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Les haies vives dans la dynamique des contacts foret-savane a Yambassa, région du centre Cameroun

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par Cyrille LEMOUPA FOTIO
Université de Yaoundé 1 - Master 2 2015
  

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INTRODUCTION GENERALE

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Dans la zone tropicale humide, les régions de contact entre les forêts denses humides et les savanes limitrophes ont connu au cours du temps, de profondes modifications de leurs aires de distribution. Ces variations ont été lié aux variations climatiques au cours du Quaternaire récent. Les savanes qui couvraient de vastes zones au cours de l'Holocène ont amorcé un mouvement de recul grâce au retour de conditions climatiques favorables. D'après les études de pollens et de diatomées contenus dans les sédiments lacustres, la savane s'est largement étendue entre 4000 et 2500 BP du fait d'un assèchement du climat. Mais, Une phase climatique humide qui a débuté après 2000 ans BP a permis à la forêt un mouvement de reconquête sur les savanes limitrophes (Reynaud-Farrera et al., 1996 ; Nguetsop, 1997 ; Schwartz, 1997 ; Schwartz et al., 1997). Autrement dit, depuis environ 1500 ans BP, une phase humide plutôt favorable à l'expansion de la forêt s'est mise en place et se poursuit jusqu'à nos jours.

Aujourd'hui pourtant, l'opinion commune au sujet de la dynamique des formations végétales en Afrique subsaharienne est celle d'un recul rapide de la forêt laissant place à la savane. Les régions tropicales humides d'Afrique subsaharienne sont caractérisées par la réduction de la surface des massifs forestiers (Aboubacar et al., 2012). Par exemple, le taux annuel de déforestation nette du bassin du Congo entre 1990 et 2000 a été évalué à 0,2 % de la surface totale de la forêt par De Wasseige et al. (2009) et 0,4 % par la FAO (2001). Pour cette même période, la FAO a estimé ce taux de déforestation nette à 0,5 % en Guinée et 3 % en Côte-d'Ivoire. Les interprétations de télédétection ainsi que les enquêtes et relevés de terrain démontrent que de nos jours, à l'échelle locale, dans une région comme celle du Mbam et Kim, le mouvement d'expansion de la forêt continue vigoureusement (Youta Happi, 1998). L'accélération de la dynamique forestière par la mise en culture a été localisée dans le sud des savanes baoulé (Côte-d'Ivoire) par Aboubacar et al. (2012) et dans la région de Béoumi (Nord-Ouest du V baoulé, à la latitude de Bouaké). Grâce aux analyses des relevés floristiques et à la photo-interprétation Lassailly et Spichiger (1981) détectent des régénérations. Ils concluent que «l'extension des brousses forestières mésophiles est favorisée par la mise en culture de certaines zones privilégiées de savanes, notamment par l'intermédiaire de la culture du café, du cacao et des cultures vivrières ».

Au Centre-Cameroun en région habitée par les populations Yambassa dans la zone du confluent entre la rivière Mbam et le fleuve Sanaga, il est probable que les mises en valeur agricole de parcelles de savanes aient conduit aux mêmes effets. Ou alors, les dynamiques ne s'opéraient pas de la même façon, compte tenu des spécificités d'ordres naturels et humains

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de cette région. C'est justement à ce titre que cette étude vise à établir les implications des systèmes de mise en valeur agricole et foncière du site sur le double plan économique et écologique.

I. DEFINITION DU SUJET

Depuis les années 1970, de nombreux travaux ont montré la progression des peuplements ligneux dans les savanes des régions de contact forêt-savane d'Afrique centrale et occidentale comme c'est le cas au Centre de la Côte d'Ivoire (Avenard et al., 1974 ; Blanc-Pamard et Spichiger, 1973 ; Blanc-Pamard et Peltre, 1979). Les agriculteurs ont joué un rôle important dans la « reforestation» de ces milieux notamment en développant des cultures pérennes comme le caféier et le cacaoyer ou en suspendant les feux dans les champs de cultures vivrières implantés dans les savanes. Ces pratiques ont été étudiées en Guinée et au Cameroun par des agronomes et des ethno écologues (Dounias, et Hladik, 1996 ; Filipski et al., 2007 ; Jagoret et al., 2011 ; Correia et al., 2010).

La présence des savanes dans les régions tropicales humides africaines a étonné les botanistes durant la première moitié du 20e siècle. Ils considéraient en effet que ces peuplements végétaux soumis à une pluviométrie abondante devaient être totalement couverts par la forêt. Ces chercheurs, à l'instar d'Aubréville (1949) évoquaient une origine anthropique de la savane dans ces régions. Les agriculteurs défricheraient la forêt pour cultiver et se nourrir, et le retour fréquent des cultures sur les mêmes espaces à l'origine forestiers, combiné à l'usage du feu entraînait un processus de savanisation. Aujourd'hui, les scientifiques expliquent la présence de ces savanes par l'existence dans le passé des périodes sèches, en particulier durant l'Holocène entre 4000 et 2000 ans BP (Schwartz, 1992 ; Giresse et al, 1994). Ces savanes se sont maintenues ensuite malgré une pluviométrie plus abondante dans les situations de sols pauvres, cuirassés ou sableux et lorsque les feux favorisés par la présence d'une biomasse importante de graminées, se répétaient quasiment chaque année. Mais dans toutes ces situations dans la region du Centre-Cameroun, la forêt développerait à l'heure actuelle une nette tendance à la progression sur les savanes (Youta Happi, 1998).

En pays yambassa, Beauvilain et al (1985) ont décrit les remparts végétaux constituant des haies vives atteignent des dimensions impressionnantes. Ici, l'ossature défensive est fournie par un arbre, le kapokier (Ceiba pentandra), qui peut atteindre 30 à 40 mètres de haut. Les Yambassa ont ainsi bouturé des «murs vivants» de kapokiers sur des kilomètres de long. Toutefois, ces murs constitués par des alignements serrés de grands arbres délimitaient et défendaient l'espace d'une communauté villageoise, mais ils créaient véritablement le terroir

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Yambassa. Installées dans des savanes herbeuses, ces lignes ceignaient les positions hautes et jouaient le rôle de pare-feu, mais aussi de bouclier naturel derrière lequel les populations se postaient pour surveiller les ennemis. À l'arrière, l'homme pouvait entretenir des massifs forestiers dont l'essence dominante était le palmier à huile.

La question est celle de savoir quelle est la contribution de ces « Systèmes défensifs végétaux» du « pays» yambassa dans la distribution et la dynamique de la biodiversité floristique et partant, dans l'évolution actuelle des contacts forêt-savane de cette région du centre Cameroun.

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