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Dynamique de la dégradation des terres et techniques de gestion de l'eau et du sol: les terres Bour dans la commune rurale des Shoul.

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par Ismail Farhaoui
UNIVERSITE MOHAMMED V-AGDAL Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Département de Géographie Rabat  - Master 2008
  

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Année Universitaire 2008- 2009

 

UNIVERSITE MOHAMMED V-AGDAL
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Département de Géographie

Rabat

 

CHAIRE UNESCO-Gaz Natural
Master: Gestion de l'Environnement et
Développement Durable

Mémoire de Master
Thème :

DYNAMIQUE DE LA DEGRADATION DES TERRES ET
TECHNIQUES DE GESTION DE L'EAU ET DU SOL,

LES TERRES BOUR DANS LA COMMUNE RURALE DES SHOUL

Préparé par :

Ismail Farhaoui

Sous la direction de :

Pr Mohamed Aderghal & Nahid EL Bezzaz

Jury de soutenance:

Mr Mohamed Aderghal, Professeur d'Enseignement Supérieur Assistant à la FLSH de Rabat Mr Abdellah LAOUINA, Professeur d'Enseignement Supérieur à la FLSH de Rabat

Mme Nahid EL Bezzaz, Ingénieur agronome spécialité Sciences du Sol, Administration du Génie Rural, MAPM, Rabat.

Mémoire réalisé dans le cadre du projet DISERE

i

Table des Matières

LISTE DES FIGURES V

LISTE DES TABLEAUX V

LISTE DES CARTES VI

LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES VI

LISTE DES SYMBOLES, ABREVIATIONS, UNITES VII

REMERCEMENTS VIII

INTRODUCTION 1

PROBLEMATIQUE 2

METHODOLOGIE DU TRAVAIL 3

OBJECTIFS ATTENDUS 7

PLAN DE L'ETUDE 8

CHAPITRE PREMIER : UN TERRITOIRE AGROFORESTIER 9

INTRODUCTION 10

1. LES ELEMENTS D'UN SYSTEME AGROFORESTIER 10

1.1 UNE TOPOGRAPHIE DE PLATEAUX DISSEQUES 10

1.2 SUBSTRATUM GEOLOGIQUE ET MILIEUX GEOMORPHOLOGIQUES 12

1.3 LES CARACTERISTIQUES PEDOLOGIQUES : DES SOLS PEU FAVORABLES A LA MISE EN

VALEUR AGRICOLE 12

1.4 LES VARIATIONS CLIMATIQUES : UN TERRITOIRE A CLIMAT SEMI-ARIDE 15

1.4.1 Les éléments du climat 15

1.4.1.1 Les précipitations 15

1.4.1.1.1 Précipitations moyennes annuelles 15

1.4.1.1.2 Précipitations moyennes mensuelles 16

1.4.1.2 Température 16

1.4.1.2.1 Températures moyennes maximales et minimales 16

1.5 LES EAUX DE SURFACE ET LES NAPPES PHREATIQUES 17

1.6 COUVERT VEGETAL COMPOSE ESSENTIELLEMENT PAR LES FORMATIONS FORESTIERES 17

2. DES RESSOURCES NATURELLES VALORISEES A DES FINS

AGROPASTORALES 18

2.1 UN SYSTEME BASE SUR LES CEREALES ET L'ELEVAGE 18

2.1.1 Statutes fonciers et structures de la propriété 18

2.1.2 Exploitations et mode d'utilisation des terres 18

2.1.2.1 Les types d'exploitation 18

2.1.2.2 L'occupation des terres 19

ii

2.1.2.3 Prédominance des terres des céréaliculture 22

2.2 ELEVAGE 22

2.2.1 L'Elevage Extensif 22

2.2.2 L'Elevage Intensif 22

2. 3. UNE POPULATION PEU DENSE 23

2.3.1 Densité démographique faible 23

2.3.2 Structures démographiques 23

2.3.2.1 Évolution de la population 23

2.3.2.1.1 Structure de la population par âge et par sexe 24

2.3.3 Dispersion de l'habitat et précarité des habitations 25

3- MODE D'ORGANISATION DE L'ESPACE AGRO-PASTORAL 25

3.1LA PHASE COMMUNAUTAIRE 25

3.2 LE PHASE DE L'INITIATIVE PRIVEE 25

4. L'ORGANISATION DU TERRITOIRE COMMUNAL DES SHOUL 26

4.1 ORGANISATION PUBLIQUE : 26

4.2 ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 26

5. DEGRADATION DES TERRES ET STRATEGIE DE CONSERVATION 26

5.1 DEGRADATION DES TERRES 26

5.1.1 Les facteurs de la dégradation des terres dans la région 26

5 .1.1.1 Les facteurs naturels de la dégradation des terres 27

5.1.1.2 Les facteurs humains de La dégradation des terres 28

5.1.2 Les aspects de la dégradation des terres dans la région des Shoul 28

5.1.2.1 les griffes et les rigoles 28

5.1.2.2 Les ravines 29

5.1.2.3 La diminution de la couverture végétale 30

5.1.3 Les effets de la dégradation des terres dans la région 30

5.1.3.1 La baisse de la productivité agricole des sols 30

5.1.3.2 L'envasement des barrages 30

6- LES STRATEGIES DE CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS 30

CONCLUSION 31

CHAPITRE DEUXIEME : ETAT ACTUEL DES PRATIQUES ET DES TECHNIQUES DE CES APPLIQUEES PAR LES AGRICULTEURS DES SHOUL.... 32

INTRODUCTION 33

1. LES TECHNIQUES AGRONOMIQUES DE CONSERVATION DES EAUX ET DES

SOLS 33

1.1 LE LABOUR ISOHYPSE 34

1.2 APPORT DE FUMIER DANS LE SOL 36

1.3 ROTATION CULTURALE ET ASSOLEMENT 38

2. LES TECHNIQUES VEGETALES OU BIOLOGIQUES DE CONSERVATION DES

EAUX ET DES SOLS 38

2.1 LES HAIES 38

2.2 LA CORRECTION BIOLOGIQUE DES RAVINES 40

2.3 LES PLANTATIONS FRUITIERES 42

iii

3. LES TECHNIQUES PHYSIQUES DE CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS

44

3.1. LES TERRASSES 44

3.2 LES MURETTES EN PIERRES SECHES 46

3.3 LES GABIONS 46

CONCLUSION 50

CHAPITRE TROISIEME : EVALUATION DES TECHNIQUES DE CES : CAS DE

LA ROTATION CULTURALE 51

INTRODUCTION 52

1. CONTEXTE DE L'EVALUATION DE LA TECHNOLOGIE 52

2. SPECIFITE DE LA TECHNOLOGIE DE CES 53

2.1 DESCRIPTION 53

2.1.1 Définition de la technologie 53

2 .1.2 Historique de la technologie 54

2.1.3 Les principales caractéristiques de la technologie 54

2.1.3.1 Mise en place/ entretien, activités et intrants : 54

2.1.3.2 Environnement naturel de la technologie: 55

2.1.3.3 Environnement socio-économique: 55

2.2 BUT ET CLASSIFICATION 55

2.2.1 La pertinence de l'utilisation des techniques de CES pour des exploitants faisant

face à la baisse des rendements. 55

2.2.2 Caractérisation et but de la technologie 55

2.2.3 La technologie une réponse à la dégradation des sols 57

2.2.4 Comment la technologie de rotation combat-elle la dégradation des terres 57

2.2.4.1 Les amendements organiques 57

2.2.4.2 Utilisation des plantes fixatrices d'azote 57

2.3 LE STATUT DE LA TECHNOLOGIE 57

2.4 SPECIFICATIONS TECHNIQUES, ACTIVITES DE MISE EN PLACE, INTRANTS ET COUTS 58

2.4.2 Investissement initial 58

2.4.3 Les activités récurrentes ou techniques culturales 59

2.4.3.1 Les activités récurrentes des céréales 59

2.4.3.2 Les activités récurrentes de légumineuses 62

2.4.5 Le coût de mise en route de la technologie et les coûts récurrents 62

3. EVALUATION DE LA TECHNOLOGIE DE LA ROTATION CULTURALE 64

3.1 EVALUATION ENVIRONNEMENTALE 64

3.1.1 Enrichissement et concentration de la matière organique et l'azote dans le surface

des sols 64

3.1.2 Augmentation de L'humidité des sols 65

3.1.3 Réduction du ruissellement et perte en terre 67

3.1.3.1 Retardement de déclenchement de ruissellement 67

3.1.3.1.1 Le comportement de blé en rotation céréale/légumineuse 68

3.1.3.1.2 Comportement d'avoines en rotation avoines / blé 68

3.1.3.2 Réduction de La perte en terre 69

iv

3.1.3.2.1 Comparaison entre rotation blé/légumineuse et rotation blé/avoines 69

3.1.4. Une amélioration de la structure du sol et de sa stabilité structurale 70

3.1.5 Améliorations de la protection et qualité de l'eau 71

3.1.6 Un accroissement de la biodiversité et de l'activité biologique 71

3.1.6.1 Le développement des vers de terre augment la biodiversité animale 71

3.1.6.2 Une concentration de la microfaune en surface 72

3.2 ÉVALUATIONS SOCIO-ECONOMIQUES 72

3.2.1 Augmentation du rendement 72

3.2.1.1 Analyse économique des rendements 72

3.2.1.1.1 le nombre des tiges par m2 72

3.2.1.1.2 Le nombre de graines par épi 73

3.2.1.1.3 Rendement grain / ha 73

3.2.1.1.4 Rendement en paille/ha 74

3.2.1.2 Analyse de Bilan économique de la technologie de rotation culturale 76

3.2.1.2.1 Les dépenses de rotation blé/légumineuses 76

3.2.1.2.2 Revenu de la rotation blé/légumineuse 79

3.2.2 Réduction des frais pour les intrants agricoles 79

3.2.3 Réduction de l'émigration 79

CONCLUSION 80

CONCLUSIONS GENERALES & RECOMMANDATIONS 81

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 86

ANNEXES 90

V

Liste des Figures

FIGURE 1 : VARIATIONS ANNUELLES DES PLUIES DE LA STATION DU BARRAGE SIDI MOHAMED

BEN ABDALLAH (1984-2007) 15
FIGURE 2 : EVOLUTION DE LA POPULATION DES SHOUL ENTRE 1982-2004 (SOURCE:RGA 1994-

2004) 23

FIGURE 3 : REPARTITION DE LA POPULATION SELON LES CLASSES D'AGE 24

FIGURE 4 : DESSIN TECHNIQUE DES TERRASSES DE VIGNES EXISTANTES DANS LA ZONE DES

SHOUL 45
FIGURE 5 : DESSINE TECHNIQUE DE LA TECHNOLOGIE DE GABION UTILISEE DANS LES ZONES

BOUR DE LA COMMUNE DES SHOUL 48

FIGURE 6 : LE TAUX D'HUMIDITE DANS LES DIFFERENTES PARCELLES ETUDIEES 66

FIGURE 7 : EVOLUTION DE RUISSELLEMENT DANS UNE PARCELLE AVEC ROTATION BT/FEVE 68

FIGURE 8 : EVOLUTION DE RUISSELLEMENT DANS UNE PARCELLE CULTIVE EN AVOINE EN

ROTATION AVEC LE BLE 69

FIGURE 9 : ETAT DE SURFACE DES CULTURES PRATIQUEES DANS LA ROTATION 70

Liste des Tableaux

TABLEAU 1 : REPARTITION DES CLASSES DE PENTE DANS LA ZONE ETUDIEE 10

TABLEAU 2 : LES TYPES DES SOLS EXISTANT DANS LA ZONE DES SHOUL 13

TABLEAU 3 : MOYEN MENSUEL DES PRECIPITATIONS DANS 3 STATION ANNEE 2007 16

TABLEAU 4 : LES MOYENNES DES MINIMA ET DES MAXIMA DES TEMPERATURES DE LA STATION

BARRAGE SIDI MOHAMED BEN ABDALLAH 2007 17

TABLEAU 5 : TYPES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES DANS LA COMMUNE DES SHOUL 19

TABLEAU 6 : SYSTEMES DE CULTURES DANS LA COMMUNE DES SHOUL 20

TABLEAU 7 : SUPERFICIE DE LA CEREALICULTURE DANS LA REGION DES SHOUL 22

TABLEAU 8 : DENSITE DE LA POPULATION DES SHOUL 23

TABLEAU 9 : STRUCTURE DE LA POPULATION SELON L'AGE ET LE SEXE 24

TABLEAU 10 : COUT DES INTRANTS DE LA ROTATION CULTURALE 58

TABLEAU 11 : ACTIVITES RECURRENTES/MAINTENANCE DE LA TECHNOLOGIE DE ROTATION

CULTURALE : CAS DE CEREALES 61
TABLEAU 12 : COUT TOTAL D'INVESTISSEMENT ET DES ACTIVITES RECURRENTES DE LA

TECHNOLOGIE DE ROTATION CULTURALE : CAS DES CEREALES 63
TABLEAU 13 : LE TAUX DE LA MATIERE ORGANIQUE ET DE L'AZOTE DANS LES DIFFERENTES

ROTATIONS AU NIVEAU DE LA ZONE D'ETUDE. 65

TABLEAU 14 : VARIATION DES PERTES EN TERRE DANS LES PARCELLES EN ROTATION 69

TABLEAU 15 : RENDEMENTS PAR CULTURE SELON LES TYPES DE ROTATIONS : 75

TABLEAU 16 : RENDEMENTS GRAINS ET PAILLE PAR CULTURE ET SELON LE TYPE DE ROTATION75 TABLEAU 17 : LES ENGRAIS UTILISES POUR LES CEREALES ET LES LEGUMINEUSES ET LEURS

COUTS EN DH/HA 77
TABLEAU 18 : DES CHARGES DE MAIN D'OEUVRE POUR UN HECTARE DE CEREALE ET DE

LEGUMINEUSE DANS LA ROTATION 78

TABLEAU 19 : LES RECETTES BRUTES DE BLE ET DE FEVE 79

vi

Liste des Cartes

CARTE 1 : ZONAGES DE CHOIX DES ECHANTILLONNAGES DANS LA COMMUNE DES SHOUL 5

CARTE 2 : CARTE DE SITUATION DE LA COMMUNE DES SHOUL 11

CARTE 3 : CARTE PEDOLOGIQUES DE LA REGION DES SHOUL 14

CARTE 4 : CARTE D'OCCUPATION DES SOLS 21

CARTE 5 : REPARTITION DES TECHNIQUES DE CES EXISTANTS DANS LA REGION DES SHOUL 49

Liste des Planches photographiques

PHOTO 1 : RIGOLES SUR VERSANT MARNEUSE 29

PHOTO 2 : TAILLE DES RAVINES MAQUES A SHOUL 29

PHOTO 3 : TECHNIQUE DE LABOUR ISOHYPSE DU BAS VERS LE HAUT 35

PHOTO 4 : TECHNIQUE DE LABOUR PAR TRACTEUR AU AVEC LA PENTE 35

PHOTO 5 : PHOTOS ILLUSTRENT L'UTILISATION DE FUMIER DANS LA REGION DES SHOUL 37

PHOTO 6 : TECHNIQUE DE HAIE COMPOSEE DE FIGURER, DE CACTUS, DE ROSEAUX ET DES

D'ARBUSTES 39
PHOTO 7 : HAIE COMPOSEE DES CACTUS ET DE FIL DE FER, UTILISEE POUR LA DELIMITATION DES

PARCELLES ET LA PROTECTION DES TERRES CONTRE L'EROSION HYDRIQUE 40

PHOTO 8 : TECHNIQUE DE CORRECTION BIOLOGIQUE DES RAVINS 41

PHOTO 9 : DYSFONCTIONNEMENT DE LA PLANTATION D'EUCALYPTUS DANS LA CORRECTION

BIOLOGIQUE DES RAVINS. 41

PHOTO 10 : PREPARATION DES TROUS DE PLANTATION D'AGRUMES 24

PHOTO 11 : PLANTATION D'OLIVIERS SUR UN VERSANT A PENTE MODEREE 43

PHOTO 12 : TERRASSES DES VIGNES ENTAILLEES DANS LES FORMATIONS SUPERFICIELLES 45

PHOTO 13 : MURETTES EN PIERRES SECHES SUR LA RIVE DROITE DE L'OUED BOUREGREG 46

PHOTO 14 : CORRECTION DES RAVINS PAR LA TECHNOLOGIE DE GABION 48

PHOTO 15 : CULTURES DE FEVE ET DE LUPIN ISOHYPSE 56

PHOTO 16 : BILLONNAGE ISOHYPSE DE FEVE SUR PENTE MODEREE 56

PHOTO 17 : ILLUSTRE LES DIFFERENTES ACTIVITES DE MOISSON, EMBALLAGE DE PAILLE ET

COLLECTE DU RENDEMENT PAR UNE CHARRETTE METALLIQUE 60

Liste des Annexes

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE WOCAT TECHNOLOGIE 91

ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE INDICATEURS LOCAUX DE DEGRADATION DES TERRES 120

vii

Liste des Symboles, Abréviations, Unités

SYMBOLES, ABREVIATIONS

CES : Conservation des eaux et des sols

CT : Centre des Travaux

CIHEAM : Centre Internationale de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes

DPA : Direction Provinciale d'Agriculture

DESIRE : Désertification Mitigation and Remediation of Land

ENFI : Ecole Nationale Forestière d'Ingénieurs

GCES : Gestion conservatoire des eaux et des sols

FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines

FAO : Food and Agriculture Organisation

IAV : Institut Agronomique et Vétérinaire

INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

MAPM : Ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime

Nbre

M.O : Matière organique
: Nombre (s)

PMVB : Projet de Mise en Valeur en Bour

PV : Procès verbal

RGA : Recensement Générale d'Agriculture

SMBA : Sidi Mohammed Ben Abdellah

RGPH : Recensement Générale de la Population et de l'Habitat

TDR : Time domain refectometry

WOCAT : World overview of conservation approches and technologies

UNESCO : Organisation des Nation Unies pour l'Education, la Science et la Culture

Unités

Qx/ha : Quintaux par hectare

Km : Kilomètre

Cm2 : Centimètre carré

P/j : Personne par jour

Ha : Hectare

% : Pour cent

L/ha : Litre /hectare

L : Litre

U : Unité

Qté (s) : Quantité (s)

H : Heure

dh/ha : Dirham par hectare

viii

REMERCEMENTS

Au terme de ce travail je tien à remercie tout particulièrement Mr Abdellah Laouina, professeur responsable de master CUGN pour sa disponibilité constante et les conseils qu'il m'a prodigués je désigne également exprimer ma profonde gratitude à pour son attention et son aide précieuse, ainsi qu'a tous les professeurs qui ont contribué à ma formation.

Je voudrais aussi adresser mes s'incérés remerciement à Mohammed Aderghal et Nahid ellbazzez pour avoir suivi avec intérêt mon travail et pour m'avoir suffisamment conseillé et guidé.

Je tiens à remercier également les doctorants et les postes docteurs pour ses conseils très utiles et notre accompagnement sur le terrain.

Je teins à remercier également Mohammed Sabir Directeur de ENFI pour son soutien.

Je tiens à remercier également tous les professeurs du master CUGN, à tous mes collègues (Etudiants de la promotion 2006/2008 du master CUGN) pour la bonne atmosphère et la bonne entente entre nous ;

Mes remerciements s'adressent également à la population de la commune des Shoul de l'accueil qu'elle nous a réservé lors de nos investigations.

A ma famille, mes amis pour le soutien et la confiance

Enfin, je dis merci à tous ceux qui peu importe la distance sont restés prés de moi dans ce parcours.

1

Introduction générale

1. Introduction

La désertification désigne « la dégradation des sols dans les zones arides, semi-arides par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines". (Voir la définition de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, juin 1992)1,

D'après le FAO, La dégradation des terres s'intensifie dans plusieurs parties du monde alors qu'environ 1,5 milliard de personnes, soit le quart de la population mondiale, dépendent directement de terres qui se dégradent2.

Les conséquences de cette dégradation comprennent notamment la diminution de la productivité agricole, la migration, l'insécurité alimentaire, les dégâts apports aux ressources et aux écosystèmes de base et la perte de la biodiversité du fait des changements subis par l'habitat aussi bien au niveau des espèces qu'au niveau génétique.

Le Maroc, comme l'ensemble des pays de la rive sud de la méditerranée du Sud,connaît une dégradation importante de ses ressources naturelles .sous la pression d'une démographie galopante, les surfaces d'une agriculture de subsistance (céréaliculture) augmentent au détriment des forêts, des espaces boisés et des terres pastorales.

La surexploitation des ressources, due a un surpâturage et une demande en bois dépassant de trois à quatre fois les potentialités, entraîne annuellement la réduction du couvert forestier et sylvo-pastorale de l'équivalent de 31000 ha .De même, pour les terres agricoles, la jachère devient de moins en moins fréquente et de plus en plus courte et les techniques culturales moins appropriées3.

De ce fait, toutes les sociétés rencontrent des problèmes de dégradation du milieu par divers types d'érosion et ont tenté d'y porter remèdes par des stratégies traditionnelles adaptées aux pressions foncières en aménageant les eaux de surface pour améliorer la productivité des sols et stabiliser les versants. L'abandon des techniques ne signifie pas leur manque d'efficacité antiérosive, mais l'évolution du contexte économique dans lequel ils sont appliqués4.

La commune des Shoul fait partie des sociétés qui connaissent une dégradation galopante des ressources naturelles. L'économie de la région est essentiellement basée sur l'élevage et sur une agriculture de subsistance de type traditionnel. L'agriculture constitue la première activité. Elle se caractérise par une très large prédominance de la culture céréalière pluviale destinée à satisfaire les besoins vivriers familiaux. Sa productivité est soumise aux contraintes d'ordre physique, technique et socio-économique qui limitent fortement son développement.

Face aux problèmes de dégradation des terres, les paysans adoptent des stratégies diverses en vue de minimise les risque de production par la mise en oeuvre des techniques traditionnelles et modernes de Conservation des Eaux et des Sols (CES).

1 www.fao.org

2 FAO juillet 2008, Rome

3 Sabir M et al ,2000, « la DRS fruitière dans le pré-rif :quels apports pour l'exploitation agricole de montagne :analyse de cas dans le bassin versant de l'Ourgha. P62 « les stratégies et méthodes traditionnelles et modernes de lutte anti-érosive »

4 ERIC. R, 2000 « évolution historique des stratégies de lutte antiérosive. Vers la gestion conservatoire de l'eau, de la biomasse et de la fertilité des sols : GCES »p11 « les stratégies et méthodes traditionnelles et modernes de lutte anti-érosive. »

2

Introduction générale

L'objectif de cette étude est de contribuer à la définition et la description des stratégies de conservation des eaux et des sols et l'évaluation de l'efficacité des techniques de CES menées localement.

2. problématique

La commune des Shoul constitue la plus ancienne de toutes les communes de la préfectures de Salé. Sa création remonte aux premières années de l'indépendance. Dans un environnement urbain, elle continue à constituer avec la commune de Bouknadel les deux entités communales rurales de la préfecture de Salé.

Sur le plan environnemental, la commune est caractérisée par un relief de plateaux disséqués avec des altitudes autour de 250 m et qui évolue sous forme de milieux géomorphologiques assez homogènes, mais renfermant des différenciations de détail au niveau de la surface des plateaux, des fonds de vallée, et des versants. Elle est caractérisée aussi par la diversité des types de sol, mais avec la prédominance des sols fersiallitiques.

Aussi l'exposition de la zone vis-à-vis des influences océaniques contribue-elle à la distinction entre deux étages bioclimatiques, l'un sub-humide concentré au Nord et l'autre semi-aride se prolonge vers le Sud.

Sur le plan humain la commune est caractérisée par une densité démographique faible, avec 50 habitants/Km2, et par une société agropastorale récemment fixée, associant l'élevage et l'agriculture dans un système de production intimement lié au milieu naturel dans lequel il se déroule.

La sédentarisation récente, l'évolution démographique et l'émergence de nouvelles pratiques agraires, allaient entraîner une pression sur les ressources naturelles qui s'est manifestée par une tendance à la mise une culture des terres en pente et par un recours plus grande à la forêt pour l'alimentation du cheptel.

Devant ce constat de dégradation, les paysans de la région développent des stratégies de restauration et conservation des terres agricoles traduites en techniques et pratiques dont les plus utilisées sont: le labour isohypse, la rotation culturale et la plantation fruitière.

La dégradation des terres bour et les stratégies de conservation utilisées nous amènent à poser les questions suivantes:

1-La dégradation des terres en zone de culture bour a-t-elle des impacts sur le fonctionnement des systèmes de production agropastoraux et sur les revenus des exploitants?

2- Quelles sont les stratégies adoptées pour le dépassement des effets environnementaux et socioéconomiques de la dégradation?

3- Quelles sont les avantages environnementaux et socio-économiques des techniques de CES adoptés dans les zones bour de la commune?

3

Introduction générale

3. Méthodologie du travail

3.1 Le choix de la zone d'étude

Le choix a été dés le départ orienté vers la zone d'action du projet DESIRE, c'est un choix dicté par le déroulement d'un projet de recherche au niveau de la Chaire Unesco, est dont l'objectif recherché est d'essayer de contribuer aux études menées par l'équipe du projet, dont les actions portent sur l'application de nouvelles méthodes d'analyse de la dégradation et des solutions qui lui sont apportées. Par ailleurs nous avons cherché également à profiter du cadre qu'offre le projet, notamment, les rencontres et les discussions avec les experts en CES.

3.2 Les phases de la réalisation de l'étude

L'analyse détaillée de la dynamique de dégradation des terres dans la région et l'analyse de l'efficacité des techniques de conservation des eaux et des sols menée localement font que le présent travail a été réalisé en trois phases principales:

La phase 1 : la première phase concerne la recherche bibliographique et documentaire en s'attachant à deux principale sources

Les sources officielles: il s'agit des documents administratifs, statistiques et monographiques établis par les différentes administrations locale provinciale, régionale et nationale telles la Direction Provinciale de l'Agriculture de Rabat-Salé, le Centre des Travaux agricoles, CT, de Bouknadel et le Sous Centre des travaux agricoles d'Ouljet-Salè à Shoul, la commune rurale des Shoul l.

Les sources académiques : des thèses et mémoires ont été consultés. Ils concernent, soit la région étudiée, soit le thème de ce mémoire.

Nous citons les mémoires de fin d'étude de l'I.A.V Hassan II qui traitent des thèmes relatifs aux cultures pratiqués dans les Zones bour du Maroc, les thèses et les documents que nous avons pu consulter et qui sont consacrés à différents thèmes tels,«les communes rurales et les problèmes de développement» qui est le sujet d'un mémoire de DES réalisé par Ghoulimi S en 1999, la dynamique de la dégradation des terres présentée par Antari M. en 2007 sous la titre «Mesures du Ruissellement et de l'érosion des terres dans le micro-bassin versant Matlq et essai de modélisation», le milieu physique de la région par Beaudet G dans sa thèse sur « le Plateau Central Marocains et ses Bordures. Étude géomorphologique» et les stratégies et méthodes traditionnelles et modernes de lutte anti-érosive présenter par un ouvrage collectif sous la direction de Abdellah Lauina en 2007 et par le bulletin réseau érosion 21 sous le titre: Techniques traditionnelles de GCES en milieu méditerranéen en 2002.

La Phase 2 : cette phase est réservée à l'enquête et aux mesures sur le terrain, dont l'objectif est la description et l'évaluation de l'efficacité environnementale et socio-économique de la technologie de rotation culturale utilisée dans la zone des Shoul,

4

Introduction générale

- Les enquêtes

Les enquêtes concernent les paysans qui ont mené une technique de CES et les spécialistes en conservation des eaux et des sols. L'enquête que nous avons réalisée sur le terrain est basée sur le questionnaire WOCAT technologie.

Le questionnaire wocat est établi par des spécialistes dans le domaine de la Conservation des Eaux et des Sols. Son but est de mettre en place une base de données sur l'état de la dégradation et sur les technologies de conservation. Il doit avoir pour but la sélection des technologies pour leur efficacité en vue de les insérer comme propositions dans des programmes d'aménagement et de développement. La mission de WOCAT est d'offrir un appui au processus d'innovation et de prises de décision dans le domaine de la gestion durable des eaux et des sols.

> La structure de questionnaire wocat

Pour analyser et évaluer la CES, WOCAT a développé trois types de questionnaires:

Un questionnaire sur les technologies de CES;

Un questionnaire sur les approches de CES;

Un questionnaires sur la cartographie de la CES

Dans notre cas, nous avons utilisé le questionnaire WOCAT technologie pour dégager la technique la plus efficace en matière de conservation des eaux et des sols. Ce questionnaire est composé de trois parties:

La première partie comprend des informations générales sur la zone géographique ou la technologie a été appliquée, sur le spécialiste CES participant et sur la dégradation des sols.

La deuxième partie porte sur la spécification de la technologie de CES composée des questions relatives à la technologie de CES notamment, le but étant la classification, le statut, les activités de mise en place, les activités récurrentes et le coût de la technologie;

La troisième partie concerne l'évaluation de la technologie, et est composée des questions sur les avantages et les inconvénients environnementaux et socio-économique de la technologie.

- Les mesures sur le terrain

Le rôle de ces mesures est d'évaluer l'efficacité environnementale et économique de la technologie de rotation culturale dans toute la zone de l'étude.

Pour mener ces mesures nous nous sommes basés sur l'échantillonnage. Le choix de l'échantillonnage a été fait à l'aide d'une carte de zonage, la réalisation de cette carte est basée sur deux critères, à savoir, la répartition des types de sols et des types de pentes

En outre, pour élaborer cette carte on a adopté la démarche suivante:

1 - établissement d'une carte des pentes simplifiée en distinguant entre trois catégories: les pentes de moins de 10%, les pentes de 10% à 20 et enfin les pentes de plus de 20%;

2 - établissement d'une carte de type des sols en se limitant à quatre types: les sols calcimagnésiques, les sols fersiallitiques peu évolués et les sols isohumiques;

3 - croisement des deux cartes et identification des principales zones homogènes;

4 - mesure de la superficie des zones homogènes identifiées.

Introduction générale

5

Carte 1 : Zonages de choix des échantillonnages dans la commune des Shoul

6

Introduction générale

Il faut signaler que le travail de l'évaluation a été mené sur 10 parcelles en culture bour, dans la zone 1 (zone des sols fersiallitique) dont la localisation est montrée par la carte présentée plus haut.

La concentration des mesures dans la zone 1 et sur 10 parcelles est due aux difficultés rencontrées sur le terrain, à savoir: l'assèchement précoce des cultures utilisées dans la rotation, et l'insuffisance du temps pour mener des mesures dans toutes les zones identifiées lors du zonage. C'est pour cela, que nous avons focalisé notre travail de terrain dans la zone des sols fersiallitiques, dans la partie Sud de la commune.

Les parcelles choisies dans la zone 1, se fait selon la pente, l'exposition, et le type de rotation. Le tableau suivant montre les parcelles étudiées:

Tableau : les 10 parcelles étudiées dans la zone 1 : sol fersiallitique

N°parcelle

Précédent cultural

Culture actuelle

Type de rotation

Statut foncier

1

orge

mais

Céréale/céréale

melk

2

blé

mais

Céréale/céréale

melk

3

blé

avoine-

Céréale /avoine

melk

4

blé

avoine-

Céréale /avoine

melk

5

mais

orge

Céréale/céréale

melk

6

fève+lupin

blé tendre

légumineuse fourragère / Céréale

melk

7

mais

blé tendre

Céréale/céréale

melk

8

orge

orge

Céréalière

melk

9

blé

pois- chiche

Céréale/légumineuse alimentaire

melk

10

blé

fève

Céréale/légumineuse alimentaire

melk

- Les mesures effectuées

· Mesures physiques du sol : 1-La cohésion du sol

C'est une propriété mécanique de la surface du sol qui donne une idée sur la résistance au cisaillement de la couche superficielle du sol. La mesure de la cohésion est effectuée à l'aide d'un torvane.

7

Introduction générale

2-La résistance à la pénétration

C'est une propriété mécanique de la surface du sol qui permet d'apprécier la résistance de la surface du sol à une force de pénétration. La mesure de La résistance à la pénétration est effectuée à l'aide d'un pénétromètre.

3-L'humidité du sol

Le suivi de l'humidité du sol, en utilisant un TDR portable, cette technique s'appuie sur les propriétés diélectriques du sol qui sont fonction de son humidité. Un signal électromagnétique est envoyé dans le sol et la vitesse de propagation de l'onde permet de déterminer sa teneur en eau

· Mesure de la végétation

La mesure de la végétation, basée sur le calcul de nombre de tiges sur une parcelle de 1 m2.


· Mesure de l'érosion en nappe

Pour la quantification de l'érosion en nappe, la technique de simulation de pluies permet d'obtenir rapidement des mesures de ruissellement et de la charge solide dans une gamme variée de sols et de conditions culturales.

Phase 3 : cette phase est réservée au traitement de l'information collectée dans la bibliographie et sur le terrain. Elle a deux finalités:

> La première concerne la détermination des valeurs qui permettent l'analyse statistique de l'information.

> La deuxième concerne l'établissement des cartes qui permettent de donner une dimension spatiale aux phénomènes étudiés.

La cartographie faite avec l'aide des logiciels spécialisés tels, le MapInfo et le ArcGis. L'analyse statistique de l'information se fait par Exel.

4. Objectifs attendus

Dans cette étude nous nous sommes basés sur la technologie de rotation culturale comme technique de conservation des eaux et des sols appliquée dans la zone d'étude, pour le maintien de la fertilité des terres et la restauration des sols dégradés.

Cette étude a pour but d'évaluer l'efficacité de la technologie de rotation culturale et s'est assignées les objectifs suivants:

> Comprendre les techniques mises en place par la population en réponse à la dégradation des terres dans les zones réservées à la culture bour;

> La description des techniques de CES existantes dans la région des Shoul;

8

Introduction générale

> L'évaluation des impacts environnementaux et socio économiques de ces techniques, les possibilités de capitalisation de ces techniques en vu d'une généralisation dans le cadre de projets de développement local.

5. Plan de l'étude

L'ensemble des données recueillies nous a permis de diviser le plan de travail en trois chapitres :

Le premier chapitre : « Un territoire agroforestier» et consacré à présenter le milieu naturel (climat, végétation, sol, géomorphologie...) et humain et la dynamique de dégradation des terres dans la région (causes, aspects, effets) et les stratégies de conservation des eaux des sols dans la zone des Shoul.

Le deuxième chapitre porte sur la description des techniques de conservation des eaux et des sols (agronomique, végétale et physique), présenté sous le titre «Etat actuel des pratiques et des techniques de conservation des eaux et des sols appliquées par les agriculteurs des Shoul».

Le troisième chapitre est basé sur les résultats de l'enquête du questionnaire WOCAT, intitulé «l'évaluation des techniques de conservation des eaux et des sols: cas de la rotation culturale». L'évaluation de la technologie de rotation comporte une évaluation environnementale et socio-économique.

9

10

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Introduction

Ce chapitre nous permettra de décrire les ressources naturelles fragiles qui constituent le territoire des Shoul et la dégradation de ces ressources qui atteignent des stades très avancés dans la zone et qui imposent des interventions immédiates. Il nous accédera également de concevoir les caractéristiques d'une population qui est peu dense et dispersée, ainsi que ses effets sur le processus de la dégradation des ressources naturelles, notamment les eaux et les sols.

6. les éléments d'un système agroforestier

1.1 Une Topographie de plateaux disséqués

Le territoire des Shoul se situe entre la limite septentrionale du plateau central marocain et le début du système dunaire de la Meseta côtière5.

Il est limité au Nord-Est par la forêt de la Maâmora dont il occupe une partie .En outre, il est composé d'un relief découpé en fragments de plateau par un réseau des cours d'eau affluent des Oueds Grou et Bouregreg. Compte tenu des altitudes, compris entre 50 et 250 m, la topographie présente une faible variété au niveau de la surface des plateaux. Les principales oppositions sont notées au niveau des vallées.

Sur la base de l'élément pente, on peut distinguer entre deux zones :

la zone dont la pente est inférieure à 15% représentant 71% de la superficie totale. Cette catégorie de terrains représente le potentiel des terres de cultures.

la zone dont la pente est supérieure à 15 %, représentant presque 30% de la superficie totale et constituée des terres difficiles à mettre en valeur et devinées essentiellement au marne6.

Tableau 1 : Répartition des classes de pente dans la zone étudiée

Classes de pente

Superficie (ha)

%

% cumulé

< 5%

19.000

54

 

5 - 15%

60.000

71

125

> 15%

10.000

28

153

 

Source : monographie des Shoul

5 Beaudet G, 1969 « le plateau central et ses bordures .étude géomorphologique »

6 Monographie des Shoul

11

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Carte 2 : Carte de situation de la commune des Shoul

Source : cartes topographiques des Shoul et Bouknadel 1/50000

12

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

1.2 Substratum Géologique et milieux géomorphologiques

La charpente de la zone est constituée par la meseta centrale marocaine grossièrement tabulaire et pénéplnée après l'orogénie hercynienne et souvent appelée massif central marocain7.

La base du plateau des shoul est formée par les dépôts du socle hercynien (carbonifère inférieur) qui font partie de l'unité structurale du synclinale occidentale .Ces dépôts, généralement subverticaux, se retrouvent sur les plateaux à l'Ouest des Shoul .Sur ces dépôts reposent en discordance les revêtement subhorizontaux du Miocène du villafranchien et les sables quaternaires.

Sur le plan géomorphologique le territoire des Sehoul présente un relief très différencié. Le principal milieu géomorphologique est :

Le plateau : est une surface ondulée couverte de formations quaternaires riches en caillouteux, ce plateau s'incline du Sud vers le Nord et les altitudes de 400m environ au niveau des limites Sud de la commune à 200 m dans les limites Nord-ouest. Également, les fragments de plateaux qui comprennent les éléments de relief sillonnés sont appelés « Dhar », et se présentent sous forme de buttes arrondies.

Les versants : ils sont de forme convexe prés des sommets dans le matériel schisteux est concaves vers le bas avec parfois des ruptures de pentes dans la même formation. En outre, ces versants sont fondés dans les marnes messiniennes. la pente des versants est accusées et se situe souvent entre 20 et 50 % sur les versants des Oueds Grou et Bou-Regreg.

Les bas fond : présentent une forme de gorges, creusées actuellement dans les dépôts alluviaux du fond des vallées.

1.3 Les caractéristiques pédologiques : Des sols peu favorables à la mise en valeur agricole

La commune des Shoul est caractérisée par différents types de sols rassemblés dans 8 classes pédologiques selon la classification française en vigueur au Maroc8.

7Beaudet G, 1969 : « le plateau central et ses bordures .étude géomorphologique » p292

8 IAV Hassan II, 2002 : « Étude de l'analyse des sols dans le périmètre de mise en valeur en bour des shoul évaluation de la fertilité des sols et fertilisation des cultures ». Rapport 2 Résultats d'analyses, interprétations et recommandations, Edition Définitive p10

13

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Tableau 2 : Les types des sols existant dans la zone des Shoul

Types des sols

Superficie /ha

%

Les sols fersiallitiques

16900

48

Les sols isohumiques bruns

1650

5

Les sols calcimagnésiques bruns

calcaires

1800

5,5

Les sols brunifiés lessivés modaux et hydromorphes

2900

8

Les vertisols

400

1

Les sols hydromorphes.

2200

6

Les sols peu évolués d'apport

alluvial et d'érosion

950

3

Les minéraux bruts d'apport

alluvial et d'érosion

8300

23,5

totale

35 ,102

100

 

Source : PMVB des Shoul

On remarque que les sols fersiallitiques sont dominants dans la zone et occupent la quasi-totalité du plateau des Shoul, soit 50 % des superficies. Ils sont développés à partir des formations superficielles villafrancheinnes. Ces sols, sont relativement pauvres pour l'agriculture car ils sont caractérisés par une hydromorphie accentuée et l'importance du lessivage.

Les sols calcimagnésiques et les sols isohumiques couvrent environ 11% et dominent sur les formations marneuses et sur la molasse de base.

Les sols brunifiés persistent encore sur des versants à pente faible ayant un substrat schisteux et couvert par la forêt (8 %).

Les sols peu évolués d'apport alluvial et alluvio-colluvial, ainsi que les sols vertiques sont associés aux dépôts des terrasses des oueds Grou et Bou-Regreg.

Les sols minéraux bruts et les sols peu évolués d'érosion correspondent aux sols les plus dégradés à faible capacité de production9.

D'une manière générale, les sols argilo-sableux sont pauvres en matière organique et ne se prêtent pas à une agriculture intensive comme c'est le cas dans la plaine interdunaire de la zone de Bouknadel.

9 Direction Provincial e d'Agriculture de Rabat-Salé 2002 : « Étude de l'analyse des sols dans le périmètre de mise en valeur en bour des shoul évaluation de la fertilité des sols et fertilisation des cultures » p10.

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

14

Carte 3 : Carte pédologique de la commune des Shoul

15

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

1.4 Les variations climatiques : un territoire à climat semi-aride

La connaissance des caractéristiques du climat nous permet de définir les particularités des événements pluvieux qui sont connus de la région, et leurs effets sur le processus de la dégradation des terres.

Le climat qui caractérise la région des Shoul, appartient à l'étage bioclimatique semi-aride à hiver assez doux, la saison pluvieuse marquée par l'abondance des précipitations dont la valeur est irrégulière en fonction des années, s'étale de novembre à avril, alors que la saison sèche marquée par une baisse des quantités de pluies et une augmentation des températures.

La régularité de ce régime saisonnier peut être perturbée durant les années marquées par la sécheresse.

1.4.1 Les éléments du climat 1.4.1.1 Les précipitations

Les données météorologiques qui seront présentées dans la présente étude, ont été relevées des stations météorologiques les plus proches de la région qui est celles de Rabat-Salé, barrage Sidi Mohamed Ben Abdallâh, Lalla Chafia,Aguibte Ziar10.

1.4.1.1.1 Précipitations moyennes annuelles

Les moyennes annuelles des précipitations enregistrées au niveau de la station du barrage Sidi Mohamed ben abdallah, fluctuent entre 136 et 819 mm, et montre une irrégularité interannuelle qui évolue en dents de scie. Les années humides peuvent enregistrer cinq fois plus de précipitations que les années sèches.

P(mm)

400,0

900,0

800,0

700,0

600,0

500,0

300,0

200,0

100,0

0,0

*1984 *1986 *1988 *1990 *1992 *1994 *1996 *1998 *2000 *2002 *2004 *2006

précipitations annuelles Moy mobile ordre 5 P Moy

Figure 1 : Variations annuelles des pluies de la station du barrage Sidi
Mohamed ben abdallah (1984-2007)

10 Station Rabat-Salé : x : y : z :

Station SMBA : x : 33°56'23» Y : 6°08'79» z :
Station Lala Chafia : x : y : z : 180m

Station Aguibte Ziar : x : 38°79'50» Y : 37°41'00» z :

16

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

1.4.1.1.2 Précipitations moyennes mensuelles

Les précipitations moyennes mensuelles revêtent une importance particulière, en effet l'analyse des différentes valeurs de ce critère permet de déterminer les mois les plus humides et donc favorable pour l'activité végétale.

Tableau 3 : Moyenne mensuelle des précipitations dans 3 station année 2007

Stations

J

F

M

A

M

J

JI

A

S

O

N

D

SMBA

1,2

2,0

1,2

0,7

0,5

0,0

0,0

0,0

0,0

3,2

14,7

1,1

Lalla chafia

3,4

4,1

6,5

7,0

2,5

0,0

0,0

0,6

1,2

8,2

16,5

5,4

Aguibte Ziar

1,1

1,6

1,4

1,5

0,5

0,0

0,0

0,0

0,1

0,9

2,4

0,7

 

Source : Agence de basin hydraulique du bouregreg et de la Chaouia 2008

L'analyse des précipitations moyennes mensuelles enregistrées au niveau des trois stations, montre une forte irrégularité avec une concentration des pluies qui peut s'étaler juste sur quelques mois, alors que le reste de l'année est sec. Le maximum des précipitations est souvent enregistré en novembre- décembre -janvier -février.

1.4.1.2 Température

La température forme le deuxième descripteur climatique. Elle a une grande influence sur le milieu et particulièrement sur la pulvérisation des sols ce qui accentue leur vulnérabilité à l'érosion. Ce sont les moyennes des minima du mois le plus froid (m) et celles des maxima du mois le plus chaud (M) qui sont très importantes pour l'analyse de l'effet du climat sur le milieu.

1.4.1.2.1 Températures moyennes maximales et minimales

L'analyse des valeurs enregistrées dans la station de barrage sidi Mohamed Ben Abdallah montre que les températures sont relativement modérées. La moyenne mensuelle varie entre 13°C et 26 °C correspondant respectivement aux mois de décembre et juillet.

17

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Tableau 4 : Les moyennes des minima et des maxima des températures de la

station barrage Sidi Mohamed ben Abdallah 2007

Station

température°c

J

F

M

A

M

J

JI

A

S

O

N

D

Barrage Mehamed ben Abdallah

M

17

18

20

20

24

26

29

28

26

26,1

22

18

 

m

13

15

15

16

19

22

24

23

18

11,5

11

8,9

 

15

16

17

18

22

24

26

25

22

18,8

16

13

 

Source : Agence de basin hydraulique du bouregreg et de la Chaouia 2008 1.5 Les eaux de surface et les nappes phréatiques

Les eaux de surfaces sont constituées par deux oueds : Bouregreg et Grou ainsi que leurs affluents. Ces oueds sont régularisés par le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah. Les eaux de surface sont valorisées par le Barrage S.M.B.A et les lacs colinéaires. Leur fonction est l'alimentation en eaux potable les villes de Rabat et Salé et une partie de la ville de Casablanca. En dehors du Barrage S.M.B.A la mobilisation des eaux de surface est limitée au lac colinéaire d'El Arjat d'une capacité de 45.000 m3 dont les eaux sont destinées à l'abreuvement du cheptel. La commune des Shoul est également traversée par des petites cours d'eau de très faible importance tels que El Arjat, l'Ouljat et Sidi Allal et dont l'écoulement est de courte durée liée aux précipitations11.

En ce qui concerne les nappes phréatiques, elles sont limitées à la nappe phréatique des Shoul, qui s'étend sur une surface de 200 km2. La profondeur de la nappe varie entre 20 et 80m, et est alimentée principalement par l'infiltration des eaux des pluies en l'absence de liaison hydraulique avec la nappe de la Maâmora.

Les sources sont peu nombreuses, aux débits faibles et se localisent surtout dans les fonds de vallées et dans les zones de contact lithologique.

1.6 Couvert végétal composé essentiellement par les formations forestières

Le couvert végétal occupe le 1/3 de la superficie totale de la commune dominée par les formations forestières. Les formations naturelles rencontrées dans la commune:

1-Forêt et matorrals : le chêne- liège une espèce calcifuge et acidophile, est l'espèce arborée qui s'étend sur les formations sableuses, La subéraie est généralement une forêt clairsemée à sous bois peu ou moyennement dense, abritant de nombreuses espèce herbacées ou ligneuses formant plusieurs strates :

Strate arborée : Poirier, Pin, Thuya ...

Strate arbustive: Palmier nain,Pistacia lentiscus,Olea Europea... Strate herbacée : Cistus Salvifolius, Cistus Monspeliensis...

2-Ermes : les ermes sont généralement denses et leur végétation est formée d'associations végétales.

11DPA de Rabat- salé, 2005 : « Etude relative à l'amélioration du secteur horticole dans la commune rurale des SHOUL » p 6

18

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

3-la végétation des dayas : elle constituée d'une erme annuelle hydrophile formant de petites prairies composées notamment de différentes graminées.

7. Des ressources naturelles valorisées à des fins agropastorales

2.1 Un système basé sur les céréales et l'élevage

2.1.1 Statutes fonciers et structures de la propriété

Le statut Melk prédomine, avec 98%de la SAU, par rapport aux autres formes juridiques à savoir le collectif et le domaine privé de l'Etat qui représentent uniquement 2%.

2.1.2 Exploitations et mode d'utilisation des terres

2.1.2.1 Les types d'exploitation

La taille des exploitations actuelle résulte du phénomènes de morcellement et à les mutations qui' a connues la région. Les structures agraires que la région a connu durant le 20 éme siècle, entre la période tribale précoloniale, et la phase de l'emprise citadine depuis l'entrée des colons français et jusqu'à la phase de l'expropriation citadine actuelle en passent par la rupture coloniale, la structure agraire a été minimiser a cause du morcellement et à la concentration actuelle, cette structure est caractérisés par une opposition entre 3 types d'exploitations différenciés par taille :

19

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Tableau 5 : Types des exploitations agricoles dans la commune des Shoul

Classe taille

 

Exploitations

 

SAU

Nombre de
parcelles

(en ha)

 

Nombre

 

%

Superficie

%

 

1622

 

59,7

 

3.959

19,7

4291

5 à 10

611

 

22,5

 

4708

23,4

2569

10 à 20

330

 

12,2

 

4964

24,8

1845

20 à 50

125

 

4,6

 

3923

19,6

789

50 à 100

22

 

0,8

 

1484

7,3

154

> 100

6

 

0,2

 

1062

5,2

53

TOTAL

2716

 

100

 

16141

100

9701

 

Source : monographie des Shoul-RGA 1996

59,7% des exploitations possèdent moins de 5 ha et détiennent 19,7 % de la SAU totale.

0,2% des exploitations possèdent environ >100 ha et détiennent 5,2 % de la SAU totale.

les tailles de 10 à 20 ha détiennent environ 25% de la SAU totale.

On peut dire que la région des Shoul ,en ce qui concerne les tailles des exploitations se trouve favorisée par rapport aux statistiques nationales(RGA 1996) qui indiquent que plus de 90% des exploitations marocaines ont moins de 5 ha12.

2.1.2.2 L'occupation des terres

Le territoire des Shoul connaît une diversification dans les systèmes de cultures. Les principales cultures pratiquées dans la région sont :

les céréales avec une superficie de 14.300 ha,

les légumineuses,

les cultures maraîchères,

les cultures fourragères,

et les plantations fruitières.

Le tableau suivant montre les systèmes de culture existants dans la commune avec leur superficie par hectare.

12 Haut Commissariat aux Eaux et Forêt, et la Lutte Contre la Désertification 2000 « Étude d'aménagement de la forêt des shoul » p26

20

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Tableau 6 : Systèmes de cultures dans la commune des Shoul

Systèmes de cultures

Superficie (ha)

%

Céréales

14300

71

Légumineuses

300

1,5

Cultures maraîchères

400

2,0

Cultures fourragères

800

4,0

Plantations fruitières

1500

7,5

Jachère

2800

14,0

Totale

20100

100

 

Source : PMVB des Shoul Avril 2004

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

21

Carte 4 : Carte d'occupation des Sols dans la commune des Shoul

22

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

2.1.2.3 Prédominance des terres sous céréaliculture

Dans le territoire des Shoul, l'agriculture est basée sur la céréaliculture qui correspond à la culture la plus pratiquée par les paysans de la région. Elle comprend, essentiellement, le blé dur , le blé tendre, l'orge et le maïs et occupe 9009 ha de la SAU totale répartie comme suit :

Tableau 7 : Superficie de la céréaliculture dans la région des Shoul

Céréalicultures

Blé tendre

Blé dur

Orge

Maïs

total

Superficie SAU/ha

3890

1010

1749

2360

9009

 

Source : DPA Rabat- salé

Les autres cultures sont des cultures secondaires telles que les légumineuses, les cultures industrielles et l'arboriculture .Elles concernent essentiellement le seigle cultivé sur les terres pauvres, comme culture fourragère et occupent 122 ha, soit 1,04% de la SAU totale ; le maraîchage tel que les petits pois qui occupe 110 ha ; la courge et l'arachide occupent 125 ha correspondant à 2 % de la SAU totale13 .

2.2 Elevage

De par son importance dans les revenus des agriculteurs, l'élevage est pratiqué par presque la totalité des exploitations .Il constitue une assiette sur laquelle est basée l'agriculture dans la région et surtout pour les exploitations à revenu limité,

Le cheptel présent est constitué par les bovins, les ovins et les caprins. En effet, il y a deux types d'élevage dans la zone :

2.2.1 L'Elevage Extensif

Basé sur l'exploitation des parcours naturels, notamment la forêt et les chaumes d'été des exploitation agricoles.14 L'effectif d'élevage extensif s'élève à 56000 ovins, 6000 caprins, 3000 équidés, 17000 bovins dont 40% de race croisée et 2,5% de race pure15.

2.2.2 L'Elevage Intensif

Destiné uniquement à la commercialisation et pour la production du lait et de la viande. C'est une forme d'élevage qui s'est développée grâce à l'intervention des capitaux d'origine

13 Direction Provinciale de l'Agriculture de la wilaya de Rabat -Salé, 2001 « projet de mise en valeur en bour des Shoul »

14 Haut Commissariat Eaux et Forêt, 2000 « Étude d'aménagement de la forêt des shoul » p7

15 Direction Provinciale de l'Agriculture de la wilaya de Rabat -Salé, 2001 « projet de mise en valeur en bour des Shoul » p12

23

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

urbaine, des investisseurs en élevage mettent en relation avec des éleveurs autochtones et leurs formant d'élevage d'animaux selon de bill de commercialisation.

2. 3. Une population peu dense

2.3.1 Densité démographique faible

La commune des shoul est marquée par une densité démographique faible. Avec 50 habitants / Km2, la densité de la population dans la commune et relativement faible comparée avec les moyennes de densité enregistrée au niveau national.

Tableau 8 : Densité de la population des Shoul

Superficie Km2

1982

1994

2004

 

Densité

population

Densité

population

Densité

394

17501

44,4

19959

50,6

19706

50

 

Source : RGA 1996-2004

2.3.2 Structures démographiques 2.3.2.1 Évolution de la population

Selon le RGPH de 1994 et 2004, la population de la commune rurale des Shoul a connu une évolution négative. Ainsi , l'effectif est passé de 19959 habitants et 2931 ménages en 1994 à 19706 habitants et 3304 ménages en 2004 , soit une stagnation de l'effectif de la population et une augmentation de près de 13% des ménages16.

Evolution de la population de la commune des shoul entre

1982-2004

1982 1994 2004

population

21000

20000

19000

18000

17000

16000

Figure 2 : Evolution de la population des Shoul entre 1982-2004 (Source:RGA

1994-2004)

16 RGA 1994 -2004

24

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

2.3.2.1.1 Structure de la population par âge et par sexe

Tableau 9 : Structure de la population selon l'âge et le sexe

 

< 7ans

7 à 15 ans

15 à 60 ans

>60 ans

totale

 

%

Nbr

%

Nbr

%

Nbr

%

Nbr

%

Masculin

372

8,9

617

14,8

1004

24,1

167

4

2160

51,8

féminin

317

7,6

520

12,5

1061

25,5

108

2 ,6

2006

48,2

totale

689

16,5

1137

27, 3

2065

49,5

275

6 ,6

4166

100

 

Source : PV d'aménagement de la forêt des Shoul

49%

7% 17%

27%

< 7ans

7 à 15 ans 15 à 60 ans >60 ans

Figure 3 : Répartition de la population selon les classes d'âge

Le tableau laisse apparaître une légère différence entre le pourcentage des hommes et celui des femmes pour les classes d'âge. Néanmoins, la figure montre que la classe de 15 à 60 ans, correspondent à la classe d'age de la population active, ce qui constituer un indicateur de la disponibilité pour le travail d'une grande partie de la population .Mais, cela ne veut pas dire que cette offre de main d'oeuvre potentielle et largement utilisée par le secteur agricole, la proximité des villes et la meilleur opportunité d'emploi non agricole pousse l'émigration de cette main d'oeuvre aux d'autre secteur.

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Chapitre premier : Un territoire agroforestier

2.3.3 Dispersion de l'habitat et précarité des habitations

D'après l'enquête nationale sur le niveau de vie de 1990-1991,et l'enquête nationale sur la famille en 1995, la majorité de la population des Shoul est considérée comme pauvre, puisque les dépenses moyennes par ménage ne dépassent 28000DH/an et n'atteignent pas le revenu moyen des ménages enregistré en milieu rural et qui s'élève à 38000 DH /an, ce qui traduit la précarité des habitants vu les conditions des logements qui font qu'un ménage sur deux est logé dans des baraques ou dans des habitations en torchis . Enfin, la taille des de la superficie agricole cultivée et/ou le nombre de bétail indiquent, que nous sommes devant de petites exploitations et de petits éleveurs.

La répartition géographique des familles pauvres ou vulnérables à la pauvreté sur le territoire de la commune se fait d'une manière inégale, Les taux oscillent entre 24% dans le Nord de la commune et 73% dans le Sud -Ouest17 .

3- Mode d'organisation de l'espace agro-pastoral

Il est important de mentionner que l'organisation de l'espace dans les shoul passe par deux phases importantes qui ont changé l'organisation spatiale du territoire.

3.1 Phase communautaire

Commencée depuis l'installation de la population dans le territoire, et la pratique de l'agriculture, l'organisation de l'espace dans cette phase est marquée par une organisation communautaire tribale, dont la gestion de l'espace ce fait par la jemâa, La mise en valeur du milieu repose, désormais, sur un système agropastoral associant la mise en culture et l'élevage. Étant fait dans un cadre communautaire, qui consiste en un système de déplacement des animaux sur l'ensemble des champs des membres de la communauté .C'est la phase de la vaine pâture qui oblige chaque personne de la tribu de laisser une partie de ses terres en jachère pour le pâturage communautaire .En outre, l'espace durant cette phase restait sous exploité vu que les paysans étaient peu ancrés et peu attachés à leurs terres. La fin de cette phase a été grêlée par le morcellement et la melkanisation des terres.

3.2 Phase de l'initiative privée

Cette phase commencer avec l'avènement de l'indépendance, marquant ainsi l'organisation de l'espace par une initiative privée. La région des shoul a été convoitée par une bourgeoisie citadine qui a repris les anciennes fermes des colons ou implantanté de nouvelles fermes Cette nouvelle intervention s'est axée, en particulier, sur le développement des cultures irriguées à partir des eaux de la nappe phréatique18.

17 Ghoulimi S , 1999 : « les communes rurales et les problèmes de développement locale cas de la commune de shoul » p47 ,51

18 Laouina A et al, Mars 2004 : « dynamique de l`eau et gestion des terres dans le contexte du changement global, dans le bassin du Bouregreg (Maroc) » science et changements planétaires / Sécheresse. Volume 15, Numéro 1, 65-77, p6

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Chapitre premier : Un territoire agroforestier

4. L'organisation du territoire communal des Shoul

Dans le contexte du territoire communal des Shoul, on relève deux types d'organisation du territoire :

4.1 Organisation publique englobe :

* La commune : la commune rurale des Shoul joue un rôle important dans la gestion des affaires des conseils. Pour exercer ces compétences .la commune est organisée en 5 services :

> Le Secrétariat Général de la commune qui assure la coordination entre les différents services et exécute la décision du conseil.

> Le service économique et financier qui fait le recouvrement de la fiscalité et participe à la préparation du budget et la gestion des déchets solides.

> Le service de l'hygiène qui fait le contrôle des produits alimentaires

> Les services de la légalisation des actes.

> Le service de l'Etat Civil.

* Services extérieurs du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime (MAPM)

Les services relevant du MAPM existant dans la zone sont :

> Le centre des travaux (CT) 22.10 d'Oulja de la ville de Salé-Bouknadel.

> Le Sous CT des Shoul.

> L'inspection vétérinaire à Arjat.

> Une station apicole à Arjat.

> Le cabinet vétérinaire à EL Arjat (privé). 4.2 Organisations professionnelles

L'organisation professionnelle n'est pas développée à Shoul, en effet une seule coopérative apicole est fonctionnelle (coopérative de miel d'or), par ailleurs, une autre vient d'être constituée, en plus de la coopérative laitière d'El Arjat qui a cessé de fonctionner.

8. Dégradation des terres et stratégie de conservation

5.1 Dégradation des terres

5.1.1 Les facteurs de la dégradation des terres dans la région

La dégradation des terres dans la région de Shoul peuvent être expliquée par l'intervention d'un certain nombre de facteurs naturels et humains ayant modifié les conditions de l'environnement. Les dégâts observés touchent, en premier lieu, les agriculteurs de la région aux quels ces phénomène posent de réels problèmes.

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Chapitre premier : Un territoire agroforestier

5 .1.1.1 Les facteurs naturels de la dégradation des terres

En ce qui concerne les facteurs naturels de la dégradation des terres, on cite la structure géologique de la région qui constitue la base de formation paléozoïque composée de Schistes,de Grés et de Quartzites, dans les niveaux supérieurs des formations tendres qui forment tous les versants de la région ,ainsi que la transgression marine que a connue la région au Mesinien , avec la subsidence dans la même époque permettant le dépôt des roches qui sont généralement fragiles, imperméables et faciles à éroder soit par l'érosion hydrique ou éolienne .

Le climat de la région est aussi un facteur explicatif de la dégradation des terres. Il s'agit du climat méditerranien caractérisé par un été chaud et sec et un hiver doux et pluvieux. Les précipitations se caractérisent aussi par une variation inter-annelles et intra annelles. Aussi, le déséquilibre et l'irrégularité du climat de la région peuvent-ils contribuer à la dégradation des terres. En outre, la nature des événements pluvieux est un éléments essentiel dans la dégradation .En effet, il y a deux situations de pluviosité qui peuvent dégrader le sol :(i) des pluies qui sont généralement de courte durée mais de fortes intensité et dont la hauteur varie de 5à 30m en quelques heures et peut varier de quelque minutes parfois avec des intensités qui peuvent atteindre 50mm/h19 . Le caractère brusque et violent de ces pluies leur procure un pouvoir érosif élevé surtout lorsqu'elles se produisent en période automnale et ; (ii) les pluies de longue durés qui s'étalent sur plusieurs jours consécutifs avec généralement des intensités faibles à moyennes.

On note aussi, que l'exposition des versants est un facteur déterminant dans le processus de dégradation des terres dans la région, Les observations faites sur le terrain montrent que les versants exposés vers le Nord, c'est-à-dire vers le soleil, reçoivent une duré de soleil très importante ( plus de 6 heures chaque jour) par rapport aux versants Est qui sont à l'ombre toute la journée .L'augmentation de la température des versants ensoleillés entraîne une détérioration de la végétation par l'évapotranspiration et la dégradation du sol parce que les rayons du soleil et le manque du couvert végétal rendent la structure du sol fine, vulnérable et facile à se dégrader devant l'érosion hydrique.

En outre, les types du sol que connaît la région sont des sols pour la plupart peu évoluées caractérisés par une structure faible quantité d'argile et maigre teneur en matière organique nécessaire à la cohésions des agrégats. L'insuffisance de la matière organique et la forte pente des versants de la région surtout dans la partie supérieure et moyenne, exposent les terres de la région et favorisent l'occurrence du ruissellement qui commence par un ruissellement diffus qui avec le temps se transforme en ruissellement concentré ayant la capacité de prendre les horizons supérieurs des sols de l'amont et de les déposer à l'aval.

La pente des versants est aussi un élément déterminant dans le problème de dégradation des terres. Les versants qui ont une pente de plus de 15%sont plus érodables. Les observation faites dans les Shoul montrent que les surfaces affectées par les incisions se situent souvent sur des pentes supérieures à 15%.

19 Antari M, (2007) : Mesure du Ruissellent et de l'érosion des terres dans le micro-bassin versant Matlaq et essai de modélisation, (région de Rabat, Maroc » p 113 ,114

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Chapitre premier : Un territoire agroforestier

5.1.1.2 Les facteurs humains de La dégradation des terres

La dégradation des terres dans la région des Shoul s'explique également, par des facteurs anthropiques qui se manifestent principalement par les techniques de labour, qui ont un effet important sur la dégradation. D'abord utilisé uniquement sur le plateaux le tracteur gagne actuellement les terrains en pente. Son utilisation est déconseillée sur les pentes au delà de 10%. Or, cette utilisation, notamment sur les terres en pente a des conséquences négatives sur la stabilité des sols. En plus du problème de tassement, le labour avec le tracteur engendrent la formation d'une semelle de labour beaucoup plus importante que celle générée par l'araire. Il crée ainsi une surface de discontinuité hydraulique en profondeur qui bloque l'infiltration verticale et joue le rôle d'un niveau de base pour le ruissellement hypodermique et d'un niveau de soutirage des matériaux20.

Aussi le labour parallèlement aux pentes des versants favorise-t-il la dégradation des terres, car il ameublit le sol et le rend facile à décaper par le ruissellement. En effet, la présence d'une jachère à L'amont d'une parcelle labourée contribue à la dégradation des terres au niveau de cette dernière .Ainsi dans les Shoul, la raideur de la pente pousse certains paysans à labourer juste la partie située en bas du versant à pente douce parce que la partie amont plus pentue est difficile à cultiver .Au moment des pluies et particulièrement en automne ,le ruissellement important enclenché au niveau de la jachère située en position haute et dirigée entièrement vers la parcelle cultivée en bas favorise le décapage du sol.

5.1.2 Les aspects de la dégradation des terres dans la région des Shoul

Dans la région des Shoul les manifestations de la dégradation des terres prennent des aspects différentiels en fonction des caractéristiques physiques de la région elle-même ou de l'utilisation des terres par la population. Ils se manifestent dans les formes d'érosion qui représentent actuellement un phénomène majeur dans la région. Ces formes d'érosion sont multiples et variées et participent plus au moins activement à l'appauvrissement des sols avec des pertes en productivité.

5.1.2.1 les griffes et les rigoles

Ces manifestations de la dégradation des sols se développent essentiellement, dans la région sur des terres non travaillées. Les petites griffes et les rigoles naissantes ont, souvent, tendance à changer de place. Alors que, certaines incisions reviennent presque toujours au même endroit après le labour. En outre, ces aspects constituent un processus érosif important particulièrement en automne et au début de l'hiver en raison des pluies agressives qui s'abattent sur les sols dont les états de surface est favorable au ruissellement.

Les griffes et les rigoles (cf. photo 1) se développent, essentiellement, sur les terrains de culture fragilisés par le labour mais elles peuvent également, s'installer sur des terres non travaillées.

Tous ces aspects ont un caractère passager et ne subsistent généralement pas plus d'un an sur les terres travaillées car elles sont régulièrement effacées par le labour.

20 Antari M avril 2007 p 115 ,116

Chapitre premier : Un territoire agroforestier

Photo 1 : Rigoles sur versant marneuse

5.1.2.2 Les ravines

Elles ont une forme plus accentuée que les rigoles (cf photo 2). Au cours du temps, les eaux se concentrent dans les rigoles et les creusent davantage jusqu'à ce qu'elles atteignent des dimensions considérables qui ne sont plus effacées par le labour. Les ravines sont responsables de la mobilisation et du transport d'importantes quantités de sédiments vers l'aval des bassins versants et participent substantiellement à l'envasement des barrages. La plupart des ravines remarquées dans la région, sont taillées essentiellement dans les marnes messéniennes marquées par d'épais colluvions rouges très caillouteux qui représentent certainement un ancien ravin comblé sur lequel se sont développées les actuelles ravines. Elles débutent dans la section moyenne du versant dont le détail de la structure du ravin est composée de deux majeures parallèles entre elles et séparées par un interfluve. La tête du ravin est composée de petits ravins.

Photo 2 : Taille des ravines maqués à Shoul

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Chapitre premier : Un territoire agroforestier

5.1.2.3 La diminution de la couverture végétale

La plupart des observations faites dans la région des Shoul montrent que la région a été couverte par une formation, végétale très dense qui s'étalait sur tous les versants. L'amplification de la dégradation des terres a diminuée le couvert végétal qui ne reste par conséquent, que dans des quelques endroits. Les hauts versants témoignent de l'existence d'une couverture végétale qui recouvrait toutes la région des Shoul.

5.1.3 Les effets de la dégradation des terres dans la région 5.1.3.1 La baisse de la productivité agricole des sols

La baisse de la productivité agricole des sols n'est pas uniquement due à la perte en sol, mais également et surtout, à la détérioration de la fertilité (perte en nutriments). A titre d'exemple, Laouani et al.(1993) rapporte que dans le sous bassin de Matlq l'érosion des sols contribue à la perte en fertilité des sols avec une perte annuelle de 41 kg/ha d'azote, 16 kg/ha de phosphore et 20 kg/ha de potassium. Dès lors que le sol a perdu sa fertilité, la terre est abandonnée ; parfois il peut y avoir une récupération de la fertilité des sols, mais dans la plupart des cas la situation ne fait que s'aggraver21.

5.1.3.2 L'envasement des barrages

La dégradation des terres dans la région provoque ainsi des crues soudaines et violentes. En effet les cours d'eau, souvent, incapables d'évacuer les flux, commencent à divaguer dans leurs lits en érodant les berges. Ce qui contribue à augmenter encore le volume et la charge solide de l'écoulement et à déclencher un surplus d'érosion. Le transport par le cours d'eau de cette importante charge solide a pour conséquence le colmatage des barrages collinaires ou principaux. À titre d'exemple, le barrage de Allal Ben Abdallah a connu une diminution de sa capacité de mobilisée des eaux sous l'effet de la dégradation des sols dans les parties sommitale des versants. Solen les études faites sur le lac du barrage, il ressort que le barrage reçoit, annuellement, plus de 5 tonnes des sédiments.

6- Les stratégies de conservation des eaux et des sols

Devant l'ampleur de la dégradation des terres dans la région des Shoul, qui résulte de la rupture d'un équilibre fragile entre l'écosystème et les activités humaines, les paysans développent des techniques de conservation des eaux et des sols. Ces techniques sont étroitement liées aux conditions écologiques certes, mais aussi aux conditions socio-économiques. Elles sont d'abord manifestées par des pratiques autochtones séculaires. Parmi, ces méthodes de conservation des sols anciennement utilisées par les paysans des Shoul, on peut citer la rotation des cultures, la pratique de la jachère et le labour isohypse.

Nous signalons aussi que l'abandon des terres dégradées dans la région et les flux de la population vers les villes constituent une stratégie de conservation, vue que le repos des terres sur une période très longue et le non labour contribuent à remédier à la lutte contre la dégradation des terres par l'apparition d'une strate arbustives avec les premières pluies de

21 Antari M, avril 2007 p 120

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Chapitre premier : Un territoire agroforestier

l'hiver. Celles-ci permettent une couvertures protectrice mais peu importante devant les précipitations hivernales et créent une vie biologique dans le sous sol et favorise enfin l'infiltration des eaux de ruissellement.

En outre, l'Etat intervient dans la région par la mise en place des technologies en conservations modernes telles que les gabions, les murettes en pierres sèches, ...etc.

Conclusion

L'environnement physique de la région des Shoul regorge des signes de dégradation du milieu. La topographie est disséquée. La charpente géologique de la zone constitue des couches friables à dominance marneuse. Le climat semi-aride caractérisé par un été chaud et sec et un hiver doux et pluvieux. Les sols sont battants et pauvres en matière organique et offrent un cadre adéquat pour l'érosion hydrique et éolienne.

En plus, La dégradation de ce milieu s'aggraver sous des conditions socio-économiques caractérisées en particulier par, la gestion inappropriée des terres agricoles, le surpâturage et la pauvreté et des faibles revenus des exploitants.

Pour soutenir la fertilité de ces sols et remédier la dégradation de leurs terres, les paysans de la zone apportent au fil du temps la confection des techniques de conservation des eaux et des sols tels que les techniques agronomiques, végétales et physiques.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Introduction

Les techniques de Conservation de l'Eau et des Sols (CES) sont généralement définies comme étant «toutes les activités menées localement, sur des terres dégradées ou soumises à l'érosion, qui maintiennent ou augmentent la capacité de production du sol. La CES inclut la prévention ou la réduction de l'érosion, du tassement (compaction) et de la salinité des sols ,
· la conservation ou le drainage de l'eau ,
· le maintien ou l'amélioration de la fertilité du sol, etc.
» (voir la définition donnée dans le cadre de WOCAT)22

Dans la région des Shoul la plupart des techniques de CES menées localement sont développées pour répondre à des besoins précis (remédier à la dégradation des terres, préserver les terres contre la dégradation, gestion de la fertilité des terres, production des produits alimentaire pour l'homme et les animaux) et permettre le dépassement des conditions écologiques contraignantes caractérisées en particulier par la rareté des ressources naturelles, notamment les eaux et les sols.

Ces techniques, appliquées dans le cadre des exploitations agricoles privées, relèvent d'une initiative individuelle et s'inscrivent en même temps dans des modes d'organisation institutionnelle, soit hérités d'une époque révolue où la jemâa jouait un rôle dans la réglementation des pratiques agraires, soit actuelles et relèvent de l'action de l'état ou du déploiement du capital privé.

Deux types de techniques de CES sont en vigueur chez les Shoul: (i) les techniques traditionnelles développées dans la région à partir des pratiques et des connaissances empiriques des paysans, (ii) les techniques modernes introduites par l'Etat dans le cadre de la mise en valeur des terres en bour au Maroc.

Il sera question dans ce chapitre de faire un inventaire des techniques CES existantes chez les Shoul, et de présenter leurs caractéristiques et les modalités de leurs mises en application.

Nous distinguons entre 3 types de techniques: les techniques agronomiques, les techniques végétales et biologiques, les techniques physiques.

1. Les techniques agronomiques de conservation des eaux et des sols

La technique agronomique est une série de techniques et pratiques agronomiques utilisées par les paysans, à un niveau individuel et collectif, et qui ont un caractère conservatoire des ressources23.

La conservation des eaux et des sols dans les Shoul s'est manifestée dans un premier temps par des pratiques agronomiques autochtones visant à améliorer l'importance des quantités d'eau stockées dans le sol.

Certaines techniques sont utilisées depuis longtemps. Parmi ces méthodes on cite la rotation et l'assolement des cultures, le labour isohypse, l'apport de fumier dans le sol et le billonnage isohypse...etc.

22 Questionnaire wocat technologie version 2007.

23 Narjisse H et al, 1999, « diagnostic des processus de dégradation des terres au Maroc : état de la ressources et dispositif d'intervention » p 72

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

1.1 Le labour isohypse

La technique de labour isohypse (cf. photo 3) est utilisée, sur les versants à différentes pentes. Les paysans de la région préfèrent cette technique quand ils utilisent la traction animale.

Le labour est un travail qui permet l'ameublement du sol en profondeur sur 0-30 cm, l'enfouissement des résidus de récolte, et facilite la préparation du lit de semence. Il a pour but de réduire la densité apparente du sol et de briser les couches compactées pour préparer le semis des cultures annuelles.

Lors du labour, le sol est retourné, ce qui entraîne son aération et l'enfouissement des résidus de culture et des mauvaises herbes de surface et donc favorise la minéralisation et la disponibilités des éléments nutritifs pour les plantes, et limite la multiplication des mauvaises herbes. Par ailleurs l'ameublissement du sol en profondeur améliore l'infiltration de l'eau et permet un bon développement racinaire assurant ainsi une bonne croissance des plantes.

Il est certain que le labour dans le sens des courbes de niveau est avantageux en terme de conservation des eaux, et des sols et des nutriments. En effet en travaillant le sol dans le sens contraire à la pente l'infiltration des eaux de pluie au début de la campagne agricole et leur stockage sont améliorés, en plus de la limitation de la multiplication des mauvaises herbes (après enfouissement), l'augmentation de la rugosité de la surface et le ralentissement du ruissellement.

Mais étant donné que les terres soumises à ce type de labour sont souvent en pente et composé de sols fragiles, la dégradation est un phénomène qui continue à être présent de manière moins marqué que sur des terres labourées dans le sens de la pente (l'accélération de l'érosion mécanique, l'augmentation des risques d'érosion hydrique et la destruction de la matière organique).

De ce fait, la régression du rôle des animaux de traits (jouja) dans la région a un impact sur la continuité de la pratique ainsi que, l'émigration et l'abandon des terres qui celles en pente réduit les superficies où cette technique est appliquée .Egalement, l'utilisation du tracteur et l'acquisition des terres par des non paysans est un facteur qui rend la technique relativement dépassée.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Photo 3 : Technique de labour isohypse du bas vers le haut

Photo 4 : Technique de labour par tracteur au avec la pente

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

1.2 Apport de fumier dans le sol

L'apport de fumier dans le sol est l'une des techniques agronomiques de CES utilisées par les paysans de la zone (cf., photo 5). Cette technique consiste en l'enrichissement du sol par des quantités importantes de fumier organique produit dans l'exploitation agricole.

Il y a deux sources de production du fumier utilisé comme engrais organique :

Le fumier issu des déjections des animaux qui pâturent dans les champs en jachère ou dans les chaumes.

La deuxième par la litière des animaux (vaches laitières) et les déchets ménagers.

Dans les shoul la quantité de fumier produit dans l'étable est utilisée pour la culture de maïs, pois-chiche et de quelques cultures maraîchères pluviales, tels la culture de la courge, les paysans n'utilisent pas le fumier pour la culture d'orge et de blé parce que, ce dernier aide à la prolifération des mauvais herbes dans ces deux cultures céréalières. La quantité de fumier utilisé pour un hectare de maïs est indéterminé par la quantité existe dans l'étable au moment de la préparation du sol pour la culture de maïs. Le fumier est étalé et enfoui dans la même période de la préparation du sol.

Dans la zone, les paysans qui font appel au fumier organique, sont des paysans qui ont des revenus agricoles limités et qui n'ont pas la capacité de couvrir les dépenses des engrais minéraux.

Mais, avec l'introduction des citadins dans la région, l'utilisation de fumier dans l'agriculture transforme plus largement vers le secteur de l'arboriculture, les quantités utilisés pour un hectare de plantation fruitière et presque 10 tonnes/ha, la période d'étalement et l'incorporation de fumier pour l'arboriculture se fait dans le mois de mai.

Le transport de fumier dans la région se fait, soit par un camion ou par une charrette, dans le cas des terres prés de l'habitation, le fumier en transporté par un âne ou un mulet, les parcelles loin de l'habitation le fumier en transporté par un camion jusqu'à la parcelle, si la parcelle est en pente ils utilisent un âne ou un mulet.

En effet, l'incorporation du fumier dans le sol est la méthode la plus répandue dans la zone. L'enfouissement se fait avec le labour par tracteur (le premier labour par cover crop pour meubler le sol puis la charrue à disque, pour l'incorporation du fumier dans le sol), l'incorporation ce fait aussi par l'araire en cas de terrain en pente.

L'incorporation du fumier dans le sol permet de garantir sa fertilité, qui assure la cohésion du sol et empêche son erodabilité par ruissellement après les pluies.

Le fumier naturel à plusieurs avantages sur le sol. Tout d'abord, il enrichit le sol par la matière organique, maintient la cohésion des mottes, augmente le rendement et réduit le coût des engrais chimiques24.

24 Amouzout. C. (2003) : Gestion intégrée de la fertilité des sols sur les parcelles maraîchères de Thasommo Village, Loas, FUSAGx, Gembloux, 76 p

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Photo 5 : L'utilisation de fumier dans la région des Shoul

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

1.3 Rotation culturale et assolement

Dans un souci d'augmenter le rendement par une bonne gestion du sol, le paysan a appris, au fil du temps25 , à pratiquer des assolements variables à l'échelle des parcelles de son exploitation selon la combinaison de plusieurs facteurs pédoclimatiques et techniques.

Pour améliorer la productivité des terres bour en pente les paysans pratiquent des rotations culturales qui font succéder une sole de légumineuse aux céréales réduisant ainsi la période de jachère. Mais au-delà de l'intérêt économique, cette pratique à des effets au niveau de la conservation des sols, la couverture continue du sol permet la réduction des effets de pluies sur les sols nus. Sur une même parcelle deux cultures permettent une couverture continue des sols, et par ils agissaient aussi sur les risque d'érosion des sols.

La pratique de la rotation, malgré ses effets bénéfiques, n'est pas pratiquée par la totalité des exploitants et n'est pas généralisée à toutes les parcelles de la même exploitation, les exploitants qui la pratiquent la rotation culturale dans la région sont des exploitants qui ont des propriétés familiales de 5 à 15 ha et qui intègrent l'élevage et l'agriculture comme activité principale, la superficie de la rotation culturale par la présence de la sole légumineuse concerne 300 ha soit 1,5 % de la SAU totale et 1,72 % des terres à céréales.

Les légumineuses alimentaires occupent une place importante dans les systèmes de culture de la région. Ce rôle est lié à leur place dans la rotation et à leur importance économique. En effet, ces spéculations sont considérées comme du bon précédent aux céréales, notamment les blés, du fait qu'elles laissent des résidus azotés importantes ainsi qu'un sol propre et meuble.

Les grandes et moyennes exploitations agricoles des zones bour, pratiquaient l'assolement triennal. Les parcelles étaient divisée en trois soles: une première consacrée à la jachère, c'est-à-dire non cultivée et destinée au pâturage. Les deux autres soles étaient consacrées, l'une à blé- fève- pois chiche- lupin et l'autre à blé tendre- maïs.

Ce type d'assolement qui requiert du travail et des soins aux cultures est souvent pratiqué sur les parcelles proches de l'habitation.

2. Les techniques végétales ou biologiques de conservation des eaux et des sols

Des techniques végétales de conservation des eaux et des sols sont utilisées par les paysans à un niveau individuel et collectif.

Il s'agit de la confection des haies autour des parcelles, des plantations fruitières et la végétalisation des ravines par des arbres d'eucalyptus ou des cactus.

2.1 Les haies

Les haies sont une combinaison d'arbres ou d'arbustes généralement plantés et entretenus pour constituer une fermeture (cf. photos 6&7).

Elles sont usuellement disposées en limites des parcelles pour assurer la séparation des propriétés ou la protection contre l'intrusion des animaux et des personnes26.

25 AL karkouri J et al ,2007 « pratiques et techniques de gestion conservatoire des sols et des eaux dans le bassin versant de Beni Boufrah (Rif central, Maroc) » p 56, Gestion Conservatoire des Eaux et des Sols Au Maroc, ouvrage collectif sous la direction de Abdellah Laouina, FLSH Rabat 2007.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Selon leurs compositions, les haies vives, composées d'espèces locales (cactus, laurier, thuya) ou introduites (pins, eucalyptus, oliviers) sont ou entretenue et taillée soit touffues.

L'utilisation des haies dans la région des Shoul est conçue pour délimiter les parcelles localisées prés des lieux d'habitation, marquer le territoire et les limites foncières.

Les lieux marqués par ces haies forment des îlots de verdure assez caractéristiques dans un environnement agro sylvo-pastorale marqué par la prédominance des cultures annuelles27.

Les haies présentent de nombreux intérêts pour les cultures et plus généralement pour l'environnement. Les agriculteurs appréciaient autrefois leurs capacités à délimiter les parcelles, en protégeant les cultures du vent (fonction brise vent) et de l'érosion également. En effet, elles favorisent l'infiltration de l'eau le long de leurs racines qui décolmatent et aèrent les sols et contribuent à améliorer l'alimentation des nappes phréatiques et à limiter à la fois les risques et les effets des phénomènes de sécheresses/inondations. De plus, elles ralentissent fortement l'érosion hydrique des sols.

Par ailleurs, du point de vue d'efficacité en CES, les haies sont ponctuelles et se limitent à la partie amont du versant. Plus en aval, les risques d'érosion par ruissellement se multiplient car ces mêmes haies contribuent à l'accumulation des eaux et au renforcement de leur énergie destructrice.

Photo 6 : Technique de Haie composée de figurer, de cactus, de roseaux et des

d'arbustes

27 Aderghal M et al, 2007 : les Techniques de CES dans le Plateau Central, le haut pays d'Oulmès , p 161-162 Gestion Conservatoire des Eaux et des Sols Au Maroc, ouvrage collectif sous la direction de Abdellah laouina, Flsh Rabat 2007.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Photo 7 : Haie composée des cactus et de fil de fer, utilisée pour la délimitation des parcelles et la protection des terres contre l'érosion hydrique

2.2 La correction biologique des ravines

Soucieux du danger que présente le ravinement pour sa parcelle qui est souvent exiguë, le paysan a depuis toujours, lutté contre ce phénomène par des opérations de comblements et/ou par des traitements encore plus efficaces28.

Les actions entreprises sont, en fait, très variées. Elles peuvent être classées en fonction de la partie traitée de la ravine ou selon les matériaux utilisés et le mode d'intervention.

Dans la commune des Shoul, le ravin actif constitue une vraie menace pour les terres agricoles, à cause de son évolution qui se traduit par l'élargissement du profil transversal, l'approfondissement du talweg et le recul de la tête. Ce qui se traduit par une perte en superficie cultivée que le paysan remarque facilement.

Les paysans accordent donc une attention particulière en stabilisation des ravins par les moyens biologiques (cf. photo 8).

Ils procèdent, ainsi, à la plantation d'arbres (figuier, cactus, eucalyptus) dans les fonds et les berges de certains ravins et talwegs collecteurs.

Cette technique a deux objectifs majeurs: d'abord la réduction du débit solide et la régularisation des écoulements, ensuite la réduction du risque de dégradation des terres et l'amenuisement des superficie cultivées.

28 Tribak A, 2002 : « stratégies de lutte antiérosive dans les montagnes du PRIRIF Orientale », P 51, bulletin réseau érosion 21, « technique traditionnelles de GCES en milieu méditerranéen »2002

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Photo 8 : Technique de correction biologique des ravins

Mais la technique de correction biologique des ravins n'est pas toujours efficace. Les observations faites dans la région montrent que la stabilisation des ravins par l'eucalyptus est peu efficace au niveau de la conservation des terres contre la dégradation, et contribue même à l'augmentation des pertes en terres. Pour fixer et colmater les ravins, les paysans plantent les eucalyptus dans le talweg, ce qui entrave l'écoulement des eaux qui incisent les berges du ravin pour créer un autre canal d'évacuation (cf. photo 9).

Photo 9 : Dysfonctionnement de la plantation d'eucalyptus dans la correction
biologique des ravins.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

2.3 Les Plantations fruitières

Dans cette zone semi-aride l'arboriculture reste limitée. Elle est principalement développée dans les fermes modernes où est pratiquée l'irrigation.

Les principaux arbres fruitiers rencontrés dans la zone sont : l'olivier, l'amandier, la vigne, les agrumes, l'avocatier, le figuier, le grenadier et le pêcher.

L'olivier constitue l'arbre fruitier le plus répandu dans la zone. Les variétés pratiquées sont la « picholine marocaine », la « haouzia » (variété sélectionnée par l'INRA à partir de la picholine marocaine, très productive avec une teneur en huile supérieure à 20% et la «picholine du Languedoc»29.

Les travaux préparatoires à la plantation d'olivier exigent un sous-solage croisé à une profondeur de 60-80cm, un labour moyen (30-40cm) et un cover-cropage. En culture moderne irriguée, les densités de plantation sont de 6x5m, soit 333 arbres/ha. En bour, les densités peuvent varier de 8x6m à 10x10m.

Dans les fermes d'olivier en pente, les paysans creusent autour de chaque olivier une cuvette de quelques décimètres de profondeur dans l'objectif de recueillir les eaux de ruissellement qui se trouvent drainées vers les oliviers par des rigoles mises en place pour ce but.

Cette opération a le double avantage d'assurer une humidité importante aux plantations par accumulation des eaux de pluies et de perturber l'action du ruissellement concentré tout en réduisant au minimum les quantités de sédiments exportées vers le bas du versant.

Sur les versants en pente, les travaux préparatoires de plantation des agrumes et d'avocatiers commencent par le creusage des trous manuellement (largeur: 40 x40cm, profondeur: 60 à 80cm) et le remplissage des trous par un mélange de fumure organique et chimique, ensuite une irrigation et après 20 jours la plantation des jeunes arbres (cf. photo 10).

Photo 10 : Préparation des trous de plantation d'agrumes

29 Direction provinciale d'agriculture Rabat- salé. (2005) : Amélioration du secteur horticole dans la Commune Rurale de Shoul - Préfécture de Salé

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Du point de vue CES les plantations fruitières forment une technique très efficace, surtout quand on plante le long des courbes de niveaux.

Les arbres fruitiers assurent une protection contre l'érosion hydrique et restaurent les sols dégradés par l'augmentation de la matière organique et l'activité biologique dans le sol (cf. photo 11).

Photo 11 : Plantation d'oliviers sur un versant à pente modérée

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

3. Les techniques physiques de conservation des eaux et des sols

Les techniques physiques de CES rencontrées dans la zone sont: les terrasses d'arboricultures, les murettes en pierres sèches et les gabions.

Ce sont des techniques modernes introduites à une date récente par les paysans mêmes (terrasses et murettes) ou à la suite de l'intervention des services techniques du ministère de l'agriculture (gabions).

Par ailleurs, les observations faites sur le terrain montrent que toutes ces techniques ont une faible extension au niveau du territoire de la commune des Shoul.

3.1. Les terrasses

Une terrasse est composée d'un remblai et d'un chenal construit à des intervalles plus ou moins réguliers à travers la pente pour réduire la longueur et le degré de la pente30.

La construction des terrasses sur les versants est associée à la présence de couvertures pédologiques ou détritiques et/ou de substrats tendres.

Sur les substrats durs, le terrassement se fait en même temps que la construction du mur de soutènement.

Les terrasses sont couramment élaborées pour contrôler le ruissellement dans les régions très arrosées et pour conserver l'eau dans les régions moins pluvieuses.

Le contrôle de l'érosion est l'objectif ultime dans les régions humides et est un objectif très important dans les régions sèches.

Les terrasses rencontrées dans la région sont localisées dans deux sites. Le premier site se trouve dans le Sud de la région sur la rive droite de l'Oued Grou (coordonnées Lambert : X : 33°51'41.86" ; Y : 6°38'41.98"). Selon le témoignage d'un ouvrier, cette technique a été installée depuis 1940 par les colons français.

Les terrasses de ce site sont réalisées sur un versant de pente modérée, taillant dans les formations superficielles du quaternaire et ont une largeur de 2,50 m et une hauteur de 40 à 60 cm. Leur talus est fixé par une plantation de vignes sur le front de terrasses (cf. photo 12). La hauteur des terrasses diminue du haut vers le bas (cf. figure 4).

30Tribak A, 2002 : « stratégies de lutte antiérosive dans les montagnes du PRIRIF Orientale », bulletin réseau érosion 21, technique traditionnelles de GCES en milieu méditerranéen p50

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Figure 4 : Dessin technique des terrasses de vignes existantes dans la zone

des Shoul

Photo 12 : Terrasses des vignes entaillées dans les formations superficielles

Le deuxième site, constitué des terrasses d'olivier, se trouve au Nord-Est de la commune, proche de la forêt de Maâmora.

Les terrasses de ce site sont aussi entaillées dans les formations superficielles, et plantées par des oliviers mélangés avec d'autres arbres fruitiers.

Elles sont constituées d'un réseau traditionnel de collecte des eaux de ruissellement qui consiste à creuser dans chaque terrasse un petit sous-bassin autour de chaque arbre branché par un canal en terre.

L'objectif de cette méthode est de diminuer le ruissellement sur la surface des terrasses et d'améliorer l'infiltration des eaux de ruissellement.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

3.2 Les murettes en pierres sèches

Cette technique consiste en la construction de murets de faible hauteur en pierres sèches autour de certaines parcelles cultivées. La hauteur des murets est déterminée par les conditions locales du milieu, à savoir le degré de la pente, la disponibilité des matériaux de construction et le type d'utilisation agricole envisagée. La longueur des murets est déterminée par la structure foncière de la parcelle31.

En outre, les murettes sont des petits murs construits selon les courbes de niveau qui permettent à la fois de réduire la vitesse du ruissellement de l'eau et de piéger les sédiments transportés sur les versants à pente moyenne à forte. Elles constituent donc des ouvrages de lutte contre l'érosion par ruissellement mais aussi d'amélioration des sols.

Cette technique reste inconnue dans la région sauf dans quelques fermes de citadins. En effet, le seul cas de murettes, rencontré dans la zone, se trouve sur la rive droite de la route de Arjat -My Drisse Aghbale (coordonnées Lambert : X : 33° 55' 35» ; Y : 6° 34' 84'). Ces murettes sont construites depuis 1960 et elles ont une hauteur de 0,8 m et une largeur moyenne de 0,7 m. L'espacement entre deux murettes est en fonction de la pente.

Pour le paysan enquêté, la technique sert avant tout à créer un espace plat et irrigable et joue le rôle de barrière à tous types de déplacement de l'eau et des particules sur le versant (cf. photo 13).

Photo 13 : Murettes en pierres sèches sur la rive droite de l'Oued Bouregreg 3.3 Les gabions

Cette technique est peu répandue dans la région des Shoul. Elle est introduite dans la zone par l'Etat dans le cadre des programmes de mise en valeur en bour PMVB.

31Tribak A, 2002 « stratégies et techniques de lutte antiérosive dans les montagnes du prérif oriental (Maroc) » p 49 , bulletin réseau érosion 21, « technique traditionnelles de GCES en milieu méditerranéen » 2002.

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Au nomment de la mise en place du projet, l'administration a engagé des actions démonstratives pilotes de construction des gabions pour sensibiliser la population locale aux avantages de la correction des ravins par les gabions.

Après l'achèvement du projet, l'intervention de l'administration s'est limitée à répondre aux demandes d'adoption des gabions par les agriculteurs qui ont des ravins sur leurs terres et qui souhaitent entreprendre des travaux de construction de gabion.

Mais l'extension de la technique est lente et n'est pas très appréciée compte tenu de ses coûts élevés et de la complexité des travaux.

La technique des gabions consiste en la construction d'une grande cage remplie par les pierres, galvanisé par un fil de fer. La hauteur et la longueur des gabions sont déterminées par les conditions locales du milieu à aménager, notamment le degré de la pente, la profondeur et la largeur du ravin.

La hauteur et la largeur des gabions ne dépassent pas 1 m sur des pentes modérées. La distance entre deux gabions est en fonction du degré de la pente. Dans la région elle est de l'ordre de 20 à 25 m.

L'utilisation de la technique de gabion dans la région, se fait souvent sous formes d'un groupe composé de 2 à 3 terrasses,

Le but de la technique est (i) stabiliser le profil en long de la ravine dans les secteurs où la tendance générale est au surcreusement. L'ouvrage retient surtout la partie du versant qui serait peu à peu descendue dans le ravine (par sapement des berges) si l'incision s'était poursuivie. L'intervention consiste à arrêter l'érosion régressive au niveau de la ravine ainsi traitée. L'objectif n'est donc pas de retenir beaucoup de sédiments, mais de limiter l'approfondissement de la ravine; (ii) retenir les sédiments dans les sections en transit où l'incision est faible.

La forme des gabions a changé est renforcée sur les côtés par un grillage à mailles plus larges. Cela aide à soutenir les côtés des cubes durant la construction, facilite les opérations de fixation et généralement renforce la structure des gabions.

Ces grillages verticaux sont fixés à la base des gabions en vue de limiter le mouvement interne du remplissage en pierres et constituent un renforcement supplémentaire. Le "treillis métallique" de forme hexagonale est lui-même à double torsion et galvanisé pour résister à la pression et à la corrosion.

La construction du gabion commence tout d'abord, par le creusage de la fouille de fondation et la mise en place d'une couche horizontale (remblai de fondation) compactée pour garder une bonne pose du gabion (cf. figure 5). L'épaisseur du remblai de fondation est en fonction de l'importance de l'ouvrage, généralement elle est entre 20 à 30 cm.

Ensuite, on pose la grille de fer sur le tout venant compacté puis on remplit la grille par des pierres de bonne qualité et de taille suffisamment grande, environ de 20 cm de dimension ; les pierres de taille inférieure à celles de la maille du gabion sont strictement interdites. Le remplissage du gabion s'effectue à la main en rangeant sommairement les pierres les plus grosses le long des parois du treillis.

Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

La couche finale des pierres est faite par des pierres plates pour garantir une bonne fermeture du gabion. Les pierres sont extraites de la carrière de Sidi Azouz (cf. photo 14).

D'après les témoignages des paysans, La technique de gabion constitue la technique la plus efficace en matière de stabilisation des ravins moyens. Cette efficacité se manifester dans : (i) la capacité à briser la vitesse des eaux ruisselées à partir les ruptures de pente crée, (ii) la stabilisation du creusement produit au niveau de la tête du ravin, et (iii) de remède définitivement l'incision par remplissage le ravin par des sédiments transportés par le ruissellement, l'efficacité de la technique de gabion est redoublée lorsque elle est suivie par un entretien régulier après chaque événement pluvieux.

Figure 5 : Dessine technique de la technologie de gabion utilisée dans les
zones bour de la commune des Shoul

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Photo 14 : Correction des ravins par la technologie de gabion

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Carte 5 : Répartition des techniques de CES existants dans la région des Shoul

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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul

Conclusion

La comparaison entre ces différentes techniques :

> Sur le plan de l'efficacité environnementale, les techniques agronomiques et végétales sont les techniques les plus efficaces en matière de restauration des terres dégradées et la conservation des terres contre la dégradation, car leurs interventions se fait au niveau de la gestion de la fertilité de terres.

> Sur la plan de l'acceptabilité par les paysans et la facilité de mise en place, les techniques agronomiques constituent les techniques les plus acceptables par les paysans de la région vue que, ces techniques agronomiques fait partie de leurs pratiques agricoles et ne demandent pas des travaux et des coûts ajoutés pour leurs mise en application, par rapport aux autres techniques végétales et physiques.

> Sur le plan de la possibilité de développement dans la zone des Shoul, les techniques agronomiques et la technique de plantation fruitière rendent les techniques les plus opérantes du développement de la zone.

La diversité des techniques de conservation des eaux et du sol menés localement dans la région témoigne d'un côté, d'une prise de conscience vis-à-vis de la rareté des ressources et du risque qu'elles encourent, et de l'autre côté, d'une richesse dans le savoir faire paysan qui a pu résister aux différentes crises qui ont secoué la région. Certes Les observations de terrain montrent que la réalisation de ces techniques de CES dans la région sont pas suffisantes et restent très faibles et dispersées sur quelques parcelles.

Le développement de l'érosion est plus rapide que le rythme des aménagements individuels, l'intervention de l'administration est peut être incontournable mais celle ci doit repenser ses stratégies et sa façon d'agir et surtout éviter le spectaculaire au profit des actions concertées et intégrées.

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Introduction

Ce dernier chapitre comporte une évaluation des techniques de CES pratiquées dans la région des Shoul, à travers l'analyse des mécanismes de la rotation culturale, en tant que technologie paysanne, et ses impacts environnementaux et socio économiques.

1. Contexte de l'évaluation de la technologie

Le travail d'évaluation de la technologie de rotation culturale entre dans le cadre d'une évaluation générale des techniques de conservation des eaux et des sols dans la commune des Shoul. L'objectif de cette évaluation est de dégager les techniques les plus prometteuses en terme de conservation des terres. Cette démarche s'avère primordiale dans le contexte d'un espace fragile où la mise en culture s'étend de plus en plus vers les terres marginales très sensibles au processus de l'érosion.

Devant ce constat de dégradation des terres agricoles, les paysans de la commune adoptent des techniques de conservation des eaux et des sols qui ne sont pas toujours efficaces et qui peuvent conduire à une dégradation irréversible des terres. C'est pour cela qu'une étude d'évaluation de ces aménagements est très utile pour évaluer leur efficacité et leur efficience.

Pour mener ce travail d'évaluation nous avons choisi quatre technologies de conservation des eaux et des sols à savoir :

La régénération assistée du chêne liège,

Le développement de l'élevage par la mise en place de cultures fourragères, tel le lupin,

La restauration des sols par la rotation de cultures annuelles en bour,

L'amélioration agricole par la plantation d'arbres fruitiers au sein des parcelles de cultures annuelles en bour.

L'évaluation est réalisée sur la base du questionnaire wocat, et comporte une évaluation environnemental et socio-économique.

Dans notre cas, on s'est focalisé sur l'évaluation de la technologie de la rotation culturale

C'est une technologie utilisée depuis longtemps dans un système de culture associant agriculture et élevage et mis en place par les populations organisées dans une structure sociale communautaire.

La rotation jachère/céréale a pour but principal de répondre à des besoins alimentaires du cheptel. Mais, avec la croissance démographique qui exerce une pression sur le territoire déjà fragile et le morcellement excessif des terres par héritage, la rotation a vers un système de cultures (introduction des légumineuses alimentaires et fourragères) lié à un contexte socioéconomique particulier notamment le passage du semi- nomadisme à la sédentarisation progressive et la diversification des besoins alimentaires.

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

2. Spécifications de la technologie de CES

2.1 Description

2.1.1 Définition de la technologie

La rotation culturale (ou rotation des cultures) est une technologie culturale en agriculture. Un élément important pour le maintien ou l'amélioration de la fertilité des sols et donc un moyen pour l'augmentation du rendement. On parle de la technologie de rotation culturale lorsque différentes cultures se succèdent dans un certain ordre sur la même parcelle suivant un cycle régulier. On peut ainsi avoir des rotations biennales, triennales, quadriennales... La rotation culturale consiste à ne pas laisser, sur un cycle de culture, se suivre deux fois la même plante ou des plantes de la même famille sur une même parcelle.

La rotation culturale était auparavant très pratiquée dans le cadre des systèmes de polyculture-élevage.

Le choix de son adoption dépend des facteurs socio-économiques, de la fertilité du sol, du climat, et du niveau d'intégration céréale-élevage32.

Parmi les types de rotations rencontrées dans la région des Shoul on peut citer les cas suivants:

- La Rotation céréale /jachère (Rotation traditionnelle)

La rotation céréale/jachères est une pratique commune utilisée, depuis longtemps, par la population de la région. Elle est basée sur la jachère comme élément principal.

D'après nos entretiens avec les agriculteurs de la zone il y a deux raisons qui poussent la population a adopter ce type de rotation: la première est la baisse de la fertilité du sol et le besoin de laisser la terre se reposer, La deuxième est de répondre aux besoins alimentaires du cheptel en mettant à sa disposition les herbages des terres non cultivées.

Dans ce système il y a une véritable complémentarité entre l'élevage et la jachère et la céréaliculture. En effet, durant les années humides la jachère couvre les besoins d'entretien et de production du troupeau qui, à son tour enrichi le sol en fumier organique. Par ailleurs, les céréales constituent un apport considérable dans l'alimentation du bétail même au cours des années normales.

- La rotation céréale /céréale

Les cultures pratiquées dans ce type de rotation sont : le maïs, le blé tendre, le blé dur et l'orge. L'objectif principal de cette rotation est non seulement de produire le fourrage pour le cheptel, mais également de simplifier le travail du sol et de réduire les coûts du labour par le tracteur.

Dans la commune des Shoul certains paysans pratiquent aussi la culture du maïs dont le travail du sol n'exige qu'un seul passage avec le tracteur pour ouvrir le sol et plusieurs passages par l'araire pour effectuer le reste des travaux de la mise en culture (semis, désherbage...).

32 Aziz R, 1992 : caractéristique Agrozootechniques de la rotation céréale/jachère, céréale/medicago, ley farming . Mémoire de 3éme cycle, I.A.V Hassin II, option Agronomique. p1

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

-La rotation céréale /légumineuses (alimentaires et fourragères)

La rotation céréale /légumineuses est d'introduction récente dans la région. Les cultures légumineuses pratiquées dans la zone sont: la fève, lentille, le pois -chiche et le lupin comme plantes fourragère. C'est une rotation utilisée dans la zone pour satisfaire les besoins alimentaires de la population en matière des légumineuses. L'adoption des légumineuses a été aussi facilitée en considération de leur rôle alimentaire pour le cheptel dans un contexte qui était marqué par la réduction des parcours naturels (forestiers et non forestiers) et la disparition de la vaine pâture à un moment où le cheptel connaissaient une progression des effectifs.

.

2 .1.2 Historique de la technologie

Il ressort des entretiens avec les paysans de la région que la technologie de rotation culturale est utilisée dans la zone depuis plus d'un siècle (depuis le défrichement de la forêt pour la mise en culture des terres). Durant cette époque, la gestion de la fertilité des terres se faisait dans un cadre communautaire qui consiste en un système de déplacement des animaux sur l'ensemble des champs des membres de la communauté (la vaine pâture), ce qui permettait aux agriculteurs d'avoir un apport régulier en fumier et par conséquent la pratique d'une cultures de céréales sur céréales. Cependant, l'effondrement de ce système de gestion communautaire des terres a mis fin à la gestion collective en faveur de l'initiative individuelle réduisant ainsi l'apport en fumier que permettait le campement collectif des animaux (khalt) sur les champs. Avec cette restriction sur la vaine pâture, l'apport en fumier s'est réduit à l'échelle des champs et entraîna l'adoption par les agriculteurs d'une nouvelle forme de gestion des terres à savoir la rotation des cultures céréales /légumineuses.

2.1.3 Les principales caractéristiques de la technologie

Les principales caractéristiques de la technologie se résument comme suit: 2.1.3.1 Mise en place/ entretien, activités et intrants :

Le premier labour précoce après les premières pluies avec le chisel (40 cm) pour ouvrir le sol

Le 2éme labour avec le cover crop (15à 20 cm) suivi par le semis à la volée et l'épandage des engrais

Utilisation des herbicides pour l'élimination de mauvaises herbes. Les cultures utilisées dans le système de la rotation culturale sont :

1-Les céréales qui constituent les cultures principales dans le systèmes de la technologie de rotation culturale, et nommée par son non « rotation culturale céréalière », parmi les cultures céréalières pratiquées dans la zone on cite le blé tendre, le blé dur, l'orge et le maïs. Ces cultures céréalières pratiquées en hiver sauf la culture de maïs qu'en pratiquée au printemps.

2-Les légumineuses, et principalement les fèves et le pois chiche qui constituent les cultures qui précèdent la culture principale de la rotation.

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

3-Les Cultures fourragères (le lupin et l'avoine) forment les cultures qui complètent la rotation. Ils constituent des cultures secondaires dans le déroulement de la technologie de la rotation culturale.

2.1.3.2 Environnement naturel de la technologie:

La technologie de rotation est pratiquée dans un environnement marqué par un climat semi-aride à sub-humide. Ce type de climat constitue un critère écologique fondamental, car il détermine le choix des cultures utilisées. Alors que les autres éléments du milieu ne présente aucune contrainte puisque la rotation est pratiquée sur les différents types de sols rencontrés dans la zone et sur les terrains quelle qu'en soit la pente.

2.1.3.3 Environnement socio-économique:

La technologie de rotation est appliquée dans des exploitations de 5 à 15 ha qui disposent d'une main d'oeuvre familiale disponible pour effectuer les travaux multiples et récurrents de la technologie. Les foyers qui l'appliquent sont composés de plus d'un ménage et de grande taille (10 personnes), qui ont un niveau de richesse moyen à bas et des revenus annexes faibles.

En outre, La technologie est constituée par des pratiques agronomiques tel que le labour isohypse et les billonnages isohypses.

2.2 But et classification

2.2.1 La pertinence de l'utilisation des techniques de CES pour des exploitants faisant face à la baisse des rendements.

D'après les constatations relevées dans la région, les terres cultivées en monoculture souffrent des problèmes de baisse de la productivité qui influent sur le rendement devenu irréguliers. Également, les terres soumises à la monoculture chaque année s'appauvrissent par la réduction du taux de la matière organique de la couche arable, ce qui augmente leur fragilité devant l'ampleur de l'érosion.

2.2.2 Caractérisation et but de la technologie

La technologie de rotation comporte de nombreuses pratiques agronomiques telles que la culture isohypse et le billonnage isohypse :

La culture isohypse est utilisée dans la technologie de rotation sur les versants en pente suivant les courbes de niveau (cf. photo 15). Cette pratique permet la protection des terres contre l'érosion hydrique.

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Photo 15 : Cultures de fève et de lupin isohypse

Le Billonnage isohypse est une série de petites structures (15-20 cm de hauteur et 30 à 25 à 30 de largeur), faiblement espacées, est utilisé dans la culture des fèves (cf. photo 16).

Photo 16 : Billonnage isohypse de fève sur pente modérée

Les objectifs principaux de cette technologie sont de :

1- maintenir et améliorer la fertilité des terres;

2- améliorer la productivité des terres;

3- Préserver les terres contre l'érosion hydrique.

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

2.2.3 La technologie une réponse à la dégradation des sols

D'après nos observations et entretiens avec les paysans de la région, il ressort que les terres bour en pente ont connu une forte dégradation sous l'effet de plusieurs facteurs notamment: (i) le surpâturage qui provoque généralement une diminution de la couverture végétale et des espèces; (ii) la compaction du sol due au nombre excessif de têtes de bétails (piétinement), qui peut à son tour réduire la productivité des sols et provoquer l'érosion hydrique; (iii) l'action de l'araire et la gestion inappropriée des terres cultivées; (iv) l'absence ou l'insuffisance d'entretien et des mesures de contrôle et la pauvreté ainsi que les faibles revenus des exploitants.

2.2.4 Comment la technologie de rotation combat-elle la dégradation des terres

La technologie de rotation doit résoudre, entre autres problèmes, celui fondamental de la baisse de la fertilité du sol qui joue un rôle important dans la consistance de la structure de sols. La technologie combat la dégradation par l'amélioration de la structure physique du sol et par l'augmentation de la matière organique et l'azote dans la couche superficiel (0-20 cm). Deux méthodes utilisées par la technologie visent l'augmentation de la matière organique et de l'azote dans le sol à savoir:

2.2.4.1 Les amendements organiques

Les résidus organiques laissés sur le sol après les récoltes constituent une litière temporaire. Dans les systèmes de culture des Shoul, environ 50% des résidus de récolte sont consommés par les animaux pendant la saison sèche, alors que la proportion enfouie en début de saison, enrichi la fraction légère de la matière organique du sol. Les amendements organiques incorporés aux sols sous forme de fumier ou de compost viennent également enrichir la fraction légère et constituent une source d'azote et d'humus.

2.2.4.2 Utilisation des plantes fixatrices d'azote

La présence des légumineuses dans le système de rotation est une opportunité pour améliorer la fertilité des sols, par la fixation et l'utilisation de l'azote principalement provenant de l'atmosphère. La fixation de l'azote atmosphérique (N2) se fait par plusieurs mécanismes dont le plus important et le plus connu est la fixation biologique par des micro-organismes libres ou vivant en symbiose avec certaines plantes comme les légumineuses33.

Cette matière organique et d'azote fourni par la rotation légumineuse permet aux sols pauvres comme ceux des Shoul de résister à la dégradation due à l'érosion hydrique.

2.3 Le statut de la technologie

La technologie de rotation culturale a été développée dans la région depuis plus d'un siècle a travers l'initiative des exploitants agricoles. C'est le résultat de l'évolution du système agraire

33 Boubié .Vincent B.(2002) : Rôle des légumineuses sur la fertilité des sols ferrugineux Tropicaux des zones Guinéenne et Soudanienne du Burkina Faso ; Thèse de doctorat, Faculté des études supérieures de l'Université Laval Québec ,P11

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

qu'a connue la société Shoul durant son histoire et sous l'effet de l'accroissement démographique.

C'est également une technologie pratiquée à titre individuel par les exploitants qui exige une superficie de terre supérieure à la moyenne cultivée (c'est une technologie d'exploitants relativement bien dotés en patrimoine terre), des moyens matériels et de la main d'oeuvre familiale. Ses exigences en savoir faire sont, par contre, limitées.

Elle constitue donc un élément d'une stratégie d'ensemble qui permet à l'exploitation de se reproduire socialement et économiquement.

2.4 Spécifications techniques, activités de mise en place, intrants et coûts

2.4.2 Investissement initial

La mise en place de la technologie de rotation culturale par les agriculteurs de la région des Shoul demande un investissement initial et des activités récurrentes saisonnières.

Les investissements initiaux correspondent à l'achat d'un araire manuel fabriqué localement, des équidés (attelage) pour la traction, un pulvérisateur, une herse, et une charrette utilisée pour le transport du fumier vers les parcelles de l'exploitation et le transport des récoltes.

Tableau 10 : Coût des intrants de la rotation culturale

Intrants

Quantité

Coût dh

% supporté

par

l'exploitant

Nombre de parties (parts)

Durée de vie du produit

dh

$ US

Araire

1

150

20

100

1

10 ans

Équidés

2

20000

2703

100

1

30 ans

pulvérisateur

1

360

49

100

1

5 ans

Herse

1

400

54

100

1

20 ans

Charrette

1

1500

203

100

1

30 ans

Charrue métallique

1

300

41

50

2

25 ans

Total

7

22710

3070

 

7

 

Source : enquête 2008

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Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

2.4.3 Les activités récurrentes ou techniques culturales

Les activités récurrentes regroupent les activités de maintenance et d'entretien de la technologie qui sont effectuées chaque année et différent selon les cultures (céréales ou légumineuses).

2.4.3.1 Les activités récurrentes des céréales

Dans le cas des céréales les travaux récurrent se résument comme suit :

-Le labour. Labourer c'est creuser un sillon profond avec retournement du sol qui entraîne le mélange de ses horizons. Le labour s'effectue au début de la saison des pluies qui correspond au /début de l'automne (octobre), en raison de la difficulté de travailler le sol à l'état sec. La profondeur du labour se situe entre 15 et 25 cm selon la position topographique de terrain.

L'outil principal du labour est le chisel, mais les labours réalisés ne sont pas toujours identiques (profondeur variable, présence ou non de rasette, réglages différents de cette dernière).

-Le semis est la deuxième activité après l'opération de labour est le semis, le dernier se fait manuellement à la volée et la profondeur du semis varie entre 1,25 à 7 cm selon la position topographique. La période de semis est assez longue, les doses de semis appliquées par les agriculteurs sont faibles. Pour le semis de blé tendre et l'orge sont presque les mêmes, 100 kg /ha. L'utilisation des semences locales est dominante et les semences sont issues de la récolte précédente, ou achetées auprès des coopératives.

-L'épandage des engrais de fond se fait également manuellement à la volée. Les engrais utilisés sont le «14-28-14», et le «21»à raison de 150 kg/ha. L'épandage des engrais se fait généralement au moment du semis de grains.

-Briser les mottes par la herse : après le semis et l'épandage des engrais, les agriculteurs procèdent à la brise des mottes par une herse métallique traditionnelle tirée par deux mulets. L'objectif principal de cette opération est d'enfouir les fertilisants et les semences mais également de recouvrir les semences pour les protéger contre les oiseaux.

-L'épandage des engrais de couverture : cette activité est réalisée en janvier-février. L'épandage des engrais se fait à la volée, et a pour rôle d'aider les plantes pendant le stade de gonflement et le stade floraison à sortir l'épi du dernier feuille.

-Le traitement des mauvaises herbes: cette activité se fait soit manuellement soit chimiquement. Le désherbage manuel est peu pratiqué étant donné la pénurie de la main d'oeuvre locale, alors que le désherbage chimique est largement répandu dans la zone. La date d'application du désherbage est fonction de l'état d'infestation des cultures mais généralement à la mi-saison agricole. Les herbicides utilisés sont "EL Afrit" (2,4D à la dose de 1L/ha) et "Topik" pour combattre les diotylédones et les monocotylédones, l'application de l'herbicide se fait par une personne à l'aide d'un outil d'arrosage.

60

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

-La moisson est réalisée lorsque les grains sont à une humidité optimale permettant leur stockage (13à 14 % d'humidité), et se fait durant la période comprise entre la mi- mai et la mi- juin. La récolte se fait manuellement à l'aide d'une faucille pour les parcelles en pente accentuée, et mécanisée à l'aide de la moissonneuse batteuse (c.f photo 18) pour les parcelles en pente modérée et faible. Pour la récolte manuelle, le battage se fait traditionnellement avec des animaux (deux mulets et plus) dans une aire réservée, et ensuite les grains sont isolés de la paille avec la fourche par un mouvement en direction du vent.

-Emballage de la paille: l'emballage de la paille réalisé après la moisson à l'aide d'une presse paille tirés par un tracteur (c.f photo 18). D'après nos entretiens pendant la récolte de cette année agricole, la paille pressée par une fille de plastique revient au coût de 2 dh

-Collecte, Tamisage, épuration et mise en réserve de rendement: cette activités consiste à collecter le rendement graine et paille par une charrette tirés par un âne ou un mulet (c.f photo 17). La paille est mise en réserve dans un lieu prés de l'étable des animaux, et la récolte de grains criblés dans un tamis pour séparer entre les graines de blé et les graines de mauvaises herbes. Ensuite, les graines de blé sont mises dans des lieux destinés au stockage.

Il y a deux systèmes traditionnels de stockage pour le blé dans la région : le premier système est «l'entrepôt souterrain» « Matmoura » qui se présente sous forme d'un grand trou en forme de poire, dont les parois sont revêtues d'un film en plastique étanche. La capacité de stockage est variable allant de 4 à 35 tonnes. Ce système continue à se maintenir au niveau des exploitations de la région grâce aux facilités qu'il présente, comme le maintien d'une température basse et constante, le faible coût de maintenances et l'utilisation des matériaux locaux.

L'autre système de stockage traditionnel est le silo en roseaux, d'une forme cylindrique. Les avantages présentés par ce système consistent au faible coût de construction.

Photo 17 : illustre les différentes activités de moisson, emballage de paille et
collecte du rendement par une charrette métallique

61

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Tableau 11 : Activités récurrentes/Maintenance de la technologie de rotation
culturale : cas de céréales

Activités

Calendrier /

fréquence

Intrants

Quantité

Unité/ sup (ha)

Coût local récurre nt (dh)

Coûts $ US

% supporté par l'exploita nt

1.labour

Au début de la
saison de pluies/
début d'automne

(octobre)

Heurs machine (chisel)

1

ha

175

24

100

Heures machine (cover crop)

1,5

ha

300

61

100

2. Semis des grains

Après la première pluies /chaque début de d'automne

Graines

Orge

1

Qx

350

47

100

 

1

Qx

400

54

100

 

1

-

40

5

100

3. Epandage des engrais de fond

Après la premier pluie d'automne et après la croissance des cultures

fertilisan t

Engrais composé

14-28-14

100

Kg

4,7

64

100

 

50

Kg

4,2

28

100

 

1

 

40

5

100

4. Brise des mottes par la herse

Après le labour

Traction animale

1

mulets

50

7

100

 

Personne jours

1

-

40

5

100

5 Epandage des engrais de couverture

Janvier _ février

Urée 46%

100

Kg

4,5

61

100

Personne jours

1

-

40

5

100

6. Traitement des mauvais herbes

mi-saison agricole (Après le développement de mauvaise herbe)

Produit

phytosanitaire

Afrite

1

litres

80

11

100

 

1

-

40

5

100

7. Moisson

Début de l'été et à la fin de la saison agricole

Moissonneuse batteuse

1

Ha

250

34

100

8. Emballage de la paille

Après la moisson

Presse paille

65

U

2

18

100

9. Collecte et mise en réserve de la paille

A la fin de la saison de cultures

Charrette + mulets

1

-

50

7

100

 

Personne jours

1

-

40

5

100

Total

-

-

-

-

1910,4

446

100

Source : enquête 2008

62

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

2.4.3.2 Les activités récurrentes de légumineuses

Les activités récurrentes pour les légumineuses se font de la même façon et avec les mêmes outils que les céréales :

- Le travail du sol : utilise des séquence mixtes (tracteur/traction animale) constitués d'un labour à la charrue à disques ou un passage de cover crop, avec les premiers pluies d'automne, suivie par un ou plusieurs passages à la herse et l'araire traditionnel tirés par des animaux. Cette opération de préparation du sol est appelée localement « Tetyabe al arde ».

-Le semis : le mode de semis le plus fréquent dans la région est le semis en ligne simple, le semis se fait à la volée. Pour la culture de la fève le tressage des billons de semis sur les versants en pente et l'enfouissement des semences et engrais se fait à l'araire ou à la petite charrue.

Le semis de la fève demande 3 personnes/jours. Le premier pour orienter la direction du labour, le deuxième pour l'épandage des semis, le troisième pour l'épandage des engrais. Les dates de semis s'étale d'octobre à janvier pour les cultures d'automne, généralement, après les premières pluies et après les semis des céréales. Les semis de fèves sont souvent effectués les premières dans la région avant les lentilles et les haricots verts. Les semis de pois chiche sont, par contre, effectués en février-mars.

-La fertilisation est souvent absente dans la zone sauf pour les fèves qui reçoivent le plus une fertilisation. L'apport du fumier pour les fèves consiste le plus souvent dans un apport de phosphate seul combiné à la potasse et une faible proportion d'azote au semis (Starter)34.

-Le désherbage commence lorsque les plantes poussent de la terre, se faite manuellement entre les plantes dans la ligne de semis, pour les désherbants chimiques sont presque inexistants pour les légumineuses.

-La récolte des légumineuses est l'une des opérations les plus coûteuse en terme de main d'oeuvre, du fait qu'elle est presque exclusivement effectuée manuellement. La récolte de la fève s'effectue à l'aide d'une faucille.

-Le stockage. Les légumineuses sont stockées en vrac ou en sac a coté d'autres récoltes.

2.4.5 Le coût de mise en route de la technologie et les coûts récurrents

Le coût total de cette technologie est calculé à partir des entretiens avec les agriculteurs. Les coûts ont été obtenus en calculant au départ les frais d'achat des outils pour le travail de la terre et les dépenses récurrentes qui englobent les frais de labour, l'achat des semences et des fertilisants. Les coûts sont calculés sur la base de questionnaire wocat technologie (voire annexe).

34 Enquête personnelle avec Mme Hillali Hamida, chef de Service Recherche, Développement, INRA, Rabat

63

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Tableau 12 : Coût total d'investissement et des activités récurrentes de la technologie de rotation culturale : cas des céréales.

Coûts moyens par hectare

Intrants

Coûts

*1

% des dépens es de l'exploi tant

Coûts récurrents

% des dépenses de l'exploitant

d'investissement

(annuels)

Equivalen t $ US

Quantité s

Equivalent $ US

Quantité s

Travail (jours

personnes) (volontaire ou payé)

 
 
 

6

32

6,3

Equipement *2

 
 
 
 
 
 

Heures machine

 
 
 

2,5

84

16,5

traction animale (heures)

outils (nombre)

5

366

12

2

10

80

2,6

22,6

Autres (spécifier) :

 
 
 
 
 
 

Animaux de trait

2

2703

88

 
 
 

(Mulets)

 
 
 
 
 
 

Matériaux terre (m3)

 
 
 
 
 
 

Intrants agricoles

 
 
 
 
 
 

Semences (kg)

 
 
 

100

54

19,8

Plants (Nombre)

 
 
 
 
 
 

Engrais (kg)

 
 
 

250

153

30,1

prod. phytosanitaires (litres)

compost/fumier (kg)

 
 
 

1

11

2,2

Autres (spécifier) :

 
 
 
 
 
 

Total *3

3069$US

100%

Total *3

424 $US

100%

= =

Source : enquête 2008

A partir de ce tableau en constate que les coûts récurrents de l'installation d'un hectare de céréale et de l'ordre de 509 $US par contre le coût d'investissement initiale et de 3096$US (sans compter le prix de la terre). Ce qui permet de dire que durant les premières années de l'installation de la technologie, le paysan ne réalise pas de bénéfice. Mais étant donné le caractère familial de l'exploitation le coût de l'opération et sa rentabilité ne peuvent être séparés de l'ensemble de l'activité exercée au niveau de l'exploitation.

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

3. Evaluation de la technologie de rotation culturale

3.1 Evaluation environnementale

3.1.1 Enrichissement et concentration de la matière organique et l'azote dans le surface des sols

L'analyse du taux de la matière organique et de l'azote est basée sur la comparaison entre trois parcelles, deux parcelle avec une rotation (céréale /légumineuses, céréale/céréale), et une parcelle de monoculture (orge sur 5 ans). Les analyses ont été effectuées à l'INRA, le taux d'azote dans les différentes parcelles est estimé a partir de l'équation suivante :

MO %/N%=20

MO: matière organique N: azote

Pour comparer l'importance de la matière organique dans les parcelles étudiées on s'est basé sur la classification suivante:

Les classes

Importance

Mo < 1%

Pauvre

1 < Mo <3%

Moyen

Mo > 3%

Riche

Source : EL Oumri chef de département milieu physique INRA Rabat

L'analyse de la matière organique et de l'azote permet de concevoir l'effet des différentes rotations céréale/légumineuses, rotation céréale/céréale et la monoculture sur l'enrichissement des terres, en matière organique et en azote.

Du point de vue agronomique, les rotations légumineuses favorisent la fixation de l'azote dans le sol, permettant ainsi une amélioration de sa qualité. Vu que, les légumineuses ont la capacité de fixer l'azote de l'air, par la présence des nodules sur les racines de la légumineuse, les bactéries des nodules fixent entre 1/4 et 3/4 de l'azote total de la plante. Pour les cultures de fève la fixation de l'azote de l'air est aux environs de 40 kg N/ha/an35.

64

35 http://www.fertilisants.org/fiches/2fertilisants.htm

65

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Tableau 13 : Le taux de la matière organique et de l'azote dans les différentes
rotations au niveau de la zone d'étude.

type de Rotation

Précédent cultural

taux de matière organique36 %

importance

taux

d'azote37 %

blé/légumineuses

Fève + lupin

2,21

moyen

0,11

blé/mais

Maïs

1,6

moyen

0,08

Légumineuses/blé

Blé tendre

1,12

moyen

0,06

monoculture, (orge 5 ans)

Orge

1

pauvre

0,05

D'après l'analyse de la matière organique et le taux d'azote indiqué dans le tableau en haut, on peut avancer les constatations suivantes:

Sur les parcelles où est pratiquée la rotation blé /légumineuse (les mesures effectués sur la culture de blé) on note une relative augmentation du taux de la matière organique et de l'azote environ de 2,21% et 0,04% respectivement, par rapport à la monoculture d'orge où ces taux sont de 1% et de 0,06% pour la matière organique et l'azote.

L'augmentation de la M.O dans les parcelles en rotation par rapport à celle de la monoculture n'est pas due seulement à la pratique de la rotation, c'est aussi le résultat de l'apport du fumier organique.

La technologie de rotation culturale joue également un rôle important dans la croissance et le rendement des graminées. De même la nutrition azotée améliore l'absorption et l'utilisation de l'énergie lumineuse qui est d'une grande importance dans la détermination des potentialités de production (la croissance et le rendement)38.

En outre, la dynamique de l'azote minérale risque probablement d'être perturbée par la pratique de la monoculture et la rotation céréalière en raison de « la baisse progressive du capitale de matière organiques ou de phénomène plus complexe assimilable de la fatigue des sols 39».

3.1.2 Augmentation de L'humidité des sols

L'humidité des sols est aussi un facteur déterminant dans l'évaluation environnementale de la rotation culturale. Elle permet de connaître le type de rotation qui garanti la plus grande quantité d'humidité dans le sous sol, ainsi que de savoir l'effet de chaque type de rotation sur le comportement hydrique (infiltration, drainage) du sol sur laquelle s'installe la technologie de rotation culturale.

Pour Les mesures de l'humidité du sol, ils ont été réalisées pendant le cycle végétatif des cultures (mi-avril) par le TDR (Time Domaine Reflectometry) portable. Les mesures de l'humidité sont effectuées dans six parcelles (cinq parcelles où est pratiquée la rotation

36 L'analyse des échantillons a été réalisée au laboratoire de l'INRA de Rabat.

37 Estimer à partir de la matière organique. (MO%/N%=20)

38 Naaza. I. (1991) : Productivité des céréale et des légumineuses en zone semi aride efficiences d'utilisation de l'eau et de la lumière. Mémoire de 3eme Cycle Agronomique, Département production végétale, IAV Hassan II.

39 Forestas J ,1983 : observation sur la monoculture de mais grains en charent » .Communication personnelle.

66

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

culturale et une parcelle de monoculture), situées dans un site limité (Ain Bandre Sidi Azzouz), et composées d'un seul type de sol (sol fersiallitique).

Les mesures d'humidité ont été effectuées sur des transects, le long de la pente (fig 6).

humidité %

14,00

12,00

10,00

4,00

8,00

2,00

6,00

-

humidité

pois-chiche

8,24

10,31

fève

orge monoculture

7,81

blé tendre

6,83

mais

12,8

avoine

4,99

Figure 6 Le taux d'humidité dans les différentes parcelles étudiées

D'après ce graphique on constate que le taux de l'humidité mesuré dans les différentes parcelles change selon chaque occupation du sol.

Dans la parcelle de maïs en rotation avec l'orge, ce taux est élevé. Il est de l'ordre de 12,8% suivi par la fève/blé, 10, 31%, et pois-chiche/blé, 8,24%.

Dans les parcelles de monoculture d'orge et d'avoine en rotation avec le blé, le taux de l'humidité et moins important que les autres parcelles précédentes, ce taux ne dépasse pas 7,81% pour la monoculture d'orge et presque 5 %pour la rotation avoine /blé.

L'augmentation du taux d'humidité dans les parcelles de maïs/blé, fève/blé, pois chiche /blé par rapport aux autres parcelles d'orge monoculture et avoine peut être expliqué par :

*Le travail du sol

Le travail répétitif du sol sur la culture de maïs, permet de garantir un taux d'humidité important dans le sol, elle favorise l'infiltration des eaux dans le sol, par contre le travail du sol de culture d'avoine ne garde qu'un faible taux d'humidité. Cela s'expliquée par la fermeture des macros pores du sol sous le phénomène d'encroûtement.

*Les pratiques culturales

Le rôle des pratiques culturales dans l'augmentation de l'humidité dans la rotation fève/blé se manifeste dans la pratique des billonnages pour la culture de fève. Le billonnage a deux rôles: il capte le ruissellement sur la surface, et il permet l'infiltration des eaux dans le sous sol.

67

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Egalement, la pratique du labour isohypse sur les versants en pente permet au sol de préserver un taux d'humidité important, mieux que le labour dans le sens de la pente.

*La teneur en matière organique

Pendant les périodes sèches, certains sols sont plus aptes (et d'autres moins aptes), à fournir de l'eau aux cultures. La capacité d'un sol à absorber et stocker l'eau dépend en grande partie de sa composition et de sa teneur en matière organique40.

La matière organique du sol agit comme un réservoir d'eau, tout comme une éponge. Donc, les parcelles riches en matière organique préserveront leur humidité pendant un plus long moment.

Enfin, on peut dire que La technologie de rotation culturale céréale/légumineuse avec les pratiques culturales permettent un taux de humidité important que celle des autres rotations: rotation céréalière, et la monoculture. Le taux d'humidité constitue un starter pour la végétation durant les périodes de sèchement41.

3.1.3 Réduction du ruissellement et perte en terre

Pour évaluer l'efficacité de la technologie de rotation culturale au niveau de la réduction de perte en terre et la protection des terres contre l'érosion hydrique, nous nous sommes basé sur la méthode de simulation de pluies. Cette méthode consiste en l'observation directe de la technique de simulation de pluies sur des micro-parcelles de 0,25m2. Elle permet d'avoir une appréciation relative de l'érosion en nappe, de mesurer et de savoir le comportement du ruissellement sur différentes occupations des sols.

De ce fait, deux simulations de pluie ont été faites sur deux types de rotations, à savoir céréale/légumineuse, et céréale /avoines. Les parcelles sélectionnées ont un sol fersiallitique et une pente modérée

Les résultats obtenus sont préliminaires car basés sur un nombre très limité de tests. 3.1.3.1 Retardement de déclenchement de ruissellement

Dans les deux simulations effectuées, le ruissellement a constitué presque la règle quasi-générale dans les deux rotations, cependant le ruissellement produit par la rotation céréale/avoine est très important par rapport à la rotation blé/légumineuse.

En effet, la simulation de pluie dans les deux rotations montre que le sol fersallitique est plus sensible au ruissellement car très riche en limon. On constate également qu'il s'agit essentiellement d'un ruissellement de surface et non de saturation du sol car la majorité des profile d'humectation ne dépasse pas 10 à 15 cm de profondeur.

40RAMEL D et al ,2005 : Agriculture biologique et agriculture conventionnelle : impacts sur la ressource en eau . Synthèse documentaire p 4

41 Hilali .H (1989) : Réponse de la fève (Vicia faba L .Major) l'irrigation en zones semi-arides : Croissance et efficience d'utilisation de l'eau et de la lumière, Mémoire de 3ème cycle, Agronomie .I.A .V Hassan II Rabat.

68

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

3.1.3.1.1 Le comportement de rotation céréale/légumineuse

Intenisté & Ruissellement (m m /h)

Sous les conditions de pluie simulée (intensité de 45mm/h), l'apparition de ruissellement est contrôlée par le taux de recouvrement de blé (75%) et par l'humidité préalable du sol. Le ruissellement s'est déclenché après 1h et 5 minutes de simulation et le coefficient de ruissellement à été de l'ordre de 2,5% (figure 7).

Humidité (% )

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Déclenchement du ruissellement Humidité (%)

Ruissellement (mm/h) Intenisté de pluie (mm/h)

45,0

40,0

50,0

35,0

30,0

25,0

20,0

5,0

0,0

15,0

10,0

1 9 17 25 33 41 49 57 65 73 81 89 97 105 113

Temps (mn)

Figure 7 : Evolution de ruissellement dans une parcelle avec rotation BT/fève

Le déclenchement tardif de ruissellement dans cette rotation est lié essentiellement à la rugosité de surface, au taux de recouvrement de blé qui dépasse 70%. Le rôle du taux de couverture végétale dans l'atténuation du ruissellement se manifeste dans l'interception de l'énergie cinétique des goûtes de pluie.

3.1.3.1.2 Comportement de rotation avoines / blé

Dans la parcelle de rotation avoine/blé, le déclenchement de ruissellement est très précoce et a eu lieu dans les 10 premières minutes de la simulation (figure 8). Le ruissellement est plus rapide même si le sol est complètement sec, et le coefficient de ruissellement est plus élevé par rapport en rotation blé /légumineuse. Il est de l'ordre de 8,6%. Ce plus fort coefficient de ruissellement est lié aux état de surface compactés (résistance à la pénétration +4,5 kg/cm2) et à la présence de la croûte de battance qui occupe tout l'espace malgré l'existence d'un couvert végétal dense d'avoines (95%).

Intenisté & Ruissellement (mm/h)

69

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Humidité (%)

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

15,8

Déclenchement du ruissellement Humidité (%)

Ruissellement (mm/h)

Intenisté de pluie (mm/h)

40,0

60,0

50,0

30,0

20,0

0,0

10,0

1 5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49 53 57 61

Temps (mn)

Figure 8 : Evolution de ruissellement dans une parcelle cultivé en avoine en rotation avec le blé

3.1.3.2 Réduction de La perte en terre

Les pertes en terre ont été calculées à partir des eaux de ruissellement et de leur concentration en sédiments. L'échelle de mesure est certes plus petite mais elle nous a permis de dégager une variation entre les deux rotations.

3.1.3.2.1 Comparaison entre rotation blé/légumineuse et rotation blé/avoines

La comparaison entre les deux rotations étudiées (tableau 14) révèle que la perte en terre dans la rotation blé /légumineuse est faible (0,42 g/h/m2). Par contre pour la seconde rotation la perte en terre est plus élevée (1,92 g/h/m2). Le faible taux de perte en terre enregistré dans la première rotation est dû au fait que le sol renferme un taux important de matière organique (environ 2%) dans l'horizon de surface et au travail récurrent du sol qui augmente les macro-pores et favorise l'infiltration.

Tableau 14 : Variation des pertes en terre dans les parcelles en rotation

Rotation culturale

Précèdent
Culturale

pertes en terres g/h/m2

CR %

Blé tendre /fève

Fève

0,42

2,5

Blé/ Avoines

Blé tendre

1,92

8,6

70

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

3.1. 4 Une amélioration de la structure du sol et de sa stabilité structurale

Les mesures de la compaction et de la cohésion du sol ont été réalisées à l'aide d'un pénétromètre et d'un torvane.

Le teste de résistance à la pénétration et au cisaillement permet de concevoir la structure des sols qui influence grandement le régime d'infiltration du sol.

La pratique de la rotation augmente la densité de la couche arable, ce qui a pour conséquence d'améliorer la résistance du sol au tassement et de limiter la battance42.

Avec l'adoption de la rotation, la structure du sol se modifie progressivement pour atteindre un profil cultural continu après quelques années. Il a été constaté que le tassement et la cohésion du sol varie avec le type de rotation. Ainsi, les parcelles qui ont usée une rotation légumineuse sont moins tassées et cohésifs que les parcelles qui ont pratiquée une monoculture ou/et une rotation céréalière (figure9).

Résistance a la pénétration ( kg/cm3 et au

cisaillement(kg/cm2)

état de surface des culture pratiquées dans la rotation

4

7

6

5

3

2

0

1

avoine/blé fève/blé blé

/légumineuse chiche/blé

pois-

monoculture d'orge

4

8

6

2

0

12

10

Humidité %

compaction capacity

penetrometer

(kg/cm3

mecanic resistance

torvane (Kg/cm2

Figure 9 : Etat de surface des cultures pratiquées dans la rotation

D'après le graphique on constate que les parcelles soumises à une rotation légumineuse enregistrent la même valeur pour la résistance au cisaillement, presque 3,5 kg/cm2, par contre les parcelles qui ont une monoculture ou rotation céréalière, cette valeur et très élevée et atteint 6 kg/cm2.

La résistance à la pénétration est aussi faible dans la rotation légumineuse (0,4 kg/cm3 dans la parcelle en pois-chiche), par rapport à la monoculture d'orge qui enregistre une moyenne très élevée 4,2 kg/cm 3.

42 Stengle P. (1986): Simplification du travail du sol en rotation céréalière conséquence physiques .INRA Paris.

71

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

La pratique de la rotation permet l'amélioration de la structure du sol et de sa stabilité structurale.

3.1.5 Améliorations de la protection et qualité de l'eau

La technologie de rotation culturale peut contribuer à limiter la pollution des eaux de surface par érosion, lessivage de nitrates ou fuites de produits phytosanitaires dans le milieu. Tout d'abord, la rotation permet de limiter la pollution des eaux de surfaces par les substances fertilisantes et les résidus de produits phytosanitaires du fait de la réduction de l'érosion. De plus, la lixiviation de l'azote est réduite en technologie de rotation car la minéralisation de l'azote contenu dans les matières organiques est ralentie tant à l'automne qu'au printemps.

En outre, la présence d'un couvert végétal vivant pendant la période hivernale permet donc, en complément des pratiques agronomiques de la rotation, de limiter la lixiviation des nitrates dans le sol pendant les périodes pluvieuses d'hiver et de printemps.

Selon Chevrier et Barbier. La fuite de matières actives dans le milieu serait réduite en rotation culturale et en agriculture de conservation43, car la présence de couvert végétal augmente l'adsorption et la dégradation des matières actives.

3.1.6 Un accroissement de la biodiversité et de l'activité biologique

La technologie de rotation favorise l'augmentation de l'activité biologique du sol à travers deux phénomènes :

- La concentration de la matière organique en surface favorise sa décomposition et sa minéralisation par voie biologique;

- le faible retournement et la réduction du travail du sol réduisent le stress mécanique du milieu et minimisent la destruction des micro-habitats44.

3.1.6.1 Le développement des vers de terre augment la biodiversité animale

Les vers de terre jouent un rôle très important dans la dégradation et la migration des matières organiques, le drainage au travers des galeries et le maintien d'un état structural favorable45.Les vers de terre font partie du premier maillon dans la dégradation des MO. Les galeries des vers de terres autorisent la percolation de l'eau en profondeur et limite le ruissellement en surface. L'influence de rotation culturale et du travail du sol sur la population

43 Ce terme définie comme étant -l'absence de retournement profond du sol et implantation des cultures en semis direct- Maintien d'un couvert végétal permanent (mort ou vivant)- Adoption judicieuse de cultures dans une rotation suffisamment longue. Ce terme à été retenus lors du First World Congress on Conservation Agriculture : a worldwide challenge" qui se déroulait à Madrid 2001.

44 Chevrier .A. & Barbier. Sylvain. (2002) : Performances économiques et environnementales des techniques agricoles de conservation des sols Création d'un référentiel et premiers résultats. Mémoire de fin d'études ; Institut National de la Recherche Agronomique de Versailles-Grignon. P18

45 LABREUCHE J., BODET JM.( 2001) : Matières organiques et activités biologiques des sols Cultivés » : conséquences des techniques de travail du sol, Perspectives Agricoles, n°272, Octobre, p 54-57

72

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

de vers de terre est très importante. Egalement, le vers de terre est un véritable producteur de biodiversité car au niveau des Shoul la plupart des oiseaux et des rongeurs existant consomment les vers de terre.

La pratique de la technologie de rotation permet donc non seulement le développement de la microfaune du sol mais également le retour et/ou le maintien d'oiseaux sauvages et des rongeurs.

3.1.6.2 Une concentration de la microfaune en surface

L'activité biologique de la microfaune est conditionnée par la présence des matières organiques « assimilables », fournit par la rotation blé/légumineuse. La plupart des microorganismes se trouvent dans le sol se nourrissent de matières organiques mortes. Donc la concentration de la matière organique dans la couche superficielle (0-20 cm), occasionne la concentration de la microfaune en surface.

3.2 Évaluations socio-économiques

3.2.1 Augmentation du rendement

3.2.1.1 Analyse économique des rendements

L'analyse économique du rendement de différentes rotations a été basée sur la méthode «Etude du rendement par unité de surface cultivée». Cette méthode appliquée dans les recherches agronomiques et par la DPA de Rabat-Salé. Les paramètres utilisés par cette méthode sont:

Le nombre des tiges / unité de surface, Le nombre de graines par épis

Le rendement des graines/ unité de surface Le rendement en paille / unité de surface

3.2.1.1.1 le nombre des tiges par m2

Le nombre moyen des tiges par m2 est présenté dans le tableau 15, le nombre moyen obtenu pour les différentes rotations est:

> Rotation blé /légumineuses : 249 plantes par m2pour le blé et 14 plantes par m2 pour les fèves.

> Rotation blé tendre/Maïs : 210 plantes par m2 pour le blé tendre et 44 plantes/ 16m2pour le maïs.

> Monoculture d'orge (5 ans) : 235 plantes par m2 pour l'orge.

Ces valeurs sont faible par rapport à celles de la région de Zaer qui sont de l'ordre 295 et 355 plantes par m2 pour l'orge et le blé et 20, 15 plantes au m2 pour la fève et la maïs.

73

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

La comparaison du blé de rotation blé /légumineuses par rapport à orge en monoculture, montre une nette supériorité du blé par apport à l'orge. Ceci peut être dû à la sécheresse survenue au moment du tallage. La rotation blé/légumineuses compense cette faiblesse par le taux d'humidité dans le sol qui permet de garder une densité de levée de 249 plantes par m2 par rapport aux 235 plantes par m2 en monoculture d'orge.

3.2.1.1.2 Le nombre de graines par épi

Le tableau 15, illustre les valeurs du nombre de graines par épi pour toutes les parcelles étudiées.

Les valeurs obtenues sont en moyenne de 27,3 grains par épi pour le blé dans la rotation blé/légumineuses.

Et de 18 et 13 grains par épi pour la rotation céréale/céréale et la monoculture (orge 5 ans), ces données mettent aussi en relief l'existence de différences entre les rotations étudiées. De telles différences peuvent être liées à des utilisations des fertilisants, la dose et la date de l'épandage des engrais de couverture. Egalement ces valeurs que nous avons obtenues pour la rotation céréalière et la monoculture sont faibles par rapport aux valeurs rapportés par Naaza iddriss46 (1991), et qui sont 21 ,7 et 24 pour l'orge et le blé.

3.2.1.1.3 Rendement grain / ha

Le rendement grain des parcelles en rotation étudiées à été calculer par qx/ha, ce rendement a été inventorié par le suivi de la moissonneuse batteuse pendant la récolte. La moisson dans la plupart des parcelles étudiées se fait à la machine, mais le rendement réalisé ne donne pas les valeurs exactes du rendement, car les graines restent mélangées avec les graines des mauvaises herbes. C'est, pour cela qu'on à obtenu le rendement exacte à partir d'un entretient avec les exploitants des parcelles étudiées, après avoir procéder à la séparation des graines de blé et des graines de mauvaises herbes.

Le rendements grains obtenu sont présentés dans le tableau 16 .les rendements moyens ainsi obtenus sont de l'ordre de 25 qx/ha pour le blé tendre dans la rotation blé /légumineuses et de l'ordre de 20 et 19 qx/ha pour l'orge de monoculture et le blé tendre de rotation céréale/céréale.

L'analyse des valeurs du rendement montre une nette augmentation du rendement de rotation blé /légumineuses par rapport à la monoculture et la rotation céréalière, cette différenciation du rendement entre les trois types de rotations est liés au rôle des légumineuse qui précède la culture de blé, et qui enrichie le sol par la matière organique et l'azote, soit des éléments essentiels pour le blé pendant le remplissage des grains.

Mais généralement on remarque que les valeurs du rendement enregistrés dans les trois types des rotations sont inférieurs à celles rapportées par Si Bannasseur Alaoui, cet auteur confirme

46 Naaza,Idriss ,novembre 1991 : « productivité des céréale et des légumineuses en zone semi aride efficiences d'utilisation de l'eau et de la lumière »,mémoire de 3eme cycle Agronomique ,option production végétale ,IAV hassan II Rabat.

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

que le rendement de blé tendre et d'orge dans les région semis aride comparables à la région des Shoul sont de l'ordre de 25 qx/ha pour le blé et 28 qx/ha pour l'orge47.

3.2.1.1.4 Rendement en paille/ha

Dans la région des Shoul la production de paille est fortement valorisée comme nourriture pour les animaux pendant la longue période estivale d'arrêt de la végétation. Le rendement en paille a été recensé dans les parcelles étudiées après le passage de la presse paille.

Le nombre de balles par hectare est présenté dans le tableau 16. Il est en moyenne de l'ordre de 65 balles/ha pour le blé en rotation blé/légumineuses, et 45 balles /ha pour l'orge dans la rotation maïs/blé tendre et 95 balle/ha pour l'orge en monoculture.

A partir de ces résultat on constate que le nombre de balles produites par un hectare de blé dans la rotation blé /légumineuses et respectivement faible que celui produit par la monoculture. La différence est due essentiellement, a des pratique culturale comme la dose de semis et l'effet des légumineuse notamment la fève qui contribue à la diminution des quantités de mauvaises herbes dans la culture de blé tendre.

74

47 Si Bannasseur Alaoui, 2005 « référentiel pour la conduit technique de la culture de blé tendre »

75

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Tableau 15 : Rendements par culture selon les types de rotations :

type rotation

culture actuelle

Nbr tiges /m2

grains /épi

poids de 1000grains

céréale /légumineuses

céréale /céréale

blé tendre

blé tendre

249

210

27,3

18,3

38,2

32,1

monoculture

orge

235

13

28,2

Source : Enquête 2008

Tableau 16 : Rendements grains et paille par culture et selon le type de rotation

type rotation

Culture
actuelle

date de
récolte

Machine de récolte

rendement
grains/ha

Nbr de balle
/ha

céréale

/légumineuses

céréale /céréale

blé tendre

blé tendre

06/06/2008

04/06/2008

moissonneuses
batteuse

moissonneuses

25

19

65

45

monoculture

Orge

03/06/2008

moissonneuses

20

95

Source : enquête 2008

76

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

3.2.1.2 Analyse de Bilan économique de la technologie de rotation culturale

L'analyse du bilan économique de la technologie de rotation culturale, fait à partir de l'analyse des revenus et des dépenses d'un hectare de blé et de la fève dans la rotation blé /légumineuse. Les charges de la production ont été déterminées à partir des déclarations des exploitants, et concernent essentiellement le travail du sol, les semences, les fertilisants, la main d'oeuvre et la moisson. On n'a pas évalué toutes les charges. Tandis que les facteurs fixes de production comme le fumier, la terre, et la location des animaux de trait n'a pas été comptabilisée.

La valeur de la production est évaluée à partir du prix du rendement du marché, les prix des semences et des engrais sont considérés à partir des prix en vigueur au niveau du souk de Sidi Azzouz, le calcul du coût de la main d'oeuvre à été estimé sur la base des salaires perçus par la main d'oeuvre salariale au niveau de la région.

3.2.1.2.1 Les dépenses de rotation blé/légumineuses * Charge des travaux du sol

D'après les déclarations des exploitants qui pratiquent la technologie de rotation, le travail du sol de un hectare de céréale demande des passages, au chisel pour une heure au coût de 157dh, au cover-crop pour 1h 30' au coût de 300 dh, ce qui donne un totale de 475 dh pour l'ensemble de l'opération.

* Charge des semences

La quantité des semences utilisées par un hectare de céréale et des légumineuses est respectivement 100 kg/ha pour le blé et la fève au prix de400 dh/q de semences de blé et 500 dh/q pour celle des fèves.

* Charge des engrais

Le tableau résume les engrais de fond et de couverture utilisés pour un hectare de céréale, ainsi que les quantités utilisées par les agriculteurs et le coût de vente de chaque type d'engrais selon les prix en vigueur dans le marché.

Il est à signaler aussi que le calcul des coûts des engrais utilisés prend en considération l'augmentation des coûts d'engrais qu a connu le secteur agricole durant l'année 2007-2008 et qui sont en relation avec la hausse des prix du pétrole.

Les quantités utilisées par un hectare de céréale et de légumineuse sont, respectivement, 250 kg/ha d'engrais de fond et de couverture pour les céréales et 100 kg /ha d'engrais de fond pour les légumineuses.(tableau 17)

77

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Tableau 17 : Les engrais utilisés pour les céréales et les légumineuses et leurs

coûts en dh/ha

culture

Engrais

Type d'engrais

Quantité Kg /ha

Coût dh / kg

Coût dh/qx

céréales

Engrais de fond

Engrais composé

14-28-14

100

4,7

470

Engrais 21

50

4,2

210

Engrais de couverture

Urée 46%

100

4 ,5

450

Totale

 

3

250

 

1130

Légumineuse

Engrais de fond

Engrais composé

14-28-14

50

4,7

235

Engrais 21

50

4,2

210

Engrais de couverture

 
 
 

---

total

 

2

100

 

445

Source : enquête 2008.

D'après ce Tableau on constate que, les charges d'engrais de rotation blé/légumineuse, sont respectivement 1130 et 445dh/ha pour le blé et la fève, ce qui donne un total de 1575 dh pour la rotation blé /légumineuse. Les dépenses affectés aux engrais absorbent presque la moitié des dépenses totales de la rotation blé /fève.

* Charges de la main d'oeuvre

Ces charges correspondent pour les deux cultures au salaire de la main d'oeuvre employée pour les opérations de : travail du sol, épandage des engrais, traitement des mauvaise herbes, ramassage des récoltes et mise en réserve.(tableau 18)

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

Tableau 18 : Des charges de main d'oeuvre pour un hectare de céréale et de
légumineuse dans la rotation

culture

Activités

Céréale

Travail du sol (Brise mottes)

Semis des grains

Epandage des engrais de fond et de couverture

Traitement de mauvaise herbe

Collecte du rendement et mise en réserve

Totale

Légumineuse

Préparation du sol « teyabe el arde »

Création des billons de fèves, semis des grains et épandage des engrais de fond

Traitement manuel de mauvais herbe

Récolte et collecte du rendement totale

totale

Quantité

personne pour
chaque activité

Salaire local dh

1 p/j

40

1 PJ

40

2 PJ

80

1 PJ

40

2 PJ

80

7 PJ

280

2 PJ

80

3 PJ

120

2 PJ

80

6 PJ

240

13 PJ

520

20

800

78

Source : enquête 2008

D'après le tableau n° 18, on remarque que les activités d'un hectare de culture de blé et de fève demande un total de main de oeuvre de 7 p/j/ha pour le blé et 13 p/j pour la fève, donc les dépenses pour un hectare de blé et fève en matière de main d'oeuvre sont de l'ordre de 280 dh/ha pour le blé et 510 dh/ha pour la fève. La comparaison du blé et de la fève au niveau de la consommation de la main d'oeuvre ,montre que la fève absorbe presque la moitié de main d'oeuvre utilisée dans les différentes activités de la technologie de rotation culturale blé/fève .

* Charge de moisson

La charge de moisson pour le blé concerne la location de la moissonneuse batteuse et la machine de presse paille. D'après les déclarations de propriétaire de la machine, la location de

79

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

moissonneuse pour récolter un hectare de céréale est évalué à 250 dh/ha, et 2dh/balle pour la presse de paille. Ainsi un hectare qui produit 65 balles demande 130 dh pour presser la paille, ce qui donne un total des charges de récolte pour le blé de 380 dh. La récolte de légumineuses (fève) se fait manuellement, donc les charges de récolte des fèves sont comptabilisées dans les charges de main d'oeuvre.

3.2.1.2.2 Revenu de la rotation blé/légumineuse

Le calcul des recettes de un hectare de céréale est fait sur la base de la production totale de l'hectare (grains, paille) en se basant sur le prix du marché.(tableau 19)

Tableau 19 : Les recettes brutes de blé et de fève

cultures

Rendement grains qx/ha

Prix marché

Rendement paille

Prix

Recettes

%

Dh/qx

balle/ha

Dh/balle

Totales (dh)

Céréale (Blé tendre)

25

400

65

10

10650

80,99

Légumineuses (fève)

5

500

0

0

2500

19, O1

totale

 

13150

100

Source : enquête 2008

D'après le tableau on constate que les revenus bruts de rotation cultural blé/légumineuses sont évalués à 13150 dh. Les recettes totales de blé tendre présentent les valeurs brutes les plus élevées en comparaison avec la culture de fève, et participent aux revenus bruts de la rotation dans une proportion allant de 80 à 90%. La différence entre le revenu brute et les charges dégage un revenu net annuel de 10150 dh par exploitation (exploitation de deux hectare : l'un de céréale et l'autre de fève).

3.2.2 Réduction des frais pour les intrants agricoles

L'utilisation des légumineuses dans le système culturale de la technologie de rotation, permet la réduction des frais pour les intrants agricoles. D'après les déclarations des paysans, avant l'application de la technologie de la rotation les quantités des engrais utilisés étaient de l'ordre de 300kg/ha pour les cultures céréalières. Mais, avec l'application de la rotation les quantités des engrais utilisés ont diminué pour ne plus représenter que 150kg/ha pour les céréales.

3.2.3 Réduction de l'émigration

D'après le témoignage d'un paysan qui pratique la rotation culturale, l'application de la rotation culturale joue un rôle très important dans la fixation de la population. Elle constitue

80

Chapitre troisième : Evaluation des techniques de CES : Cas de la rotation culturale

aussi un facteur qui renforce les liens des paysans avec leur exploitation. En plus, l'application de la rotation permet à un grand nombre de paysans de la zone des Shoul de pratiquer l'agriculture sur une grande échelle sans courir le risque de voir leurs terres menacées par la dégradation, contrairement aux parcelles où est pratiquée la monoculture. En effet le maintien de la productivité des terres favorise une stabilité des revenus qui peut se ressentir au niveau des ménages des exploitants moins enclins à l'émigration. Selon les témoignages fournis par nos interlocuteurs, la pratique de la rotation participe à la réduction de l'émigration dans une proportion de 10 % dans la zone48.

En outre, la rotation culturale favorise la sécurité alimentaire des exploitants à des revenus limités.

Comparant aux exploitants qui pratiquent seulement la monoculture, La pratique de la rotation culturale ravitailler la sécurité alimentaire des exploitants qui ont l'utilise par (i) les légumineuses alimentaire qui existent dans le système de rotation et qui précédemment acheter du souk (ii) et par les réserves annuelle des différentes cultures qui à pour but de réduit les frais d'achat (iii)et aussi par la diversification des cultures qui laissent les paysans qui ont pratiquer la rotation culturale à vendre leur production (comme les gousses des fèves vert ...etc) sur le longue de l'année agricole sans reste fixés au période de moisson. Les recettes procrées, utilisés pour satisfaire les besoins de leurs familles à d'autre produits manquer dans la zone.

Conclusion

A partir de l'évaluation environnementale et socio-économique de la technologie de rotation culturale on remarque que, la pratique de la technologie de rotation culturale a instauré un meilleure gestion de la fertilité des terres et un maintien de fertilité des sols et ne nécessitant pas une grande connaissance en matière de CES également c'est une technique qui peu coûteuse mais, cela ne veut pas dire que cette technologie ne pas des inconvénients.

Les inconvénients de cette technologie sont tout d'abord, le risque d'érosion pour les cultures printanières (maïs) car le sol reste à nu pendant la période de fortes pluviosités, en plus c'est une technologie qui demande beaucoup de main d'oeuvre familiale et d'animaux de trait, en outre la pratique de cette technologie réduit le recours à la jachère et éloigne le troupeau des terres de l exploitation occupée par les cultures toute l'année.

48 Au-delà du doute sur la validité de ce chiffre c'est l'existence de la relation entre équilibre économique des exploitations favorisé par la pratique de la rotation et les caractéristiques du fait migratoire dans une zone situé au seuil d'une ville capitale du pays que nous comptons révéler.

81

82

Conclusions générales & Recommandations

L

a région des Shoul présente dans sa totalité des conditions physiques et socio-économiques qui favorisent la dynamisation des processus de dégradation des terres. Sur le plan physique, le substrat géologique comporte des couches friables à dominance marneuse facilement érodables par le ruissellement et les sols sont peu épais, pauvres en matière organique et de texture limoneuse fortement sensible à la battance, les pentes sont généralement assez fortes et la couverture végétale, soumise à l'action anthropique.

Aussi Le régime pluviométrique est-il caractérisé par une forte irrégularité des volumes de pluies annuelles et l'opposition de deux saisons contrastées: une saison sèche allant de mai à octobre avec un déficit hydrique important et une saison humide sur le reste de l'année caractérisée par des précipitations de forte intensité et violentes.

Sur le plan socio-économique la dynamisation des processus de dégradation des terres est liée à des facteurs comme le surpâturage, les techniques de labour et la gestion des terres cultivées, en plus de la pauvreté et des faibles revenus des exploitants.

Pour faire face au problème de la dégradation, la population applique un certain nombre de techniques de conservation des eaux et des sols qui permettent, l'amélioration de la fertilité des terres et la gestion de l'eau, et par conséquent l'affaiblissement des effets du ruissellement violent.

Ces techniques, appliquées dans le cadre des exploitations privées, relèvent d'une initiative individuelle et s'inscrivent en même temps dans des modes d'organisation institutionnelle. Ces derniers sont, soit hérités d'une époque révolue où la jemâa jouait un rôle dans la réglementation des pratiques agraires, soit actuelles et relèvent de l'action de l'état.

Les techniques de conservation des eaux et des sols appliqués dans la région concernent des techniques agronomiques (rotation culturale, labour isohypse, apport de fumier dans le sol), végétale ou biologique (les haies, correction biologique des ravins, plantation fruitière) et physique (murettes en pierres sèches, gabions, terrasses).

Les techniques agronomiques et végétales sont les plus répandues dans les terres bour de la commune des Shoul. Par contre, les techniques physiques restent peu développées dans la zone et limitées aux exploitations qui, dans le cadre du projet de mise en valeur en bour, ont adopté la gabion comme solution pour freiner l'extension des ravins.

Mais malgré la mise en place, des techniques physiques et végétales, les paysans, ne prêtent pas beaucoup d'attention à l'entretien. Les seuils en gabion sont débordés par les matériaux d'érosion, et aucune plantation n'a été envisagée sur les atterrissements.

Pour dégager les techniques les plus prometteuses en terme de conservation des eaux et des sols et évaluer leur efficacité, nous nous sommes basés sur le questionnaire Wocat.

L'évaluation de la technologie agronomique de rotation culturale sur la base de ce questionnaire a donné les résultats suivants:

> Sur le plan environnemental.

- Le taux de matière organique et l'azote

Le taux de matière organique et l'azote dans le sol varie en fonction du type rotation appliquée. La comparaison de deux rotations, blé /légumineuses, blé /maïs, et la monoculture d'orge montre une augmentation de la matière organique et l'azote (2,21%, 0,11%) dans la parcelle où est pratiquée la rotation blé /légumineuses, par contre dans les parcelles ou est

83

Conclusions générales & Recommandations

pratiquée la rotation céréalière et la monoculture le taux de la matière organique et d'azote est faible, les différences de la matière organique et d'azote entre les deux rotations et la monoculture d'orge sont dues essentiellement à la pratique de la succession blé/légumineuses. - L'état de l'humidité du sol.

La pratique de la technologie de rotation culturale permet aussi une augmentation de l'humidité du sol. A partir des mesures effectuées sur terrain on relève une augmentation des taux d'humidité dans les parcelles où sont pratiquées les rotations céréales-légumineuses et céréale-céréale. L'augmentation du taux d'humidité dans ces deus types de rotations sont liées principalement : (i) aux pratiques culturales, (ii) au travail du sol, et (iii) à la teneur en matière organique.

- Ruissellement et perte en terre.

La pratique de la technologie de rotation permet la réduction du ruissellement et la perte en terre. La comparaison entre la rotation blé/légumineuses et la rotation blé/avoine, révèle le déclenchement tardif du ruissellement dans la rotation blé/légumineuse, et le coefficient de ruissellement est moins élevé (2,5%) par rapport en rotation blé /avoine où le déclenchement du ruissellement est très précoce. Ce dernier a eu lieu dans les 10 premières minutes de simulation et le ruissellement et plus rapide (8,6%) même si le sol est complètement sec.

La perte en terres dans la rotation blé/légumineuses est faible, presque 0,42 g/h/m2, contre 1,92 g/h/m2 en rotation blé/avoine.

De ce faite, la pratique de la technologie de rotation culturale contribue à la conservation de l'eau et à l'amélioration de la structure du sol et de sa stabilité structurale, en plus de l'accroissement de la biodiversité et de l'activité biologique.

> Sur le plan socio-économique.

-Augmentation des rendements: la pratique de la rotation culturale augmente les rendements grains réalisés. Ils sont en moyennes de 25 qx /ha dans le blé tendre de rotation blé/légumineuse, et 20qx/ha dans la monoculture d'orge et 19 qx/ha dans le blé tendre de rotation blé/maïs. Les rendements enregistrés dans la rotation blé/légumineuses sont des rendements acceptables par les paysans de la région, également selon eux la moyenne de 25qx/ha constitue une moyenne qui peut se produire dans une région à climat semi-aride comme celle des Shoul.

-Augmentation des revenus: l'analyse du bilan économique de la technologie de rotation culturale montre que cette technologie génère un revenu net de 9020 dh pour une exploitation de deux hectare (hectare de blé tendre et un hectare de fève) .

-Utilisation des engrais: la rotation culturale permet de réduire la quantité des engrais utilisés dans la culture de blé par 50% par rapport aux quantités utilisées avant l'application de la rotation (150 kg/ha contre 300 kg/ha). Les légumineuses jouent un rôle très important dans la fertilisation des terres.

-Sécurité alimentaire: La pratique de la rotation aussi améliore la sécurité alimentaire et l'autosuffisance des paysans.

Malgré les avantages présentés par la rotation culturale sur le plan environnementale et socio-économique, son développement dans la région est soumis à une série de contraintes:

Les contraintes naturelles

Le climat de la région des Shoul, appartient à l'étage bioclimatique semi-aride caractérisé par des fluctuations inter-annuelles et la sécheresse peut intervenir à n'importe quel moment du

84

Conclusions générales & Recommandations

cycle de croissance des cultures. Deux types de sécheresses sont généralement distinguées49 : la sécheresse de début de cycle qui coïncide avec le démarrage de la culture et qui, réduit le nombre de plantes et le tallage et donc la quantité de biomasse totale. Le deuxième type est la sécheresse de fin du cycle qui est la plus fréquente et qui affecte le remplissage des grains, l'effet du déficit hydrique de fin de cycle est souvent marqué par les hautes températures qui caractérisent cette période. Un troisième type de sécheresse est parfois observé, il concerne le milieu du cycle.

Par ailleurs, la plupart des sols rencontrés dans la région sont des sols peu favorables aux cultures bour, pauvres en matière organique, peu profonds et érodable dont les capacités de conservation de l'eau sont très limitées.

Les contraintes socio-économiques

Parmi les problèmes socio-économiques qui nuisent à la production des céréales et les légumineuses dans la région, on peut citer la taille des exploitations et le système de production adopté.

En ce qui concerne la taille des exploitations, il est important de souligner que 50% de la superficie des céréales et des legémineuses sont cultivés dans des exploitations de moins de 5 ha. En plus le morcellement des parcelles ne permet pas l'utilisation des trains techniques améliorés.

Le système de production dans la région est complexe, car la pratique de la céréaliculture sous ses différentes formes de rotation est associée à la pratique de l'élevage avec différents niveaux d'intensification.

Après la récolte, la plupart des paysans nécessitent des disponibilités en argent pour financer l'achat des fourrages au cheptel et satisfaire les besoins alimentaires de leurs familles.

Dans un marché caractérisé par l'augmentation de l'offre et la baisse de la demande, les paysans sont souvent poussé à vendre leur production à des prix bas qui ne leur permettent pas de réaliser des bénéfices substantiels et avoir une trésorerie équilibrée. Ce qui se traduit par des difficultés de financement de la campagne agricole suivante en matière des semences et des engrais, surtout chez les paysans qui pratiquent la rotation culturale.

Par ailleurs le taux élevé d'analphabétisme chez les paysans de la région limite souvent la communication et constitue une entrave au programme de transfert de nouvelles technologies.

Les contraintes techniques

La conduite du blé est caractérisée, chez plusieurs paysans de la région, et surtout ceux des petites et moyennes exploitations, par des travaux du sol étalés sur plusieurs périodes (deux passages de cover crop), un semis à la volée, un apport périodique et non raisonné des engrais, un désherbage souvent manuel et tardif et une récolte mal maîtrisée et engendrant beaucoup de perte en grains.

La méthode de semis décrite, associée à la faible utilisation des semences certifiées conduisent à un taux de levée faible et hétérogène.

Pour remédier au problème de la préparation du lit de semences et des adventices précoces, les paysans attendent les premières pluies automnales pour travailler le sol et enfouir les mauvaises herbes. Le retard de la préparation du lit de semences et le travail du sol sous des conditions humides entraînent des pertes considérables d'eau par évaporation.

49 El Mourid. M et al (1988): Rainfall patterns and probabilities in the semi-arid cereal production region of Morocco USAID Project No.608-0136.Aridoculture Centre INRA-Settat, Morocco.

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Conclusions générales & Recommandations

Le semis tardif ne permet pas aux plantes de profiter des premières pluies et expose les cultures aux stress hydrique et thermique de fin du cycle.

En outre, les herbicides qui font place au désherbage manuel sont souvent appliqués à des époques tardives ; ce qui permet aux plantes adventices de concurrencer les plantes pour l'eau et les éléments fertilisants et d'entraîner la chute des rendements de la culture.

De ce fait, la période d'épandage d'engrais de couverture est parfois mal appropriée, vu les prix élevés des engrais, il est aussi constaté que les doses pratiquées sont généralement faibles par rapport aux besoins de la culture.

Les maladies cryptogamiques et les attaques d'insectes constituent une contrainte majeure devant la production du blé et des légumineuses dans la région. Parmi les maladies les plus importantes il y a les rouilles, la septoriose pour le blé et l'orobanche pour les légumineuses.

En considération des résultats obtenus sur les pratiques locales en matière de conservation et de gestion des eaux et du sol par l'utilisation du questionnaire WOCAT, et en considération du contexte géographique et socio économique où les paysans appliquent leurs systèmes de cultures fondés sur la double combinaison entre l'activité agricole et l'élevage, et entre des terres à vocations différenciées, il peut s'avérer judicieux, dans l'objectif d'une meilleure gestion des ressources eau et sol, d'orienter l'utilisation des terres dans la zone étudiée, selon le schéma suivant:

Dans les terres à pente faible à moyenne il serait préférable de pratiquer la rotation céréale/légumineuse et rotation céréale/jachère, à cause de son rôle dans la gestion de la fertilité des terres et la restauration des terres dégradées.

Les terres à pente forte seraient orientées vers un système d'agroforesterie sur terrasses à base de plantes fruitière adaptées au milieu et plus rentables pour la population locale.

Pratiquer une culture dérobée comme précédant cultural des légumineuses ou du maïs pour couvrir le sol durant la période de fortes pluies.

La rotation serait améliorée par l'utilisation des semences sélectionnées et la maîtrise de la conduite technique des cultures pratiquées par les paysans et de labourer les terres directement après la récolte (enfouissement des résidus de récoltes).

La sensibilisation des populations aux problèmes de dégradations des terres et la recherche de moyens pour perfectionner les méthodes de conservation utilisées ou adopter de nouvelles technique. Un effort de communication et de vulgarisation pourrait être mené à différents niveaux par les différents acteurs concernés par le développement local de la commune des Shoul (services agricoles, conseil communal, associations, groupement des agriculteurs..).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo