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Microfinance et problématique de réduction de la pauvreté au Bénin: expérience des femmes du programme de Micro Crédits aux Plus Pauvres(mcpp) dans la commune rurale d'Adjarra

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par Dègnon Benjamin GOGAN
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'études approfondies en socio-anthropologie du développement 2012
  

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Deuxième partie

REVUE DE LITTERATURE ET DEMARCHE

METHODOLOGICUE DE RECHERCHE

CHAPITRE V : ETAT DE LA PAUVRETE ET DE LA MICROFINANCE

Sur la base des études scientifiques récentes, la revue de littérature s'est surtout intéressée ici à l'état de la pauvreté au Bénin et à celui de la microfinance tant au Bénin, en Afrique que dans le monde.

5.1 - La pauvreté au Bénin

Au Bénin, plusieurs études ont été réalisées pour appréhender le phénomène de pauvreté afin d'y développer des stratégies adéquates de lutte. Les premières sont celle de J-P. Lachaud et de M. Tovo.

En effet, dans son étude sur `'la pauvreté au Bénin : éléments d'analyse», Lachaud (1994) a été l'un des pionniers qui a pu établir un profil de pauvreté au Bénin. Cette étude s'est fondée sur des données de l'enquête budget consommation (EBC) de 1986-87. La pauvreté a été assimilée à une situation dans laquelle une ou plusieurs personnes ne peuvent atteindre un niveau de bien-être matériel correspondant à un minimum acceptable. La pauvreté ainsi définie soulève deux questions : un problème d'identification et un problème d'agrégation. Après avoir exposé différentes approches sur le concept du bien-être, Lachaud recommande l'utilisation des dépenses de consommation comme mesure du bien-être. Mieux encore, après l'expérimentation de plusieurs indicateurs, c'est la consommation par tête ajustée qui a été privilégiée comme indicateur permettant une meilleure sélection des individus/ménages pauvres. Ainsi pour établir le profil de pauvreté, Lachaud a- t- il- distingué trois seuils ou lignes de pauvreté à savoir :

1) un seuil équivalant aux deux tiers de la moyenne de la consommation par tête ajustée par équivalent-adulte. Ce seuil était estimé à 53.366 F.CFA par an en 1986 ;

2)

un seuil qui équivaut au tiers de la moyenne de la consommation annuelle par tête ajustée soit 26.683 F.CFA en 1986 qui permet d'analyser l'extrême pauvreté et enfin ;

3) une ligne de pauvreté par rapport aux besoins nutritionnels en référence à un panier de biens représenté par un bien unique qu'est le riz et sur la base d'un besoin journalier de 2.400 Kcal par adulte. Il en sort un seuil de 74.880 F.CFA/an/équivalent-adulte.

Sur la base de ces résultats, Lachaud aboutit à une spatialisation qui identifie le Nord rural ou urbain comme une région très vulnérable en termes de pauvreté, en particulier la pauvreté extrême. La pauvreté affecte plus les campagnes que les villes.

Après Lachaud, c'est Tovo(1995) qui s'est illustré à travers son titre `'Réduire la pauvreté au Bénin». Selon Tovo, le seuil de pauvreté avant la dévaluation est évalué à 39.286 F.CFA sur la base du coût des besoins essentiels. Selon ses estimations, 15% de la population serait en dessous de ce seuil. Tovo présente les interrelations entre la pauvreté et l'état de l'environnement. En faisant référence au Plan d'Action Environnemental (PAE) qui estime le coût économique de la dégradation de l'environnement à 3 voire 5% du PIB, il met l'accent sur la notion de vulnérabilité. Il la définit comme un indicateur de probabilité d'exposition à la pauvreté ou à l'appauvrissement. Il identifie quelques groupes vulnérables à savoir les ménages ayant une femme comme chef de ménage, les personnes âgées, les enfants en situation difficile, les familles de pêcheurs, les ménages d'agriculteurs à faibles moyens de production, les fonctionnaires déflatés et les jeunes diplômés sans emploi. Par rapport à la dévaluation, Tovo affirme que l'après dévaluation a été une période difficile pour le béninois moyen. Des premières informations recueillies par ce dernier, l'incidence de la dévaluation a été forte parmi les citadins pauvres. Les revenus nominaux de ceux travaillant dans le secteur informel semblent avoir diminué en moyenne de 30 à 50%. On s'attend donc que la dévaluation du franc CFA de 50% (en devises étrangères) produise un impact positif important à long terme, dont l'atténuation de la pauvreté.

En un mot, Pour Tovo, au nombre des conditions nécessaires à la mise en oeuvre efficace d'une stratégie de lutte contre la pauvreté au Bénin on peut citer:

- la conception des interventions du bas vers le haut ;

- la participation des populations ;

- le renforcement du pouvoir des communautés ;

- l'allègement des contraintes institutionnelles et juridiques dans

le domaine du régime foncier et de l'égalité entre hommes et femmes;

- le renforcement des mécanismes de surveillance de la pauvreté.

Par ailleurs, Tovo insiste également sur quelques domaines d'intervention comme le secteur productif et la création d'emplois, l'éducation, la démographie, l'eau potable et l'assainissement. L'étude insiste également sur l'importance des interventions ciblées et la décentralisation, ainsi que le renforcement des capacités de la société civile.

Toujours dans la perspective de comprendre davantage les déterminants de la pauvreté, les institutions comme le PNUD, le MDR, et l'INSAE ont réalisé entre 1995-96, et 1999-2000 les premières éditions de l'étude sur les conditions de vie des ménages béninois. Il s'agit des Etudes sur les Conditions de Vie des ménages Ruraux (ECVR). Ces études ont été conduites en milieu rural comme en milieu urbain. Le milieu rural a été stratifié en huit (8) zones agro-écologiques (Zone AE), tandis que le milieu urbain est représenté par les principales villes à savoir, Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Abomey-Bohicon. A partir d'un module dépense il a été possible d'établir un profil de pauvreté monétaire. Ce profil comporte trois seuils de pauvreté à savoir : (i)le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) calculé à partir d'un panier de biens alimentaires établi sur la base d'un régime alimentaire et nutritionnel équilibré et un besoin énergétique journalier de 2.400kcal par adulte, (ii) le seuil de pauvreté non alimentaire (SPNA) estimé à partir du rapport

entre les dépenses réelles alimentaires et non alimentaires des ménages et enfin (iii) le seuil de pauvreté global (SPG) qui est la somme des deux précédents.

En milieu rural, le seuil de pauvreté alimentaire était de 38.800 F.CFA. L'incidence de la pauvreté alimentaire est de 17%. L'incidence de la pauvreté globale y est de 33% avec 24% de ménages vulnérables. Par rapport à la saisonnalité, la période la plus critique se situe en septembre-novembre avec une incidence de 24% de ménages pauvres. La corrélation entre la possession ou non d'un actif et le niveau de pauvreté paraît inexistante car les ménages ruraux ont déclaré très peu d'actifs. Le ratio du déficit de dépenses dans le milieu rural est de 31%. Autrement dit les ménages arrivent, en moyenne, à subvenir à 69% de leurs besoins vitaux.

En milieu urbain, le seuil de pauvreté global est estimé à 144.300 Fcfa par an par équivalent-adulte avec une variation sensible d'une ville à l'autre. L'incidence de la pauvreté globale y est de 33% avec 23% de ménages vulnérables. Le lien étroit entre la pauvreté urbaine et l'emploi est mis en exergue par un taux de chômage et un taux de sousemploi relativement plus élevés chez les pauvres (taux de chômage de 5,2% contre 3,8% et taux de sous-emploi de 27,9% contre 23,9%). Sur l'ensemble des quatre villes-échantillons, Cotonou était la plus touchée avec une incidence de la pauvreté globale de 38%. Cotonou est la ville la plus urbanisée du Bénin et le revenu moyen y est le plus élevé (230.228 F.CFA). L'incidence de la pauvreté globale paraît positivement reliée au degré d'urbanisation.

Après les ECVR et dans le souci de bâtir une nouvelle stratégie efficace de réduction de la pauvreté, une enquête d'envergure nationale a été réalisée en 2006. Il s'agit de l'Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages(EMICoV). Cette enquête avait pour objectif d'évaluer l'ampleur de la pauvreté, d'identifier ses

caractéristiques ainsi que ses déterminants afin d'affiner les politiques de lutte contre la pauvreté. La pauvreté monétaire analysée selon les indicateurs habituels d'incidence (P0), de profondeur (P1) et de sévérité (P2) se présente comme suit :

Tableau I: Evolution des indices de pauvreté entre 2002 et 2006

 

2002

 
 

2006

 

Milieu de
résidence

Urbain
Rural
Ensemble

P0

P1

P2

P0

P1

P2

23,6

0,107

0,069

27,2

0,11

0,06

 

0,11

0,058

 

0,149

0,075

31,6

40,6

 
 

28,5

0,109

0,062

37,4

0,138

0,071

Source : EMICoV 2006

Cette enquête réalisée entre août et novembre 2006 auprès de 7440 ménages urbains et 10560 ménages ruraux par l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) a eu le mérite d'appréhender la pauvreté de 3 manières :

1. la pauvreté monétaire qui dépend du revenu du ménage fixé à un seuil. Les seuils sont calculés en fonction d'une enquête de prix des biens et services disponibles dans chaque commune. Par exemple le seuil de pauvreté à Cotonou est annuellement de 236 330 FCFA / tête, soit 0,99 € par jour et par tête. Dans la commune rurale d'Adjarra il est 132.728 f cfa / tête et par an en 2009

2. la pauvreté non monétaire dépend des conditions de vie et des actifs du ménage ;

3. la pauvreté subjective dépend de la perception d'un ménage sur sa pauvreté. Elle s'explique par deux facteurs à savoir les caractéristiques du ménage (âge et niveau d'instruction du chef de ménage, revenus) et le développement de sa sphère géographique (village, commune, département). Cette troisième dimension laisse penser que le développement des communes fournit un contexte significatif et positif à la lutte contre la pauvreté des individus.

Cette approche multidimensionnelle a l'avantage de couvrir les différents

éléments constitutifs de la pauvreté. Elle permet aussi d'identifier le

noyau dur de la pauvreté.

Enfin, il faut noter qu'en dehors des études pionnières et celles réalisées par des institutions de références ci-dessus indiquées d'autres travaux récents se sont intéressé à l'approche multidimensionnelle de la question. C'est le cas des travaux de Mèdédji et Djossou, (2007) sur `'les différentes facettes de la pauvreté au Bénin». Les résultats de leur étude ont montré l'existence de la pauvreté non monétaire et le faible recoupement entre les différentes formes de pauvreté. Ce qui confirme la nature multidimensionnelle de la pauvreté au Bénin. La caractérisation des populations pauvres suivant ces différentes formes de pauvreté montre par ailleurs des profils aussi différenciés.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway