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Décentralisation et investissement local au Bénin

( Télécharger le fichier original )
par Bernadin AKODE
Institut de recherche empirique en économie politique - Master 2012
  

Disponible en mode multipage

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    REPUBLIQUE DUN BENIN

    MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
    SCIENTIFIQUE

    MASTER EN ECONOMIE PUBLIQUE ET STATISTIQUE
    APPLIQUEE

    MEMOIRE DE FIN DE FORMATION

    THEME

    DECENTRALISATION ET INVESTISSEMENT

    LOCAL AU BENIN

    REALISE ET SOUTENU PUBLIQUEMENT LE 16 JANVIER 2012 PAR :
    BERNADIN S. AKODE

    SOUS LA DIRECTION DE : Professeur Yves ATCHADE IREEP/ Université de Michigan, USA

    Avertissement

    L'Institut de Recherche Empirique en

    Economie Politique (IREEP) n'entend

    donner aucune approbation ni improbation

    aux opinions émises dans ce mémoire de

    Master. Ces opinions doivent être

    considérées comme propres à leur auteur.

    Réalisé par : Bernadin AKODE

     
     

    Dédicace

    Je dédie ce mémoire de Master à :

    - Mon feu père Basile AKODE ;

    - Ma mère Marie ADJAGBE pour toute son affection maternelle.

    ii

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Remerciements

    Mes sincères remerciements à:

    - Monsieur Yves ATCHADE, Professeur de Statistique à l'Université de Michigan, qui a, en dépit de ses multiples occupations, accepté diriger ce mémoire ;

    - - Monsieur Sylvain KPENAVOUN, Enseignant à la Faculté des Sciences Agronomiques à l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), pour ses nombreux conseils et suggestions ;

    - Monsieur Albert HONLONKOU, Enseignant à l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management, et à l'Institut de Recherche Empirique en Economie Politique (UAC) pour ses nombreux conseils ;

    - - Monsieur Cyriaque EDON, Directeur des Affaires Académiques de l'IREEP pour ses nombreuses suggestions ;

    - - Mon grand-frère Isidore AKODE, Consultant en Contrôle de gestion, pour toute son assistance ;

    - Didier ALIA pour tous ses conseils et suggestions ;

    - Tous mes aînés et amis de l'IREEP et tous ceux qui ont de près ou de loin contribué à la réalisation de ce document.

    Sommaire

    Remerciements . iii

    Liste des tableaux v

    Avant propos vi

    Résumé vii

    Abstract viii

    Liste des sigles et acronymes ix

    Problématique et question de recherche 1

    Objectifs de l'étude 3

    Hypothèses de l'étude 4

    Chapitre1 : Aspect théorique et revue de littérature 5

    1.1 Cadre théorique de l'étude 5

    1.2 Revue de littérature 8

    Chapitre 2 : Présentation des données et de la méthode d'analyse 10

    2.1 Sources des données et présentation des variables utilisées 10

    2.2. Méthodologie 12

    Chapitre 3 : Estimations et analyses des résultats . 23

    3.1. Evolution des variables 23

    3. 2.Test d'homogénéité 26

    3.3 Estimation de cir1 27

    3.4. Analyse et interprétation des résultats 33

    Conclusion et Recommandations 35

    Bibliographie 37

    iv

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Liste des tableaux

    Tableau 1 : Classement des communes par département 10

    Tableau 2 : Statistiques descriptives des séries sur les communes ordinaires (Millions de FCFA). 23

    Tableau 3 : Statistiques descriptives des séries sur les communes à statut particulier (Millions de FCFA) 25

    Tableau 4 : Résultats de l'estimation de cir1 (modèle à effets fixes) 1ère approche 28

    Tableau 5: résultat de l'estimation de cir1 (modèle à effets fixes) 2ème approche 29

    Tableau 6 : résultat de l'estimation de cir1 (modèle à effets aléatoires) 30

    Avant propos

    Créé en 2004, l'Institut de Recherche Empirique en Economie Politique (IREEP) s'est donné comme objectif de contribuer à l'élaboration des politiques publiques et au développement durable de l'Afrique en passant par l'amélioration de la qualité de la provision des services publics. L'une des stratégies qu'il adopte dans ce processus depuis six ans est la formation des étudiants titulaires d'au moins une licence en Mathématique, une maitrise en Economie ou un DTS en Statistique ou Planification. Cette formation dure deux ans et prépare à un Master en Economie Publique et Statistique Appliquée (MEPSA).

    Comme il est de coutume dans les écoles supérieures de formation, les étudiants en fin de formation abordent des termes dans divers domaines liés à leur formation pour la réalisation de leur mémoire faisant l'objet d'une soutenance publique. L'Institut de Recherche Empirique en Economie Politique ne fait pas l'exception. C'est dans ce cadre que nous avons choisi de produire le présent mémoire afin de participer à l'identification de quelques éléments pouvant permettre à optimiser les futures politiques d'investissement des communes dans le processus de la décentralisation.

    vi

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Résumé

    Un grand nombre de chercheurs ont abordé la question de développement endogène dans le processus de la décentralisation. A la suite de ces études, ce mémoire de Master s'est consacré à l'analyse de l'investissement local dans le processus de la décentralisation dans le contexte béninois. Utilisant les données issues de la Direction Générale de la Décentralisation et de la Gouvernance locale, nous avons trouvé, avec les modèles de l'économétrie des données de panel que les besoins en équipement, en matériel et l'épargne brute ont un effet positif et significatif sur les dépenses réalisées en investissement au niveau des communes. Les résultats ont révélé qu'un diagnostic minutieux des besoins en équipement et en matériel, la mobilisation de l'épargne brute jouent un rôle accélérateur sur les dépenses réalisées en investissement au niveau des communes.

    Abstract

    After the review of empirical studies of several researchers on endogenous development including decentralization system, this study examined the local investment with respect to the decentralization process implemented in Benin. Using data from the General Direction of Decentralization and Local Governance with the use of panel data econometrics model we found that the equipment requirements, materials, and savings have positive and significant impact on the level of investment expenditure for a township. The results found reveal that a prominent diagnosis of equipment requirements, materials and mobilization of savings plays an accelerating role in the local investment expenditure.

    viii

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Liste des sigles et acronymes

    ANCB : Association Nationale des Communes du Benin

    CFA : Colonie Française de l'Afrique

    DGTCP : Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique

    DTS : Diplôme de Technicien Supérieur

    FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

    INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

    IREEP : Institut de Recherche Empirique en Economie Politique

    MEPSA : Master en Economie Publique et Statistique Appliquée

    MDGLAAT : Ministère de la Décentralisation de Gouvernance Locale de l'Administration

    et de l'Aménagement du Territoire.

    MCO : Moindres Carres Ordinaires

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    PAI : Programme Annuel d'Investissement

    PDC : Programme du Développement Communal

    PIB : Produit Intérieur Brut

    UAC : Université d'Abomey-Calavi

    Introduction

    De nombreuses études et analyses ont été effectuées sur la question de développement. De ces études et analyses, il a été révélé que certains pays et communautés adoptent désormais l'approche endogène du développement. Ils se préoccupent maintenant du développement de chaque territoire constituant le pays sachant bien que lorsque les territoires seront tous développés, les pays le seront également. Le territoire est le carrefour où doit passer nécessairement tout processus de développement, le lieu de rencontre de tous les processus critiques de développement et de croissance. Pour tous les pays, l'élément majeur de tout processus de développement est l'investissement. Il est sa composante principale. La satisfaction des différents besoins d'une collectivité passe par l'investissement.

    L'investissement local que l'on veut à un niveau très élevé, à tous les niveaux de décision de la vie sociopolitique et économique, renforce l'idée que l'investissement local est déterminant pour la croissance d'une économie et la prospérité d'une population. Cependant, un développement hasardeux même rapide mais déséquilibré exerce souvent un effet de destruction des formes existantes de ressources sans une nouvelle mobilisation. Une telle dégradation de l'épargne menace la politique d'investissement local freinant ainsi le processus du développement local voire celui de tout le pays.

    Dans cette perspective, les bailleurs de fonds internationaux ont réveillé la conscience des Etats africains à une recentralisation des missions de l'Etat et des Ministères qui gèrent désormais des questions purement régaliennes et réalisent les projets d'envergure nationale. Ils doivent également laisser aux acteurs infra-étatiques la responsabilité des activités de développement suite à la crise de 1980. Ces bailleurs ont suggéré principalement aux pays africains dont le Bénin, la libéralisation économique et la décentralisation. La première est sensée associer les acteurs du secteur privé au secteur économique qui est jusqu'à ce niveau monopolisé par l'Etat central. La deuxième est la prise en charge par les populations elles mêmes, des principales tâches de service public dans les domaines qui touchent directement à leur vie quotidienne. En outre, la décentralisation devrait favoriser la mobilisation de l'épargne pour l'investissement local, principale composante du développement du territoire.

    Cette suggestion des bailleurs rejoint l'une des revendications populaires qui réclamait une répartition du pouvoir dans l'Etat. Il s'agit d'une répartition qui fait la distinction entre les compétences et les moyens entre l'Etat central et les instances périphériques. C'est donc en fait le sens de la décentralisation. Dans cette logique, les administrations des Etats africains ont

    1

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    connu d'énormes réformes dans les années 1990 avec la décentralisation comme point focal. Elle était venue comme une voie de sortie de la double crise sociopolitique et économique dans laquelle était plongé tout le continent. Les populations quant à elles voyaient une nouvelle porte de sortie.

    Par cette nouvelle politique publique, beaucoup de transferts de compétences et de ressources ont été effectués de l'instance centrale en direction des collectivités locales. Elles bénéficient aussi d'une autonomie financière qui leur permet de mobiliser des ressources pour faire face désormais aux différentes questions de dépenses à leur niveau, en particulier celles liées à l'investissement puisque l'un des objectifs principaux de décentralisation est le développement local dont l'investissement est la principale composante.

    Le but de ces travaux n'est pas d'étudier la décision d'investir au Bénin au niveau des collectivités locales mais de présenter empiriquement la relation qui existe entre l'investissement local et la décentralisation par ses nombreux transferts de compétences et de ressources puis examiner le dynamisme de cet investissement durant la période de 2003 à 2008 en République du Bénin.

    Problématique et question de recherche

    Depuis plusieurs décennies, la question de développement a toujours été préoccupante pour tous les pays. Chaque Nation ou groupe de Nations essaient d'élaborer différentes politiques pouvant l'amener à atteindre le développement. Certaines d'entre elles, dans leurs différentes stratégies ont pensé qu'il leur est utile de prendre la question de développement par la base. D'où alors la notion du développement local qui est la contribution qu'un territoire apporte au mouvement général du développement, en termes de plus-value économique, sociale, culturelle, spatiale.

    Le développement d'un pays passe par le décollage économique qui est

    nécessairement précédé de la mise en place d'institutions capables d'impulser le développement à la base. La mise en place de ces institutions requiert une approche particulière et la décentralisation apparaît comme l'une des politiques publiques pouvant aider les Etats à atteindre ce résultat. Cette nouvelle politique publique dont les enjeux principaux constituent les transferts de compétences et de ressources permettra aux pays d'asseoir le développement local et par surcroît celui du pays. Pour Lemieux, les enjeux de la décentralisation constituent les attributions de ressources.

    En effet, la décentralisation offre l'avantage de réduire l'influence et le contrôle permanent du processus décisionnel par le pouvoir central. C'est donc un instrument de réorganisation du processus décisionnel qui donne aux collectivités locales les moyens de s'autogérer et de mettre en oeuvre les actions les plus appropriées pour parvenir à leur développement. Beaucoup de pays au monde se sont lancés dans cette politique dont la plupart des pays africains.

    La communalisation est devenue effective au Bénin en mars 2003, donnant naissance à soixante-dix sept communes et ceci suite à l'organisation des élections communales et municipales de décembre 2002, et l'installation en février et mars 2003 des différents conseils communaux /municipaux et leurs organes exécutifs respectifs. Ces premières élections municipales de Décembre 2002 ont permis au Bénin d'avoir un nouveau cadre de gouvernance locale beaucoup plus formel avec la possibilité de valoriser les initiatives locales par l'élaboration des plans de développement au niveau des communes (PDC). Ce processus est soutenu par un corpus juridique important fournissant ainsi aux communes des prérogatives bien précisées par les lois de la République.

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    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Pour appuyer le développement local et promouvoir l'économie locale, les communes bénéficient des transferts 1de compétences et de façon progressive de transferts de ressources. On observe alors un accroissement de charge au niveau des collectivités locales. Tout accroissement de charges résultant de l'attribution de compétence2 nouvelles aux collectivités territoriales donne lieu à compensation financière, que cet accroissement de charges résulte d'un transfert, d'une création ou d'une extension de compétences. Le législateur béninois confère aux communes une autonomie financière et budgétaire. Certaines communes bénéficient également de l'appui des partenaires techniques et financiers.

    Dans cette sphère d'attribution de ressources, figurent les subventions et dotations de l'Etat et la décentralisation financière qui ont étendu leur champ sur toutes les communes. La décentralisation financière est la répartition des ressources publiques et l'organisation des rapports financiers entre l'Etat et les collectivités locales. Elle montre l'importance des transferts de compétences. De même la loi 97-008 du 15 Janvier 1999 et la loi 97-029 en son article 21 consacrent l'autonomie budgétaire de la commune. Aussi l'analyse des composantes de la décentralisation financière montre que ce sont les impôts locaux et les transferts fiscaux qui procurent la plupart des ressources communales.

    Au cours des années couvrant notre étude, il apparait que la contribution des recettes fiscales aux recettes mobilisées pour le fonctionnement des collectivités locales est très variable (OCS, 2010). En effet en 2003, près de 50% des recettes de fonctionnement étaient d'origine fiscales ; cette part baisse en 2004 pour atteindre 47% avant de croitre jusqu'à 66% en 2008. Cette augmentation pourrait se justifier par une pression fiscale plus accrue motivée par les nouvelles administrations locales.

    En complément à ces recettes fiscales, l'Etat vient au secours des communes en leur attribuant des subventions. Les transferts de ressources de l'Etat vers les collectivités locales ne sont que de nature à promouvoir l'économie locale et à favoriser l'investissement au niveau communal. Ces subventions aux communes ont été également variables durant toute la période de l'étude. En effet, la subvention de l'Etat aux communes ont cru progressivement de 4% en 2003 à 13% en 2007 avant de baisser à 10% en 2008. La décentralisation financière et les

    2 La compétence est l'aptitude d'une autorité administrative ou judiciaire a procéder a certains actes dans des conditions déterminées par les lois et règlements, Lemieux dans décentralisation, politique publique et relations du pouvoir

    subventions et dotations ont permis aux communes de mobiliser d'importantes ressources pour faire face aux différentes dépenses inscrites dans leurs programmes de développement.

    Des financements ont été alloués aux communes en matière des subventions et dotations bien que le système béninois de décentralisation n'applique pas le principe de transfert3 concomitant des compétences et de ressources. La loi laisse au gouvernement la latitude de décider de l'allocation de dotation ou de subvention et des critères de répartition.

    Puisque le développement local est le but principal de la décentralisation et dépend de l'investissement réalisé, les communes, une fois les ressources mobilisées, se lancent dans leurs différents programmes d'investissement. Ainsi durant la période de 2003 à 2008, elles ont consacré en moyenne 6 milliards de FCFA à l'investissement local.

    La politique des investissements locaux apparaît surtout comme un problème empirique et de politique économique. Ce problème peut être traité par une investigation précise des investissements locaux et des ressources disponibles des communes. Mais une appréciation globale des dépenses d'investissement des communes ne peut paraître suffisante pour amener les décideurs à adopter des mesures correctives pour favoriser les investissements locaux. Il y a lieu donc de se poser la question suivante : quels sont les facteurs déterminants de l'investissement local du transfert de ressource de l'Etat aux communes en matière d'investissement et leur évolution durant la période de 2003 à 2008 ? Un tel exercice est malheureusement rare dans la plupart des pays en voie de développement et n'a jamais été de cette manière à notre connaissance au Bénin.

    Objectifs de l'étude

    La revue de littérature habituelle sur l'investissement local s'est souvent appesantie sur la détection des facteurs déterminants de l'investissement local (par exemple les besoins en équipement, les besoins en matériel et l'épargne brute au niveau de la collectivité locale), mais ces études ne s'appesantissent que sur la description de ces facteurs. L'objectif principal que vise notre étude est d'analyser et d'évaluer l'investissement local au Benin dans le processus de la décentralisation afin d'en dégager les principaux facteurs. De façon spécifique il sera question dans cette étude :

    3 Le transfert de compétence est la transmission, la cession et la dévolution d'un pouvoir d'agir ou de poser des actes a caractères administratif.IL s'agit pour l'Etat de confier le soin de détenir et de gérer en lieux et place. Lemieux (2001) dans décentralisation, politique publique et relation du pouvoir.

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    Réalisé par : Bernadin AKODE

    - d'évaluer les facteurs déterminants de l'investissement local ; - d'analyser son dynamisme durant la période de l'étude. Hypothèses de l'étude

    De par toutes les considérations précédentes, les hypothèses principales qui ont été diversement testées tout au long de notre étude se présentent comme suit :

    - les besoins prévus au niveau de la collectivité ont un effet positif sur l'investissement local ;

    - l'épargne brute au niveau de la commune a une influence positive sur la dépense réalisée en investissement local.

    L'ossature de notre travail se présentera en trois chapitres. D'abord nous présenterons le cadre théorique ensuite les données et la méthodologie d'analyse puis enfin les estimations et les analyses des résultats.

    Chapitre1 : Aspect théorique et revue de littérature

    Dans ce chapitre, nous allons développer dans un premier temps les aspects théoriques de notre étude puis dans un second temps nous présenterons la revue de littérature sur la question qu'elle aborde.

    1.1 Cadre théorique de l'étude

    1.1.1. Décentralisation

    La décentralisation est une politique publique qui constitue une tentative de régulation, selon des normes, de situations où sont perçus de problèmes publics de distribution de ressources à l'intérieur d'une collectivité ou d'une collectivité à une autre (Lemieux, 2001). Elle consiste au transfert d'autorité et de responsabilité de fonctions politiques, de l'Administration centrale vers les organisations gouvernementales subordonnées ou quasi autonomes et /ou vers le secteur privé. C'est un processus qui par ses formes (politique, administrative, budgétaire et structurelle) rend responsables les communautés à la base dans la promotion du développement local. Elle promeut une administration de proximité, un développement harmonieux de toutes les régions du pays.

    La décentralisation, en tant que politique de régulation porte sur la distribution des ressources entre ses acteurs. Les transferts de compétences sont ses principaux enjeux. Ce processus s'est rependu depuis les années 90. Que ce soit par choix librement consenti ou du fait des pressions externes, la grande majorité des pays du Tiers Monde s'oriente actuellement vers une certaine forme de décentralisation, avec cependant des degrés d'engagement et de succès divers. Cette évolution modifie profondément le paysage institutionnel dans ces pays

    Plusieurs facteurs d'incitation ont contribué à l'émergence de la décentralisation. Au nombre de ces facteurs nous pouvons citer :

    - l'érosion vers la fin des années 1980, du concept de l'Etat hautement centralisé responsable du développement ;

    - la redécouverte de la dimension locale du développement, la reconnaissance du rôle potentiel des autorités locales dans la promotion du développement et la réalisation OMD ;

    - la quête d'efficacité accrue en matière de fourniture des services sociaux de base (santé, éducation, eau et assainissement, etc.) en;

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    Réalisé par : Bernadin AKODE

    - l'impératif mondial de démocratisation et de bonne gouvernance, qui a attisé les demandes de la société en faveur de la démocratie locale et d'autorités locales responsables ;

    Au Bénin, la décentralisation et l'application des textes de la loi de décentralisation, notamment la loi numéro 97-029 du 15 Janvier 1999 portant sur l'organisation des communes en République du Bénin, certaines compétences4 de l'Etat béninois sont transférées aux communes dès leur mise en place. Ces compétences concernent pour l'ensemble des communes les domaines ci-après :

    - le développement local, l'aménagement, l'habitat et l'urbanisme ; - les transports et l'équipement y compris les infrastructures ;

    - l'environnement, l'hygiène et la salubrité ;

    - l'enseignement primaire et maternel ;

    - l'alphabétisation et l'éducation des adultes ;

    - la santé et l'action sociale et culturelle ;

    - les services marchands et les investissements économiques.

    Les communes à statut particulier, outre les compétences précitées, exercent des compétences spécifiques en matière :

    - d'enseignement secondaire et de formation professionnelle ;

    - de transport et de circulation ;

    - de sécurité ;

    - de communication

    Ces différents transferts de compétences ont pour objectifs principaux :

    - d'accélérer le développement local durable ;

    - de consolider les bases de l'édifice démocratique ;

    - de développer la bonne gouvernance ;

    - de réaliser efficacement l'équipement et le développement dans toutes les parties habitées du territoire ;

    - de promouvoir les compétences locales.

    La compétence est l'attitude donnée a une autorité de poser des actes dans des conditions déterminées par la loi. (Lemieux 2001, Décentralisation, Politique publique et relations de pouvoir)

    Le transfert de compétences aboutit à une recentralisation des missions de l'Etat et des Ministères qui gèrent désormais des questions régaliennes et réalisent des projets d'envergure nationale.

    L'auto-évaluation de la gouvernance locale au Bénin en 2007 s'est concentrée sur les indicateurs qui visant à apprécier cinq domaines à savoir : l'organisation de l'administration communale : la gestion administrative et financière, l'information, la participation et genre, les prestations de l'Administration communale et la mobilisation des ressources. Ces différents domaines d'appréciation du concept de la gouvernance locale regroupent en moyenne 3 à 5 indicateurs dans le rapport d'auto-évaluation de la gouvernance locale au Bénin (ANCB, 2007).

    1.1.2. Investissement local

    L'investissement tout simplement est la deuxième composante de la demande globale. Contrairement à la consommation qui est l'élément relativement stable de la demande globale, l'investissement en est la partie la plus volatile. Sa volatilité est à l'origine des cycles récessionnistes ou expansionnistes de l'activité économique. L'investissement est considéré comme un puissant créateur de revenu et d'emploi, et l'un des principaux moteurs de la croissance économique. Sa relation avec le taux d'intérêt est le fondement de la théorie macroéconomique.

    L'investissement encore appelé la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est un flux, qui s'ajoute chaque année sous forme d'équipements neufs au capital productif. Les investissements sont des biens achetés par les entreprises pour en produire d'autres (notamment des biens de consommation) et venant grossir régulièrement leur stock de capital (Bernier et Simon, 2001). Mais au niveau des collectivités locales, l'investissement est la composante principale du développement local qui est le défit majeur de la décentralisation. Il apparaît donc parmi les composantes de la dépense des administrations locales comme spécialement opportun d'autant plus que les besoins en la matière sont importants et il contribue fortement à la croissance du produit intérieur brut (PIB). C'est donc le moteur du développement local, défit majeur de la décentralisation. La question fondamentale qui se pose est de chercher à savoir la relation qui puisse exister entre la décentralisation et l'investissement local.

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    Réalisé par : Bernadin AKODE

    1.2 Revue de littérature

    La théorie de développement local citée par Trkulja (2009) dans sa Thèse de Doctorat qui porte sur analyse comparative des politiques du développement ferritorial en 2009, a pris forme vers la fin des années 1950 par Friedman et Stöhr (1981). Selon ces auteurs, le développement local est une approche volontariste axée sur un territoire restreint, qui prend le développement comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources endogènes. De même Loudiyi et al (2004), soulignent que le développement territorial découle de l'interaction entre les dynamiques locales et les dynamiques institutionnelles Elle fait appel aux traditions industrielles locales et insiste particulièrement sur la prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des modalités coopératives. A partir de la relation postulée par la théorie du développement local, la décentralisation favoriserait l'investissement local. De ce fait, une littérature va se développer pour recommander aux décideurs, un niveau de ressources pour un investissement local à réaliser. L'analyse de Veiga (2006), cité par Beduschi Filho (2006) dans « Participation et apprentissage sociale expérience de gouvernance territoriale en Amérique Latine » montre que les premières démarches territoriales semblent indiquer que les effets en termes de développement dépendent plus des actifs de départ de la collectivité locale.

    Dans plusieurs politiques publiques, la décentralisation apparaît avec ses enjeux et ses différentes formes pour permettre aux collectivités locales de réaliser leur développement. Elle favorise aux collectivités locales la mobilisation de l'épargne brute pour faciliter le financement des différentes dépenses inscrites dans leur programme de développement. Dans le développement local, l'investissement occupe une place de choix. Pour tout programme d'investissement, il faut nécessairement une épargne capable de pouvoir assurer les différentes dépenses relatives à ce projet d'investissement. Toute décision d'investissement résulte nécessairement d'un projet politique, qui découle lui-même d'une vision à moyen et long terme du devenir du territoire.

    Comme dans tout système de décentralisation, l'un des objectifs de la décentralisation au Bénin est de favoriser le développement à la base. Pour Jacob(1998), montre que la décentralisation instaure les droits à la détermination d'une politique propre pour les institutions publiques (les collectivités territoriales) qui deviennent autant de centres socialisants concurrents de l'Etat central. Il montre qu'elles jouissent de la possibilité d'entretenir des liens directs avec des bailleurs internationaux. Il souligne également que la décentralisation confère en théorie au citoyen des droits à bénéficier d'une politique publique

    locale produite par des représentants élus. Ce développement nécessite un investissement local accru qui ne peut être favorisé que par une meilleure mobilisation de l'épargne locale, une mobilisation appuyée par les transferts de ressources par l'Etat. La décentralisation met à l'ordre du jour la prise en compte de l'espace dans l'exécution des investissements sectoriels définis au niveau national.

    L'application du principe de subsidiarité conduit à reconnaître qu'une part significative des investissements publics devrait être mise en oeuvre au niveau local. Selon Lemieux (2001) l'objectif la décentralisation budgétaire encore appelée autonomie financière est de favoriser le développement à la base à travers l'investissement local.

    Dans cette même logique, Besson (2002) souligne que l'investissement des collectivités locales a pris une grande ampleur dans le processus de la décentralisation. Il montre aussi que la décentralisation a stimulé la croissance de l'investissement. Dans le même ordre d'idée, Zouari (2001) a montré que l'efficience de l'organisation résulte d'une imbrication du mécanisme organisationnel. Il souligne également que la décision et le contrôle lors des projets d'investissement peuvent être mis en évidence par le rôle de la nature de l'investissement, des systèmes d'évaluation et d'incitation. Aussi Tsobzé et al (2007) ont montré dans leurs travaux que le processus de la décentralisation a favorisé l'investissement dans les infrastructures de base. De méme lorsque l'épargne brute de la collectivité est importante, le qui s'en suit niveau d'investissement est élevé comme le laisse espérer la théorie de développement local. L'analyse macroéconomique de la décision d'investir dans sa version la plus complète, fait appel à l'épargne. Maveyraud-Tricoire (2006) a montré que l'hétérogénéité individuelle de la relation épargne-investissement au niveau de certains grands pays européens peut être liée à la dynamique d'intégration économique (c'est-à-dire à la transformation des structures productives nationales que peut engendrer un fort degré d'intégration économique).

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    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Chapitre 2 : Présentation des données et de la méthode d'analyse

    Dans ce chapitre, nous présenterons d'abord les données utilisées pour nos estimations puis l'approche méthodologique de l'étude.

    2.1 Sources des données et présentation des variables utilisées

    2.1.1 Sources des données

    Les variables utilisées dans notre étude sont issues des données collectées auprès de la Direction Générale de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale (DGDGL), du Ministère de Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du Territoire (MDGLAAT), de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP) et de l'Institut National de la Statistique et l'Analyse Economique (INSAE). La DGDGL et le MDGLAAT sont des structures qui s'occupent des questions de la décentralisation et des collectivités locales sur toute l'étendue du territoire national. Ces données collectées couvrent un échantillon de 62 communes dont deux à statut particulier qui sont choisies sur un critère de choix raisonné. Une commune sélectionnée suppose qu'elle a pu prévoir au moins des dépenses en équipement ou en matériel ou qu'elle a pu mobiliser de l'épargne brute pendant au moins 4 ans au cours de la période de l'étude. Cet échantillon est reparti sur tout le pays et il est représentatif de l'ensemble des 77 communes du pays. Ces données sont des données de sources secondaires. Elles concernent des communes qui sont résumées dans le tableau suivant.

    Tableau 1 : Classement des communes par département

    Départements

    Communes

    Alibori

    Gogounou, Kalalé, Kandi, Malanville, Ségbana,

    Atlantique

    Abomey-Calavi, Allada, Kpomassè, Ouidah, So-Ava, Toffo, Tori

    Atacora

    Boukoumbé, Copargo, Matéri, Natitingou, Péhunko, Tanguiéta

    Borgou

    Bembèrèkè, Sinendé,

    Collines

    Bantè, Dassa-Zounmé, Glazoué, Ouèssè, Savalou, Savè,

    Couffo

    Aplahoué, Dogbo, Djakotomey, Lalo, Klouékanmey, Toviklin

    Donga

    Bassila, Cobly, Djougou,

    Littoral

    Cotonou

    Mono

    Athiémé, Bopa, Comé, Grand-Popo, Houéyogbé, Lokossa,

    Ouemé

    Adjohoun, Adjara, Aguégué, Apro-Missérété, Avrankou, Bonou, Kétou, Porto-Novo, Sèmè-kpodji,

    Plateau

    Adja-Ouèrè, Ifangni, Pobè, Sakaté,

    Zou

    Abomey, Agbangnizoun, Bohicon, Covè, Djidja, Zagnanado, Za-Kpota

    Source : Classement par l'auteur

    Pour certaines communes, nous n'avions malheureusement pas de données sur plusieurs années et sur plusieurs variables ce qui justifie leur exclusion de l'échantillon.

    2.1.2 Présentations des variables utilisées

    Dans cette section, nous présenterons successivement la variable dépendante et les variables indépendantes utilisées pour notre étude. Ces variables ont été choisies sur la base de la littérature existante sur le sujet et aussi de l'objectif de notre étude. En effet, la présente étude vise principalement à évaluer les facteurs déterminants de l'investissement local.

    Variable dépendante (ir)

    La variable dépense réalisée en investissement local est notre variable d'intérêt. Elle est exprimée en terme monétaire. Elle traduit le niveau d'investissement réalisé au niveau de la commune.

    Variables indépendantes

    A ce niveau, nous en avons trois. Il s'agit respectivement des variables équipement, matériel et de l'épargne brute de la commune, toutes exprimées en terme monétaire.

    Equipement (eq)

    Cette variable mesure bien entendu en terme monétaire les besoins en termes d'équipement au niveau de la commune chaque année. Ces besoins sont repartis en besoins de bâtiments, besoins en infrastructures routières, installations techniques et agencements.

    Matériel (mat)

    Pour ce qui concerne le matériel, il constitue les besoins prévus en matériel et outillage de voirie, matériel et mobilier, matériel de transport et autres matériels au cours de chaque année. Ces besoins sont également évalués en termes monétaires.

    Epargne brute (eb)

    L'épargne brute de la commune constitue les recettes mobilisées par la commune pour l'investissement en plus des subventions de l'Etat et des dotations de l'Etat également allouées. Elle traduit aussi la disponibilité de ressources mobilisées pour faire face aux différentes dépenses liées à la question de l'investissement au niveau de la collectivité.

    11

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    L'expression en termes monétaires des différents besoins montre que ces besoins sont incorporés directement avec leur coût de réalisation

    L'approche méthodologique choisie pour cette étude est dictée par la disponibilité des données et aussi de l'objectif visé par l'étude.

    2.2. Méthodologie

    Nous utiliserons une approche théorique pour expliquer l'investissement local. L'analyse macroéconomique de la décision d'investir dans sa version la plus complète, fait appel à l'épargne. Beaucoup d'études empiriques ont montré la relation d'hétérogénéité entre l'investissement et l'épargne. Mais au niveau des collectivités locales, l'investissement n'est pas seulement de l'épargne mais il est lié à la fois à l'épargne brute, aux besoins en équipement, en matériel des collectivités locales et aux différents coûts de ces besoins. Ces besoins sont exprimés tous en termes monétaires incorporant donc les coûts de leur réalisation. Comme Douglas et Cobb ont proposé et testé la relation, le lien entre les intrants et les extrants dans le cadre de la fonction de production en 1928 cite par Stadelmann (2005), du fait de la taille des données de notre analyse et les effets d'élasticités des facteurs entrant dans la réalisation de ces dépenses, nous postulons que les dépenses réalisées en investissement local peuvent être considérées comme une fonction transformant les besoins en équipement, en matériel et l'épargne brute en investissement réalisé qui est considéré ici comme le produit issu de la transformation. En effet le modèle se présente comme suit :

    t= *( )a( )b( )c (1.1) avec Ai>0, 0<a+b+c+<1 Ou , , , sont toutes

    ( )+1=Ai( +1)a(1+ )b( )c .

    positives et désignent respectivement les besoins prévus en matière d'investissement et la ressource disponible pour leur financement au niveau de la commune i et de l'année t avec i variant de 1 à N et t de t0 à T. Ils sont tous exprimés en termes monétaires. Le coefficient Ai est un facteur qui traduit le niveau de la politique adoptée dans la combinaison de ces facteurs pour la commune i. Compte tenu des questions d'analyse, de la structure de nos données et du fait que les fonctions d'expressions respectives f(x) et f(x+1) ont les mémes propriétés et qu'elles ont la méme fonction dérivée, nous postulons que le modèle suivant établit la relation fonctionnelle pouvant exister entre l'investissement local, les besoins et l'épargne brute de la collectivité. Ledit modèle se présente comme suit :

    Ce modèle sera utilisé de diverses manières tout au long de notre étude et nous vérifierons également les différentes hypothèses émises pour sa validité.

    Par ailleurs, la technique de l'économétrie des données de panel est de plus en plus répandue pour évaluer les effets des facteurs explicatifs. Elle est utilisée dans de situations où des sources d'informations sont de plus en plus constituées par des échantillons où les individus sont observés de façon répétée. Le recours à cette méthode pour la variable dépendante s'explique par le fait qu'elle est observée sur plusieurs individus et sur six années. De plus la relation fonctionnelle entre elle et les variables indépendantes est la relation qui est décrite par notre modèle théorique qui se présente de la façon suivante :

    ( )+1=Ai( +1)a(1+ )b( )c

    Après avoir appliqué le logarithme népérien à ce modèle, on obtient une relation linéaire entre la variable dépendante et les variables indépendantes.

    En effet on appelle donnée de panel une combinaison des séries temporelles simples (données portant sur un individu observé sur une période) et des données en coupes instantanées (données portant sur plusieurs individus observés à un moment donné). Un panel présente donc un ensemble d'individus observés sur une période donnée. En plus du fait qu'elles permettent de prendre en compte à la fois les données indexées sur le temps et celles sur les individus, les données de panel permettent également d'avoir plus de donnée, plus de variabilité et moins de colinéarités. Une caractéristique fondamentale des données est leur double dimension. Cette double dimension, généralement individuelle et temporelle, permet d'étudier simultanément la dynamique et l'hétérogénéité des comportements des individus (Nerlove et Balestra, 1995)

    Mais lorsqu'on considère un échantillon de données de panel, la toute première chose qu'il convient de vérifier est la spécification homogène ou hétérogène du processus générateur de données. Sur le plan économétrique, cela revient à tester l'égalité des coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Sur le plan économique, les tests de spécification reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour toutes les communes ou au contraire s'il existe de spécificités propres à chaque commune.

    13

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    '

    ...,

    Décentralisation et investissement local au Bénin

    2.2.1. Procédure de tests de spécification

    On considère un échantillon de T observations de N processus individuels

    . Par suite, on notera { } et { } ces deux processus. On

    suppose que le processus { } est défini de façon générale par la relation linéaire suivante,

    dimension (K,1). On considère ainsi un vecteur de K variables explicatives : = (

    Les innovations sont supposées être identiquement et indépendamment distribuées

    de moyenne nulle et de variance égale à ó? 2 i [1, N]. Ainsi on suppose que les

    paramètres et du modèle peuvent différer dans la dimension individuelle, mais l'on

    suppose qu'ils sont constantes dans le temps.

    Procédure générale

    Si l'on considère le modèle (1.1) plusieurs configurations sont alors possibles :

    Les N constantes et les N vecteurs de paramètres âi sont identiques : = , âi=â

    i [1, N]. On qualifie alors le panel de panel homogène

    Les N constantes et les N vecteurs de paramètres sont différents selon les individus. On

    a donc N modèles différents, on rejette donc la structure de panel.

    Les N constantes sont identiques, = , i [1, N] , tandis que les vecteurs de

    paramètres diffèrent selon les individus. Dans ce cas, tous les coefficients du modèle à
    l'exception des constantes sont différents selon les individus. On a donc N modèles différents.

    Les N vecteurs de paramètres sont identiques, =â, i [1, N], tandis que les

    constantes diffèrent selon les individus. On obtient un modèle à effets individuels.

    , ,

    '+ (1.1) où = (â1i, â2i, , )' est un vecteur de

    i N, t Z, = +

    Pour discriminer ces différentes configurations et pour s'assurer du bien fondé de la structure de panel, il convient d'adopter une procédure de tests d'homogénéité emboités. La procédure générale dans Hsiao (1986) cité par Christophe Hurlin et Valerie Mignon (2010) dans « Econométrie des Données de Panel, Modèles Linéaires Simples » ; est décrite de la façon suivante :

    Test H01 = , â i [1,

    H01vraie

    = +â' +

    H01 rejetée

    Test H02 =â i [1,

    H02rejetee

    H02vraie

    = +âi +

    Test H03 = i [1, N]

    H03rejetée

    H03vraie

    = +â' +?it

    = +â' +

    Dans une première étape, on teste l'hypothèse d'une structure parfaitement homogène (constantes et coefficients identiques) : H01 : = , =â i [1, N]

    Ha1 : (i, j) [1, N] / ? ou ?

    On utilise alors une statistique de Fischer pour tester ces (K+1)*(N-1) restrictions linéaires. Si l'on suppose que les résidus sont indépendamment distribués dans les dimensions

    i et t, suivant une loi normale d'espérance nulle et de variance finie ó? 2, cette statistique suit

    une distribution de Fischer avec (K+1)*(N-1) et NT-N*(K+1) degré de liberté. Les

    15

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    conclusions de ce test sont les suivantes : si l'on accepte l'hypothèse nulle H01 d'homogénéité, on obtient alors un modèle de pooled totalement homogène = +â' + .

    Si en revanche, on rejette l'hypothèse nulle, on passe à une seconde étape qui consiste à déterminer si l'hétérogénéité provient des coefficients .

    La seconde étape consiste à tester l'égalité pour tous les individus pour les K composantes des vecteurs

    H02: â, i [1, N], Ha2 : (i, j) [1, N] / ?

    Sous l'hypothèse nulle, on n'impose aucune restriction sur les constantes individuelles De la même façon, on construit une statistique de Fischer pour tester ces (N-1)*K

    restrictions linéaires. Toujours sous l'hypothèse d'indépendance et de normalité des résidus,
    cette statistique suit une loi de Fischer avec (N-1)*K et NT-N*(K+1) degré de liberté. Si l'on

    rejette l'hypothèse nulle H02 d'homogénéité des coefficients, n rejette la structure de

    panel, puisque au mieux seules les constantes ái peuvent être identiques entre les individus : = +âi + (2.4)

    On estime alors les paramètres vectoriels en utilisant les modèles différents individu

    par individu. Si en revanche l'on accepte l'hypothèse nulle H02 d'homogénéité des
    coefficients , on retient la structure de panel et l'on cherche alors à déterminer dans une

    troisième étape si les constantes ái ont une dimension individuelle.

    La troisième étape de la procédure consiste à tester l'égalité des N constantes individuelle sous l'hypothèse de coefficients âi communs à tous les individus :

    H03 : = , i [1, N], Ha3 : (i, j) [1, N] / ?

    Sous l'hypothèse nulle, on impose âi=â. Sous l'hypothèse d'indépendance et de normalité des résidus, on construit une statistique de Fischer pour tester ces N-1 restrictions linéaires. Cette statistique suit une loi de Fischer avec (N-1)*K et N*(T-1)-K degré de liberté.

    Si l'on rejette l'hypothèse nulle d'homogénéités des constantes ái, on obtient alors un modèle de panel avec effets individuels

    = + + (2.5)

    Dans le cas où l'on accepte l'hypothèse nulle H0 3, on retrouve alors une structure de panel totalement homogène (modèle de pooled). Le test H03 ne sert qu'à confirmer ou infirmer les conclusions du test H01, étant donné que le fait de réduire le nombre de restrictions linéaires permet d'accroitre la puissance du test de Fischer.

    Ces différents tests nous confirment la structure de panel de notre échantillon. Ainsi nous abordons, en matière des données de panel, les deux types de modèles à savoir : les modèles à effets communs et les modèles à effets individuels.

    2.2.2. Les modèles a effets communs

    Les modèles à effets communs sont ceux formulés sous l'hypothèse d'uniformité des comportements entre les individus. Ceci revient à supposer que les différents coefficients du modèle sont indépendants du temps et identiques entre les individus. Ce type de modèle peut s'écrire de la façon suivante.

    (2.1)

    b0i=ordonnée à l'origine, i désigne un individu quelconque tel que i {1,2,..., N} ; k désigne le nombre de variables exogènes et la période considérée tel que k {1,2,...,K} t €{1,2,...,T} et représente la valeur de la variable exogène.

    2.2.3. Le modèle a effets individuels

    Le modèle à effets individuels se subdivise en deux groupes : modèles à effets fixes et ceux à effets aléatoires. Le choix de l'un ou l'autre est déterminé par le test de Hausman. Le test de Hausman est un test de spécifications qui permet de déterminer si les coefficients des deux estimations (fixes et aléatoires) sont statistiquement différents.

    L'idée de ce test est de réaliser deux estimations et de comparer les coefficients de pente. Si ceux-ci ne sont pas significativement différents, alors le modèle à effets aléatoires l'emporte. Aussi sous l'hypothèse nulle d'indépendance entre les erreurs et les variables

    17

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    explicatives, les deux estimateurs sont non biaisés ; donc les coefficients estimés devraient peu différer. Si on ne peut rejeter l'hypothèse nulle c'est- à -dire si la p-value est supérieure au niveau de confiance, on utilisera les effets aléatoires qui sont efficaces s'il n'y a pas de corrélation entre les erreurs et les variables indépendantes.

    2.2.4. Les modèles a effets fixes

    Les modèles à effets fixes sont ceux pour lesquels les effets individuels sont représentés par des constantes déterministes, ainsi, le modèle s'écrit :

    b0i=ordonnée à l'origine, i désigne un individu quelconque tel que i {1,2,..., N} ; k désigne
    le nombre de variables exogènes et la période considérée tel que k {1,2,...,K}
    t {1,2,...,T} et xikt représente la valeur de la variable exogène. Dans ce cas de modèle il

    existe deux types d'approches équivalentes qui servent à estimer les paramètres. Une première approche consiste à introduire dans l'écriture du modèle des variables muettes. Une seconde approche découle de l'application du théorème de FRISSCH-WAUGH qui n'est rien d'autre que l'application des MCO sur des variables transformées en écarts à la moyenne par individu. Dans notre étude nous adoptons la première approche ou on introduit une variable muette (di) par individu qui prend la valeur de 1 pour l'individu j et 0 sinon. Cette approche se présente comme suit :

    = b0+â1+ + + (2.3)

    Ce modèle est connu sous le nom de Modèle à Variables Muettes (MVM), « Least Squares Dummy Variables ». Le modèle est estimé par les moindres carrés ordinaires. Sans constante additionnelle, on ne peut pas introduire N variables muettes et la constante dans la mesure où il a redondance. Ici, nous introduisons les N variables muettes mais nous ajoutons la

    condition =0. Et bien dans ce cas nous obtenons les effets spécifiques .

    La seconde approche découle de l'application du théorème de Frisch-Waugh qui n'est rien d'autre que l'application des MCO sur des variables transformées en écarts à la moyenne par individu. L'estimation des paramètres de ce modèle est obtenue en deux étapes. Dans une première étape, on calcule les écarts aux moyennes individuelles des variables. Cela revient à calculer :

    ( - ) et ( -. (2.4).

    Dans une seconde étape, on applique les MCO sur les écarts. L'application du théorème de Frisch-Waugh revient alors à estimer, par les MCO, le modèle suivant :

    - = -. (2.5).

    Ce modèle est appelé intra (« Within ») ou modèle de la covariance. Dans ce modèle, tout ce qui est attribuable aux différentes constantes dans le temps est exclu de l'estimateur intra. Il utilise seulement l'information contenue dans les fluctuations observées pour chaque individu autour de son niveau moyen.

    Apres le test de Hausman, nous choisissons la première approche du modèle puis nous allons procéder à son test avec le modèle à effets aléatoires.

    2.2.5. Les modèles à effets aléatoires

    Les modèles à effets aléatoires s'écrivent de la manière suivante :

    =b0+ + avec ui +wit (2.6)

    Les variables ui désignent les effets individuels qui représentent l'ensemble des spécificités structurelles ou atemporelles de la variable endogène, qui diffèrent selon les individus. On suppose ici que les effets sont aléatoires. Le processus stochastique désigne la

    composante du résidu total orthogonal aux effets individuels et temporels.

    Afin de retenir le modèle final, nous avons recherché le modèle qui s'ajustait le mieux à nos données (sans considération des regroupements par communes).

    La procédure utilisée est celle du test de Hausman après avoir éliminé les variables qui sont moins significatives. Le modèle retenu est le modèle à effets individuels qui se présente

    19

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    comme suit : ln(1+ )=ln(Ai)+a*ln(1+ )+b*ln(1+matit)+c*ln(1+ )+ (2.6).

    Et enfin, nous retenons le modèle théorique suivant pour l'explication de l'investissement au niveau des collectivités locales.

    +1=Ai( +1)a(matit +1)b( )c, (2.7)

    où est l'investissement local réalisé pour la commune i et à la période t, les besoins en

    équipement, en matériel, en terrain et l'épargne brute pour la commune i et à la période t sont
    respectivement, matit , . Ces différentes variables sont exprimées en termes

    monétaires. L'estimation du modèle sera effectuée par la méthode de Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Aussi pour la validation du modèle à effets retenus, les tests économétriques sont nécessaires avant d'interpréter les résultats au seuil de 5%. Il est donc question de mettre en relation l'investissement local réalisé, les besoins en équipement, en matériel et l'épargne brute.

    L'analyse ici est de montrer qu'il existe une amélioration de l'investissement local réalisé lorsque les collectivités locales ont des besoins bien définis en équipement, en matériel et disposent d'une ressource conséquente pour leur réalisation. Pour notre hypothèse on s'attend aux signes positifs et à la significativité des coefficients. L'objectif est de mieux appréhender la contribution de chaque facteur.

    Cadre opératoire

    Apres la spécification du modèle, nous procéderons à la validation du modèle avant l'interprétation des résultats, seuil du risque d'erreur de 5%.

    2.2.6. Conditions d'acceptation ou de rejet de nos hypothèses

    En ce qui concerne nos hypothèses, les besoins prévus ont un effet positif sur les dépenses réalisées en investissement ou l'épargne brute a une influence positive sur les dépenses réalisées en investissement, nous allons faire les différents tests suivants au seuil de 5% avant de valider le modèle retenu.

    Test de significativité des coefficients

    A ce niveau, on construit les statistiques de Fisher associées aux différents paramètres du modèle. Puis nous les comparons au F-Théorique. Si > on rejette l'hypothèse nulle, donc ce paramètre est significativement supérieur à zéro.

    Le coefficient de détermination donne une information sur la part de la variance de la variable endogène qui peut être expliquée par le modèle estimé.

    Test de bruit blanc

    Lorsque le processus est bien estimé, les résidus entre les valeurs observées et les valeurs estimées par le modèle doivent se comporter comme un bruit blanc. On appelle bruit blanc un processus stationnaire à accroissements indépendants. On parle aussi de processus i.i.d (variables indépendantes et identiquement distribuées).

    Test de nullité de la moyenne des résidus

    Soit T le nombre de données disponibles. Si le processus { , t T} est i.i.d (0, ),

    on doit avoir =(1/T)*?et ?0 lorsque T?8 par l'application du théorème central-limite on sait que (et/ó(et))vT ?N(0,1) lorsque T?8.

    Dès lors on peut tester la nullité de la moyenne des résidus en construisant l'intervalle de confiance au seuil de 95%,

    P([ -1.96 * ó(et)/ ?T, 1.96 * ó(et)/ vT])=0.95 Test d'auto corrélation des résidus

    Si les résidus {?t, t € Z} obéissent à un bruit blanc, il ne doit pas exister d'auto corrélation dans la série. On peut alors utiliser le test de Durbin Wastson : Test de l'auto corrélation d'ordre 1.

    Test d'homoscédasticité

    Un bruit blanc est par définition homoscédastique.

    Test de normalité

    Pour vérifier si le processus des résidus { , t Z} est un bruit blanc gaussien,

    plusieurs tests peuvent être utilisés, mais le test le plus courant est celui de Jarque-Bera. Nous

    21

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    utilisons donc le test de Jarque-Bera pour tester la normalité du processus des résidus. On construit la statistique

    S=(T/ó)* + (T/24)*( -3)2 > ÷2 lorsque T?8. Donc si S= ÷21-á on rejette l'hypothèse H0 de normalité des résidus au seuil de á%.

    NB : ( )1/2=u3/u3/2 ?N(0,v6/T) lorsque T?8 et = u4/ (u2)2?N(3,v24/T) lorsque T?8 avec ui= moment empirique d'ordre i.

    Le modèle d'analyse développé dans cette étude est essentiellement un outil d'analyse quantitative qui nous permet d'apporter notre modeste contribution à la compréhension de l'investissement local en République du Benin d'après les résultats de nos estimations et de nos analyses.

    Chapitre 3 : Estimations et analyses des résultats

    Dans cette section, il sera question pour nous de procéder à l'estimation des différents modèles de notre étude et d'analyser les différents résultats. Mais avant les estimations, nous allons d'abord analyser l'évolution de la moyenne des variables sur toute la période.

    3.1. Evolution des variables

    Depuis 2003, les communes ont été responsabilisées pour le développement local dont la principale composante est l'investissement. Ainsi chaque année, la plupart d'entre elles réalisent des dépenses en investissement. Il est donc important pour nous d'observer cet indicateur, toutes ses composantes sur les communes durant la période d'étude.

    Le tableau suivant retrace l'évolution de la moyenne de chacune des variables durant la période de l'étude.

    Tableau 2 : Statistiques descriptives des séries sur les communes ordinaires (Millions de FCFA).

     

    Moy(eb)

    Sd(eb)

    Moy(eq)

    Sd(eq)

    Moy(mat)

    Sd(mat)

    Moy(ir)

    Sd(ir)

    2003

    14.78

    26.65

    15.90

    28.00

    12.07

    29.23

    14.77

    21.17

    2004

    33.72

    34.98

    36.02

    39.49

    26.71

    35.22

    35.26

    33.73

    2005

    34.81

    38.67

    77.31

    101.69

    16.11

    17.05

    34.94

    47.64

    2006

    52.05

    67.83

    68.00

    64.64

    19.20

    15.76

    51.90

    101.99

    2007

    36.55

    28.30

    230.10

    554.28

    16.15

    14.32

    80.89

    78.49

    2008

    97.01

    65.21

    179.84

    101.62

    48.39

    95.90

    130.08

    61.01

    Source : Source de nos données. Moy=moyenne ; sd= écart type

    Le tableau nous fournit l'évolution de la moyenne des variables sur les communes durant la période de l'étude.

    Depuis 2003, les différents gouvernements locaux installés, dans le souci d'assurer leur propre développement, ont compris la nécessité de bien diagnostiquer les différents besoins de la collectivité à satisfaire en matière d'investissement. Ces besoins ne cessent de croitre chaque année de même que les dépenses consenties pour leur réalisation.

    En effet, durant la période 2003 à 2008, les besoins en équipement des communes à l'exception des communes à statut particulier ont subi une progression en moyenne jusqu'en

    23

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    2005, ces besoins connaissent une chute en 2006, remonte à nouveau en 2007 avant de connaître une nouvelle chute en 2008.

    Aussi ces besoins passent-ils respectivement de 15.90 millions de francs CFA en 2003 à 230.10 millions de francs CFA en 2007 et 179.84 millions de francs CFA en 2008 pour les besoins en équipement avec des écarts qui suivent également le même mouvement que la moyenne au cours des années. Nous notons qu'au niveau des besoins en matériels, nous observons une croissance de 2003 en 2004, une chute en 2005, une nouvelle augmentation en 2006, une nouvelle chute avant de croître en 2008 avec des écarts qui ne suivent pas le même mouvement que la moyenne. En effet la moyenne de ces besoins en 2003 était de 12.07 millions de francs CFA avec un écart de 29.23 millions de francs CFA, elle monte à 26.71 millions de francs CFA en 2004 avec un écart de 35.22 millions de francs CFA, elle descend à 16.11 millions en 2005 avec un écart de 17.05 millions de francs CFA, celle passe à 19.20 million de francs CFA avec un écart de 15.76 million. Cette moyenne revient encore à 16.15 millions de francs CFA avant de remonter à 48.40 millions de francs CFA en 2008 avec des écarts respectifs de 14.32 millions de francs CFA et 95.90 millions de francs CFA. Cette croissance de la moyenne des besoins montre la nécessité de leur satisfaction pour atteindre un niveau de développements donné. Au niveau de l'épargne brute, on observe également une progression de sa moyenne jusqu'en 2004, cette moyenne passe de 14.77 millions de francs CFA en 2003 à 35.26 millions de francs CFA en 2004 avec des écarts respectifs 21.17 millions de francs CFA et 33.73 millions de francs CFA puis elle chute à 34.94 millions de francs CFA en 2005 avec un écart de 47.64 millions de francs CFA, elle connait une progression sur toutes les autres années avec des écarts qui suivent le mouvement contraire. Ce mouvement de l'épargne brute retrace en réalité le degré de performance de la politique de mobilisation de l'épargne brute au niveau de ces communes. En ce qui concerne les dépenses mêmes réalisées en investissement, on observe une croissance continue sur toute la période. Cette croissance continue constatée s'explique naturellement par la croissance des besoins à satisfaire au niveau de ces collectivités locales et aussi de la performance de la politique adoptée par ces communes en matière d'investissement.

    Mais la moyenne des dépenses en investissement croit plus vite que la moyenne de l'épargne brute au niveau de ces collectivités locales. Cette différence pourrait s'expliquer par l'apport des partenaires techniques et financiers de ces communes et aussi les éventuels emprunts et prêts bien entendu sous l'autorisation de l'Etat central. Aussi la différence observée entre les valeurs de la moyenne de la plupart de ces variables au cours des années

    2007 et 2008, pourrait s'expliquer par le changement de parti politique à la tête de l'équipe municipale et aussi le changement de politique à la tête de l'Etat central.

    Au niveau des communes à statut particulier, l'évolution de la moyenne des différentes

    Communes à statut particulier, le tableau suivant retrace l'évolution de la moyenne de chacune des variables durant la période de 2003 à 2008.

    Tableau 3 : Statistiques descriptives des séries sur les communes à statut particulier (Millions de FCFA).

     

    Moy(eb)

    Sd(eb)

    Moy(eq)

    Sd(eq)

    Moy(mat)

    Sd(mat)

    Moy(ir)

    Sd(ir)

    2003

    1251.06

    1215.13

    1076.92

    1155.45

    516.84

    224.59

    1236.60

    1188.04

    2004

    1337.56

    1412.01

    2578.55

    3281.75

    590.90

    454.69

    1286.37

    1464.63

    2005

    75.00

    106.07

    1003.46

    648.36

    373.81

    319.88

    687.78

    908.89

    2006

    225.00

    318.20

    1231.96

    1275.77

    375.44

    283.46

    1156.52

    864.49

    2007

    340.56

    464.04

    1469.75

    1514.27

    335.27

    342.34

    1209.41

    1178.08

    2008

    210.35

    136.84

    1492.40

    1606.40

    392.29

    464.20

    1329.37

    1564.40

    Source : Source de nos données.

    On observe ici un mouvement d'oscillation au niveau des moyennes de toutes les variables. En effet au niveau de la moyenne des besoins en équipement, on note une croissance jusqu'en 2004, une chute en 2005 et elle croit de nouveau jusqu'en 2008. Pour la moyenne des besoins en matériel, on note également une croissance jusqu'en 2004, une chute en 2005, une croissance en 2006, une chute à nouveau en 2007 et enfin une nouvelle croissance en 2008. On observe un mouvement en dent de scie de l'évolution de la moyenne de cette variable sur toute la période. Pour ce qui concerne l'épargne brute, nous observons une croissance de 2003 à 2004, une chute en 2005, cette moyenne croit à nouveau jusqu'en 2007 avant de chuter en 2008. De même, on observe durant la période de 2003 à 2004 au niveau de ces communes, un problème de consommation de l'épargne. Mais pour les années de 2005 à 2008, on observe un véritable problème de mobilisation de l'épargne brute au niveau de ces communes, cet état de chose pourrait s'expliquer par leur statut d'opposition qui pourrait éventuellement réduire leurs subventions et dotations de l'Etat central. En ce qui concerne les dépenses réalisées en investissement, on note également une croissance de 2003 à 2004, une chute en 2005, ensuite une nouvelle croissance jusqu'en 2008. La chute observée en 2005 pourrait s'expliquer par les différentes chutes observées à la même année au niveau des besoins et de l'épargne brute de ces communes. Le niveau des dépenses réalisées en investissement à propos de ces communes

    25

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    (3.3)

    (3.4)

    SRC1 = (3.2)

    avec = - * *

    =

    pourrait s'expliquer par leur statut, leurs minutieux diagnostics des besoins et aussi leur capacité de mobilisation de l'épargne brute.

    En faisant une lecture simultanée de ces deux tableaux, on constate surtout que la moyenne des dépenses réalisées en investissement n'évolue pas de la méme manière au niveau des deux groupes de communes. En effet, on observe, un mouvement très varié au niveau des communes à statut particulier tandis qu'au niveau des autres communes, une croissance continue de cette moyenne. Aussi, au niveau des autres variables également, le mouvement des moyennes n'est pas le même. En moyenne et la plupart des communes, il se pose éventuellement le problème de mobilisation de l'épargne brute.

    3. 2. Test d'homogénéité

    Le test d'homogénéité est un test de spécification qui permet de déterminer si l'échantillon a la structure de donnée de panel. L'idée de ce test est de vérifier la spécification, homogène ou hétérogène du processus générateur de donnée. Sur le plan économétrique, cela revient à tester l'égalité des coefficients du modèle étudié dans sa dimension individuelle. Sur le plan économique, les tests de spécifications reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour toutes les communes.

    Pour cela, nous devons utiliser une statistique de Fischer pour tester les (N-1)*(K+1) restrictions linéaires. Avec N=62 et K=3, respectivement la taille de l'échantillon et le nombre de variables explicatives. Sous l'hypothèse de distribution indépendante et identique, de normalité, d'espérance nulle et de variance ó? 2 des résidus, cette statistique suit une loi de Fischer de (N-1)*(K+1) et NT-N*(K+1) degré de liberté, avec T le nombre de période au bout

    duquel les observations ont été faites. Si < au seuil de á%, l'hypothèse nulle est

    acceptée. Alors nous retiendrons dans ce cas que l'échantillon considéré a bien une structure de données de panel. Cette statistique se présente comme suit :

    F = [(SRC1,c _SRC1)/(N-1)*(K+1) ]/SRC1/[N*K-N*(K+1)] (3.1) avec

    Décentralisation et investissement local au Bénin

    (3.5)

    ) (3.6)

    =

    =

    =cirit1

    =

    = -

    =

    =

    =

    =(cmatit1,ceqit1,cebit1) =

    (3.7)

    (3.8)

    (3.9) avec

    (3.10)

    (3.11)

    (3.12)

    Les résultats du test d'homogénéité confirment nos présomption d'acceptation de l'hypothèse nulle au seuil de 5% car Fcal=0.56<Fth=1.00. Ce qui justifie donc la structure de donnée de panel de notre échantillon.

    Test d'endogénéité

    Ce test prouve qu'à n'importe quel seuil, il n'y a pas d'endogénéité entre la variable dépendante et les variables indépendantes.

    3.3 Estimation de cir1

    Nous exploitons ici les méthodes classiques d'estimation des données de panel. Il suffit d'émettre des hypothèses sur les coefficients et le terme d'erreur. Ces hypothèses nous permettent de procéder à une estimation par effets fixes et effets aléatoires. Ces hypothèses émises seront testées pour s'assurer de la validité du modèle retenu.

    27

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    3.3.1 Modèle a effets fixes :

    Première approche

    Les résultats de cette estimation sont consignés dans le tableau suivant :

    Tableau 4 : Résultats de l'estimation de cir1 (modèle à effets fixes) 1ère approche

    Cir1

    Coefficients

    t-Value

    Cons

    .4263223

    2.45""

    ceq1

    .4850465

    9.99"""

    Cmat1

    .2515486

    5.82"""

    Ceb1

    .1577645

    4.04"""

    R-squared

    0.7411

    Adjusted R-squared

    0.6870

    F-statistic

    113.63

    p-value

    0.0000

    Durbin-Watson stat

    2.1153381

    Estimation faite à partir du logiciel Stata11.0

    Source : Source de nos données.

    Entre parenthèses les t STUDENT. Seuil de significativité *** inferieur ou égal a 1%, ** supérieur a 1% et inferieur a 5%.

    Deuxième approche

    Les résultats de cette estimation sont consignés dans le tableau suivant :

    Tableau 5: résultat de l'estimation de cir1 (modèle à effets fixes) 2ème approche

    Cir1

    Coefficients

    t-Value

    Cons

    .4193338

    2.45**

    ceq1

    .4280629

    9.99***

    Cmat1

    .3281681

    5.82***

    Ceb1

    .1535774

    4.04***

    R-squared

    0.5270

    R-squared Adjusted

    0.5025

    F-statistic

    70.00

    p-value

    0.0000

    Durbin-Watson stat

    2.3579489

    Estimation faite à partir du logiciel Stata11.0

    Source : source de nos données.

    Entre parenthèses les t Student. Seuil de significativité *** inferieur ou égal a 1%, ** supérieur a 1% et inferieur a 5%.

    Test de Hausman

    La Probabilité du test dans cet exemple est 100% ce qui est largement supérieure à n'importe quel seuil, soit 5% ou 10%. Le test ne nous permet pas de dire que tel modèle est préférable que tel. Mais nous pouvons néanmoins nous référer à ces quelques arguments pour opérer un choix du modèle. La seconde approche présente de nombreuses limites : Bien que l'utilisation de ce modèle soit simple, il présente plusieurs limites. D'abord, il est impossible d'identifier l'impact des variables qui pour chaque individu, sont constantes dans le temps. Ensuite, ce modèle ne permet pas de réaliser des prévisions en dehors de l'échantillon (impossible d'évaluer les effets fixes des individus en dehors de l'échantillon). Enfin, on n'utilise que la variabilité intra- individuelle qui peut être limitée. On élimine, en effet, complètement la variabilité interindividuelle alors que l'estimateur des MCO sur l'échantillon

    29

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    total conserve la totalité de la variabilité. Aussi avec ce modèle, le est faible par rapport

    à celui du modèle de la première approche. Nous choisissons donc le modèle issu de la première approche.

    3.3.2. Modèle à effets aléatoires

    Les résultats de l'estimation du modèle à effets aléatoires sont consignés dans le tableau suivant :

    Tableau 6 : résultat de l'estimation de cir1 (modèle à effets aléatoires)

    Cir1

    Coefficients

    t-Value

    Cons

    .1215329

    0.82

    ceq1

    .4519003

    11.20***

    Cmat1

    .3995204

    8.26***

    Ceb1

    .1591827

    4.55***

    R-squared

    0.8248

    R-squared Adjusted

    0.8157

    p-value

    0.0000

    Durbin-Watson stat

    2.1153381

    Estimation faite à partir du logiciel Stata11.0

    Source : Source de nos données.

    Entre parenthèses les t STUDENT. Seuil de significativité *** inferieur ou égal a 1%, ** supérieur a 1% et inferieur a 5%.

    Choix du modèle

    Interprétons les résultats issus des différents modèles estimés. Test de significativité des coefficients

    Le tableau 3 résume les résultats du modèle à effets fixes. Nous constatons que toutes les variables ont des coefficients significativement supérieurs à 0 au seuil de 5%. De plus ce modèle présente des probabilités qui sont inferieures à 5% c'est- a- dire Pr(>|t|)<5%, toutes les bornes inferieures des intervalles sont strictement positives.

    En ce qui concerne le modèle à effets aléatoires, l'analyse va se baser sur les résultats du tableau 5. En effet, au vu de ce tableau, nous remarquons également que toutes les variables ont des coefficients significativement supérieurs à 0 au seuil de 5%. Aussi, les probabilités Pr(>|t|)<5%. Cependant, pour le choix du modèle à retenir, nous allons faire le test de HAUSMAN.

    Test de spécification de HAUSMAN

    Le test de HAUSMAN est un test de spécifications qui permet de déterminer si les coefficients des deux estimations des modèles à effets fixes et aléatoires sont statistiquement différents. L'idée du test est de réaliser deux estimations et de comparer les coefficients de pente. Si ceux-ci ne sont pas significativement différents, alors le modèle à effets aléatoires l'emporte. Pour cela, nous devons construire la statistique de HAUSMAN H (p-value). Si

    H> %, on rejette l'hypothèse nulle H0. Alors, nous retiendrons dans ce cas le modèle à effets

    fixes ; dans le cas contraire nous retiendrons le modèle à effets aléatoires à condition qu'il n'y ait pas de corrélation entre les erreurs et les variables explicatives.

    Les résultats du test de Hausman montrent que la p-value est 0.1456.

    Ces résultats montrent que les coefficients des deux modèles ne sont pas significativement différents au seuil de 5% car H>5%. Donc le modèle à effets aléatoires emporte sur le modèle à effets fixes. Nous retenons alors le modèle à effets aléatoires, mais avant de valider ce modèle, nous devons faire les tests suivants :

    Coefficients de détermination (la qualité de la régression R2)

    Pour ce modèle, nous avons trois R- carré. On a le R-carré within qui donne la contribution des effets aléatoires au modèle. Le R-carré between indique la part de la variabilité interindividuelle expliquée par celles des variables indépendantes. Il se focalise sur celui-ci. Le R-carré overall est le même que précédemment. Pour notre analyse, nous prenons le R-carré between, car il est le plus pertinent. R2=0.8248 et R2-ajuste=0.8157. Ces deux valeurs sont proches de l'unité, ce qui voudrait dire que dans ce modèle, pour la valeur de Rcarré, 82,48% de la variation de la variable dépendante est expliquée par les variables indépendantes. Mais il est préférable d'utiliser un R-carré ajusté puisque le R-carré est affecté par le nombre de variables indépendantes. Il est biaisé à la hausse lorsque le nombre de variables exogènes est élevé. Dans le contexte de cette étude, 82,48% de la variation des dépenses réalisées en investissement au niveau des collectivités locales est expliquée par les

    31

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    variables exogènes. Mais compte tenu des raisons évoquées ci-dessus, nous prenons en compte seulement le R-carré. Cela nous amène à considérer R-carré ajusté, ce qui revient à dire que 81,57% des dépenses réalisées en investissement local est expliqué par les variables exogènes. On peut donc penser que dans ces communes, les besoins en équipement, en matériel et l'épargne brute affectent fortement les dépenses réalisées en investissement au niveau de ces collectivités. Ce qui confirme nos hypothèses. Ce résultat peut intéresser bien le décideur local dans la mesure où il lui indique la nécessité d'un fort diagnostic des besoins des collectivités locales et d'une meilleure politique de mobilisation de l'épargne au niveau de ces collectivités locales.

    Ces coefficients de détermination montrent que la régression est d'une bonne qualité et que nous avons une bonne spécification du modèle, mais ils ne permettent à eux seuls de valider le modèle.

    Test de normalité

    Les résultats de ce test montrent que au seuil de 5% les erreurs sont normalement distribuées car la p-value est 0.0000 ce qui est inferieure au seuil de 5%.

    Test de bruit blanc

    Ce test nous permet de savoir s'il y a une existence d'auto -corrélation dans la série. L'interprétation des résultats en annexes donne ceci : le test d'hetéroscédasticité de WHITE relève que les erreurs sont homoscéstiques car Prob= 0.1427>0.05A partir de la matrice de corrélation, on constate que le coefficient de corrélation le plus élevé est r= 0.5604 (r qui indique le sens de variation de chaque variable par rapport à chacune des autres variables) alors que R2-ajuste vaut 0.8157. Il n'y a donc aucune présomption de multi colinéarité entre les variables explicatives. Il n'y aura pas d'effet de masque car R2-ajuste> r2.Test d'auto corrélation de BALTAGI-WU et de DURBIN-WATSON nous montre une absence d'auto corrélation des erreurs avec une probabilité de 0.0000< 5%.

    Les résultats de ces différents tests permettent de valider le modèle estimé. Nous vérifions par la suite la somme des coefficients comprise entre l'intervalle ouvert sur 0 et 1.

    Test de vérification de la somme des coefficients supérieure à zéro et inférieure à 1

    Les résultats de ce test montrent que la somme des coefficients issus de l'estimation de notre modèle est bien supérieure à zéro et inferieure à 1.

    Présentation du modèle

    En définitif, notre modèle se présente de la façon suivante

    ln(1+ )=0.1215329+0.3995204*ln(1+ )+0.4519003*ln(1+ )+

    0.1591827*ln(1+ ). (3.13)

    Et enfin notre modèle théorique se présente comme suit :

    = -1+1.1292265 (1+ )0.4519003(1+ )0.3995204(1+ )0.1591827 (3.14)

    3.4. Analyse et interprétation des résultats

    Les résultats de ces estimations montrent que les dépenses réalisées en investissement sont plus orientées vers les besoins en équipement que les besoins en matériel. Ils montrent bien qu'une augmentation de 1% des besoins prévus en équipement augmente les dépenses réalisées en investissement de 0.452%. Tandis que une augmentation de 1% des besoins prévus en matériel fait croître les dépenses réalisées en investissement de 0.4%. Aussi une augmentation de 1% de l'épargne brute fait monter les dépenses réalisées en investissement de 0.159%.Ces résultats ne correspondent pas aux résultats attendus quant aux effets des besoins en équipement et en matériels sur les dépenses réalisées en investissement local. En effet la variation de 1% des besoins en équipement entraine une variation 0.452% des dépenses réalisées en investissement au niveau des collectivités locales. De même une variation de 1% des besoins en matériel fait varier les dépenses réalisées en investissement au niveau des communes de 0.4%. En ce qui l'épargne brute, les résultats confirment bien les signes attendus. Ils montrent bien que les dépenses réalisées en investissement sont plus orientées vers les besoins prévus en équipement que les besoins en matériel. L'analyse de ces résultats, après les différents tests de significativité montre que les besoins en équipement, en matériel et l'épargne brute ont un effet sensible sur les dépenses réalisées en investissement. Mais comment s'explique alors cette significativité des résultats ?

    Les raisons de cette significativité peuvent être de deux ordres : la nature et l'exploitation de l'épargne brute et du diagnostic effectué sur les différents besoins soit en équipement ou en matériel prévus au niveau de la commune. Il faut noter que seule l'épargne ne permet pas d'avoir un niveau important de dépenses réalisées en investissement au niveau des communes.

    33

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    En effet, il est très important de faire de profonds diagnostics pour ressortir les vrais besoins en équipement et en matériels de la collectivité locale nécessitant des dépenses en investissement pour son développement. Les différents coefficients obtenus par rapport à ces besoins montrent le niveau de diagnostic des besoins au niveau de ces communes, ce qui justifie bien la nécessité de faire une analyse minutieuse pour montrer leur influence sur les dépenses réalisées en investissement au niveau de la collectivité. En ce qui concerne l'épargne brute, sa faible influence observée par rapport aux autres variables, confirme le niveau de performance de la politique utilisée par ces collectivités dans le cadre de la mobilisation et de l'exécution de leur épargne brute. Mais cette faiblesse des coefficients de l'épargne brute montre que les ressources allouées par les collectivités, à elles seules ne permettent pas aux communes d'avoir un niveau important de réalisation en investissement. Soit elles ont été insuffisantes pour exécuter les différentes dépenses liées à la réalisation de ces besoins ou bien la politique d'investissement est mal conçue. Cette faiblesse de l'épargne brute peut provenir de plusieurs sources.

    De plus, les contraintes des finances publiques vers les communes et la faiblesse de la productivité fiscale locale peuvent réduire la capacité de mobilisation de la commune. De même la non pertinence de la réforme de fiscalité locale constitue également un frein dans la mobilisation de l'épargne brute au niveau de la commune. Cette faiblesse peut également provenir de la corruption. En effet, la corruption a un effet négatif sur les finances de la collectivité. Elle ralentit les dépenses en investissement local. Comme l'ont montré Reinikka et Svenson (2005), Rose-Ackerman (1998), la corruption a bien un impact négatif sur le développement socio- économique du territoire, voire celui de tout le pays. De même ce niveau de l'épargne observé peut dépendre de la participation de la population puisque c'est la participation de la population qui fait accroître les ressources du budget de la commune. Aussi permet-elle de responsabiliser, de mobiliser, d'engager et d'auto-discipliner l'ensemble des citoyens de la commune. Elle a pour conséquence directe le développement de la commune, des réalisations en réponses aux attentes des populations. Elle rend crédible le budget, permet la réalisation de la politique de l'institution communale, ainsi qu'une prise de conscience des citoyens sur la réalité des ressources, de la gestion budgétaire et comment générer davantage de ressources. Cette participation permet aux populations de s'inclure réellement dans le processus de développement de la commune. Ainsi plus la mobilisation de l'épargne brute et le diagnostic profond des besoins en équipement et en matériel sont de grande importance, plus le niveau de dépenses réalisées en investissement est élevé, Caeteris Paribus.

    Conclusion et Recommandations

    La présente étude s'est consacrée à l'analyse de l'investissement local dans le processus de la décentralisation au Bénin. La méthode de l'économétrie des données de panel a été utilisée à l'aide des données de sources secondaires issues de la Direction Générale de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale, données sur la gestion et l'organisation budgétaires des communes. En effet, les résultats de cette étude nous ont prouvé que les besoins prévus en équipement et en matériel ont un effet, même positif sur la dépense réalisée en investissement au niveau des collectivités locales. De même, elle nous a prouvé que l'épargne brute de la commune influence positivement la dépense réalisée en investissement local. Ces résultats confirment bien nos hypothèses. Le fait que les dépenses en investissement soient plus orientées vers les besoins prévus en équipement montre l'importance que les communes accordent à ces besoins. Ceci parce qu'ils constituent les grands axes des différents projets d'investissement local. Ces résultats ont aussi révélé que les dépenses réalisées en investissement sont en moyenne supérieure à la moyenne de l'épargne brute de chaque année ceci tant pour les communes à statuts particuliers que pour les autres à statuts non particuliers. Cet état de chose s'explique par les éventuelles interventions des partenaires techniques et financiers et les éventuels prêts que peuvent consentir les communes sur l'accord du pouvoir central.

    Ces différents résultats font ressortir la nécessité de diagnostiquer profondément les réels besoins de la collectivité et d'étudier les conditions nécessaires pour une bonne mobilisation de l'épargne brute pour faciliter l'investissement local au Benin. Ceci est d'autant plus important pour favoriser le processus de développement à la base. Existerait --il alors des conditions préalables pour que la décentralisation induise :

    - l'amélioration de la politique de mobilisation de l'épargne brute,

    - la performance des dépenses réalisées en investissement au niveau des collectivités locales.

    En absence de ces conditions préalables, la décentralisation n'aurait elle pas un effet contraire, c'est-à-dire d'accroître le degré de performance des dépenses réalisées en investissement au niveau des collectivités locales et d'y améliorer la politique de mobilisation de l'épargne brute.

    Nous comptons répondre à ces interrogations dans les études à venir à l'aide des données plus objectives.

    35

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Enfin, à la lumière de ces résultats, nous formulons les recommandations suivantes à l'endroit des décideurs sur le plan national.

    · favoriser l'accès des communes aux finances publiques dans des délais raisonnables,

    · rendre efficace le système fiscal local,

    · associer la population à tous les projets d'investissement concernant leur propre localité, par des sensibilisations et des séances d'explication pour leur faire comprendre leur rôle dans le nouveau processus du développement,

    · développer une meilleure politique d'allocation des ressources dans le processus de réalisation des différents besoins en investissement, axes principaux du développement.

    · faire participer les populations aux différents conseils communaux organisés au cours de l'année d'exercice puis prendre en compte leurs différentes propositions à l'issue de leur participation.

    . En ce qui concerne la participation de la population, nous invitons les autorités à faire des sensibilisations périodiques au moins six fois dans l'année mais dans les langues locales pour leur faire comprendre leur réel rôle et contribution dans le nouveau processus de développement.

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    Thèses et Mémoires

    Archille Mignondo (2009), << Décentralisation et Capital Social >>, Mémoire de Master

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    Emeric Grégoire ( 2007), << Investissement et performance de la conception stratégique à la gestion opérationnelle », Mémoire pour le Master Professionnel Management du secteur public : Collectivités et partenaires, Université Lyon2.

    Trkulja S. (2009), << analyse Comparative des Politiques du Développement Territorial

    39

    Réalisé par : Bernadin AKODE

     
     

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    Mod&le à effets fixes 1ere approche

    Mod&le à effets fixes 2eme approche

    elvariabe: omune (

    ,absorb(une)

    b1,fe .0497104 3.17 0.002 .0599922

    g indica br o s = 3

    commn

    Ob per grop: in = '
    Root MSE

    407

    ceq1
    1 ce

    abs

    ons

    rll = 0.532

    Matrice de Correlation

    b1 1578084

    qn . pwcorr 2523 61ce 37)

    1 024315

    = cmat 1 3

    q

    553q


    ·

    b

    t : FRéalisé par : Bernadin AKODE

    Table des matières

    Remerciements . iii

    Sommaire iv

    Liste des tableaux v

    Avant propos . vi

    Résumé vii

    Abstract viii

    Liste des sigles et acronymes ix

    Problématique et question de recherche 1

    Objectifs de l'étude 3

    Hypothèses de l'étude 4

    Chapitre1 : Aspect théorique et revue de littérature 5

    1.1 Cadre théorique de l'étude 5

    1.1.1. Décentralisation 5

    1.1.2. Investissement local 7

    1.2 Revue de littérature 8

    Chapitre 2 : Présentation des données et de la méthode d'analyse 10

    2.1 Sources des données et présentation des variables utilisées 10

    2.1.1 Sources des données 10

    2.1.2 Présentations des variables utilisées 11

    2.2. Méthodologie 12

    2.2.1. Procédure de tests de spécification 14

    2.2.2. Les modèles à effets communs 17

    2.2.3. Le modèle à effets individuels 17

    2.2.4. Les modèles à effets fixes 18

    c

    Réalisé par : Bernadin AKODE

    2.2.5. Les modèles à effets aléatoires 19

    2.2.6. Conditions d'acceptation ou de rejet de nos hypothèses 20

    Chapitre 3 : Estimations et analyses des résultats 23

    3.1. Evolution des variables 23

    3. 2. Test d'homogénéité 26

    3.3 Estimation de cir1 27

    3.3.1 Modèle à effets fixes : 28

    3.3.2. Modèle à effets aléatoires 30

    3.4. Analyse et interprétation des résultats 33

    Conclusion et Recommandations 35

    Bibliographie 37






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille