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Participation communautaire et professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale en Côte d'Ivoire: expérience du projet kfw8 à  Kaouara et N'Déou (Région des Savanes)

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par Eugène KANGA SOSSONAN
Centre de recherche et d'action pour la paix - Master en éthique et gouvernance 2011
  

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III-2-3- CONDITIONS D'EMERGENCE DES CONFLITS COMMUNAUTAIRES LIEES A L'EXPLOITATION DE LA RESSOURCE

Certains évènements et comportements peuvent être la cause d'incompréhensions et engendrer par ce seul fait des conflits tant au sein des communautés qu'entre certains acteurs. Ce sous chapitre se propose de mettre en lumière ces évènements et comportements recueillis suite à l'enquête.

III-2-3-1- Les ouvrages : un lieu de pouvoir

Le mécanisme proposé dans le cadre de la professionnalisation (projet KfW8) constitue une technologie nouvelle que très peu de personnes dans les communautés rurales maîtrisent. C'est ainsi que les personnes connaissant les fondamentaux du fonctionnement de ces ouvrages et systèmes sont considérées comme des privilégiées. Ainsi, des acteurs comme les fontainiers, les représentants de l'opérateur économique et autres techniciens réseau considèrent les ouvrages dont ils ont la gestion comme des biens personnels et les utilisent à leur guise.

En ce qui concerne les fontainiers, cette patrimonialisation des ouvrages à été décriée par les populations suite aux absences répétées de ces derniers et leur refus d'exercer. Les raisons sont nombreuses. Quand ce n'est pas le soleil qui est trop élevé, c'est que ces derniers sont fatigués. Ce fait a été constaté pendant le séjour passé dans les deux localités où nous n'avons presque jamais trouvé les fontainiers à leur poste ni dans les environs.

Cette indisponibilité répétée des fontainiers à leur lieu de travail est cause de nombreux conflits. C'est ainsi que les ménages ont été appelé à se prononcer sur ce fait. Les données recueillies montrent que 60,50% des interrogés pensent que les fontainiers sont toujours présents à leur poste aux horaires indiqués contre 39,50% qui ne partagent pas cet avis. Ce taux demeure toutefois élevé et tend à confirmer le fait que des défaillances au niveau des fontainiers sont à observer. La figure suivante illustre bien ces propos.

Figure 13 : Répartition de l'échantillon selon la présence des fontainiers à leur poste

Source : Données de l'étude, 2010

Où s'approvisionner donc en cas d'absence de celui-là même qui doit garantir le service de l'eau de manière continue ? Cette figure montre qu'en l'absence des fontainiers, 54,65% de l'échantillon utilise l'eau des puits, 5,81% l'eau des PMH, 6,98% l'eau des rivières et marigots tandis que 32,56% développent d'autres comportements (attendre que les fontainiers reviennent, retourner à la maison pour revenir plus tard...). A long terme, la réappropriation du projet par les communautés sera difficile.

Figure 14 : Répartition de l'échantillon selon la source d'approvisionnement en l'absence des fontainiers*

*Les pourcentages correspondent au nombre de fois que ces réponses ont été citées

Source : Données de l'étude, 2010

L'étude a également montrée que les conflits peuvent également être liés au non respect de certaines règles d'hygiène par les utilisateurs des BF. A ce niveau, il est à noter que toute personne désirant s'approvisionner en eau doit se déchausser avant de pénétrer dans l'enceinte de la BF. Toutefois, des réticences sont observées parfois. Cela justifie certains témoignages de fontainiers notamment de Diabaté Alimata (23 ans, fontainière à N'déou) qui affirment : « les clients ne veulent pas enlever leurs chaussures avant de rentrer dans la borne fontaine... ils ne comprennent pas pourquoi il faut le faire et je suis obligée à chaque fois de le leur expliquer... ». C'est ainsi que 53% des interrogés affirment être confrontés à des réticences des usagers d'eau contre 47% qui soutiennent le contraire.

Figure 15 : Répartition des fontainiers selon les réticences constatées

Source : Données de l'étude, 2010

Certains comportements peuvent entraîner aussi des dysfonctionnements graves. Ces dysfonctionnements peuvent empêcher l'approvisionnement durable et continu des populations. Au titre de ces dysfonctionnements, il y a la vente de l'eau à crédit. L'étude a révélée que 53,33% des fontainiers vendent l'eau à crédit. Le recouvrement des sommes dues entraîne souvent des conflits entre les fontainiers et les populations.

Figure 16: Répartition des fontainiers selon la vente de l'eau à crédit

Source : Données de l'étude, 2010

Concernant les horaires d'ouverture et de fermeture des BF, 80% des interrogés affirment n'avoir jamais fermés les BF avant l'heure indiquée. Toutefois, 20% des interrogés reconnaissent l'avoir fait souvent. Ces fermetures arbitraires des BF font l'objet de plaintes et de contestations qui, si elles persistent, peuvent entraîner des troubles au sein des communautés.

Figure 17 : Répartition des fontainiers selon la fermeture des BF avant l'heure indiquée

Source : Données de l'étude, 2010

Questionnés sur les raisons de la fermeture des BF avant l'heure indiquée les fontainiers concernés par la question ont souligné trois (3) éléments. La figure ci-après présente ces raisons.

Figure 18 : Répartition des fontainiers selon les raisons de fermeture des BF avant l'heure indiquée

Source : Données de l'étude, 2010

A côté des agissements des fontainiers qui provoquent certains conflits, il est important de souligner d'autres agissements sur les ouvrages qui entraînent d'autres conflits fragilisant la cohésion sociale et la participation des communautés. C'est le cas à Kaouara où nous avons assisté à la réouverture des sources d'eau secondaire suite à l'arrêt momentanée de la fourniture de l'électricité (par le représentant de l'opérateur économique) qui a entrainé la rupture de fourniture de l'eau.

A côté de cet incident, un autre est survenu à N'déou. En effet, N'déou est une localité non électrifiée. Pour son fonctionnement, le système est équipé d'un groupe électrogène. Ce dernier groupe a été l'objet de l'utilisation frauduleuse par Monsieur FANNY Issa, technicien adjoint au sein du CLC. A la découverte de ce forfait, il a été mis fin à ses agissements. Toutefois, cet acte a eu pour conséquence directe, le mauvais fonctionnement du groupe électrogène de cette localité et a occasionné la rupture momentanée de la fourniture de l'eau entrainant la révolte des populations.

Au-delà des conflits communautaires, la non implication de certains acteurs ainsi que l'inexistence du Fonds de Soutien à l'Hydraulique Rural (FSHR) peut engendrer des conflits plus intenses et complexes entre différents acteurs.

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