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Construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji

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par Daleb Abdoulaye Alfa
Université d'Abomey-Calavi - DEA 2014
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE D'ABOMEY- CALAVI

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FACULTE DES LETTRES ARTS ET SCIENCES HUMAINES

*=*=*=*=*

ECOLE DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE « ESPACES, CULTURES ET DEVELOPPEMENT »

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FILIERE DE SOCIOLOGIE - ANTHROPOLOGIE

*=*=*=*=*

OPTION : SOCIOLOGIE DU DEVELOPPEMENT

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Construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji

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MÉMOIRE DE DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES

Présenté et soutenu publiquement le 07 Février 2014 par :

Daleb ABDOULAYE ALFA

Sous la direction de :

Pr. Roch L. MONGBO Dr. Marc EGROT

Maître de Conférences à l'UAC Anthropologue à UMR 224 de l'IRD

Composition du jury :

Président : Pr. Adolphe KPATCHAVI

Examinateur : Dr. Roch HOUNGNIHIN

Examinateur : Dr. Marc EGROT

Rapporteur : Pr. Roch L. MONGBO

Mention : Très Bien

Année Académique 2013-2014

SOMMAIRE

SOMMAIRE 2

REMERCIEMENTS 3

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES 4

RESUME 6

SUMMARY 8

INTRODUCTION 9

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES 11

CHAPITRE I : ASPECTS THEORIQUES 12

CHAPITRE II : ASPECTS METHODOLOGIQUES 24

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET INTERPRETATION DES DONNEES 34

CHAPITRE I : AU VILLAGE MARAICHER DE SEME-KPODJI (VIMAS) 35

CHAPITRE II : PROCESSUS DE DECISION D'ACHAT ET D'UTILISATION DES INTRANTS 55

CONCLUSION 74

BIBLIOGRAPHIE 76

ANNEXES 83

TABLE DES MATIERES 101

REMERCIEMENTS

Ce travail de recherche n'aurait pu aboutir sans l'aide et le soutien de nombreuses personnes que je tiens à remercier très sincèrement.

Je remercie de tout coeur le professeur Roch Mongbo, qui sans la moindre hésitation a accepté d'être mon directeur de recherche et a su aménager du temps pour accompagner ce travail. C'est l'occasion de lui exprimer toute ma reconnaissance.

C'est avec gratitude que je remercie également le Docteur Marc Egrot, mon co-directeur de mémoire, qui suit méticuleusement mes travaux depuis plusieurs mois et m'a accordé une grande confiance. Sans le chaleureux accueil de l'équipe de l'IRD, je n'aurais sans doute pas entrepris cette recherche.

Je remercie le Docteur Luc Djogbenou, l'investigateur principal du programme et le CRDI qui a financé et permis de réaliser ce travail durant ces mois.

Je tiens également à exprimer ma reconnaissance à tous les enquêtés pour avoir accepté de se prêter au jeu de l'entretien. Leur disponibilité, leur sacrifice et leur sincérité, m'ont été d'un grand appui.

Enfin, je remercie très affectueusement tous mes proches pour leur soutien, leur encouragement, et leur patience, avec une pensée toute particulière pour ma femme et mon fils dont le souvenir me donnait force et courage.

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

AMAP : Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne

APRETECTRA : Associations des Personnes REnovatrices de TEChnologies Traditionnelles

ASECNA : Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne

CARDER : Centre d'Action Régionale de Promotion Agricole

CeCPA : Centre Communal pour la Production Agricole

CETA : Collège d'Enseignement Technique Agricole de Natitingou

CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole et Mutuel

CRDI : Centre de Recherche pour le Développement International

CREPA : Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement

DEA : Diplôme d'Etudes Approfondies

GEA : Groupement des Exploitants Agricoles

GREEN: Growing Resources for Enhanced agricultural Enterprises and Nutrition

GTZ : Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

IITA : Institut International d'Agriculture Tropicale

INRAB : l'Institut National de Recherche Agronomique du Bénin

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

IRSP : Institut Régional de la Santé Publique

MAEP : Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche

MCA : Millennium Challenge Account

MIILD : Moustiquaires Imprégnées d'Insecticides à Longue Durée d'action

MIVEGEC : Maladies Infectieuses à Vecteurs, Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PACER : Programme d'Appui à la Croissance Economique Rurale

PADFA : Programme d'Appui au Développement des Filières Agricoles

PADRO : Projet d'Appui au Développement Rural de l'Ouémé et du plateau

PFIJE : Programme de Formation et d'Intégration des Jeunes à l'Emploi

PPAB : Programme de Professionnalisation de l'Agriculture au Bénin

SAIC : Service d'Appui aux Initiatives Communautaires

SDI : Société de Distribution Intercontinentale

SONAPRA : Société Nationale pour la Promotion Agricole

UMR : Unité Mixte de Recherche

VIMAS : Village Maraicher de Sèmè-Kpodji

LISTE DES PHOTOS

PHOTO 1 : EXPÉRIMENTATION DE L'INRAB AVEC LES FILETS ANTI-INSECTES SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 3

PHOTO 2 : INONDATION EN PÉRIODE DE PLUIE SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 41

PHOTO 3 : QUELQUES PLANCHES SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 42

PHOTO 4 : ARROSAGE À L'AIDE D'UNE POMMETTE SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 45

PHOTO 5 : NETTOYAGE DE CAROTTES AVEC EAU DU BASSIN SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 46

PHOTO 6 : NETTOYAGE DE CONCOMBRES ET GRANDE MORELLES AVEC EAU DU BASSIN SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 46

PHOTO 7 : DÉSHERBAGE SUR LE SITE DE VIMAS- ABDOULAYE 47

PHOTO 8 : DESTRUCTION DES FEUILLES DE LA GRANDE MORELLE PAR LES CHENILLES SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 49

PHOTO 9 : FEUILLE DE GRANDE MORELLE ATTAQUÉE PAR LES ACARIENS SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 50

PHOTO 10 : ACARICIDE SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 63

PHOTO 11 : HERBICIDE SUR LE SITE DE VIMAS-ABDOULAYE 63

PHOTO 12 : INSECTICIDE DU COTONNIER UTILISÉ EN MARAICHAGE À VIMAS-ABDOULAYE 64

PHOTO 13 : INSECTICIDE ET ACARICIDE DU COTONNIER UTILISÉ EN MARAICHAGE À VIMAS-ABDOULAYE 64

PHOTO 14 : LE SOL SABLEUX DE VIMAS- ABDOULAYE 66

PHOTO 15 : EPANDAGE DE PESTICIDE PAR UN MARAICHER SUR LE SITE DE VIMAS - ABDOULAYE 68

PHOTO 16 : PRÉPARATION DE MÉLANGE DE PESTICIDES PAR UN PROPRIÉTAIRE D'UNE PARCELLE À VIMAS- ABDOULAYE 69

PHOTO 17 : EPANDAGE DU MÉLANGE DE LA PHOTO 16 PAR UN OUVRIER DE VIMAS- ABDOULAYE 70

PHOTO 18 : BOUTIQUE DE VENTE DE PESTICIDE À COTONOU-ABDOULAYE 71

PHOTO 19 : STOCKAGE DE PESTICIDES DANS LE LIEU DE COUCHAGE-ABDOULAYE 72

PHOTO 20 : LE TIHAN ET LASER DANS UN PLASTIQUE DE POSSOTOMÈ-ABDOULAYE 73

RESUME

Ce travail réalisé de 2012-2013 porte sur la construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji au sud du Bénin

Il a été question de voir quels sont les déterminants, les facteurs de choix et d'utilisation des pesticides par les maraichers. A cet effet, les méthodes classiques de l'ethnologie à savoir carnet de terrain, observations directes et participantes, entretiens semi-structurés, captures d'images photographiques ont été utilisées. Le choix raisonné nous a permis de constituer un corpus composé de 28 maraichers, de 3 vendeurs de pesticides, de 4 agents du Centre d'Action Régional pour le Développement Rural (CARDER), d'un agent de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRAB) et d'un agent du CIRAD.

Les résultats ont montré que les facteurs qui interviennent dans la prise de décision du maraicher sont divers. Le cheminement qui conduit à la prise d'une décision n'est pas unique et linéaire ; il existe une sorte d'engrenage et d'enchevêtrement entre les différents facteurs ; qu'il s'agisse des facteurs liés aux cadres institutionnels, aux pesticides et aux représentations populaires des maraichers relatives aux ravageurs, aux différents types de maladies des plantes, aux différents types de pesticides, à leur efficacité et aux risques liés à leurs usages, aux techniques d'épandage etc.

L'ethnographie du site montre bien que les usages de pesticides sont étroitement imbriqués avec le reste des activités et que le facteur temps est un élément très important qui interfère dans la prise de décision du maraicher. Par ailleurs, les vendeurs de pesticides jouent également un rôle déterminant dans le choix des pesticides.

Mots clés : Maraichers, Pesticides, Décision, Construction sociale, Sèmè-Kpodji

SUMMARY

This work concerns the social construction of decision-making regarding the use of pesticides by the market gardeners of Sèmè-Kpodji.

The goal is to find which are the determinants, the factors and the use of pesticide. For this purpose, conventional methods of anthropology such as field notebook, direct and participant observation, semi structured interviews, photographic screenshots etc. were used.

The reasoned choice has enabled us to build a corpus made up of 28 market gardeners, 3 sellers of pesticides, 4 agents of Municipal Agricultural Promotion Center, an agent of the National Institute for Agricultural Research and one agent of Agricultural Research for Development.

The results have showed that the factors involved in the decision-making of market gardeners are diverse. The path that leads to a decision is not single and linear; there is a kind of gears and tangle between different factors whether they are factors related to institutional, pesticide and popular representations of the market garden for pests, different types of plant diseases, the different types of pesticides, their effectiveness and risks associated with their use, the application techniques etc.

Keywords: market gardeners, Pesticides, Decision.

INTRODUCTION

Cette étude s'inscrit dans le cadre du projet intitulé « Lutte intégrée contre le paludisme à base de pratiques agricoles innovantes en Afrique de l'Ouest ». Elle est financée par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI). Ce projet multisite (Bénin, Burkina Faso, Togo) est porté au Bénin par l'Institut Régional de Santé Publique (IRSP). Il a pour objectifs d'analyser les résistances induites chez l'anophèle par l'usage des pesticides dans la culture du coton au Burkina Faso et le maraichage au Bénin, puis l'impact de la mise en oeuvre de pratiques agricoles innovantes sur la sélection et le développement des souches de moustiques résistantes. Le projet prévoit donc d'inciter les producteurs maraichers à adopter, puis à développer des pratiques agricoles innovantes. Ces techniques doivent en principe permettre de réduire l'utilisation des pesticides dans les pratiques agricoles tout en améliorant les conditions de subsistance de professionnels, la gestion des agroécosystèmes, la protection de l'environnement, la sécurité alimentaire pour les consommateurs. Elles devraient également permettre, une meilleure prévention du paludisme par la limitation du développement de souches de vecteurs résistantes, point focal de ce projet pour les entomologistes qui l'ont impulsé.

En effet, la résistance des vecteurs aux insecticides est devenue un domaine de recherche prioritaire en Afrique depuis quelques années, suite à la baisse observée de sensibilité d'Anophèles gambiæ aux pyréthrinoïdes (Akogbeto et al., 2005). Le niveau de résistance d'Anophèles gambiæ est en particulier fortement corrélé avec les surfaces maraichères (Kaminski, 2007). Les produits dont dispose la santé publique pour combattre les moustiques sont les mêmes que ceux utilisés depuis des décennies en agriculture (Akogbeto et al., 2005). Ainsi, la résistance des vecteurs liée à l'usage massif d'insecticides dans le domaine agricole constitue un facteur limitant l'efficacité de la lutte antivectorielle, en particulier celle qui utilise des moustiquaires imprégnées d'insecticides de longues durées d'action (MILD). Cet aspect diminue en conséquence la portée des programmes de lutte antivectorielle actuellement recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce développement des souches de moustiques résistantes est d'autant plus préoccupant qu'aucune nouvelle famille d'insecticides n'a été homologuée en santé publique au cours des deux dernières décennies.

Au Bénin, le projet est mis en oeuvre dans le sud avec les maraichers de Sèmè - Kpodji1(*) et de Houeyiho2(*). Il est mené par une équipe pluridisciplinaire composée de d'entomologistes médicales, d'entomologistes agricoles, d'agronomes et d'anthropologues3(*). Le volet anthropologique de cette recherche qui nous concerne ici porte sur l'étude de la « vie sociale » des pesticides utilisés et sur les déterminants socio - culturels des choix en matière de pratiques agricoles. Il s'intéresse tout particulièrement à la construction sociale des processus décisionnels en matière de techniques de maraichage, en particulier, les perceptions de l'efficacité et de la toxicité des pesticides.

Ce travail est structuré en deux parties. Dans la première partie, une réflexion méthodologique sera conduite sur les outils mobilisés pour recueillir, penser et restituer les données. La seconde partie sera consacrée dans un premier temps à une monographie du site de VIMAS et ensuite au processus de décision d'achats et d'utilisation des pesticides.

PREMIERE PARTIE : DEMARCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : ASPECTS THÉORIQUES

1. ETAT DE LA QUESTION

L'utilisation de pesticides en agriculture pose de nombreux problèmes de santé publique et d'écologie. Les plus importants sont la toxicité vis-à-vis de l'homme, l'atteinte à la biodiversité et le développement de la résistance des insectes, qu'ils soient visés (les ravageurs des cultures) ou non (les vecteurs de maladies) par les pesticides utilisés.

En Afrique de l'Ouest, le coton est l'une des principales cultures de rente et constitue une source de revenus pour une partie importante de la population, même si, depuis quelques années, cette filière est confrontée à des difficultés économiques (Agboessi, 2012). Les agriculteurs des zones cotonnières, ont régulièrement recours aux traitements phytosanitaires pour protéger leurs cultures contre les ravageurs. Mais ils se plaignent depuis quelques années de la perte d'efficacité des insecticides vulgarisés (Ahouangninou, 2011).

Des recherches entomologiques ont permis de confirmer que la résistance des ravageurs était à l'origine des échecs de traitement au champ (Brévault et al., 2008). L'échec des traitements se répercute sur le revenu des producteurs du fait de la chute de la production agricole, de la surconsommation de pesticides ou encore de l'utilisation de nouvelles matières actives à coût élevé (Roberts, 1987 ; Dülmler, 1993 ; Mamadou et al., 2001).

Par ailleurs, les productions maraichères participent à la sécurité alimentaire de l'ensemble de la population et à la diversification des sources de revenus des agriculteurs. Elles sont encouragées par une demande croissante en fruits et légumes frais de la part des populations citadines. Sur ce type de cultures, les attaques des ravageurs sont à l'origine de préjudices quantitatifs, mais aussi qualitatifs (altération de l'aspect et de la qualité organoleptique des produits). Dans le souci de pallier ces effets indésirables, les maraichers ont également recours à des pesticides chimiques, dont l'utilisation est décrite comme abusive (Kanda et al., 2006). Mais l'utilisation de ces pesticides dans la lutte contre les ravageurs n'est pas sans conséquences sur la santé des maraichers et des consommateurs, ainsi que sur l'environnement (Sanborn et al., 2004 ; Pazou et al., 2006a ; Pazou et al., 2006b).

Pour ce qui a trait aux conséquences environnementales, elles concernent notamment la qualité de l'eau. Au Sénégal, dans la zone périurbaine des Niayes, où les pesticides sont utilisés dans le maraichage, les concentrations de résidus mesurées dans la nappe phréatique peuvent dépasser les normes de potabilité de l'eau (Cissé et al., 2003). En Côte d'Ivoire, une contamination de l'eau souterraine par les pesticides organophosphorés et organochlorés a été montrée dans les régions agricoles où sont cultivés le cacao, le café, la banane et les légumes (Traoré et al., 2006).

Les produits agricoles destinés à la consommation peuvent aussi être contaminés par les pesticides. Des teneurs de résidus dépassant les doses recommandées pour les organochlorés (DDT4(*), endrine, heptachlore) ont été trouvées dans les légumes au Sud-Bénin (Assogba- Komlan et al., 2007).

L'exposition aux pesticides peut aussi avoir des effets néfastes sur la santé. Une grande variété de problèmes de santé humaine, tels que les troubles de la reproduction, les conséquences génotoxiques5(*), immunotoxiques6(*), dermatologiques, neurotoxiques7(*) ou oncologiques8(*), pourraient découler de l'exposition aux pesticides (Sanborn et al., 2004).

De plus, l'utilisation des insecticides en agriculture peut créer une pression de sélection sur les stades larvaires aquatiques des vecteurs de plusieurs maladies humaines et ainsi sélectionner des vecteurs résistants aux insecticides (Corbel et al., 2007). Le rôle des pesticides de l'agriculture (en particulier pour le coton) dans l'émergence de ces souches de vecteurs résistantes a été clairement montré ces dernières années, notamment au Bénin et au Burkina Faso (Diabaté et al., 2002, Kaminski, 2007, Djogbenou et al., 2008, Dabiré et al., 2009a et al.).

Les agriculteurs, principalement en raison de leur faible niveau d'instruction, sont décrits dans la littérature comme connaissant mal la toxicité réelle des pesticides utilisés et leur mode d'utilisation. Ils ne disposent pas de fiches techniques faisant la relation entre le ravageur, ses dégâts, le produit à utiliser, sa dose et sa fréquence. L'information écrite sur les bouteilles, le plus souvent en langues étrangères (français, anglais) et les pictogrammes aux normes internationales sont mal compris (Tourneux, 1993 ; Ahouangninou, 2011).

Si l'usage des pesticides constitue un réel problème de santé publique pour différentes raisons déjà décrites plus haut, il est aussi un véritable fait social de nos sociétés contemporaines. Les études n'expliquent que bien rarement les raisons profondes qui motivent les maraichers dans leur usage d'intrants, notamment de pesticides. Lorsqu'elles cherchent à l'expliquer, c'est en général au moyen de corrélation avec des variables quantifiables telles que le niveau d'instruction, le sexe, le coût des pesticides, l'existence et la fréquence des formations etc.

Ainsi, la littérature scientifique portant sur l'usage des pesticides dans le maraichage en Afrique est principalement issue des sciences agronomiques, entomologiques ou agro-économiques. L'anthropologie et les sciences sociales en général, se sont encore bien peu intéressées à ces questions, notamment celles des liens entre agriculture, santé et environnement ; moins encore sur la construction sociale des processus décisionnels en matière de choix et d'usage des pesticides.

Il n'existe pas de travaux spécifiques en anthropologie à notre connaissance sur la dimension sociale de l'objet « pesticide ». Mais les consommables médicaux et les pesticides étant tous des produits issus de l'industrie chimique et pharmaceutique, parfois d'ailleurs des mêmes entreprises industrielles, nous présenterons un état des lieux faisant un parallèle entre ces deux concepts. En effet, l'anthropologie du médicament s'inspirant d'un mouvement plus général au sein des sciences sociales a marqué, dans les années 1980-1990, un regain d'intérêt pour les objets matériels et leur consommation, jetant par conséquent un pont entre culture et économie (Appadurai, 1986 ; Miller, 1995). Donc dans cette perspective, concevoir les médicaments comme des choses permet de s'interroger sur les différentes étapes qu'ils parcourent (Baxerres, 2010). « Il est utile du point de vue de l'analyse de tracer la trajectoire des choses matérielles alors qu'elles évoluent à travers différents contextes et qu'on leur attribue des valeurs en tant que singularités ou en tant que marchandises à échanger » (Whyte et al., 2002). Des auteurs tels que Sjaak Van Der Geest, Susan Reynolds Whyte et Anita Hardon ont développé le concept de « vie sociale des médicaments » et défini les cinq « étapes biographiques » de ceux-ci : production, diffusion-distribution, prescription, consommation, évaluation-efficacité (Van Der Geest et al., 1996 ; Whyte et al., 2002). David Cohen utilise la notion de « cycle de vie » du médicament et morcelle son parcours en plusieurs étapes corrélées. Thoër-Fabre et al., (2007) soulignent « la multiplicité des trajectoires que peut suivre le médicament tout au long de son cycle de vie ». Catherine Garnier et ses collaborateurs perçoivent la « chaîne du médicament » comme étant constituée de trois composantes interdépendantes : la production-distribution, la prescription-consommation et l'évaluation-efficacité. Joseph Lévy et ses associés utilisent également la notion de « chaîne du médicament » qu'ils conceptualisent comme étant constituée de six moments essentiels : élaboration-production, marketing, distribution, prescription, auto-prescription, consommation-usage-efficacité (Lévy et al, 2007). « Qu'ils parlent de chaînes, parcours, trajectoires, cycles de vie, biographies ou circuits, ces auteurs insistent tous sur la multiplicité des acteurs en présence aux différents moments, étapes, maillons, composantes et sur la nécessité d'analyser et de comprendre leurs logiques » (Baxerres, 2010). Par ailleurs, pour van der Geest (1988), le médicament pharmaceutique industriel doit être dévisagé dans son contexte social, économique, politique et symbolique. Il s'intéresse au « médicament socialisé », c'est-à-dire dans ce qu'il exprime de la société et sur la manière dont il contribue à définir le social (Cros, 1994 ; Desclaux et al., 2003 ; Collin et al., 2006). Ce qui revient à « observer non plus la façon dont le médicament s'enracine dans le fonctionnement de l'organisme mais celle dont il s'insère dans le fonctionnement social » (Benoist, 1989).

Après un état de la question sur l'objet pesticide, il sera maintenant question de définir la problématique.

2. IDENTIFICATION DU PROBLÈME ET EXPOSÉ DE LA PROBLÉMATIQUE

Le processus décisionnel est un phénomène complexe qui a fait l'objet de plusieurs recherches. Certains chercheurs ont défini ce processus comme étant l'intersection entre les objectifs à atteindre et les contraintes à respecter. Einhorn et Hogarth (1980) ont considéré le processus décisionnel comme un phénomène séquentiel composé de trois phases : l'acquisition d'informations, l'évaluation des informations et ensuite les inférences. Pour Payne et al., (1988), les trois étapes dépendent des caractéristiques du décideur individuel, de sa tâche et de son contexte. Pour Saad et Russo (1996), le procédé séquentiel du processus décisionnel n'implique pas que toutes les informations consultées soient nécessairement utilisées. Le décideur peut cesser la recherche d'informations et formuler sa décision après une sélection suffisante et appropriée d'informations.

Les recherches sur le processus décisionnel émergent de la science cognitive de la décision (Dkhaili, 2011). Les processus cognitifs constituent un élément central du raisonnement. Ils sont intégrés au processus de raisonnement humain (Dkhaili, 2011). Les travaux pionniers de Kahneman et Tversky (1982) ont identifié le rôle central des processus cognitifs dans les prises de décisions en situation d'incertitude. Tout décideur construit sa propre structure cognitive, basée sur sa perception de la réalité ; les structures cognitives incluant les préjugés, les croyances, les expériences et les valeurs des individus (Ford et Sterman, 1998).

Par ailleurs, les processus décisionnels intègrent le contexte dans lequel se déroule la décision en se focalisant sur la reconnaissance par le décideur de la situation décisionnelle (Klein, 1997). Les recherches de ce dernier ont montré que les préférences ne préexistent généralement pas dans l'esprit des individus mais se construisent au cours du processus décisionnel. Lesage (1999) a montré que la représentation modifie l'action ce qui signifie que la présentation du problème influence le processus de construction des préférences.

Endsley (2000), définit la situation du décideur comme la perception et la compréhension d'éléments de l'environnement à l'intérieur d'un volume spatio-temporel. Pour comprendre les processus et les stratégies des décideurs, il est nécessaire de connaître les exigences et les contraintes du contexte auquel ils appartiennent (Rasmussen, 1997). Pour Amalberti (1996), « le vrai problème de la compréhension n'est pas de construire une représentation mais de réactualiser correctement la représentation du contexte déjà disponible ». Cette compréhension résulte d'un compromis cognitif entre les exigences de la tâche et la nécessité de préserver les ressources cognitives (Brehmer, 1988).

Dans la présente étude, nous considèrerons la décision d'utiliser tel ou tel pesticide, et les choix de l'utiliser de telle ou telle manière, comme des constructions sociales et culturelles reposant sur un enchevêtrement complexe de facteurs qui interagissent entre eux.

Les processus cognitifs et les processus décisionnels sont parfaitement adaptés à la compréhension et l'explication de la construction du processus décisionnel en matière d'usage des pesticides par les maraichers.

Dans une exploitation maraichère, tous ces cheminements de prises de décisions à la fois simples et complexes peuvent s'y retrouver. Ainsi, l'anthropologie par son approche holiste permettra de prendre en compte l'ensemble des facteurs qui influencent les choix et les décisions. Il s'agira premièrement, d'une part, des processus cognitifs intervenant en amont de la décision, et notamment des représentations culturelles des ravageurs, des pesticides, en particulier de leur efficacité et des risques liés à leur usage. L' approche retenue s'intéressera dans un second temps aux éléments qui interfèrent avec les processus décisionnels, notamment avec ce cheminement complexe reposant sur des logiques variées et enchevêtrées, passant par une série de microdécisions permettant d'aboutir in fine à la décision. Il importera notamment de comprendre comment le processus décisionnel s'inscrit dans l'enchevêtrement complexe des relations sociales de chaque individu.

Enfin, l'anthropologie apparaît particulièrement pertinente pour aborder ces questions du fait de son approche émique, de sa posture compréhensive des acteurs sociaux, permettant de comprendre en profondeur les logiques des maraichers. Notre préoccupation dans le cadre du présent travail de recherche est donc de comprendre comment les maraichers prennent leur décision en matière de choix des pesticides et de leurs pratiques d'usages.

3. HYPOTHÈSES

- Les facteurs de décision sont multiples et hétérogènes.

- La globalité du travail quotidien du maraicher interfère dans sa prise de décision en matière de choix et d'usage de pesticides.

- Les réseaux sociaux et les relations sociales préexistantes influencent la prise de décisions du maraicher.

4. OBJECTIFS

- Réaliser une monographie du site de Sèmè-Kpodji, spécifiquement son historique, les acteurs institutionnels qui y interviennent, les maraichers qui y travaillent et leurs activités.

- Décrire les représentations sociales des ravageurs, des maladies des plantes et des pesticides.

- Répertorier les pesticides utilisés et leurs usages par les maraichers sur le site de Sèmè-Kpodji.

- Décrire les facteurs influençant les décisions de choix, d'achat et d'utilisation des pesticides par les maraichers de Sémè- Kpodji.

5. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

Représentation sociale

La représentation sociale est une forme de connaissance socialement élaborée et partagée qui a une visée pratique et qui concoure à la construction d'une réalité qui est commune à un ensemble social (Jodelet, 1997). Cette forme de connaissance se distingue, entre autres, de la connaissance scientifique, mais elle est un objet d'étude tout aussi légitime que cette dernière en raison de son importance dans la vie sociale, de l'éclairage qu'elle apporte sur les processus cognitifs et les interactions sociales (Jodelet, 1994). On reconnaît généralement que les représentations sociales, en tant que systèmes d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres, orientent et organisent les conduites et les communications sociales. Elles interviennent aussi dans des processus aussi variés que la diffusion et l'assimilation des connaissances, le développement individuel et collectif, la définition des identités personnelles et sociales, l'expression des groupes, et les transformations sociales (Jodelet, 1997). Les représentations sociales sont abordées à la fois comme le produit et le processus d'une activité d'appropriation de la réalité extérieure à la pensée et l'élaboration psychologique et sociale de cette réalité (Jodelet, 1994).

Selon Moscovici (1972), les représentations sociales sont un système de valeur, d'idées et de pratiques qui a principalement deux rôles, soit d'établir des règles qui permettent aux individus d'être guidés et de maintenir un contrôle dans leur vie quotidienne soit d'offrir un code qui classifie les objets, les gens et les événements, ce qui facilite la communication entre les individus.

Les représentations sociales sont à la fois stables et mouvantes, rigides et souples. Elles sont stables et rigides parce qu'elles sont déterminées par un noyau central profondément ancré dans le système de valeurs et partagé par les membres du groupe et elles sont mouvantes et souples parce qu'elles sont aussi nourries des expériences individuelles. En général, le noyau central est stable tandis que les éléments périphériques peuvent être transformés. La transformation réelle et effective d'une représentation ne s'opère que lorsque les éléments du noyau central eux-mêmes sont remis en cause (Abric, 2003).

Les représentations sociales ont habituellement quatre fonctions. Elles ont tout d'abord une fonction de savoir puisqu'elles permettent de comprendre et d'expliquer la réalité, une fonction identitaire, car elles définissent l'identité et permettent la sauvegarde de la spécificité du groupe. Elles ont également une fonction d'orientation, car elles guident les comportements et les pratiques et finalement elles ont une fonction justificatrice, car elles permettent de justifier les prises de position et les comportements (Abric, 2003).

Il sera question dans le cadre de ce travail de recherche, d'étudier les représentations sociales des ravageurs, des maladies qu'ils engendrent, des pesticides et leur efficacité.

Le pesticide, un objet matériel et social

Dans la perspective de l'anthropologie du médicament, l'objet médicament n'est plus seulement considéré pour sa simple action pharmacologique. Sa dimension sociale est désormais mise en évidence. Les médicaments sont appréhendés dans ce champ de recherche sous deux angles ; d'abord en tant que substances. Ensuite, comme dotés du pouvoir de transformation sur les sociétés humaines (Van Der Geest & Whyte, 1988). Au delà du simple objet pharmacologique à finalité biologique, le médicament est analysé dans sa dimension sociale et symbolique en tant que porteur d'enjeux sanitaires, économiques, culturels et sociaux, mais aussi comme support de stratégies individuelles et collectives.

« Ainsi défini, les médicaments, en passant d'une personne à l'autre dans le cadre de leur production, leur distribution et leur utilisation, apparaissent comme des objets d'échange ; comme objets, ils ont également une vie. Cette vie sociale du médicament implique qu'il passe d'un contexte de production, de sens, et de gestion, vers un autre, celui de son utilisation. La vie sociale des médicaments s'exprime également à travers les effets perçus de leur efficacité, les attentes qu'ils suscitent, et toutes ces dispositions sont culturellement marquées de différentes façons » (Bila, 2011).

Dans ce travail, les pesticides seront considérés comme un objet doté d'une action perçue ou attendue par les maraichers qui l'utilisent. Ainsi, les manières dont les maraichers se représentent les pesticides, les conditions sociales, économiques et culturelles de leur accès à ces produits et l'usage qu'ils en font, nous apparaissent pertinents pour comprendre le sens de l'usage que les maraichers qui utilisent ces produits leur attribuent.

6. LE CADRE DE L'ÉTUDE : LA COMMUNE DE SÈMÈ-KPODJI

Situation géographique

Située entre les parallèles 6°22' et 6°28' de latitude Nord et les méridiens 2°28' et 2°43' de longitude Est, la Commune de Sèmè-Kpodji est située dans le département de l'Ouémé, au sud-est de la République du Bénin sur la côte atlantique. Elle s'étend sur une superficie de 250 Km², soit 0,19 % de la superficie de la République du Bénin. La commune de Sèmè-Kpodji est limitée au Nord par la ville de Porto-Novo et les Aguégué, au sud par l'Océan Atlantique, à l'est par la République Fédérale du Nigeria et à l'ouest par la ville de Cotonou9(*). (Afrique Conseil, 2006).

Schéma de présentation de la commune de Sèmè-Kpodji et localisation approximative de VIMAS par une ceinture baron

Source : Google et modifié par ABDOULAYE

Relief

Sèmè-Kpodji est une plaine côtière enchâssée dans un complexe d'étendues d'eau (Océan Atlantique, lagune de Porto-Novo, fleuve Ouémé et lac Nokoué). Le relief très bas varie par endroit entre 0 et 6 mètres d'altitude. Il est majoritairement composé de marécages, de sables fins inaptes aux activités agricoles et de plans d'eau. La superficie cultivable représente 39,5 % de la superficie totale de la commune (Afrique Conseil, 2006).

Climat

La commune de Sèmè-Kpodji bénéficie d'un climat soudano-guinéen caractérisé par deux saisons sèches (décembre à février et août à septembre) et deux saisons pluvieuses (avril à juillet et octobre à novembre). La température moyenne est de 27° C avec une humidité relative élevée. L'influence du vent côtier sur le climat crée souvent des perturbations cycliques qui font de la commune de Sèmè-Kpodji, une des zones les plus arrosées du Sud Bénin avec une moyenne pluviométrique dépassant annuellement les 1100 millimètres de précipitations (Afrique Conseil, 2006).

Hydrographie

Coincée entre le complexe mer, lac et lagune, Sèmè-Kpodji bénéficie d'un réseau hydrographique favorable aux activités de pêche. Il s'agit de la lagune de Cotonou qui en s'élargissant forme le lac Nokoué (14 000 hectares). Elle communique par le canal de Toché avec la lagune de Porto-Novo qui se prolonge à l'Est jusqu'à Lagos au Nigeria créant ainsi une forme de réservoir d'eau douce (Afrique Conseil, 2006).

Végétation

La zone de Sèmè-Kpodji appartient au secteur phytogéographique guinéen côtier à végétation rase, clairsemée, formée essentiellement d'halophytes10(*). La végétation est constituée d'arbustes et d'arbrisseaux denses parmi lesquels dominent le Zanthoxylum zanthoxyloïdes, le Chrysobalanus icaco et le Dialium guinéens. Du fait de l'action de l'homme (installation des cultures, recherche de bois de chauffe et constructions, etc.) cette végétation est en désuétude (Afrique Conseil, 2006).

Faune

La faune est très peu diversifiée aujourd'hui dans la commune et se réduit à quelques mammifères tels les aulacodes, les singes, les lapins, les lièvres, les rats, les écureuils. On y rencontre aussi de nombreux oiseaux tels que le guêpier, l'épervier, le pigeon vert, la tourterelle, le francolin, le héron etc. Il faut aussi signaler la présence des reptiles (lézard, python, couleuvre, vipère, cobra) et de nombreux insectes (Afrique Conseil, 2006).

Sols

Le site se situe dans une zone de sables marins formant un sol peu évolué où la prédominance de matériaux grossiers confère à l'ensemble un caractère filtrant très marqué. Ce sont généralement des terres chimiquement pauvres en potasse et en matières organiques avec un pH de l'ordre de 5 à 6. Toutefois, parce que bien drainés, ces sols conviennent le mieux a l'arboriculture de plantes telles : le filao, le teck et l'acacia (Mondjanagni, 1977).

L'agriculture

Les principales spéculations agricoles de la commune sont les cultures vivrières (manioc, maïs, patate douce, riz, niébé et arachide), les cultures maraîchères (tomate, piment, gombo, laitue, choux, carotte, grande morelle etc.) et les cultures de rente (canne à sucre, cocotier).. Les outils de travail sont surtout : la houe, le coupe-coupe, la hache, le petit matériel pour le maraîchage (arrosoir, râteau, sceau, binette, transplantoir, moto pompe etc.). La culture attelée (charrue, butteur etc.) est presque inexistante. La commune ne dispose que d'un seul magasin de stockage de produits vivriers construit par le Centre Régional pour la Promotion Agricole. On y rencontre 91 Groupements à Vocation Coopérative (GVC) et 28 Groupements Villageois.

Au niveau communal, il existe une organisation faîtière appelée « Union Communale des Producteurs (UCP) ». L'encadrement technique étatique pour la production agricole est assuré par le CeCPA. Les autres structures d'appui sont les ONG et les projets.

L'élevage

L'élevage à Sèmè-Kpodji est dominé par celui des porcs. Mais on y rencontre aussi des volailles, des bovins, des ovins, des caprins, des lapins et des aulacodes. Deux types d'élevage sont rencontrés : enclos et divagation. Il n'existe pas de zone de pâturage et l'alimentation des animaux se fait souvent sur les espaces herbeux sous les cocotiers. Le porc étant une source considérable de revenus des ménages, un soin particulier est apporté à son élevage. Les maladies couramment rencontrées sont la peste porcine, la peste aviaire, la gale, la trypanosomiase, la salmonellose, la peste des petits ruminants, la parasitose interne et la pasteurellose.

Pêche et pisciculture

La pêche et la pisciculture sont deux activités qui occupent la population de Sèmè-Kpodji. Elles se font dans tous les arrondissements et engendrent une ressource financière non négligeable dans le panier de la ménagère. Les types de pêche pratiqués sont : la pêche à la nasse, au filet, à l'hameçon, la pêche maritime, les trous à poisson, les étangs piscicoles. Les principales espèces pêchées ou élevées sont : silure, tilapia, crevette, écrevisse, raie, mollusques, crabes, sardinelle, bar, etc. L'existence de cours d'eau, des marais et bas fonds constitue l'atout naturel de cette activité.

Parmi les activités économiques menées dans cette commune, l'agriculture et plus précisément le maraichage occupe une place de choix. Le Village Maraichers de Sèmè-Kpodji (VIMAS) est le site où cette activité de maraichage se mène. Il sera question dans le chapitre suivant de présenter les conditions de création du site, les acteurs institutionnels en présence et les pratiques et techniques agricoles.

CHAPITRE II : DEMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

Le choix de la méthode d'étude à suivre lors d'une recherche dépend étroitement de la nature et des phénomènes à étudier. Ainsi, pour atteindre les objectifs assignés à notre étude et donner à ce travail de recherche une validité scientifique, nous avons opté pour une démarche méthodologique qui se présente comme suit :

1. NATURE DE L'ÉTUDE

L'approche inductive se révèle particulièrement adaptée pour appréhender notre objet et répondre aux questionnements développés. Cette démarche vise à éviter le piège entre terrain et théorie, pour privilégier la formule du grounded theory préconisant la génération de théorie à partir des données empiriques (Olivier de Sardan, 2008).

Ce choix, qui est bien souvent celui de l'approche anthropologique, a été fait parce que la recherche porte sur la construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides. Or il s'agit en grande partie d'une recherche exploratoire sur un sujet encore peu abordé par les sciences sociales, notamment en Afrique. Il importe donc de laisser ouverte la possibilité que le terrain révèle des dimensions, des aspects, des éléments, auxquels nous n'aurions pas nécessairement pensé dans l'analyse préalable du problème. En outre pour tenter de comprendre comment les maraichers partent des perceptions et des représentations qu'ils ont des ravageurs, de l'efficacité des pesticides etc. pour opérer leurs décisions, l'approche qualitative convient la mieux pour mettre en exergue cet état de chose

2. LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE ET DOCUMENTAIRE

La recherche bibliographique nourrit les questionnements ainsi que les analyses théoriques et méthodologiques tout au long de la recherche. Dans le cadre de cette recherche, les ressources bibliographiques en ligne relatives aux sciences sociales ont été utilisées. La plupart d'entre elles sont d'accès gratuit ont permis de réaliser une grande part du travail de recherche bibliographique.

Les portails tels que revues.org, erudit.org, persée.fr ; les classiques des sciences sociales, les revues d'accès gratuit telle ethnographie.org, anthropologie et santé, face à face, les bases de données bibliographiques (Caïrn, JSTOR, Francis, Sciencedirect) ont été utilisés.

Dans un premier temps la recherche des références bibliographiques a été réalisée et dans un second temps la recherche des textes correspondant à ces références. Aussi une recherche en amont et en aval des publications a été faite. Le premier permet de remonter dans le temps vers les publications antérieures alors que le second permet de trouver les références postérieures à l'article par le biais des portails et des bases de données bibliographiques.

La plupart des textes qui ont retenu notre attention sont publiés dans des revues comme anthropologie et santé, Cahiers d'études africaines, Journal des africanistes, Journal des anthropologues. Les mots clés tels que « agriculture », « maraichage », « agriculture urbaine », « pesticides », « insecticides », « paludisme », « processus de décision », associés à divers noms de pays et de régions du monde ont été utilisés.

La recherche bibliographique témoigne du fait que notre objet de recherche a été très peu abordé par les anthropologues. Nous avons diversifié les mots clés pour trouver quelques articles intéressants pour notre recherche. Certains d'entre eux qui ne sont pas d'accès libre n'ont pu être téléchargés. Cependant, la lecture de leur résumé a été contributive pour notre recherche. D'autre part des mails ont été écrit à certains auteurs pour demander leur Tiré à Part mais aucune réponse favorable n'a été encore obtenue.

Outre le travail portant sur des références scientifiques, une recherche documentaire a également été conduite. Elle a consisté à parcourir les rapports d'ONG, des services de l'Etat, les publicités de pesticides, les articles de presses etc.

3. MÉTHODES ET OUTILS DE COLLECTES DES DONNÉES

La qualité des résultats dépend également des outils de collectes utilisés. Il importe donc de les utiliser judicieusement afin de réduire au maximum les biais.

Carnet de terrain

Le carnet de terrain occupe une place de choix dans la collecte de données en anthropologie. Ainsi plusieurs notes ont été prises dans la présente recherche pour nous servir d'aide mémoire et de repère. Elles ont permis de saisir le plus tôt possible des évènements, des propos d'acteurs sociaux, des observations afin de recueillir le plus fidèlement et le plus précisément possible des données de terrain, fugaces, inattendues ou qui ne pouvaient être recueillies par d'autres techniques (enregistrements audiométriques ou photographies). Lorsque certains informateurs ne se sentaient pas naturels avec la présence de l'enregistreur, des notes ont été prises durant et parfois après l'entretien. Les séances d'observations ont également été notées pendant l'observation ou immédiatement après. Les observations faites portaient principalement sur des interactions entre les maraichers, ou entre les maraichers et les clients. Enfin, le carnet de terrain servait également à noter les codes d'enregistrements associés à chaque nom d'enquêté.

Observations directes et participantes

Nous avons passé trois mois sur le site à faire l'immersion, à observer sans véritablement commencer à administrer le guide. Ceci nous a permis de gagner la confiance et l'empathie que tout chercheur doit rechercher dans une relation ethnographique.

L'observation directe a été utilisée à plusieurs reprises dans le cadre de la présente recherche. En tout, nous avons observé les maraichers et d'autres acteurs sociaux sur le site pendant plus de 150 heures, que ce soit pour l'organisation de leur travail, les interactions entre eux d'une part, les clients ou les vendeurs de pesticides d'autre part. Nous avons attaché une attention particulière aux moments de préparations des pesticides, notamment sur les dosages recommandés et ceux faits par les maraichers. Nous avons également observé l'épandage des pesticides lors des traitements préventifs et curatifs. L'aspect physique des plants induisant le traitement a été visualisé.

L'investigation menée auprès des vendeurs de pesticides nous a permis d'observer, de noter et de décrire les interactions entre les maraichers et les vendeurs, la façon des maraichers d'exposer leurs problèmes et les réponses apportées par les vendeurs.

L'observation qui a généré à la fois le plus d'informations et demandé le plus d'investissement, est l'observation participante. Nous avons en effet participé aux activités de maraichage tels que le labour, le semis, le désherbage, ou encore l'arrosage. Celle-ci a consisté à nous rendre tous les deux jours chez un maraicher et à passer environ 3 heures à travailler avec lui. Nous avons ainsi réalisé plus de 400 heures d'observations participantes. C'est au cours de ces activités que les discussions ont été intenses. Compte tenu du nombre important de maraichers sur le site, c'était quasi impossible de mener les activités de maraichage avec tous les maraichers. L'équation difficile à résoudre était de décider avec qui travailler pour ne pas faire des jaloux et des mécontents. Notre manière d'agir afin d'intensifier notre présence sur le site fut chaque jour de passer saluer le maximum de personnes et de discuter quelques minutes au moins avec tous les maraichers croisés dans la journée même lorsqu'ils n'étaient pas programmés pour un entretien ou une séance d'observation ce jour là.

Entretiens non directifs, semi-structurés

L'entretien individuel semi-structuré, est la forme d'entretien qui a été la plus utilisée au cours de la présente recherche. D'une durée moyenne d'une heure, ces entretiens se sont déroulés essentiellement en langue fongbé et en goungbé. Ils ont été conduits au moyen d'un guide d'entretien détaillé, élaboré au préalable avant le commencement du travail de terrain. Plusieurs guides ont été élaborés, l'un bien évidemment en direction des maraichers, mais également pour leurs clients et les vendeurs de pesticides. Pour d'autres personnes comme les agents des services de l'agriculture, des acteurs institutionnels investis dans le domaine de maraichage, des membres d'ONG ou des chercheurs (INRAB, Cirad) les entretiens étaient préparés les jours précédents l'entretien en fonction des données déjà collectées et des questions soulevées par le travail de terrain préalable. Par ailleurs, ces entretiens ont été particulièrement interactifs, certaines des réponses apportées exigeant la reformulation immédiate de nouvelles questions pour bien comprendre ou pour approfondir un sujet. Les entretiens avec les maraichers et leurs clients pour la plupart du temps ont été fait sur le site. Les autres ont été entendus sur leur lieu de travail ou à leur bureau. Les thèmes qui ont été abordés sont les pratiques agricoles, les insectes et leurs nuisances, le choix et l'usage des pesticides, les maladies humaines et la santé, en particulier le paludisme et les éventuels symptômes ressentis imputés à l'usage des pesticides.

De manière à retranscrire intégralement et fidèlement les propos, la plupart de ces entretiens ont été enregistrés. Nous expliquions à nos informateurs que l'usage de l'enregistreur faciliterait la conduite de l'entretien. La plupart ont accepté ces conditions de réalisation des entretiens. Néanmoins, certains demandaient à des moments donnés, en plein milieu de l'entretien, d'arrêter d'abord l'enregistreur pour parler de sujets sensibles. Certains entretiens ont été également interrompus momentanément parce qu'un client voulait faire des achats de produits maraichers. Tous les entretiens ont été faits sur rendez-vous. Les premiers ont été presque toujours décommandés au dernier moment, voire annulés sans nécessairement que nous en étions prévenus. C'est généralement au deuxième ou au troisième rendez-vous que l'entretien pouvait effectivement se dérouler. Ces entretiens ont été itératifs, fractionnés et donc avec des entrevues répétées une à quatre fois par personne en fonction de leur disponibilité. Le premier s'est généralement déroulé en position assise, dans un lieu choisi par le maraicher. Les suivants ont été réalisés sans enregistreur, le maraicher étant en activité sur son espace culture. Le carnet de terrain a donc été d'une grande importance. Par ailleurs, il existait une dimension non verbale lors de ces séances qui devaient également être prises en compte et donc scrupuleusement notée dans le carnet de terrain.

Au total vingt huit (28) maraichers sans distinction d'âge, de sexe et d'ethnie, un (1) agent de l'INRAB, un (1) agent du CIRAD, quatre (4) agents de CeCPA, trois (3) vendeurs de pesticides dont deux (2) en dehors du site et un (1) sur le site, deux (2) revendeuses de légumes, un (1) animateur du Programme de Formation et d'Intégration des Jeunes à l'Emploi (PFIJE) ont été interrogés. (Confère en annexe tableau N°5).

Capture d'images photographiques

La photographie s'impose parmi les méthodes de recherche et de compréhension en anthropologie. A ce titre, beaucoup d'images photographiques ont été prises sur le terrain. Tous les emballages de pesticides trouvés sur le terrain ont été systématiquement photographiés. Plusieurs images ont été faites de façon à lire correctement l'ensemble des écritures. Cette activité n'a toujours pas été facile, les pesticides utilisés n'ayant été ni homologués et ni autorisés pour l'activité de maraichage. Nous avons été donc confrontés à des réticences parmi certains maraichers.

L'autre intérêt majeur de la photographie sur un tel sujet est de pouvoir capturer des images relatives aux activités professionnelles permettant tout à la fois de prendre en compte simultanément, le cadre, les acteurs, les outils ou encore la gestuelle. Des photographies ont été réalisées à des occasions aussi diversifiées que le mélange et l'épandage de pesticides, le sarclage, les semis ou encore l'arrosage. Les lieux d'achat des pesticides et les séances de discussions entre le vendeur de pesticides et les maraichers ont été également photographiés.

Toutes ces images sans grande signification une fois extraites de leur contexte et des conditions de leur réalisation ont été commentées, décrites et analysées.

L'autre intérêt de cette méthode de recueil de données réside dans le fait que les photographies, une fois tirées sous format papier, peuvent être ensuite données aux maraichers sous forme de contre-dons dans le cadre de la relation d'enquête ethnographique, en particulier pour entretenir voire renforcer les sentiments d'empathie et de confiance développés au cours de la recherche. En tout, 105 images ont été réalisées au cours de nos travaux dont quelques unes ont été utilisées dans ce travail.

Toutes ces méthodes de recueil de données ont été menées conjointement et sont complémentaires les unes des autres. Elles ont toutes été menées en s'inscrivant dans l'approche compréhensive, émique de l'anthropologie et en respectant les personnes présentes sur les lieux d'enquête. Mais pour être exploitable, l'ensemble de ce corpus de données devait être traité et analysé.

4. ETHIQUE DE LA RECHERCHE

Les aspects éthiques ont été pris en compte dans cette étude. En effet, les entretiens ont été précédés de la signature d'une fiche de consentement éclairé par l'enquêté. De ce fait il lui a été expliqué au besoin en langue locale les objectifs du projet. Il a été aussi admis qu'un enquêté puisse avoir le droit de ne pas répondre à certaines questions et même de se retirer de l'étude. Si des refus de répondre à certaines questions ont été constatés, aucun retrait n'a été observé tout au long de l'enquêté.

En outre, il est connu de tous que les pratiques d'usage de pesticides ne respectent ni la réglementation ni les normes. La publication de ce type d'information pourrait éventuellement induire des préjudices envers les maraichers, que ce soit auprès des consommateurs ou auprès des agents de l'Etat chargés de faire appliquer les lois et les règlementations en vigueur. Une telle éventualité serait également préjudiciable à la relation d'enquête construite pendant des mois avec les maraichers. En effet, une part importante des informations que nous avons recueillies n'aurait pu être collectée si une relation de confiance ne s'était établie entre nous. Nous avons donc la responsabilité éthique d'éviter que les personnes ayant travaillé avec nous puissent subir un quelconque préjudice du fait de leur participation à la recherche.

Cette responsabilité impose déjà d'anonymiser les identités et de ne fournir aucune information qui puisse permettre d'identifier les personnes qui participent à l'enquête. Il importe de ne fournir dans ce mémoire et les publications ultérieures aucune information compromettante susceptible d'attirer une stigmatisation, des sanctions ou une exclusion sur l'une des personnes impliquées.

5. TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNÉES

Tous les enregistrements ont été entièrement affectés d'un code puis transcrits et traduits en français lorsqu'ils s'étaient déroulés en langue fongbé ou goungbé. Au total, nous avons enquêté 40 personnes, avec parfois un à quatre entretiens par personne. Si certains entretiens ont été enregistrés, d'autres ont été faits avec prise de note. Les entretiens enregistrés représentent 1440 minutes (soit 24h00) de discussions avec les personnes enquêtées.

Beaucoup d'entretiens ont été transcrits par un transcripteur, les autres par nous-mêmes. Par contre, nous avons vérifié au fur et à mesure la qualité de la traduction et de la transcription. Le travail de transcription a nécessité 14 à 16 heures de transcription par heure d'entretien, soit environ 360 heures de travail à raison de 8h de travail équivalent temps plein par jour, c'est-à-dire 45 jours. En prenant la police Times New Roman en taille 11 avec une interligne de 1.25, le volume des entretiens transcris représente 750 pages.

Par ailleurs, les données issues du carnet de terrain et des observations ont été transcrites sur un logiciel de traitement de texte.

L'analyse qualitative est considérée ici « comme une démarche discursive de reformulation, d'expression ou de théorisation des phénomènes sociaux et humains complexes. La logique à l'oeuvre participe de la découverte et la construction du sens. Elle ne nécessite ni comptage, ni quantification pour être valide, généreuse et complète, même si elle n'exclut pas de telles pratiques » (Paillé & Mucchielli, 2008). La recherche de sens à partir des discours retranscrits, permettra d'en extraire les principales idées et de les analyser.

L'importance de notre corpus et la durée de la collecte des données nous ont dissuadés de l'utilisation de la traditionnelle « analyse manuelle sur support papier »11(*). Certaines difficultés connues comme la fréquente rigidité des règles d'application, la hiérarchie généralement obligatoire des opérations, la nécessité d'un apprentissage préalable, etc. (Paillé & Mucchielli, 2008) et les difficultés pour accéder à une formation, nous ont fait écarter le recours à des logiciels spécialisés (du type Nvivo, Modalisa, etc.)

A partir de quelques initiations, d'ouvrages consultés en analyse qualitative, notamment ceux de (Paillé, 1996 ; et Mucchielli, 2008), nous avons opté pour une technique informatique de dépouillement et d'analyse thématique des données sous Word. En effet, l'analyse thématique des données passe d'abord par le tri thématique des données. Les entretiens, le carnet de terrain, les observations une fois retranscrits, ont été relus, et les extraits d'entretiens pour chaque thème de la grille ont été transférés par copier/coller dans un fichier thématique Word (un fichier Word par thème de la grille d'analyse). Pour chaque fichier thématique, les données ont été ordonnées puis enrichies des données bibliographiques recueillies sur ce même thème. Une analyse par thème utilisant les concepts de l'anthropologie a été faite en fin de fichier thématique.

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET INTERPRETATION DES DONNEES

CHAPITRE III : AU VILLAGE MARAICHER DE SEME-KPODJI (VIMAS)

Il est question de faire dans un premier temps l'historique de la création du site et son mode de fonctionnement actuel, et dans un second temps exposer la connaissance des maraichers sur les ravageurs, les maladies des plantes et les pesticides.

1. HISTORIQUE DE VIMAS

Le village maraicher de Sèmè-Kpodji est le site où les maraichers de Cotonou et ceux de Sèmè- Kpodji s'installent progressivement. Ce site a été octroyé suite aux séries de problèmes fonciers dont les maraichers de Cotonou ont été victimes. En effet, la quasi-totalité des sites de maraichage à Cotonou appartient soit à une structure multinationale (le cas du site de Houeyiho, appartenant à l'ASECNA), soit à des privés soit à l'état béninois (cas du site de la coopérative des maraichers des cocotiers que l'état a cédé en partie pour la construction du siège de la Banque Mondiale au Bénin). Les différents propriétaires n'acceptant jamais d'accorder une autorisation écrite d'exploitation aux groupements maraichers concernés, la production se réalise dans un contexte de menace permanente, de délocalisation ou de cessation d'activités. Les maraichers de Cotonou ont encore en mémoire l'âpre souvenir de la fermeture en 1995 du périmètre maraicher de Houeyiho par l'ASECNA lors du 4e sommet de la francophonie. Il y a aussi la destruction sans dédommagement de plus de deux (2) hectares de cultures maraichères en face de Bénin Marina Hôtel. Cet état de chose, constitue un obstacle pour les maraichers dans l'obtention de micro-crédits et ne les encouragent pas non plus à investir dans leur activité (Déguénon, 2000).

C'est tenant compte de toutes ces difficultés que des démarches ont été menées en 1999 par l'union communale des producteurs de Cotonou auprès des responsables du ministère de l'agriculture afin de bénéficier d'un espace de culture plus vaste et plus sécurisant. En amont de ces démarches, un séminaire a été organisé en octobre 2000 avec l'appui de certains partenaires au développement et structures étatiques. On peut citer le Programme de Professionnalisation de l'Agriculture au Bénin (PPAB) ayant pour mission le renforcement des capacités des Organisations Paysannes et de leurs responsables qui a été d'une grande utilité sur les points afférents à la constitution et le fonctionnement des groupes de réflexions, les travaux de prospection des terres. Egalement, la GTZ (Gesellschaft für technische Zusammenarbeit), ou la «Coopération technique Allemande», qui est une organisation sans but lucratif appartenant au gouvernement fédéral Allemand a apporté un soutien financier pour l'organisation du séminaire et aussi la délimitation et le morcellement de 250 hectares. L'Institut Africain de Gestion Urbaine (IAGU) qui est une ONG internationale  spécialisée dans la recherche-développement, l'appui technique, la formation et l'information ; et la Chambre Nationale d'Agriculture du Bénin (CNAB) qui est l'institution consulaire de représentation permanente des intérêts agricoles auprès des pouvoirs publics et des organismes d'appui (Etat, Collectivités territoriales, Partenaires au développement du secteur agricole et rural) ont été très utiles par leurs actions d'information, de formation et de sensibilisation.

Toute cette effervescence a conduit à l'octroi d'un domaine de 400 hectares par l'Etat à Sémè-Kpodji par un arrêté ministériel fixant les conditions d'exploitation du site en 2002 sans préciser la durée du bail (Déguénon, 2000).

Depuis l'octroi du site, ce n'est quand 2004 que le domaine a commencé par être véritablement exploité par une centaine de maraichers avec la création du Village des Maraichers de Sèmè Kpodji (VIMAS). VIMAS est une association constituée de représentants de maraichers de Sèmè-Kpodji dont le bureau est composé d'un président, d'un secrétaire, d'une trésorière et d'un chargé de sécurité.

2. DYNAMIQUE SUR LE SITE DE VIMAS

Aujourd'hui le site est exploité sur une superficie de 50 hectares (voir localisation de VIMAS sur carte précédente) avec environ 200 maraichers. Plusieurs acteurs individuels et institutionnels y sont présents.

Deux catégories d'acteurs ont été principalement identifiées. Il s'agit des acteurs individuels et des acteurs institutionnels.

Les acteurs individuels

Nous pouvons distinguer plusieurs groupes d'acteurs individuels que sont les maraichers, les fournisseurs d'intrants, les distributeurs de produits maraichers.

Les maraichers regroupent des hommes et des femmes âgés de 17 à 62 ans. En provenance de diverses régions du pays (Sahouè, Goun, Adja, Yoruba, Mina, Fon, etc.), ils forment en conséquence un ensemble cosmopolite. Les données statistiques existantes auprès des responsables de VIMAS ne permettent pas d'apprécier avec précision leur effectif actuel.

Une typologie du point de vue de la formation permet de distinguer trois catégories de maraichers : ceux ayant reçu une formation technique d'au moins un an et les autres. La catégorie des maraichers techniquement formés rassemble des maraichers ayant suivi un cursus de formation spécialisée des centres, collèges et lycées spécifiques ayant pour vocation la formation agricole : Centre Songhaï de Porto Novo, Collège d'Enseignement Technique Agricole de INA (CETA), Lycée Agricole Médji de Sékou (LAMS) etc. Ils sont minoritaires.

D'autres maraichers ont pu se former grâce à différents projets d'insertion professionnelle des jeunes tels que le Programme de Formation et d'Intégration des Jeunes à l'Emploi (PFIJE) de l'ONG Associations des Personnes Rénovatrices de Technologies Traditionnelles (APRETECTRA).

Enfin les maraichers ayant suivi une formation pratique par apprentissage auprès d'autres maraichers plus expérimentés. Ils sont plus nombreux et n'ont pas pris par des filières officielles de formation décrites plus haut.

A propos des fournisseurs d'intrants, une seule structure agréée de fourniture d'intrants a été recensée lors de notre travail d'investigation dans la commune de Sèmè-Kpodji. Intitulé « Accueil Paysan », elle est spécialisée dans la vente de semences, de produits phytosanitaires et de petits matériels (pulvériseurs, binettes, etc.). Cependant, elle n'est pas la seule structure opérant dans la commune. Des fournisseurs ambulants spécialisés dans la vente de semences et de produits phytosanitaires et des boutiques situées hors de la commune mais bien fréquentées par les maraichers leur permettent de diversifier l'offre commerciale dans ce secteur d'activité.

Situé en aval de la production, on retrouve parmi ces acteurs à VIMAS, des grossistes, des semi-grossistes et des détaillants. Le nombre de ces commerçants est difficile à évaluer/préciser. Peu nombreux, les grossistes ravitaillent les marchés de Cotonou (Ganhi, Dantokpa, etc.), de Porto-Novo (Ouando, Ahouangbo, etc.), de Kraké et du Nigéria voisin. Ils marquent une nette préférence pour les produits de luxe (carotte notamment) et les légumes de grande consommation. Les semi-grossistes quant à eux, sont les plus nombreux et desservent surtout les communes de Cotonou et de Sèmè-Kpodji en produits maraichers. Ils achètent plus fréquemment aux maraichers les produits de grande consommation tels que la laitue, les légumes feuilles (grande morelle, amarante, basilic, vernonia), carotte, etc.

Le consommateur individuel constitue également une catégorie de client. En effet, en dehors des deux catégories suscitées, quelques consommateurs ultimes situés en bout de chaîne commerciale viennent directement s'approvisionner sur le site. Quelle que soit la nature du client, les produits sont généralement vendus sur planche, à crédit ou au comptant selon la nature des relations que ce dernier entretien avec le producteur.

Les acteurs institutionnels

Différentes institutions interviennent dans le maraichage dans la commune de Sèmè-Kpodji.

Le CeCPA, principale institution agricole publique au niveau communal est impliqué dans les activités de maraichage. Ses actions à l'endroit des maraichers sont essentiellement d'ordre technique. Les agents du CeCPA déployés sur le terrain apportent aux maraichers de la commune des appuis sous forme de conseils pour la production agricole. Aussi, le CeCPA approvisionne les maraichers en engrais.

Des instituts de recherche tels que l'Institut National de Recherche Agronomique du Bénin (INRAB) et l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) interviennent dans la recherche mais interfèrent souvent avec la production. Ils installent, dans le cadre de programmes de recherche, des essais de nouvelles techniques sur des sites de la commune (voir photo 1). Dans ce cadre, ils y organisent des campagnes de pré-vulgarisation et de vulgarisation de nouvelles cultures et technologies agricoles.

Photo 1 : Expérimentation de l'INRAB avec les filets anti-insectes sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Des projets gouvernementaux sous tutelle du Ministère de l'agriculture (PADFA, PADRO, PACER) apportent également des appuis matériels et financiers aux maraichers notamment dans l'aménagement des sites de production.

La Mairie de Sèmè-Kpodji oeuvre également pour la reconversion des jeunes sans emplois dans le maraichage. A ces jeunes, la mairie accorde des appuis matériels et financiers pour leur accompagnement.

L'ONG APRETECTRA, à travers le projet PFIJE, forme des jeunes en maraichage qu'elle installe sur le site VIMAS et leur octroie des microcrédits pour le fonctionnement. Elle intervient aussi dans la commune sur le projet Bionet-Agro, projet de pré-vulgarisation de la protection des choux par les filets anti-insectes. L'ONG déploie également des encadreurs sur le terrain pour le suivi-appui-conseil aux bénéficiaires.

L'ONG GREEN et l'AMAP-Bénin participent activement à la promotion d'un maraichage biologique aux côtés des producteurs en leur faisant adopter des technologies et pratiques plus respectueuses de l'environnement.

Le groupement des exploitants agricole (GEA), avec le soutien du Millennium Challenge Account (MCA), forme les maraichers sur les techniques de production, les appuie en matériel et en intrants maraichers sous forme de crédits que les bénéficiaires doivent rembourser. Mais, faute de suivi, le recouvrement des dettes a été difficile et les actions ont été interrompues.

Investissement et accès au financement

L'enquête de terrain a révélé que la plupart des maraichers financent leurs activités sur fonds propres, sur la base des relations familiales et commerciales. L'accès au financement pour l'investissement dans le maraichage est difficile. En effet, ce problème est l'un des goulots d'étranglement du secteur maraicher à VIMAS. En dépit du nombre de maraichers basés à Sèmè-Kpodji et la diversité des sites de production, seule l'institution de microfinance CLCAM avec un taux d'intérêt de 24 % l'an a été identifiée en tant que structure officielle de financement de l'agriculture dans la commune. Là encore, il faut noter qu'elle est loin de satisfaire la majorité des maraichers et que le taux d'intérêt qu'elle pratique est considérable. En effet, la CLCAM à l'instar de la plupart des structures de financement offre des produits très peu adaptés à l'agriculture (garantie, délai de remboursement, plafond de crédits, etc.) ; ce qui limite fortement leur accès. En dehors de la CLCAM, on peut aussi citer PFIJE qui en plus du volet formation et insertion, octroie de microcrédits à ces bénéficiaires.

Les principaux outils utilisés

En maraichage, de nombreux outils sont utilisés pour préparer le sol aux semis, pour la plantation, le désherbage et la récolte. A titre d'exemple, nous pouvons citer quelques-uns de ces outils. Le mètre sert à délimiter les planches ; le cordeau permet de mesurer les distances et de tracer les lignes bien droites pour semer, repiquer, établir les clôtures et délimiter les planches ; les piquets servent à marquer les limites des planches et les lignes de semis ; la serfouette sert à sarcler, à biner et à tracer les sillons ; la binette sert à biner et à sarcler ; la houe sert à retourner les sols légers ; le râteau sert à égaliser la terre sans la tasser et à nettoyer les planches ; l'arrosoir permet d'apporter de l'eau après le semis ; la machette sert à débroussailler et couper les arbustes ; le pulvérisateur permet d'effectuer les traitements phytosanitaires avec des pesticides du type `'concentré liquide'' ou `'poudre mouillable''.

Attribution des parcelles de cultures

La répartition des espaces de cultures est sous la responsabilité des membres du bureau de VIMAS. Dans le règlement intérieur de VIMAS, la superficie minimale qu'on peut octroyer à un maraicher est un huitième d'hectare moyennant un montant de 20 000 FCFA qui est versée à la comptabilité du bureau de VIMAS. De ce fait, le bénéficiaire de la parcelle n'a plus rien à payer ; il a un droit d'usage sur cette parcelle aussi longtemps que possible. L'obligation du bénéficiaire, est qu'il doit mettre en valeur la parcelle par des cultures. Toute parcelle inexploitée sur une période de trois mois est récupérée par le bureau. Mais ces dispositions du règlement intérieur ne sont pas appliquées à tout le monde. On constate que, selon que le maraicher soit natif de la commune de Sèmè-Kpodji ou non, ancien ou nouveau, membre du bureau ou non, les textes sont appliqués partialement.

Le site étant également un lieu commercial de produits maraichers, beaucoup de manoeuvres y sont observées. Une observation de la répartition des maraichers sur le site nous a permis de constater que les membres du Bureau de VIMAS possèdent les plus grandes superficies (2 à 5 hectares) contre (1/8 à 1 hectares) pour les nouveaux, et sont à l'entrée du site. Par contre, la plupart des nouveaux venus sont installés soit dans les zones inondables (voir photo 2) soit en profondeur non loin de la mer. Cet état de chose qui entraîne des frustrations dans le rang des nouveaux installés, profite aux membres du Bureau.

Photo 2 : Inondation en période de pluie sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

En effet, en période de pluie, on observe des inondations à certains endroits du site et les plants qui sont sur les parcelles non loin du site sont régulièrement asséchés par le courant marin.

Force de travail et main d'oeuvre

Sur les 28 maraichers interrogés, seuls 2 travaillent avec une main d'oeuvre familiale renforcée néanmoins par une main d'oeuvre externe. En effet, le recours à la main d'oeuvre extérieure et/ou entraide est fréquent et dépend de la taille de l'exploitation. Une entraide de voisinage a parfois lieu, le service rendu étant par la suite retourné à la personne lorsqu'elle en a besoin. Quelques échanges ponctuels de matériel sont aussi réalisés pour les travaux de labour ou en dépannages occasionnels. L'emploi de salariés agricoles permanents est rare ; la majorité des maraichers recourt au salariat temporaire, notamment en début de saison maraichère pour l'aménagement des planches. Dans ce cas, le travail est rémunéré selon la tâche réalisée et à la planche. Les femmes cultivant seules font plus souvent appel à cette main d'oeuvre temporaire pour réaliser les labours et les aider à l'arrosage, de même que les hommes travaillant seuls payent fréquemment des journaliers pour repiquer et sarcler les planches maraichères.

Les maraichers qui ont une activité extra-agricole leur permettant de disposer de revenus supplémentaires, emploient de la main d'oeuvre de façon plus régulière, pour préparer les planches en début de saison, mais aussi pour repiquer, sarcler ou arroser tout au long de la saison culturale. Ces salariés agricoles, qui travaillent comme journaliers, sont généralement de jeunes maraichers récemment installés possédant de petites superficies. Ils essaient alors de combler le manque à gagner en réalisant des tâches de journalier.

Plusieurs activités sont menées sur le site par les maraichers dont quelques-unes méritent d'être décrites pour mettre en exergue le temps que les maraichers y consacrent.

3. DESCRIPTION DE QUELQUES ACTIVITÉS A VIMAS

Préparation des planches

Avant que toute exploitation agricole n'ait lieu sur un terrain donné, et avant même que des planches n'aient été délimitées, il faut rendre le terrain cultivable. La préparation des planches est donc précédée d'un nettoyage préalable du terrain. Le terrain est débarrassé de son ancienne végétation. Cette opération est suivie d'un essouchage et d'un enlèvement d'objets pouvant constituer un obstacle au travail agricole, tel des cailloux, des détritus, etc.

Une fois le terrain rendu cultivable, il faut délimiter les planches. Les planches sont habituellement distinguées selon trois caractéristiques : sa largeur, sa longueur et son orientation (voir photo 3). Interrogés sur la constitution de ces planches, les maraichers enquêtés évoquent tous, les mêmes règles. La largeur des planches est fixée par la portée d'un arrosage manuel par un travailleur marchant sur la diguette12(*) « si les planches sont trop larges, on a du mal à atteindre toutes les plantes » [Pierre, 38 ans, maraicher à Vimas].

Photo 3 : Quelques planches sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

La longueur des planches est déterminée surtout par un facteur commercial. Pour le comprendre, il faut effectuer une transposition temporelle vers une période ultérieure à celle que nous décrivons ici, lorsque les cultures, arrivées à maturation, sont vendues aux femmes exerçant une activité d'achat en gros des productions maraichères pour les revendre ensuite au détail aux vendeuses des marchés. Les prix sont négociés avec ces acheteuses en gros et à la planche disent les maraichers. En effet, ils vendent généralement toute la récolte issue d'une même planche en une seule fois. Dans leur langage quotidien, ils utilisent d'ailleurs une synecdoque pour désigner le produit de leur travail agricole sur une seule planche lorsqu'ils le vendent : ils disent qu'ils vendent une planche13(*). Selon les maraichers, il est plus difficile de vendre l'ensemble de la récolte issue de grandes planches. « Si les planches sont trop grandes, on a du mal à les vendre » [Karim, 28 ans, maraicher à VIMAS]. Aussi, ils disent qu'il n'est avantageux de faire de grandes planches car le prix négocié ne sera pas proportionnel à la surface de la planche : « si j'ai une planche de 10 mètres vendue par exemple à 2000 CFA, celle de 20 mètres sera vendue à 2500 CFA la planche ; ce n'est pas avantageux » [Baké, 38 ans, maraichère à VIMAS].

Des planches plus petites existent en bordures de terrain et servent généralement de pépinières.

L'orientation des planches est choisie pour faciliter au mieux les déplacements pour leur arrosage. L'irrigation manuelle étant un travail long et pénible, les maraichers orientent les planches de façon à limiter lorsque cela est possible les difficultés de trajet entre la planche et le bassin servant à l'irriguer. Plus qu'une distance entre un bassin et une planche c'est le type de trajet qui joue : « il faut que le chemin, sur les diguettes, soit le plus court pour que ça prenne moins de temps » [Osséni, 30 ans, maraicher à VIMAS].

Les conduites de pépinières 

La pépinière est l'endroit où certaines plantes passent les premières semaines de leur vie. Elle sert à la multiplication ou à la reproduction des plantes. Les maraichers lui accordent le maximum de soins (ombrage léger, abris contre les vents violents, épouvantails contre les oiseaux, etc.). En effet, de la réussite de cette étape dépendent toutes les autres. En fonction de la spéculation, les semences peuvent être produites par eux-mêmes ou achetées. Les semences de carotte par exemple sont importées alors que celles de l'amarante sont récupérées grâce à leurs fruits. Les semis sont réalisés manuellement. Les pépinières sont arrosées quotidiennement, plusieurs fois par jour le plus souvent.

Le maraicher détermine la date à laquelle il estime que la pépinière peut être repiquée en fonction du stade de développement des plants de la pépinière. Le moyen d'évaluer est visuel. Juste avant le repiquage, la pépinière est arrosée pour faciliter le prélèvement des jeunes plants. Seuls les plants les plus vigoureux, sains et les mieux développés seront repiqués, les autres étant laissés en pépinières afin qu'ils continuent de se développer en vue des prochains repiquages. Il arrive parfois que certains maraichers soient en pénurie de pépinière et vont en chercher chez le collègue qui en possède. Cette pratique est courante sur le site. Les maraichers déclarent qu'ils donnent leurs pépinières dans l'espoir d'en recevoir des autres quand ils seront dans le besoin.

Repiquage et arrosage

Le repiquage suit généralement de très près la préparation des planches. Une fois prélevés au niveau de la pépinière, les jeunes plants sont immédiatement repiqués. La planche est généralement arrosée juste avant le repiquage pour humidifier le sol et ainsi faciliter l'activité en cours qui sera suivie presque immédiatement par un second arrosage. Le repiquage s'effectue manuellement à l'aide du pouce ; la racine et le bas de la tige sont légèrement enfoncés de 2 à 3 cm dans le sol ; les plantes sont disposées en ligne, rarement en quinconce. Cette activité réalisée très souvent dans la matinée, est menée par l'exploitant lui-même et les ouvriers.

Par ailleurs, la majorité des arrosages est réalisée manuellement. Deux options sont fréquemment observées. D'abord, à l'aide d'une motopompe, l'eau est recueillie dans un bassin préalablement construit à cet effet. Ensuite, l'arrosoir est utilisé pour prendre l'eau du bassin. La seconde option consiste à utiliser des pommettes (photo 4) fixées sur des raccords pour faire l'arrosage. En fait, les raccords sont reliés à des tuyaux qui sont à leur tour connectés à la motopompe qui y distribue de l'eau.

Photo 4 : Arrosage à l'aide d'une pommette sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Néanmoins 2 maraichers de notre corpus, font usage du tourniquet. Cette pratique qui est moins fastidieuse que l'utilisation de l'arrosoir et de la pommette, permet aux maraichers de gagner du temps en menant d'autres activités mais en contrepartie induit une consommation régulière du carburant. En effet, le débit d'eau fourni par les tourniquets est faible par rapport à celui de l'arrosoir ou la pommette disent-ils. Ceci a pour conséquence une durée d'arrosage plus élevé entraînant une augmentation de la carburation ; ce qui amène les maraichers disposant de tourniquet à associer l'arrosoir ou la pommette. « ...les tourniquets n'arrosent pas autant que la main ; pendant que vous utilisez le tourniquet pour arroser en deux heures d'horloge, vous obtenez le même résultat avec l'arrosage à la pommette en 30 minutes ; les tourniquets demandent plus de carburation... » [Sébastien, 25 ans, maraicher à VIMAS]. 

Par ailleurs, on observe qu'après que les maraichers aient fini de faire l'épandage, les pulvérisateurs sont nettoyés dans les bassins qui servent de rétention d'eau. Cette eau est ensuite utilisée par les revendeuses des maraichers pour le nettoyage des fruits, des tubercules et des feuilles (voir photo 5 et 6).

Photo 5 : Nettoyage de carottes avec eau du bassin sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Photo 6 : Nettoyage de concombres et grande morelles avec eau du bassin sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

L'arrosage est considéré par les producteurs comme la tâche la plus exigeante en temps et la plus contraignante. Réalisée au moins une fois par jour, voire plusieurs fois lors des grandes chaleurs et les premiers jours après le repiquage, elle ne peut être omise plus d'un jour sans endommager les cultures. Certains maraichers s'entraident pour l'arrosage de leurs cultures. L'arrosage est la première tâche réalisée chaque jour par les maraichers, dès leur arrivée sur le site autour de 7 heures du matin. Toutes les planches cultivées n'étant pas au même stade de développement, elles ne réagissent pas de la même façon au manque d'eau. C'est pourquoi les maraichers commencent en général par arroser les cultures les plus fragiles, qui supportent le moins le manque d'eau et le fort ensoleillement, à savoir les pépinières et les planches nouvellement repiquées.

Désherbage, sarclage et binage

Comme toutes les opérations culturales, le sarclage et le binage sont réalisés manuellement : le sarclage à mains nues et le binage à l'aide de binette. Afin de faciliter la tâche et de bien arracher les adventices avec leurs racines, pour qu'elles ne repoussent pas, le sarclage est généralement réalisé juste après l'arrosage quotidien, suivi d'un binage. Suivant la repousse des mauvaises herbes, 1 à 2 passages sont réalisés. Comme cette opération (voir photo 7) est exigeante en travail, les maraichers adaptent le nombre de passages à leur disponibilité en temps, leur surface et la main d'oeuvre présente sur l'exploitation.

Photo 7 : Désherbage sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

La fréquence et la régularité des sarclages et binages diminuent au fur et à mesure que la saison avance et que les cultures se succèdent sur les planches maraichères. Les désherbages successifs réalisés sur chaque parcelle depuis le début de la saison culturale diminuent le stock de graines adventices contenues dans le sol, diminuant ainsi, selon les maraichers, la pression des adventices, le nombre de sarclages et de binages effectués.

4. DES RAVAGEURS, DES MALADIES, DES PESTICIDES.

Avant de présenter les techniques et les pratiques de lutte contre les ravageurs et les maladies, il importe de comprendre au préalable les perceptions que les maraichers ont de ces deux facteurs importants de nuisance.

Ravageurs

La pression parasitaire est la contrainte majeure à laquelle est confrontée la production des légumes. Les agents responsables sont aussi bien des ravageurs que des maladies de toutes sortes.

Parmi les ravageurs, les plus importants sont : les insectes (criquets, pucerons, chenilles), les acariens et les nématodes. Dans la catégorie des insectes, les criquets sont ceux qui sont les plus redoutés car ils créent d'importants dégâts pouvant parfois aller jusqu'à la coupure des plants. « C'est comme le ciseau. Pour les autres insectes, j'utilise le produit et ils se calment, mais les criquets ne sont pas comme ça. Tu peux acheter un litre de Lambda maintenant et tu vas utiliser tout pour le criquet ; criquet là ! ça tue les gens ici ! » [Florence, 38 ans, maraichère à Vimas].

Les criquets proviendraient des mauvaises herbes qui sont dans les environs du site et seraient surtout réputés dans la coupure des feuilles de carotte. Ils détruisent les cultures souvent la nuit. Le produit utilisé pour lutter contre eux est « Lamdacal® » et son mode d'action est d'éloigner les criquets par son odeur forte. Une fois que cette odeur disparait, les criquets reviennent. Les désagréments que ces derniers créent aux cultures obligent les maraichers à arroser davantage afin d'accélérer la repousse. Or en situation normale l'arrosage est reconnu par ces professionnels comme une activité prenant la majeure partie de leur temps. Et donc le maraicher victime de la coupure de ses plants par les criquets consacre encore plus de temps dans l'arrosage.

Les papillons sont reconnus par les maraichers comme des ravageurs créant également beaucoup de dégâts. Ce sont des ravageurs qui d'après eux, sortent de nuit et pondent sur les feuilles des plants sur lesquelles ils se posent. Les oeufs à leur tour se transforment en chenilles et perturbent le développement des feuilles. « Il y a une sorte de toiles d'araignées sur la feuille au-dessous de laquelle se cachent les chenilles. Elles sortent la nuit pour faire des dégâts sur les plants et se cachent le jour. C'est lors de l'arrosage qu'il faut faire attention pour pouvoir les détecter » [Jacques, 34 ans, maraicher à Vimas].

Les chenilles pour eux sont des vers de couleur verte (voir photo 8). La laitue, le chou et la grande morelle sont les plus touchés (voir tableau 3 en annexe). Pour certains, les fientes de poules sont également responsables de la présence de chenilles dans le champ. Quand les fientes de poulets se décomposent, ils produisent également des chenilles disent les maraichers. Mais en réalité la décomposition des fientes ne produit pas des chenilles mais plutôt des vers, des asticots etc.

Photo 8 : Destruction des feuilles de la grande morelle par les chenilles sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Les acariens font partie des nuisibles les plus redoutés par les maraichers sur le site de VIMAS. « Sans vous mentir, le site de VIMAS me fait très peur, car c'est un site où il y a beaucoup d'acariens... sur ce site on pouvait ramasser quasiment des acariens... et ces acariens sont réputés comme étant des ravageurs contre lesquels beaucoup de produits ne sont pas efficaces, autant avoir des invasions de chenilles, de petits insectes..., les acariens, on a les produits on pulvérise et les produits n'ont aucun effet ; on ne peut pas parler de résistance parce que les produits n'ont jamais été efficaces contre eux » [ Agent de l'INRAB]. Ils sont perçus comme telle, à cause de leur rapidité de nuisance sur les plants et de leur capacité de résistance face aux produits de traitement. En effet, le nom de ce nuisible apparait dans tous les propos des maraichers. Ils distinguent deux catégories à savoir les acariens rouges et les acariens blancs. Les acariens rouges sont les plus craints parce qu'ils induisent des dégâts plus importants que les autres. Il ressort des entretiens que la tomate et la grande morelle sont les cultures qui seraient les plus attaquées par ce ravageur. « ...je sais que vous n'êtes pas agronome, mais vous savez quand-même tout ce qui est légumes exotiques ! Ces légumes là sont très attaqués, très attaqués, très attaqués parce qu'ils ne sont pas dans leur milieu normal, donc ce sont ces légumes qui ont tendance à être très-très pulvérisés par les maraichers parce que c'est ça qui donne...Ces légumes ont une valeur marchande assez élevée comparée à nos légumes traditionnelles, donc ils font tout et tout pour les avoir au bout » [Agent de l'INRAB]. Face aux problèmes qu'ils rencontrent, certains maraichers ont décidé de ne plus produire la grande morelle et la tomate. Néanmoins, quelques uns, déclarent que si le champ était bien entretenu, c'est-à-dire que les éléments nutritifs avaient été apportés à temps et les traitements respectés, il aurait été difficile à l'acarien de nuire aux cultures. L'acarien est visible à l'oeil nu et se loge souvent derrière la feuille disent-ils. Ce sont des nuisibles lorsqu'ils sont dans le champ, « ils piquent et ça gratte le corps ; les feuilles attaquées deviennent rouges et ne sont plus jolie à voir » [Orou, 25 ans, maraicher à VIMAS] (voir photo 9).

Photo 9 : Feuille de grande morelle attaquée par les acariens sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

D'après les discours des maraichers, l'origine de ce nuisible est incertaine. Il n'y a eu que des suppositions. Il a été fait cas dans un entretien d'une origine impliquant le vent de la mer qui est non loin du site, de l'air qui circule, ou encore de la proximité avec une forêt qui jouxte l'aire de maraichage à l'ouest.

La pression des ravageurs n'est pas homogène tout au long de la saison, il existe des périodes à risque. C'est le cas par exemple des acariens qui sont beaucoup plus fréquents en saison sèche.

Les maraichers de ce site ont de grandes difficultés pour qualifier les ravageurs en langues locales. Mais ceci ne s'explique pas par le fait d'une pauvreté linguistique dans la nomination des ravageurs en langues locales, mais plutôt une méconnaissance des maraichers car une investigation sur d'autres sites de maraichage et la revue de littérature nous démontrent le contraire. Ce constat pourrait s'expliquer par le fait que la plupart des maraichers du site de Sèmè-Kpodji ont grandi en zones urbaines. Les insectes sont sous l'appellation de Bibi et les vers wanvou. Ces nominations sont très englobantes. Néanmoins, même avec un mauvais français, ils arrivent à nommer les insectes à leur manière et à se faire comprendre.

Par ailleurs les maraichers de ce site ont une connaissance sémiologique des ravageurs et des maladies des plantes. Ils sont capables de décrire les insectes et de dire à travers l'aspect physique que présente la plante, si elle est attaquée par un criquet, un puceron, un acarien etc.

L'évocation des maladies

Les maladies des plants constituent des déceptions permanentes pour les maraichers. « Les maladies des plants sont nos principaux ennemis ici. Ce n'est pas facile notre métier. Il faut sarcler, biner, semer, arroser ; et ce n'est pas tout ! Non seulement, il te faut de l'argent pour acheter du carburant afin de pouvoir drainer l'eau dans le bassin, il te faut également l'argent pour les produits de traitements. Parce que, même quand la plante est en bonne santé il faut traiter pour prévenir les maladies. Mais malgré les traitements de préventions, il arrive très souvent que nos plants soient malades ; tout ça c'est sans compter ce que tu payes aux ouvriers » [Salomé, 36 ans, maraicher à VIMAS]. Tous les maraichers interrogés tiennent le propos de Salomé. Il faut un minimum d'investissement pour faire le maraichage. Le montant varie de 50.000 CFA à 400.000 CFA et est fonction de la superficie emblavée et des cultures faites. Alors, une fois les dépenses déjà engagées ils n'arrivent plus à renoncer en cas de maladies des plantes, et dépensent davantage dans l'achat des produits de traitement. Ainsi ils associent à la maladie la notion de sanction financière, coûts supplémentaires, perte.

Néanmoins, le terme de maladie ne contient pas que des évocations négatives. « Tu ne peux pas être maraicher et dire que tes plants ne seront pas malades, c'est impossible. Moi aussi je tombe malade, donc c'est naturel. La maladie est déjà là ! Donc il faut agir. C'est là aussi on voit qui est qui sur ce site...  » [Grégoire, 30 ans, maraicher à VIMAS]. Ces propos transparaissent à travers les entretiens de 15 maraichers. Nos séances d'observations nous ont permis de constater qu'il arrive que les maraichers échouent dans le traitement des plants. En situation d'échec ils peuvent soit changer de produits soit modifier le dosage ou la combinaison. Ainsi, les maladies sont l'occasion pour les maraichers de se remettre en cause, et de mettre au point de nouvelles combinaisons de traitements. Selon Dejours (2003), le travail n'est pas une activité qui sert uniquement à produire et à gagner de l'argent, il est également indispensable dans la construction de la personne. Le travail sert à s'épanouir, à développer et exprimer sa créativité, son intelligence. Si le rapport au travail peut s'envisager dans ses dimensions techniques ou économiques, il renvoie également à des dimensions personnelles, affectives et identitaires.

Les pesticides, usages et approvisionnements

Le principal moyen de lutte contre les bibi et les wanvou est l'utilisation de pesticides chimiques. Au total, 25 pesticides ont été dénombrés durant la période de collecte des données (confère Tableau n° 2 en annexe). Les dix premiers sont les pesticides recommandés pour la culture du coton par contre les dix autres suivants sont recommandés pour le maraichage. Les 5 derniers n'ont pu encore être classés comme étant des produits recommandés pour le coton ou les cultures maraichères.

La majorité des maraichers ne semblent pas avoir une grande connaissance du spectre d'activité des matières actives et des doses à utiliser en fonction des superficies à traiter. Ils répondent que la plupart des pesticides agissent vers les mêmes cibles, qu'il s'agisse de ravageurs ou de maladies. Cette méconnaissance est souvent imputable à l'utilisation abusive des produits. Si cet état de chose peut s'expliquer par le fait du niveau d'instruction très faible des maraichers, il y a aussi que les maraichers ne sont pas bien encadrés par l'Etat à l'instar des producteurs de cotons. En effet, pour la culture du coton, en plus de l'encadrement, les pesticides « adaptés » sont distribués par l'Etat aux producteurs sous forme de crédit remboursable après la récolte. Par contre, les produits homologués pour les cultures maraichères ne sont pas toujours disponibles dans les centres de promotion agricole et s'ils le sont parfois, leur coût est dissuasif. Les maraichers ne bénéficiant pas alors du même encadrement que les producteurs du coton, se retrouvent seuls faisant leur possible pour avoir de belles récoltes afin de les commercialiser.

La plupart des maraichers, c'est-à-dire 25 sur les 28 interrogés, affirment ne plus avoir une connaissance sur le mode d'action précis des produits qu'ils utilisent. « On ne maîtrise plus rien, les produits ne sont plus efficaces comme avant, finalement on ne sait plus ce qu'ils font exactement » [Phillipe, 28 ans, maraicher à VIMAS]. Et donc, ce qui est recherché, c'est le résultat ; peu importe le type d'emballage, la couleur et l'aspect du produit. Selon eux, pour renforcer l'efficacité du produit, il doit être utilisé en mélange. Cette pratique évite de faire plusieurs passages d'épandage et de ce fait permet de gagner en temps. L'épandage est fait souvent très tôt le matin ou le soir. La raison évoquée est que l'action du soleil ambiant associé au produit pourrait griller la plante.

Le plus difficile pour nous concernant l'usage des pesticides a été de trancher sur comment les mélanges de pesticides se font. « ...c'est une question compliquée hein ! je ne peux pas vous dire exactement comment je mélange mes produits, je ne peux pas... ça dépend du niveau d'attaque des plants, de la quantité de produit dont je dispose, des produits qui existent en ce moment sur le marché, de ma capacité financière... en tout cas sincèrement, ça dépend... » [Donald, 29 ans, maraicher sur le site de VIMAS]. Aucun des maraichers interrogés sur cet aspect n'a pu fournir d'informations précises. L'observation nous a permis de constater que, le même maraicher pour la même culture, en face du même ravageur, peut soit utiliser les mêmes produits à des doses différentes, soit utiliser carrément d'autres produits, soit faire d'ajout aux précédents. Néanmoins, même si on ne peut pas statuer sur les mélanges de produits, il y a les produits tels que « LAMDA FINER® 25 EC », « PACHA® 25 EC », « LASER® 480 SC » qu'on retrouve systématiquement dans tous les mélanges faits par 23 des maraichers enquêtés.

Les traitements des cultures sont réalisés à titre préventif et à titre curatif. Généralement pour la prévention, les traitements sont réalisés tous les 5 à 8 jours ; et à titre curatif tous les 2 à 3 jours selon le niveau d'attaque de la culture.

Un autre facteur déclenche également les traitements chez une dizaine des maraichers enquêtés. Quand mon voisin traite ses cultures, il faut que je le fasse aussi sinon mes cultures seront contaminées disent-ils. Cette perception résulte du fait que ces maraichers pensent que certains ravageurs ne meurent pas après traitement mais se déplaceraient. « Les acariens et les criquets ne meurent pas facilement, quand tu mets le produit, ils sont dérangés et ils se déplacent pour aller cher celui qui est à côté... » [Sèna, 32 ans, maraicher à VIMAS].

Les circuits d'approvisionnement au niveau local sont multiples. « Accueil Paysan » est la seule boutique de fourniture d'intrants (semences et produits phytosanitaires) à Sèmè-Kpodji. Ce lieu commercial ne fournissant pas des produits coton, les maraichers de VIMAS se rabattent sur les fournisseurs de Cotonou et les vendeurs ambulants pour s'approvisionner. En effet, la responsable de cette boutique est ingénieur agronome et donc consciente du danger de l'utilisation de ces produits en maraichage. En revanche les vendeurs de produits de traitement chez lesquels les maraichers vont s'approvisionner à Cotonou n'ont aucune connaissance scientifique sur les compositions des produits. Ils sont également des maraichers qui ont comme pratique de recruter les ouvriers sur leur site de maraichage. « Il est vrai que j'ai ouvert une boutique pour vendre les pesticides de maraichage, mais je n'ai jamais cessé de faire le maraichage. J'ai engagé des ouvriers expérimentés pour le faire mais je vais voir de temps en temps comment les choses évoluent ». [Agossou, 49 ans, vendeur de pesticides à Cotonou]. Les nouveaux produits avant d'être recommandés aux clients sont expérimentés sur nos cultures affirment les vendeurs.

Les vendeurs de ces produits affirment s'approvisionner surtout en Côte-d'Ivoire, au Ghana et au Togo. Lorsqu'ils doivent s'approvisionner au Togo, ils utilisent leurs motos pour faire le déplacement. Ils déclarent maîtriser des trajets afin de ne pas se faire déranger par les douaniers. En outre lorsque ces produits doivent quitter la Côte-d'Ivoire ou le Ghana, ils sont dédouanés et sont transportés par les grands bus qui font le trajet Côte-d'Ivoire- Ghana- Togo-Bénin. Il arrive parfois que ces produits soient saisis par l'une des douanes de ces frontières en cas de non dédouanement. Certes les vendeurs vont s'approvisionner à l'extérieur du pays mais il arrive aussi que des fournisseurs se déplacent vers eux. Ces fournisseurs viennent à la fois de l'intérieur (le nord) et de l'extérieur du pays (Côte d'Ivoire et Ghana). Ce sont surtout les produits cotons qui leurs sont livrés. « ... il y a même des pesticides qui sont stockés maintenant parce que ce n'est pas bon pour le coton et vous allez voir ça sur le maraichage très prochainement et des milliers de tonnes. Ce qui est dommage quand ils font venir ces produits, ils ne voient pas les conséquences parce que ça va ressortir. On nous a montré à la télévision plusieurs magasins remplis de produits, remplis d'endosulfan vous avez suivi ça non ! » [Agent de l'INRAB]. Il y a donc un détournement de produits destinés au coton pour le maraichage. Et puisque ces produits sont subventionnés par l'Etat, ils ne coûtent plus cher sur le marché informel. Ce qui explique en partie la présence de ces produits avec les maraichers.

CHAPITRE IV : PROCESSUS DE DÉCISION D'ACHAT ET D'UTILISATION DES INTRANTS

Ce chapitre traite d'une part des déterminants de choix du vendeur des intrants par les maraichers et d'autre part des déterminants de choix et d'usage des intrants. Il s'agit d'apporter des éléments de réponse à la question posée dans la problématique de recherche.

1. LES DÉCISIONS D'ACHAT DES INTRANTS : UN PHÉNOMÈNE COMPLEXE

Un système de croisement et de réassurance des sources d'informations

« ... avec la difficulté à laquelle nous sommes confrontés face au changement des pesticides, on ne peut pas dormir sous nos lauriers hein ! Si non c'est la catastrophe. Il faut être sociable afin de pouvoir discuter avec les maraichers de son site et d'ailleurs, participer aux réunions de groupement, discuter avec les vendeurs de pesticides. Si tu veux continuer à faire le maraichage, faut pas rester dans ton coin. Dans cette affaire là, même un ouvrier peux te sauver... ! Il n'y a pas de honte à demander ! Il faut demander la même chose à plusieurs pour être sûr quoi ! » [Natacha, 28 ans, maraichère à VIMAS]. Pour faire face aux inconnus qui entourent le choix des semences et des traitements, le maraicher recherche donc de multiples sources d'informations. Ainsi il se donne les moyens d'avoir accès aux sources d'informations en gardant de bonnes relations avec son voisinage au champ et les vendeurs de pesticides, en payant ces cotisations afin de participer aux réunions du groupement auquel il appartient. Nous pouvons constater qu'une seule source d'information n'est suffisante en soi, et que les maraichers, pour faire face à l'incertitude, croisent sans cesse leurs différentes sources.

En outre, le quart des maraichers accordent beaucoup d'importance à certaines sources qu'à d'autres. « Même après avoir demandé de conseils chez plusieurs, c'est ce que Tantapignon, le maraicher qui est au fond là-bas me dit que je fais généralement. Pour le moment je ne suis pas encore déçu. Je pense que c'est parce qu'il a fait une école professionnelle ... » [Marcus, 30 ans, maraicher à VIMAS]. « ...moi, c'est souvent les recommandations de Eric, l'ouvrier qui est juste à l'entrée du site là !, que je mets en pratique. Il est un peu âgé, environ la cinquantaine... ça fait 25 ans qu'il est dans le maraichage. C'est à cause de son expérience que son patron s'en sort si non... » [Ernest, 40 ans, maraicher à VIMAS]. « On gagne toujours quelque chose en participant aux réunions de groupements. J'ai quitté Cotonou pour m'installer sur le site de VIMAS, mais je suis toujours restée membre de mon groupement. C'est pareil pour tous ceux qui sont venus de Cotonou pour s'installer ici. C'est un creuset où les maraichers de Cotonou et de VIMAS partagent leurs expériences. Moi ! C'est souvent à cette occasion que j'obtiens des recommandations » [Adizath, 30 ans, maraichère à VIMAS]. Ceci concorde avec les travaux de Saad et Russo (1996) qui montrent que le procédé séquentiel du processus décisionnel n'implique pas que toutes les informations consultées soient nécessairement utilisées.

En ce qui concerne la participation aux réunions de groupements, nous constatons que les multiples relations entre les membres du groupement tendent à rapprocher leurs manières de travailler. Ces occasions d'entraide ou de débat influencent les manières de travailler. En effet, dans ces situations d'incertitude et compte tenu des limites de l'expérience de l'observateur individuel, ces relations alimentent une confiance nécessaire (Nicourt, 2008).

Ces verbatims montrent bien les éléments sur lesquels certains maraichers se réfèrent pour prendre leurs décisions. C'est l'expérience du métier, c'est la formation professionnelle mais aussi le réseau professionnel auquel on appartient.

D'autres maraichers par contre ne se contentent pas de mettre en pratique les conseils ou les recommandations telles que reçues. « ...ça fait 10 ans que je suis dans le maraichage, néanmoins je demande conseils auprès de mes collègues, surtout ceux dont les récoltes sont souvent bonnes. Lorsque en plus de mes connaissances, j'ajoute pour les autres, j'arrive à m'en sortir ... » [Angelo, 32 ans, maraicher à VIMAS]. « Le mois passé, au moment où tout le monde se plaignait des acariens qui faisaient ravage dans les champs de tomates, Jacques a pu s'en sortir avec de très belles tomates, il était le seul à vendre la tomate cette saison là ! » [Bona, 25 ans, maraicher à VIMAS]. En effet, en ce qui concerne la moitié des maraichers interrogés, les informations orales sont toujours croisées avec du "visuel" et de l'information qui résulte du vécu et de l'expérience. Ceci rejoint les travaux de (Ford et Sterman, 1998) qui parlent de processus cognitifs entrant dans la décision. Nous constatons un processus de confrontation de l'information orale avec les autres. L'information orale est confrontée avec du visuel sur le site et est enfin validée par l'expérience vécue du maraicher. Il est nécessaire, pour qu'une information soit considérée comme fiable, qu'il y ait d'une part une constatation visuelle dans l'expérience.

Le contexte de la décision d'achat des intrants

Si les engrais de fertilisation (NPK et Urée) et les fientes de poulet sont restés toujours tels, ce ne fut pas le cas des pesticides disent les maraichers. L'ensemble de ces professionnels affirme être confronté à un changement très régulier des noms des produits qu'ils utilisent. « C'est très compliqué cette affaire de pesticide là ! Surtout nous qui ne sommes pas allés à l'école du blanc. A peine on commence par apprécier le produit, on ne le trouve plus sur le marché. C'est encore un autre qu'on nous présente... » [Donatien, 25 ans, maraichers à VIMAS]. Ainsi, les maraichers sont confrontés à l'évolution perpétuelle des produits de traitements ; ce qui provoque une remise en cause permanente de leur compétence. Sur les 28 maraichers interrogés, 8 ne sont pas scolarisés, 16 ont un niveau primaire et 4 un niveau secondaire. C'est ce que N'Dienor et Aubry (2004) attribuent à la rude sélection observée en milieu urbain face à l'emploi, qui pousse les jeunes non ou peu scolarisés (niveau inférieur au BEPC) vers le maraichage comme solution de repli. Ce profil de scolarisation, même s'il permet à certains d'entre eux de reconnaitre les produits physiquement, la reconnaissance des matières actives de ces produits posent problème. En effet, une lecture des notices des produits nous a aussi permis de constater qu'effectivement il y a des changements de noms commerciaux et les matières actives restent inchangées avec les mêmes concentrations. Par exemple les produits tels que CLEAR® 25 EC, SUNHLOTHRIN® 25 EC et LAMBDA FINER® 25 EC ont tous pour matière active lambda-cyhalothrin et de même concentration. Par ailleurs, il faut signaler qu'on observe également des changements de concentration de ces matières actives. Par exemple DUEL® 336 EC et POLYTRINE® 186 EC ont pour matière active une combinaison de cyperméthrine et de profénofos mais sont à des concentrations différentes.

Par ailleurs, l'incertitude sur le choix des semences est multiple. Ce qui est recherché est essentiellement le rendement, la précocité et la résistance aux maladies disent les maraichers. Ces derniers pratiquent tous la polyculture par sécurité, pour se protéger des risques de chute de rendement et pour faire face à l'incertitude des débouchés pour les récoltes et des prix de vente. « Je ne fais jamais une seule culture moi, d'ailleurs, aucun maraicher ne le fait. Je fais en même temps de la grande morelle, de la laitue, du chou, de la carotte. Si tu fais une seule culture et ça ne marche pas, tu es grillé ; il faut avoir plusieurs cartes si non ! Ah ! C'est la dérive » [Tintin, 25ans, maraicher à VIMAS]. En général, une variété de semence de référence est utilisée chaque année. La semence de référence est une semence que le maraicher connait bien et qu'il cultive depuis plusieurs années. Il s'assure avec cette variété un rendement optimum, rendement qui sert d'ailleurs d'étalon de mesure pour les rendements des nouvelles variétés. Nous relevons ici un mécanisme fréquent dans les prises de décisions par rapport à une nouveauté : une semence ou un produit bien connu sert de point de repère à partir duquel seront étalonnés, en positif ou en négatif, les résultats ou l'efficacité du nouveau produit. Pour certains et par moment, le choix se porte vers de nouvelles semences. Un tel choix témoigne de la capacité à prendre des risques sur de nouvelles variétés.

Au regard du discours des maraichers, on constate la place de premier choix que les maraichers accordent aux pesticides à coté des semences et fertilisants. « Il y a de nouvelles semences qu'on nous présente certes mais le changement n'est pas au rythme des pesticides. De même, quand il y a une nouvelle semence, l'ancienne ne disparait pas souvent, c'est très rare ça ! » [Darius 35 ans maraichers à VIMAS]. Aussi les trois quarts d'entre les maraichers déclarent « il y a pas de bonnes semences mais de bons produits. Ta beau avoir la meilleure semence du monde, si tu ne possèdes pas de bons produits, tu verras tes cultures attaquées par les ravageurs » [Sébastien, 25ans, maraicher à VIMAS].

Le choix d'un vendeur unique

Sur les 28 maraichers interrogés, 8 résident à Cotonou, 5 à Sèmè-Kpodji et 15 sur le site de VIMAS. Sur les 8 maraichers qui viennent de Cotonou, 4 ont un moyen de déplacement. La quasi-totalité des maraichers qui viennent de Cotonou ont des ouvriers et de ce fait, ils ne sont pas tenus d'être tout le temps présents sur le site. Ils communiquent souvent avec leurs ouvriers par téléphone et ne viennent que lorsque c'est nécessaire. Par exemple pour apporter des engrais chimiques et organiques, des semences ou des pesticides. En ce qui concerne ceux qui résident à Sèmè-Kpodji et VIMAS, ils ont respectivement 1 et 4 moyens de déplacement. Par ailleurs, sur 28 maraichers, seulement 2 affirment s'approvisionner à la boutique « accueil paysans » de Sèmè-Kpodji. Le reste s'approvisionne dans des boutiques à Cotonou. « C'est contre notre volonté que nous allons à Cotonou, on n'a vraiment pas le choix étant donné que c'est là-bas que nous trouvons les produits dont on a besoin pour traiter nos plants. » [Philippe, 28 ans maraicher à VIMAS]. On constate que très peu de maraichers résidants dans la commune possèdent un moyen de déplacement et doivent pourtant faire le déplacement sur Cotonou pour s'approvisionner. Malgré ces contraintes, une fois à Cotonou, comment le choix du fournisseur se fait-il ? 10 des maraichers interrogés affirment faire toujours leurs achats chez le même fournisseur depuis 7 ans. « ...moi, c'est patou tô ou rien hein ! Il connait ce monsieur là ! Et il est très humble. C'est un maraicher aussi donc il connait la souffrance du maraicher, de plus nous sommes des amis de longue date... le plus souvent, je prends les produits à crédit et je rembourse après mes ventes » [Jean Didier, 37 ans, maraicher à VIMAS] ; « Je vais le plus souvent m'approvisionner chez le fournisseur de Godomey, lui c'est mon cousin et je préfère lui donner mon argent qu'à un autre. Il vend certains produits en détails et ça m'arrange beaucoup. Ce que beaucoup de fournisseurs ne font pas » [Adolphe, 28 ans, maraicher à VIMAS] ; « Plusieurs fois, j'ai été confronté à des problèmes de ravageurs avec mes cultures. Par un coup de fil au vendeur de pesticides qui est à Cadjèhoun, j'ai décrit ce qui se passait avec mes cultures. A son tour, il m'a dit les produits que je devais utiliser et comment je devais faire le dosage...trois jours après, mes cultures se portaient bien » [Blandine, 30 ans, maraichère à VIMAS]. « Je fais trop confiance à Patou tô. Parfois je ne trouve pas le produit que je cherche chez lui ; mais cela ne veut pas dire que le produit n'existe pas ailleurs. Néanmoins je prends un produit de substitution qu'il me propose et jusque là, je ne suis pas encore déçu. C'est le résultat qui compte » [Florian, 32 ans, maraicher à VIMAS]. Ainsi, le choix du vendeur, peut être délibéré et lié à l'importance que le maraicher accorde aux relations personnelles et à l'établissement de rapports de confiance. Nous avons noté le rôle primordial que joue le vendeur dans le système d'information et de conseil du maraicher. Les maraichers qui choisissent de n'acheter qu'à un seul fournisseur estiment que l'important est d'établir une relation de confiance avec un vendeur. La fidélité résulte du service que le vendeur peut apporter : livraison sur le site, possibilité de négociation des prix, vente à crédit, conseil personnalisé etc. Ces maraichers estiment alors que s'ils sont bien servis, ils n'ont pas de raison de changer.

Le choix de plusieurs vendeurs

12 maraichers sur les 28 interrogés choisissent à l'inverse de travailler avec plusieurs vendeurs pour divers raisons. « C'est vrai que généralement, je m'approvisionne à Cadjèhoun ; mais si je ne trouve pas le produit que recherche à Cadjèhoun, je vais jusqu'à Godomey pour m'approvisionner. L'important pour moi c'est de trouver le produit que je recherche. » [Pierre, 38 ans, maraicher à VIMAS]. « Quand je constate au lieu d'achat que le propriétaire même de la boutique n'est pas présent, je me retourne pour aller à un autre endroit. Je me retourne très souvent quand c'est un produit de substitution que celui qu'il a engagé dans la boutique me propose. Le problème, c'est que, ces gens que les vendeurs (propriétaire de la boutique) engagent dans les boutiques ne sont pas compétents en conseil. Déjà trois fois de suite, j'ai suivi les conseils d'un de ces agents et toutes mes cultures ont brûlé. Depuis ce temps je me méfie beaucoup d'eux » [Alfred, 30 ans, maraicher à VIMAS]. « Il faut être très habile dans ce métier pour pouvoir s'en sortir. Quand tu es un client fidèle, certains vendeurs te comprennent et peuvent te laisser les produits à crédit. Mais si tu n'as pas soldé la dette précédente, tu ne peux plus avoir de produits à crédit chez celui là ! Et quand la situation se présente comme ça, nous sommes obligés d'aller chez un autre vendeur » [Narcisse, 29 ans, maraicher à VIMAS]. « Je réside sur le site et je n'ai pas un moyen de déplacement. Prendre « zémidjan » pour me rendre à Cotonou va me revenir très cher, alors je profite de l'occasion de ceux qui vont acheter pour faire aussi ma commande. Donc, c'est celui qui fait le déplacement qui décide d'où acheter les produits. Je n'ai vraiment pas le choix... » [Natacha, 27 ans, maraichère à VIMAS]. « Si les vendeurs étaient au même endroit, comme dans un marché par exemple, on pouvait nous amuser à faire des comparaisons de prix, ils sont malheureusement tous très distants l'un de l'autre. Quand tu regardes ce que le déplacement avec « Zémidjan » va te coûter d'un vendeur à un autre, finalement tu n'a pas le choix... seuls, ceux qui ont un moyen de déplacement le font souvent... » [Sèna, 35 ans maraicher à VIMAS]. On constate à travers ces extraits d'entretiens que plusieurs facteurs peuvent expliquer la variation du lieu d'achat des pesticides. Certains maraichers sont attachés aux produits qu'ils ont l'habitude d'utiliser. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ont une maîtrise du mode d'utilisation et une preuve d'efficacité du produit. Pour cette catégorie, le coût de déplacement importe peu.

La relation de confiance que le maraicher accorde au vendeur (propriétaire même de la boutique) est capitale dans le choix du lieu. En effet, les vendeurs de pesticides jouent également le rôle de conseil, ils ne se contentent pas seulement de la vente de leurs produits. Une observation des lieux d'achat nous a permis de constater que le maraicher pose son problème. C'est-à-dire qu'il décrit l'aspect physique de la plante qu'il veut traiter ; parfois amène une plante avec lui pour la présenter au vendeur. Ce dernier à son tour lui fait des recommandations. Généralement ces recommandations marchent affirment les maraichers. Nous avons constaté que plusieurs fois le vendeur a été félicité par des maraichers. Alors, qu'avec l'agent recruté par le vendeur, on n'a pas observé cette relation de proximité et de complicité.

Le manque de moyens financiers explique également la variation des lieux d'achats. Certains maraichers ne décident pas délibérément de changer de vendeurs. Ces derniers offrent des possibilités d'achat à crédit. Mais le principe est qu'il faille rembourser la dette précédente avant pouvoir bénéficier d'un autre crédit. On ne saurait dire si c'est par mauvaise foi ou véritablement un manque de moyen, mais on observe une stratégie de contournement qui consiste à aller chez un autre vendeur.

Par ailleurs, la possession d'un moyen de déplacement aide à la variation du lieu d'achat des produits. Il est plus rentable pour un maraicher de faire usage de sa moto que de prendre du Zémidjan. De ce fait, 6 maraichers parmi les 9 qui disposent d'un moyen de déplacement varient régulièrement les lieux.

Néanmoins ces maraichers ont un vendeur qu'ils fréquentent de façon privilégiée. Ils sont plus attentifs à ne pas être captifs, et ont un comportement plus autonome dans la recherche d'informations. L'analyse des lieux d'achat après plusieurs heures d'observations réaffirme l'importance des relations personnelles dans le processus de décision des maraichers.

2. LE CHOIX DES PESTICIDES CHIMIQUES : CE QUI INFLUENCE LE MARAICHER

Le prix est toujours rapporté à l'efficacité, et les maraichers n'achètent pas forcément les produits les moins chers. Ceci a été constaté lors de nos séances d'observations et relevé également dans le discours de certains maraichers. Le maraicher, une fois dans la boutique du vendeur, après les salutations d'usage, pose son problème. Le vendeur à son tour met les différents produits sur la table et donne les différents prix. Généralement, le produit le moins cher n'est pas pris. « Si tous les produits qu'on me présente sont nouveaux pour moi, je ne peux pas prendre le risque de choisir le moins cher » [Sébastien, 25 ans, maraicher à VIMAS]. Ainsi, pour minimiser les risques le maraicher préfère ne pas choisir le produit le moins cher. Il associe la qualité au prix. Par ailleurs, même si cela n'est pas fréquent, il arrive que des maraichers choisissent le produit le moins cher. Dans ce cas, le maraicher a déjà fait l'expérience du produit et il est sûr de son efficacité. Il a donc déjà fait son choix avant d'être en contact visuel du produit. Le prix apparait comme un critère de qualité du produit, d'où une certaine méfiance relevée chez quelques maraichers à l'égard de produits peu chers.

Mais il arrive aussi que le choix prédéterminé du maraicher soit influencé par le vendeur. « ...Le litre de « Alphacal » que tu demandes est à 7000 CFA mais il y a maintenant un autre produit « Supercal » à 8500 CFA le bidon d'un litre qui est trop fort, c'est le grand frère de « Alphacal ». C'est plus rentable pour toi de l'acheter. Juste un bouchon dans le pulvérisateur et c'est suffisant. Mais avec « Alphacal », il te faut deux bouchons. Tu vois donc toi-même... » [Alphonse, Vendeur de pesticide à Cotonou]. « Je suis en rupture de « Polytrine » mais j'ai « Duel ». Je te le laisse à crédit. Après utilisation tu viendras me rendre compte, c'est à 3000 CFA » [Tundé, vendeur de pesticide à Cotonou]. On note que d'une part, les vendeurs de pesticides utilisent une stratégie de marketing pour convaincre certains maraichers et d'autre part ils jouent également sur leur psychologie. Entre ces deux niveaux les relations personnelles et de confiances interviennent.

En plus du rapport efficacité-prix, et l'influence du vendeur, d'autres critères sont constatés. « C'est la forme liquide des produits que j'apprécie le plus parce que ça s'utilise plus facilement que les autres formes. On fait le mélange rapidement et le travail commence... Les produits en poudre donnent du travail supplémentaire. Il faut d'abord préparer la concentration soi-même avec tous les risques d'erreur et d'inhalation de la poudre... » [Grégoire, 30 ans, maraicher à VIMAS]. Il est difficile de mesurer l'importance de la forme du produit dans les critères de choix. Il semble qu'il n'y ait pas énormément de formes différentes pour un même produit. Néanmoins la forme liquide est beaucoup appréciée par tous les maraichers même si avec celle-ci, il y a des problèmes de stabilisation. En effet, certains produits ont tendance à précipiter, et s'ils ne sont pas bien agités, il en résulte des différences de concentration. La poudre quant à elle, est peu appréciée à l'emploi, car elle est volatile. Ses atouts sont sa praticité de stockage, sa stabilité (par rapport à un produit qui se dépose) et son efficacité.

Sur l'emballage des 25 produits relevés sur le site de VIMAS durant notre étude, (tableau 3 en annexe), il est écrit EC14(*) sur 18. « Moi, c'est par les chiffres qui précèdent le EC que je sais si un produit est efficace ou pas. Plus le EC est élevé, plus le produit est efficace, cela signifie que la concentration est forte » [Jacques, 34 ans, maraicher à VIMAS]. 10 autres maraichers tiennent également le même propos. Certes les « EC » indiquent les concentrations en gramme par litre de matière active mais la perception liée à l'efficacité n'est pas juste. Par ailleurs le « EC » veut également signifier que le produit ne doit pas être appliqué directement sur les plants mais qu'il devra être d'abord dilué dans l'eau avant épandage. En se référant au « EC » il arrive que certains maraichers se trompent. (Confère photos 10 et 11)

Photo 10 : Acaricide sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Photo 11 : Herbicide sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Par exemple DUEL® 336 EC traduit la composition de matière active suivante (Profénofos 300 g/l + Cyperméthrine 36 g/l) et ALLIGATOR® 400 EC traduit la composition de matière active suivante (400 g/l de Pendiméthaline). Bien que le « EC » du second produit soit plus élevé que le « EC » du premier, le premier est un acaricide et le second herbicide.

De plus, il convient de signaler que les pesticides coton sont beaucoup prisés par les maraichers (voir photo 12 et 13). Ceci se reflète dans les propos de tous les maraichers. « Tu sais mon frère, je ne vais pas te mentir. Si quelqu'un te dit qu'il n'utilise pas les pesticides du cotonnier sur ce site, c'est qu'il t'a menti. Sans ça, on ne peut pas se tirer d'affaire. Tu vois ce bidon par exemple, tu vas penser que c'est un pesticide recommandé pour le maraichage parce qu'il est dessiné tomates, carottes, oignons, sur l'emballage ; mais c'est le grand- frère qui est là ! Il extermine tout sur son passage. On camouffle parce que les gens du CeCPA viennent parfois faire des saisis » [Blandine, 30 ans, maraichère à VIMAS].

Photo 12 : Insecticide du cotonnier utilisé en maraichage à VIMAS

Source : ABDOULAYE

Photo 13 : Insecticide et acaricide du cotonnier utilisé en maraichage à VIMAS

Source : ABDOULAYE

Le coton n'étant pas un consommable alimentaire, les matières actives de ses produits de traitement sont plus concentrés. Les maraichers constatant des résistances avec les produits de maraichage utilisent davantage les produits du cotonnier avec lesquels ils ont satisfaction. Ce qui importe pour ces derniers, c'est le résultat, c'est-à-dire un aspect physique attrayant des fruits et des feuilles ; premier critère pour vendre ses récoltes. Cette perception va en contradiction avec les travaux de Bon (2010) qui montrent que le désir de produire des légumes sains est une motivation importante qui donne sens au travail et justifie un temps de travail supplémentaire pour des performances économiques moindres.

En outre, il convient de faire une escale sur les causes des résistances des ravageurs et de l'inefficacité des pesticides selon les maraichers. Ils sont tous unanimes sur le fait que beaucoup de produits qui étaient jadis efficaces, ne le sont plus aujourd'hui. « ... autrefois, le produit DIMEX était efficace sur les acariens, mais aujourd'hui il ne sert plus à rien. Je pense que c'est la politique commerciale des firmes hein ! Ils ne dosent plus correctement les produits » [Tintin, 25 ans, maraichers à VIMAS]. 11 des maraichers partagent ce point de vue contrairement à 14 qui ne comprennent pas le phénomène de résistance des ravageurs. Toutefois, les 3 maraichers restants comprennent parfaitement le phénomène. Ceci se traduit à travers les verbatims suivants « les ravageurs se sont habitués aux produits qu'on utilise, c'est pourquoi ça ne marche plus. C'est comme la nivaquine qui ne marche plus pour le paludisme aujourd'hui. Les produits et les ravageurs sont devenus des amis... » [Angelo, 32 ans, maraicher à VIMAS]. « Pour faire de l'économie, on diminue la dose normale des produits de traitement, je pense que ça peut créer la résistance des ravageurs aussi » [Adizath, 31 ans, maraichère à VIMAS].

La facilité d'usage des pesticides est un critère qui guide également le choix du maraicher sur le site de VIMAS. Dans le but d'amener les maraichers à un changement de comportement face à l'utilisation des pesticides chimiques, certains ont été sensibilisés et formés par des ONG à l'usage des produits biologiques et des filets anti-insectes. « On les a initié aux produits phytosanitaires dits biologiques tels que l'aille, les feuilles de neem, l'huile de neem tout et tout, des produits qui marchent mais ils pensent qu'avec ces produits là, il faut faire trois à cinq traitements supplémentaires, ils pensent qu'avec ces produits là, il faut plus de temps pour les préparer, il faut plus de temps pour les mélanger, ils n'ont pas ce temps là. Mais c'est un peu ce qu'ils vous disent aujourd'hui par rapport au filet anti insectes. Lorsque nous sommes fréquents sur le site, ils placent les filets. Mais quand on cesse d'y aller pour un temps, les filets sont jetés quelque part... » [Agent animateur ONG APRETECTRA sur le site de VIMAS]. « Les gens sont venus nous former à l'utilisation des produits biologiques et l'usage des filets anti-insectes mais sincèrement, c'est trop tracassant, ça nous fatigue et en fin de compte tu vends ton produit au même prix que celui qui a utilisé les produits chimiques » [Pierre, 38 ans, maraicher à VIMAS]. Ceci rejoint Stoll (2002) qui affirme que les pesticides biologiques (feuilles et graines de neem, feuilles de papayer), bien qu'efficaces et peu toxiques ne sont utilisés que par une petite proportion de maraichers. Cette non acceptabilité de la nouvelle technique peut s'expliquer d'une part, par le fait que tous les maraichers sur le site ne l'expérimentent pas au même moment pour entrainer un mouvement collectif ; et d'autre part, qu'il n'y a pas de consommateurs exigeants du point de vue de la qualité des cultures. En effet, la majorité des produits de maraichage sont achetés par les consommateurs au marché sans que ces derniers ne sachent les conditions dans lesquels ces cultures sont cultivées.

La recherche de relations sociales de reconnaissance identitaire ou de plaisir dans la réalisation des tâches peut conduire le travailleur à adopter des comportements non rationnels du point de vue technico-économique mais qui le sont si on prend en compte sa subjectivité. C'est le respect de cette subjectivité dans le travail quotidien qui permet l'épanouissement et la satisfaction au travail (Bon, 2010).

3. LE MANQUE DE TEMPS DU MARAICHER

Il ressort de nos entretiens et de nos observations que le maraicher ne se donne pas de repos. Le temps de son repos est juste le temps de faire la cuisine ou d'acheter quelque chose à manger. Le désherbage et l'arrosage sont en effet, deux activités qui occupent la majorité de leur temps. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque de temps : tout d'abord, le site est non loin de la mer et de ce fait la terre sur laquelle les maraichers mènent leurs activités est essentiellement sableux (voir photo 14).

Photo 14 : Le sol sableux de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Cette caractéristique du sol qui n'est pas favorable à la rétention d'eau, oblige les maraichers à arroser pendant plus de temps qu'il n'en faut. Alors, ne disposant pas pour la plupart d'un système d'irrigation automatique, cette activité leur prend 3 à 8h00 par jour en fonction de la culture et de la superficie. « L'arrosage est obligatoire. Même quand il pleut, tu dois parfois arroser ; ça dépend de ce que tu as planté. Par exemple, nous utilisons la fiente pour la fertilisation. Après la pluie, des débris de fientes se retrouvent sur les feuilles de salades et nous nous trouvons dans l'obligation d'arroser pour nettoyer les feuilles, sinon les feuilles vont pourrir et leurs valeurs marchandes seront en baisse.» [Florence, 38 ans, maraichère à Vimas]. « Ma parcelle de culture est non loin de la mer et ça fait que mes plants s'assèchent. Parfois quand vous goutez, c'est très salé... je suis obligé d'arroser régulièrement » [Karim, 28 ans, maraichère à VIMAS]. L'arrosage n'a donc pas que pour fonction de rendre humide le sol, mais également une fonction de lavage de la plante. L'assèchement des plants pourrait s'expliquer par la différence de concentration entre les deux milieux.

Par ailleurs, les maraichers accordent une place capitale à la propreté. Selon eux, le champ sans mauvaise herbe met en exergue la beauté de la culture et attire beaucoup plus le client. « Nous sommes en concurrence ici. Même quand tes plants sont bien développés et se retrouvent au milieu des mauvaises herbes, ça n'attire pas le client. Mis à part cela, la mauvaise herbe ne permet pas un développement harmonieux des plants. C'est pourquoi nous n'aimons pas voir les mauvaises herbes dans le champ » [Osseni, 30 ans, maraicher à VIMAS].

L'arrosage et le désherbage sont deux activités qui occupent les maraichers. Les invitations pour les sensibilisations et formations liées à l'usage des pesticides par certaines ONG (APRETECTRA) et structures de recherche agronomiques (INRAB et IITA) à l'endroit des maraichers ne sont souvent pas honorées. « Ce qui me donne à manger c'est le maraichage ... qui s'occupera de mes plants quand je serais aux formations. Ces gens là ! Va voir combien ils ont pris pour nous former... moi je n'ai pas le temps » [Donald, 29 ans, maraicher sur le site de VIMAS]. Ceux qui arrivent à se libérer pour suivre les formations sont ceux employant les ouvriers et les responsables du bureau de VIMAS. Ces derniers, du retour des formations ne font pas la restitution aux autres maraichers. « ... le problème de Sèmè est ailleurs, ce n'est pas dans la formation ou l'information à l'utilisation des pesticides parce qu'il y a déjà eu beaucoup de formations qui ont été organisées, beaucoup de séances d'informations qui ont été organisées ; mais le maraicher de Sèmè situe son problème ailleurs. Quand vous allez à Sèmè aujourd'hui, ce qui préoccupe le maraicher, c'est savoir, comment combiner les produits pour plus d'efficacité. Son souci premier, ce n'est plus, quand il veut faire un traitement, ce n'est pas comment respecter les dosages pour éviter de créer d'autres problèmes par la suite, mais c'est plutôt comment faire, comment bien mélanger les produits, comment même mal mélanger les produits pour avoir plus d'efficacité par rapport aux ravageurs » [Agent animateur ONG APRETECTRA sur le site de VIMAS]. « Le temps est un facteur avec lequel il faut compter surtout par rapport à la production maraichère de Sèmè, par rapport aux filets, c'est un facteur avec lequel il faut compter. Le discours que vous venez de rapporter : on n'a pas le temps ; on n'a pas le temps ; on n'a pas le temps, ça renvoie en fait à ce que je vous disais au départ, ça fait partir des éléments qui nous montrent que le problème du maraicher de Sèmè, est ailleurs ; c'est en réalité des prétextes, ce sont des arguments souvent utilisés pour justifier le fait qu'avec un traitement avec les pesticides, on obtient de bon résultats en très peu de temps ; c'est sûr, un maraicher qui est cramponné sur cette position là, ne pourra jamais adopter la technologie ; et du moment où il tient déjà ce discours, c'est qu'il est satisfait par l'utilisation de pesticides » [Agent animateur de APRETECTRA]. Pour (Kanda, 2009), le manque de formation et de conseils techniques conduit à des pratiques risquées, comme le surdosage ou le non-respect des conditions d'utilisation des produits phytosanitaires. Ce propos a besoin d'être nuancé, car sur le site de Sèmè-Kpodji, les formations sont offertes aux maraichers, mais certains n'y participent pour des raisons subjectives.

Le rythme soutenu et sans pause de la production peut induire une forte pénibilité mentale et physique du travail. Cela conduit parfois certains maraichers, particulièrement lors des pics de production, à « lâcher prise » sur leur travail et à se voir contraints de « courir derrière leur jardin » (Salmona, 1994).

4. L'INCIDENCE DE LA PERCEPTION ET LA GESTION DE LA TOXICITÉ DES PESTICIDES

Notre corpus de données montre que la totalité des maraichers est consciente de la toxicité des produits. Cependant, les règles de sécurité recommandées ne sont pas respectées. En effet, une observation des séances de préparations des mélanges de produits et d'épandages, nous ont permis de constater que le port d'équipement de protection n'est pas une pratique courante sur le site (voir photo 15).

Photo 15 : Epandage de pesticide par un maraicher sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

La maîtrise de la direction du vent est évoquée comme moyen d'éviter l'inhalation du produit. Lors de l'épandage, le maraicher fait dos à la direction du vent, déterminée par le mouvement des feuilles. Tous déclarent également boire beaucoup d'eau pour réduire les risques d'intoxications pouvant engendrer des problèmes respiratoire et autres. Il y en a qui prennent systématiquement une douche après épandage ; d'autres passent de l'huile de palme sur les mains. Alors, pour gérer ou mettre à distance le risque, ils bricolent des manières de faire qui deviennent des normes modulées selon les situations (Nicourt et al., 2009). La thèse de certains auteurs (Ahouangninou, 2011 ; Cissé, 2003 ; Dülmler, 1993 ; Kanda, 2006 ; Mawois, 2009) selon laquelle les maraichers ne prennent aucune disposition face aux risques sanitaires auxquels ils s'exposent lors de l'épandage semble limitée. Car une telle position ignore les pratiques culturelles et les connaissances traditionnelles en matière de protection de la santé (Memel-Fotê, 1998).

On constate à travers les discours que la totalité des maraichers ressent le caractère néfaste des produits dans leurs pratiques quotidiennes. 15 des maraichers ont déjà eu au moins une fois des brûlures, des nausées ou des démangeaisons liées aux produits de traitement. Parmi ces 15 maraichers, 5 ont dès lors, cessé de faire l'épandage ; ils ne se chargent que de faire le mélange des produits et confient l'activité d'épandage aux ouvriers. On observe une sorte d'épandage délégué (voir photo 16 et 17). Les autres continuent et ne se plaignent apparemment pas des maux ressentis. Les maux s'inscrivent dans une normalité du travail qui affecte le corps, au même titre qu'il l'est par la pénibilité physique de certains travaux (Nicourt et al., 2009).

Photo 16 : Préparation de mélange de pesticides par un propriétaire d'une parcelle à VIMAS

Source : ABDOULAYE

Photo 17 : Epandage du mélange de la photo 16 par un ouvrier de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Pour les autres, bien que ces produits soient la source d'une certaine crainte, ils ne connaissent pas précisément les risques exacts qu'ils encourent. «...il parait que les produits phytosanitaires blessent, s'accumulent dans l'organisme. Moi je n'ai pas encore eu de problème avec ces produits... » [Salomé, 36 ans maraicher à Vimas]. Par ailleurs, 12 des maraichers affirment que l'odeur associée aux pesticides, les rend plus vigilants, « on fait plus attention si le produit sent mauvais » [Orou, 25 ans, maraicher à Vimas]. Pour ceux qui travaillent dans des secteurs où le risque toxique existe (chimie, agriculture...), les variations d'odeurs sont des indicateurs potentiels de risques (Nicourt et al., 2000). L'odeur est un marqueur social des situations dégradées (Corbin, 1982). Dans les situations de travail, une variation d'odeur est un indicateur de risque. Mais l'existence et la qualification du danger révélé demeurent incertaines. Malgré tout, c'est un signe qui invite à la prudence, même si son absence n'est pas dénuée de risques (Nicourt et al., 2009). Cependant, la mise en marché de pesticides inodores pourrait rendre inefficace cette connaissance issue de l'expérience.

En outre, pour répondre aux tenants de la thèse selon laquelle l'utilisation des produits coton en maraichage est dangereux pour la santé, les maraichers déclarent tous consommer également leurs cultures de production et qu'un arrosage régulier des cultures seraient un bon détoxiquant. « Ça fait 10 ans que je suis dans le maraichage et que je consomme moi aussi mes cultures... mais je suis rarement malade et je ne suis pas encore mort... si c'était aussi dangereux que ça ! Tous les béninois serait déjà mort... » [Baké, 38 ans maraichère à VIMAS]. « ...les premières sensibilisations, que les maraichers ont eu, ont diabolisé les produits pesticides, et donc je comprends leur attitude parce que les premières sensibilisations qui ont été faites dans ce sens là, ont consisté à leur dire, les pesticides sont dangereux, sont nuisibles, il ne faut pas les utiliser. Il aurait fallu mieux dire aux maraichers, les pesticides sont dangereux, il faut savoir les utiliser, donc c'est ce que les gens au début, n'ont pas bien compris ; et bien, quand vous dites à un maraicher que le produit est dangereux, il ne faut pas l'utiliser, ça fait si, ça fait ça et qu'il ne voit pas automatiquement les retombés, effectivement, il peut se dire que, ah !, tel a menti... » [Animateur ONG APRETECTRA sur le site de VIMAS]. Ainsi, certains maraichers associent la toxicité à des problèmes de santé discernables, à la mort. En réalité les malaises sont ressentis mais seulement que le lien n'est pas bien fait. Les malaises tels que la toux, la fatigue, les céphalées sont imputés à d'autres facteurs comme l'activité physique du métier, l'exposition au froid et au soleil etc. Cette représentation de la toxicité explique également le fait que certains maraichers ne respectent pas le temps de rémanence après le traitement. « Il arrive souvent que les gens sur le site ici, ne respectent pas le temps de rémanence des produits... mais moi je ne fais jamais ça ! Celui qui est à coté de moi, c'est sa spécialité... ». [Bona, 25 ans, maraichers à VIMAS]. Aucun des maraichers n'a avoué directement faire cette pratique mais par contre, tous avouent que c'est le voisin qui le fait. Et donc on peut comprendre par cette attitude des maraichers, qu'ils sont conscients du danger de l'acte posé et de ce fait refuse de l'avouer. Ce qui intéresse le maraicher, c'est de vendre ces cultures.

Photo 18 : Boutique de vente de pesticide à Cotonou

Source : ABDOULAYE

Notons aussi que les vendeurs de pesticides sont conscients des risques et prennent des dispositions de protections. « Cette activité a trop de risque mais on a pas le choix. Il faut qu'on mange. Les produits sentent mauvais. Et le plus difficile à faire, c'est déconditionné pour vendre en détail. J'ai été obligé de faire appel à mon cousin du village pour m'aider. La femme d'un autre vendeur a failli mourir dans cette affaire là. Elle est restée malade pendant des années. Toute sa peau a changé de couleur... le médecin a dit que ce sont les pesticides » [Vendeur de pesticides à Cotonou]. Comme on peut le remarquer sur la photo précédente, (photo 18) ce vendeur à pris certaines dispositions pour réduire les risques d'intoxication en mettant par exemple un brasseur et en faisant des trous dans les murs pour aérer la boutique.

5. STOCKAGE DES PRODUITS ET DEVENIR DES EMBALLAGES

Nous avons observé différents lieux de stockage des produits de traitement. Pour 7 des maraichers, les produits sont stockés dans les lieux de couchage généralement dans des sacs accrochés au toit (photo 19).

Photo 19 : Stockage de pesticides dans le lieu de couchage

Source : ABDOULAYE

Bien que ces produits dégagent des odeurs qui soient parfois insupportables, on préfère les mettre dans nos lieux de couchage pour ne pas se les faire voler disent-ils. C'est d'abord une conception de la santé des plantes plutôt que la leur qui mobilise les maraichers (Nicourt, 2009). « On observe fréquemment des cas de vols... les gens volent tout, sur ce site...l'an passé, ma motopompe a été volée. Je sais que ce n'est pas bon mais je n'ai pas d'autres alternatives... » [Darius, 35 ans, maraichers à VIMAS]. Par ailleurs, huit (8) des maraichers déclarent cacher leurs produits dans des endroits qu'ils gardent secrets. Ainsi, le jour de l'épandage, ils se lèvent très tôt le matin pour aller chercher les produits. Néanmoins, même si c'est une minorité, trois (3) des maraichers stockent leurs produits dans des caisses fermées à clé. Ceux-ci, ne dorment généralement pas sur le site, mais ont des ouvriers qui y dorment. Ils expliquent que les produits sont sécurisés dans des caisses pour que leurs ouvriers ne les vendent à d'autres maraichers sur le site.

Comme déjà montré plus haut, certains maraichers sont conscients des risques sanitaires qu'ils encourent face à l'exposition des pesticides mais compte tenue de l'environnement pas trop sécurisant dans lequel ils sont, ils n'ont pas d'autres alternatives que de mettre les pesticides dans leur lieu de couchage. Ceci traduit une fois de plus, toute l'importance que les maraichers accordent à leurs produits. « ...de toute façon, je n'ai pas appris un autre métier que le maraichage. Si je ne fais rien, je vais mourir de faim et ce serait une honte pour moi et ma famille. Il faut bien mourir de quelque chose » [Marcus, 30 ans, maraicher à VIMAS]. Au-delà de l'importance que les maraichers accordent aux pesticides, on note également à leur niveau la volonté de réussir, de s'accomplir dans la vie.

Pour ce qui est du devenir des emballages, ils sont pour la plupart du temps jetés par terre ou stockés dans un endroit sur le site. La majorité d'entre eux achètent les produits en détail et donc réutilisent très souvent le même emballage. Les bidons vides de Possotomè sont également très utilisés par les maraichers pour contenir les produits (photo 20).

Photo 20 : Le TIHAN et LASER dans un plastique de Possotomè sur le site de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Pour pallier au manque de moyens financiers, il était déjà dit plus haut que les maraichers s'associent à quatre (4), à cinq (5), voir huit (8) pour acheter certains produits. Cet état de chose contribue à réduire les emballages des pesticides sur le site. En outre, quelques emballages sont réutilisés par les maraichers pour l'approvisionnement en eau de boisson et de cuisine ou pour garder de l'huile.

CONCLUSION

La prise de décision du maraicher de Sèmè-Kpodji en matière de choix et d'usage de pesticides s'inscrit dans un contexte social, culturel, géographique, économique et politique. Les facteurs impliqués dans les prises de décisions sont multiples et hétérogènes et ne sont pas tous mobilisés de manière synchronique. Ils sont mobilisés en fonction de la structure cognitive du maraicher, de sa situation économique, de son réseau d'informations et surtout de la confiance accordée aux vendeurs de pesticides.

Il ressort de notre étude que les pesticides utilisés en maraichage sont en grande partie inadaptés (pesticides du coton), non recommandés, non homologués voire même interdits. Les modalités d'usages des pesticides sont la plupart du temps en dehors des normes et des recommandations, que ce soit en termes d'indications, de mélanges de produits, de dosages, de respect des précautions d'usages pour l'épandage, de respect du temps de rémanence, etc. Par ailleurs, les ruptures de stocks, les changements de nom commercial pour un même produit, la différence de dosages d'une spéculation à une autre ne facilitent pas un usage rationnel des pesticides par les maraichers.

L'ethnographie du site de VIMAS a principalement révélé que les usages de pesticides par les maraîchers sont étroitement imbriqués avec le reste des activités qu'ils mènent et qu'aucune innovation ne peut être envisagée dans ce domaine sans prendre en compte la globalité du travail quotidien des maraichers et leurs préoccupations. L'une des conclusions importantes qui se dégage de cette étude est que pour induire un quelconque changement en termes de pratiques, c'est sur le facteur temps qu'il faut concentrer les efforts. Autrement dit, c'est en diminuant les charges de travail sur des activités autres que la lutte contre les ravageurs (arrosage, désherbage etc.) que l'on pourrait introduire des techniques innovantes (biopesticides, filets anti-insectes) dans ce domaine. En effet, ces techniques innovantes bien que moins toxiques, respectueuses de l'environnement et ne favorisant pas de résistances, sont pour les maraichers astreignantes et nécessitent beaucoup de temps.

Par ailleurs, les vendeurs de pesticides très peu étudiés dans ce travail sont très hétérogènes et mériteraient une étude anthropologique spécifique pour comprendre à la fois la circulation des produits au niveau des différents circuits commerciaux mais aussi comment les savoirs de ces vendeurs se sont construits. En effet, les circuits d'approvisionnement en pesticides sont multiples. Les boutiques n'ont pas toutes ni la même politique de vente en termes de choix des produits, ni les mêmes fournisseurs. Un changement de pratiques en matière d'usage de pesticides passe nécessairement par une prise en compte des vendeurs et un véritable plan d'encadrement et de formations de ce secteur économique.

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ANNEXES

Tableau 1 : Chronogramme des activités

2012 2013 2014

Activités

Mar.

Avr.

Mai.

Jui. à Nov.

Déc.

Jan.

Fév. à Aou.

Sep.

Oct.

Nov.

Déc.

Jan.

Fév.

 

Bibliographie et Revue documentaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Problématique et élaboration

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

du guide d'entretien

Collecte de données

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Traitement des données

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Analyse des données et rédaction du mémoire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Correction du mémoire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Soutenance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 2

PERIODES DE PRODUCTIONS ET CYCLES DE SPECULATIONS

Cultures ou types de spéculation

Période de forte production

Période de faible production

Durée du cycle

Grande morelle (Solanum macrocarpum)

Avril, mai et juin

Novembre, décembre

60 à 90 jours

Amarante (Amaranthus hybridus)

Avril, mai et juin

Janvier, mars, novembre

45 à 75 jours.

Vernonia (Vernonia amigdalina)

Mars, avril, juin juillet

novembre, décembre

60 jours

Laitue (Lactuca perennis)

mai et juin

avril et juillet

60 jours

Carotte (Daucus carota)

mai, juin et juillet

janvier, avril, septembre et octobre

90 jours

Concombre (Cucumus pepo)

juin et juillet

mai

45 jours

Chou (Xanthosoma sagittifolium)

janvier, février, novembre et décembre

mars et octobre

50 à 80 jours

Persil (Petroselinum crispum)

janvier

avril

60 jours

Tableau 3

LISTE DES PESTICIDES SUR LE SITE DE VIMAS

NOM COMMERCIAL

MATIERE ACTIVE

FAMILLE

1

DURSBAN B 318

Cyfluthrine

+ Chlorpyriphos ethyl

Pyréthrinoide

+Organophosphoré

2

ALPHACAL P318 EC

Alphacyperméthrine

+ Profénofos

Pyréthrinoide

3

TIHAN 175 O-TEQ

Flubendiamide

+ Spirotetramate

-

4

CAPT 88 EC

Acétamipride

+ Cyperméthrine

Néonicotinoide

+Pyréthrinoïde

5

COTOFAN 350 EC

Endosulfan

Cyclodiène

6

CALFOS 500 EC

profénofos

Organophosphorés

7

SUNPYRIFOS 48 EC

Chorpyrifos-Ethyl

Organophosphorés

8

DUEL 336 EC

Profénofos+cyperméthine

Organophosphorés

+ Pyréthrinoide

9

POLYTRINE 186 EC

Cyperméthrine

+ profénofos

Pyréthrinoide

+ Organophosphorés

10

CONPYRIFOS 48 EC

Chlorpyrifos

Organophosphorés

11

PACHA 25 EC

Acetamipride

+ Lambdacyhalothrine

Néonicotinoide

+Pyréthrinoide

12

LASER 480 SC

Spinosad

Néonicotinoide

13

LAMDACAL P212 EC

Lambdacyhalothrine

+ profenofos 200

Pyréthrinoïde

+Organophosphoré

14

DIMEX 400 EC

Diméthoate

Pyréthrinoïde

15

CYPER-D

Cyperméthrine

Pyréthrinoide

16

DECIS 15 EC

Deltaméthrine

Pyréthrinoïde

17

CYPERCAL 50 EC

Cyperméthrine

Pyréthrinoïde

18

SUNHALOTHRIN 25 EC

Lambda-cyhalothrin

Pyréthrinoide

19

CLEAR 25 EC

Lambda-cyhalothrin

Pyréthrinoide

20

LAMBDA FINER 25 EC

Lambda-cyhalothrin

Pyréthrinoide

21

THUNDER 145 O - TEQ

Betacyfluthrine

+ Imidacioprid

Pyréthrinoide

+ Néonicotinoide

22

CYPADEM 43.6 EC

Dimethoate

+ cypermethrin

-

23

KINIKINI

Cyfluthrine

+ malathion

Pyréthrinoide

+Organophosphorés

24

CELPHOS

Phosphure d'aluminium

-

25

CYDIM C50

Cyperméthrine

Pyréthrinoïde

Tableau 4

QUELQUES RAVAGEURS ET DEGATS CAUSES SUR LES PLANTES

RAVAGEURS

CULTURES

DEGATS

Acariens

Tomate, piment, aubergine

Recroquevillement, glaçure, grillade des feuilles

Pucerons

Tomate, piment, pastèque, chou, aubergine

Déformation des feuilles

Nématodes

Tomate, piment, gboma, carotte, chou, laitue

Noeud ou galles sur les racines

Chenilles

Choux

Perforation et destruction des jeunes feuilles, coupure des plantules au niveau du collet

Criquets

Carotte, laitue

Coupure des plantules au collet, destruction du coeur de la plante

Tableau 5

SYNTHESE DES CARACTERISTIQUES DU SYSTEME DE PRODUCTION A VIMAS

Caractéristiques du système de production

Pratiques du maraîchage

Cultures principales

Amarante, vernonia, laitue, concombre, grande morelle, carotte, persil, menthe, oignon, chou, bissap.

Elevage

Porc et rarement les volailles

Matériel de travail

Arrosoir, binette, houe, coupe-coupe, brouette, daba, râteaux, pulvérisateur, motopompe, quelque fois tournéquin

Système d'entretien

Sarclage, désherbage, billonnage et labour

Gestion de la fertilité du sol

Engrais chimique (NPK, urée) en combinaison avec le compost ( fiente de poule, pauvreté du sol (seulement du sable de mer)

Organisation

Travail familial en commun, utilisation de la main d'oeuvre payante, entraide

Formation

Par mimétisme ou formation par les ONG.

population

200 maraîchers au total repartis sur le périmètre

Tableau 6

PARTICIPANTS DES ENTRETIENS

Identité

Lieux de l'entretien

Langues de l'entretien

Adizath, 31 ans, femme

Site de VIMAS

Fongbé

Adolphe, 28 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Agossou, 49 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Alfred, 30 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Angelo, 32 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Baké, 38 ans, femme

Site de VIMAS

Fongbé

Blandine, 30 ans

Site de VIMAS

Fongbé

Bona, 25 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Darius, 35 ans, homme

Site de VIMAS

Français

Donald, 29 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Donatien, 25 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Ernest, 40 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Florence, 38 ans, femme

Site de VIMAS

Fongbé

Florian, 32 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Grégoire, 30 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Jacques, 34 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Karim, 28 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Marcus, 30 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Narcisse, 29 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Natacha, 28 ans, femme

Site de VIMAS

Fongbé

Orou, 25 ans, homme

Site de VIMAS

Français

Osséni, 30 ans , homme

Site de VIMAS

Fongbé

Phillipe, 28 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Pierre, 38 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Salomé, 36 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Sébastien, 25 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Sèna, 32 ans, homme

Site de VIMAS

Fongbé

Tintin, 25 ans, homme

Bb

Site de VIMAS

Fongbé

1 Agent de l'INRAB, femme

INRAB Calavi

Français

1 Agent du CIRAD, homme

INRAB Calavi

Français

1 agent animateur de PFIJE

Site de VIMAS

Français

4 agents de CeCPA, homme

CeCPA

Français

3 vendeurs de pesticides, homme

Cotonou

Fongbé

2 revendeuses de légumes

Site de VIMAS

Fongbé

FORMULAIRE DU CONSENTEMENT ECLAIRE

Je soussigné(e) M....................................................................., certifie avoir parfaitement compris le contenu du présent formulaire qui m'ont été présentés et commentés dans une langue que je comprends parfaitement. J'en ai discuté avec M.................................................., qui m'a expliqué la nature, les objectifs et le déroulement de cette étude. J'atteste avoir eu la possibilité de poser toutes les questions que je souhaitais et avoir obtenu des réponses satisfaisantes pour chacune d'entre elles. J'ai eu la possibilité de faire appel à une tierce personne pour éclaircir l'ensemble des interrogations soulevées par ma participation à cette recherche.

Je comprends les conditions de ma participation, en particulier que j'ai la possibilité de ne pas participer à ce programme et que malgré mon accord à participer, j'ai le droit de refuser de répondre à certaines des questions qui me seront posées lors des entretiens sans avoir à fournir de justification. Je connais la possibilité qui m'est réservée d'interrompre à tout moment ma participation à ce programme sans avoir à justifier ma décision, ni à en subir un quelconque préjudice.

Je consens donc librement participer à cette étude dans les conditions qui m'ont été fournies et comprends que j'ai le droit d'annuler ma participation n'importe quand sans avoir à subir de préjudice, c'est à dire sans me créer de problèmes particulier liés à ma décision.

Une copie de la fiche du consentement m'a été remise.

Fait à ........................... le ....../....../201...

Signature du participant :

Nom du participant

Je soussigné(e) M..............................., investigateur de l'étude, certifie avoir communiqué à M............................... toutes les informations utiles sur les objectifs et les modalités de cette étude. Je m'engage à faire respecter les termes de ce formulaire de consentement, afin de mener cette recherche dans les meilleures conditions, conciliant le respect des droits et des libertés individuelles et les exigences d'un travail scientifique.

Fait à ................................., le ..............................

Nom et Signature :

Facultatif : en cas de participation d'un tiers à l'expression du consentement ou d'impossibilité à signer :

Je soussigné(e) M.............................., certifie que M................................... a été informé dans la clarté des objectifs et des conditions de réalisation de la recherche et que l'expression du consentement s'est faite en toute liberté.

Fait à ................................., le ..............................

Nom et Signature :

GUIDE D'ENTRETIEN

Rappel : Les entretiens en ethnologie reposent sur des méthodes qualitatives inductives. Les entretiens sont le moins structurés possibles. Ils laissent la personne sollicitée s'exprimer le plus librement possible autour d'un thème, avec des techniques non-directives de relance du discours. A ce titre le guide d'enquête n'est pas un questionnaire, mais uniquement un aide-mémoire destiné au chercheur pour ne rien oublier. Le guide d'enquête peut également évoluer au cours de la recherche si le discours spontanés des personnes acceptant de participer aux enquêtes font émerger des thèmes pertinents qui n'avaient pas été envisagés lors de la conception du programme de recherche. Les données seront recueillies selon différentes méthodes en fonction des circonstances et sur décision des chercheurs du programme : entretiens individuels non structurés ou semi structurés, entretiens de groupes (Focus Group), observation directe, observation participante. Par ailleurs l'approche anthropologique d'un objet de recherche impose un angle d'approche large permettant de prendre en compte le contexte social et culturel.

Le présent guide d'enquête est donné à titre indicatif. Il sera complété, amélioré et finalisé en début de programme grâce à des pré-enquêtes permettant de valider un guide plus complet.

Pratiques agricoles/activités économiques

Pouvez-vous m'expliquer comment se passe votre travail ? (Recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en venir à des questions plus précises)

Identification du type d'activités agricoles : quels types de produits cultivez-vous ? Récoltez-vous (fruits, feuilles, tubercules,...) ?

Pouvez-vous m'expliquer comment ça se passe ? (Recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en venir à des questions plus précises)

Pour chaque activité :

- différencier les activités d'autosubsistance (c'est à dire des productions uniquement destinées à l'autoconsommation dans la famille, servant à nourrir sa famille et éventuellement des personnes amies dans son réseau social) et les activités économiques productrices de revenus (c'est à dire les productions réellement commercialisées, qui produisent un revenu financier à l'unité familiale),

- préciser les lieux d'exercice des activités, recueillir l'histoire des lieux (propriétaire, succession des titres de propriété, empilement des droits fonciers, quoi quelle activité avant le maraîchage sur le site, modalités et raisons des changements rapportés, changement d'activités agricoles sur ce lieu d'une année sur l'autre, raison de la location ou du prêt de la terre à des maraîchers, etc.)

- la durée d'exercice de l'activité (depuis quand avez-vous commencez à faire du maraîchage, à cultiver tel ou tel produit.

- Trajet domicile/lieu de l'activité/ moyen de déplacement, durée du déplacement, difficultés, obstacles, risques particuliers

- Est-ce un travail agricole pour vous-même ou une activité salariée ? Si salarié, décrire le type de « contrat », mode de paiement, les modalités de travail (notamment en termes de processus décisionnels/pratiques agricoles, notamment les intrants, la relation salarié-patron (parenté, lien social)

- Outils nécessaires à l'activité (description, histoire de chaque outils, propriétaire, utilisation notamment en fonction du genre, classe d'âge, lien de parenté/lien social avec le propriétaire de l'outils, rangement, etc.)

- Intrants nécessaires à la réalisation de l'activité : engrais, hormones, pesticides, insecticides, etc... [cf infra partie du guide spécifique]

- Quels sont les insectes qui vous causent des problèmes pour mener à bien cette activité [cf infra partie du guide spécifique]

- Le caractère individuel, familial ou collectif de l'activité

- Organisation du travail sur toute la chaine opératoire, partage des tâches notamment si collectif (genre, âges, statut, etc.)

- Intervenants extérieurs sur les sites (ONG, associations, services de l'état...)

- Faire une description des travaux nécessaires à la réalisation de l'activité, les situer dans le temps, reconstruire la chaine opératoire

- Questions précédentes à reproduire pour chaque type d'activité :

§ Pépinières, semailles, sarclage, arrosage, intrants, récolte, transports, répartion-distribution, vente, etc.

- Importance et variabilité de la production. Devenir de la production

- Estimation des revenus générés / répartition partage des revenus

§ Utilisation des revenus, répartition budgétaire par type de dépenses (santé, scolarisation, foncier, habillement, alimentaire, etc...)

- Avez-vous d'autres sources de revenus en plus de celle-ci ?

- Laquelle des activités vous procurent beaucoup de revenu et laquelle vous prend beaucoup de temps ?

- Si oui lesquelles ?

- Selon vous quel regard votre entourage (les passants, les clients, les riverains/voisins de la zone de maraîchage) a-t-il sur les activités que vous menées sur le site (Pépinières, semailles, sarclage, arrosage, traitement des plants par pesticides) ; que disent-ils ? que pensent-ils ? [insister sur le dernier point]

- Selon votre expérience, comment est perçu l'usage des pesticides par ces personnes ? Quels sont les discours que vous entendez ? Est-ce que le port des habits de protection utiles pour vous protéger des effets néfastes des pesticides n'effraye pas la population ? Est-ce que selon vous cette perception de l'entourage gène l'application des recommandations [Pensez à prévoir un guide d'enquête pour les non maraicher = politique, responsale du Ministre et des services de l'agriculture, responsable de quartier, etc.]

Les insectes et leurs nuisances

Quels sont les insectes qui vous apportent des nuisances (recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en venir à des questions plus précises) ?

Dans vos lieux de vie habituels, à votre domicile, sur vos lieux de travail ?

Pour chaque insecte cité, demander le nom en langue locale, l'étymologie du nom, faire décrire l'insecte, demander dans quel lieu il vit, comment il se reproduit, mode de vie, organisation de la famille, comment il se déplace, de quoi il vit, ce qu'il mange, ... et surtout ce qu'il cause comme type de nuisance [faire des photos de l'insecte et le capturer si possible] :

- Comment nomment-on cet insecte dans votre langue (exemple en fon : zansupué, supué, assofi, jetli, yegletêtê, azanwuan, aïssizin, etc.  ?

- Existe-t-il d'autres termes pour les désigner ?

- Est-il possible de différencier plusieurs catégories de cet insecte ?

- Existe-t-il des insectes qu'il ne faut pas confondre avec ce dernier ?

- Ces insectes font-ils partie d'une plus grande famille (groupe) d'insectes ?

- A quoi reconnaît-on cet insecte ? A quoi ressemble-t-il ?

- Est-ce que l'on sait d'où viennent ces insectes (origine) ?

- Selon vous qu'est-ce qui explique l'existence de ces insectes ?

- Est-ce que ces insectes ont un rapport avec une divinité ?

- Y-a-t-il des périodes où ces insectes sont plus nombreux ? (variations saisonnières)

- Connaissez vous des dictons, des contes, des proverbes qui parlent de ces insectes / qui se réfèrent à ces insectes ?

- En avez-vous entendu parler ? Connaissez-vous des personnes susceptibles d'en connaître ?

- Savez vous où se développe/où grandissent ces insectes ?

- Connaissez-vous les différentes étapes de la croissance de ces insectes ?

- Pouvez-vous m'expliquer comment se reproduisent ces insectes ? Où ils pondent ? Où se développent les larves ? (enfants des insectes)

- Pouvez vous m'expliquer où vivent ces insectes ? Habitat de ces insectes ?

- Qu'est-ce que mangent ces insectes ? Comment se nourrissent-ils ?

- Ces insectes provoquent-ils des nuisances pour l'homme (piqures, maladies, autres) ?

- Ces insectes provoquent-ils des nuisances pour les cultures ? Si oui, lesquels ?

- Ces insectes provoquent-ils des nuisances pour les animaux d'élevage ? Quels animaux ? Quelle nuisance ?

- Le fait de vivre dans un lieu où existent ces insectes comporte-t-il des risques ? Des avantages ?

- Le fait d'être piqué par ces insectes comporte-t-il des risques ? Des avantages ?

- Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi ces insectes sont obligés de provoquer ce type de nuisances (pour l'homme, pour les animaux, pour les plantes) ?

Si insecte piqueur :

- Savez-vous pourquoi la piqure de cet insecte fait mal ? Pourquoi ça démange ?

- Personnellement, est-ce qu'il vous arrive d'être piqué par ces insectes ?

- A quel moment de la journée ? Où ? A la maison ? Au travail ? Ailleurs ?

- Est-ce que ces piqures vous dérangent beaucoup ?

- Lorsque l'on dit que les insectes transmettent des maladies, savez vous quelles sont les maladies concernées ? (les insectes en général mais surtout pour chaque type d'insecte)

Savez-vous comment cet insecte fait pour transmettre cette maladie (pour chaque maladie) ?

Selon vous, existe-t-il d'autres insectes qui peuvent transmettre des maladies ?

Si oui, lesquels ? Quelles maladies ?

L'usage de pesticides

Pour lutter contre les insectes qui provoquent des dégâts dans les cultures/pour les animaux d'élevage/ dans votre lieu de vie/résidence/habitation, quels sont les méthodes de lutte que vous utilisez ? (recueillir le maximum d'informations par des techniques de relance avant d'en venir à des questions plus précises) (Relancer cette question pour chaque type d'activités, pour chaque lieu, pour chaque insecte évoqué précédemment dans l'entretien).

Pour chaque produit, reprendre le guide d'enquête suivant :

Quel est le nom du produit que vous utiliser (nom d'usage, termes d'appellation de divers acteurs, noms commerciaux, nom chimique des produits) ?

Existe-t-il des produits identiques ayant un autre nom ? Avec le même nom mais d'une autre marque ? Y a-t-il une différence entre ces différents produits ? Vous-même avez-vous une préférence ? Pourquoi avez-vous choisi ce produit (plutôt qu'un autre ?) ?

Savez-vous d'où vient ce produit ? Où il est fabriqué ? [Par qui ? éventuellement si produit traditionnel, entreprise, etc... ], où l'avez vous acheter ? Connaissez-vous le circuit commercial ? [Reconstruire pour chaque pesticide la circulation du produit en essayant d'identifier les lieux et les acteurs de la circulation]

Sous quel forme se présente ce produit (liquide, cristaux, comprimés, poudre, etc. ? Y a-t-il une préparation préalable à faire avant d'utiliser ce produit ? [Pensez à raisonner en termes de chaîne opératoire]

Dans quel objectif est-il recommandé d'utilisez ce produit ? Dans quels objectifs l'utilisez-vous ce produit ? Ce produit a-t-il d'autres usages possibles ? Lesquels ? Connaissez-vous des personnes qui l'utilisent pour autres usages ?

Depuis quand l'utilisez-vous ?

Avant d'utiliser celui-ci, lequel utilisiez-vous ? Pourquoi avez-vous changé ? Qu'est-ce qui fait que ce produit vous plait plus que le précédent ?

Pouvez-vous nous dire comment ce produit doit être utilisé ? (à quel moment, combien de fois, à quelle fréquence, comment on le pulvérise/répand/etc..., quelle est la technique pour le répandre, y-a-til des précautions à prendre, etc.) ? Comment l'utilisez-vous ? Connaissez-vous des personnes qui l'utilisent de manière différentes ?

Ce produit doit-il être utilisez à titre préventif ou à titre curatif ? L'utilisez-vous vous même en prévention ou comme traitement ? Que font les personnes que-vous connaissez ?

Comment ce produit agit-il ? Est-ce qu'il éloigne les nuisibles/insectes ? Est-ce qu'il les tue [nuisibles, insectes, champignons, agents infectieux] ? [Mode d'action du produit]

Est-ce que ce produits agit / éloigne tue d'autres animaux/insectes ? Est-ce que cela vous pose un problème ?

Comment savez-vous que ce produit est efficace ? Sur quels critères ? [Critères populaires d'efficacité : nombres de ravageurs, état de santé de la plante, taille des légumes, pourrissement des plants, etc.]

Est-ce que ce produit peut perdre son efficacité ? Si on l'utilise trop ? Avez-vous remarqué une baisse de l'efficacité de ce produit depuis que vous l'utilisez ? Dans certaines circonstances ? Si oui que peut-on faire pour améliorer son efficacité ? Le produit périmé peut il être encore efficace ?

L'usage de ce produit a-t-il un impact sur le rendement, sur la productivité, sur l'augmentation de vos bénéfices/revenus ?

Y a-t-il des risques à utilisez ce produit ? Si oui lesquels ? Vous même, avez-vous constatez des effets du produit ? Avez-vous eu des problèmes particuliers ? Quelqu'un de votre entourage ? Entendu parler d'un problème particulier ? De quoi provient le risque (inhalation, contact cutanée, ingestion, etc.) ? Qui est exposé aux risques (celui qui vend, celui qui épand le produit, celui qui le prépare, celui qui lave le matériel, celui qui récolte les légumes, etc.) ? Y a-t-il des risques pour la population qui consomme les légumes ? Entre les insecticides, les herbicides, et les fongicides, lesquels sont les plus dangereux ?

(Odeur du produit, Facilité d'achat, de stockage, d'usage du conditionnement, de préparation, d'utilisation, de nettoyage du matériel, de traitement des déchets ; un matériel particulier pour se servir de ce produit) ; Ces critères interviennent-ils dans votre choix du pesticide ?

Comment est emballé ce produit ? Sous quelles formes l'achète-t-on ? Y a-t-il une notice qui accompagne le produit ? L'avez-vous lu ou l'avez vous fait lire par quelqu'un ? Qu'avez vous retenu de ce que vous avez lu ? Y a-t-il des informations écrites sur l'emballage, des images, des figures ? Quelles sont les couleurs de l'emballage ? De quelles matières se compose l'emballage ? Que signifie ce que vous voyez sur l'emballage ? L'emballage a-t-il une importance pour vous dans le choix du produit ? [pixologie], que faites-vous de l'emballage lorsque tout le produit a été utilisé ?

S'il existe un emballage, demander à le voir si la personne l'a conservé (photo, collecte).

Où rangez-vous ce produit si vous ne vous en servez pas ? Comment le stockez-vous ? Pendant combien de temps ?

Où l'avez vous achetez, à combien, quelle quantité ?

La quantité achetée vous permet de travailler avec pendant combien de temps ? Combien de fois par an l'achetez-vous ?

Comment savez-vous la quantité à utiliser pour le traitement de vos plants.

Quand vous n'avez pas d'argent pour acheter la quantité qu'il faut et que vous devez faire quand même le traitement, comment faites-vous ?

Est-ce que le coût intervient dans votre choix ?

Qu'est-ce qui vous permet de savoir que c'est la meilleure qualité ? Qui vous a donné cet indicateur, qui vous l'a appris ?

Si vous n'utilisez pas ce produit, qu'elles en seraient les conséquences sur vos cultures, votre vie dans l'espace domestique ?

Pensez-vous que l'utilisation de ce produit présente des inconvénients ? Des désavantages ? Des risques ? Faites vous un lien avec l'odeur du produit et le risque encouru ? Le risque serait selon vous plus élevé à quel étape de son usage (Préparation, application, nettoyage) ? Pensez-vous que ce produit puisse rendre malade ? Les effets sont-il immédiats ou retardés ? Avez-vous remarqué des effets secondaires lors de l'usage de ce produit ? Avez-vous déjà eu des problèmes à cause de l'usage de ce produit ? Pour votre santé ? Celle de votre famille ? Pour d'autres personnes ? Pour vos cultures ? Y a-t-il des malaises que vous ressentez très souvent ? Si oui, lesquelles ? Pensez vous que les produits utilisés peuvent avoir un lien avec ces malaises ?

Existe-t-il des risques spécifiques pour les enfants, pour les femmes, pour les femmes enceintes ? Avez-vous entendu parler de cas particuliers, de situations spécifiques ? Faire raconter] Y-a-t-il des précautions particulières à prendre pour ces catégories de populations ?

Quelle disposition devrait-on prendre pour se protéger des risques (Préparation, application, nettoyage) liés aux pesticides (la norme recommandée) ? Pensez vous que cette disposition est efficace ? Est-elle pratique pour vous ? L'adoptez-vous ? Si oui, pourquoi ? Si non, quelle autre disposition prenez- vous.

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez choisi de produit ?

Les maladies et la santé en général

Quels sont les différents types de maladies que vous connaissez ? Quelles sont les maladies qui préoccupent le plus les gens autour de vous ? [L'enquête insistera plus particulièrement sur les maladies à vecteurs et sur les éventuelles entités nosographiques traditionnelles se référant à une transmission par un insecte]

Pour chaque maladie :

Nom de la maladie ?

Pourquoi appelle-t-on cette maladie comme ça ?

Ce nom de maladie a-t-il un autre sens dans votre langue (ex hwesivo = soleil) ?

Lorsque l'on souffre de cette maladie, par quels symptômes se manifeste-t-elle ?

Existe-t-il d'autres maladies qui ont des symptômes similaires/identiques

A-t-on l'habitude de regrouper cette maladie avec d'autres maladies similaires [nosographie] ?

Existe-t-il différentes formes de cette maladie ? (formes bénignes/formes graves, forme interne/forme externe, etc.) /

Est-ce une maladie grave ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui selon vous en fait la gravité ?

Existe-t-il des formes plus ou moins graves de cette maladie ?

Est-ce que l'on peut mourir de cette maladie ?

Cette maladie peut-elle entrainer d'autres maladies ?

Est-ce que cette maladie peut aussi concerner les enfants ?

Est-elle plus fréquente chez les enfants ou chez les adultes ?

Est-ce qu'elle se manifeste de la même manière chez les enfants ? Y a-t-il des signes/ symptômes particuliers ?

Pourquoi se manifeste-t-elle différemment chez les enfants ?

Est-ce qu'elle est plus grave chez les enfants que chez les adultes ?

Pourquoi ?

Cette maladie est-elle plus fréquente chez les femmes ou chez les hommes ? et pourquoi ?

Est-ce qu'elle se manifeste de la même manière chez les hommes et chez les femmes ? Y a-t-il des signes/ symptômes particuliers ?

Pourquoi se manifeste-t-elle différemment chez les hommes et chez les femmes ?

Est-ce qu'elle est plus grave pour les hommes ou pour les femmes ? Pourquoi ?

Y-a-t-il un problème particulier pour les femmes enceintes ?

Selon vous à quoi est du cette maladie ?

Selon ce que les gens disent, qu'est-ce qui peut provoquer cette maladie ?

L'explication que vous venez de donnez est-elle la seule que vous ayez entendu ?

Avez-vous déjà entendu des personnes fournir d'autres explications ?

Est-ce que cette maladie peut-être intentionnellement provoquée par quelqu'un ?

Est-ce que cette maladie peut se transmettre d'une personne à une autre ? De quelles manières ? Existe-t-il d'autres modes de transmission que celui que vous venez de nous donner ?

Cette maladie peut-elle être transmise par un animal, un autre être vivant, un objet ?

Existe-t-il d'autres maladies qui se transmettent de la même façon ?

Est-ce que cette maladie existe dès la naissance ?

Est-ce qu'elle existe chez tout le monde ?

Est-ce que cette maladie est liée à une famille ? Est-elle plus fréquente dans certaines familles que dans d'autres ? Est-elle héréditaire (transmise par les parents aux enfants

Existe-t-il des moyens d'éviter cette maladie ? Comment ? Traditionnel ? Moderne ?

Est-ce que l'alcool peut avoir une influence sur le paludisme ? (Certaines disent que man de wezo : je diminue un peu le degré de paludisme [sous-entendu avec l'alcool]).

Est-ce une maladie qui dure longtemps ? [Pensez à quantifier le temps] Selon vous, qu'est-ce qui peut influencer la durée de cette maladie ?

Si elle disparaît, est-ce qu'elle peut revenir ? Si oui, à quelles conditions ?

Comment peut-on traiter/soigner cette maladie ?

Qui soigne cette maladie ? Existe-t-il d'autres personnes capables de soigner cette maladie ?

Comment soigne-t-on cette maladie ? Avec quels types de produits ? Où peut-on se procurer ces produits ?

Connaissez vous des gens qui préparent/vendent/donnent ces produits ?

Selon vous comment agit ce produit ? A quel niveau du corps agit-il ? Comment combat-il la maladie ?

Est-ce que le traitement peut avoir des effets néfastes/ secondaires ? Lesquels ?

Connaissez-vous des gens dans votre entourage qui ont souffert de cette maladie ?

Pouvez-vous me raconter comment c'était ? (si possible relancer le discours spontané demandant de décrire le cas. N'en venir aux questions précises que si cela s'avère nécessaire)

Dans ce cas précis, comment avait commencé la maladie ?

Quels étaient les symptômes ?

De quoi souffrait-il exactement ?

Vous souvenez vous qui cette fois-ci avait fait le diagnostic, avait dit ce que c'était comme type de maladie, comme maladie ?

Y avait-il eu des difficultés pour identifier de quel mal souffrait la personne ? Le diagnostic avait-il donné lieu à des débats ?

Qui la personne avait-elle consultée pour savoir de quelle maladie il s'agissait ?

Comment avait-elle soigné son mal ?

Est-ce qu'elle avait pris plusieurs types de traitements ?

Où avait-elle trouvé/acheté les traitements ?

Est-ce qu'elle avait préparé elle-même son traitement ? Qui avait préparé ?

Est-ce qu'elle avait guéri vite ? [Questionner le temps de guérison. Guérir vite peut prendre combien de temps. Essayer de quantifier le temps]

Pourquoi ?

Avez-vous ressenti de troubles/signes des symptômes qui selon vous sont liés au traitement ?

Si oui lesquels ?

Comment avait-elle fait pour les arrêter (les effets secondaires) ?

Date : Quartier/village : Site de maraîchage :

IDENTIFICATION

- Nom et prénoms :

- Ethnie :

- Age :

- Sexe :

- Religion :

- Niveau scolaire : Scolarisé : Oui Non

Si oui, niveau d'étude : Primaire

Secondaire1

Secondaire2

Universitaire

Si non, Alphabétisé ? Oui Non

- Activités professionnelles (autres que le maraîchage) :.....................................

- Situation matrimoniale : Célibataire Oui Non

Marié Oui Non

Si marié, mariage civil Mariage coutumier Mariage religieux

Veuf/Veuve Divorcé(e) Répudiation

- Nombre d'enfants

De moins de 5 ans De 5 à 18 ans : De 18 ans et plus :

- Nombre de personnes à charge (financièrement)

Dans le ménage :

Enfants jusqu'à 17 ans :

Autres personnes :

Dans la famille élargie

Père :

Mère :

Frères et soeurs :

Autres parents : Préciser :....................

Autres personnes dépendantes hors de la parenté : Préciser

- Situation financière

*Revenu mensuel : Salaire ou gain mensuel : .............

*Autres revenus -Bail

-Dons, Préciser l'origine :.......

-Autres activités parallèles :.......

-Contribution du conjoint :.......

- Charges financières

*Coût de santé/famille

*Charges domestiques

*Charges sociales

*Crédits en cours

*Fonctionnement activités professionnelles (consommables)

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE 2

REMERCIEMENTS 3

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES 4

LISTE DES PHOTOS 6

RESUME 7

SUMMARY 8

INTRODUCTION 9

CHAPITRE I : Aspects théoriques 12

1. Etat de la question 12

2. Identification du problème et exposé de la problématique 15

3. Hypothèses 17

4. Objectifs 17

5. Cadre théorique et conceptuel 18

Représentation sociale 18

Le pesticide, un objet matériel et social 19

6. Le cadre de l'étude : La commune de Sèmè-Kpodji 20

Situation géographique 20

Relief 21

Climat 21

Hydrographie 22

Végétation 22

Faune 22

Sols 22

L'agriculture 23

L'élevage 23

Pêche et pisciculture 23

CHAPITRE II : Démarche méthodologique 25

1. Nature de l'étude 25

2. La recherche bibliographique et documentaire 25

3. Méthodes et outils de collectes des données 26

Carnet de terrain 26

Observations directes et participantes 27

Entretiens non directifs, semi-structurés 28

Capture d'images photographiques 29

4. Ethique de la recherche 30

5. Traitement et analyse des données 32

CHAPITRE III : Au village maraicher de Sème-Kpodji (VIMAS) 35

1. Historique de VIMAS 35

2. Dynamique sur le site de VIMAS 36

Les acteurs individuels 36

Les acteurs institutionnels 38

Investissement et accès au financement 39

Les principaux outils utilisés 40

Attribution des parcelles de cultures 40

Force de travail et main d'oeuvre 41

3. Description de quelques activités à VIMAS 42

Préparation des planches 42

Les conduites de pépinières 43

Repiquage et arrosage 44

Désherbage, sarclage et binage 47

4. Des ravageurs, des maladies, des pesticides. 47

Ravageurs 48

L'évocation des maladies 51

Les pesticides, usages et approvisionnements 52

CHAPITRE IV : Processus de décision d'achat et d'utilisation des intrants 55

1. Les décisions d'achat des intrants : un phénomène complexe 55

Un système de croisement et de réassurance des sources d'informations 55

Le contexte de la décision d'achat des intrants 57

Le choix d'un vendeur unique 58

Le choix de plusieurs vendeurs 59

2. Le choix des pesticides chimiques : ce qui influence le maraicher 61

3. Le manque de temps du maraicher 66

4. L'incidence de la perception et la gestion de la toxicité des pesticides 68

5. Stockage des produits et devenir des emballages 72

CONCLUSION 74

REFERENCES BIBLIOGRAPHIES 76

ANNEXES 83

TABLE DES MATIERES 101

* 1 Site de maraichage dans la commune Sèmè-Kpodji (VIMAS)

* 2 Site de maraichage dans la commune de Cotonou (domaine de l'ASECNA)

* 3 L'axe anthropologique est sous la responsabilité de Marc Egrot, Anthropologue dans l'Unité Mixte de recherche (UMR) 224 de l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement), intitulée MIVEGEC : Maladies Infectieuses et Vecteurs, Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle. Dans ce cadre, j'ai bénéficié d'une gratification de l'Institut de Recherche en Santé Publique (IRSP) sur les crédits CRDI pour faire mon DEA (Diplôme d'Etudes approfondies).

* 4 DDT : Dichlorodiphényltrichloroéthane

* 5 Altération du génome

* 6 Destruction du système immunitaire de l'organisme

* 7 Poison pour le système nerveux

* 8 Cancérigène

* 9 Commune délimitée par une ceinture jaune sur schéma suivant

* 10 Plante adaptée aux milieux salés

* 11 Selon Paillé et Mucchielli (2008), il s'agit de transcrire les entretiens ou de constituer des documents ou notes d'observation de façon à pouvoir ensuite y noter directement les thèmes. Cette méthode permet, sans apprentissage aucun, le contact physique du chercheur avec ses données qu'il peut ordonner à sa guise. Il a une possibilité permanente (du début à la fin de l'étude), de reprise de la thématisation.

* 12 Espace surélevé séparant deux planches.

* 13 Le terme planche utilisé dans ce sens spécifique et émique doit donc être considéré comme un terme vernaculaire du fait de sa sémantique spécifique et sera en conséquence écrit en italique pour le distinguer de la planche comme espace de culture.

* 14 Concentré Emulsionnable






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo