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Malouet, administrateur en guyane (1776-1778) mise en place d'un projet administratif et technique.

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par Benoît JUNG
Paris Ouest Nanterre - Master 2 2014
  

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1.3.4 Un réseau mondain

En parcourant les Mémoires de Malouet, nous y découvrons, à son retour de Saint-Domingue, un homme introduit dans les cercles intellectuels de la capitale, fréquentant les salons de Mme de Castellane, de Mme Lespinasse et celui de Mme du Deffand. Il y côtoie certains des penseurs les plus en vue de son époque : D'Alembert, Condorcet, Diderot, Véron de Forbonnais, l'abbé Raynal. C'est auprès d'eux, en particulier Raynal dont il est un ami proche, qu'il affirme ses opinions et sa pensée politique, intimement liées au monde colonial et à l'esclavage239. Au XVIIIe siècle, Paris est un centre intellectuel et philosophique majeur qui exerce une force centripète importante, tant au niveau national qu'au niveau européen, drainant vers elle « la noria des talents »240. Capitale politique, capitale d'empire, Paris est une ville hégémonique où se rencontrent les espaces culturels, nationaux et sociaux ; c'est également un point de contact entre les nations. On retrouve, par exemple, les philosophes écossais David Hume ou Adam Smith chez Helvétius241.

C'est donc un point de convergence des idées et des hommes, qui donne naissance dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle à de nouvelles formes de sociabilités comme les salons, ou les académies par exemple. Les salons sont généralement tenus par des femmes riches ou cultivées, largement ouverts aux hommes de lettres. L'histoire retient ceux de Mme Necker ou de Mme Geoffrin, qui reçoivent les écrivains à la mode. Mme de Lespinasse reçoit également des écrivains, mais aussi des hommes liés à la finance et à l'administration comme Turgot ou de Vaines242. Le fait que Malouet, personnage éloquent, riche propriétaire de plantations à Saint-Domingue, fréquente des salons très courus traduit une certaine évolution sociale vers une rencontre entre noblesse et bourgeoisie, entre « le second ordre et la crème du tiers état, au sein d'une élite fondée sur la propriété, la richesse et le talent, non plus sur la distinction des ordres243. » Encore que, comme le montre Guy Lemarchand, cette fusion des élites soit très relative et ne concernerait que celles qui se placent dans la dynamique inspirée par les Lumières244. Quand bien même fréquenter un salon témoigne d'une certaine ouverture des pratiques mondaines vers des populations plus diverses que

239 Ibid., p. 69.

240 Gilles CHABAUD, « La capitale, le guide et l'étranger: descriptions fonctionnelles et intermédiaires culturels à Paris dans la première moitié du XVIIIe siècle », in Christophe CHARLE (dir.), Capitales européennes et rayonnement culturel XVIIIe-XXe siècles, Paris, Editions rue d'Ulm, 2004, p. 119-120.

241 Guy CHAUSSIGNAND-NOGARET, Les Lumières au péril du bûcher: Helvétius et d'Holbach, Paris, Fayard, 2009, p. 158 ; Stéphane VANDAMME, Paris, capitale philosophique: de la Fronde à la Révolution, Paris, Odile Jacob, coll. « Histoire », 2005, p. 12 ; Christophe CHARLE, Capitales européennes et rayonnement culturel XVIIIe - XXe siècle, Paris, Editions rue d'Ulm, 2004, p. 21.

242 Antoine LILTI, Le monde des salons, op. cit., p. 101.

243 Guy CHAUSSIGNAND-NOGARET, Une histoire des élites 1700-1848, Paris-La Haye, Mouton Editeur, 1975, p. 185.

244 Guy LEMARCHAND, « La France au XVIIIe siècle: élites ou noblesse et bourgeoisie? », Cahier des Annales de Normandie, 2000, vol. 30, no 1, p. 118.

l'on ne rencontre pas dans les pratiques curiales, le salon est une forme de sociabilité qui consiste à recevoir chez soi et à tenir table ouverte. Elle s'inscrit dans la réception aristocratique et nécessite « de l'espace - d'où l'importance de l'hôtel -, de l'argent et un ethos de l'hospitalité et de la dépense ostentatoire qui caractérise la noblesse de cour245. » C'est donc une pratique largement élitiste et élective, à l'image du salon de la marquise du Deffand, où l'on ne trouve quasiment que des membres de l'aristocratie : Praslin, Choiseul, Beauvau, Chabot, Boisgelin, Cambis, Boufflers, Broglie, Luxembourg, quelques nobles étrangers, le médecin Tissot, et deux hommes de lettres : La Harpe et Marmontel246.

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