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Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)

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par Kalonge GASTON
Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011
  

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III.4. La place de la femme dans l'organisation de l'Etat congolais

Influencé par l'élan de la communauté internationale, la République Démocratique du Congo n'est pas restée en marge du processus global de lutte pour le repositionnement des femmes.

Dès le lendemain de son accession au pouvoir, le président Mobutu lançait le slogan homme nouveau, femme nouvelle qui se contenait dans un programme d'action. C'est ainsi que par exemple dès 1966, Madame Sophie KANZA fut nommée au gouvernement en qualité de Ministre des affaires sociales et que le droit de vote fut accordé aux femmes en 1967.

Le besoin d'intégrer la femme à la vie nationale se fait sentir de plus en plus et implique plusieurs acteurs dans cette lutte. Ici, contrairement à la société traditionnelle où les structures sociales étaient principalement initiatrices des relations selon le genre, on note dans la reconstruction sociale des sexes l'implication de l'Etat, des acteurs sociaux mais aussi, des femmes elles-mêmes.

Dans le manifeste de la N'Sele, publié le 20 Mai 1967, il est stipulé que " la femme n'a pas la place qui lui revient dans la société, qu'elle porte en elle les espoirs de toute la nation, que son rôle dans l'éducation des enfants est irremplaçable. Le M.P.R. entendait ainsi mener une politique d'émancipation de la femme.

Certaines politiques ont été menées au niveau de l'Etat pour mettre fin à la marginalisation constatée des femmes et permettre ainsi leur participation à la vie nationale. A l'issue du Dialogue Inter Congolais, l'Accord global inclusif, le décret portant attribution des ministères et la Constitution de transition ont à travers les textes qui régissent la transition, consacré cette volonté de l'Etat à promouvoir la lutte contre les inégalités de genre.

III.5. Place de la femme au sein des communautés locales congolaises

Les communautés locales restent les véhicules culturels auxquels les femmes elles-mêmes participent à la base. Dans celles-ci chevauchent normes coutumières et étatiques. Si au niveau national, la culture étatique connait des influences exogènes de manière significative, il n'en est pas le cas pour les communautés locales qui parfois résistent aux dispositifs étatiques de promotion de la condition féminine.

Les schémas sociaux au niveau local entrent souvent en contradiction avec ceux du niveau national. La culture de l'Etat qui milite pour la promotion de genre est parfois différente des valeurs sociales véhiculées dans la plupart de groupes sociaux congolais. Les femmes ont des rôles que leur reconnaissent ces groupes sociaux et qui ne correspondent pas souvent à ceux qui sont dictés par les politiques étatiques de Genre. Le consensus social ne se dégage pas facilement, dans ces conditions, et cela va en défaveur des femmes.

Toutefois, le contexte et les besoins spécifiques des femmes peuvent contribuer à une révisitation de leurs rôles. Des stratégies ont été mises sur pieds, surtout dans les zones sortant des conflits pour impliquer davantage de femmes dans le processus de paix par rapport aux besoins qui s'affichaient. Ce qui a permis une facilité d'appropriation des initiatives féminines par les femmes des communautés locales.

Les femmes rurales comme victimes directes des conflits armés se sont impliquées dans les initiatives féminines comme bases (noyaux) de différentes associations des femmes. Elles ont, pour leur part, formé des cadres d'action dont les Comités d'Alerte pour la Paix (CAP) et les Noyaux Clubs d'Ecoute des femmes rurales (NCE) sous les impulsions respectives du Réseau des Femmes pour la défense des Droits et la Paix « RFDP » et de l'AFEM-SK. Ces cadres créés par les femmes rurales se sont développées progressivement en de systèmes « d'alerte », de « médiation » et de « lobby » au sein des communautés.

Dans la commune d'Alunguli, les CAP et les NCE ont dénoncé les violations et engagé des dialogues avec les politiques locaux, les groupes armés locaux et les combattants individuellement. Ces dialogues ont débouché sur le désengagement de certains combattants qui se sont retirés des groupes armés. Les CAP d'Alunguli ont également fait des SIT-IN à la MONUC et aux bureaux des responsables locaux dont l'administrateur du territoire et les chefs coutumiers pour demander l'implication effective de la communauté internationale et des institutions politiques dans la recherche de la paix.

Au sein des communautés locales, il s'est observé un engagement des femmes à titre individuel et collectif pour la recherche d'une paix durable.

A la cité Kalima dans le territoire de Pangi et à Elila dans le territoire de Kailo, les femmes se sont décidées de briser les clivages ethniques et ont mis sur pied des plates-formes de paix. Les unes et les autres ont engagé des dialogues avec leurs maris sur les enjeux de la cohabitation pacifique et elles ont réussi à convaincre leurs maris à se désengager des bandes armées. Ces hommes désengagés sont devenus des promoteurs de la paix au sein de leurs communautés et se sont associés aux activités de médiation de leurs femmes. Cela a permis la réouverture du marché et des écoles dans ces entités qui étaient occupées par les combattants Mai Mai.

Au village de Makola à 38 Km de la ville de Kindu, au sein du territoire de Kailo les femmes ont initié des comités locaux pour la paix avec la mission de réconcilier les différents milieux divisés par les conflits fonciers ayant entrainé la mort des personnes innocentes. Ces comités locaux ont joué le rôle de médiateurs dans les milieux divisés par les conflits. Cela a permis la réunification communautaire.

Le niveau de connaissance des instruments juridiques internes et internationaux est encore très bas. Nos enquêtes ont révélé que les femmes paysannes n'ont pas la maîtrise des instruments juridiques internes et internationaux qui consacrent leurs droits de participer au même titre que les hommes à la gestion de la cité et au processus de paix.

A la limite, elles connaissent les grands titres de ces instruments mais le contenu leur échappe. C'est le cas également d'autres couches sociales des femmes comme les femmes porte-faix. Bien qu'elles soient en milieux urbains et groupées en Association, elles ont peu de connaissances sur les différents textes protégeant les droits des femmes.

Les dispositions légales sur la parité contenues dans la Constitution de la R.D.Congo, la Convention sur l'Elimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes « CEDEF », la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, restent méconnus de toutes ces forces vives au Maniema. Seules les femmes élites au sein de la société civile en ont la connaissance. « ...Ces différents textes juridiques devaient pourtant être la bible des femmes pour un activisme balisé et bien argumenté », s'est exprimée une enquêtée en réagissant à la question relative au niveau d'appropriation des instruments juridiques par les différentes couches sociales des femmes au Maniema.

On serait tenté de lier cet écart de niveau des connaissances entre les femmes leaders et les femmes à la base à la différence du niveau d'instruction entre ces deux groupes des femmes mais cette raison ne semble pas évidente.

L'analogie faite aux institutions coutumières où les membres des communautés dont la plupart n'a jamais été à l'école. Ils maîtrisent tout le contenu culturel et le transmettent des générations en générations. Ceci montre que l'acquisition des connaissances sur les droits et les devoirs par un peuple est une question d'éducation et de sensibilisation plutôt qu'une question d'instruction.

Il sied également de mentionner que cet activisme dont font montre les femmes au sein de la société civile, se trouve menacé par la discontinuité et le manque d'identité observé dans le chef de ces dernières. Il ne s'observe pas encore, à Kindu, une démarcation nette entre les femmes politiques et les femmes leaders de la société civile. Tantôt femmes politiques, tantôt femmes de la société civile, l'engagement des femmes leaders de la société civile reste perplexe et conditionné par les enjeux du moment.

Etant donné que les résultats des élections de 2006 n'ont pas permis une représentation équitable des femmes dans les instances de prise des décisions, les politiques puisent les femmes dans la société civile pour remédier à l'exigence de la parité. Du fait qu'il existe un écart d'atouts entre les femmes au sommet généralement instruites et assez visionnaires et les femmes à la base généralement sous instruites, le fait pour les femmes leaders de la société civile de quitter leurs structures pour des postes politiques crée un vide et affecte sensiblement la structure.

Nos enquêtes ont attesté qu'une fois dans la politique, au lieu d'accompagner et de porter les sensibilités et la vision de la société civile dont elles sont l'émanation, ces femmes qui jadis étaient leaders de la société civile se désolidarisent quasi totalement d'avec leurs bases. Il suffit cependant que, leur mandat politique arrive à terme pour qu'elles reviennent à leur base en se réclamant de la société civile. Cela frise un certain opportunisme et ce basculage des femmes entre le politique et la société civile prouve à suffisance que malgré les exploits dont elles font montre, le leadership des femmes au Maniema se recherche encore.

Le manque de l'union et de l'unité au sein des mouvements des femmes au Maniema se veut aussi une sérieuse menace quant à leur avenir. Le conflit de leadership y entraîne la fragmentation des organisations et des collectifs et cela fragilise sensiblement la lutte des femmes pour la paix. Au lieu que les femmes conjuguent des efforts pour renforcer les cadres déjà existants, il s'observe une multiplication des associations et des collectifs avec comme conséquence la dispersion des efforts.

Aussi, les clivages ethniques et idéologiques prennent-ils au piège les femmes du Maniema. Du fait de cela, leur participation est dérisoire parce que le subjectif l'emporte sur l'objectif. Quand il s'agit par exemple de désigner une déléguée pour représenter l'organisation ou le collectif à telle ou telle autre assise, il s'en suit presque toujours une polémique.

Les femmes enquêtées ont déclaré qu'au sein de leurs structures, le choix des déléguées se fonde souvent sur les affinités et les considérations ethniques plutôt que sur le mérite et la compétence.

La conséquence de cela est que les femmes perdent parfois certains enjeux parce qu'elles n'ont pas été judicieusement représentées.

La protection des intérêts individuels au détriment des intérêts collectifs est également une grande menace à l'émergence des organisations des femmes parce qu'elle est souvent à la base de trahison quand il s'agit de certains enjeux.

Faut-il dire aussi qu'il ne s'observe pas, dans la ville de Kindu, de collaboration entre les organisations des femmes impliquées dans la défense de droits et la paix et d'autres structures des femmes comme l'Association des Femmes commerçantes du Congo « l'AFECCO ». Or, cette complémentarité devrait être capitalisée par les unes et les autres comme une ressource pour le succès des femmes et leur développement harmonieux.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon