Cependant, les produits alimentaires et animaux vivants d'origine chinoise ne représentent que 4% du total des importations du Tchad en ces produits. Pour ce qui est des machines et matériels de transport, la Chine ne représente que 1%. Le tableau 8 ci-dessous donne les dix premiers postes des importations du Tchad provenant de la Chine pour l'année 2004.

La structure des importations de produits d'origine chinoise s'est profondément modifiée en 2005. Les machines et matériels de transport deviennent prédominants dans les importations tchadiennes d'origine chinoise (52%), suivis des articles manufacturés classés principalement d'après la matière (26%, dominés par les articles en fer et acier utilisés dans les bâtiments et travaux publics), les produits alimentaires et animaux vivants n'arrivent plus qu'en troisième position (13%). Mais, une fois encore la part de la Chine dans les importations tchadiennes en qui concerne ces différents produits reste minime (3% pour les machines et matériels de transport ainsi que pour les articles manufacturés, classés principalement d'après la matière). Le tableau 9 ci-dessous donne les dix premiers postes des importations du Tchad d'origine chinoise pour l'année 2005.

Tableau 8 : Les dix premiers postes des importations tchadiennes d'origine chinoise en 2004

 

Produits

Valeur (en milliers de dollars)

Part (%) du produit

dans les importations

d'origine chinoise

1

Café, thé, épices et produits dérivés

2 142,92

37,9

2

Machines et appareils électriques, et leurs parties et pièces détachées électriques (y compris les équivalents non électriques, de machines et appareils électriques à usage domestique

1 718,88

30,4

3

Céréales et préparations à base de céréales

581,66

10,3

4

Produits chimiques organiques

297,11

5,3

5

Instruments et appareils professionnels, scientifiques et de contrôle,

208,45

3,7

6

Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique de l'information

205,51

3,6

7

Machines et appareils industriels d'application générale, et parties et pièces détachées, de

machines, d'appareils et d'engins

183,98

3,3

8

Véhicules routiers (y compris les véhicules à coussin d'air)

121,16

2,1

9

Caoutchouc manufacturé

95,41

1,7

10

Fer et acier

95,05

1,7

Source des données : INSEED

Tableau 9 : Les dix premiers postes des importations tchadiennes d'origine chinoise en 2005.

 

Produits

Valeur

(en milliers

de dollars)

Part (%) du produit

dans les importations

d'origine chinoise

1

Huiles et graisses animales ou végétales, préparées; cires d'origine animale ou végétale; mélanges ou préparations non alimentaires de graisses ou d'huiles animales ou végétales,

4 513,18

40

2

Engrais bruts, autres que ceux de la division 56, et minéraux bruts (à l'exclusion du charbon, du pétrole et des pierres précieuses)

2 710,68

24

3

Huiles et graisses d'origine animale

613,45

5,4

4

Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique de l'information

554,13

5

5

Véhicules routiers (y compris les véhicules à coussin d'air)

551,83

5

6

Produits chimiques inorganiques

514,02

4

7

Matières plastiques sous formes primaires

494,20

4,3

8

Instruments et appareils professionnels, scientifiques et de contrôle

489,02

4,3

9

Houilles, cokes et briquettes

437,53

4

10

Produits pour teinture et tannage et colorants

436,24

4

Source des données : INSEED

Selon les données disponibles fournies par l'INSEED (2006 et 2007), les importations d'origine chinoise ont plus doublé en un an passant de 6 045 711 dollars en 2004 à 12 574 333 dollars en 2005. Les tableaux 10 et 11 ci-dessous donnent des informations sur la part de la Chine dans les importations du Tchad pour les années 2004 et 2005 respectivement. Sur ces tableaux, est donné pour chaque groupe de produits, le montant en milliers de dollars ainsi que la part chinoise dans les importations du produit par le Tchad.

Tableau 10: Part des produits d'origine chinoise dans les importations du Tchad en 2004.

 

Groupes de produits

Chine

(en milliers de

dollars)

Total

(en milliers de dollars)

Part de la Chine (en % du total)

1

Produits alimentaires et animaux vivants

2 834,18

72 896,26

4

2

Boissons et tabacs

0,45

22 213,88

0

3

Matières brutes non comestibles à l'exception des carburants

0,00

25 561,17

0

4

Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes

2,61

106 448,90

0

5

Huiles, graisses et cires d'origine animale et végétale

0,00

1 548,53

0

6

Produits chimiques et produits connexes,

304,49

67 920,76

0

7

Articles manufacturés classés principalement d'après la matière

258,16

93 417,90

0

8

Machines et matériels de transport

2 356,58

179 692,49

1

9

Articles manufacturés divers

289,23

35 701,18

1

Note : Le taux de change moyen FCFA/$US de 2005 utilisé pour les conversions est celui de la Banque de

Etats de l'Afrique Centrale (527,6).Source des données : INSEED

Tableau 11 : Part des produits d'origine chinoise dans les importations du Tchad en 2005.

Groupes de produits

Chine

(en milliers de

dollars)

Total

(en milliers de dollars)

Part de la Chine (en % du total)

Produits alimentaires et animaux vivants

1594,97

102739,57

2

Boissons et tabacs

0,00

32912,83

0

Matières brutes non comestibles à l'exception des carburants

0,00

21848,82

0

Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes

4,28

137639,38

0

Huiles, graisses et cires d'origine animale et végétale

0,00

3602,60

0

Produits chimiques et produits connexes,

437,15

96395,09

0

Articles manufacturés classés principalement d'après la matière

3254,88

123164,10

3

Machines et matériels de transport

6558,07

255397,88

3

Articles manufacturés divers

840,90

45239,05

2

Note : Le taux de change moyen FCFA/$US de 2005 utilisé pour les conversions est celui de la Banque des Etats

de l'Afrique Centrale (526,5).

Source : INSEED

Globalement, les importations de produits d'origine chinoise ne constituent encore qu'une très petite part des importations totales du Tchad. De 1% en 2004, la part de la Chine dans les importations du Tchad est passée à environ 2% en 2005, en 2006 les importations étaient de 15 958 millions de FCFA soit 3%. Selon les sources nationales et le rapport The Central Intelligence Agency (CIA) la Chine occupe la troisième place dans les importations du Tchad avec 9,8% en 2008 (tableau 12).

Vu du Tchad, le solde bilatéral entre la Chine et le Tchad est largement déficitaire pour ce dernier, puisque, comme nous l'avons signalé plus haut dans cette section, il n'existe pas d'exportations à destination de la Chine selon les sources nationales. Cependant, selon Chaponnière (2006), le solde bilatéral du Tchad avec la Chine a atteint 13% du PIB tchadien, ce qui est à remettre une fois de plus sur le compte des réexportations.

Tableau 12 : L'évolution des importations chinoises au Tchad (en milliers de dollars)

Année

Part de la chine

Total des importations

%

2004

6 045,70

605 401,07

1%

2005

12 690,25

818 939,32

2%

2006

15 958

556 820

3%

2008

 
 

9.8%

Source des données : INSEED et The Central Intelligence Agency (CIA)

Le tableau 13 ci-dessous présente les bénéficiaires et les perdants des relations commerciales entre le Tchad et la Chine. Le quadrant en haut à gauche présente comme bénéficiaires mais potentiels perdants les producteurs locaux, notamment ceux des PME/PMI. Ils gagnent en acquérant des inputs à bas coût provenant de la Chine mais ne peuvent faire concurrence avec les bas prix des produits chinois sur le marché. Le cas typique est celui de la Cyclo-Tchad, entreprise spécialisée dans la construction de bicyclettes qui est finalement en régression malgré le prix favorable des tuyaux et autres pièces utilisés dans le montage des bicyclettes. Ainsi, les producteurs ont un statut de perdants à long terme à moins que le gouvernement tchadien n'encourage les producteurs chinois à la création de joint-ventures avec leurs homologues tchadiens.

Les grands perdants des relations commerciales sino-tchadiennes sont présentés dans le quadrant en bas à gauche. Ce sont les travailleurs locaux et les syndicats. En effet, l'accroissement des importations de produits d'origine chinoise est synonyme d'opportunités croissantes d'emploi en Chine, ce qui est équivalent à des pertes d'emploi au Tchad, à moins que les produits concernés ne soient pas du tout produits localement.

Tableau 13 : Classification des groupes de bénéficiaires et de perdants des échanges commerciaux du Tchad avec la Chine

 

Bénéficiaires

 

Perdants

Producteurs locaux

. Commerçants

. Consommateurs

. Exportateurs chinois

. Gouvernement

 

Travailleurs locaux

Syndicats

 

Source : nous même

Le cadrant en haut à droite présente les bénéficiaires du commerce entre le Tchad et la Chine. Grâce aux bas prix des produits chinois, les consommateurs tchadiens ont accès à des produits qui leur était difficile d'acquérir il y a encore quelque années (téléphones cellulaires, télévisions, ordinateurs, le Générateur...). Les commerçants bénéficieront de la potentielle croissance de la demande de la part des consommateurs qui se retrouveront avec beaucoup plus d'argent à dépenser. Avec la croissance de leurs exportations vers le Tchad, les exportateurs chinois sont aussi des bénéficiaires. Le gouvernement tchadien gagne à partir des taxes et droits de douanes qui croissent et à partir de la satisfaction occasionnée par le bénéfice des ménages. Une potentielle perte du Gouvernement pourrait provenir de la baisse des impôts sur les entreprises et les salaires s'il y a faillite des entreprises tchadiennes à cause de la concurrence chinoise.

En somme, il ressort indiscutablement que le commerce entre la Chine et le Tchad prend un tournant décisif à partir de ces dernières années avec une consolidation des échanges entre les deux pays. Le commerce bilatéral évolue de manière exponentielle pour la Chine qui en la matière devient le véritable partenaire du Tchad. En faisant un rapprochement des importations et exportations du Tchad à l'endroit de la Chine, la dépendance en ce qui concerne le Tchad paraît plus nette. Cette situation joue négativement sur le la balance commerciale du Tchad.

Ainsi, le commerce sino-tchadien est une lame à double tranchant, car le Tchad arrive certes à gagner de nouveaux marchés, à saisir des opportunités dans le cadre du processus de mondialisation, à satisfaire le bien-être de sa population et à relancer sa croissance. Mais, en sens inverse, les importations chinoises qui provoquent la disparition des pans entiers de l'économie et engendrent le chômage, tuent en partie les initiatives économiques du pays.

2- Les investissements directs et les aides de la Chine au Tchad

L'investissement direct étranger (IDE) est devenu depuis quelques années une source de financement très importante pour les pays à faible revenu.

Avec leur niveau d'épargne et d'investissement intérieurs souvent très bas, combiné au déclin des prêts qui leur sont alloués ces dix dernières années, l'IDE est devenu une source de financement privilégiée pour un grand nombre de pays en voie de développement. En tant que source de capitaux d'investissement, l'IDE est un stimulant pour l'emploi, et en plus de cela, il est perçu comme un moyen permettant aux pays en développement ou les pays moins avancé d'acquérir la technologie de pointe, les nouvelles méthodes de gestion, et d'avoir accès aux marchés des pays développés.

2.1 Evaluation des investissements.

La Chine, cherchant à sécuriser par tous les moyens ses approvisionnements en pétrole pour ne pas freiner une économie lancée à pleine vitesse et dévoreuse d'énergie, a progressé dans sa coopération avec le Tchad en investissant dans trois secteurs: les télécommunications avec le projet CHAD CDMA 2000 (Code Division Multiple Access, Téléphonie fixe sans fil) et la téléphonie mobile au sein de la Société des Télécommunications du Tchad (SOTEL-TCHAD), une entreprise paraétatique ; la construction de la cimenterie de Baoaré et la construction d'une raffinerie à 50 km au nord de N'Djamena. Le Tchad étant un pays à haut risque pour les investisseurs occidentaux, à cause des situations d'insécurité récurrentes dont il est l'objet, les investissements de grande envergure sont rares, voire inexistants. Ainsi, nous n'examinerons pas les investissements chinois en termes de parts relatives mais nous analyserons leur portée. Une autre raison importante est que nous ne disposons pas des parts d'investissement de la Chine en valeur. Seuls certains montants de prêts préférentiels ou de dons attachés à ces investissements sont disponibles, ce que nous aborderons dans la section relative à l'aide.

Le projet CDMA 2000 est une technologie reposant sur le réseau radioélectrique de 3ème génération, introduite par le biais de la ZTE Corporation. Ses avantages sont entre autres, la réduction des coûts d'investissement, la rapidité d'installation et la facilité d'extension, ce qui doit concourir à la réduction de la fracture numérique.

La cimenterie, récipiendaire d'un investissement de la China CAMC Engineering Ltd, dispose d'un atout majeur dans la perspective économique actuelle. En effet, le gouvernement tchadien a retenu, entre autres, de renforcer le cadre macroéconomique par la diversification de l'économie et surtout l'intensification des investissements dans les secteurs porteurs de la croissance. Le développement des infrastructures de base (routes, habitats, écoles, centres de santé, aménagements hydro-agricoles...) est donc fortement recherché, ce qui constitue un atout majeur pour la future cimenterie. Le démarrage officiel des travaux de construction de cette usine a eu lieu le 17 décembre 2007. Cette cimenterie aura une capacité de production de 200 000 tonnes de ciment portland par an et de 700 tonnes de clinker par jour. Il a été affirmé par le gouvernement tchadien que la main d'oeuvre sera essentiellement locale et qu'à la fin du projet, le prix du ciment va diminuer de moitié19(*).

Pour ce qui est de la raffinerie, elle sera propriété à 60 % de la CNPC et à 40 % de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT). Elle sera alimentée par la production des gisements de Sédigui (au nord du lac Tchad) et du Mayo-Kebbi (sud-ouest du pays), en phase d'exploration par la CNPC. Découvert par un consortium américain en 1974 mais jamais exploité, le champ de Sédigui disposerait de réserves avoisinant 500 millions de barils. La réalisation de ce projet marquera la consécration de la Chine comme grand concurrent des Etats-Unis et de la France au Tchad puisque ces deux pays par le passé ont refusé de financer le projet de raffinerie qu'ils ont jugé non rentable. Les travaux d'aménagement du site de la raffinerie ont débuté en novembre 2007. Il est attendu que cette raffinerie permette au Tchad d'assurer la consommation locale en produits pétroliers raffinés puisque jusqu'à ce jour le pays les importe du Nigeria et du Cameroun. "La raffinerie de Ndjamena aura une capacité annuelle de  traitement d'un million de tonnes de brut. Chaque année, elle  produira environ 700.000 tonnes de l'essence et du gasoil, 20.000  tonnes du pétrole lampant et bien d'autres sous-produits tels que  kérosène et polypropylène", a annoncé Jiang Wen, directeur général ajoint de la Chinese National Petroleum Company Incorporation (CNPCI).

Le tableau 14 nous permet d'identifier les perdants et les bénéficiaires des investissements chinois au Tchad . Le quadrant en haut à gauche présente les Organisations de la Société Civile (OSC) comme perdantes mais possibles bénéficiaires. L'investissement chinois est caractérisé par l'implication directe du Gouvernement chinois au niveau des autorités tchadiennes avec les compagnies chinoises qui sont directement sous la tutelle de leur Gouvernement. Il y a comme corollaire à cette façon d'agir sans l'implication des organisations de la société civile dans les négociations et même un déficit d'information pour celles-ci. Or, les organisations de la société civile peuvent indirectement influencer l'action gouvernementale à travers leurs activités de défense des intérêts de la population. Leur engagement est donc inhibé par cette situation mais si le Gouvernement tchadien les implique, cela constituera un bénéfice pour eux.

Tableau 14 : Classification des groupes de bénéficiaires et de perdants des investissements chinois au Tchad

 

Bénéficiaires

 

Perdants

Organisations de la Société Civile

. Consommateurs

. Entrepreneurs Chinois

. Investisseurs chinois

. Entreprises paraétatiques

 

Travailleurs locaux

Syndicats

. Gouvernement

. Travailleurs locaux

Source : nous même

Le quadrant en bas à gauche montre les grands perdants des investissements chinois que sont les entrepreneurs locaux et les syndicats. Les entrepreneurs locaux perdent du fait que les différents travaux accompagnant l'investissement chinois sont effectués par des entrepreneurs chinois, notamment l'aménagement des voies d'accès aux sites de la cimenterie et de la raffinerie, à cause des conditions accompagnant les accords. La perte des syndicats provient du fait que les travailleurs chinois qui sont engagés dans la réalisation des investissements ne sont pas leurs membres.

Le quadrant en haut à droite montre les bénéficiaires des investissements chinois. Il y a d'abord les ménages qui bénéficient déjà dans le domaine des communications (internet sans fil, téléphonie mobile) avec les bas prix occasionnés par l'investissement chinois. Ils bénéficieront encore plus lorsque la cimenterie et la raffinerie seront fonctionnelles. D'autres bénéficiaires sont les entrepreneurs et investisseurs chinois, à partir de leur implication dans les projets, ainsi que les entreprises paraétatiques.

Le quadrant en bas à droite montre ceux qui à la fois perdent le plus et gagnent le plus. Le Gouvernement tchadien gagne en renforçant l'entreprise paraétatique de télécommunication et en permettant à sa population d'avoir accès à des produits bon marché mais il perd à travers l'exonération de taxes accordée pour les équipements accompagnant les investissements et à travers le gap d'impôts des travailleurs tchadiens qui sont engagés dans les entreprises concernées par les investissements avec un niveau de salaire relativement bas. Pour les travailleurs tchadiens de manière globale, il y a des opportunités effectives d'emploi avec les investissements chinois mais le revers de la médaille est que le rythme de travail est très harassant et certains standards de sécurité sont négligés. Cependant, l'amélioration de conditions de travail avantagera les travailleurs.

2.2 Les aides chinoises au Tchad

L'aide chinoise est essentiellement idéologique et s'articule autour des huit principes exposés par Zhou Enlai20(*). Les huit principes reposent sur : l'égalité et les bénéfices mutuels entre les partenaires, le respect de la souveraineté, l'absence de conditions, l'utilisation de dons ou de prêts sans intérêts, le renforcement de terme, la fourniture d'équipement et de matériel de qualité aux prix du marché, l'assistance, l'indépendance et de l'autonomie du pays bénéficiaire, la réalisation de projets qui nécessitent des investissements restreints et qui peuvent être réalisés dans le court terme et l'engagement de payer les experts au tarif local. Il est à noter que la rhétorique officielle chinoise déclare encore s'inspirer de ces principes pour élaborer sa politique d'aide actuelle.

La nouvelle coopération économique entre la Chine et le Tchad semble être conduite par les deux parties avec grand intérêt. Dans cette coopération, la Chine cherche à profiter du pétrole tchadien pour satisfaire sa demande sans cesse croissante et le Tchad cherche à assurer sa stabilité politique ainsi que son développement économique. Une série d'accords signés le 04 janvier 2007 à N'Djamena, a permis au Tchad d'engranger les dividendes de ces relations. Il y a eu, outre la conception d'un vaste programme de perfectionnement des cadres de l'administration tchadienne et l'octroi à des jeunes tchadiens en phase d'entrée à l'Université d'une soixantaine de bourses d'études en Chine :

- L'annulation totale de la dette (y compris les arriérés) de prêts de la Chine vis-à-vis du Tchad, pour un montant total de 34 millions de dollars ;

- Un don d'un montant de 66 millions de dollars ;

- L'envoi d'une mission médicale chinoise à l'Hôpital de la Liberté de N'Djamena pour une durée de deux ans ;

- L'envoi d'une mission technique agricole avec un projet rizicole dans la région du Mayo-Kebbi Est et un projet maraîcher à Koundoul (à 25 kilomètres au sud de N'Djamena).

En septembre 2007, des prêts préférentiels ont été accordés par la Chine dans les télécommunications (45 millions de dollars), pour la construction d'une cimenterie (92 millions de dollars) et pour la construction d'une raffinerie. Ces prêts sont caractérisés par un délai de grâce d'au moins 5 ans et un taux d'intérêt annuel de 1,5%.

Tableau 15 : L'aide chinoise au Tchad

Secteur

Récipiendaire

Projet

Valeur

(en millions de dollars)

Type d'aide/ Institution donatrice

Agriculture

Projet rizicole de Mayo-Kebbi Ouest

Non disponible

Assistance technique

Projet maraîcher de Koundoul

Non disponible

Assistance technique

Activités de

Fabrication

Cimenterie de BAOARE

92,33

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Raffinerie

232

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Construction

9,7 km de routes urbaines à

N'Djamena avec assainissement et éclairage public

30

Don du Gouvernement chinois

Deux écoles primaires

Non disponible

Don du Gouvernement chinois

Electricité et eau

Amélioration de la production d'électricité à N'Djamena

Non disponible

Don du Gouvernement chinois

Télécommunications

CHAD CDMA 2000 (Téléphonie fixe sans fil)

25,06

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Téléphonie mobile

20

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Education

Bourses de perfectionnement des cadres et d'études universitaires

Non disponible

Don du Gouvernement chinois

Santé et action sociale

Assistance médicale à l'Hôpital de la Liberté de N'Djamena

Non disponible

Assistance technique

(Annulation de la dette)

 

34

Don du Gouvernement chinois

Source : Ministère de l'Economie et du Plan/Direction des Ressources Extérieures et de la Programmation

Le tableau 16 ci-dessous donne la classification des bénéficiaires et perdants de l'aide chinoise au Tchad. Le quadrant à gauche en bas présente les entrepreneurs locaux et les syndicats en perdants de cette aide, pour les mêmes raisons que dans le cas des investissements.

TABLEAU 16 : Classification des groupes de bénéficiaires et de perdants de l'aide chinoise au Tchad.

 

Bénéficiaires

Perdants

 

Ménages

Entrepreneurs chinois

Investisseurs chinois

Gouvernement

Travailleurs

Entrepreneurs locaux

Syndicats

 

Source : nous même

Le quadrant en haut à droite présente les bénéficiaires de cette aide. Les ménages bénéficient des retombées de l'aide comme conséquence de leur utilisation des biens publics produits et de leur accès à des biens et services à bon prix qui sont obtenus par les entreprises où l'Etat a contracté des dettes pour y investir. Les entrepreneurs et investisseurs chinois sont aussi des gagnants. Le gouvernement bénéficie du fait d'avoir obtenu des infrastructures à bas prix et des prêts pour investir dans des secteurs porteurs d'espoirs pour sa population. Il y a enfin des opportunités d'emploi pour les travailleurs tchadien.

B- IMPACT DE LA COOPERATION CHINOISE SUR LE MODE D'INSERTION TRADITIONNEL DU TCHAD DANS LE COMMERCE INTERNATIONAL

Il est question ici de voir les impacts positifs et négatifs.

1- Impact positif

la présence de la Chine en Afrique subsaharienne et particulièrement au Tchad est définie en termes d'opportunité historique, de catalyseur de développement, de partenaire économique, d'investisseur et de "nouveau joueur" permettant de desserrer l'étau des bailleurs de fonds traditionnels. Les aspects tels que l'investissement, échanges commerciaux sont également jugés de façon positive au Tchad à d'énormes besoins en capitaux, technologie et infrastructure de la Chine répondent à ces besoins contrairement à l'Occident qui est dans une logique d'extraction des dividendes. Le cas de la raffinerie nous permet d'illustrer : le Tchad avait sollicité la Banque Mondiale afin qu'elle soutienne le projet de raffinerie de Sédigui, dans le cadre de recherches de solution aux problèmes énergétiques. Rappelons que la France et les États-Unis avaient refusé de financer un tel projet estimant qu'il ne serait pas rentable. De plus, les coûts des entreprises occidentales sont supérieurs de 50% à ceux des entreprises chinoises. Les entreprises occidentales achètent le pétrole en Afrique et le raffinent ailleurs, en raison de contraintes environnementales et de la faible rentabilité de ce secteur sur place. Les Américains ou les Européens refusent de participer à ces projets parce qu'ils ne veulent pas transmettre leur savoir-faire et parce qu'ils soutiennent leur prix de vente élevé du prix pétrole raffiné. Cette raffinerie doit permettre d'intégrer sur le marché local des produits finis à prix bas, de favoriser la consommation domestique de butane et d'électricité à des tarifs susceptibles de les substituer au bois de chauffe dont l'exploitation intense accroît les problèmes de désertification, de réduire substantiellement le prix du kWh, et de limiter les importations de carburants et pourra être exporté du fait de sa capacité.

La structure des investissements chinois confirme ce statut de partenaire de développement. Premièrement, ce sont les investissements chinois qui expliquent en majeure partie les taux de croissance des pays africains ces dernières années. Deuxièmement, les investissements chinois ne se sont pas uniquement portés vers les matières premières (pétrole), ils se sont aussi dirigés vers des secteurs générateurs de développement (infrastructures, la cimenterie télécoms, textiles, tourisme, industrie alimentaire, etc.). Le cas de la cimenterie est crucial car le Tchad qui importe du ciment de l'extérieur produira lui-même.

On estime également que la présence chinoise a contribué à améliorer le niveau de vie des populations les plus pauvres (sur plus du consommateur): l'impact le plus évident est l'accessibilité à des biens de consommation bon marché (de qualité variable) comme jamais auparavant.

2- Impact négatif

Trois aspects sont à prendre en compte dans la relation Sino-tchadienne :

- Le premier aspect est celui d'un certain détournement des économies de ces pays qui se concentrent aujourd'hui sur la production de pétrole et de minerais dont la Chine est gourmande. Tout en répondant à cette demande, le tissu économique de ces pays se trouve affaibli par une polarisation des investissements locaux sur ces gisements au détriment de la diversité des productions rendant ainsi ces pays bien plus dépendants de leurs clients étrangers.

Une certaine méfiance se fait sentir en raison du coût économique et social sur le long terme. Les entreprises chinoises sont accusées d'inonder les marchés locaux avec des contrefaçons ou des produits de mauvaise qualité, notamment dans le domaine du textile et celui des mobylettes nuisant ainsi aux entreprises tchadiennes. Les boutiques chinoises inondent la ville de N'Djamena et concurrencent directement les marchés locaux.

Plus de 30 000 chinois seraient aujourd'hui installés en Algérie (restaurants, textiles). Au Cameroun, les vendeurs des beignets (tradition locale) sont concurrencés par les vendeurs chinois.

- Le deuxième aspect est d'ordre social car si en échange de matière première la Chine construit effectivement un certain nombre d'infrastructures routières ou autres, la main d'oeuvre local n'est que peu ou pas concernée, les entreprises chinoises fournissant bien souvent la plus grande partie de celle-ci. En aggravant un taux de chômage initialement élevé cette main d'oeuvre venue des régions pauvres de la Chine, est souvent mal vue par la population locale qui à déjà bien du mal à survivre ;

- Une autre dérive sociale concerne les chantiers sur lesquels une part des travailleurs sont des locaux, ceux-ci sont soumis au même condition de travail que leur homologue chinois c'est-à-dire sans trop de garanties ou de respect des condition de travail normalement en vigueur dans ce pays ou la réglementation internationale du travail.

SECTION II : LES PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE

Aucune coopération n'est a priori avantageuse ou désavantageuse. Tout dépend des ambitions de chacun des acteurs, des moyens qu'il met en oeuvre pour atteindre ses objectifs et surtout de sa capacité à concevoir et à mener une stratégie efficace dans les négociations. Il va sans dire que le Tchad espère de son partenariat avec la Chine, la possibilité d'une relance de son développement (A). Cependant, pour que la coopération sino-tchadienne soit un moteur de la relance économique du Tchad, elle doit relever d'importants défis afin de ne pas répéter les erreurs du passé (B).

A- L'ACCOMPAGNEMENT DU TCHAD PAR LA CHINE DANS SON PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT

La Chine a réussi son pari de sortir du sous-développement pour faire de son économie l'une des plus dynamiques du monde. Ayant fait cette expérience, elle pourrait valablement aider le Tchad dans son processus de développement à travers le renforcement de son soutien à l'industrialisation et de sa coopération dans le domaine agricole.

1- Le renforcement de soutien de la Chine à l'industrialisation du Tchad 

Le sommet sur la coopération sino-africaine des 4 et 5 novembre 2006 a débouché sur deux textes d'une importance capitale. D'abord, la Déclaration de Beijing et le Plan d'Action de Beijing21(*). Ce dernier définit avec précision les principaux domaines dans lesquels la coopération va se renforcer pour les années avenir. Parmi ceux-ci, figure la coopération dans le domaine des sciences et technologies, ainsi que de l'informatique22(*). Les deux parties se sont engagées à développer leur coopération en matière d'application des acquis scientifiques et technologiques et de transfert du savoir. La Chine s'est particulièrement engagée à organiser, en faveur du Tchad, des stages de formations sur les techniques pratiques, à lancer des programmes de démonstration de technologies et surtout à l'aider à augmenter ses potentiels industriels. Pour éviter que les deux parties ne fassent litière de ses beaux engagements, des mécanismes de suivi23(*) ont été mis en oeuvre pour veiller à l'application de ces mesures. Avec cette volonté affirmée de part et d'autre, l'on peut raisonnablement avancer que la Chine entend accompagner le Tchad sur la voie de l'industrialisation.

D'ores et déjà, on peut se féliciter de quelques expériences réussies : en 2007, la Chine a procédé au lancement d'un satellite de communication au profit du Nigeria. Certains investisseurs africains ont mis sur pied avec succès des industries en Chine24(*). Ayant réussi en Chine, ils vont ramener en Afrique les expériences acquises que le Tchad pourra bien imiter.

Par ailleurs, avec la hausse du prix du carburant et l'augmentation du coût des transports y consécutive, la Chine sera obligée, pour réduire les coûts de productions, de construire au Tchad des industries pour transformer sur place les matières premières.

Les constructeurs chinois d'appareils électroménagers Shinco, Haier ou Hisense ont ainsi conçu de nouveaux plans de développement en Afrique, passant de la simple exportation de produits finis à l'établissement des usines de production sur le continent25(*) (exemple du téléphone ZTE au Tchad qui est en projet). Sur ce fleuron industriel naissant, viendront se greffer d'autres industries, vecteurs du développement et du renforcement du partenariat sino-tchadien dans le domaine agricole.

2- Le renforcement de la coopération sino-tchadienne dans le domaine agricole

Que ce soit dans le Plan d'Action d'Addis-Abeba26(*) ou dans le Plan d'Action de Beijing adopté lors du 3ème sommet du forum sur la coopération sino-africaine de novembre 2006, un accent particulier a toujours été mis sur le renforcement de la coopération agricole.

L'agriculture a une place très importante dans le développement économique et le progrès social de tous les pays. Les dirigeants africains et chinois semblent l'avoir compris, même si les initiatives des premiers en la matière ne sont pas encourageantes. Le point 3. 1 de la déclaration de Beijing est entièrement consacré à la coopération dans le domaine agricole. Les deux parties y ont souligné « le rôle important de l'agriculture dans leurs économies respectives », estimant que le renforcement de leur coopération agricole « contribue à l'élimination de la pauvreté...et à la garantie de la sécurité alimentaire ».

Il est à noter que dans le domaine agricole, la Chine a fait des avancées considérables dont le Tchad peut s'inspirer : une réforme agraire réussie, la révolution verte, des avancées scientifiques et technologiques en matière de production céréalière, de l'élevage, de l'irrigation, de la pêche, de la mécanisation et de la transformation des produits. Cette avancée de la Chine contraste nettement avec la situation au Tchad où l'on utilise encore des outils aratoires qui n'ont connu aucune amélioration depuis des siècles, où l'autosuffisance alimentaire ne relève que de l'ordre du discours27(*) et où les politiques agricoles nationales laissent à désirer. Consciente de cette situation, la Chine s'est engagée à envoyer en Afrique 100 experts agronomes de niveau supérieur et à y créer 10 centres pilotes caractéristiques des technologies agricoles, à encourager les entreprises chinoises à augmenter leurs investissements dans le secteur agricole en Afrique à travers la construction d'infrastructures agricoles (le projet rizicole dans la région du Mayo-Kebbi Est et un projet maraîcher à Koundoul à 25 kilomètres au sud de N'Djamena permet d'illustrer), à renforcer sa coopération avec le Tchad dans le cadre du programme spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO28(*), etc.

Toutefois, il y a lieu de relever que cette offre chinoise ne saurait à elle seule suffire pour rattraper le grand retard accusé par le Tchad en matière d'agriculture sans une réelle volonté politique des dirigeants tchadiens de faire de ce secteur un véritable moteur du développement. Avec la conjoncture actuelle de hausse quasi exponentielle du prix des denrées alimentaires, l'adoption de politiques hardies en matière d'agriculture n'est plus une option, c'est une nécessité et tout laisse croire que le Tchad jouera à fond la carte chinoise pour mettre son agriculture sur l'orbite de la modernisation.

En vérité, il ne s'agit là que d'une infime partie des grands défis que le Tchad doit nécessairement relever afin de tirer un maximum d'avantages de sa coopération avec la Chine.

B- DEFIS A RELEVER PAR LE TCHAD

Les défis qui attendent le Tchad sont aussi nombreux que variés et vont de la nécessité d'investir dans la recherche et développement et l'adoption d'un système de transparence de gouvernance.

1- Investir dans Recherche et Développement 

L'essor de l'activité de standardisation en Chine est un exemple intéressant de l'importance stratégique de développer des activités de R&D en Chine. Les standards sont le moyen le plus efficace de mettre en place des barrières non douanières pour protéger l'économie d'un pays des importations et ne pas avoir à payer de droits de licence. La Chine en est consciente comme le montre le développement de normes nationales comme le WAPI, l'EVD, l'IGRS ou le TD-SCDMA... Cependant, les standards sont un domaine sur lesquels la Chine semble avoir évolué résolument vers une plus grande intégration au monde.

La Chine a choisi de jouer le jeu du commerce mondial tout comme les autres pays industrialisés, jouent un rôle dans la définition des standards. Elle se place sur ce créneau comme l'égal des autres pays développés. Il est ainsi important pour un pays, que pour les entreprises étrangères d'être présent en Chine pour pouvoir suivre de l'intérieur les efforts de standardisation et influencer ces développements. Siemens, Ericsson et Alcatel ont ainsi noué des partenariats avec des entreprises chinoises pour développer le TD-SCDMA.

La recherche du développement est devenue incontournable dans l'évolution des technologies. La Chine semble avoir montré la voie au Tchad. Les réalités de la mondialisation veulent que notre pays se hisse au niveau des pays industrialisés. Les idées que nous développons sont loin d'être utopistes, la Chine, le Japon, l'Inde... sont passés par ce stade. Il faudrait surtout beaucoup de volonté politique et d'abnégation populaire pour y arriver. Déjà, des efforts, sont entrain d'êtres faits, même s'ils sont par ailleurs timides. L'essentiel serait d'accroître les compétences en Recherche et Développement, mais surtout, orienter la recherche vers les secteurs clés tels que les nanotechnologies, l'énergie nucléaire (civile), la biotechnologie etc. qui s'avèrent des créneaux porteurs de développement. Les Universités existantes ainsi que les centres universitaires régionaux peuvent être les réceptacles des activités de recherche et développement.

2- Adoption d'un système transparent de gouvernance 

La coopération du Tchad avec la Chine ne peut déboucher sur une heureuse perspective si le Tchad ne s'impose pas des mutations au plan interne.

En effet, quelle que soit l'importance de l'aide chinoise, elle ne pourra être utile que si elle est bien gérée, dans l'intérêt de tous les citoyens. De même, les investisseurs, les entrepreneurs et même les touristes chinois ne viendront pas vers le Tchad si elle ne mettait pas fin au chaos et conflits qui y règnent.

Le Tchad est souvent pointé du doigt par la communauté internationale à cause de la mal gouvernance et de l'absence de transparence dans la gestion des affaires publiques. Cette situation sert de prétexte aux pays occidentaux qui, fréquemment, interviennent dans les affaires intérieures des pays africains et contrôlent parfois leurs régimes. Cette interférence, si elle peut, à certains égards, se justifier de par son objectif  `'proclamé'', n'a cependant pas donné jusqu'à ce jour des résultats satisfaisants. Elle a plutôt donné lieu à une situation inqualifiable, qui n'est ni une véritable démocratie, ni une réelle dictature. De plus en plus, des consciences s'éveillent en Afrique qui comprennent que les exigences de l'Europe et des USA en matière de bonne gouvernance répondent plus à leur désir de manipulation des régimes des pays pauvres afin de s'assurer leur loyauté, qu'à leur attachement à l'obéissance des principes moraux.

Le Tchad doit s'appuyer sur sa coopération avec la Chine pour relancer son processus de développement. Elle ne pourra toutefois y parvenir que si elle se donne les moyens conceptuels et programmatiques pouvant lui permettre de répondre à l'urgente nécessité de dégager une perspective concrète pour éviter que la coopération sino-tchadienne ne soit une relation dirigée unilatéralement par Pékin.

Conclusion de la deuxième partie 

En définitif, cette deuxième partie a permis de mettre en évidence les impacts et les perspectives de la coopération Sino-tchadienne. Pour y parvenir, nous avons exposé dans un premier temps les opportunités qu'offrent la coopération chinoise. Cela nous a conduit à identifier les gains potentiels de la coopération Chinoise et les exemples de coopération chinoise avec les autres pays africains.

Dans un second temps, il a fallu d'abord procéder à la description de la structure du commerce Sino-tchadien, de l'échantillon de quelques années qui nous permis de calculer la part de la Chine dans le commerce Tchadien. Le résultat nous a montré que les flux commerciaux se passent dans un sens unique (le Tchad importe les produits chinois, mais n'exporte pas vers la Chine). Mais les perspectives de leur coopération sont prometteuses dont l'hypothèse (H2) est vérifiée avec la montée des différents investissements chinois au Tchad.

CONCLUSION GENERALE 

Au terme de cette étude qui a pour thématique « coopération commerciale entre la RPC et le Tchad : enjeux et perspectives » il serait judicieux de faire le bilan et des propositions à l'endroit de l'Etat tchadien. Rappelons que dans cette étude. Nous avons voulu analyser : «  l'impact de la coopération renouvelle entre la Chine et le Tchad sur le développement économique ». De cette problématique, découle la question principale de recherche : la coopération commerciale entre la Chine et le Tchad peut-elle changer le mode d'insertion de ce dernier dans le commerce international ?

Pour répondre à cette question nous nous somme fixés un certain nombre d'objectifs :

- Analyser les enjeux et les perspectives de la coopération commerciale Sino-tchadienne ;

- Présenter le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans le commerce international ;

- Evaluer l'impact de la coopération renouvelée avec la Chine sur le développement économique du Tchad.

Ces objectifs ont servi de guide dans la revue de la littérature. Ainsi, l'analyse a été construite autour des différentes théories commerciales. Cette revue de la littérature nous a permis d'aboutir aux hypothèses suivantes :

H-1 Le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans le commerce international ne favorise pas l'économie tchadienne.

H-2 La nouvelle coopération Sino-tchadienne exerce un impact positif sur le commerce international du Tchad.

Afin de bien mener cette étude, le choix d'une démarche hypothético-déductive était nécessaire. Pour ce faire, nous avons collecté des informations auprès des institutions spécialisées nous permettant d'atteindre nos objectifs. Ces données recueillies ont été traité à l'aide de l'outil statistique pour calculer les moyennes et les pourcentages.

En effet, le Tchad étant l'un des pays les plus pauvres au monde, avec une économie basé exclusivement sur les produits primaires. Depuis l'indépendance, il est un pays essentiellement importateur car ses besoins alimentaires et énergétiques, et certains de ses produits manufacturés proviennent de l'extérieur. Son commerce extérieur dépend du secteur primaire (agriculture et élevage) qui constituait une part importante du Produit Intérieur Brut (PIB) puisqu'il occupait environ 80% de la population totale. Déjà en 1983, ce secteur représentait 43% du PIB. Malgré le recul observé dans l'économie, il demeure encore important avec 38% du PIB jusqu'en 1998. Avec l'avènement de l'exploitation du pétrole, la structure commerciale du Tchad a changé : le pétrole est aujourd'hui le secteur clé de son économie (85,7% exportations nationales) en suite vient le bétail (7,4 % des exportations), le coton fibre (2%) et dans une moindre mesure la gomme arabique. Ses principaux partenaires commerciaux sont le Cameroun, le Nigeria, la France et les Etats-Unis...

En effet, après la collecte des statistiques, nous avons eu la validité de la première hypothèse. Ce qui signifie que le mode d'insertion traditionnel du Tchad dans le commerce international ne favorise pas le développement économique. Pour mieux asseoir son économie dans le commerce international, le Tchad doit diversifier son économie et diminuer sa dépendance aux exportations en développant ses propres industries manufacturières.

Ainsi, la reprise de sa coopération avec la Chine a été jugée importante par le gouvernement, surtout avec le lancement de la politique Sino-africaine en 2006. L'intervention de la Chine au Tchad peut être un atout pour la population tchadienne si l'on se fie à cette politique qui est diversifiée, allant de la politique à l'économie en passant par la sécurité et le développement des ressources humaines, tout en cherchant à assurer une coopération pour un bénéfice mutuel entre la Chine et ses partenaires africains. Cette étude, en se basant sur une vue des relations commerciales avec la Chine à partir du Tchad tour à tour exploré l'investissement, les flux commerciaux et l'aide.

L'investissement chinois a été bien accueilli par les autorités tchadiennes surtout qu'il est orienté vers certains secteurs que les partenaires traditionnelles n'ont pas eu à investir par le passé, notamment la construction d'une cimenterie et la raffinerie. Cependant, il faudrait tenir garde de la menace que cet investissement porte pour les travailleurs tchadiens car la négligence de certaines conditions de sécurité engendre de grands risques pour eux. Il faudrait alors que les autorités tchadiennes s'assurent que la réglementation du travail en vigueur au Tchad soit respectée par les entrepreneurs chinois.

Selon les sources statistiques officielles, les relations commerciales entre les deux pays ne se faisaient que dans un seul sens, le Tchad n'exportant pas vers la Chine. Les importations des produits d'origine chinoise, malgré qu'elles ne représentent 1% en 2004, est passée à environ 2% en 2005, en 2006 les importations étaient de 15 958 millions de FCFA soit 3%. Selon les sources nationales et le rapport "The Central Intelligence Agency (CIA)" la Chine occupe la troisième place dans les importations du Tchad avec 9,8% en 2008. Ces importations concernaient principalement les huiles et graisses animales ou végétales (36%) et les engrais (21%). Bien que favorable aux consommateurs, un démantèlement total et brutal des frontières douanières peut être une menace pour certaines entreprises locales.

L'aide chinoise au Tchad est importante surtout par rapport à ses objectifs et son taux d'intérêt qui défie toute concurrence, courant l'assistance technique médicale et agricole, l'éducation et la formation et l'octroi de prêts préférentiels (plus de 150 millions de dollars déclarés) pour des investissements et des dons pour la construction d'infrastructure. Seulement, le problème crucial est la menace qui pèse sur les travailleurs tchadiens dans l'exécution des différents projets de développement financés par la Chine, en terme de perte d'emploi et de conditions de travail.

La deuxième hypothèse selon laquelle la nouvelle coopération Sino-tchadienne exerce un impact positif sur le commerce international du Tchad a également été confirmée. Nous précisons ici le cas de la raffinerie et la cimenterie et les autres projets dans les domaines d'agriculture et de la communication servent des exemples.

L'exemple chinois rappelle simplement, à un moment où l'espoir tend de plus en plus à devenir une denrée rare sur le continent, que le développement est une affaire de volonté qui se fait d'abord à domicile. Comme le note froidement Lu Guozen, Directeur Afrique au Ministère Chinois des Affaires Etrangères, « le développement de l'Afrique ne pourra être que le fait des efforts des Africains eux-mêmes »29(*)

Par delà les grands défis que le Tchad se doit de relever au plan interne, il lui faut faire face aux confrontations des grandes puissances jalouses des performances de l'Empire du Milieu. D'un point de vue purement politique, l'avenir de la relation sino-tchadienne dépend en partie de la façon dont le Tchad va gérer ses affrontements des grandes puissances. Sera-t-il à même de relever ce double défi de mutation interne et d'adaptation à la nouvelle donne internationale ? L'avenir nous édifiera sans doute sur ce point.

Recommandation :

A l'issu de ces travaux, une recommandation serait de prendre des mesures par rapport aux conditions d'investissements et de réalisations des grands travaux exécutés par la Chine en termes d'utilisation de la main d'oeuvre qualifiée locale et l'instauration de normes minimales de traçabilité quant à l'accès des produits chinois aux marchés des pays en développement. En terme de compétitivité, il reste que nos économies doivent réviser la nature des produits exportés afin d'équilibrer la balance commerciale. Cela n'est possible que si des efforts et des stratégies de diversification des produits exportés sont mis en place.

Les gouvernements du Tchad et de la Chine sont conjointement appelés à rendre plus transparents les contrats, les conventions et les accords qui les lient. Cela éviterait des interprétations et spéculations, parfois outrancières de corruption et de détournement des autres acteurs non impliqués. Des aspects qualitatifs, sociaux et environnementaux sont à intégrer dans ces différents accords en vue de protéger les populations les plus vulnérables. Dans les différents contrats, des points sur l'utilisation de la main d'oeuvre locale doivent aussi être inscrits pour répondre à la demande sociale, notamment des personnes au chômage dont le nombre va croissant.

Au niveau du commerce extérieur, le vent de la libéralisation qui souffle, a pour effet positif direct sur le pouvoir d'achat des ménages et l'annulation ou la baisse des droits et taxes d'importation est fortement encouragé, sauf pour certains produits qui pourraient menacer la survie de certaines sociétés nationales à forte main d'oeuvre locale.

Les opérateurs privés locaux doivent réviser leurs stratégies de marketing en vue d'être à la hauteur de l'assaut chinois. La protection venant des autorités publiques est une solution conjoncturelle et la solution durable passe par la refonte totale du système d'organisation, de production et de commercialisation en vue de rendre les entreprises plus productives et plus concurrentielles.

BIBLIOGRAPHIQUES

RAPPORTS, REVUES ET ARTICLES:

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AUTRES DOCUMENTS

- Discours de bienvenue du Président Hu Jintao à l'ouverture du sommet Chine-Afrique tenu à Beijing du 3 au 5 novembre 2006.

- Sommet de Beijing sur la coopération sino-africaine : documents et discours, Editions des Affaires Mondiales, Pékin, 2006, Volume I, II et III.

3- Thèse de Singer-Prebisch (1950) : « Le développement économique de l'Amérique latine et ses principaux problèmes ».

ANNEXES

Annexe 1 tableau 1 : Destination des produits d'exportation Hors pétrole en 2006

Pays de destination

Poids Net de la marchandise (tonnes)

valeur (millions de FCFA)

Unité complémentaire

proportion

Total

347 523

127 884

201 325

100,00%

France

151 351

47 342

21

37,02%

Nigeria

103 167

40 573

195 600

31,73%

Soudan

47 523

20 153

123

15,76%

Pays Indéterminé

26 052

8 402

150

6,57%

République Centrafricaine

1 402

2 850

 

2,23%

USA

3 909

2 133

 

1,67%

Cameroun

4 478

1 997

3 449

1,56%

Union Européenne

6 207

1 394

 

1,09%

GABON

84

619

 

0,48%

Emirats Arabes Unis

101

418

 

0,33%

Libye

1 668

392

146

0,31%

Burkina Faso

118

346

4

0,27%

Angola

5

344

 

0,27%

CONGO BRAZZAVILLE

1 303

323

40

0,25%

Pays Bas

41

245

 

0,19%

Guinée Equatoriale

16

133

 

0,10%

Grande Bretagne

5

88

 

0,07%

Afrique du Sud

38

45

 

0,04%

Sénégal

3

38

 

0,03%

Algérie

3

31

 

0,02%

Allemagne

50

21

 

0,02%

Graphique 1: Importations par Zone Economique d'Origine (en millions de FCFA)

Annexe 2 tableau 2 :

Importations par Pays d'Origine par ordre d'importance en 2004

N° ordre

pays d'origine

Poids (tonnes)

Valeur CAF (millions de CFA)

 
 

Total

588 363

319 426

 
 

1

Etats-Unis

27 725

60 462

 
 

2

CAMEROUN

211 937

54 928

 
 

3

NIGERIA

175 769

49 232

 
 

4

FRANCE

40 608

46 364

 
 

5

ALLEMAGNE

9 366

8 018

 
 

6

JAPON

4 983

7 238

 
 

7

PAYS-BAS

2 881

6 475

 
 

8

Grande-Bretagne

1 817

4 881

 
 

9

GABON

644

4 795

 
 

10

BRESIL

10 967

4 588

 
 

11

BELGIQUE-Luxembourg

11 148

4 071

 
 

12

CHINE POPULAIRE

7 207

3 755

 
 

13

Emirats Arabes Unis

5 986

3 586

 
 

14

ITALIE

3 212

2 969

 
 

15

SINGAPOUR

318

2 861

 
 

16

AFRIQUE DU SUD

5 325

2 341

 
 

17

SUEDE

282

2 262

 
 

18

SENEGAL

574

1 734

 
 

19

DANEMARK

474

1 631

 
 

20

PAKISTAN

2 142

1 607

 
 

21

NORVEGE

396

1 254

 
 

22

Esthonie

7 082

1 220

 
 

23

INDE

6 107

1 179

 
 

24

ESPAGNE

8 428

1 114

 
 

25

Ukraine

7 743

1 099

 
 

26

AUTRICHE

2 254

1 083

 
 

27

COTE D'IVOIRE

582

1 070

 
 

 

AUTRES PAYS

32 408

37 611

 
 

source: INSEED, 2004

 
 
 
 

Annexe 3 : Tableau 3 : Importations par Pays d'origine par ordre d'importance selon les principaux produits en 2005

PAYS D'ORIGINE

POIDS 2005 (tonne)

VALEUR 2005 (millions FCFA)

UC

pourcentage valeur 2005

Total

722 945

431 172

 

100%

Etats-Unis

66 140

93 589

 

22%

Parties de pompes pour liquides

298

8 657

2

9%

Autres tubes, tuyaux et profilés creux, sans soudure

8 893

7 115

 

8%

Tubes et tuyaux, sans soudure, en fer ou acier, pr oléoducs et gazoducs

5 381

5 375

 

6%

Tubes et tuyaux, pr oléoducs ou gazoducs, à l'arc immergé

6 301

4 390

 

5%

Parties des machines de sondage ou forage des n° 8430.41 et 8430.49

729

4 102

5

4%

Sorgho à grains

16 002

2 883

 

3%

Autres instruments de régulation ou contrôle auto

24

2 403

1

3%

Autres tubes et tuyaux en matières plastiques

1 000

2 259

 

2%

Farine de froment

8 016

1 769

 

2%

Autres polymères acryliques, sous formes primaires

658

1 414

 

2%

FRANCE

43 678

70 903

 

16%

Autres parties d'avions ou d'hélicoptères

215

19 352

1

27%

Farine de froment

27 740

4 727

23625

7%

Insecticides présentés en emballages d'une contenance nette de 1 kg ou moins

600

2 384

 

3%

Autres médicaments du n° 30.04, conditionnés pour la vente au détail

206

2 335

1840

3%

VTMMD, poids > 5 et < 20 tonnes

470

2 022

28

3%

Autres parties des véhicules des n° 87.01 à 87.05

100

1 303

248

2%

Parties des machines de sondage ou forage des n° 8430.41 et 8430.49

145

1 202

 

2%

CAMEROUN

257 148

70 856

 

16%

Gazoles

52 695

21 206

 

30%

Sucres raffinés de canne ou de betteraves

50 501

17 617

 

25%

Bière de malt, titrant 6,5% blanc d'alcool

22 379

6 149

 

9%

Autres ciments portland

33 865

3 213

 

5%

Savons de ménage, en barres, en morceaux, etc.

14 590

2 907

 

4%

Super carburant

3 931

2 027

 

3%

Riz semi-blanchi ou blanchi..., conditionné pour la vente au détail

14 398

1 972

 

3%

Ciments portland blancs

15 685

1 676

 

2%

Autres sucres du n° 17.01

2 999

1 075

 

2%

NIGERIA

188 387

57 417

 

13%

Gazoles

81 615

33 009

 

57%

Super carburant

15 743

8 120

 

14%

Farine de froment

21 530

3 359

28 536

6%

Autres ciments portland

32 148

2 262

84 568

4%

Pétrole lampant

1 820

676

 

1%

CHINE POPULAIRE

12 657

8 296

 

1,92%

Annexe

4

Annexe 5

Tableau tiré de l'article de Jean-Raphaël Chaponnière (2006) économiste à l'Agence Française de Développement (AFD).

Annexe 6 Tchad: Exportations non pétrolières (1994-2008)

TABLE DES MATIERES

Sommaire I

DEDICACE : II

REMERCIEMENTS : III

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS : IV

LISTE DES FIGURES ET TABLEAU : V

Résumé : VI

Abstract :...............................................................................................VII

INTRODUCTION GENERALE. 1

Contexte de l'etude. 2

Problematique. 5

Objectif de la recherche. 5

Revue de la litterature 5

Hypotheses de la recherche 9

Interet de la recherche. 9

Demarche methodologique. 10

PREMIERE PARTIE : LES EFFETS DE LA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS 11

CHAPITRE I : LES EFFETS DE LA STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU TCHAD. 13

SECTION I : STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU TCHAD. 13

A- Structure du commerce extérieur du Tchad de 1972-2005. 13

1. Nature des produits échangés. 13

1.3 Nature des produits exportés. 14

1.2- Nature des produits importés. 16

2. Orientation géographique des échanges du Tchad de 1972-2005. 18

2.1- Clients du Tchad. 18

2.2- Fournisseurs du Tchad. 18

B-La structure du commerce extérieur du Tchad depuis 2006. 19

1. Nature des produits échangés. 19

1.1- Nature des produits exportés 20

2.1- Nature des produits importés. 21

2- Orientation géographique des échanges du Tchad depuis 2006 23

2.1- Clients du Tchad. 23

2.2-Fournisseurs du Tchad. 23

SECTION II : LES EFFETS SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU TCHAD. 26

A- FONDEMENT DU COMMERCE DU TCHAD. 26

B- AVANTAGES DES PAYS DANS LA SPÉCIALISATION DU COMMERCE DE PRODUITS PRIMAIRES. 26

1- Amélioration de l'emploi des facteurs. 26

2- Expansion des dotations des facteurs. 27

3- Les effets de liaison. 28

CHAPITRE II : LIMITES DE LA COOPERATION COMMERCIALE DU TCHAD AVEC SES PARTENAIRES TRADITIONNELS . 30

SECTION I : LIMITES LIEES A LA PRODUCTION ET A L'EXPORTATION DES MATIERES PREMIERES. 30

A- LIMITES LIEES A LA CROISSANCE FONDEE SUR L'EXPORTATION DES PRODUITS PRIMAIRES. 30

1) Détérioration des termes de l'échange. 30

2) Croissance léthargique de la demande. 30

3) Fluctuation des recettes. 30

B- DÉPENDANCE COMMERCIALE VIS-À-VIS DE QUELQUE PAYS. 30

C- FAIBLE DIVERSIFICATION DE L'ÉCONOMIE DES PAYS EXPORTATEUR DES PRODUITS PRIMAIRES. 30

SECTION II : LIMITES SPECIFIQUES LIEES A LA PRODUCTION ET L'EXPORTATION PETROLIERE. 30

A- MALADIE HOLLANDAISE. 30

B- LIAISONS INEFFICACE. 30

Conclusion de la première partie. 30

DEUXIEME PARTIE : IMPACTS ET PERSPECTIVES DE LA COOPERATION COMMERCIALE SINO-TCHADIENNE SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU TCHAD 30

CHAPITRE III : OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR LA COOPÉRATION COMMERCIALE ENTRE LA CHINE ET LE TCHAD. 30

SECTION I : GAINS POTENTIELS POUR LE TCHAD DE LA COOPERATION AVEC LA CHINE. 30

A- FONDEMENTS DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE. 30

1- Principes fondamentaux de la coopération Sino-tchadienne. 30

1.1 Les principes de la non ingérence 30

1.3 Le principe de l'égalité et des avantages réciproques 30

2- Les grands axes de la coopération Sino-tchadienne 30

B- DIFFERENTS GAINS POTENTIELS DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE. 30

1- Contournement des circuits commerciaux traditionnels. 30

2- Apport de ressources additionnelles pouvant financer le développement. 30

SECTION II : QUELQUES EXEMPLES UTILES POUR LE TCHAD DE LA COOPERATION CHINOISE. 30

A- LES FLUX COMMERCIAUX 30

B- FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS 30

CHAPITRE IV : L'IMPACT DE LA COOPÉRATION CHINOISE SUR LE DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU TCHAD. 30

SECTION I : EVALUATION DE LA COOPERATION CHINOISE SUR LE BIEN ÊTRE ECONOMIQUE DU TCHAD. 30

A-   ANALYSE DES RELATIONS COMMERCIAUX ET DES INVESTISSEMENTS DE LA CHINE ET DU TCHAD. 30

1- Relations commerciaux de la Chine et du Tchad 30

1.1- Les exportations 30

1.2- Les importations 30

2- Les investissements directs et les aides de la Chine au Tchad. 30

2.1 Investissements. 30

2.2 Les aides chinoises au Tchad. 30

B- IMPACT DE LA COOPERATION CHINOISE SUR LE MODE D'INSERTION TRADITIONNEL DU TCHAD DANS LE COMMERCE INTERNATIONAL. 30

1- Impact positif. 30

2- Impact négatif. 30

Section II : LES PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNE. 30

A- L'ACCOMPAGNEMENT DU TCHAD PAR LA CHINE DANS SON PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT. 30

1- Le renforcement de soutien de la Chine à l'industrialisation du Tchad : 30

2- Le renforcement de la coopération sino-tchadien dans le domaine agricole. 30

B- DEFIS A RELEVER PAR LE TCHAD. 30

1- Investir dans Recherche et Développement 30

2- Adoption d'un système transparent de gouvernance 30

Conclusion de la deuxième partie : 30

CONCLUSION GENERALE : 30

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 30

ANNEXES 30

TABLE DE MATIERE................................................................................92

* 1 Rapport 2004 de l'Institut National de la Statistique des Etudes Economiques et Démographique du Tchad

* 2 Idem

* 3POTIER R., in ESPRIT, Revue mensuelle fondée en 1932 par E. MOUNIER

* 4 Gobind T. Nankani et al : Rapport de l'Etude diagnostique sur l'intégration commerciale du Tchad, DRAFT, 18 Octobre 2006

* 5 Comme le constate Lennon (2005), il est plus prudent d'être fournisseur de minerais que la Chine ne produit pas plutôt que d'être engagé dans le traitement de minerais que la Chine produit pour partie

* 6 Source: INSEED.

* 7 Idem

* 8 Idem

* 9 Rapport sur le commerce et le développement, 2005

* 10 Il faut signaler que ces principes ont été exprimés pour la première fois par Chou En-lai, alors Premier Ministre de la RPC, lorsqu'il recevait une délégation indienne. Il les a réitérés deux ans plus tard à la conférence de Bandoeng

* 11 Allocution prononcée à la cérémonie d'ouverture du forum sur la coopération sino-africaine à Beijing, le 10 Octobre 2000.

* 12 La non ingérence et l'absence de conditionnalité de l'aide chinoise sont souvent décriées par la communauté internationale et surtout par les pays occidentaux, comme une prime ou un encouragement de la mal gouvernance en Afrique. Cependant, il est permis de se demander si la `'démocratisation à pas forcé'' et l'imposition d'un modèle stéréotypé de gouvernance occidentale à l'Afrique, n'est pas pour quelque chose dans la déstructuration des sociétés africaines. Les conditionnalités de l'aide publique au développement (APD) occidentale ne sont-elles pas un moyen pour l'Europe d'avoir à sa merci les dirigeants des pays africains ?

* 13 Allocution du Président Jiang Zemin, Op.Cit

* 14 INSEED op, cit

* 15 Non seulement elle mais aussi l'Inde, le Brésil, bref, tous les pays émergents.

* 16 Antoine Glaser et Stephen Smith, Comment la France a perdu l'Afrique, Ed. Hachette Littérature, col. Pluriel, Paris, 2006, p. 103

* 17 Rapport des services du FMI sur les consultations de 2010 au titre de l'article IV préparé par la mission des services du FMI au terme d'entretiens menés, jusqu'au 27 avril, 2010, avec les autorités tchadiennes sur l'évolution et la politique économiques du pays, no 10/196 du Juin 2010

* 18 Richer, Ph, L'offensive chinoise en Afrique, Karthala, 2008, pp. 119-120

* 19 En décembre 2007, le sac de ciment portland de 50 kg coûte environ 16 dollars.

* 20Ces principes ont été énoncés au Mali, lors de sa tournée africaine de 1964. Chaponnière, J.-P. (2006). «  Les échanges entre la Chine et l'Afrique : Situation actuelle, perspectives et sources pour l'analyse ». STATECO N°100. p.10.

* 21 Voir le document intitulé Sommet de Beijing du forum sur la coopération sino-africaine : documents et discours, Ed. des Affaires mondiales, Pékin 2006, Volume III, p. 79-116.

* 22Voir point 3.7 de la Déclaration de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine.

* 23 Il faut citer entre autres, les conférences ministérielles, les réunions des hauts fonctionnaires, les commissions mixtes paritaires, etc.

* 24 Par exemple SABMILLER, une société sud-africaine qui a acheté la Resource Snow Breweries Ltd est le plus grand vendeur de bière en Chine, avec 15% du marché ; la Bateman Engineered Technologies qui s'occupe d'équipements spécialisés pour minéraux, ciment, charbon, fer et acier ainsi que de la machinerie industrielle lourde. Voir CHINAFRIQUE, n° 5, Vol.2, mai 2007, pp. 6 et 7.

* 25La Jiangsu Shinco electronics group a commencé par fabriquer depuis 2007 des climatiseurs au Nigeria.

* 26 Ce plan a été adopté lors du 2ème sommet du forum sur la coopération sino- africaine, des 15 et 16 décembre 2003.

* 27 Alors que les conditions naturelles y sont très favorables à l'agriculture.

* 28 Voir le plan d'action de Beijing, point 3. 1. 3.

* 29 Lu Guozen, cité par Adama Gaye, Chine-Afrique : le dragon et l'autruche, Op. cit, p. 277.






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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci