WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'intégration républicaine à  l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois

( Télécharger le fichier original )
par Romain Hem-Reun
Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II. Démarche Méthodologique

Se lancer dans un projet de recherche nécessite une certaine capacité d'adaptation, d'ouverture d'esprit et de remises en question indispensables pour la bonne avancée de celui-ci. En effet, le travail de recherche n'est pas un objet dont l'étudiant dans son positionnement de chercheur pourrait s'emparer à des fins d'études minutieuses et figées. Cet état de fait est particulièrement prégnant dans une démarche d'initiation à l'expertise sociale. Du choix de la thématique au sujet, jusqu'à la construction de la problématique et de la formulation de l'hypothèse, l'étudiant fait face à un objet mobile, en constante évolution avec son environnement social, culturel, économique et politique. Le travail social fait face à une mutation constante de la variable sociétale créée par l'interpénétration quotidienne des ces champs d'investigation. Dans ce magma d'informations produites par la Société, le travail du chercheur est de tenter de repérer un fait social participant de cette mutation sociétale. Il s'agit donc d'isoler un objet directeur, emprunt d'une certaine constance au sein d'un ensemble mouvant.

Aussi, ma démarche première fut d'aller regarder les oeuvres et les auteurs ayant consacré enquêtes et études sur la migration de la population chinoise afin de tenter d'établir un profil de migration (motifs de départ, choix du pays d'installation, régions de départ, histoire de la migration chinoise en France, origines régionales des migrants). Je découvris vite quelques auteurs incontournables et spécialistes du monde chinois tel que Pierre Picquart, Le Huu Khoa ou Véronique Poisson. La consultation du CEDRICC (Centre d'Etude et de Développement et de Recherche sur l'Immigration Chinoise et la Chine) sur le mouvement associatif chinois et franco-chinois a également été utile ainsi que diverses revues spécialisées comme Hommes et Migrations, Migrations santé, Migrations Etudes ou REMI (Revue Européenne des Migrations Internationales). Ces éléments bibliographiques m'ont aidé à dépeindre la situation actuelle des migrations chinoises, leurs origines et leurs histoires.

En parallèle, je me suis intéressé à différents concepts venant percuter celui d'immigration. Notamment ceux d'intégration, de communautarisme, de communauté ou d'acculturation. Outre le dictionnaire d'action sociale je me suis intéressé à ces concepts analysés par des sociologues et philosophes (Dominique Schnapper, Abdelmayek Sayad sur l'intégration, Pierre-André Taguieff sur le communautarisme, Andrea Rea et Maryse Tripier sur la sociologie de l'immigration etc.). La sociologie en particulier occupe une place importante dans cet écrit. J'ai en effet choisi de m'intéresser à un phénomène social et sociologique qui intéresse et les sciences sociales ainsi que le travail social. La sociologie permet d'élaborer des idéaux-types permettant d'analyser avec le recul nécessaire un fait social. C'est en quelque sorte la partie large d'un entonnoir. Les politiques sociales s'appuient souvent sur des rapports sociologiques. L'action sociale découle de cette logique d'entonnoir. Voilà pourquoi il m'a paru important de faire appel aux sciences humaines et sociales dans ma démarche d'initiation à la recherche.

J'ai également rencontré des personnes ressources afin de m'entretenir avec eux sur la question de l'intégration des migrants chinois (Un président d'une association communautaire franco-chinoise (association P), un président d'une association chinoise (association H), un membre de cette association, une assistante sociale de secteur d'un quartier fortement marqué par la présence d'une population chinoise, une assistante sociale d'origine chinoise de l'association franco-chinoise P et un ancien journaliste, spécialiste de la chine et président d'une association franco-chinoise et des usagers des associations H et P, un jeune lycéen chinois.

Ces entretiens avec ces personnes fortement impliquées dans des actions communautaires à vocation intégratrices ou d'aide à l'intégration ont été forts instructifs quant aux obstacles rencontrées par les migrants chinois arrivants en France.

Pour ce j'ai effectué des entretiens semi-directif pour l'ensemble des personnes que j'ai rencontré. J'ai en effet privilégié le qualitatif sur le quantitatif car les données quantitatives n'auraient sans doute pas été un reflet réaliste de la situation générale des migrants étant donné le nombre peu élevé de personnes interrogées.

A. J'immigre donc je suis

Les migrants chinois viennent principalement de trois régions de Chine : la province du Zhenjiang est peuplée par les Wenzhou formant la grande majorité des migrants, les Chaozhou sont des chinois de la diaspora de l'ex Indochine pour la plupart, les Dongbei sont du Nord de la Chine. Il y a également plusieurs milliers d'étudiants chinois et plusieurs chinois d'autres origines regroupé en communauté de 2 à 5000 personnes4(*). Les trois ethnies principales ont émigré pour des raisons différentes et présentent des parcours migratoires singuliers.

1. Qui émigre et pourquoi ? Trois origines principales des migrants chinois

a) Wenzhou : une immigration historique organisée

Les Wenzhou, principale communauté chinoise de France, sont nés en Chine. Ils tiennent leur nom de la ville de Wenzhou de la province du Zhejiang au sud de la Chine. Ils sont arrivés en France les premiers, il y a plus d'un siècle. Lors de la 1ère Guerre mondiale, l'armée française recruta plus de 100.000 travailleurs chinois. Au lendemain du conflit, environ 3.000 d'entre eux choisirent de rester à Paris, et s'installèrent dans un quartier de la gare de Lyon, qui fut le premier quartier chinois de Paris. Ils se sont ensuite installés dans le quartier des Arts et Métiers (rue du Temple, rue du Maire) où ils se sont spécialisés dans la maroquinerie et la confection, reprenant d'anciens ateliers laissés par les juifs, puis à Belleville, où ils représentent 85%, voire 90% de la communauté chinoise. La communauté Wenzhou est organisée par une véritable chaîne migratoire ancienne, constamment renouvelée, les nouveaux arrivants rejoignant des familles ou des proches déjà établis économiquement en France. Ils viennent des régions rurales et pauvres du Zhejiang et ont un niveau d'études assez bas. Ils émigrent pour des raisons économiques et afin d'assurer un avenir à leurs enfants. Cet objectif est atteint pour une majorité d'entre eux grâce au réseau communautaire et une organisation particulièrement forte. Ils ont évolué avec succès dans le cadre d'une économie intra-communautaire. Si le secteur d'activité de la première génération tourne autour principalement autour du commerce, de la confection, la restauration ou la maroquinerie (secteur dit des « trois couteaux »), leurs enfants travaillent aujourd'hui dans tous les secteurs d'activités français.

* 4 Chiffres de Donation Schramm, journaliste et spécialiste de la communauté chinoise en France

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery