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Déterminants des investissements extérieurs au maroc: approche analytique et empirique sur le secteur industriel

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par Mustapha MAGHRITI
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Rabat-Agdal - Thèse de Doctorat en Economie Internationale 0000
  

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2.2 Concurrence imparfaite et contrôle :

C'est incontestablement à Hymer que revient le mérite d'avoir initié le courant de pensée moderne sur les opérations internationales des firmes46(*), auteur pour qui, la clé de la compréhension des IDE, se trouve au niveau du contrôle47(*). Dans les IDE dits de type I, l'investisseur réagit aux différences internationales de taux d'intérêt, mais en outre cherche à contrôler l'entreprise étrangère pour assurer plus de sécurité à son investissement (en raison de la méfiance vis à vis des étrangers, de la crainte d'être exproprié, des risques inhérents aux variations des taux de change).

Cependant, la majeure partie des IDE (ceux de type II) sont des mouvements de capitaux qui, conjointement aux flux de techniques managériales et de personnel qualifié, doivent être associés aux opérations internationales des firmes. Ces IDE ne sont clairement pas motivés par des différences internationales de taux d'intérêt. Ceci est révélé par :

1- La pratique consistant à emprunter massivement dans les pays hôtes ;

2- Les flux en direction souvent opposés des investissements de portefeuille par rapport aux IDE ;

3- Le fait que la plupart des investisseurs directs sont des firmes non financières ;

4- L'observation selon laquelle les IDE sont concentrés dans certaines industries spécifiques.

Hymer relève deux motivations principales aux IDE. D'abord, « International operations will occur in those industries in which enterprises of different countries sell in the same market or sell to each under conditions of imperfect competitions»48(*). Une centralisation de la prise de décision tend dans ces cas à se substituer aux décisions décentralisées. Ceci est réalisable dans la mesure où peu de firmes sont impliquées et où l'entrée de nouvelles firmes est difficile.

C'est en même temps une opération profitable parce qu'elle supprime tout conflit d'intérêts et ouvre la voie à une maximisation conjointe des profits. La seconde motivation importante pour opérer à l'étranger. « International operations will also occur in industries where some firms have advantages over other firms »49(*)

De tels avantages recouvrent l'accès à des facteurs de production meilleur marché, la possession d'un savoir-faire spécifique, le contrôle d'une fonction de production plus efficiente, un meilleur réseau de distribution, un produit différencié. Leur possession est une condition nécessaire pour qu'une firme s'engage dans la production de biens à l'étranger. Sans eux, elle est manifestement désavantagée sur un marché étranger par rapport aux producteurs domestiques, et ce parce qu'elle a une moins bonne connaissance du marché et qu'il lui en coûte d'acquérir l'information nécessaire. Elle est, en outre, exposée au risque de change dans la mesure où les dividendes sont dus à ses actionnaires dans la monnaie du pays d'origine.

Mais la possession d'avantages par une firme s'elle constitue une condition nécessaire n'est pas autant une condition suffisante pour justifier l'établissement d'affiliés à l'étranger. Il y a en effet deux autres manières alternatives pour une firme d'exploiter un avantage spécifique en sa possession.

La première revient à exporter le bien dans lequel est « enchassé » l'avantage. Elle sera préférée dans la mesure où les prix des facteurs de production étrangère, les coûts de transport et les droits de douane ne sont pas tels que la production à l'étranger soit plus profitable. L'autre façon d'exploiter un tel avantage consiste à le vendre par le biais d'une licence d'exploitation. Par rapport à la solution de l'internalisation de l'avantage via des affiliés propres à l'étranger, ceci peut néanmoins s'avérer être un choix inférieur en raison du réel danger de perdre l'avantage et/ou de l'impossibilité de s'approprier la totalité de sa rente dans le contexte d'un marché imparfait ( les acheteurs potentiels sont peu nombreux et/ou possèdent une situation de monopole dans leurs marchés respectifs ; difficulté de réaliser un contrat de licence satisfaisant en raison de l'incertitude)50(*).

Cependant, plus les marchés étrangers sont partitionnés (à cause des droits de douane, des coûts de transport, etc.), plus il devient possible de réaliser une discrimination entre marchés tout en octroyant des licences d'exploitation et moins l'implantation d'affiliés étrangers est nécessaire pour capturer dans son intégralité la rente associée à un avantage. Une dernière façon pour une firme d'exploiter un avantage spécifique en sa possession est de s'associer à un partenaire étranger local (joint-venture). C'est une solution particulièrement attirante si ce dernier possède certains avantages lui aussi (par exemple une bonne connaissance du marché).Tout comme la vente d'une licence, ceci est clairement moins risqué que l'établissement d'affiliés dans lesquels la firme détient la totalité du capital51(*).

Mentionnons une troisième motivation, relativement mineure, aux IDE et à l'internalisation des affaires mise en évidence par Hymer. Elle consiste en la diversification des activités en vue de la stabilisation des profits. Contrairement aux deux autres, elle n'implique pas l'objectif de contrôle. Rugman reprend cette idée et la développe52(*). Bien qu'admettant que la diversification internationale des activités d'une firme par la voie d'IDE soit justifiée par la maximisation du profit global, il suggère qu'elle comporte également l'avantage de réduire le risque au niveau des marchés des facteurs de production et/ou des produits. En outre, la Multinationale réalise un degré de diversification internationale de son portefeuille d'activités que ses actionnaires peuvent ne pas être à même de réaliser seuls en raison des barrières institutionnelles et autres à la libre circulation des capitaux.

La contribution d'avant-garde de Hymer peut être résumée comme suit. D'abord, il rejette l'idée que les différentiels de taux d'intérêt puissent expliquer la majorité des flux observés d'IDE. Il soutient que ces flux ont généralement pour objectif primordial le contrôle des entreprises situées à l'étranger, qu'elles soient crées de toutes pièces ou bien déjà existants. Dans un environnement de marchés imparfaits, un tel contrôle s'avère particulièrement profitable lorsque des conflits surgissent avec des entreprises étrangères concurrentes ou avec des fournisseurs étrangers, ou encore lorsque la firme possède des avantages qui lui sont propres.

Comme Kindlberger l'écrit : «  In a world of perfect competition for goods and factors, direct investment cannot exist. In these conditions, domestic firms would have an advantage over foreign firms in the proximity of their operations to their decision-making centres, so that no firms could survive in foreign operation. For direct investment to thrive there »53(*).

1- Les déviations par rapport à la concurrence parfaite dans les marchés des biens (différenciation de produits, savoir-faire en matière de marketing, soutien des prix de détail, prix administrés),

2- Les déviations par rapport à la concurrence parfaite dans les marchés des facteurs (technologie brevetée ou inaccessible, discrimination dans l'accès au capital, différences du savoir-faire des gestionnaires entre les différentes firmes, les services de ces gestionnaires ne pouvant pas être loués sur un marché concurrentiel),

3- Economies d'échelle internes et externes (conduisant respectivement à l'intégration horizontale et à l'intégration verticale des activités), et

4- Les restrictions gouvernementales sur la production et l'entrée des firmes nouvelles54(*).

Caves insiste sur l'aspect de différenciation des produits et identifie l'oligopole différencié comme étant la structure de marché dominante donnant lieu aux IDE horizontaux. Ainsi, on peut s'attendre à ce que la firme engagée dans la différenciation des produits sur son marché domestique soit relativement de grande taille. En effet, les IDE sont plutôt le fait de grosses firmes pour deux autres raisons encore. D'abord, à cause de l'importance des coûts fixes d'information et des risques qui leur sont associés. Ensuite, parce que les firmes de grande taille sont relativement avantagées face aux principales barrières à l'entrée (économies d'échelle, différenciation des produits, barrières absolues de coûts de production.55(*)

Jusqu'ici, on a montré que les grosses firmes qui commercialisent des produits différenciés sont davantage susceptibles que les autres d'entreprendre des IDE. Mais pourquoi choisir cette façon d'alimenter un marché étranger, plutôt que d'exporter ou encore de vendre son savoir-faire ? Outre les raisons liées aux obstacles aux échanges (tels que droits de douane et frais de transport) et aux avantages possibles de localisation, Caves met en évidence le souci d'adapter le produit aux caractéristiques de la demande, des besoins et des goûts locaux. C'est pour lui le meilleur moyen de réaliser une différenciation optimale et la raison majeure pour préférer une production décentralisée.

Pour ce qui est des processus d'intégration verticale au sein du groupe des pays industrialisés, Caves les explique par le souci d'éviter toute incertitude oligopolistique et d'ériger des obstacles à l'entrée de nouveaux rivaux56(*).

* 46 Bien qu'il se soit inspiré de Dunning (1958) et de Bain (1956).

* 47 Hymer.S 1976, op cit p 68-70.

* 48 Idem, p 80.

* 49 Idem, p 84.

* 50 Peyrard.J.1988, op cit 97-99.

* 51 Idem, p 100-102.

* 52 Rugman A.M, Multinational in Canada : theory, performance and economic impact, Boston, Kluwer Nijhoff Publishing, 1983.

* 53 Kindlberger 1969, op cit P 19.

* 54 Idem P 21-23.

* 55 Caves 1971, op cit , p 212.

* 56 Idem P 214.

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