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L'impact des revenus pétroliers sur l'économie d'un pays exportateur. Le cas du Gabon.

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par Sylvain ENGOANG
Université Pierre Mendès France de Grenoble II - Master 2 à finalité Recherche en Economie internationale et stratégies dà¢â‚¬â„¢acteurs, spécialité Politiques éc 2006
  

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    UNIVERSITE PIERRE MENDES FRANCE
    UFR Economie - Stratégies - Entreprise

    L'IMPACT DES REVENUS PETROLIERS SUR
    L'ECONOMIE D'UN PAYS EXPORTATEUR : LE CAS DU

    GABON

    Mémoire de master 2 rédigé et soutenu par
    Sylvain ENGOANG

    11 août 2006

    Sous la direction de M. Jean-Pierre ANGELIER

    2

    AMonia, Anthony, Jordan et Kevan

    3

    TABLE DES MATIERES

    Liste des sigles 5

    Index des illustrations . 6

    Index des annexes 7

    Résumé du mémoire. 8

    Introduction ....9

    Première partie : La manifestation du syndrome hollandais dans l'économie

    gabonaise 12

    Chapitre I : Les déséquilibres structurels de l'économie gabonaise ....14

    Section 1 : Les caractéristiques de la structure de production 14

    Paragraphe 1 : Une structure de production faiblement diversifiée 14

    Paragraphe 2 : La faible intégration du pétrole à l'économie 16

    Section 2 : Les distorsions de la structure des échanges extérieurs .16

    Paragraphe 1 : La forte concentration des exportations sur le pétrole 17

    Paragraphe 2 : La dépendance du pays à l'égard des importations 18

    Chapitre II : Les mécanismes macroéconomiques des distorsions sectorielles 20

    Section 1 : Les effets de dépense 20

    Paragraphe 1 : La surévaluation du taux de change 17

    Paragraphe 2 : L'effet d'accroissement des importations 19

    Section 2 : Les mécanismes d'allocation de ressources 20

    Paragraphe 1 : Les effets des imperfections du marché du travail ....20

    Paragraphe 2 : L'exode rural 24

    4

    Deuxième partie : Le développement des comportements rentiers que l'on peut

     
     

    infléchir

    ..26

     

    Chapitre III : Les caractéristiques d'une économie de rente

    28

    Section 1 : Le laxisme budgétaire

    28

    Paragraphe 1 : Investissements improductifs et surendettement de l'Etat

    28

    Paragraphe 2 : Minimisation de la pression fiscale et corruption

    30

     

    Section 2 : La logique de redistribution

    31

    Paragraphe 1 : Politique de redistribution et clientélisme

    31

     

    Paragraphe 2 : Maintien d'une structure artificielle des prix et des salaires

    32

    Chapitre IV : Comment améliorer la contribution des revenus pétroliers au

    développement du Gabon ?

    35

    Section 1 : L'adoption de politiques volontaristes visant à améliorer la compétitivité de

    l'économie nationale

    35

     

    Paragraphe 1 : Le développement des infrastructures économiques et sociales

    35

    Paragraphe 2 : La stérilisation des revenus pétroliers à l'étranger

    36

    Section 2 : L'adoption des politiques oeuvrant pour un retour d'une économie de redistribution

    à une économie de production 37

    Paragraphe 1 : La mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernance 38

    Paragraphe 2 : La promotion d'un véritable secteur privé industriel 39

    Conclusion 41

    Références bibliographiques 42

    5

    LISTE DES SIGLES

    BAfD : Banque Africaine de Développement ;

    CFA : Communauté financière d'Afrique ;

    EITI : Initiative sur la transparence des industries extractives ;

    FMI : Fonds Monétaire International ;

    G8 : Groupe des huit pays les plus industrialisés ;

    IDE : Investissement direct étranger ;

    IDH : Indicateur de développement humain ;

    IMF : Impôt minimum forfaitaire ;

    IS : Impôt sur les sociétés ;

    OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques ;

    PAS : Programme d'ajustement structurel ;

    PIB : Produit intérieur brut ;

    PME : Petites et moyennes entreprises ;

    PPTE : Initiative en faveur des pays pauvres très endettés ;

    RAM : Royal Air Maroc ;

    SEEG : Société d'Energie et d'Eau du Gabon;

    SMIG : Salaire minimum interprofessionnel gabonais ;

    SOGADEL : Société Gabonaise d'Elevage ;

    SOGAPIL : Société Gabonaise des Piles ;

    SOSUHO : Société Sucrière du Haut Ogooué ;

    SOTEGA : Société de Textile du Gabon ;

    TES : Tableau entrées-sorties ;

    TVA : Taxe sur la valeur ajoutée.

    6

    INDEX DES ILLUSTRATIONS

    - Tableau 1 : Evolution de la structure du PIB par secteur 15

    - Tableau 2 : Evolution de la structure des exportations 17

    - Tableau 3 : Répartition de la valeur des importations par poste 18

    - Tableau 4 : Indice des prix à la consommation 21

    - Tableau 5 : Taux de couverture des importations pour consommation finale par

    les exportations totales 22

    - Tableau 6 : Répartition de l'emploi par secteur d'activité 24

    - Tableau 7 : Production de cacao et de café 25

    - Tableau 8 : Ratio d'endettement extérieur de l'Etat 29

    - Tableau 9 : Evolution des taux de pression fiscale au Gabon et en France 30

    - Graphique 1 : Evolution des indices des prix de détail 33

    7

    INDEX DES ANNEXES

    - Annexe I : Calcul de la valeur moyenne du rapport des ressources pétrolières sur

    les ressources totales 45

    - Annexe II : Répartition du produit intérieur brut par secteur en 2002 46

    - Tableau entrées-sorties 47

    8

    Résumé du mémoire

    L'abondance des revenus pétroliers au Gabon a eu pour conséquence immédiate la manifestation du syndrome hollandais : alors que le secteur pétrolier et les services sont en expansion, le secteur agricole par contre s'atrophie et le secteur manufacturier reste à l'état embryonnaire. Puis, du fait de la capacité d'absorption limitée du pays, l'afflux supplémentaire de revenus pétroliers entraîne le développement de comportements rentiers qui se manifestent par le laxisme budgétaire et une politique de redistribution de la rente visant à pérenniser le régime. Dans ce cas, la mise à contribution du pétrole au développement du Gabon nécessite d'abord l'amélioration de la compétitivité de l'économie passant par un renforcement des infrastructures économiques et sociales et par une stérilisation d'une partie des recettes pétrolières à l'étranger ; ensuite, la mise en oeuvre des principes de bonne gouvernance et le désengagement de l'Etat du secteur productif devraient appuyer les politiques d'assainissement de l'environnement juridique et administratif des affaires pour relancer la création des petites et moyennes entreprises.

    Mots-clés : Syndrome hollandais, Capacité d'absorption, Compétitivité, Bonne gouvernance, Stérilisation des recettes pétrolières.

    9

    INTRODUCTION

    Alors qu'au début des années 70 les réserves importantes de pétrole dont fut doté le Gabon ont suscité au sein de ses populations l'espoir et le rêve d'un avenir meilleur, l'allure de misère et de pauvreté que présentent à l'heure actuelle les cités gabonaises conduit à s'interroger sur l'impact des revenus pétroliers sur l'économie de ce pays.

    En effet, le Gabon a été longtemps considéré comme l'Eldorado d'Afrique Centrale en raison de ses importantes ressources pétrolières. De 1973 à 1977, sa production de pétrole brute a été de 10,4 millions de tonnes en moyenne par an ; après avoir accusé une baisse graduelle qui la fixe à 7,65 millions de tonnes en 1981, la production de pétrole brute du Gabon est remontée à 10,23 millions de tonnes en 1989 et à 15,22 millions de tonnes en 1993 pour culminer à 18,25 millions de tonnes en 1996 ; la longue chute amorcée en 1998 avec 16,85 millions de tonnes a ramené la production de pétrole brute du Gabon à 13,43 millions de tonnes en 20031. Cette production pétrolière génère à l'Etat des recettes importantes qui peuvent être ventilées en trois composantes : la redevance et le partage, qui sont fonction de la production en valeur de l'année courante ; l'impôt sur les sociétés qui frappe les bénéfices de l'année antérieur ; les dividendes pétroliers versés à l'Etat. L'accroissement du prix du baril à la suite du premier choc pétrolier survenu entre octobre 1973 et début 1974 a entraîné une très forte hausse des recettes budgétaires qui sont passées de 35,2 milliards de francs CFA en 1973 à 234,2 milliards de francs CFA en 1977, soit une augmentation de 565,34 %2. De 1981 à 2002, les recettes pétrolières ont constitué en moyenne près de 53,8 % des recettes ordinaires de l'Etat qui sont passées de 408,2 milliards à 1018,2 milliards de francs CFA au cours de cette période, comme l'attestent les chiffres récapitulés en annexe I. Ces revenus importants auraient dû permettre à l'Etat gabonais d'amorcer son développement économique et social mieux que d'autres pays de la sous-région, en raison notamment de la faiblesse de sa population estimée à 1,267 million d'habitants en 20023, la situation économique et sociale du pays se révélera pourtant aussi critique.

    1 Banque des Etats de l'Afrique Centrale : « Etudes et statistiques », n°157 de janvier 1989 et n°287 de septembre 2004.

    2 Estimations de l'auteur sur la base des données présentées par H.A.B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, p. 116.

    3 Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques : « Données statistiques », http://www.stat-gabon.ga/Donnees/index-data.htm, consulté le 10/07/2006.

    10

    L'Etat gabonais est excessivement endetté ; en 2001, la dette extérieure atteint 2116,8 milliards de francs CFA et la dette intérieure se chiffre à 193,3 milliards de francs CFA1. Le tissu industriel est faiblement diversifié ; d'après l'annexe II, les industries manufacturières et l'énergie n'occupent que 6,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2002, tandis qu'au cours de la même année l'agriculture, l'élevage et la pêche n'y contribuent que pour 4,7 %. Le Gabon ne dispose pas d'un réseau routier fiable, malgré le soutien appuyé de l'Union européenne dans ce domaine. Les hôpitaux manquent cruellement de médicaments, en dépit de l'inauguration en 2004 d'une usine de fabrication de génériques. La pauvreté des zones rurales provoque un exode massif des jeunes vers les villes telles que Libreville, Port-Gentil et Franceville où en 1998 le taux de chômage dépasse les 30 % chez les jeunes de 25 ans et moins2. Sur 177 pays, le Gabon est classé au 123ème rang en 2003 par rapport à l'indicateur de développement humain (IDH)3.

    Malgré ce constat somme toute décevant, le Gabon reste néanmoins l'un des rares pays d'Afrique où les salaires sont payés régulièrement tous les mois, les systèmes éducatif et hospitalier ont survécu tant bien que mal, la stabilité politique a mis le pays à l'abri des coups d'Etat, des violences et des soubresauts.

    Ainsi, en examinant la situation économique et sociale du Gabon après trente années d'exploitation pétrolière, quel est l'impact des revenus pétroliers sur l'économie de ce pays ?

    L'objet de cette étude est de dresser un bilan de l'impact des revenus pétroliers sur l'économie du Gabon en faisant ressortir la manifestation du syndrome hollandais et la transformation de l'économie gabonaise en une économie de redistribution de la rente pétrolière. L'intérêt d'une telle étude est de faire une évaluation de l'ampleur de ce phénomène dans l'économie du Gabon en vue de rechercher les moyens d'y remédier et de trouver le bon dosage des mesures à mettre en place.

    1 Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques : « Données statistiques », http://www.stat-gabon.ga/Donnees/index-data.htm, consulté le 10/07/2006.

    2 Gabon Solidarité Internationale : « Le Gabon en statistiques », http://www.gabsoli.org/gabon/gabonbref.html, consulté le 18/01/2006.

    3 Human Development Reports (2005) : « Indicateurs du développement humain », http://hdr.undp.org/reports/global/2005/francais/pdf/HDR05_fr_HDI.pdf, consulté le 19/01/2006.

    11

    Pour cela, la présente étude sera articulée autour de deux grandes parties : la première partie sera consacrée à la démonstration de la manifestation du syndrome hollandais dans l'économie gabonaise ; puis, la deuxième partie examinera les comportements rentiers que l'on peut infléchir pour améliorer la contribution du pétrole au développement du Gabon.

    12

    PREMIERE PARTIE

    LA MANIFESTATION DU SYNDROME HOLLANDAIS DANS L'ECONOMIE GABONAISE

    L'expression « syndrome hollandais » ou « Dutch Disease » a été utilisée pour la première fois dans un article publié en 1977 par la revue anglaise « The Economist ». Dans cet article, la revue anglaise décrit le contraste que présente l'économie hollandaise après le premier choc pétrolier : des comptes extérieurs largement excédentaires et une conjoncture économique interne plutôt morose, caractérisée par la stagnation de la production industrielle, la chute de l'investissement brut privé et la baisse de l'emploi, particulièrement dans le secteur manufacturier. Dans une certaine mesure, le phénomène qualifié de « syndrome hollandais » a également été identifié en Australie, suite au développement du secteur minier, et dans les pays de l'Asie du Sud-Est, confrontés à des afflux de capitaux avant 1997. Dès le début des années 80, plusieurs modèles de « syndrome hollandais » ont été élaborés pour expliquer les transformations économiques survenues dans les pays en développement exportateurs de pétrole après les hausses importantes des cours du brut de 1973 et de 1979. L'explication des changements structurels opérés dans l'économie gabonaise se rapproche à une différence près du modèle de « Dutch Disease » proposé par W. M. Corden et J. P. Neary dans une étude publiée en 1982 et cité par J.-P. Koutassila (1998)1. Dans ce modèle, les auteurs expliquent les changements structurels provoqués par le secteur en boum par deux effets : un effet de dépense (spending effect) et un effet de ré-allocation de ressources (resource movment effect). Après avoir présenté dans un premier chapitre les déséquilibres structurels provoqués par les revenus pétroliers dans l'économie gabonaise, nous tenterons dans un deuxième chapitre d'expliquer, suivant le modèle de Corden et Neary, les mécanismes macroéconomiques qui sont à l'origine de ces distorsions sectorielles.

    13

    1 J.-P. Koutassila (1998), « Le syndrome Hollandais : théorie et vérification empirique au Congo et au Cameroun », Centre d'économie du développement (CED), Document de travail, n° 24, pp.7-8.

    14

    CHAPITRE I

    LES DESEQUILIBRES STRUCTURELS DE L'ECONOMIE GABONAISE

    La manifestation du syndrome hollandais dans l'économie du Gabon est mise en évidence par la présence de graves déséquilibres structurels qui sont plutôt le résultat dans ce pays de l'abondance de revenus pétroliers depuis près de quatre décennies. Le présent chapitre analysera successivement les caractéristiques de la structure de production et les distorsions des échanges du pays avec l'extérieur.

    Section 1 : Les caractéristiques de la structure de production

    L'économie gabonaise présente deux caractéristiques essentielles qui rendent compte des transformations structurelles engendrées par l'activité pétrolière : la faible diversification de la structure de production et le caractère peu intégré du pétrole au reste de l'économie.

    Paragraphe 1 : Une structure de production faiblement diversifiée

    L'analyse de l'évolution de la structure du produit intérieur brut (PIB) du Gabon, telle que présentée dans le tableau 1 ci-après, souligne la prédominance dans l'activité économique du pays des industries extractives, et principalement des hydrocarbures. En effet, le secteur des industries extractives a toujours occupé plus de 46 % du produit intérieur brut (P113) du Gabon, mais ce secteur est dominé par les industries pétrolières dont la part dans le produit intérieur brut (P113) représente 49,6 % en 1980 et 47,1 % en 1996.

    En revanche, malgré leur caractère vital, l'agriculture, l'élevage et la pêche demeurent des activités marginales au Gabon au regard de leur très faible part dans le produit intérieur brut (P113) de ce pays, soit 4 % en 1974 et 4,8 % en 2001. En effet, l'agriculture, qui soufre d'une carence cruelle de moyens modernes de production conjuguée au vieillissement de la population rurale et à l'exode des jeunes vers les villes, a toujours été reléguée à la lisière de

    15

    l'autosubsistance, malgré l'importance souvent accordée à ce secteur à travers les discours politiques.

    Tableau 1 : Evolution de la structure du PIB par secteur (en %)

     

    1974

    1980

    1989

    1996

    2001

    Secteur primaire

    - Agriculture, élevage et pêche

    4

    3,8

    8,1

    4,7

    4,8

    - Forêt et industries du bois

    4

    1,2

    1,7

    3,2

    3

    Secteur secondaire

    - Industries extractives

    50

    54,4

    46,1

    49,1

    47,4

    dont pétrolières

    (46)

    (49,6)

    (39,4)

    (47,1)

    (45,1)

    - Industries manufacturières et énergies

    6

    6,7

    7,1

    5,8

    5,9

    - Bâtiments et travaux publics

    8

    6

    4

    3,6

    2,3

    Secteur tertiaire

    - Commerce

    7

    8

    7,8

    8,1

    8,4

    - Transport et télécommunications

    3

    3,5

    4,9

    5,6

    5,8

    - Administration publique

    5

    7,2

    11,6

    8,9

    9,4

    - Autres services

    13

    9,2

    8,7

    11

    13

    Source : Estimations de l'auteur sur la base des données de la BEAC : « Etudes et statistiques », n° 265, Juillet-Septembre 2002 ; ainsi que celles de la DGE présentées par H. A. B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, pp. 32-35.

    On relève également un faible développement des industries manufacturières et de l'énergie dont la part dans le produit intérieur brut (PIB) a légèrement baissé, passant de 6 % en 1974 à 5,9 % en 2001. En faisant l'examen de la structure par branche du secteur manufacturier du Gabon, S. Ahmed (1989)1 souligne le poids important du raffinage pétrolier, des industries alimentaires et des boissons dans la valeur ajoutée et la quasi inexistence des industries complexes. Par contre, on relève une tertiairisation de l'économie avec la part de plus en plus importante dans le produit intérieur brut (PIB) du commerce (7 % en 1974 et 8,4 % en 2001), du transport et des télécommunications (3 % en 1974 et 5,8 % en 2001) et de l'administration publique (5 % en 1974 et 9,4 % en 2001).

    1 A. Sid Ahmed (1989) : Economie de l'industrialisation à partir des ressources naturelles (I.B.R.), Tome II : le cas des hydrocarbures, Publisud, Paris, p. 182.

    16

    Paragraphe 2 : La faible intégration du pétrole à l'économie

    D'après une analyse de A. O. Hirschman (1964), la présence dans un espace économique d'une industrie de grande taille peut entraîner, par des effets de liaison en amont ou en aval, la création dans son sillage d'industries « satellites », de moindre taille, ayant pour activité de produire localement des inputs pour l'industrie de grande taille (liaison en amont) ou utilisant comme inputs pour leur propre activité les outputs de l'industrie de grande taille (liaison en aval)1. Si ces liaisons en amont et en aval sont bien établies, l'industrie de grande taille devient alors bien intégrée à l'économie, les consommations intermédiaires croisées entre industrie de grande taille et industries « satellites » seront plus intenses, l'accroissement de l'activité d'une industrie entraînera l'augmentation de l'activité des autres industries. Cependant, dans le cas du Gabon, l'on constate d'après le tableau entrées-sorties (TES) de 2001 joint en annexe III que l'industrie pétrolière est faiblement intégrée au reste de l'économie, en dépit de son poids important dans le produit intérieur brut (PIB) : en aval, il existe seulement quelques raffineries qui en 2001 ont utilisé 4,4 % de la production de pétrole comme consommation intermédiaire, le reste de la production pétrolière, soit 96,1 %, étant presque entièrement exporté ; en amont, seules les branches « services » et « autres industries » entretiennent de faibles liens avec l'industrie pétrolière dont elles constituent les principaux fournisseurs locaux de consommations intermédiaires à des proportions respectives de 10,3 % et 5,6 % de la production totale de la branche « pétrole » en 2001. Cependant, l'Etat est le principal bénéficiaire des revenus pétroliers du Gabon dont il capte la valeur ajoutée à hauteur de 69,5 % sous forme d'impôts2. Il serait donc pertinent de dire que le pétrole sort du Gabon « sans guère y laisser de traces »3.

    Section 2 : Les distorsions de la structure des échanges extérieurs

    L'insertion d'un pays au commerce international peut contribuer au développement de son économie dans la mesure où, à travers les exportations, le pays peut exploiter ses avantages comparatifs et, grâce aux importations, ce pays peut acquérir à l'étranger des

    1 A. O. Hirschman (1964) : Stratégie du développement économique, Les Editions ouvrières, Paris, pp. 119-122.

    2 Les pourcentages sont estimés par l'auteur sur la base des données contenues dans l'annexe III.

    3 Expression utilisée par A. O. Hirschman (1964), Idem, p. 129.

    17

    équipements nécessaires au renforcement de sa structure de production. Toutefois, le commerce extérieur peut également constituer un frein au développement d'une économie si la structure de ses échanges avec l'extérieur présente certaines distorsions dommageables. A cet égard, la structure des échanges extérieurs du Gabon constitue un handicap au développement du pays en raison de la forte concentration des exportations du pays sur le pétrole et de la dépendance de l'économie vis-à-vis des importations.

    Paragraphe 1 : La forte concentration des exportations sur le pétrole

    L'examen du tableau 2 ci-dessous, relatif à l'évolution de la structure des exportations du Gabon, révèle qu'avec la hausse de la production de pétrole au Gabon à partir des années 70 et l'effet de la hausse des cours du brut sur les marchés internationaux en 1973 et en 1979, le pétrole est devenu la principale source de recettes d'exportation de ce pays : en 1960, le pétrole représentait 27 % des exportations en valeur, contre 73 % pour le bois ; puis, en 1989, la part du pétrole est passée à 71 % des exportations totales en valeur, alors que celle du bois est tombée à 9,4 %. Cette forte concentration des exportations du Gabon sur le pétrole rend l'économie très vulnérable aux variations des cours et de la demande internationale de ce produit qui restent très erratiques. Une évolution à la hausse ou à la baisse des prix du pétrole induit inéluctablement une variation des recettes d'exportation qui provoque une instabilité macroéconomique susceptible d'entraîner une perturbation du développement régulier de l'économie.

    Tableau 2 : Evolution de la structure des exportations (en %)

     

    1960

    1971

    1980

    1984

    1989

    Pétrole

    27

    44

    77,6

    83

    71

    Bois

    73

    31

    9,2

    6

    9,4

    Manganèse

     

    19

    5,3

    3

    11,6

    Uranium

     

    3

    4,5

    7

    4,1

    Divers

     

    3

    3,4

    1

    3,9

    Total

    100

    100

    100

    100

    100

    Source : Données des Douanes, de la BEAC et de la DGE présentées par H. A. B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, p. 43.

    18

    Paragraphe 2 : La dépendance du pays à l'égard des importations

    La structure des importations du Gabon n'est autre que la traduction sur le plan extérieur des déséquilibres structurels de l'économie. En effet, du fait de la rigidité de l'offre domestique, le Gabon est devenu tributaire des importations : importations pour consommation finale, importations pour consommation intermédiaire, importations pour investissement.

    Tableau 3 : Répartition de la valeur des importations par poste (en %)

     

    1981

    1982

    1983

    1984

    1985

    Pour consommation finale

    100

    100

    100

    100

    100

    - Produits alimentaires, boissons, tabacs

    43,8

    48,1

    47,1

    44,8

    43,1

    - Produits d'hygiène et d'entretien

    9,3

    10,4

    9,8

    11,3

    10,9

    - Equipement ménager

    4,3

    5,3

    5.5

    5,9

    5,7

    - Autres produits domestiques

    7,2

    9,1

    9,8

    10,2

    12

    - Véhicules

    5,8

    7,1

    8,1

    9,4

    9,5

    - Tissus et vêtements

    11,9

    12,9

    11,6

    10,6

    11,7

    - Divers

    17,7

    7,1

    8,1

    7,8

    7,1

    Pour consommation intermédiaire

    100

    100

    100

    100

    100

    - Matières végétales et animales

    7,4

    7,9

    9,3

    10,8

    10,6

    - Produits minéraux

    11,8

    10,2

    8,6

    7,3

    8,2

    - Produits chimiques

    14,4

    14,5

    13,2

    15

    14,4

    - Matières textiles

    1,3

    1,5

    1.2

    1,3

    1,3

    - Métaux et ouvrages

    46,1

    43,6

    45,3

    43,7

    42,9

    - Autres matières et ouvrages

    15,3

    18

    17,9

    16,4

    17,8

    - Divers

    3,7

    4,3

    4,5

    5,5

    4,8

    Pour investissement

    100

    100

    100

    100

    100

    - Machines et appareils

    56,9

    55,8

    55,9

    52

    50,9

    - Matériels et transport

    29,2

    27,6

    28,3

    30,7

    33

    - Instruments de précision

    6,7

    8,5

    9,1

    9,8

    8,6

    - Outillages et autres ouvrages

    7,2

    8,1

    6,7

    7,5

    7,5

    Source : Estimations de l'auteur sur la base des données des Douanes et de la DGE présentées par H. A. B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, pp. 46-48.

    Le tableau 3 ci-dessus fait ressortir le caractère peu développé du secteur agricole et la dépendance du pays à l'égard des importations de produits alimentaires qui représentent 48,1 % des importations pour consommation finale en 1982 ; les métaux et ouvrages occupent la part la plus importante des importations pour consommation intermédiaire avec 46,1 % en

    19

    1981 et 45,3 % en 1985, reflétant ainsi la faible diversification du secteur manufacturier ; le dynamisme des importations de machines, soit 50,9 % des importations pour investissement en 1985, traduit les besoins du pays à développer un appareil de production qui est encore à l'état embryonnaire.

    * * *

    Les déséquilibres structurels ci-dessus décrits sont symptomatiques du syndrome hollandais dont la manifestation dans l'économie gabonaise se traduit par des mécanismes macroéconomiques très complexes.

    20

    CHAPITRE II

    LES MECANISMES MACROECONOMIQUES DES
    DISTORSIONS SECTORIELLES

    Dans une économie à ressources naturelles abondantes, l'expansion d'un secteur en boum provoque des changements structurels à travers des mécanismes macroéconomiques qui ont été bien identifiés par les modèles de syndrome hollandais, entre autres, de Corden et Neary (1982). Dans le cas du Gabon, l'accroissement des revenus pétroliers à partir des années 70 a entraîné des transformations structurelles de l'économie à travers les mécanismes macroéconomiques suivants : les effets de dépense et les mécanismes d'allocation de ressources.

    Section 1 : Les effets de dépense

    Au Gabon, les effets de dépense résultent de l'utilisation faite des revenus pétroliers abondants. Ces effets de dépense peuvent être répartis en un effet de prix, qui passe par la surévaluation du taux de change de la monnaie nationale1, et en un effet de quantité, qui a trait à l'accroissement des importations. Cette section sera donc axée autour de deux aspects, à savoir : la surévaluation du taux de change et l'effet d'accroissement des importations.

    Paragraphe 1 : La surévaluation du taux de change

    Dans le cas de l'économie gabonaise, la surévaluation du taux de change « réel » provient du mouvement à la hausse des prix intérieurs. En effet, l'accroissement des recettes de l'Etat à partir des années 70, sous l'effet conjugué de l'augmentation de la production et du prix du pétrole, a entraîné une hausse substantielle du pouvoir d'achat des ménages par le canal du système de redistribution de la rente mis en place par les détenteurs du pouvoir

    1 La monnaie dite « nationale » est le franc CFA, une monnaie commune aux six Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).

    21

    étatique. En conséquence, les dépenses de l'Etat (dépenses de fonctionnement et d'investissement) et la consommation des ménages se sont accrues, entraînant une augmentation de la demande, certes, de biens et services importés, mais également des biens et services produits localement (produits agroalimentaires, matériels de construction, transports routier et aérien,...). Si la demande de biens importés pouvait être satisfaite aisément par le développement des activités informelles d'import-export, en revanche, celle des biens et services produits localement induit, en l'absence d'une augmentation conséquente de la production, une hausse du niveau général des prix comme le montre le tableau 4 ci-dessous. D'après ce tableau, on constate que la variation du niveau général des prix a été plus forte entre 1981 et 1982, soit 16,74 %, puis entre 1982 et 1983, soit 10,32 %, tout juste après le deuxième choc pétrolier de 1979.

    Tableau 4 : Indice des prix à la consommation (prix de détail de Libreville, base 100 : 1980)

    1981

    Variation en %

    1982

    en Variation %

    1983

    en Variation %

    1984

    en Variation %

    1985

    Variation en %

    1986

    108,7

    16,74

    126,9

    10,32

    140,0

    5,86

    148,2

    7,35

    159,1

    6,28

    169,1

    Source : BEAC (1991) : « Etudes et Statistiques », n° 187, décembre 1991.

    Or, la hausse des prix intérieurs implique une surévaluation de la monnaie nationale, il s'ensuit une perte de compétitivité des biens fabriqués localement face aux biens importés devenus de moins en moins chers aux consommateurs gabonais. Un rapport conjoint de la Banque Africaine de Développement (BAfD) et de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) publié en 2006 souligne à cet effet que « le Gabon enregistre une augmentation des importations de produits bas de gamme, et une augmentation d'entrées frauduleuses de produits qui détériorent sa compétitivité »1. Cette perte de compétitivité des biens fabriqués localement va contraindre de nombreuses entreprises déficitaires produisant des biens de substitution aux importations à fermer leurs portes lorsqu'elles ne sont pas suffisamment subventionnées par l'Etat : c'est le cas, par exemple, de la Société de Textile du Gabon (SOTEGA), de la Société Gabonaise d'Elevage (SOGADEL) et de la Société Gabonaise des Piles (SOGAPIL) qui ont toutes disparues.

    1 BAfD et OCDE (2006) : « Le Gabon », Perspectives Economiques en Afrique 2005/2006, http://www.oecd.org/dataoecd/20/54/34883788.pdf, p. 270, site consulté le 3 juillet 2006.

    22

    Paragraphe 2 : L'effet d'accroissement des importations

    La faible diversification de la structure de production de l'économie gabonaise s'explique dans une certaine mesure par l'accroissement des importations qui ruine les efforts de développement des secteurs agricole et industriel. En effet, les exportations de pétrole génèrent au Gabon d'énormes ressources en devises qui, en conséquence, offrent au pays une grande capacité à importer : le Gabon est tributaire des importations pour consommation finale, pour consommation intermédiaire et pour investissement (Cf. supra p. 15). Si les importations pour consommation intermédiaire et pour investissement sont nécessaires en raison de leur caractère productif, les importations pour consommation finale n'ont cependant pas d'effets d'entraînement sur les activités productives. Bien au contraire, les importations pour consommation finale absorbent la plus grande part des revenus d'exportation : le tableau 5 ci-dessous montre que le taux de couverture des importations pour consommation finale par les exportations du pays a atteint des niveaux très élevés après le deuxième choc pétrolier, soit 22 % en 1981 et 17,8 % en 1982. A cet égard, H. A. B. Chambrier (1990) confirme « qu'en raison du niveau encore faible d'industrialisation, les importations absorbent une fraction importante des ressources en devises »1. Ces importations pour consommation finale constituent donc une perte sèche pour le Gabon et affaiblissent le potentiel d'investissement et de développement industriel du pays.

    Tableau 5 : Taux de couverture des importations pour consommation finale par les exportations totales

    Valeurs en milliards de FCFA, taux en %

    1981

    1982

    1983

    1984

    1985

    Valeur des importations pour consommation finale

    84,2

    79,6

    83,6

    97,2

    116

    Valeur des exportations totales

    383,3

    446,2

    520,8

    694,3

    730,6

    Taux de couverture

    22

    17,8

    16

    14

    15,9

    Source : BEAC (1991) : « Etudes et Statistiques », n° 187, décembre 1991 ; données des Douanes et de la DGE présentées par H. A. B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, p. 46.

    1 H.A.B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, p. 45.

    23

    Section 2 : Les mécanismes d'allocation de ressources

    Contrairement au modèle de syndrome hollandais proposé par W. M. Corden et J. Neary (1982)1 qui explique les changements structurels d'une économie par un mécanisme de ré-allocation de ressources passant par la mobilité des travailleurs d'un secteur à un autre, les distorsions sectorielles de l'économie gabonaise résultent plutôt d'un mécanisme d'allocation des talents disponibles plus favorable à certains secteurs qu'à d'autres. Ce mécanisme d'allocation de ressources dans l'économie gabonaise s'opère de deux manières : par les effets des imperfections du marché du travail, d'une part, et par l'exode rural, d'autre part.

    Paragraphe 2 : Les effets des imperfections du marché du travail

    Il est à souligner que la structure de production de l'économie gabonaise a toujours été à l'état embryonnaire. Ce retard de développement de la base productive affectera également le mécanisme d'allocation des ressources sur le marché du travail. En effet, les jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail ne trouvent pas souvent un grand nombre d'offres d'emploi. D'abord, le secteur pétrolier est très capitalistique et n'embauche qu'un très faible nombre de travailleurs, comparativement à son poids dans l'économie, comme le montre le tableau 6 ci-dessous : en 2001, le nombre de gabonais employés dans le secteur pétrolier se chiffre à 1 424 sur un effectif total de gabonais en activité de 108 405, soit 1,31 %. Ensuite, il y a les entreprises parapubliques qui opèrent dans les secteurs de l'énergie et de l'eau (la Société d'Energie et d'Eau du Gabon), du raffinage (la Société Gabonaise de Raffinage), des transports (Air Gabon) et des télécommunications (Gabon Télécoms). Ces entreprises distribuent des salaires très élevés mais restent d'accès très difficile pour la plupart des jeunes diplômés qui ne bénéficient pas de l'appui d'un parent bien placé dans le Gouvernement. Ainsi, à défaut de s'aventurer dans des petites et moyennes entreprises (PME) qui n'offrent pas de véritables perspectives de carrière, les jeunes diplômés s'orientent finalement vers les concours de la fonction publique où l'effectif en 2001 se chiffre à 39 874

    1 Cf. Supra p.10.

    24

    fonctionnaires sur un total de 108 405 gabonais en activité, soit 36,78 % comme le confirme le tableau 6 ci-dessous. Ce mécanisme d'allocation des ressources au détriment du secteur productif entretient donc les distorsions de la structure de production de l'économie et le sous-développement du secteur manufacturier.

    Tableau 6 : Répartition de l'emploi par secteur d'activité

     

    1 999

    2 000

    2 001

    Effectif des entreprises du secteur moderne

    55 979

    56 881

    58 059

    - Agriculture

    2 168

    2 190

    2 258

    - Pétrole

    1 581

    1 511

    1 424

    - Mines

    1 419

    1 464

    1 454

    - Bois

    9 232

    10 404

    10 871

    - Industries Agroalimentaires

    3 163

    2 919

    2 432

    - Autres industries

    2 281

    2 053

    1 927

    - Eau, Electricité et Raffinage

    1 921

    1 892

    1 890

    - Bâtiments et Travaux Publics

    5 365

    5 253

    5 592

    - Transports et Télécommunications

    9 494

    9 589

    9 765

    - Services

    11 498

    11 670

    12 360

    - Commerce

    5 867

    5 926

    6 056

    - Banques et Assurances

    1 990

    2 010

    2 030

    Effectif des administrations publiques

    46 760

    46 562

    46 456

    - Fonction publique

    40 004

    39 944

    39 874

    - Main d'oeuvre non permanente

    6 756

    6 618

    6 582

    Collectivités Locales

    3 890

    3 890

    3 890

    TOTAL

    106 629

    107 333

    108 405

    Source : Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques : « Données statistiques », http://www.stat-gabon.ga/Donnees/index-data.htm, consulté le 10/07/2006.

    Paragraphe 2 : L'exode rural

    L'exode rural constitue également un facteur de déséquilibre structurel de l'économie gabonaise. Les principales cultures d'exportation sont le café et le cacao. Ces exportations ont connu une chute spectaculaire ces dernières années en raison du vieillissement de la population rurale agricole et de la détérioration des prix d'achat au producteur qui décourage les jeunes actifs ruraux à choisir ce domaine d'activité. En effet, les activités agricoles n'étant

    25

    plus suffisamment lucratives, comparativement aux activités exercées en milieu urbain où les salaires distribués sont très élevés et payés régulièrement, les jeunes actifs au chômage dans les zones rurales refusent de travailler dans les plantations de cacao ou de café et considèrent que cette activité est l'affaire des « vieux ». Par conséquent, ils désertent les campagnes pour aller chercher un emploi dans les villes où les conditions de vie sont d'ailleurs plus attrayantes en termes de structures sanitaires, d'éclairage public, de routes bitumées, de réseaux de téléphonie mobile... La relève des anciens planteurs n'étant plus assurée, on constate alors un vieillissement des travailleurs agricoles et une chute de la production comme le montre le tableau 7 ci-dessous : la production de cacao est passée de 3 353 tonnes lors de la campagne 1981-1982 à 890 tonnes lors de la campagne 1999-2000, soit une chute de 73,45 % ; de même, la production de café est passée de 1 850 tonnes lors de la campagne 1981-1982 à 276 tonnes lors de la campagne 1999-2000, soit une baisse de 85,1% en moins de deux décennies.

    Tableau 7 : Production de cacao et de café (en tonnes)

     

    1981-1982

    1986-1987

    1992-1993

    1999-2000

    Cacao

    3 353

    1 657,1

    1 333

    890

    Café

    1 850

    1 527,1

    256

    276

    Source : BEAC : « Etudes et Statistiques », n° 157 de janvier 1989 et n° 265 de juillet-septembre 2002.

    * * *

    Les revenus pétroliers ont engendré des mouvements de prix et de ressources favorisant le développement des activités tertiaires au détriment du secteur productif qui, au demeurant, entretient de faibles liaisons avec le secteur pétrolier. Or, si les revenus pétroliers importants ne sont pas investis dans le secteur productif, il se développe des comportements rentiers qui vont entretenir les distorsions sectorielles de l'économie.

    26

    DEUXIEME PARTIE

    LE DEVELOPPEMENT DES COMPORTEMENTS RENTIERS QUE L'ON PEUT INFLECHIR

    Après avoir engendré la manifestation du syndrome hollandais qui s'est traduite par de graves déséquilibres structurels dans l'économie gabonaise, l'abondance des revenus pétroliers tend à favoriser le développement des comportements rentiers. Selon J.-P. Koutassila (1998), cette notion « fait référence à l'idée d'une disparition des comportements axés sur la production au profit de comportements d'accès aux revenus liés à l'apparition d'une rente »1. En effet, lorsque le seuil d'absorption du capital est déjà atteint, l'afflux de revenus pétroliers supplémentaires entraîne l'amenuisement de l'effort de rigueur dans la gestion des recettes publiques et favorise le développement d'un laxisme budgétaire et l'établissement d'un système de redistribution de la rente, ce qui creuse encore plus les déséquilibres structurels de l'économie. Ces mécanismes vont ensuite s'entretenir d'eux-mêmes si des mesures profondes ne sont pas prises, avec une volonté politique, pour revenir d'une économie de répartition à une économie de production. En tenant compte des stratégies adoptées par les détenteurs du pouvoir étatique pour pérenniser cette « vie facile », la recherche d'une solution efficace pour infléchir les comportements rentiers et revenir à une économie de production devient très problématique. Le troisième chapitre présentera d'abord certaines caractéristiques qui permettent d'identifier l'économie du Gabon comme une économie de rente ; puis, le quatrième chapitre tentera de proposer des solutions pour améliorer la contribution des revenus pétroliers au développement économique et social du Gabon.

    27

    1 J.-P. Koutassila (1998), « Le syndrome Hollandais : théorie et vérification empirique au Congo et au Cameroun », Centre d'économie du développement (CED), Document de travail, n° 24, p. 5.

    28

    CHAPITRE III

    LES CARACTERISTIQUES D'UNE ECONOMIE DE RENTE

    En dépit des programmes d'ajustement structurel (PAS) engagés sous l'égide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale, le Gabon n'a pas réussi à enrayer le syndrome hollandais. Bien au contraire, l'augmentation des recettes pétrolières a entraîné l'accroissement de la consommation publique et privée, renforçant de plus en plus les déséquilibres structurels de l'économie et la dépendance du pays à l'égard de l'extérieur. Cette situation s'explique par le fait que l'abondance des revenus pétroliers a imprimé sur le fonctionnement de l'économie des comportements rentiers que l'on peut appréhender à travers les caractéristiques suivantes : le laxisme budgétaire et la logique de redistribution.

    Section 1 : Le laxisme budgétaire

    La gestion des ressources de l'Etat au Gabon fait preuve d'un manque de rigueur budgétaire qui entretient le sous-développement économique et social du pays. Ce laxisme budgétaire peut être démontré à travers, d'une part, la multiplication des investissements improductifs qui entraînent le surendettement de l'Etat et, d'autre part, la minimisation de la pression fiscale qui reste étroitement liée à la corruption.

    Paragraphe 1 : Investissements improductifs et surendettement de l'Etat

    L'abondance des revenus pétroliers au Gabon a conduit l'Etat à entreprendre d'énormes projets d'investissement, « des éléphants blancs », dont les coûts de réalisation étaient très élevés mais qui se sont avérés improductifs voire inutiles à cause de l'étroitesse du marché intérieur. C'est le cas, par exemple, de « la SOSUHO ; les Ciments du Gabon qui exigent de fortes subventions annuelles ; les hôtels de l'intérieur dont le taux d'occupation est

    29

    insuffisant »1. Le financement de ces projets a été couvert par la rente pétrolière et par les prêts extérieurs. En effet, grâce à la solvabilité que lui confère les revenus pétroliers, le Gabon a bénéficié de ses créanciers extérieurs des prêts importants qui lui ont permis de soutenir la réalisation de ces grands projets. A terme, le pays est devenu excessivement endetté et le service de la dette freine actuellement toute perspective de diversification de l'économie. Le tableau 8 ci-dessous montre que le ratio d'endettement extérieur du Gabon a atteint 73,22 % du PIB en 1999. Selon la loi des finances rectificative publiée par le Gouvernement gabonais en juillet 2006, le service de la dette afférent à cette année se chiffre à 629,6 milliards de francs CFA2. Ce surendettement du Gabon a conduit son Gouvernement à engager sous l'égide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale des programmes d'ajustement structurel (PAS) à partir des années 80. Pourtant, une bonne partie des fonds destinés à la réalisation de ces projets a été détournée de son objet par les détenteurs du pouvoir étatique et placée dans des endroits sûrs à l'étranger. Ainsi, réagissant au soutien de la France pour obtenir l'annulation de la dette du Gabon lors du sommet du Groupe des huit pays les plus industrialisés (G8) à Gleneagles, Le Figaro (2005) souligne que « Paris, qui appuie l'effacement de la dette gabonaise, ne semble pas se rendre compte de l'incongruité de la demande »3. Il est à noter que le pays n'est pas éligible à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

    Tableau 8 : Ratio d'endettement extérieur de l'Etat (en % du PIB)

    Année

    1999

    2000

    2001

    Ratio

    73,22

    56,02

    62.93

    Source : Estimations de l'auteur sur la base des données de la BEAC (2004) : « Etudes et statistiques », n°287, septembre 2004 ; ainsi que de la DGSEE : « Données statistiques », http://www.stat-gabon.ga/Donnees/index-data.htm, consulté le 10/07/2006.

    1 H.A.B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, p. 80.

    2 XINHUA (2006) : « Plus de 600 milliards de FCFA pour payer la dette publique en 2006 », http://www.jeuneafrique.com/articleImp.asp?art_cle=XIN60026plusdneeuqi0, consulté le 28/07/2006.

    3 P.S.-E (2005) : « La rivalité franco-anglaise en Afrique tourne au détriment de Paris », Le Figaro, 6 juillet 2005, p.3.

    30

    Paragraphe 2 : Minimisation de la pression fiscale et corruption

    A l'instar des autres pays d'Afrique, le taux de pression fiscale est particulièrement faible au Gabon, comparativement à ceux des pays développés, comme le montre le tableau 9 ci-dessous : en 2001, par exemple, le taux de pression fiscale est de 20,1 % au Gabon, alors qu'il se chiffre à 44,7 % en France.

    Tableau 9 : Evolution des taux de pression fiscale au Gabon et en France (en %)

     

    2001

    2002

    2003

    Gabon

    20,1

    19,3

    22,4

    France

    44,7

    43,8

    43,8

    Source : Investir en zone franc: « Principaux indicateurs économiques et financiers du Gabon », http://www.izf.net/izf/Guide/TableauDeBord/gabon.htm ; données de l'INSEE présentées par X. Badin (2004) : « Pression fiscale : le ratio Insee contestable », Les Monographies de Contribuables Associés, n° 1, 10 septembre 2004, http://www.contribuables.org/custom/fichiers/upload/Monographies_N1200904.pdf.

    Cette faiblesse du taux de pression fiscale au Gabon s'explique en partie par l'abondance des revenus pétroliers qui n'a encouragé l'Etat ni à diversifier sa base fiscale, ni à alourdir la pression fiscale hors pétrole. Bien au contraire, l'Etat a plutôt accordé de nombreux avantages fiscaux. On note, par exemple, que si le taux normal de la TVA est fixé à 18 %, certains produits sont taxés au taux réduit de 10 % et les biens de première nécessité en sont exonérés ; aussi, alors que le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) est de 35 % du résultat fiscal, un impôt minimum forfaitaire (IMF) de 600 000 francs CFA est dû annuellement si le résultat fiscal est déficitaire ; les nouvelles sociétés sont même exonérées de cet impôt minimum forfaitaire (IMF) durant les deux premiers exercices1. S'il est certain que l'Etat a adopté une fiscalité particulièrement attrayante pour attirer les investissements directs étrangers (IDE), il n'en demeure pas moins vrai qu'en baissant la pression fiscale hors pétrole, les détenteurs du pouvoir étatique cherchent à éviter le droit de regard des citoyens sur la gestion peu orthodoxe de la rente pétrolière, comme le souligne M. Mucherie (2005) : « les citoyens sont moins concernés par une mauvaise utilisation de l'argent public s'ils n'ont pas

    1 Investir en zone franc : « La fiscalité des entreprises au Gabon », http://www.izf.net/IZF/EE/pro/gabon/6045.asp, consulté le 8/08/2006.

    31

    été mis à contribution pour le fournir »1. Par ailleurs, il est nécessaire de noter que la plupart des petites et moyennes entreprises (PME) qui bénéficient des avantages fiscaux et des marchés publics, le plus souvent de manière arbitraire, appartiennent à des hommes proches du pouvoir qui en confient la gestion à des prête-noms, de nationalités française ou libanaise. Ainsi, dans le cadre des études comparatives annuelles sur la corruption, le Gabon figure parmi les pays les plus mal classés à l'échelle internationale en 2005, soit au 91ème rang sur 159 pays selon Transparency International2.

    Section 2 : La logique de redistribution

    Au Gabon, le pétrole est un facteur de stabilité politique et de paix sociale grâce à la logique de redistribution qui prédomine dans le fonctionnement de l'économie. Cette logique de redistribution de la rente pétrolière se traduit par l'ampleur du clientélisme politique et par le maintien d'une structure artificielle des prix et des salaires.

    Paragraphe 1 : Politique de redistribution et clientélisme

    En abandonnant toute politique sociale minimale, les détenteurs du pouvoir étatique ont mis en place une politique de redistribution de la rente visant à faire bénéficier la manne pétrolière à un grand nombre de citoyens, ce qui permet de préserver la paix sociale et d'assurer la pérennité du régime en place.

    La rente pétrolière est redistribuée directement à la population par les détenteurs du pouvoir étatique lors des visites officielles des autorités politiques dans les provinces et les villages. Cette redistribution prend surtout de l'ampleur pendant les campagnes électorales, dans le seul but d'acheter les consciences des électeurs.

    1 M. Mucherie (2005) : Economie du pétrole (II), Pétrole et développement : une chance ou une malédiction ?, p.4, http://www.melchior.fr/melchior/melchior.nsf/html/, consulté le 11 juillet 2006.

    2 Transparency International (2005) : « Corruption Percetions Index 2005 »,

    « http://www.transparency.org/layout/set/print/policy_research/surveys_indices/cpi/2005, consulté le 3 août 2006.

    32

    De manière indirecte, les détenteurs du pouvoir étatique redistribuent la rente pétrolière à travers les réseaux clientélistes qui sont présents à tous les niveaux de la hiérarchie administrative. C'est ainsi que, si elle ne relève pas de la stratégie de l'équilibre géopolitique, la nomination à tel ou tel poste de directeur d'une entreprise publique ou d'un département ministériel revêt plus le caractère de récompense du militantisme de la personne promue que de la consécration de son mérite, comme l'écrit Z. Limam (2005) : « chaque famille, chaque village, chaque région, chaque ethnie doit être représentée quelque part au sommet. Un tel est directeur général d'une société publique, tel autre est au ministère, tel autre encore dans une ambassade... Chacun d'entre nous, y compris le plus modeste, peut se prévaloir d'un parent qui occupe un poste d'envergure »1. Dès qu'elles sont installées à la tête des entreprises publiques ou parapubliques, les personnes nouvellement promues s'octroient des avantages de salaire et en nature. Pour prévenir des grèves dans l'entreprise, ces hauts responsables augmentent également les salaires des employés, ce qui se traduit à terme par un salaire moyen relativement élevé dans les entreprises publiques et parapubliques au Gabon. En dépit de cette volonté de redistribution, les inégalités entre les différentes couches sociales se creusent de plus en plus.

    Paragraphe 2 : Maintien d'une structure artificielle des prix et des salaires

    Face à un taux d'inflation de plus en plus élevé qui tend à amenuiser les avantages de redistribution accordés aux populations les plus défavorisées, l'Etat a mis en place une politique de régulation de la conjoncture qui contribue à maintenir une structure artificielle des prix et des salaires.

    Le contrôle des prix a d'abord constitué un instrument essentiel en vue d'exercer une influence modératrice sur les pressions à la hausse des niveaux de prix. A cet effet, les blocages des prix ont souvent été utilisés comme mesures d'accompagnement visant à renforcer l'efficacité des décisions prises en faveur des groupes socio-économiques les plus démunis. Par exemple, « le décret du 2 février 1982 instituant le blocage de tous les prix des biens et services au niveau atteint le 18 janvier 1982 avait pour objectif de maintenir le

    1 Z. Limam (2005) : Le chef face au changement, p. 1,

    http://www.lintelligent.com/articleImp.asp?art_cle=LIN201151echetnemeg0, consulté le 25 novembre 2005.

    33

    pouvoir d'achat des ménages après la hausse du SMIG du 1er janvier »1. Ensuite, l'Etat a mis en place divers mécanismes pour subventionner les prix des produits de base et alléger les charges des ménages les plus défavorisés. C'est ainsi qu'il a été créé une Caisse de soutien destinée à subventionner les prix des produits de première nécessité. L'ensemble de ces mesures de blocage et de subvention des prix a permis de maintenir un rythme d'évolution des prix artificiellement bas, comparativement celui des autres pays de la sous - région : le

    graphique 1 ci-dessous montre par exemple qu'à partir de 1982, l'évolution de l'indice des prix à la consommation est moins rapide à Libreville qu'à Yaoundé, en comparant les pentes des deux courbes.

    250

    200

    150

    100

    50

    0

    1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989

    Graphique 1 : Evolution des indices des prix de détail

    Années

    Libreville

    Yaoundé

    Source : Graphique établi sur la base des données de la BEAC (1991) : « Etudes et Statistiques », n° 187, décembre 1991.

    Pour les détenteurs du pouvoir étatique, le salaire minimum interprofessionnel gabonais (SMIG) a également été un instrument important pour améliorer les conditions de vie des couches sociales les plus défavorisées, ce qui devait permettre de garantir la stabilité politique et la paix sociale. Comparativement aux autres pays de la sous-région, on note que le salaire minimum interprofessionnel gabonais (SMIG) a été artificiellement fixé à un niveau

    1 H.A.B. Chambrier (1990) : L'économie du Gabon. Analyse, politiques d'ajustement et d'adaptation, Economica, p. 217.

    34

    très élevé, indépendamment de la productivité des travailleurs. En 2005, par exemple, le salaire minimum interprofessionnel gabonais (SMIG) se chiffre à 44 000 francs CFA, alors que le salaire minimum interprofessionnel garanti est de 40 370 francs CFA au Congo, de 25 479 francs CFA au Tchad et de 23 500 francs CFA au Cameroun1. La fixation du salaire

    minimum interprofessionnel gabonais (SMIG) à un niveau supérieur à la productivité des travailleurs a contribué à la perte de la compétitivité de l'économie gabonaise. Le niveau attrayant du salaire minimum interprofessionnel gabonais (SMIG) conduit également de nombreux jeunes actifs des zones rurales à aller s'établir massivement dans les villes où ils espèrent trouver un emploi ; en plus du vieillissement de la population agricole rurale, cet exode rural provoque une sur-urbanisation qui exerce une forte pression sur les structures de santé, les écoles et les logements. Par ailleurs, le niveau élevé du pouvoir d'achat au Gabon provoque l'immigration clandestine des travailleurs africains qui n'ont pas pu s'aventurer en Europe ; cette immigration clandestine accentue la criminalité et contribue au développement du secteur informel au Gabon. Il n'existe pas de statistiques officielles, mais les Autorités gabonaises estiment à plus de 400 000 le nombre d'étrangers vivant en situation irrégulière au Gabon et à plus de 500 milliards de francs CFA les économies qu'ils rapatrient dans leurs pays respectifs2.

    * * *

    L'abondance des revenus pétroliers au Gabon a provoqué dans un premier temps une déstructuration de l'économie puis, dans un deuxième temps, un développement des comportements rentiers qui entretiennent le sous-développement du pays. Malgré ces résultats, la présence des ressources pétrolières sur un territoire ne devrait pas être considérée comme une « malédiction ». Des solutions existent pour améliorer la contribution du pétrole au développement d'un pays exportateur.

    1 Données disponibles sur les sites suivants :

    Gabonews (2006) : « Gabon : Une dizaine de syndicats menace de déposer un préavis de grève générale », http://fr.allafrica.com/stories/200607280565.html, consulté le 4/08/2006 ;

    Agence Pour la Création d'Entreprises : « Comment s'implanter au Congo ? »,

    http://www.apce.com/include/imprimer.php?rubrique_id=104000&type_page=I&cont, consulté le 4/08/2006; Droit francophone (1994) : « Tchad : Législation : Décret 273/PR/MFPT/94 du 19 octobre 1994 portant relèvement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG), http://droit.francophonie.org/doc/html/td/loi/fr/1994/1994dftdlgfr.19.html, consulté le 4/08/200.

    2 Agence France Presse (2006) : « Le Gabon veut lui aussi freiner l'immigration africaine », Jeune Afrique, http://www.jeuneafrique.com/articleImp.asp?art_cle=AFP25256legabeniaci0, mis en ligne le 3 août 2006, consulté le 7/08/2006.

    35

    CHAPITRE IV

    COMMENT AMELIORER LA CONTRIBUTION DES REVENUS

    PETROLIERS AU DEVELOPPEMENT DU GABON ?

    La production pétrolière du Gabon a commencé à chuter dans la seconde moitié des années 90. Cette production est passée de 18,19 millions de tonnes en 1997 à 16,85 millions de tonnes en 1998 et à 11,74 millions de tonnes en 20001. Cette baisse de la production devrait interpeller les Autorités gabonaises sur le caractère épuisable des réserves pétrolières et la nécessité de mettre en place des mesures visant à améliorer la contribution du pétrolière au développement du pays dans le cadre d'une justice intergénérationnelle. Ces mesures doivent comporter deux volets : le premier volet porte sur l'adoption de politiques volontaristes visant à améliorer la compétitivité de l'économie nationale ; le deuxième volet traite de l'adoption des politiques oeuvrant pour un retour d'une économie de redistribution de la rente à une économie de production compétitive.

    Section 1 : L'adoption de politiques volontaristes visant à améliorer la compétitivité de l'économie nationale

    Afin d'améliorer la compétitivité de l'économie gabonaise qui a été détériorée par l'abondance des revenus pétroliers, les Autorités publiques doivent favoriser le développement des infrastructures économiques et sociales du pays et autoriser la stérilisation des revenus pétroliers à l'étranger.

    Paragraphe 1 : Le développement des infrastructures économiques et sociales

    Le développement des infrastructures économiques et sociales constitue un impératif pour favoriser l'expansion des activités de production compétitive au Gabon. A l'heure actuelle, le Gabon ne dispose pas d'un réseau routier très étendu et praticable en toutes

    1 Données de la BEAC (2004) : « Etudes et Statistiques », n° 287, septembre 2004.

    36

    saisons, l'enclavement de certaines localités freine alors les échanges inter-régionaux et entrave le développement des activités productives et commerciales. Le Gabon dispose d'un potentiel hydraulique considérable qui n'est pas encore suffisamment exploité. Le sous-équipement et la répartition inégale des infrastructures de santé sur le territoire national, la dégradation du système éducatif et le manque d'enseignants limitent la formation du capital humain et, par ricochet, le développement du pays dans la mesure où « le développement économique d'un pays dépend de la qualité de sa main-d'oeuvre, mais celle-ci est étroitement reliée au niveau de formation et de santé »1. Or, ces dépenses ne peuvent être réalisées par le secteur privé en raison de leurs coûts extrêmement élevés, du caractère diffus de leurs effets sur l'ensemble de l'économie et des délais de retour sur investissement extrêmement longs, dépassant l'horizon temporel des seuls intérêts privés. Il revient donc à l'Etat gabonais d'engager un ensemble de dépenses génératrices d'effets externes positifs sur l'ensemble de l'économie telles que : le bitumage des routes principales qui ne sont pas praticables en saison des pluies et la création de nouvelles routes en vue de désenclaver certaines localités ; la construction des hôpitaux dotés d'un matériel de fonctionnement conséquent ; la construction de nouvelles écoles, lycées et universités afin d'éviter le surpeuplement des salles de classe ; le recrutement d'un grand nombre d'enseignants du primaire, secondaire et supérieur ; la construction de nouveaux barrages hydroélectriques en vue d'augmenter la production du pays en électricité ; le soutien à la recherche et développement dans le secteur agricole en vue d'adapter les moyens de production aux spécificités du climat du Gabon ; le renforcement des infrastructures de télécommunications (satellites, réseau filaire) et l'extension des réseaux d'adduction d'eau et d'électricité pour atteindre les villages les plus reculés. La réalisation de ces dépenses contribuera à améliorer la compétitivité de l'économie.

    Paragraphe 2 : La stérilisation des revenus pétroliers à l'étranger

    La capacité d'absorption du capital dépend entre autres des caractéristiques de la demande potentielle du produit et de l'étendue du marché, de la disponibilité de la main-d'oeuvre tant sur le plan quantitatif que qualitatif, du niveau de développement des infrastructures de base et de l'environnement juridique et social. Le niveau de satisfaction de ces exigences détermine le seuil d'absorption du capital au-delà duquel toute augmentation

    1 J. Fontanel (2001) : L'action économique de l'Etat, L'Harmattan, 2001, p. 98.

    37

    des dépenses en capital devient inefficace, voire nuisible à l'économie. En dépit d'une stabilité politique relative dont jouit le pays et d'un régime fiscal particulièrement attrayant, les limites constitutives de la capacité d'absorption du Gabon sont multiples. En premier lieu, il y a l'étroitesse du marché intérieur qui limite la rentabilité du capital investi. La mondialisation de l'économie impose la mise en oeuvre des technologies dont les performances aboutiraient au niveau du Gabon à une sous-utilisation des équipements. En deuxième lieu, il y a une insuffisance de main-d'oeuvre qualifiée. Celle-ci résulte des effets conjugués de la faiblesse de la population estimée à 1,267 million d'habitants en 20021, d'un taux d'échec scolaire élevé et de l'inadéquation des qualifications aux besoins des entreprises2. Enfin, en troisième lieu, l'insuffisance des infrastructures de base constitue un handicap comme cela a été souligné plus haut (Cf. supra pp. 30-31) ; certes, un effort a été réalisé dans la mise en place d'un certain nombre d'infrastructures, mais beaucoup reste encore à faire. Pour toutes ces raisons sus-évoquées, la capacité d'absorption du Gabon reste très limitée, d'où un afflux de revenus pétroliers au-delà du seuil d'absorption du pays provoquerait une surévaluation de la monnaie et réduirait la compétitivité de l'économie. Afin d'améliorer cette compétitivité, les Autorités gabonaises peuvent mettre en pratique la stérilisation des revenus pétroliers en plaçant une grande partie de ces fonds dans des actifs financiers à l'étranger. Dans ce cas, chaque génération ne pourra utiliser que les dividendes de ces placements. Cette solution a l'avantage d'avoir déjà été expérimentée en Norvège.

    Section 2 : L'adoption des politiques oeuvrant pour un retour d'une économie de redistribution à une économie de production

    En vue d'améliorer la contribution des revenus pétroliers au développement du Gabon, les Autorités gabonaises doivent également mettre en place des politiques oeuvrant pour le retour d'une économie de redistribution de la rente à une économie de production de richesses. Ces politiques doivent être axées sur la mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernance et sur la promotion d'un véritable secteur privé industriel.

    1 Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques : « Données statistiques », http://www. stat-gabon.ga/Donnees/index-data.htm, consulté le 10/07/2006.

    2 P. Metougue Nang (2001) : « Création d'entreprises et réformes économiques au Gabon. Observations des faits », Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation, Documents de travail, n° 48, décembre 2001, p. 12, http://www-heb.univ-littoral.fr/rii/Docs/doc48.pdf, consulté le 10/08/2006.

    38

    Paragraphe 1 : La mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernance

    Parmi les solutions à adopter pour améliorer la contribution de la manne pétrolière au développement du Gabon, la mise en oeuvre renforcée de la bonne gouvernance se présente comme une condition sine qua non dans la mesure où les phénomènes de corruption et de

    clientélisme, qui perturbent le bon fonctionnement de l'économie, naissent et grandissent du manque de transparence dans la gestion de la chose publique. Pour les élites des milieux politiques et d'affaires, l'absence de transparence permet en effet de préserver les avantages acquis de manière illicite. Dans les pays en développement exportateurs de pétrole, ce manque de transparence naît du déficit de démocratie et de la défaillance des institutions. C'est dans ce sens que M. Mucherie (2005) souligne que « s'agissant de la malédiction pétrolière, il faut préciser qu'elle ne joue pleinement que si et seulement si les «bonnes institutions» (celles qui garantissent un contrôle parlementaire et des contre-pouvoirs, celles qui définissent avec soin et protège les droits de propriété, celles qui organisent la concurrence sur les marchés des biens, du travail et des capitaux) ne sont pas au rendez-vous »1. Au Gabon, par exemple, le manque de transparence résulte de l'absence d'institutions réellement démocratiques et du manque d'un appareil judiciaire véritablement indépendant. Ainsi, en vue de briser les liens de clientélisme qui gangrènent le Gabon et pour reconstruire une économie de production, les détenteurs du pouvoir étatique doivent adopter les principes2 de la bonne gouvernance tels que :

    - l'obligation de rendre compte : les administrations publiques doivent expliquer aux citoyens la conformité de leur action et des résultats de leurs décisions aux objectifs préalablement fixés dans le cadre du fonctionnement d'une démocratie participative impliquant les institutions et la société civile ;

    - l'obligation de transparence : le fonctionnement des administrations et entreprises publiques doit être ouvert à l'examen de la Cour des comptes, du Parlement, de la société civile et parfois des institutions extérieurs (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Transparency International, ...) ; il est à souligner que le Gabon a adhéré en mai 2004 à l'Initiative sur la transparence des industries extractives (EITI),

    1 M. Mucherie (2005) : « Economie du pétrole (II), Pétrole et développement : une chance ou une malédiction ? », p. 5, http://www.melchior.fr/melchior/melchior.nsf/html/, consulté le 11/07/2006.

    2 OCDE : « Principaux éléments de la bonne gouvernance »,

    http://www.oecd.org/documentprint/0,2744,fr_2649_33735_1814576_1_1_1_1,00.html, consulté le 10/07/2006.

    39

    initiative qui vise à encourager la publication des transactions entre les Etats et les industries minières et pétrolières ;

    - la primauté du droit : les autorités publiques doivent veiller à l'égalité des citoyens devant la loi et lutter contre la corruption.

    La mise en oeuvre effective de ces principes favorisera une allocation efficiente des ressources entre les différents secteurs de l'économie et un développement des activités productives.

    Paragraphe 2 : La promotion d'un véritable secteur privé industriel

    La promotion d'un secteur privé au Gabon repose sur la capacité des Autorités locales à surmonter les pesanteurs administratives et à mettre en oeuvre les réformes structurelles qui s'imposent, eu égard aux difficultés rencontrées par les acteurs privés. Ces réformes sont axées sur le désengagement de l'Etat du secteur productif et sur l'assainissement de l'environnement juridique et administratif des affaires en vue de favoriser l'expansion des petites et moyennes entreprises (PME).

    L'Etat devrait se désengager des entreprises publiques en raison de leurs déficits chroniques qui pèsent lourdement sur les finances publiques en termes de subventions. Dans certains cas, la privatisation pourrait prendre la forme d'un contrat de gestion à travers lequel l'Etat cède uniquement la gestion de l'exploitation à des opérateurs privés, ce qui éviterait de brader le patrimoine national. En ce qui concerne la Société d'Energie et d'Eau du Gabon (SEEG), cette forme de privatisation a été un succès dans la mesure où l'entreprise réalise des bénéfices depuis sa mise en concession en 1997. Dans d'autres cas, l'Etat pourrait faire appel aux capitaux privés étrangers dont la décision d'investissement est réputée strictement basée sur les critères de rentabilité. C'est le cas, par exemple, de la compagnie Air Gabon dont la privatisation en cours prévoit la vente de 51 % du capital à la compagnie marocaine Royal Air Maroc (RAM), la part de 49 % du capital étant détenue par l'Etat gabonais. S'agissant de la société Gabon Télécoms, la privatisation se fera par la vente de 35 % du capital, couplée à un

    40

    contrat de gestion. Dans l'optique de la réinsertion des agents licenciés, l'Etat devrait veiller à ce qu'un plan social soit élaboré par le Comité de privatisation de chaque entreprise en partenariat avec les employés.

    Au Gabon, le dynamisme du secteur privé a beaucoup souffert de « l'environnement des affaires jugé actuellement défavorable »1 à l'expansion des petites et moyennes entreprises (PME). Cette situation résulte en partie du fait que la plupart des petites et moyennes entreprises (PME) présentes sur le territoire national appartiennent à des hommes proches du pouvoir qui en confient la gestion à des prête-noms, de nationalités française ou libanaise. Ainsi, afin d'éviter de soumettre à la concurrence leurs entreprises qu'ils soutiennent avec l'octroi arbitraire des avantages fiscaux et des marchés publics, les détenteurs du pouvoir étatique ont complexifié les procédures juridiques et administratives de création d'entreprises. Par conséquent, « il existe plusieurs interlocuteurs pour l'obtention d'un seul document. Le circuit de légalisation d'une entreprise implique au moins six administrations différentes »2, ce qui contribue à décourager la création d'entreprises. La promotion d'un secteur privé au Gabon exige donc que les pouvoirs publics soient à l'écoute des acteurs privés et que leur volonté de revenir d'une économie de redistribution de la rente à une économie de production compétitive se traduise par des actes concrets sur le terrain.

    1 P. Metougue Nang (2001) : « Création d'entreprises et réformes économiques au Gabon. Observations des faits », Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation, Documents de travail, n° 48, décembre 2001, p. 12, http://www-heb.univ-littoral.fr/rii/Docs/doc48.pdf, consulté le 10/08/2006.

    2 P. Metougue Nang (2001), Idem, p. 10.

    41

    CONCLUSION

    A la lumière des analyses qui viennent d'être faites, l'abondance des revenus pétroliers au Gabon a provoqué, d'une part, la manifestation du syndrome hollandais qui se traduit par l'expansion du secteur pétrolier et des services au détriment du secteur productif et, d'autre part, le développement des comportements rentiers qui entretiennent les distorsions sectorielles de l'économie et la dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur.

    Cette situation ne peut être considérée comme une fatalité dans la mesure où il existe des solutions pour améliorer la contribution des revenus pétroliers au développement économique et social du Gabon. Toutefois, il est à noter que ces solutions revêtent un caractère plus politique qu'économique. En effet, le renforcement des infrastructures économiques et sociales et la stérilisation d'une partie des revenus pétroliers à l'étranger relèvent de la compétence du Gouvernement ; de même, l'adoption des principes de la transparence et l'assainissement de l'environnement des affaires sont du domaine des Autorités politiques. Cela implique que si on veut améliorer la compétitivité de l'économie et promouvoir les petites et moyennes entreprises (PME) au Gabon, les détenteurs du pouvoir étatique doivent renoncer aux avantages individuels acquis depuis plusieurs années au profit de l'intérêt général. C'est une chose qui paraît peu certaine dans la mesure où l'habitude devient une seconde nature.

    42

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    ANNEXES

    45

    ANNEXE I : Calcul de la valeur moyenne du rapport des ressources pétrolière

     

    1981

    1982

    1983

    1984

    1985

    1986

    1987

    1988

    1989

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    199

    Recettes pétrolières (a)

    271,5

    310,2

    309,2

    384,6

    399,7

    285,2

    64,5

    74,5

    68,0

    184,8

    230,3

    200,0

    167,0

    272,0

    415,0

    449,

    Recettes totales (b)

    408,2

    470,4

    481,2

    587,2

    631,9

    502,7

    263,5

    257,1

    258,6

    359,0

    468,0

    484,0

    350,2

    509,2

    656,0

    755,

    Rapport a/b en %

    66,5

    65,9

    64,3

    65,5

    63,3

    56,7

    24,5

    29,0

    26,3

    51,5

    49,2

    41,3

    47,7

    53,4

    63,3

    59,5

    Source: BEAC : "Etudes et Statistiques", n° 187, décembre 1991 ; n° 220, octobre 1995 ; n° 265, juillet-septembre 20

    46

    ANNEXE II : Répartition du produit intérieur brut par secteur

     

    Secteur primaire

    Secteur secondaire

     

    Agriculture,
    élevage
    et pêche

    Forêt et
    industries
    du bois

    Industries
    manufacturières
    et énergie

    Industries
    extractives

    Bâtiments
    et travaux
    publics

    Transports
    et télécom.

    Prix courants du
    marché

    (en milliards de FCFA)

    147,8

    75,8

    200

    1439,2

    85,5

    187,5

    Part dans le PIB en %

    4,7

    2,4

    6,4

    46,2

    2,7

    6,0

    Source : BEAC (2004) : "Etudes et Statistiques", n° 279, Janvier 2004.

    47

    ANNEXE III : Tableau Entrées-Sorties 2001

    Aux prix de 89

    PRO

    D

    MRG/P

    L

    IMPOR

    T

    DTI+TV

    A

    MRG/IM

    P

    Total

    Ressour c

     

    126

     
     
     
     
     

    AGR.ELEV.PECHE

    366

    32 492

    7 469

    2 930

    3 095

    172 351

     

    171

     
     
     
     
     

    BOIS IND.DU BOIS

    341

    30 748

    3 075

    1 429

    1 294

    207 888

     

    592

     
     
     
     
     

    PETROLE

    519

    0

    0

    0

    0

    592 519

     

    66

     
     
     
     
     

    MINES

    403

    27

    2 283

    320

    667

    69 699

     

    97

     
     
     
     
     

    IND.AGRO.ALIM.

    748

    43 238

    68 245

    26 014

    28 168

    263 413

     

    130

     

    269

     
     
     

    AUT.INDUSTRIES

    094

    16 705

    560

    47 042

    55 107

    518 508

     

    60

     
     
     
     
     

    RAFFINAGE

    340

    32 881

    11 597

    1 546

    569

    106 933

     

    65

     
     
     
     
     

    ELECTRICITE

    426

    0

    0

    0

    0

    65 426

     

    166

     
     
     
     
     

    BATIMENT.TP

    537

    0

    0

    0

    0

    166 537

     

    108

     
     
     
     
     

    TP.PETROLIERS

    652

    0

    0

    0

    0

    108 652

     

    237

     
     
     
     
     

    TRANSPORTS

    170

    0

    89 056

    0

    0

    326 226

     

    468

     

    174

     
     
     

    SERVICES

    103

    0

    246

    0

    0

    642 349

     

    92

     
     
     
     
     

    S.BANCAIRES

    890

    0

    0

    0

    0

    92 890

     

    13

     
     
     
     
     

    S.ASSURANCES

    794

    0

    13 416

    0

    0

    27 210

     

    303

     
     
     
     
     

    ADMINISTRATIONS

    382

    0

    0

    0

    0

    303 382

    CORR.TERRIT.

    0

    0

    16 103

    0

    0

    16 103

     

    2 700

     
     
     
     
     

    TOTAL

    764

    156 090

    655 050

    79 281

    88 900

    3 680 085 2

    Frais de personnel

    Impôts/prod.(yc TCA)

    Subv. d'exploitation

    Revenu Brut E.Ind.

    Excéd.brut d'exploit.

    Total Valeur ajoutée

     

    Production

    Source : Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques.






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille